L'attente de la réponse de Nsaï lui sembla interminable. Il espérait qu'il s'était endormi après ses paroles sur Vako et qu'il n'avait pas entendu sa longue tirade qui comportait bien trop de fois le mot hypothétique. La chance n'était toutefois pas de son côté, le mâle brun était bien réveillé, et plongé dans ses pensées. Le cœur de Baradi battait à tout rompre, elle était pratiquement sûre que son camarade pouvait l'entendre. Un espace bien maigre les séparait après tout, la féline pouvait sentir les poils du lion se soulever à un rythme régulier juste à côté d'elle, ce qui était une sensation étrange. Ils n'avaient sans doute jamais été aussi proche qu'à cet instant. Profitant de cette proximité, Baradi observa attentivement la réaction de son ami. Il semblait troublé, à ne point douter. Une étrange satisfaction parcouru la jeune lionne devant la confusion de Nsaï. Elle avait craint qu'il ne lui rit au nez devant tant d'absurdité, mais il semblait finalement réellement réfléchir à la question, et en être perturbé. Baradi n'était peut-être pas la seule à découvrir de nouveaux sentiments, en fin de compte... Il était cependant encore trop tôt pour faire des suppositions, elle ne devait pas s'emballer.

- Eh bien, pour être tout à fait franc, j'aurais peur de te perdre. Je tiens à toi, et si jamais tu m'abandonnais pour aller vivre avec cet hypothétique lion, j'en souffrirais certainement. Mais je ne sais pas si on peut vraiment parler de jalousie à proprement parler... Je ne me mettrai pas en travers de ton chemin, si cet hypothétique lion te plaît vraiment.

La lionne se sentit rougir sous son pelage. Le lien qui les unissait était fort, sans doute plus qu'elle ne le pensait. Songer qu'elle pourrait faire souffrir Nsaï si elle décidait de vivre avec un autre lion était une idée étrange pour elle. Elle eu envie de le rassurer, mais que pouvait-elle bien dire ? "Non ne t'inquiète pas, je ne partirais vivre avec aucun autre lion parce que je veux rester avec toi pour toujours." Non, elle ne pouvait pas dire ça, bien évidemment. Imaginer le dire était d'ailleurs terriblement gênant. Elle aurait bien cacher son visage derrière ses pattes pour cacher son malaise, mais Nsaï aurait sans doute trouver ça très bizarre, comme réaction face à ses paroles. Il fallait à tout prix changer de sujet, ou mimer le sommeil peut-être... Le mâle la tira heureusement de son dilemme, en déclarant d'une voix fatiguée :

- Hum... Je pense qu'il est temps de dormir maintenant. Si on veut être en forme demain matin, quand Chombo Hiki reviendra nous chercher.

Elle hocha la tête, soulagée. Voilà qui était un excellent moyen de clore cette conversation. Baradi ne laissait tout de même pas tomber, elle trouverait un moyen de savoir ce que son ami ressentait pour elle, en essayant de ne pas se couvrir de ridicule au passage. Il lui semblait qu'elle avait appris des choses ce soir, et sans doute était-ce de même pour lui. Elle le regarda s'allonger plus confortablement et fermer les yeux, tout en murmurant :

- Bonne nuit Baradi.

La féline à la robe brune esquissa un sourire. C'était la première nuit qu'ils passaient loin de chez eux, rien que tous les deux, affrontant l'inconnu et découvrant une terre nouvelle. Leur voyage venait de commencer, et pourtant, elle avait l'impression que cela faisait des années qu'ils étaient partis. La journée avait été très longue, ils avaient besoin de repos.

- Bonne nuit Nsaï.

Elle n'était pas sûr qu'il l'ai entendu, peut-être était-il déjà endormi. Elle posa sa tête sur ses pattes et regarda son ami s'enfoncer dans le sommeil. Il avait quelque chose de fragile lorsqu'il dormait, Baradi le trouvait d'autant plus beau. Elle secoua doucement la tête, ce n'était pas le moment de penser à cela. Dormir. Elle devait dormir. Elle se concentra sur la respiration régulière et paisible de son camarade, et s'enfonça à son tour dans les ténèbres.

La nuit passa en un éclair, elle fut reposante et sans rêve. La jeune lionne fut réveillée par les premières lueurs de l'aube qui pénétraient la grotte. Un instant, elle se demandant où elle était, puis les souvenirs de la veille lui revinrent. Le voyage, l'arrivée sur Outland, leur rencontre avec Chombo Hiki, puis la conversation avec Nsaï, la nuit dernière. Cela faisait beaucoup de chose d'un seul coup, l'esprit de Baradi était confus. Il lui fallu quelques secondes pour remettre de l'ordre dans ses pensées, et pour que ses yeux s'habituent à la lumière. Alors qu'elle essayait de ne pas être aveuglée, elle aperçu une silhouette se dessiner devant l'entrée de la caverne. L'Outlander était donc revenu les chercher ? Elle reconnu sans mal l'épaisse crinière noire de leur interlocuteur de la veille. La féline glissa un regard vers Nsaï, se demandant s'il était réveillé, et prêt à partir.

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- Petit, c'est l'heure. Debout, vite.

Nsaï ouvrit les yeux, non sans difficulté, à temps pour voir Chombo Hiki sortir de la grotte, laissant derrière lui le repas qu'il leur avait amené. Il eut un instant de panique, se demandant ce qu'il faisait là - et d'ailleurs où était-il ? -, avant de se souvenir de la journée de la veille. Le voyage, Outland, l'entraînement du lion à la crinière noire, et les hypothèses de Baradi. La Lande était décidément loin derrière eux, et pas question d'y retourner. L'aventure les attendait, et ils étaient prêts à aller à sa rencontre. Peu importe ce qui les attendait.

Le Mositu posa son regard sur sa camarade. Il avait encore du mal à se situer par rapport à ses paroles de la veille. Le lion "hypothétique" ne l'était pas tant que ça, c'était une certitude. Mais se pouvait-il que ce soit vraiment lui ? Ou se faisait-il des idées ? Il aurait tout le temps dont il avait besoin pour y réfléchir pendant leur voyage, et il avait la ferme intention de trouver le fin mot de cette histoire. Mais si jamais il avait raison, si jamais Baradi avait des sentiments pour lui, comment agirait-il ? Là encore, il se trouvait perdu. Il n'en avait pas la moindre idée. Bon il valait mieux ne pas trop y penser pour l'instant. Il y avait encore une chance qu'il se trompe. En attendant, il fallait se lever, se nourrir, et partir au plus vite. Nsaï se dressa tant bien que mal sur ses pattes, et s'adressa à son amie d'une voix matinale rocailleuse.

- Bonjour. Bien dormi ?

Puis il baissa les yeux sur la proie que leur avait amené leur hôte. Il y avait assez pour eux deux, bien. Il arracha quelques lambeaux de viande avec ses crocs, les précipitant dans son estomac. Il n'avait pas spécialement faim, mais il fallait manger quand même s'il voulait tenir la journée. Alors il se força un peu, laissant tout de même un peu plus de la moitié de la bête à son amie. A peine venait-il de finir sa part que la voix de Chombo Hiki s'éleva de l'extérieur de la grotte.

- Dépêchez-vous, vous deux ! Vous devez être partis dans moins d'un quart d'heure, et la route qui vous attend est longue.

Il avait raison. Le mâle brun lança un regard à son amie avant de se diriger hors de leur abris. Dehors, le soleil se levait doucement, posant ses rayons sur le territoire d'Outland. Effectivement, ils ne devraient pas tarder à partir. Avant tout, Nsaï devait remercier l'Outlander pour ce qu'il avait fait pour eux. Il les avait aidés, et c'était beaucoup plus que ce qu'ils avaient pu espérer.

- Bonjour, Chombo Hiki. Hum. Je voulais vous remercier pour l'aide que vous nous avez apportée. Et pour l'apprentissage dont vous m'avez fait bénéficier hier. Je suppose que ça me sera très utile à l'avenir. Donc... Merci. Énormément.

Il s'en serait voulu d'avoir oublié de dire ça. Mais maintenant c'était fait. Nsaï s'étira, attendant que Baradi les rejoigne. Il était prêt à continuer l'aventure.

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Après plusieurs secondes durant lesquelles les yeux de Baradi s’accommodaient à la lumière, la féline au pelage brun remarqua que l'Outlander tenait une proie entre ses crocs, morte depuis quelques heures visiblement. L'eau monta rapidement à la bouche de la jeune lionne, et elle se rappela qu'elle n'avait rien mangé depuis sa brève partie de chasse avec Nsaï, la veille. Son estomac criait donc famine, mais avec tous les événements qui s'étaient produits, elle avait mis ces considérations là de côté. Elle allait bientôt pouvoir se remplir la panse, cependant ! Chombo Hiki s'approcha du mâle brun, qui dormait encore et murmura, en le secouant un peu.

- Petit, c'est l'heure. Debout, vite.

Nsaï ne tarda pas à s'extirper du sommeil, tandis que le lion à la crinière noire s'en allait. Baradi ne pu retenir un sourire amusé en voyant son ami s'éveiller, visiblement un peu perdu. Comme elle un peu plus tôt, la journée de la veille devait sans doute défiler dans son esprit, ainsi que la soirée. Elle cru voir une lueur inhabituelle dans ses prunelles lorsqu'il la regarda, mais celle-ci disparu aussitôt qu'elle était apparue. Le Mositu se leva, bien vite imitée par la jeune lionne, et se mis en jambe. Ils avaient pu profiter d'une longue et reposante nuit de sommeil, idéale pour reprendre la route sans tarder ! Baradi sentait une énergie toute neuve coulait dans tout son être, elle était comme galvanisée. Elle aurait du être encore troublée de la conversation de la veille, et elle l'était, mais il lui semblait qu'elle avait passé un cap. Peut-être était-ce leur voyage qui lui donnait des ailes, mais elle se sentait capable de gravir des montagnes et de toucher le ciel. Ses sentiments pour son ami, plus puissant chaque jour, ne l'effrayait plus autant qu'avant. Désormais, elle était prête.

- Bonjour. Bien dormi ?

La voix de son camarade la tira de ses pensées, et elle se souvint de la proie qui n'attendait que d'être mangé. Elle laissa Nsaï se saisir d'une bouchée pour prendre sa part, savourant la nourriture, mâchant goulûment. Ce n'était peut-être pas très chic, mais elle était affamée ! Tout en mangeant activement, elle répondit, avec énergie :

- Comme un lionceau ! On avait bien besoin de sommeil après la journée d'hier, je crois que je n'avais jamais été aussi fatiguée de toute ma vie !

La lionne se rappelait cependant le jour de leur départ de l'Oasis, et la longue marche qui avait suivi. Ils étaient tous épuisés en arrivant au bout du désert, et la chaleur les avait fait souffrir durant leur traversée. Baradi repoussa ces souvenirs, ils n'appartenaient pas à une époque heureuse de sa vie. Elle voulait se concentrer sur son voyage, qui ne faisait que débuter, mais qui promettait d'être toujours plus fort en émotion. Finissant sa part du gibier, elle remarqua que son ami n'avait pas énormément mangé, ce qui l'inquiéta. Était-il malade ? Il était plus grand et plus costaud qu'elle, il avait donc plus besoin de nourriture pour rester en forme. Qui plus est, ils allaient devoir avancer rapidement et sur une longue distance, il allait avoir besoin de force. Elle voulu lui lancer un regard sévère, mais Chombo Hiki les attendait dehors. L'Outlander les interpella d'ailleurs, visiblement impatient.

- Dépêchez-vous, vous deux ! Vous devez être partis dans moins d'un quart d'heure, et la route qui vous attend est longue.

La féline était d'accord, il ne valait mieux pas tarder. Nsaï lui jeta un coup d’œil, qui signifiait qu'il donnait également raison à leur interlocuteur, et sortit de la grotte. En se lançant derrière lui, Baradi lança un ultime regard à l'intérieur de la caverne et esquissa un sourire. Elle ne risquait pas d'oublier la soirée qu'ils avaient passé à l'intérieur, pleine de stresse mais également d'une certaine excitation.

- Bonjour, Chombo Hiki. Hum. Je voulais vous remercier pour l'aide que vous nous avez apportée. Et pour l'apprentissage dont vous m'avez fait bénéficier hier. Je suppose que ça me sera très utile à l'avenir. Donc... Merci. Énormément.

En entendant son ami prendre la parole, la jeune lionne se dépêcha de rejoindre les deux mâles. Une fois à leur hauteur, elle offrit à l'Outlander un regard plein de déférence. C'était un lion curieux, peut-être dangereux, mais qui leur avait offert de l'aide lorsqu'ils en avaient besoin. Baradi n'oublierait pas cela, et savait désormais qu'elle pouvait se fier à lui. Il était digne de confiance, elle le sentait désormais. Il les avait attaqué, certes, mais c'était pour apprendre à Nsaï à se défendre. Ses conseils étaient sages, ils devraient les garder en tête au cours de leur aventure. Le sourire sincère de la féline valait mieux que tous les mots, elle se contenta donc d'incliner la tête pour approuver les paroles de son camarade.

Ils purent ensuite se remettre en route, guidé par Chombo, qui connaissait bien les lieux. Alors qu'ils avançaient d'un pas plutôt rapide, Baradi remarqua que le regard de l'Outlander se posait régulièrement sur elle. Il semblait songeur, comme s'il voulait lui dire quelque chose sans pouvoir saisir le bon moment pour le faire. Elle décida de lui faciliter la tâche, et s'approcha de lui tranquillement, curieuse de savoir ce qu'il avait en tête. Elle lui lança doucement, à voix basse, comprenant qu'il souhaitait converser sans attirer l'attention du mâle brun. Elle ne voyait pas trop ce qu'il avait à lui dire qui ne concernait pas également Nsaï... A moins que cela soit au sujet de Jango.

- Tu souhaite me dire quelque chose ?

Le tutoiement lui était venu la veille déjà, suite au combat, et elle décida de le conserver. Après tout, même si Chombo était plus âgé, il les avait aidé, et était un ami, désormais. Elle se doutait bien que Nsaï avait entendu sa phrase, malgré son ton bas, mais elle espérait seulement que l'Outlander lui dirait ce qu'il avait sur le cœur avant que les deux voyageurs n'aient quitté son territoire.

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Le lion brun fut étonné par le regard profondément chaleureux que lui adressa son interlocuteur. Certes, il les avait aidés, il s'était montré plutôt amical, certainement beaucoup plus que la plupart des tueurs, mais ce regard n'en était pas moins inattendu. Le Mositu se surprit à penser que Chombo Hiki lui manquerait. Seraient-ils restés plus longtemps sur ces terres que Nsaï aurait pu compter l'imposant Outlander dans ses amis. Mais bientôt leurs chemins se sépareraient, et rien n'indiquait qu'ils se reverraient un jour. Peut-être sur le retour ? Après tout, personne ne pouvait prédire l'avenir. Un jour peut-être.

- Nsaï, ne me remercie qu'une fois ton périple terminé.

Le mâle à la crinière sombre ponctua ses paroles d'un clin d’œil avant de sourire à Baradi. Décidément, il devait être d'une excellente humeur ce matin. Et puis il étaient partis. En route vers Freeland. Enfin, ils devraient traverser le territoire des hyènes avant ça, s'ils voulaient éviter Prideland. Et il n'y avait pas de mots pour décrire ô combien ils voulaient éviter ce territoire volé par les Nyeusis. Nsaï en avait assez entendu venant des Pridelanders pour savoir qu'il ne voulait jamais rencontrer les lions de ce clan, de toute sa vie. Même la plupart des Jangowas semblait plus aimable que les lions qui avaient chassé les Pridelanders de leurs terres.

Alors que le trio s'avançait à une cadence assez élevée, Nsaï remarqua que son acolyte s'était approchée de l'Outlander, et s'adressait à lui à voix basse. Le mâle brun se douta que si elle agissait ainsi, c'était pour qu'il ne l'entende pas, aussi ne fit-il aucun effort pour entendre ce qui se disait. Se oreilles captèrent cependant la fin de la question de Baradi.

- ... me dire quelque chose ?

Alors que Chombo Hiki semblait entamer sa réponse, Nsaï se laissa un peu devancer par ses deux compagnons. Si cette discussion ne le regardait pas, il n'allait certainement pas essayer de l'entendre. La curiosité ne lui manquait pas, certes, mais la politesse non plus. Il était évident que le plus vieux mâle ne voulait pas être entendu de qui que ce soit d'autre que son interlocutrice. Il haussa la voix un instant, permettant à Nsaï d'entendre une bribe de son discours.

- ... c'est de lui coller une droite dont il se souvienne, pour avoir abandonné sa mère !

Chombo Hiki devait certainement parler de Jango, mais le jeune Mositu se sentit cependant très concerné par ça. Il repensa à sa mère, qu'il avait laissée derrière lui pour partir à l'aventure avec Baradi. L'avait-il abandonnée ? Il espérait bien qu'elle ne voie pas ça de cette manière, ça l'attristerait profondément. Un instant, il pensa à faire demi-tour et retourner près d'elle. Serait-elle toujours là quand il reviendrait au sein de leur clan ? Ou bien serait-elle... Non, il ne voulait pas y penser. Ima avait encore de belles années devant elle, plus qu'il n'en fallait à Nsaï pour revenir parmi les siens. Et ce voyage était le rêve d'une vie, il n'allait pas tout abandonner pour retourner au près de sa génitrice. Elle était forte, elle pouvait bien s'occuper d'elle-même. Elle n'avait pas besoin de lui.

Pendant ce temps, Chombo Hiki avait continué de parler, et Nsaï vit que le lion posa son regard sur lui. Était-ce pour vérifier qu'il suivait bien ? Certainement. Quelques phrases plus tard, l'Outlander laissait Baradi derrière lui pour prendre de l'avance. Le félin au pelage sombre s'approcha en silence de son amie. Encore quelques minutes de marche, puis celui qui menait la troupe s'arrêta, se tourna vers eux, et prit la parole.

- Nous y voilà. Nsaï, Baradi, je vous souhaite le bon voyage. Merci encore, concernant Jango, de faire ce que vous pourrez, mais n'oubliez pas votre objectif premier de vue. Peut-être apparaîtra-t-il lorsque vous ne le chercherez pas. Cela dit, partez, et que la bonne volonté des Grands Esprits vous accompagne dans votre périple.

Son sourire franc et bienveillant marqua la fin de leur collaboration, et il s'en fut, laissant les deux voyageurs derrière lui. Nsaï, toujours muet, posa son regard sur Baradi, attendant un signe avant de partir, de continuer leur périple.

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Alors que la lionne brune attendait une réponse de l'Outlander, ce dernier baissa la tête, et la voix, sans cependant chuchoter. Nsaï venait de ralentir, les laissant passer devant, montrant qu'il ne prêtait pas attention à leur conversation. Baradi lui en était reconnaissante, mais il y avait fort à parier qu'elle se confie à son ami, en fonction de ce que Chombo lui dirait. Il semblait sérieux et grave, ce qui l'interpella. Ses yeux étaient soudain empli de tristesse, lui qui était si joyeux au début de la journée.

- Plusieurs chose...D'abord, au nom de ma sœur, j'aimerais te remercier du mal que tu pourras te donner pour tenter de retrouver Jango. Je ne sais pas si tu le trouveras, mais merci pour d'essayer. Elle a le cœur brisé depuis sa fugue...

La Mositu pouvait bien imaginer la peine que ressentait une mère en perdant son fils. Après tout, elle avait perdu Moka, elle, et la douleur dans son cœur ne disparaîtrait jamais. La voix brisée du mâle à la crinière noire indiquait que sa sœur n'était pas la seule à souffrir de ce départ. Baradi était touchée par les liens visiblement très forts qui unissaient cette famille, qui n'avait du pouvoir être rassemblé avant la guerre qui avait opposé Jangowas et Mositus, et qui avait poussé les parents de Jango à quitter le désert. L'adolescent avait-il mal vécu ce départ, et souhaitait revenir sur son lieu de naissance ? Cela ressemblait peu à son ami, elle se souvenait de lui, il n'avait pas le caractère d'un lion des sables, il était si doux, si gentil...

- Si tu le retrouves, la première chose que j'aimerais que tu fasses...c'est de lui coller une droite dont il se souvienne, pour avoir abandonné sa mère !

Baradi eu envie de sourire, mais en voyant l'expression sévère de Chombo, elle se ravisa. Il était visiblement très sérieux. La jeune lionne n'avait pas l'intention de frapper son camarade d'enfance, même s'il méritait une bonne correction pour être parti en abandonnant sa famille derrière lui, sans un mot. Elle eu un sentiment de culpabilité en se souvenant qu'elle avait laissé Chezo derrière elle pour partir à l'aventure. Elle l'avait toutefois averti de son voyage, et lui avait demandé son avis sur la question avant de s'en aller. Elle avait heureusement eu son soutien et ses encouragements. Elle aurait sans doute eu du mal à partir si son géniteur avait émis le souhait qu'elle reste parmi les Mositus. Il avait toutefois respecté sa décision, fidèle à lui-même. Chombo reprit, mais cette fois, à voix très basse, comme s'il voulait que personne d'autre ne l'entendre. Elle prêta l'oreille, ne voulant pas manquer ce qu'il avait de si important à lui dire.

- Enfin, la façon dont il parlait de toi me laissait penser qu'il t'aimait...je sais que j'ai pas à t'en parler, mais je veux juste être sûr que tu lui donneras pas de faux espoirs. J'imagine très bien qu'avec les événements tu aies pu rencontrer quelqu'un... Veille à ne pas trop lui briser le cœur. Je veux le revoir en vie, et ma sœur aussi.

Les yeux et la bouche de la féline s'ouvrirent en grand. Elle resta bouche bée devant les paroles de l'Outlander, ne parvenant pas à y croire. Jango, son ami de longue date, qu'elle n'avait pas vu depuis presque deux ans, avait des sentiments pour elle ? C'était plutôt difficile à concevoir, en vérité, car la dernière fois qu'ils s'étaient parlé remonté à leur enfance. Comment pouvait-il l'aimer alors qu'il ne l'avait pas vu grandir et devenue une adulte ? C'était insensé ! Pourtant Chombo semblait très sérieux, il parlait avec gravité de la chose. Baradi devait donc se faire une raison, Jango en pinçait pour elle, d'une manière ou d'une autre. Comment devait-elle réagir à cela ? Elle avait de très bons souvenirs de l'ancien Jangowa, et il était sans doute devenu un bel adolescent, bientôt un adulte, avec des muscles, de la crinière et la taille qui allait avec. Cependant... Il restait pour elle le petit lionceau tout jaune et tout jeune, avec sa petite touffe de poil sur le crâne avec qui elle jouait, il y a des mois de cela. Elle ne pouvait pas le voir autrement, malgré son envie de le retrouver.

Plongée dans ses pensées, la féline laissa Chombo la doubler. Nsaï se mis à sa hauteur, et sans un mot ils continuèrent à avancer. Baradi était confuse, son expression toujours interloquée. Elle ne savait absolument pas comment gérer cette situation. Que dirait-elle lorsqu'elle se retrouverait face à Jango ? Etait-il possible qu'elle tombe sous son charme, après tout ce temps ? Instinctivement, son regard se porta sur le mâle brun, et elle se sentit rougir sous son pelage. Non, tout cela était complètement irréaliste. Elle avait déjà du mal à accepter ses propres sentiments pour Nsaï, qu'elle commençait tout juste à comprendre et à découvrir, et voilà qu'elle devait également penser à ceux de Jango à son égard. Elle ne savait pas quoi en penser, et ne pouvait pas vraiment demander conseil à son compagnon de voyage. Quoique... Ce serait un bon moyen de voir s'il était attirée par elle, en jaugeant sa réaction. L'idée était maligne, mais Baradi ne voulait pas dévoiler ce que Chombo lui avait dit pour servir ses intérêts personnelles. Si elle devait en apprendre plus sur ce que ressentait Nsaï, ce serait par ses propres moyens.

- Nous y voilà. Nsaï, Baradi, je vous souhaite le bon voyage. Merci encore, concernant Jango, de faire ce que vous pourrez, mais n'oubliez pas votre objectif premier de vue. Peut-être apparaîtra-t-il lorsque vous ne le chercherez pas. Cela dit, partez, et que la bonne volonté des Grands Esprits vous accompagne dans votre périple.

Ils venaient d'arriver à la frontière, Baradi s'en rendait seulement compte. Tellement perdue dans ses réflexions, elle n'avait pas réalisé qu'ils avaient fait tout le chemin. Outland s'achevait et devant eux apparaissait le territoire des hyènes. Ce n'était pas forcément moins dangereux, mais il fallait avancer, de toute manière. Il était temps de dire au revoir à leur ami et de poursuivre leur chemin. La jeune lionne remarqua que Nsaï attendait son signal, ce qui l'amusait. C'était lui le plus vieux, mais c'était elle qui menait l'aventure ! Elle se tourna donc vers le mâle à la crinière noire et s'inclina devant lui avec déférence une fois de plus.

- Merci encore pour ton aide Chombo Hiki, nous ne l'oublierons jamais. J'espère que nous trouverons Jango sur notre chemin, ou qu'il reviendra de lui-même vers sa famille. Au revoir, et merci !

Baradi ne voyait pas quoi ajouter, elle avait déjà tout dit. Elle se tourna vers Nsaï et lui offrit un regard plein de malice, tandis que l'Outlander s'en allait lentement. Il était temps de repartir à présent ! Une nouvelle partie de leur aventure les attendait, et la féline était prête. Elle lança alors, d'une voix pleine d'énergie, tout en se tournant déjà vers le nouveau territoire qu'ils allaient explorer :

- Allons-y Nsaï ! En route pour le territoire des hyènes !

La jeune lionne était enthousiaste, mais avait conscience que le danger serait présent lors de cette partie du voyage. Ils allaient devoir être prudent et peut-être pourraient-ils s'en tirer sans se faire remarquer... C'était du moins ce qu'il fallait espérer !

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