Tapis dans les herbes hautes, Haki furetait les environs d'un regard perçant. Ses prunelles de jade cherchaient aussi bien des proies que des lions susceptibles de lui apporter des ennuis. Le prince prenait des risques en se rendant si près du Repère des Lions, mais c'était la zone la plus proche où il pouvait trouver du gibier. Il avait réussir à convaincre son père de le laisser aller à la chasse seul, ce qui lui permettait de souffler un peu. Il avait un avantage par rapport à Dejem : la dernière fois que la majorité des Freelanders l'avaient vu, il était encore un adolescent avec peu de crinière. A présent, il avait bien grandit et la masse de poil qui s'accumulait sur son crâne et sur son poitrail le rendait presque méconnaissable. On ne pouvait pas deviner du premier coup qu'il s'agissait de lui, ce qui l'aidait dans son rôle de fugitif. Certes, son pelage était tout de même identifiable, même s'il n'avait plus sa crête assez caractéristique qu'il possédait lorsqu'il n'était pas encore adulte. Désormais, sa crinière était longue et danse, même si elle avait quelques irrégularité et épis.

Profitant de cet atout de dissimulation, le prince déchu avait argumenté et son père avait accepté qu'il se rende à la chasse sans lui, en lui promettant bien sûr de se montrer prudent. Pour Haki, cela représentait une certaine délivrance. Il voulait bien sûr se trouver de quoi manger, mais l'idée de courir librement pendant quelques heures le mettait en joie. Il était tout de même un peu nerveux, craignant de tombez nez à nez avec un Freelander agressif. Il avait aussi l'espoir de tomber sur Itan, ce lion amical qu'il avait rencontré quelques jours auparavant, et qui avait permis aux deux exilés de voir qu'il y avait encore des Freelanders pour croire en eux. Cela avait quelque peu chamboulé le jeune adulte, qui ne ressentait toujours pas l'envie de monter sur le trône ou d'être à la tête d'une quelconque révolution. Il ne se sentait pas l'âme d'un meneur et ne voulait pas qu'on lui donne un rôle dont il ne voulait pas. Toutes ces choses se mélangeaient dans son esprit et le tracassait, voilà pourquoi il avait envie et besoin de s'aérer un peu les idées.

Il n'avait pas encore trouvé de proie solitaire, mais le prince déchu avait repéré un troupeau d'antilopes qui broutaient à une cinquantaine de mètres de là. Il comptait s'approcher discrètement pour en prendre une en chasse et l'isoler du reste du groupe, comme son père le lui avait appris, lorsqu'il entendit les herbes à bouger, tout près de lui. Haki tâcha de garder son calme, essayant d'être rationnel. Il n'avait même pas entendu de bruit de pas, cela ne pouvait donc pas être un lion. Il baissa la tête, et vit un petit tas d'épine qui se dirigeait vers lui, à sa grande stupéfaction. Il murmura, les yeux écarquillés :

- Mais... Qu'est-ce que c'est que ça ?

Il n'avait jamais vu pareil animal, et chercha dans sa mémoire ce que ça pouvait être. En tous cas, il ne se serait pas aventuré à le manger, toutes ses épines devaient être dangereuses ! Le lion ne pu s'empêcher de se demander si cette créature avançait bel et bien vers lui, ou si c'était simplement le fruit de son imagination. Il leva les yeux, vérifiant que le troupeau se trouvait toujours là, et espéra que l'espère de rongeur piquant n'allait pas les faire fuir.

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Aussi étonnant cela pouvait-il paraître, la boule de piquant marchait bel et bien vers lui. Ce fut lorsqu'elle leva la tête qu'Haki eu la certitude qu'il s'agissait véritablement d'un animal et pas d'un amas de ronce animait par le vent. Un porc-épic ? C'était ainsi que l'on nommait ces drôles de bêtes ? Si ses souvenirs étaient bon, c'était en effet le nom de la créature qui lui face. Enfin, elle était tellement petite que le lion devait baisser la tête pour croiser son regard, des petits yeux verts brillants d'émerveillement. Soudain, la voix, aiguë et incroyablement forte du rongeur retentit.

- Oh Un Lion!!!! Kipik adore les lions et un jour, Kipik sera comme eux ! Comment t'as fais pour être un lion toi ? T'as un secret!

Le prince déchu haussa un sourcil, sans comprendre le sens de la phrase du porc-épic. Il se nommait donc Kipik ? Voilà un nom bien approprié pour un animal recouvert d'épine. Mais alors, le sol se mis à vibrer, et Haki compris qu'il était trop tard. Il se redressa et vit le troupeau s'enfuir après avoir entendu le tout petit rongeur pousser ses cris de joie. Les proies s'envolèrent des griffes du prédateur, rapides et puissantes, dans une course folle, sans pour autant s'éparpiller, car tel était la force d'un troupeau. Le lion ouvrit la gueule, comme si une quelconque parole aurait pu retenir les antilopes qui fuyaient, et poussa un grognement de frustration. Il pouvait dire adieu à son repas, il allait devoir attendre que le troupeau se calme et se remette à brouter, ou alors en trouver un autre. L'exilé soupira, ressentant un certain abattement. Le rongeur reprit alors la parole, le mâle remarqua qu'il s'était dissimulé sous son ventre le temps que les herbivores ne prennent la fuite, ce qui ne manqua pas de l'exaspérer.

- Ouahhh c'était Géant! Kipik a adoré! Je suis sur que si tu courrais tu pourrais les rattraper tellement t'es fort! Un dis tu pourrais ? Dis, tu voudrais faire un câlin à Moi?

Le lion lui jeta un regard furieux. A cause de lui, ses proies avaient disparu, et ses chances de trouver à manger s'amenuisait un peu. Qui plus est, à force de hurler, il allait finir par attirer l'attention sur eux, et c'était bien la dernière chose que souhaitait le fugitif. Il devait rester discret, ce n'était pourtant pas bien compliqué. Pourquoi fallait-il toujours qu'il échoue tout ce qu'il entreprenait ? Il n'avait pas réussi à préserver sa fausse identité face à Itan, et là il manquait ses proies. Certes, avec le Freelander, les choses s'étaient bien déroulé finalement, mais là il était plutôt mal. Le prince déchu ne voulait pas se montrer méchant, mais son énervement prit le dessus et il lança, à voix basse cependant, et penché vers le porc-épique, ne voulant pas aggravé son cas.

- Un câlin ?! Non mais tu plaisante j'espère ! J'ai perdu mon troupeau à cause de toi, merci bien !

Haki se redressa, tout en tâchant de se fondre dans le décor, et chercha des yeux un quelconque danger. Aucun lion ne semblait rôder dans les parages, il était plutôt tranquille pour le moment, donc. Mais toutes les proies avaient pris la poudre d'escampette, bien malheureusement. Sa colère un peu retombé, il se tourna à nouveau vers le rongeur et grogna :

- Arrête un peu de crier, je ne suis pas censé être ici.

Il ne comptait pas perdre de temps à expliquer sa situation à l'animal plein d'épine, ce dernier ne comprendrait sans doute absolument rien. Il n'avait pas de temps à perdre avec ce casse-patte, il devait retrouver un troupeau et essayer d'attraper quelque chose pour se nourrir, c'était sa priorité.

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Devant l'expression confuse et penaude du rongeur, le lion ressentit une soudaine pique de culpabilité. Il y était aller un peu fort avec cette petite bête, qui ne devait être qu'un bébé. Il n'avait pas voulu le rendre si triste, il s'était laissé emporté par la perte du troupeau et par son angoisse de se faire retrouver. Haki n'était pas si agressif d'habitude, il était même plutôt aimable en temps normal, et ne demandait qu'à se faire des amis. En d'autres circonstances, il ne se serait jamais adressé ainsi au porc-épic, il se serait montré plus doux avec lui.

- Kipik est désolé... Kipik ne voulait pas mal faire ! Kipik voulait juste devenir comme lion.... Mais Kipik ne deviendra jamais comme lui... Parce que Kipik est maladroit et pas digne.

Le cœur du mâle brun se serra devant l'air profondément chagriné du petit animal plein d'épine. Il était à présent ramassé sur lui-même, et de minuscules larmes coulaient sur ses joues. Pris de violents remords, et oubliant sa quête d'un nouveau troupeau, Haki était confus. Comment réparer son erreur ? Certes, il avait des proies à attraper et pas de temps à perdre à flâner, on ne devait pas le trouver à errer dans le Pays Verdoyant ou il s'attirerait de gros ennuis. Mais il ne pouvait décemment pas laisser cette âme en peine toute seule, il s'en voudrait toute son existence s'il faisait preuve d'une telle cruauté. Le porc-épic était en train de tourner les talons et de s'en aller en traînant des pattes, sous le regard peiné du prince déchu. Non réellement, il ne pouvait pas l'abandonner ainsi.

- Eh attends !

Le lion s'élança, un petit bond lui suffit pour rattraper le chemin parcouru par le rongeur. Il était si petit, si fragile ! Il fit attention à ne pas lui marcher dessus, ne voulant pas l'écraser et s'enfoncer des épines dans les coussinets. Cela devait être bien douloureux, il grimaça intérieurement à cette idée. Il s'assit face à Kipik et le regarda avec plus de douceur, lui offrant même un sourire amical, essayant de se rattraper de sa sévérité.

- J'ai été dur avec toi, pardon. Je suis un peu sur les nerfs en ce moment, veux-tu bien me pardonner ?

C'était comme s'adresser à un lionceau finalement. Non pas qu'Haki en fréquentait beaucoup, exilé aux pieds des Montagnes Humides avec son père, mais il avait des souvenirs de son début d'adolescences, lorsque les enfants Freelanders voulaient jouer avec lui. Il fallait faire preuve de patience et d'une certaine tendresse, ce qui n'était pas bien difficile pour le mâle brun, qui aimait bien les lionceaux.

- Je m'appelle Haki au fait. Tu te nomme Kipik, c'est ça ?

Un nom des plus approprié pour une boule d'épine comme le petit rongeur. Et maintenant qu'il le regardait bien, il devait admettre qu'il était tout bonnement adorable. Le prince déchu commençait même à être attendri. Il ne devait toutefois pas baisser sa garde, les sbires de Sharkan n'étaient jamais loin, et toujours prêt à le réduire en charpie.

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Très rapidement l'expression du porc-épic se modifia, ses larmes disparurent pour laisser place à une pure béatitude. Haki fut soulagé d'un tel revirement, il n'avait pas vraiment eu envie de voir le rongeur s'en aller en pleurant, il n'aurait pas dormi pendant des nuits avec ce souvenir dans les pattes. Il ne comprenait pas tellement ce que voulait Kipik, quels étaient ses objectifs, mais il était un tout jeune animal et devait avoir de grands rêves. Il semblait vouloir devenir comme les lions, mais le prince déchu n'était pas sûr de saisir le sens de ce but. Un porc-épic pouvait-il devenir un prédateur ? Cela semblait difficilement imaginable, mais peut être l'avis du mâle brun était-il réducteur. Il fallait être ouvert d'esprit après tout !

- Kipik... Kipik est content !

Le soudain bonheur du jeune rongeur amusa Haki, qui ne pouvait décidément pas se montrer froid avec une pareille petite chose. Un petit rire s'échappa de la gorge du lion à la crinière brune tandis qu'il contemplait son interlocuteur en train de s'agiter. Il parlait toujours un peu fort, mais le coin était tranquille. Ou du moins, c'était ce que le prince déchu espérait. Il avait quelque peu baissé sa garde, et cela pouvait lui coûter très cher. Il était bien trop concentré sur l'euphorie du rongeur pour observer les environs avec soin, comme il l'aurait du, s'il avait été plus prudent et plus raisonnable. Gare à toi, aurait dit son père, tu es bien téméraire. Et il aurait eu raison de lui tenir pareil discours.

- Kipik a encore une chance de devenir comme Haki ! Haki Haki Haki Haki!

Le porc-épic se mis alors à observer le prédateur avec soin tout en sautillant autour de lui, débordant de joie. Le mâle brun le laissa faire, sans oser lui dire qu'un rongeur ne pouvait pas se transformer en lion. Il s'en rendrait bien compte par lui-même en grandissant, quand il serait en âge d'accepter sa propre espèce et de s'apprécier comme il était. C'était une bonne leçon de vie que le prince déchu avait encore à apprendre, lui qui désirait tant être un autre, ne plus avoir de responsabilités, ne plus être impliqué dans les histoires de trônes. Peut être était-il temps qu'il s'accepte comme il était, avec tout ce que cela impliquait ?

- Haki est très grand! Haki est très fort! Mais... Pourquoi Kipik est tous petit alors ?

Le lion était sur le point de lui répondre lorsque la brise lui amena une odeur inquiétante. Il ouvrit la gueule et prit une bonne inspiration, laissant le fumet l'envahir. Aussitôt il fut en alerte. Ces effluves étaient celle d'un prédateur, à ne point douter, et pas n'importe quel prédateur. S'il ne se trompait pas, il s'agissait là du parfum des Freelanders, ou du moins d'un membre de ce clan. Haki se mis à regarder autour de lui avec frénésie, et remarqua que Kipik avait adopté la même attitude. Il avait du le sentir aussi, avec son bon odorat de rongeur. Ses épines dorsales étaient hérissé, mais cela ne le rendait pas bien impressionnant, il fallait l'admettre. Il était si petit !

- Attention Haki! Kipik à sentit le danger !

Il hocha la tête et s'aplatit au sol, sentit les épines du porc-épic effleurer son ventre. Il se décala un peu pour ne pas l'écraser, et ne pas s'enfoncer les douloureuses aiguilles dans les flans, tout en restant attentif. Il aperçu une silhouette féline, un mâle doté d'une longue crinière, déambuler non loin d'eux, le museau en l'air, le visage songeur. Avait-il flairé le fugitif ? Impossible de le savoir. Haki était nerveux, son cœur tambourinait fortement dans son poitrail et ses muscles étaient tendus. Sa vie était une fois de plus en danger, à cause de ses erreurs et de son manque d'attention. Le prince en exil approcha sa gueule de l'oreille du rongeur et lui souffla, si bas que seul lui avait pu l'entendre.

- Chut Kipik, ne fais pas un geste...

Il allait en effet falloir être extrêmement attentif et prudent, tant que le lion serait dans les parages. Les secondes parurent incroyablement longue au fugitif, alors que le mâle qui rôdait dans les parages tournait la tête, comme s'il était à la recherche de quelque chose... Ou de quelqu'un. Finalement, au bout d'un temps interminable, il s'éloigna et se dirigea vers le Repère, sans avoir remarquer Haki, tapis contre le sol, dont la respiration était sur le point de devenir haletante. Le prince déchu était néanmoins rassuré, et content d'avoir réussi à contenir le vent de panique qui avait menacé de le saisir. L'exilé préféra néanmoins attendre un peu que tout redevienne tranquille avant de se redresser doucement, en regardant attentivement de gauche à droite s'il n'y avait personne d'autre. Haki se tourna à nouveau vers Kipik pour lui lancer, dans un soupir de soulagement :

- Il est parti, et il n'y en a pas d'autre. On l'a échappé belle dis moi !

Le porc-épic ne s'en rendait probablement pas compte, mais les choses auraient pu très mal tourné si ce Freelander l'avait repéré malgré sa discrétion. Il ne donnait pas cher de sa peau s'il s'était retrouvé face à lui, et qu'on l'avait reconnu comme étant le prince en cavale. Il aurait fini entre les griffes de Sharkan, et fissa !

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Le soulagement du lion brun se mua en amusement en voyant l'air béat du porc-épic. Il était plutôt rare de voir tant d'excitation et de joie chez un même être, un si petit être qui plus est, mais Kipik semblait défier les lois de toute logique. Il s'élança alors sur le dos du félin, prenant ce dernier par surprise. Haki n'avait pas vraiment envie de se prendre des épines pointues dans la colonne vertébrale. Elles étaient certes petites, mais il ne doutait pas de leur efficacité si elle s'attaquait à sa chair. Inquiet, il glissa un regard en arrière pour observer le rongeur grimper sur le long de sa nuque et s'agripper à sa crinière.

- Ouah c'est trop beau de voir par dessus les herbes ! Kipik aussi veut être aussi grand !

Un rire léger s'échappa de la gorge du prince déchu. Il avait pensé la même chose lorsqu'il était enfant et qu'il regardait les adultes, si grand et massif. Aujourd'hui, il avait dépassé son père et pouvait toiser pas mal des siens, du haut de ses puissantes pattes. Cela ne lui donnait cependant pas la confiance nécessaire pour vouloir mener une quelconque révolution ou défier Sharkan, qui était une véritable montagne de muscle. Il était d'un naturel pacifiste, pas le genre à chercher la guerre, peu importe la situation. Ce n'était normalement pas le cas de son père non plus, mais ce dernier se laissait ronger par sa haine et sa soif de vengeance, jour après jour, et cela noircissait son âme, peu à peu.

- Haki Rigole ! C'était génial! Kipik as trop aimé! Mais... Haki aurait du lui sauter dessus si il est méchant et lui envoyer un coup de griffe comme ça!

C'était vrai, le mâle brun aurait pu attaquer le sbire du tyran, et peut être aurait-il pu le vaincre. Tout ceux qui obéissaient à Sharkan n'étaient pas des combattants d'exception, seuls les grands lions noirs lui faisaient réellement peur. Mais il ne pouvait pas être sûr que celui qui était passé par ici soit un ennemi, il aurait tout aussi bien pu s'agir d'un lion comme Itan, qui soutenait sa cause. Mais comme il n'en savait rien, ce n'était pas gravé sur le front, il devait agir avec prudence pour ne prendre aucun risque. Il en avait suffisamment pris déjà, armé de sa pauvre naïveté qui le poussait à vouloir faire confiance à n'importe qui. Il ne se ferait pas avoir à chaque fois, il se l'était promis. Haki sentit le porc-épic se dresser sur ses pattes arrières pour mimer un coup de griffe, ce qui l'inquiéta un peu. La menace de se prendre les épines dans le dos était toujours présente, il était loin de l'oublier. Comme le lion l'avait imaginé, le rongeur tomba en arrière, mais, heureusement, il atterri sur le ventre, toujours perché sur Haki. Kipik se redressa bien vite et reprend son ascension sur le crâne du mâle brun.

- Kipik rigolait! , Kipik n'aime pas frapper et puis, personne ne fait mal ici, c'est que des histoires! Mais pourquoi Haki il fuit les autres lions, ils sont gentil! Kipik il sera aussi un lion!

La question méritait en effet d'être posé, le prince déchu pouvait comprendre l'étonnement du rongeur. Peut être ne se doutait-il même pas que les lions, qu'il admirait tant, ne s'appréciaient pas tous et ne vivaient pas dans la paix et l'harmonie. Les organisations étaient plus complexe qu'on pouvait l'imaginer, et Haki se trouvait au cœur de complots politiques, auxquels il n'avait jamais voulu participer. Il était toutefois difficile d'expliquer toutes ces choses à un petit animal, encore bien jeune qui plus est. C'était comme lorsqu'il avait dû résumer les choses à Chinja, il n'avait pas pu développer toute la complexité de l'histoire. Il avait tout de même décidé de retrouver la petite Freelander lorsqu'elle aurait d'avantage l'art de comprendre, afin de lui ouvrir les yeux sur la manipulation qu'elle subissait de la part du tyran.

- Eh bien, tout n'est pas si simple... Vois-tu, j'étais jadis dans ce clan, Freeland, et j'étais le prince. Mais un méchant lion est venu un jour, et a renversé mon père, le roi, afin de prendre sa place. Il nous a ensuite chassé du clan et a ordonné à tous les Freelanders de nous capturer pour se débarrasser de nous.

Haki avait tout expliqué d'un ton neutre, ne voulant pas effrayer le porc-épic avec ces sombres histoires. Il fallait pourtant lui ouvrir les yeux sur certaines choses, lui qui regardait les lions avec tant d'extase. Tout n'était pas rose pour les grands félins, malgré leur rôle de puissants prédateur de la savane.

- Voilà pourquoi je dois me cacher, et rester le plus discret possible.

Il avait conclu d'un ton plus doux, essayant de rétablir une atmosphère plus sereine. Il restait tout de même sur ses gardes, au cas où le lion qui était passé toute à l'heure se décide à revenir pour vérifier qu'il n'avait réellement pas vu quelqu'un.

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Quelques secondes de silence suivirent les paroles du mâle brun. Il avait conscience d'évoquer des choses complexe, surtout pour un animal qui n'était pas un lion, et qui était donc extérieur à ses histoires de clans, de politiques, de tyran. La petite voix de la boule de piquant vint confirmer ce que pensait le félin : il n'avait pas réellement saisit les enjeux du problème.

- Désolé Haki, mais Kipik ne comprends pas... Pourquoi tu devrais te cacher? Tu es fort et puis tu n'as rien à craindre, les méchants, c'est que dans les mauvais rêves!

Le fugitif garda le silence, ne voulant pas brimer l'innocence du petit porc-épique alors qu'il était si jeune et inconscient. Il fallait tout de même qu'il se montre prudent, car tous n'était pas aussi gentil que lui, et il risquait de s'attirer des ennuis s'il continuait de se comporter aussi naïvement. Enfin, il avait bien le temps d'apprendre à se méfier, Haki lui-même avait quelques difficultés en la matière. Il avait bien trop tendance à accorder sa confiance, à ses risques et périls. Il se comportait encore comme un enfant, ce qui avait le don d'exaspérer son cher père. Un jour peut-être apprendrait-il de ses erreurs, enfin ? Il fallait l'espérer, ou la cavale du prince déchu prendrait vite fin. Une voix, petite et fluette, se fit entendre au loin. Le lion se tendit, mais il comprit vite qu'il n'avait rien à craindre. En vu de la réaction de Kipik, il devait s'agir de sa mère qui l'appelait pour rentrer chez lui. Le rongeur bondit au sol, se réceptionnant avec agilité pour une petite boule de piquant telle que lui, et se tourna une dernière fois vers le grand félin pour lui lancer :

- Kipik doit y aller! Maman appelle Kipik! Mais un jour , Haki reverra Kipik ! À bientôt !

D'un œil amusé, l'exilé regarda le petit rongeur décamper, sans doute avide de raconter ses aventures à sa mère, ou à sa fratrie. Haki était fils unique, mais il se souvenait être rentré au Repère, enfant, en courant comme un fou pour narrer à Dejem ses péripéties de la journée, très fier de ses exploits. C'était de bons souvenirs qu'il ne risquait pas d'oublier, l'époque heureuse de sa vie, alors qu'il n'avait encore aucune responsabilité. Tâchant de ne plus y penser, il souffla à l'adresse du porc-épique, sans savoir si ce dernier avait pu l'entendre, étant déjà en train de filer.

- Au revoir petit Kipik, à bientôt !

Il le vit disparaître entre les herbes, et ne pu s'empêcher de se demander à quoi pouvait bien ressembler la vie d'un si petit animal. Pour se cacher, cette taille devait être idéal ! Voilà qu'Haki se mettait à envier les proies, c'était vraiment un comble ! Pourtant, c'était ce qu'il avait l'impression d'être depuis près d'un an : une proie traquée par de terribles prédateurs. Il lui semblait qu'il pouvait presque comprendre ce que ressentait les bêtes chassées par les lions, à présent. Sauf que lui, il lui restait encore ses griffes, ses crocs et son corps musculeux pour se défendre de ceux qui l'agressaient. Enfin, il doutait de pouvoir faire le poids face à ces immenses lions noirs, mais il pouvait toujours essayer de se débattre.

Le prince déchu se détourna, et laissa son regard vagabonder sur le Pays Verdoyant. Il devait encore se trouver quelque chose à manger, dans tout ça. Il se mis donc en chasse d'un nouveau troupeau et finit par en retrouver un, qui broutait à quelques mètres de là. Il parvint à attraper une petite gazelle bien grasse qu'il s'empressa de ramener à son père, essayant de se montrer le plus discret possible. Finalement, la journée n'avait pas été perdu !


[Fin pour moi aussi ! A très vite pour le RP avec Inaya du coup ]

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