Le soleil d'or teint l'herbe jaune de la savane d'une couleur délicieuse. La légère brise vient souffler contre mon pelage, c'est agréable. Je marche seule, sans quête précise. Ce n'est qu'une marche qui traduit mon besoin d'être seule. Les récents événements survenus ont bouleversé mon quotidien. Je ne suis plus seule désormais, j'ai Samekh. Ce lion bourru est en quelque sorte devenu mon mentor et il m'éduque à la survie. Nous ne sommes plus des lions errants, notre foyer est désormais Prideland. Cependant, « foyer » n'est pas le terme le plus approprié. Nous y avons simplement élu domicile pour une durée indéterminée. A vrai dire, j'ignore ce que nous fichons sur ces terres, il ne me dit pas tout. Mais pour le moment, cela me convient. Ce n'est pas comme si Prideland était une terre infecte, loin de là. Le gibier est abondant, l'eau ruiselle de toute part et il fait bon d'y vivre. Je n'en ai parlé à personne -à qui pourrais-je me confier- mais depuis notre établisemment provisoire, je ne cesse de penser à Sheru. Tout ceci était notre rêve. Bien entendu, les conditions auraient été différente. Je me demande ce qu'aurait été notre vie à deux, sûrement pleine de bonheur.

Je continue de marcher, le cœur lourd de souvenir. La vie était une longue rivière que nous tentions de franchir à contre courant, peu importe nos efforts, nous revenions toujours vers le passé. Depuis mon arrivée sur la Terre des Lions, pas un jour ne s'était écoulé sans que je songe à ma vie passé. Mon père, ma mère, Hasire, Sheru... A quoi bon les avoir fuis si mon esprit ne cessait de les rappeler. Par moment, j'étais tenté de lâcher prise et de revenir sur mes pas. Retourner sur les Terres du Soleil. C'était à elles que j'appartenais. Mais la peur venait troubler mon jugement et cette peur portait un nom : Hasire. Je l'aimais comme je le détestais, je voulais le tuer comme j'avais envie de le serrer contre moi. Mon frère... comment en étions-nous arriver à ce point de non-retour ? Un frère et une sœur, c'est un lien indesctrutible. La seule personne au monde qui partage votre sang, comprends vos émotions mieux que personne et qui vous aimera à jamais, peu impote vos erreurs. Alors oui, je détestais ces sentiments contradictoires qui bouillonaient dans mon cœur. Comment pourrais-je un jour lui pardonner d'avoir tué l'être que j'aimais ?

J'entends des miaulement au loin. Intriguée, je m'approche de la provenanc de ces cris. Perdu dans l'immensité de la savane, un lionceau déambule. Sa démarche indique qu'il souffre de son périple. Pas étonnant. Devrais-je lui venir en aide ? Je l'ignore. Je suis frappée par son pelage peu ordinaire qui contraste avec l'herbe jaune de la savane. Il n'est sûrement pas d'ici. Cette curiosité qui m'anime me pousse à m'approcher davantage. Il semble si jeune... Poussée par un élan de tendresse, je continue ma marche à la rencontre du lionceau. C'était là l'une de mes faiblesses, je me laissais bien trop attendrir par les lionceaux. Je me montre finalement au petit être, l'assurant par ma démarche innofensive que je ne lui veux aucun mal.

« Eh bien, on est perdu ? » questionnais-je finalement, le ton doux.

Je l'observe de mes prunelles dorées, me demandant l'origine d'un tel pelage tandis que son regard vairon me laisse perplexe. Je n'en avais jamais vu de tel. Je tâche de me concentrer sur son odeur et parviens finalement à y mettre un nom : Freeland. Qu'est-ce qu'un lionceau si jeune fait-il aussi loin de chez lui ? Voilà une petite bien surprenante.

Elle sursaute, visiblement surprise, et me dévisage. Elle est jeune, très jeune même et je m'étonne de sa présence sur ces terres. Un enfant n'a jamais à être seul, alors pourquoi serait-ce son cas ? Consciente que je ne cherche pas la bagarre, elle finit par baisser les armes et se livre à moi en toute honnêteté. Je souris en l'entendant m'appeler « madame ». Cela pourrait être vexant d'être nommé de la sorte alors que je n'ai encore quatre années mais venant d'elle, cela ne me dérange pas. Mais venant d'un autre, ma réaction aurait été tout autre. Passons. Un ami perdu, voilà la raison de sa présence. Soucieuse de retrouvé cet ami en question, elle s'empresse de me le décrire de sa voix d'enfant. Cependant, ce n'est pas une description à laquelle ne m'attendais. Je me retiens de rire afin de ne pas vexer la petite qui pense bien faire. Selon ses dires, il n'était pas encore sevré et donc vulnérable. Mieux valut-il ne pas le laisser seul trop longtemps, si certains lions se trouvaient indulgents, d'autres l'étaient moins.

Le lionceau décide finalement de s'asseoir, tout en prenant une distance de sécurité. Sage petite. Je l'observe, m'attardant quelques instants sur ses yeux vairons. Ils sont fascinants. A ce jour, je n'ai rencontré qu'un être aux prunelles similaires : Fleck et quand bien même ce n'est pas ma première fois, cette fascination ne me quitte pas. Loin de me rassurer, la petite m'apprend que son ami perdu est aussi grand qu'elle. Autant dire qu'il sera difficile de le repérer dans les hautes herbes mais rien ne sert de partir défaitiste. Plus nous restons ainsi à parler et plus le lionceau risque de s'éloigner. Je reporte finalement mon attention sur la petite et lui dis d'un sourire :

« Peut-être devrions-nous le chercher ensemble, tu ne penses pas ? A deux on va toujours plus vite. »

Je me veux rassurante et confiante. Si j'expose mes doutes, la petite doutera à son tour alors je tâche de faire bonne figure. Heureusement, j'ai certains talents pour la chasse et le pistage est une de mes spécialités. Néanmoins, il est difficile de mettre la patte sur une proie dont on ignore l'odeur... Ah si j'oubliais, il sent bon comme les fleurs. Espérons que cela ne soit pas une métaphore de la petite pour valoriser son ami ou les chances semblent minces.

Après un signe de tête en direction du lionceau, je commence à marcher, flairant l'air dans l'espoir d'une quelconque piste. Plus tôt je m'y met et mieux cela est. J'ai beau ne pas connaître cette petite personnellement, l'aider me tiens à cœur tout comme je n'ai pas envie de laisser un quelconque malheur arriver à un lionceau innocent. Un regard en arrière, je vérifie que la petite est bien sur mes pas.

« Pourrais-tu me dire à quoi ressemble ton ami ? Je n'aimerais pas le confondre avec un autre. »

Une façon polie de lui demander d'approfondir sa description. C'est bien beau de savoir qu'il aime regarder les étoiles mais, j'ai besoin d'une description physique. Bien que pressée par cette quête, je marche d'un pas tranquille et relativement lent afin de ne pas distancer le lionceau. Qui plus est, cela lui donnait le sentiment que tout allait bien et qu'aucun danger ne rôdait. Si seulement... Un nouveau regard en arrière, je m'arrête quelques instants afin d'arriver à sa hauteur et lui demander :

« Quel genre de fleur sent-il ? »

Question bête me direz-vous mais, mieux vaut-il rentrer dans le jeu de la petite. Si je m'adapte à ces termes, peut-être se sentirait-elle plus en confiance et m’apporterait les éléments dont j'ai réellement besoin. Si je dois pister une odeur de fleur, je préfère réduire les pistes qui sont innombrables. J'ose un nouveau sourire, mon regard ne cessant d'être doux. J'ai beau m'être endurci ces dernières années et mis des distances avec mes congénères, je ne pourrais jamais faire les gros yeux à des enfants. Instinct maternelle, qui sait...

Docile et compréhensif, le lionceau se hâte de me suivre. Elle tente de m'éclairer sur l'odeur de fleur de son ami mais, malgré les belles choses qu'elle me dit, cela ne m'est d'aucune aide. Mais par son innocence et son attachement indéniable à son ami, elle parvient à me toucher. Peut-être que le monde serait différent et moins cruel si les grandes personnes s'attardent à décrire leurs amis comme cette enfant prend soin de le faire. Je laisse mon esprit s'égarer et les paroles de la petite tournent en boucle dans ma tête. Une odeur qui nous donne la sensation que rien de mal ne pourrait nous arriver, comme si l'on était invincible et surtout, une odeur qui rendait heureux... Je songe immédiatement à Sheru. Alors j'essaye de me rappeler de son odeur car je veux m'en souvenir, je n'y parviens pas. Je suis horrifiée. Comment ais-je pu oublier son odeur, celle de Sheru, celle de celui que j'avais tant aimé ? Je n'en reviens pas et suis sous le choc. Malgré l'amour que je lui avais donné, j'en étais venu à oublier sa propre odeur, celle qui m'avait bercée tant de fois. Alors que la panique ma gagne, la voix du lionceau vient me sortir de cette torpeur.

Oui, son idée semble être la meilleure. Une odeur qui ne vient pas d'ici mais qui peut-être confondu avec celle des Freelanders ? Voilà une bien étrange chose. Je fixe l'enfant tout en réfléchissant à la signification de ses mots. Appartiennent-ils à un sous-clan de Freeland ? Je croyais pourtant que tous ces petits clan avait été unifier par l'ancien Roi... Je me sens perdue, si seulement ce lionceau pouvait être âgé de quelques mois supplémentaires et m'expliquer les choses comme j'aurais aimé qu'elles le soient. Mais il y a bien une chose que tous nous savons : il faut toujours être patients avec les enfants et cette petite ne faisait pas exception à la règle.

Et comme si ce détail avait lui aussi une importance capitale dans la recherche, la petite m'apprit que son ami perdu possédait deux prunelles d'un rouge miroitante, comme son œil de gauche.

Si certains auraient pu perdre patience depuis bien longtemps, je venais pour ma part tout juste de comprendre. Certains détails avaient leur importance, d'autres non. Et pourtant au vue de la petite, ils avaient tous leur importance. Pourquoi ? Tout simplement parce que cet ami perdu du nom de Limau était l'un des êtres les plus chers dans son cœur et qu'elle donnerait n'importe quoi pour le retrouver. Comme une sœur qui venait de perdre celui qui était à la fois son meilleure ami mais aussi son frère.

Sa détresse faisait écho à celle que j'avais un jour ressenti dans les Hautes Plaines, sur mes les Terres du Soleil. Hasire et moi-même jouions comme à notre habitude et cette fois-ci, nous avions entrepris un cache-cache. Cela nous avait sembler être une bonne idée, les plaines étaient immenses aussi étaient-ils simple de trouver une cachette tant elles étaient nombreuses. C'était à Hasire de se cacher de le premier, alors j'étais partis compter les zèbres. Lorsque vint la fin du décompte, je partis à la recherche de mon frère mais, alors même que le soleil avait délaissé notre terre, je ne l'avais toujours pas trouvé. Très vite, j'en avais averti mes parents, morte de trouille à l'idée de ne jamais retrouver mon frère. Considérant que je gênais les recherches, mon père avait ordonné à ce que je sois ramené dans la grotte royale. Ce ne fut qu'au petit matin que je revis mon frère... Jamais je n'avais eu aussi peur de ma vie. Cette peur d'avoir perdu à jamais celui qui était à la fois votre frère et votre meilleur ami, cette peur de ne jamais revoir son merveilleux sourire lorsqu'il vous rejoignait... Oui, cette peur était inimaginable pour quiconque ne l'avez pas vécue.

« Tu sais, tu peux m'appeler Kuzali. » dis-je finalement dans un demi-sourire. Se faire appeler madame c'était drôle mais par son nom c'était toujours plus agréable, comme si une certaine distance était alors réduite.

Étonnement, je me prend d'affection pour cette petite et la trouve très vaillante de vouloir partir seule à la recherche de son ami. C'est courageux de sa part. Je tente de me dresser un portrait de ce dénommé Limau : un petit lionceau un peu maladroit, très rêveur mais au grand cœur. D'apparence très douce, j'imagine ses yeux qui se plissent lorsqu'il se met à rire en compagnie de cette petite lionne. A coup sur, ces deux-là forment un très joli duo.

« Il doit avoir avoir de très beaux yeux ce Limau. Tu sais, j'ai un ami qui comme toi, a deux yeux différents mais, ce n'est pas vilain du tout. Au contraire, c'est très beau. » dis-je d'un ton doux en pensant à Fleck.

Les yeux vairons ont toujours captivés mon attention. Certains considérés cela comme une étrangeté, une erreur de mère nature mais pas moi. Je les trouve beau, comme un don unique que peu reçoivent. Dire qu'ils sont vilains... c'est ça l'aberration.

Je continue d'avancer parmi l'herbe jaune de la savane, la petite à mes trousses. Quel direction le lionceau a-t-il bien pu emprunter... Je tente tant bien que mal de me mettre à la place de ce Limau. Si j'étais un lionceau perdu dans un univers inconnu, où irais-je ? De toute évidence je tenterais de rentrer chez moi. Or, ce Limeau ne connaît pas le chemin pour rentrer. Peut-être que... peut-être pense-t-il que le Rocher de la Fierté est sa maison ? Après tout, le Rocher et le Repère des Lions ont plusieurs similitudes. Je me base sur cette théorie et continue ainsi d'avancer, le soleil éclairant désormais la savane dans son intégralité.

Malgré le fait que nous ignorons tout de la position actuel de Limau, la bonne nouvelle est que j'ai au moins pu retrouvé l'un de ses lionceaux égaré, l'autre errant toujours. Mais, et si ces lionceaux sont plus que deux ? Non, il ne faut pas imaginer le pire, la petite m'a seulement parler d'un ami perdu, pas de plusieurs. Et pourtant, une petite voix dans ma tête s'inquiète et voilà, le doute me ronge. Je me dis que c'est peu probable et que les chances sont minces mais soucieuse, je prend tout de même le soin de questionner la petite sans pour autant faire paraître mon inquiétude.

« Toi et ton copain êtes seul ou d'autres de vos amis sont avec vous ? » lui demandais-je, d'une voix qui se voulait décontractée ainsi que d'un sourire.

Accompagnés d'un sourire, les choses semblent souvent s'annoncer plus simple.

Ma tentative avec quelque peu échouée puisque le lionceau ne remplit guère le protocole du donnant-donnant et me laissa dans l'ignorance. Sans doute continuait-elle de se méfier ce qui en soit était une bonne réaction malgré le fait que je n'étais pas l'ennemi. Elle le comprendrait sûrement après. Mon regard glissait vers la petite boule de poil qui se dandinait à mes côtés tandis que celle-ci s'interrogeait sur l'herbe jaune de Freeland. Je comprenais mieux... elle n'avait pas seulement perdue son ami, elle s'était perdue elle-même. D'esprit critique, le bout de lionne ne se gênait pas pour critiquer l'aspect de la savane. Entre nous soit dit, cela n'avait rien à voir avec le paysage de Freeland. Pensant encore être sur ses terres natales, la petite inversait les rôles dans son esprit et je devenais l'étrangère. Amusée par sa fausse assurance, je décidais de pas encore lui révéler la supercherie et la laisser s'amuser à me décrire son chez-soi et par la même occasion, la petite ignorait avec soin ma précédente question -une seconde fois-. Qu'importe, je comprenais désormais que je ne pourrais lui soutirer des informations et que ce serait elle et seulement elle qui daignerait me les donner en temps voulu. Ainsi soit-il, je m’accommoderais à la situation.

Marchant d'un pas tranquille afin de ne pas épuiser le lionceau, je l'écoutais d'une oreille attentive me décrire son foyer. Fermant doucement les yeux, je me laissais guider par les paroles de la petite et revoyais ces terres que j'avais souvent arpentée par pure plaisir d'y fouler l'herbe grasse. Oui, si j'aimais si particulièrement Freeland, ce n'était autre que par sa ressemblance avec ma terre natale. Quand la nostalgie me prenait, je me rendais sur ces terres et le temps d'un court instant, je pensais être rentrée chez moi. Mais aussi vite qu'il était arrivé, ce moment s'évanouissait comme un simple songe.

« Assurément mais peut-être aiment-ils cela autant que nous aimons la viande. » répondis-je d'une voix calme à l'enfant qui m'interrogeait sur les habitudes des herbivores.

L'enfance c'était l'innocence, le temps où l'on pouvait se soucier de problème éphémère mais auquel nous nous efforcions de trouver une solution. Quoique l'on dise, un lionceau était brave, parfois même plus qu'un adulte parce que l'adulte avait peur mais que le lionceau non. C'était de l’insouciance mais c'était justement cette insouciance qui les rendait si beaux.

Je jetais un léger regard en arrière, le temps de voir la petite s'arrêter et regarder attentivement derrière elle avant de revenir à mes côtés en trottinant. Je pouvais la fatigue sur son visage et j'eus un pincement au cœur. Le lionceau ainsi que le dénommé Limau avaient tous deux parcourus une longue route depuis Freeland, ils devaient être épuisés, surtout à leur âge. M'arrêtant subitement, je m'abaissais au sol, les pattes recroquevillées.

« Monte sur mon dos, j'ignore combien de temps nous devrons encore marcher. » dis-je à la petite lionne, le ton doux. Elle se méfiait encore de moi, je le savais mais elle n'était pas pour autant sotte et savait qu'elle ne tiendrait pas éternellement la marche. « Gardes tes forces pour lorsque nous retrouverons Limau. » ajoutais-je afin d'encourager la petite et lui redonner un peu de force au moral.

Peut-être pourrions-nous demander de l'aide aux autres animaux ? Un petit Freeland perdu avec le regard écarlate ce n'était pas quelque chose d'anodin aussi quelqu'un l'avait-il peut-être aperçu. Regardant autours de moi, je me mis en marche vers l'ouest. Là-bas se trouvait un grand arbre où vivait un vieux singe, peut-être pourrait-il nous aider ?

« Tu vois cet arbre là-bas ? Un vieux singe y vit. Il est l'oreille et l’œil de toute la savane, sans doute aura-t-il des informations utiles pour nous. Allons-y. » informais-je la petite tout en me mettant en route.

Je posais beaucoup d'espoir sur le vieux sage.

Je souris très légèrement lorsque la petite lionne grimpa enfin sur mon dos. Elle se méfiait encore et c'était tout naturel mais j'appréciais l'effort qu'elle faisait, peut-être finirait-elle même par me faire confiance. Malgré cette nouvelle charge que je transportais, mon rythme de marche n'en était pas diminué. Après tout, la petite chose n'était pas bien lourde. Cependant, je ne fus pas sourde aux tremblements qu'elle émit lorsque j'évoqua ce vieux singe. En avait-elle peur ? Sur le ton d'une confidence maladroite, le lionceau m'expliquait que sa dernière rencontre avec un primate ne c'était pas très bien déroulée. Attentive à ses mots, je l'écoutais avec attention jusqu'à ce qu'elle eut terminé de me raconter la source de sa peur.

« Tu sais petite, tu rencontrera beaucoup individus au cours de ta vie. Certains t'aideront, deviendront même tes amis et tu leur fera confiance mais d'autres viendront pour te barrer la route et comme ce gorille, chercheront à te faire du mal. Certains sont tous simplement plus gentil ou méchant que d'autres. » commençais-je par expliquer au lionceau d'une voix très calme. « Je doute que ce gorille ait cherché à te manger mais j'ignore s'il t'aurait déposé au sol. Peut-être se sentait-il seul en haut de son arbre, qui sait...»

Autrefois sur mes terres natales, bien avant mon exil, j'étais l'une de ces personnes positives qui s’obstiner à chercher le bien en tout individu et excuser leur comportement pourtant injustifiable. J'avais beau avoir changer et endurer diverses épreuves, certains traits de mon ancien caractère ressurgissaient encore de temps à autre. Probablement que cela n'était pas une bonne chose, je ne voulais pas redevenir cette lionne faiblarde. C'était en étant elle que je m'étais fait trompée et humiliée alors dorénavant je devais changer et devenir plus forte.

« Quoi qu'il en soit tu n'as pas à t'en faire, ce singe que je t'emmène voir n'est pas un gorille. Je te le promet. » rassurais-je la petite sur un ton doux.

Lorsque j'étais enfant et que l'on me faisait une promesse, les mots ne me suffisaient pas. J'avais besoin d'une preuve, un acte. Alors mon frère qui me connaissait plus que quiconque me tendait la petite griffe de sa patte pour clore notre serment. Soulagée et heureuse, j'y joignais ma propre griffe et ainsi, notre promesse ne pouvait pas être rompue. Cela pouvait semblait stupide mais avec ce simple geste, je savais que notre promesse était alors éternelle. Ce jour-là, nous nous étions promis de toujours restés ensemble mais...

« Serment de la griffe ! » clamais-je auprès de la petite lionne afin de me sortir du passé mais aussi pour la rassurer.

Notre promesse avec Hasire avait été rompue mais par des circonstances qui n'arriveraient sûrement pas avec la lionne. Levant la patte avant droite, je la remonta le long de ma poitrine afin qu'elle atteigne le lionceau et tendis ma griffe pour que Kisa s'en saisisse et scelle ainsi la promesse.

Nous arrivâmes finalement à l'arbre du vieux singe et je m'arrêta aux abords du tronc, sillonnant du regard les multiples branches à la recherche du primate.

« Kuamka ? » appelais-je d'une voix forte.

Au bout de quelques instants, des frémissements de feuilles se firent entendre et ce fut comme si l'arbre prenait vie. Des feuillages tombèrent au sol sous le passage du vieux singe et finalement, ce dernier apparût sur la plus basse branche, un sourire au visage. Kuamka n'était pas l'un de ses singes imposants qui avaient effrayés la jeune lionne dans son passé, loin de là et la petite allait s'en rendre compte par elle-même. Kuamka était en vérité un simple Vervet un poil plus grand que le lionceau et son visage ne dégageait que bonté et altruisme.

« Bonjour mon vieil ami. Pardonne moi de te déranger de la sorte mais j'aurais besoin de ton aide. Ma jeune amie que tu vois ici a malencontreusement égaré son camarade de jeu. N'aurais-tu pas vu un lionceau portant l'odeur de Freeland errer parmi les herbes jaune de la savane ? »

Si la petite devait probablement se méfier du singe, je n'avais pour ma part aucune raison d'être distante. Pour être honnête, Kuamka était l'une des premières personnes que j'avais rencontré sur la Terre des Lions et qui m'était venu en aide. Plusieurs jours, j'étais resté auprès de lui jusqu'à ce que mon instinct me pousse à rejoindre les miens et me guide vers Outland mais ça, c'était une toute autre histoire.

« Oui, je pense pouvoir t'aider ma jeune amie. Quelques temps avant ton passage, j'ai remarqué un petit lion au regard flamboyant qui parcourait la savane, l'air perdu. J'ai tenté de l'interpeller mais ce dernier était trop perdu dans ses songes pour m'entendre. Si ma mémoire est correct, il se dirigeait vers le Rocher. » m'indiqua Kuamka, tout en pointant le repère des lions d'un geste de la main. « En usant de tes grandes pattes, tu devrais le rattraper sans mal. »

Remerciant avec respect le vieux singe, je lui promis de revenir le voir prochainement avant de reprendre la route. Des yeux rouges, dans la lune.... tout semblait à croire que ce lionceau était celui que recherchait désespérément la petite lionne. Reprenant la route par de grandes enjambées, je leva un petit regard vers Kisa, légèrement amusée.

« Tu vois, tout c'est bien passé. Je t'avais bien dit que ce n'était pas un gorille. »

Grâce aux précieuses indications de Kuamka, nous avions désormais un cap et nul doute que nous n'allions guère tarder à mettre la patte sur ce Limau. Sans doute se rendait-il au Rocher en raison de sa similitude avec le Repère des Lions.

« Nous savons désormais où se rend Limau alors ne t'en fais pas, nous allons bientôt retrouver ton ami. » la rassurais-je d'un ton doux.

Le regard vif, je ne cessais de parcourir du regard les plaines d'herbes jaunes. Où pouvait bien se trouver ce Limau ? Si je m'en referais à la taille de la petite lionne qui se reposait actuellement sur mon dos, le lionceau perdu devait tout juste arriver à la hauteur des herbes jaunes aussi me fallait-il être d'une vigilance irréprochable. Et si jamais je ne le retrouvai pas ? La petite lionne m'avait pourtant accorder sa confiance et nul doute qu'elle comptait sur moi. Ce que les enfants ne pouvaient pas faire, les adultes eux le pouvaient alors je me devais de retrouver ce lionceau qui à l'heure actuelle devait probablement être exténué mais surtout effrayé. L'entrevue avec Kuamka m'avait néanmoins redonner du poil de la bête et j'avais confiance en mes capacités de pisteuses bien que dans le cas présent, je n'avais pas d'odeur précise à renifler. Il me faudrait me contenter de cette odeur florale que m'avait décrit la petite... Mais en y repensant, les deux lionceaux venaient du même clan et sans doute passaient-ils beaucoup de temps ensemble n'est-ce pas ? Dans ce cas, l'odeur de Limau se rapprocherait de celle de Kisa, pas vrai ? Cela sonnait désormais comme une évidence.

Brisant le silence que j'avais instauré par ma réflexion, le lionceau m'interpella de sa petite voix afin d'éclairer un certain point. Était-elle enfin disposée à me céder son identité ? Ahh les lionceaux... susceptibles à la moindre remarque les enfermant dans le monde de l'enfance mais, ce n'était pas plus mal. J'avais ainsi pu obtenir un prénom : Kisa. Mes babines s'élargirent face aux propos de la petite qui m'amusaient. Mais attention, je me permettais cette moquerie pour la simple et bonne raison que j'étais moi aussi passée par ce stade où l'on souhaite se débarrasser de cette étiquette d'enfant qui nous colle à la peau.

« Enchantée Kisa. » répondis-je alors en tournant légèrement le regard vers le lionceau, mon éternel sourire aux babines.

C'était tout de même bien plus agréable de pouvoir mettre un nom sur cette adorable petite tête. Puis la petite se mura dans un léger silence, sans doute était-ce là l'effet du rocher de la fierté... Je la laissa à sa contemplation, préférant pour ma part me concentrer sur la recherche du lionceau.

« Oui Kisa, nous sommes loin de ton foyer. » finis-je par dire lorsque le lionceau m'interrogea. « La terre que nous foulons de nos pattes se nomment Prideland, un autre royaume de la Terre des Lions. »

Je n'en dis pas plus, contentant la lionne de ces simples informations. Kisa était encore jeune, peut-être ignorait-elle l’existence d'autres clans ou peut-être pas mais je n'étais pour l'instant guère intéressée à l'idée de lui faire une leçon de géographie. Son ami me préoccupait bien davantage. Tout en marchant, j'observais d'un œil distrait le Rocher de la Fierté. Et si Limau partagé la crainte de la petite lionne à l'encontre du Rocher ? Dans un tel cas, il aurait très bien pu dévier sa trajectoire mais vers où ? Les sourcils légèrement dressés, je repensais aux mots de la petite lionne.

« Je ne l'aime pas non plus, tu sais. » lâchais-je finalement dans un soupir.

Et dire que j'avais élu domicile sur ces terres... Mais pour ma défense, cela n'avait pas été mon choix mais celui de Samekh. Alors que je rejetais pleinement la faute sur mon mentor, un ramassis de pierre attira mon attention. A bien les fixer, on pouvait déceler des formes plutôt amusantes au milieu de toutes ces roches. Cela avait dû en amuser plus d'un... Forçant un peu le regard, je remarquais des espaces vides aux pieds des roches. Pile poil assez d'espace pour qu'un lionceau perdu vienne s'y réfugier...

« Dis-moi Kisa... » soufflais-je à la petite sur mon dos. « Penses-tu que Limau aurait pu prendre refuge entre ces roches ? »

Tournant légèrement la tête vers la petite, j'attendais non sans hâte sa réponse. Après tout cette dernière connaissait mieux le lionceau que moi...

tell everybody i'm on my way

feat limau & kisa & kuzali

Il fait chaud ! Je marche dans la savane en trainant les pattes. Ici, c'est pas comme à Freeland, c'est tout doré et vert, et ça sent très très bon. Cette odeur m'est familière, mais impossible de me souvenir pourquoi. Encore une fois. Ici, les herbes sont un peu moins hautes qu'à Freeland, et en plus elles sont jaunes. A Freeland elle sont vertes et très longues. Même que ici, on voit le bout de mes oreilles qui dépassent dans la brousse. Je zigzague entre les brin d'herbe en trotinnant. C'est super joli ici, y'a pleins d'antilopes et de papillons. J'adore les antilopes et les papillons. Aussi, des fois, y'a une gros animal tout noir avec de gros trucs en bois sur la tête. Je crois que les nourrices appellent ça des "cornes". Ça a l'air dangeureux, parce que ces "cornes", elles sont pointues. J'ai un peu peur que ces gros animaux m'attaquent, mais ils ont pas une attitude méchante... Tout ces herbivores broutent tranquillement, tout est très paisible. Il y a des proies à profusion. Personne ne chasse ici ? Où-est ce que je suis ? Je me demande bien.

Je sautille dans la savane en chantonnant. J'ai une mélodie dans la tête, qui est très joyeuse et très jolie. « Il court il court le lionceau ! Le lionceau d'la brousse jolie ! » Je comprends pas trop ce qu'elle a de particulier cette chanson, puisque tout les lionceaux courent et vivent dans la brousse. Sauf ces gros lions blancs des Montagnes, ils sont très calmes et sages il parait. Kisa elle m'en parle souvent, son papa il venait de là-bas. Je continue à chanter ma chanson en traversant la savane. Tout à coup, un énorme Rocher apparait à l'horizon. C'est très très gros, encore plus que le Repaire des Lions.

Je me suis approché du Gros Rocher, et je suis tout près de lui maintenant, je peux le toucher. C'est très impressionnant, et je me sens tout petit maintenant. Soudain, j'entends un bruit derrière moi, comme un grognement. Je sursaute et m'engoufre dans le premier trou que je trouve. Je ferme les yeux très fort et retient ma respiration. Je crois que je suis sous un petit monticule de pierres, dans une fente assez large pour laisser passer un lionceau comme moi, mais pas plus. J'attends un peu, et les bruits continuent. Je ne sais pas si c'est des grognements, j'entends des voix, mais cette fois ce n'est pas mon ancien Clan qui me parle. Il y a des bruits de pas, et puis plus rien. Je tends l'oreille, et une voix très douce retentit. Il y a une lionne tout près, c'est sur. Normalement, les lionnes c'est toujours gentil, alors je sors. Et là, je vois Kisa et une femelle dorée qui me regardent. Les yeux équarquillés, je lançe :

« Kisa ? » Je bondis vers ma copine et sautille un peu autour d'elle. Puis je me retourne et salue la belle lionne toute jaune en m'inclinant doucement : Bonjour Madame ! »

Alors que je commençais à me demander si nous allions un jour retrouver ce fameux Limau, une petite bouille s'extirpa d'entre les roches. A en voir ses pupilles rouges comme me l'avait décrit précédemment la petite lionne, je compris vite qu'il s'agissait là de notre petit recherché. Je me laissa alors aller à un soupir de soulagement. Les deux amis étaient finalement réunis et j'étais heureuse de constater que nous avions échapper à toute catastrophe. Finalement, tout se terminait plutôt bien. Heureux de retrouver son ami, le lionceau crème bondissait joyeusement autours de mes pattes, le regard rivé sur son amie. Se tournant alors vers moi, le lionceau me salua d'une belle révérence tout m'appelant madame. J'aurais pu m'offusquer d'être appeler madame à mon âge mais, ce n'en était rien. Il n'y avait pas de place pour de tel outrage quand la joie était dominante.

« Bonjour Limau. » dis-je d'une voix douce. « On t'a beaucoup cherché, tu sais. »

Mais l'inquiétude était désormais évanouie et j'étais heureuse de pouvoir l'avoir sous les yeux. Les deux amis étaient enfin réunis et c'était là le plus important. Je fus amusée par les paroles de Kisa qui ne manquèrent pas de me faire sourire. Venant d'un lionceau, c'était de bien belle parole qu'il fallait savoir apprécier pour leur valeur. Lorsque j'étais en compagnie de lionceaux, je me sentais comme une personne différente. Il n'y avait plus de jugement lancé sur mon rang ou bien même mon passé, j'étais simplement Kuzali la lionne et peut-être était-ce ce qui m'avait manqué. Ils avaient ce que nous les adultes avions perdu avec le temps à savoir l'insouciance et la tolérance.

« Je suis très contente d'avoir pu apporter mon aide. » répondis-je en souriant à mon tour.

Sous le grand sourire de la petite lionne, je me sentis un peu fondre. Heureusement que mes ennemis ne me voyait pas ainsi, je perdrais toute crédibilité. Kisa me remercia et je crois bien qu'elle se mit à ronronner -ou du moins essaya-. C'était adorable. D'ailleurs, cette dernière s'agitait de plus en plus sur mon dos et je compris vite le message. Me tordant le cou en sa direction, je l'attrapa délicatement dans ma gueule et la déposa au sol pour que les deux lionceaux puissent fêter ces retrouvailles comme il se devait.

Laissant le temps aux deux lionceaux de se retrouver, je visualisais dans mon esprit le chemin du retour jusqu'à Freeland. Hors de question de les laisser rentrer seuls. Après un petit silence, je dis enfin d'une voix douce :

« Je ferais mieux de vous ramenez au Repère maintenant. Votre disparition n'a pas du passer inaperçu et sans doute beaucoup de personne s'inquiètent. »

Qui plus est, les lionceaux devaient être épuiser. Ce n'était pas Kisa qui allait dire le contraire, cette dernière avait manqué de piqué un somme sur mon dos. Je souris à cette pensée. Il était tellement simple de s'attacher à des enfants... La relation n'était jamais la même qu'entre adultes. Tout semblait plus simple à vrai dire.

Citation :

Maintenant qu'on est tous les trois, on peux clore en deux-trois postes le temps d'arriver aux frontières ^-^ Puis je préfère te laisser décrire l'intervention des Kulishas, tu le feras certainement mieux que moi ( :

tell everybody i'm on my way

feat limau & kisa & kuzali

Je sautille encore un peu autour de Kisa parce que quand même j'ai eu un peu peur et que je suis content de la retrouver. Les copains c'est bien, c'est joyeux, et les lions qui n'ont pas de copains, soit ils sont très méchants, soit ils sont très tristes. Alors moi je dit qu'il faudrait rassembler les lions très tristes comme ça tous ensembles ils redeviendraient très joyeux. Comme Kisa et moi. Kisa c'est ma super copine, même que des fois je suis très jaloux des autres copains que elle elle a. Aussi je me demande si elle aussi elle est très jalouses des autres copines que j'ai. Il y a Chinja par exemple, je l'aime bien, elle est rigolote. Mais je préfère toujours Kisa.

Kisa elle me présente la belle lionne toute dorée, elle s'appelle Kuzali, c'est très joli Kuzali comme nom. Elle m'explique que c'est un peu devenu sa copine, mais que c'est pas possible vu que c'est une grande-personne. Je vois pas pourquoi ça serait pas possible parce que Kumpa et Alois, ils sont devenus mes copains. Kuzali elle me dit bonjour et elle me dit qu'elles m'ont cherchés pendant très longtemps. Ça me touche un peu parce que ça veut dire que Kisa elle s'inquiètait beaucoup pour moi. Je crois que à sa place je me serais beaucoup inquiété pour elle donc ça compense un peu. Je me tourne vers la belle lionne et je lance, tout joyeux :

« Enchanté Madame Kuzali ! »

La lionne elle dit qu'il faut rentrer, et je hoche doucement la tête, comme Papa il faisait quand il était d'accord avec Maman. Je vais à côté de Kisa, et je commence à trotinner vers le Repaire. Pendant notre petit voyage, j'essaie d'en savoir plus sur Kuzali :

« Madame Kuzali, tu viens d'où ? Tu n'es pas une Freelander hein ? Tu as des enfants ? Tu sais que moi, j'ai rencontré le Roi de Prideland, Kumpa il s'appelle, et même qu'il a dit que Sharkan c'est un Tyrannier. Il avait jamais vu de Freelander avant, alors tu vois, je l'ai étonné ! J'étais très content de l'avoir impressionné, tu vois, parce que quand même, le Roi ! C'est mon copain maintenant. Tu le connais toi Kumpa ? »

Comme à mon habitude, je parle beaucoup, et je raconte ma vie. Les nourrices ça les énerve des fois alors elles essaient de me punir, mais moi je m'enfuis parce qu'elle sont grosses et lentes et moi je vais très très vite.
Au bout d'un moment, on arrive à la frontière, et même que y'a Kamba, Kimya, et aussi Muwa, avec tout les orphelins autour d'elles qui crient de joie quand ils nous voient. Ils ont l'air soulagés, et très très contents, alors je souris très très fort, parce que moi aussi ça me fait chaud au coeur de les revoir tous. Même que je cours super vite pour aller les rejoindre. Les nourrices, elles vont vers Kuzali et même qu'elles la remercient beaucoup, de nous avoir retrouvés, Kisa et moi. Je m'éloigne un peu des orphelins pour aller voir Kuzali et les nourrices. Je capte la fin d'une phrase de nourrice :

« ... nous ne savons pas comment vous remercier. »

C'est pas compliqué de remercier, elles est bête Kamba ou quoi ? Ça me fait un peu rigoler parce que finalement les nourrices elles sont comme nous. Je bondis vers Kuzali et clame :

« Merci beaucoup Kuzali ! »

Mes pas marquent le début de la fin de notre périple. Après toute cette agitation, il était temps pour les lionceaux de rentrer chez eux et retrouver les leurs. Fidèle aux lionceaux de son âge, Limau ne tarde guère à me bombarder de question qui me font néanmoins esquisser une sourire amusé. Je me demandais bien d'où il puisait tout ce souffle. Ces questions auraient été insolentes venant d'un adulte mais de la part d'un enfant, cela tirait davantage de l'innocence aussi n'étais-je pas gênée. Bien malgré lui, Limau me plongea dans une profonde réflexion et par l'intervention de Kisa, je fus apte à réfléchir à tout ceci posément. Il était vrai que j'étais en âge d'avoir des lionceaux et en toute honnêteté, si mon exil n'avait pas eu lieu, des lionceaux pas plus vieux que ces deux-là se tiendraient à mes côtés. L'un deux auraient sûrement eu mon pelage doré comme fier héritage -une fille j'aurais aimé- et les prunelles bistre de son père. Quant aux autres, je les imaginais avec le pelage terreux de Sheru ainsi que les crins sombres comme l'étaient ceux du mâle. Nous aurions sûrement fait une belle famille... Mais c'était désormais impossible et le simple fait d'envisager une telle fin heureuse était une véritable torture. A quoi bon rêver de l'impossible... Bien contre son gré, le lionceau m'avait plongé dans une profonde nostalgie qui ne cessait de me tirailler le cœur et l'esprit.

Préférant alors songer aux autres paroles du lionceau bien moins sinistres à mon goût, je me demandais bien en quel circonstance Limau avait été amené à rencontre Kumpa. La Terre des Lions semblait soudainement bien petite... Contrairement à la petite Kisa qui était réservé et peu bavarde, Limau n'avait aucune gêne pour raconter sa vie en détail et semblait même en être fier. Deux opposés radicaux mais qui semblaient tout de même s'être bien trouvés. A bien les regarder, ils faisaient un couple prometteur mais, il était encore trop tôt pour se prononcer. Ils n'étaient que des enfants après tout et l'avenir pourrait les éloigner malgré eux.

Le trajet du retour se fit dans un certain calme bien que les pitreries de Limau m'amusait. Il savait attirer l'attention et se mettre en valeur. Bien que tête en l'air, c'était un lionceau amusant. La disparition des deux lionceaux n'étant pas passé inaperçue, une sorte d'escouade de secours nous attendait à la frontière du royaume. Trois lionnes ainsi qu'une belle ribambelle de lionceaux se présentaient face à nous et tandis que Limau s'empresse d'aller rejoindre ses amis, l'une des lionnes -qui semble être la chef du groupe- s'avance en ma direction. Lançant un rapide coup d’œil vers Kiza, je capte son sourire rassurant et comprend que je n'ai pas de soucis à me faire. Après tout, je leur avais ramené les deux têtes en l'air du groupe et ne les avais pas dégusté pour mon petit-déjeuner...

Cette lionne du nom de Kamba m'exprima ses plus sincères remerciements tandis que Kisa était gentillement rester à mes côtés, comme pour ne pas me laisser seule et fut bientôt rejointe par Limau. Bien que la chef de cet étrange petit groupe me remerciait de se montrer aimable, ses deux compères semblaient plus divisés et ne cachaient pas leur mécontentement. D'ordinaire je serais aller chercher les noises mais aujourd'hui, je n'étais pas d'humeur. Et puis, il y avait Kisa et Limau et je ne voulais pas leur montrer cette face de ma personnalité. J'étais habituée à ces regards dédaigneux et pouvais bien me retenir de faire une scène.

« Au revoir Kisa, au revoir Limau. » leur répondis-je à mon tour dans un grand sourire. « Prenez soin de vous et faite attention la prochaine fois. »

Campant solidement sur mes quatre pattes, j'observais les deux lionceaux partir en compagnie des nourrices et de leurs camarades. Qui aurait cru ce matin que je ferais de telles rencontres... La vie était définitivement faite de surprise. Après les avoir observé un certain temps, je fis finalement route vers la Savane pour aller retrouver mon ami Kuamka tel que je lui avais promis et ainsi honoré ma promesse. Sans doute serait-il ravi d'apprendre que nous avions retrouvé le lionceau et que ces deux là étaient désormais sains et saufs avec les leurs.

[Terminé pour moi aussi, merci à vous deux pour ce RP très sympa !]