C'étais un jour ordinaire pour le clan des Jangowas. Maman était partit à la chasse et c'était Papa qui me gardait. Tandis que je courrais dans tout les sens, il était train de lézarder au soleil, me regardant d'un air absent, comme aspirer par ses pensés. Soudain, alors que je courais, je fis une petite chute, me retrouvant le museau dans la poussière. Papa, qui jusque là était tout calme et se contentait de me regarder les yeux mi-clos, se releva brutalement et vint près de moi en trottinant. Il m'attrapa par le peau du coup et m'aida à me relever. Il me demanda :

- Tu va bien Suki ?

Je me mis à secouer la tête pour retirer la poussière qui s'y était loger puis je me tournai vers lui et lui fit un grand sourire pour toute réponse. Il me le rendit et me donna un coup de langue. Avec un regard doux, il ajouta :

- Fais attention, veux-tu ? Je ne voudrais pas que tu te blesses.

J'hocher la tête. Avant de me tourner vers l'étendu de sable.

- Papa, il y a quoi au-delà du désert ?

Papa, suivit mon regard et répondit :

- De vastes terres Suki. De vaste terres vertes et remplit de plantes appartenant à d'autres lions.

- De plantes ? Il y vraiment des terres avec rien d'autre que des plantes ?

Je lançais un regard interrogateur à mon père. Cela pouvait sembler idiot comme question mais j'avais passer ma vie dans le désert alors les grandes étendues vertes vous savez... Papa me répondit en hochant la tête. Il ajouta même qu'au milieu du désert se trouvait un lieu semblable. Toute excitée, je lui demandait si on pouvait aller y faire un tour. A ce moment là, Papa sembla se crisper très légèrement. Heureusement, il semblait être habité par le désir de me faire découvrir le monde. Ainsi nous partîmes vers ce petit paradis.
Je fus émerveillée en voyant l'Oasis pour la première fois et c'était clairement visible dans mes yeux. Sans attendre, je me lançais à travers la jungle. J'entendis derrière moi Papa crier :

- Suki ! Attends !

Mais je ne l'écoutait pas. Je voulais découvrir ce nouveau monde quel qu'en soit le prix. A force de courir dans tous les sens, j'avais complétement perdu mes repères. Où étais-je ? Où était Papa ? Je l'ignorais et, pour être honnête, je m'en moquais. C'est alors que je me heurtais violement à quelqu'un. Un Mositu ?

C'était encore une superbe journée qui s'annonçait et Baradi était folle de joie. Elle sautillait dans tous les sens et exaspérait ses parents à force de bondir sur la moindre feuille qui tombait. Sa mère était très patiente, elle essayait donc de calmer la sauvageonne qu'elle avait pour enfant mais les résultats n'étaient pas très concluant. La petite lionne courait partout avec énergie et s'amusait à grimper aux arbres pour y déloger quelques insectes ou oiseaux de jolies couleurs. Elle bondissait d'une branche à l'autre en agrippants ses petites griffes contre le bois pour ne pas tomber. Elle commençait à gagner en habilité, et comme elle n'avait de toute manière que ça a faire de ses journées, elle deviendrait bientôt aussi agile qu'un singe, dans les arbres !

La petite lionne venait d'ailleurs d'échapper à la surveillance de ses parents grâce à ses jeux aériens et en profita pour s'esquiver une fois encore. Elle descendit de son perchoir pour remettre ses pattes sur le sol, ce qui était quand plus naturel pour le félin qu'elle était. A présent qu'elle avait retrouvé sa position normale, elle pouvait se remettre en quête de scarabée à attraper, ou de quelque chose avec lequel jouer. La truffe en l'air, la petite chasseuse furetait dans tous les coins en trépignant, toujours en quête de nouvelles aventures. Pour l'heure, l'Oasis était assez grand pour satisfaire ses besoins de casse cou mais lorsqu'elle grandirait, elle aurait sans doute envie de partir découvrir de nouveaux endroits à explorer.

Baradi venait de trouver un petit insecte aux couleur bleutées qu'elle était en train de prendre en chasse lorsqu'elle entendit un bruit de pas endiablés qui se dirigeait vers elle. La Mositu redressa la tête, juste à temps pour voir une touffe de poil jaune lui foncer dessus, sans regarder où elle allait. Le petite lionne brune n'eu pas le temps d'esquiver ce boulet de canon qui arrivait sur elle. Le choc ne fut pas trop brutal, car la bête qui l'avait chargé n'était autre qu'un lionceau, comme elle ! Baradi fut étonné de voir un lion avec un pelage aussi clair que celle-ci. Ses pattes étaient néanmoins foncées, mais le reste de son corps était assez pâle, ce qui contrastait avec le poil brun de la Mositu. Cette dernière était ravie de sa rencontre du moment, car elle ne connaissait pas du tout cette féline là !

- Hey, salut toi ! Je t'ai jamais vu à l'Oasis, tu t'appelle comment ? Moi c'est Baradi !

Fidèle à ses habitudes, la petite chasseuse était souriante et pleine d'entrain, elle offrait un immense sourire à sa nouvelle interlocutrice.

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Après ce choc, j'étais un petit peu assommée. Je secouais la tête pour reprendre mes esprits puis je me mis à observer celui, ou plutôt celle, que j'avais heurté. C'était un lionceau, tout comme moi ! J'observais son pelage l'air curieux. Je le trouvais bien foncé. Les membres des Jangowas me faisait souvent remarqué que mon pelage était plus foncé que le leur. Qu'auraient-ils dit de celui de cette jeune lionne !? Il devait s'agir d'une Mositus et dans ce cas, je devais rester sur mes gardes. Maman m'avait toujours dit de me méfier d'eux. Mais la petite lionne me paraissait bien gentille et ne semblait pas représenter une menace. D'autant plus qu'elle était à peine plus âgée que moi à vue d'œil. J'en déduisit que je n'avais pas grand chose à craindre. Avec un grand sourire l'inconnue me demanda :

- Hey, salut toi ! Je t'ai jamais vu à l'Oasis, tu t'appelle comment ? Moi c'est Baradi !

Je ne répondis pas tout de suite. Je me mis d'abord à tourner autour de la jeune lionne avant de m'assoir devant elle. Penchant la tête sur le côté, je lui rendis son sourire :

- Je m'appelle Suki ! Et c'est la première fois que je viens ici.

Désignant du bout de ma patte l'endroit d'où je venais, je m'expliquait :

- Je vis dans le désert avec Maman et Papa et tous les autres lions.

Je bondis alors d'un coup, sans crier gare. Me projetant sur Baradi, je la plaquait au sol comme je plaquais au sol tous les jeunes Jangowas qui s'opposaient à moi. Oui, j'étais un peu le tyran du groupe mais si je voulais devenir Impératrice des Jangowas, la première lionne à régner sur le désert, il fallait bien que je m'entraine. Maintenant toujours fermement la jeune lionne au sol, j'ajoutai :

- J'appartiens au clan des Jangowas, les lions du Désert. Les lions les plus fort du monde ! Et un jour, je serais à leur tête.

Ouaip, ça c'est que l'on peut appeler un rêve éveillé. J'en avais même oublié la pauvre petite Mositu que je plaquais toujours au sol.

La nouvelle venue ne paraissait pas très menaçante, elle souriait et semblait même toute excitée, comme Baradi ! La petite lionne au pelage clair dévisageait la brunette avec curiosité, comme étonné par la couleur de ses poils, tout comme la Mositu était surprise de voir une féline aussi pâle. Sa propre mère, Moka, n'avait pas la robe chocolat, mais c'était assez rare dans l'Oasis, de rencontrer des lions qui n'étaient pas tout foncé.

- Je m'appelle Suki ! Et c'est la première fois que je viens ici. Je vis dans le désert avec Maman et Papa et tous les autres lions.

Les choses parurent alors plus clair à la jeune Mositu. On lui avait expliqué que les lions du désert avaient le pelage bien plus pâle que les autres, et c'était normal parce qu'avec des poils sombres, ils auraient trop chaud et ne pourraient pas survivre au soleil. Tout comme on lui avait dit que ceux du nord ne pouvaient pas habiter dans la savane, car ce n'était pas le mêle environnement. Pour Baradi, c'était des choses compliquées à comprendre. Après tout, ils étaient tous des lions, alors pourquoi leur robe était donc si importante ! Elle n'eu pas le temps de se questionner plus longtemps qu'elle sentit le poids de la fameuse Suki s'abattre sur elle, la plaquant au sol. La Mositu était surprise, mais elle comprit rapidement qu'il s'agissait d'un jeu et se mit à rire en tentant de se débattre.

- J'appartiens au clan des Jangowas, les lions du Désert. Les lions les plus fort du monde ! Et un jour, je serais à leur tête.

Baradi ne comprenait pas trop l'ambition de sa nouvelle camarade, car pour elle, être chef du clan ne signifiait pas grand chose, à part faire des choses ennuyeuses. Elle pouvait néanmoins sentir la fierté de Suki à faire parti de son clan, fierté qu'une fois encore, la Mositu ne partageait pas forcément. Elle était heureuse parmi les siens, évidemment, mais elle rêvait de découvertes, d'aventure. Rester cloîtrer toute sa vie à l'Oasis, même si la vie y était sereine, ce n'était pas pour elle ! La petite lionne brune décida de reprendre l'avantage de ce combat et rouler sur le côté, faisant tomber son assaillante. Elle lui bondit ensuite dessus, en s'écriant.

- Moi je fais parti des Mositus, et un jour, je partirais découvrir le monde !

Elle tenta de mettre à terre son adversaire et de lui mordre les oreilles avec ses petites dents pointues.

- Tu sais ce qu'il à toi, après le désert ? On m'a dit qu'il y avait des royaumes, et des terres riches et vertes !

Rêveuse, elle laissa son esprit voyager, survolant cette immensité de sable qu'elle rêvait de traverser.

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Sans que je puisse faire quoi que ce soit pour la contrer, Baradi roula sur le côté. Ainsi elle me déséquilibra et je tombai au sol. Cela m'arracha un grondement. Je détestais, et je déteste toujours, que l'on parvienne à me mettre à terre. La petite Mositus me bondit dessus et s'écria :

- Moi je fais parti des Mositus, et un jour, je partirais découvrir le monde !

Elle me plaqua alors au sol et se mit à me mordiller l'oreille avec ses petits crocs. Une chance qu'ils soient encore peu efficace car sinon cela aurait été bien plus douloureux que les petites chatouille que je ressentis à cet instant. Je me mis à rire tandis que Baradi me demanda :

- Tu sais ce qu'il à toi, après le désert ? On m'a dit qu'il y avait des royaumes, et des terres riches et vertes !

A cette phrase, Baradi devint rêveuse. Elle cessa de se concentrer sur notre "combat'. Je devais saisir cette chance. J'utilisais mes pattes arrière pour la propulser en l'air et pour me dégager. Une seconde plus tard, j'étais au dessus d'elle et je la plaquais au sol. Avec un sourire moqueur je lui dis :

- Encore gagné ! Tu ne battras pas à ce jeu là.

Mais finalement, dans ma grande bonté je... Oui ? Bien sur que j'ai un peu de modestie voyons... Quoi là ? Oh croyais moi j'ai été très modeste mais si vous y tenais voici la version sans modestie. Dans mon immense bonté, donc, je décidais de laisser sortir Baradi. Je fis quelques pas pour m'assoir non loin d'elle. Je me mis alors à me donner des coup de langue pour nettoyer un peu ma fourrure.

- Mais pour répondre à ta question Baradi : non. Je sais pas ce qu'il y a après le désert.

Puis je jetais un coup d'œil autour de nous avant d'ajouter :

- Mais tu crois que ça existe un endroit avec plus de plante qu'ici ? Moi je n'en avais jamais vu autant.

Perdu dans sa rêverie sur les terres inconnues qu'elle rêvait d'explorer, Baradi se fit renverser par son adversaire du désert et se retrouva de nouveau plaqué en sol, en poussant un couinement qui se voulait être impressionnant. En vérité, elle s'était surtout laissé prendre par surprise, mais devait admettre que Suki avait de la force dans les pattes. Les lionceaux subissaient-ils un entraînement spécial chez les Jangowas ? Ici, à l'Oasis, on ne leur apprenait pas beaucoup l'art du combat mais cela n'empêchait pas les enfants de s'amuser à la bagarre.

- Encore gagné ! Tu ne battras pas à ce jeu là.

Bonne perdante, la Mositu se contenta de rire à gorge déployé, sans aucune méfiance envers sa nouvelle amie. Pourquoi aurait-elle du en avoir ? Ces histoires de clans ennemis, elle n'y accordait pas la moindre importance et n'y comprenait de toute manière pas grand chose. On lui avait toujours apprit à être aimable avec les inconnus, et à profiter de chaque instant pour s'amuser et prendre du bon temps. Pourquoi se priver, puisque l'occasion se présenter ? Suki libéra alors la petite brunette, qui se redressa sur ses pattes et se secoua pour se débarrasser de la poussière sur sa fourrure. Sa camarade était en train de passer sa langue sur sa robe, elle commença donc à l'imiter.

- Mais pour répondre à ta question Baradi : non. Je sais pas ce qu'il y a après le désert. Mais tu crois que ça existe un endroit avec plus de plante qu'ici ? Moi je n'en avais jamais vu autant.

La Mositu s'était bien des fois posé la question. Un endroit pareil, avec une végétation totalement différente d'ici, et sans être aride comme le désert... Cela pouvait-il exister ? Cela semblait relever du rêve, d'un fantasme de lionceau ! Pourtant, ses parents lui soutenait que cela existait ! Et elle avait même rencontré une lionne, Janga, qui lui avait dit qu'elle venait de là bas, de part delà le désert. Comme il était bien connu que les adultes ne mentaient jamais, c'était sans doute vrai ! Les yeux plein d'étoile, la petite répondit.

- Oh oui, ça doit exister ! J'aimerais tellement le voir de mes propres yeux... Quand je serais grande, je traverserais le désert et j'irais jusque là bas, pour voir cet endroit ! Tu pourrais venir avec moi ? A deux, ce sera plus rigolo !

Innocence, innocence, combien de temps allais-tu briller dans le regard de cette enfant ?

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A son tour, Baradi se mit à nettoyer sa fourrure. Elle devint de nouveau rêveuse, comme lors de notre "combat". Peut-être songeait-elle à ce qu'il y avait derrière le désert. Moi je m'en moquais. Je n'avais pas l'intention de quitter ce monde de sable fin et doré. Si je voulais battre Akili et espérer devenir Impératrice des Jangowas je n'avais pas le loisir de penser à quitter ma maison. Et puis voyager... Je ne sais pas, ça ne m'avait jamais spécialement intéressé... Enfin, qui sait peut-être qu'un jour je ressentirai l'envi de partir à l'aventure mais ce n'était pas pour tout de suite. Baradi en revanche, semblait prête à tenter la grande aventure.

- Oh oui, ça doit exister ! J'aimerais tellement le voir de mes propres yeux... Quand je serais grande, je traverserais le désert et j'irais jusque là bas, pour voir cet endroit ! Tu pourrais venir avec moi ? A deux, ce sera plus rigolo !

Je souris. Même si je ne comprenait pas son enthousiasme à vouloir quitter sa maison, mais j'étais heureuse de la voir avec des petites étoiles dans les yeux. Avec un grand sourire je lui répondis :

- Oui ! Pourquoi pas ? Ce seras amusant !

Oui, oui... Je sais... Je viens de dire que les voyages ne m'intéressait pas mais qui sait ? Peut-être que je pouvais m'absenter un moment du clan des Jangowas. On ne sait jamais, peut-être même qu'ils enseignaient des techniques de combat uniques de l'autre côté du désert.
Soudain j'entendis un bruissement de feuille, ainsi qu'une vois familière :

- Suki ! Suki où es-tu ?!

Papa ! Il semblait inquiet. Cependant, je ne voulais pas qu'il me voit avec Baradi. Je savais qu'il n'aurait pas apprécié de me voir avec une Mositu. Il ne lui aurait sans doute pas fait de mal mais vieux valait rester prudent. Et puis si il me retrouvait, on devrait rentrer à la maison et je n'en avais pas envie. Je poussais donc Baradi dans un buisson non loin avant de bondir dedans à mon tour. Je lui chuchotais :

- Shut ! C'est mon Papa et si il me trouve faudra que je rentre.

Je fis une courte pause avant d'ajouter :

- Et puis je sais pas comme il va réagir en me voyant avec une Mositu.

Je me risquais à sortir ma tête du buisson pour renifler si Papa était partit ou pas. Son odeur était encore très présente, aussi je me cachais de nouveau au côté de la petite lionne brune. Avec un regard soucieux, je demandais à Baradi :

- Dit, tu sais pourquoi les adultes Mositus et Jangowas ne s'aiment pas ?

La petite Suki lui offrit un sourire joyeux et répondit avec certes moins d'enthousiasme que Baradi, mais une euphorie certaine.

- Oui ! Pourquoi pas ? Ce seras amusant !

Très peu de temps après que la lionne du désert ai répondu, une voix grave résonna, répétant le nom de la petite Jangowa. La Mositu ne mis pas longtemps à reconnaître ce timbre inquiet, c'était celui d'un parent, à ne point douter. La petite brunette se dressa sur la pointe de ses pattes, curieuse de voir à quoi ressembler un grand mâle à la robe pâle, elle n'en avait jamais vu ! Chez elle, tous les lions étaient foncé, sauf quelques exceptions, comme sa mère qui avait la fourrure fauve. Suki poussa alors la petite chasseuse dans un buisson, visiblement réticente à l'idée de se faire repérer.

- Shut ! C'est mon Papa et si il me trouve faudra que je rentre. Et puis je sais pas comme il va réagir en me voyant avec une Mositu.

Baradi fit la moue, un peu contrariée. Toutes ces histoires d'animosité entre les deux clans lui passait au-dessus de la tête, elle n'y comprenait rien. Mais elle n'aimait pas qu'on lui prive d'une amie, alors qu'elle venait à peine de la rencontrer ! Ce n'était tout de même pas la guerre ! Les Mositus restaient dans leur Oasis et ils ne gênaient personne, non ?

- Dit, tu sais pourquoi les adultes Mositus et Jangowas ne s'aiment pas ?

La petite secoua la tête, un peu dépitée. Elle avait espéré que Suki connaisse la réponse, elle. Ses parents avaient beau lui expliquer que c'était parce qu'ils n'avaient pas les mêmes lois et qu'ils habitaient trop près les uns des autres, Baradi ne comprenait pas cette haine. Elle se sentait un peu abattu devant ces choses qu'elle ne parvenait pas à saisir, ces trucs de grands mais qui la touchaient quand même. C'était à cause de cette querelle qu'elle était obligée de rester cloîtrer dans l'Oasis Oublié ! Elle répondit, prenant garde à chuchoter.

- Non, j'en sais rien du tout... Ca m'énerve de rien comprendre à ces histoires ! C'est stupide de se faire la guerre, on pourrait tous être copain, ce serait mieux non ?

Elle redressa un peu la tête et renifla autour d'elle, pour voir si elle arrivait à repérer l'odeur du grand Jangowa. Elle sentait bien son effluve, il était passé par là, mais il lui semblait qu'il n'était plus tout près, à présent. Tous ces parfums de fleurs exotiques l'empêchaient de se concentrer correctement sur la piste du père de Suki.

- Il est encore là ?

Elle n'était pas vraiment effrayée, plutôt inquiète à l'idée de se faire repérer. Et si ses parents lui tombaient dessus, que diraient-ils ? Seraient-ils fâché de voir qu'elle faisait amie-amie avec une Jangowa ?

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Baradi secoua la tête. Elle avait l'air dépitée. Au moins je n'étais pas la seule à ignorer d'où venait cette haine profonde. Mais bon, grâce à Baradi, cette haine qu’avaient les Jangowas envers les Mositus avait quitté le cœur d'au moins une lionne du désert : moi. La petite lionne brune me répondit alors :

- Non, j'en sais rien du tout... Ca m'énerve de rien comprendre à ces histoires ! C'est stupide de se faire la guerre, on pourrait tous être copain, ce serait mieux non ?

J'hochai la tête. Oui, tout serais plus simple si l'on pouvait tous s'entendre. Malheureusement, Papa et Maman me disait tout le temps que c'était impossible. Pourtant, j'avais bien fait amie-amie avec Baradi. Si ça ce n'était pas une preuve que même deux lions censés être ennemis pouvaient s'entendre ! Baradi renifla. De toute évidence, elle cherchait à savoir si Papa était encore là. Elle me questionna d'ailleurs :

- Il est encore là ?

A mon tour, je me mis à renifler les alentours. Je sentais bien que Papa était passé par là. Cependant, il c'était éloigné. Une chance ! Je sortie alors de ma cachette. Malgré toutes les odeurs inconnues de l'Oasis qui me perturbaient, je pouvais affirmer que Papa était parti. Une fois dehors, je fis signe à Baradi :

- Viens Baradi. Tu peux sortir.

Je fis une courte pause, repensant à ce qu'avait dit mon amie un peu plus tôt. Je lui dis alors :

- Tu sais quoi Baradi ? Lorsque je serais grande et que je deviendrais Impératrice des Jangowas, je ferais en sorte qu'on soit en paix avec les Mositus !

Je lui fis un grand sourire. C'était bien un rêve d'enfant ça ! Vouloir changer le monde, le rendre meilleur. Nous avons tous eu ce genre de rêve... N'est-ce pas ? Pourtant... pourtant vient un moment où l'on se rend compte que peu importe nos efforts... Certaines choses ne changent pas. J'entendis soudain des bruits de pas. Ce n’était pas Papa, en tout cas : je ne sentais pas son odeur. Un Mositu peut-être ? Et si c'était les parents de Baradi ? Inquiète, je me réfugiais près de la petite lionne.

Au grand soulagement de Baradi, la petite Jangowa renifla elle aussi les alentours et sembla confirmer que son père n'était plus dans les parages. Elle quitta leur cachette, et après une dernière vérification, se tourna vers la Mositu.

- Viens Baradi. Tu peux sortir.

Rassurée, la petite brune s'engagea à la suite de son amie et, après avoir elle-même regardé avec soin les environs pour s'assurer qu'elles étaient bien seules, elle poussa un soupir et s'assit au sol. Elles l'avaient échappé belle ! Elles auraient risqué gros si le géniteur de Suki les avait trouvé, car il n'aurait sans doute pas apprécié que sa fille se fasse amie-amie avec une Mositu, qui était l'ennemi juré des Jangowas. La jeune lionne au pelage clair regarda alors sa comparse droit dans les yeux et déclara :

- Tu sais quoi Baradi ? Lorsque je serais grande et que je deviendrais Impératrice des Jangowas, je ferais en sorte qu'on soit en paix avec les Mositus !

Baradi lui offrit un immense sourire, imaginant sans mal son amie Suki défier l'Empereur de son clan, le fameux Akili, pour prendre sa place. On lui avait expliqué que c'était comme cela que ça fonctionnait chez les lions du désert : les Jangowas ne suivaient que la force. Si Akili ne pouvait vaincre un adversaire, alors il perdait la place d'Empereur qui revenait à celui qui l'avait battu. La petite femelle s'écria alors, toute joyeuse.

- Oh oui ce serait...

Elle fut coupé dans son élan par des bruits de pas qui se dirigeaient vers elles, ce qui l'inquiéta aussitôt. Les poils de son échine se hérissèrent, et elle se rapprocha également de Suki, dans l'espoir que personne ne les verrait si elle y croyait très fort. Cependant, le pouvoir de l’invisibilité ne naissait pas aussi facilement, et elle s'en rendit vite compte en entendant un souffle derrière elle. Baradi fit volte face et poussa un petit cri étranglé dans sa gorge.

- Papa !

Le grand mâle brun, encore plus foncé qu'elle, s'avança vers les deux fautives, le regard sévère. La Mositu baissa les yeux au sol, fuyant l'expression dure de son père. C'était rare qu'il se mette en colère, c'était un lion doux et prévenant. Mais là, Baradi comprit qu'elle avait fait une grosse bêtise. Elle savait que son père ne ferait pas de mal à Suki, il ne lèverait jamais la patte sur un lionceau, mais elle craignait qu'il ne la renvoie dans le désert et qu'il lui interdise de la revoir. Chezo avait les yeux rivés sur Suki, sans méchanceté, mais sans gentillesse non plus.

- Je peux savoir ce qu'il se trame ici ? Qui es-tu toi ? Tu n'es pas une Mositu, ça j'en suis sûre.

Il regarda ensuite sa fille, en quête d'explication. Celle-ci se redressa fièrement sur ses pattes, bien qu'elle ne soit pas forcément rassurée, et s'écria vivement.

- C'est Suki, mon amie ! Elle n'est pas méchante, elle n'a rien fait de mal !

Elle savait bien qu'il était inutile de prendre la défense de la Jangowa, car son crime était simplement d'être entré dans l'Oasis et de s'être lié d'amitié avec une Mositu. Mais peut être Chezo serait compréhensif... Il avait le cœur tendre après tout. Il poussa d'ailleurs un soupir et porta à nouveau son attention sur la petite lionne clair.

- Que fais-tu ici ? Sais-tu que tu es sur le territoire des Mositus, et que tu n'as donc pas le droit d'être là ?

Baradi tourna la tête vers Suki, espérant que celle-ci aurait du répondant mais qu'elle ne s'attire pas d'ennuis. Ce qui risquait fort d'arriver, de toute manière...

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Au vu de l'immense sourire de Baradi, je devinais que mon idée lui plaisait et cela ne me fit que sourire davantage. C'était décidé, je deviendrai Impératrice pour que mon amitié avec la jeune Mositu puisse perdurer même lorsque nous serons grandes ! Baradi commença alors à me dire :

- Oh oui ce serait...

Des bruits de pas la coupèrent. Je me plaquais au sol, pourvut que ça ne soit pas un Mositu agressif ! Baradi se rapprocha de moi. Elle non plus n'était pas rassurée. C'est alors qu'un grand lion au poil brun apparut.

- Papa !

Alors ce lion était le père de Baradi ? Intéressant. Le lion me dévisagea un moment. Je ravalait ma salive. Qu'allait-il me faire ? M'attaquer ? Je devais peut-être appeler Papa... Heureusement, le lion se contenta de demander :

- Je peux savoir ce qu'il se trame ici ? Qui es-tu toi ? Tu n'es pas une Mositu, ça j'en suis sûre.

Baradi répondit pour moi :

- C'est Suki, mon amie ! Elle n'est pas méchante, elle n'a rien fait de mal !

Cette réponse me fit sourire et me rassura. Au moins, j'avais une amie pour m'appuyer et prendre ma défense au cas ou... Je me redressais lentement et commença à me détendre. Le lion brun soupira et ajouta :

- Que fais-tu ici ? Sais-tu que tu es sur le territoire des Mositus, et que tu n'as donc pas le droit d'être là ?

Je pris une grande inspiration et me mit à fixer le grand mâle dans les yeux. Je lui répondis avec assurance :

- Je sais Monsieur le Mositu. Je suis venu avec mon Papa, il m'a dit que je ne devais pas m'éloigner mas je ne l'ai pas écouter. C'est ma faute, je suis désolé.

Et évidement, lorsqu'on parle du loup, on en voit la queue. De nouveau, quelqu'un va nous rejoindre. Quelqu'un que je connaissais cette fois. Papa apparut, sortit de nul part.

- Suki ! Tu es là ! Je te cherch...

Il s'interrompis en voyant Baradi et le lion brun. Il se mit à gronder. Il fixa le Mositu avec une colère et une inquiétude non dissimulées. Je me précipitais vers lui en courant.

- Papa ! Papa ! Arrête ils m'ont rien fait ! Je me suis faite une nouvelle amie c'est tout.

Papa ne fit aucune remarque là dessus. Lorsque je fus près de lui, il me renifla et me passa quelques coup de langue sur la tête pour être sur que j'allais bien. Il se redressa ensuite lentement et lança au lion Mositus un regard froid. Attendant sa réaction.

Au grand soulagement de Baradi, son amie ne se laissa pas impressionner par l'arrivée de Chezo. Elle semblait se maîtriser, ce qui impressionna la Mositu. Suki se redressa pour faire face au mâle foncé, sans audace, mais avec courage.

- Je sais Monsieur le Mositu. Je suis venu avec mon Papa, il m'a dit que je ne devais pas m'éloigner mas je ne l'ai pas écouter. C'est ma faute, je suis désolé.

Le père de la petite brune hocha doucement la tête, et paru un peu surpris également. Sans doute ne s'était-il pas attendu à tant de politesse de la part d'une Jangowa, car ce clan n'était pas connu pour sa gentillesse mais plutôt pour son caractère féroce. Baradi était soulagée, l'altercation ne finirait pas mal ! Chezo allait laisser partir son amie, car il avait bon cœur et, bien sûr, il lui ferait un bon sermon avant de rentrer. Peut être ne dirait-il rien à Moka, afin qu'elle ne lui reproche pas d'avoir laissé leur fille sans surveillance et qu'elle n'en rajoute pas une couche. La diplomatie était le point fort du père de la jeune lionne, mais ce n'était pas le cas pour sa mère. Si ce fait restait leur secret, elle n'aurait pas trop d'ennuis. Son soulagement fut toutefois de courte durée, car un nouveau protagoniste entra en scène

- Suki ! Tu es là ! Je te cherch...

Un lion à la robe encore plus clair que la petite Jangowa apparu d'entre les buissons, dont la crinière grisâtre contrastait avec le reste de sa fourrure. Il s'agissait apparemment du père de Suki, bien qu'elle ne lui ressemblait pas tellement. Il sembla alors se rendre compte de la présence de Chezo et de sa fille, et poussa un grondement menaçant sans les quitter des yeux. Le grand brun ne fut pas en reste et dévoila ses crocs, couvrant Baradi de son corps pour la protéger. Celle-ci n'était pas rassurée, elle tremblait un peu et craignait que tout ceci ne vire en combat entre les deux mâles. Heureusement, Suki ne tarda pas à intervenir, prenant la parole en courant vers son père.

- Papa ! Papa ! Arrête ils m'ont rien fait ! Je me suis faite une nouvelle amie c'est tout.

Le grand Jangowa accueilli sa progéniture par des coups de langue affectueux, puis reporta toute son attention sur les lions de l'Oasis. Quelques secondes s'écoulèrent, durant lesquels les deux félins se toisèrent. Baradi leva les yeux vers son géniteur, cherchant à lire ses intentions dans son regard. Elle n'avait jamais vu tant de froideur en lui, tant de méfiance. Il leva finalement le menton et gronda, d'une voix sans appel.

- Partez, et il ne vous sera fait aucun mal. Les Jangowas n'ont rien à faire ici, et vous le savez, l'Oasis Oublié appartient aux Mositus. Si vous vous en allez sans faire d'histoire, mon chef ne sera pas mis au courant de votre intrusion et il n'y aura pas de représailles.

La petite brune retint son souffle, espérant que le père de Suki ne s'opposerait pas à Chezo. Les lions du désert étaient connu pour ne pas se laisser dicter leur conduite.

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Une fois que j'eus rejoint Papa, je constatai qu'il se calmait déjà. Me savoir en sécurité devait le rassuré fortement. Le père de Baradi, en revanche, semblait toujours aussi froid. Papa le fixait avec une lueur mauvaise dans le regard, comme si il ne désirait qu'une chose : bondir sur le lion brun et le tuer. Je ravalai ma salive. J'espérais qu'il ne se lance pas dans un tel fait... La lion brun lança d'une voix sans appel :

- Partez, et il ne vous sera fait aucun mal. Les Jangowas n'ont rien à faire ici, et vous le savez, l'Oasis Oublié appartient aux Mositus. Si vous vous en allez sans faire d'histoire, mon chef ne sera pas mis au courant de votre intrusion et il n'y aura pas de représailles.

Je crus d'abord que Papa allait lui répondre méchamment mais ce ne fut pas le cas. Au contraire, il se mit à glousser avant de rire au éclat. Finalement, il reprit son calme et avec un sourire mauvais, il fronça les sourcils en disant :

- Tu crois m'effrayer ainsi Mositu ? Bah ! Tu n'es qu'un idiot ! Préviens ton chef, et après ? Crois-tu ton clan de lâches suffisamment puissant pour attaquer les Jangowas ? Pas moi.

Papa poussa un grognement. Il regarda la petite Mositu avant de reporter son attention sur son père.

- Tssss. Tu as bien de la chance Mositu... Je n'ai aucune envie de blesser un père, pas sous le regard de son enfant en tout cas. Nous partons donc, adieu.

Papa fit demi-tour afin de quitter l'Oasis. Je le regardai s'éloigner pendant quelques minutes. Regardant dans la direction des deux Mositus, je lançais sur un ton triste :

- Au revoir...

J'étais triste que ma rencontre avec Baradi se termine de la sorte... Enfin, je comptais bien revenir jouer avec la petite lionne un jour ou l'autre.
Lorsque nous fûmes sorti de l'Oasis, Papa se mit à me faire la morale. Que disait-il ? Bah... Aucune idée, ce n'était pas comme si je l'écoutais après tout. Quoi qu'il en soit, grâce à Baradi, je m'étais fixé un objectif en plus qui me pousserais à devenir Impératrice : faire la paix avec les Mositus !

Le père de Suki ne sembla pas prendre l'avertissement au sérieux, car il éclata d'un rire terrifiant qui angoissa Baradi plus que tout. Elle leva les yeux vers son géniteur, craintive, priant de toutes ses forces les esprits pour qu'il ne se jette pas sur le Jangowa avec colère. Pourtant, il ne se laissa pas déstabiliser par les paroles de son ennemi et garda son calme froid.

- Tu crois m'effrayer ainsi Mositu ? Bah ! Tu n'es qu'un idiot ! Préviens ton chef, et après ? Crois-tu ton clan de lâches suffisamment puissant pour attaquer les Jangowas ? Pas moi.

Son grondement fit trembler la petite lionne brune, qui se recroquevilla sur elle-même. Le danger était si proche, palpable... Et les mots du mâle couleur sable étaient cruels, le mépris suintait dans chacune de ses phrases. Pourquoi cette haine ? Baradi ne la comprenait pas. Comment deux lions qui ne s'étaient jamais rencontré auparavant, car Chezo et le père de Suki ne semblaient absolument pas se connaître, pouvaient se haïr à ce point ? C'était absurde ! Au moins, la jeune Jangowa ne partageait pas l'animosité de son père.

- Tssss. Tu as bien de la chance Mositu... Je n'ai aucune envie de blesser un père, pas sous le regard de son enfant en tout cas. Nous partons donc, adieu.

Il ne sembla pas attendre de réponse à cette menace non dissimulée, et disparu entre les broussailles et les épais buissons. Suki ne se lança pas immédiatement à sa suite, lançant un triste regard à la petite brune. Celle-ci le lui rendit, chagrinée et ne comprenant toujours pas tout l'enjeu de cette rencontre.

- Au revoir...

Ces deux mots touchèrent Baradi au cœur, alors que ce n'était pourtant pas grand chose. Pourtant si, ça avait de l'importance. Comme le fait qu'elles se soient tombé dessus aujourd'hui. Car malgré leur différence de clan, elles étaient devenues amies. Et c'était cela qui comptait.

- Au revoir ! s'écria-t-elle, craignant un instant de l'avoir dit trop fort.

Elle se tourna vers son père, qui la fixait d'un œil sombre. Suki s'en alla à son tour, et Baradi se retrouva seule avec Chezo, qui paraissait furieux. Elle savait qu'elle l'avait déçu en lui désobéissant, mais elle fut surprise de le voir s'asseoir face à sa fille en poussant un grand soupir. Il avait soudain l'air très triste. Il parla des querelles très importantes entre les Jangowas et les Mositus, tout en regardant le lointain, absent. Il demanda ensuite à sa fille de faire preuve de prudence, car les temps étaient troubles. La petite brune était étonnée, elle qui s'était attendue à se faire gronder. Elle rentra donc avec son père, espérant qu'un jour, Suki reviendrait à l'Oasis, et qu'elles pourraient de nouveau jouer ensemble.


[Fin également pour moi. Merci pour ce super RP, et à une prochaine fois !]

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