Depuis plusieurs jours, j'avais remarqué que Maman n'était plus exactement la même. Si elle continuait de nous élever avec la rigueur d'une Jangowa et de nous réprimander quand nous faisions des bêtises à ses yeux, elle semblait très souvent ailleurs.

Aussi, elle avait parfois du mal à suivre le rythme. A quatre mois de l'adolescence, nous avions bien grandis et Maman nous emmenait souvent avec elle pour chasser. Néanmoins, tandis que Kasiya et moi effectuions notre course pour attraper notre proie, elle ne nous suivait plus aussi bien qu'avant.

Toutefois, lorsque je lui avais demandé pourquoi elle était restée si loin, elle avait argué qu'il était temps pour ma sœur et moi d'apprendre à nous débrouiller sans elle, qu'elle savait qu'il n'y avait aucun danger pour nous et qu'elle savait que nous réussirions. Pourquoi donc se serait elle épuisée inutilement ?

J'avais laissé tomber mais mon inquiétude n'avait pas diminué. Au contraire. En effet, lorsque le clan avait changé de camp il y avait de cela quelques jours, elle avait presque tout du long trainé en queue de cortège. Cela ne lui ressemblait guère et les regards inquiets que j'avais surpris de la part de mes oncles n'avaient pas calmé l'angoisse qui montait en moi. Maman n'avait pourtant rien laissé paraitre et aucune plainte ni demande de pause n'avait émané d'elle, bien que je me doutais qu'elle n'aurait pas été contre l'idée de se reposer un peu.

Et depuis que le camp avait été établi, elle ne s'était que très peu éloignée de l'endroit où nous nous étions installés. De ce fait, j'avais décidé que ce matin, j'allais rester avec elle et lui poser des questions sur toutes sortes de choses comme ses excursions en dehors du Désert pour tuer des Charbonnés ou des questions sur Hatasa que je n'avais jamais posées.

Sauf que rien ne se passa comme je l'avais prévu.

La première sensation qui me vint était que j'avais froid. Ouvrant les yeux, je remarquais que le soleil pointait à peine mais bien qu'il se levait tout juste, ses rayons chauffait déjà l'air du Désert. Un mauvais pressentiment enflant en moi, je me levais pour pouvoir regarder ma mère adoptive, contre qui je m'étais endormie la veille. Et ce que je découvris ne fit qu'accroitre la blessure que j'avais dans le cœur et que je pensais refermée depuis l'expédition à la météorite.
Il fallait croire que cette histoire n'était pas derrière moi et qu'elle ferait à jamais partie intégrante de ma vie...

Me fichant de pouvoir réveiller ceux qui dormaient encore, je poussais un long rugissement plaintif. De cette façon, j'annonçais à tous que la mort avait frappé et que le Désert avait rappelé l'un de ses Enfants. Lorsque je n'eu plus de souffle, je me contentais de baisser la tête pour signifier ma peine. Sans doute encore trop choquée, aucune larme ne roulait sur mes joues. L'Echide n'était plus et, plus que cela, celle qui avait joué le rôle de mère pour ma fratrie et moi lorsque notre mère biologique était morte n'était désormais plus qu'un corps sans vie...