La Princesse semblait un peu perdu face à mes propos. C'est vrai qu'il n'était pas courant que l'on vous dise qu'il fallait avoir peur. Mais la peur, n'est ce pas ce qui prouve que nous sommes vivant ? Que nous tenons à la vie ? Et sans ce sentiment, le courage n'existerait pas, il n'aurait aucun but, aucun intérêt.

« Moi je n'ai pas peur. Mais je ne pense pas que ce soit de la folie monsieur Fleck, c'est que je n'ai jamais eu à m'inquiéter si ce n'est de la colère de mes parents. Les Nyeusis me semblent terrifiants mais jamais ces frissons ne sont véritablement devenus réels. Ils restent le fruit de mon imagination. Quand j'explique ça à maman, elle me dit que c'est toujours une bonne chose que j'ai pas encore connu l'ombre mais elle est aussi inquiète du jour où je la découvrirai. »

J'eus un léger sourire. Tous les parents craignent ce moment. Je l'avais craint aussi... Et puis avec le temps, je m'étais rendu compte qu'il ne servait à rien d'en avoir peur, au contraire. Si nous ne savons rien de l'ombre, comme le disais l'enfant, comment pourrions nous la différencier de la lumière ? Car tout dans ce monde à son opposé et il nous faut le connaitre pour ne pas nous emmêler les pattes. On ne sait pas ce que représente le bien si on a pas connu le mal tout comme on ne comprend pas l'importance de la vie tant qu'on a pas connu la mort. Et pourtant, il y a toujours un peu de mal dans le bien et de bien dans le mal. Certains Kulishas, qui avaient pourtant suivis les Nyeusis, n'étaient pas des monstres sanguinaires tout comme certains Pridelander n'étaient pas toujours très sympathique. Cependant, l'enfant devant moi avait encore le temps de l'apprendre.
Par la suite, Ahva sembla être amusé par l'idée que je sois son protecteur. Et bien ! Au moins cela la mettait de bonne humeur même si je n'étais pas certain de comment je devais le prendre. Quoi qu'il en soit, la petite commença son récit concernant les lions noirs.

« Bien sûr qu'ils m'en ont parlé et dans des termes bien peu élogieux. Ce sont des monstres, des vicieuses créatures qui longtemps avant s'étaient déjà attaqués au Nord avant d'être repoussés par les armées blanches. Alors que grand-mère était régente, ils sont revenus dans un nouvel assaut aux côtés de l'usurpateur tyrannique de Freeland malheureusement, la bataille ainsi que le feu roi du Nord ont été perdu, grand-mère ainsi que d'autres lionnes et les chiots de la cheftaine des hyènes ont été retenus prisonniers. C'était une époque terrible mais maman a réussi à tous les libérer. Une armée de libération a été organisée par papa et d'autres lions important et à nouveau, ils ont chassé les Nyeusis avant de faire tomber le tyran de Freeland. »

Je fronçais légèrement les sourcils. C'était tout ? Oh ! Je ne blâmais pas Kumpa et Kuzali pour avoir oublier certains détails... mais il y avait des choses qu'ils avaient sciemment laisser de côté ! Je pouvais comprendre qu'ils ne souhaitaient pas en parler mais... Mais il fallait le faire ! Je pensais notamment à la naissance de Sadaka. Qu'attendaient-ils pour en parler ? Son ascendance n'aurait pas été évidente, ça ne m'aurait peut être pas poser de problème mais là... Non d'une hyène ! Ils attendaient quoi ?! Que le sujet tombe par hasard au détours d'une conversation !? Ah oui, c'est sur que ça allait vachement aider ! Ceci dit, je trouvais amusant que la jeune lionne n'ai pas fait le rapprochement. Mais sans doute n'était-ce pas évident pour elle : Sadaka était son frère, il n'avait rien de commun avec les lions noirs, n'est-ce pas ?
Malgré mon bouillonnement intérieur, je tentais de garder une expression la plus calme possible alors qu'Ahva concluait :

« C'est l'histoire qu'on m'a apprise. »

Puis elle me regarda fixement. Je pouvais déjà dire par ses yeux qu'elle attendais que j'approuve ses dires... seulement... Je poussais un long soupir de lassitude.

- Et bien... On vous a raconter une bonne partie de l'histoire mais beaucoup de détails importants ne vous ont pas été conté à ce que je vois. On ne vous à donc jamais dit que votre f...

Je me mordis la langue. Non, non Fleck ! Tu n'as pas à raconter ça, ce n'est pas à toi de le faire. En attendant, voilà qui allait paraitre suspect à la jeune lionne. Enfin... Elle aurait bien du l'apprendre à un moment ou à un autre. Gêné, je me raclais la gorge.

- Ahem. Revoilà que ma langue va plus vite que ma tête. Ce n'est pas à moi de vous dire ça, j'en suis désolé. Je crois... Je crois que c'est une discussion qu'il vaut mieux que vous ayez avec votre famille.

Plus cette discussion avançait, plus je me disais que Kuzali et Kumpa allait me tuer pour avoir mis un tel sujet sur la table. Ceci dit, je pensais sincèrement que mettre les enfants au courant était la meilleure chose à faire bien que ce ne soit pas facile. Après tout, il ne faut pas confondre le chemin et la destination : ce n'est pas parce qu'on traverse un orage que cela signifie qu'on ne se dirige pas vers le soleil.

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Je sentais que la jeune lionne était déçu par ma réponse... Ou plutôt, mon absence de réponse. Mais elle sembla bien vite comprendre que je n'étais pas en mesure de lui répondre. C'était une affaire de famille qui ne me concernait pas vraiment et, en mettant Ahva sur la piste, je m'en étais déjà suffisamment mêlé. L'enfant m'assura alors qu'elle ne me demanderait pas plus de chose. Bien. Voilà qui m'arrangeait. Par la suite, elle m'informa qu'elle n'avait pas l'intention d'en parler à ses parents aujourd'hui. Dans le but de me maintenir éloigné de cette histoire apparemment. Cette attention me fit sourire. C'était gentil de sa part. Cependant, elle ajouta quelque chose qui me surprit :

« Mais peut-être devrions-nous rentrer ? »

Un peu curieux, je me mis à regarder les alentours. Pourquoi donc cette soudaine envie de rentré ? Oh par mes ancêtre mais c'est que le soleil avait bien avancé sa course dans le ciel ! Ahva avait raison, il était temps pour nous de rentrer.

« Dorénavant, je viendrais régulièrement à vous pour que vous m'apprenez ce que vous savez ! »

Ajouta la petite avec un grand sourire, venant se frotter contre mes patte antérieur. J'eus un léger rire avec de répondre tout sourire.

- J'en serais honoré ! Mais avant ça, vous avez raison, rentrons. Je vais vous raccompagné : il ne sera pas dit que Monsieur Fleck laisse sa petite protégée vadrouiller seule à des heures pareilles !

Après ces quelques mots prononcés d'un ton joyeux, je donnais un léger coup de museau à Ahva pour lui faire signe d'avancer.
Il ne nous fallut pas longtemps pour atteindre le Rocher de la Fierté. Toujours aussi imposant hein ? Cela faisait quelques jours que je ne m'y étais pas rendu, ne serait-ce que pour un rapport. Mmm... Il fallait que je songe à y retourner. Mais pas ce soir là. Mon rôle d'espion devait rester secret et je ne doutais pas que le fait que je veuille parler seul à seul avec ses parents attiserait les doutes d'Ahva. Ébouriffant la mèche de l'enfant avec ma patte j'ajoutais :

- Bon... Et bien nous y voilà. C'est ici que nos routes se séparent... Pour aujourd'hui du moins.

Je m'assis au pied du Rocher, attendant patiemment que la petite Princesse commence son ascension pour retrouver la famille.

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Je m'attendais presque à ce que la petite parte d'un coup, comme un éclair, me lançant un simple regard et un salut en signe d'au revoir mais elle n'en fit rien. Un petit sourire habilla ses babines tandis qu'elle se rapprocha en déclarant :

« Oui pour aujourd'hui seulement, soyez sûr que je reviendrai vers vous, monsieur Fleck ! »

Elle rit un peu et mon rire accompagna le sien. Et bien ! Ce serait un plaisir de la revoir. Je devais bien admettre que raconter des histoires et discuter m'avait toujours plût, particulièrement avec les enfants et... Inutile de nous voiler la face, la curiosité de cette petite m'amusait et était agréable à voir. Par moment, j'avais l'impression de me revoir en enfant... Aaaah... Les choses avaient bien changé depuis ces temps là. Pour le meilleur et parfois pour le pire. Mais au fond, il était bon de voir que les choses ne restaient pas les même.
Finalement, après que nous ayons partager une dernière marque d'affection, Ahva se dirigea vers le Rocher de la Fierté à toute allure. Alors qu'elle s'éloignait et que je m'apprêtais à partir, je l'entendis me crier :

« Merci beaucoup pour ce que vous m'avez appris aujourd'hui, c'était vraiment génial ! »

Rapidement, je lui répondis :

- Heureux que ça vous ai plu ! N'oubliez pas de saluer vos parents de ma part !

... Trop tard, la petite avait fuit, sans doute ne m'avait-elle pas entendu. Bah, je haussais les épaules, ce n'était pas grave. D'un pas léger, je m'éloignais de l'imposant rocher. La petite Princesse était partie retrouver sa famille, il était temps que je fasse de même !

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