Les nuits étaient bel ici, je devais l'admettre. Bon, pas aussi belle que celles de Nyumba ou que moi, mais lorsque le ciel se débarrassait de ces vils nuages et que la lune et les étoiles illuminait sa savane... Aaah... Quelle beau spectacle. C'était à n'en pas dormir. Mais ne pas dormir... C'est mauvais pour le teint ! Et pourtant... Pourtant, au lieu de dormir, je me tenais là, allongé sur le dos, observant ce ciel étoilé, essayant d'y voir des formes. Je faisais ça avec ma Mamá lorsque j'étais petit. Et depuis que je l'avais quitté, je me surprenait à le faire de nouveau. Cela me faisait penser à elle... Et parfois, je me demandais si je lui manquait autant qu'elle me manquait. ... Oh ! Ces étoiles là, on aurait dit une gazelle ! Alors que je m'amusais d'un rien. Un bruit me chatouilla les oreilles. Mmh ?

- ¿ Hay alguien ?

Je roulais doucement sur le côté pour me remettre sur mes pattes. Ma queue ondulait doucement alors que j'essayais d'entendre, de sentir ou encore d'apercevoir quelqu'un. Mmmppf. Décidément, la nuit ce n'était pas pour moi. J'étais un être du jour. Mais était-ce si surprenant ? J'étais comme le soleil, qui illumine le monde de ses magnifiques rayons.

Une voix répondit à ma question. Níni ? ... Ça voulait dire quoi Níni ? C'était un prénom, drôle de prénom si c'était les cas. Ma queue s'agita doucement. Allez Aludani, on ne se démonte pas ! Si ça se trouve, c'est un beau mâle qui à réussi à apercevoir ma beauté malgré la nuit noir et il tient à me rencontrer. Néanmoins, je ne peux empêcher mon poil de se hérisser. Magnifique... Je vais encore être décoiffé ! Et je sens mon petit cœur s'accélérer sous le coup du stress. Oh non non non ! On ne stress pas c'est mauvais pour le.... AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Je me fige alors qu'une silhouette sombre apparait dans mon champ de vision. Une silhouette noire comme la nuit... Et pas de crinière... Une panthère noire ? Bon... C'était un peu décevant à vrai dire mais pas moins inquiétant.

- ¿ Quién eres ?

Pas sur qu'il comprenne ce que je voulais lui dire mais sur le coup, je ne réfléchissais pas à ça. J'avais plutôt peur d'avoir en face de moi une potentielle menace qui pourrait abimer ma sublime beauté d'un simple coup de patte. Ma queue continuait de s'agiter, traduisant mon état d'inquiétude. Je me mis même à sortir mes griffes, par réflexe, faisant quelques pas en arrière. Bon, je ne savais pas trop m'en servir mais avec un peu de chance ça serait assez pour faire comprendre "tu t'approches pas trop près tant que j'ignore qui tu es". ... Ou alors, il allait prendre ça pour une menace et m'attaquer. ... A l'aide !

Bon, au moins le noiraud n'avait pas l'air agressif. Son ton traduisait plus du calme et une volonté d'être amical voire rassurant. Bon... C'était déjà ça. J'avalais doucement ma salive, rentrant mes griffes avec méfiance. Allez Aludani... C'est juste la nuit qui te rend nerveux. Tu vois bien qu'elle n'a pas l'air méchante cette panthère ! Malgré tout, ma queue s'agitait doucement, traduisant la nervosité qui me collait toujours à la fourrure. Et puis je ne comprenais toujours pas un traitre mot de ce qu'il pouvait bien vouloir dire ! Mmh... Est-ce que ça va ? Peut être mon nom ? ... Mon nom serait plus logique vu la situation. Un peu timidement, je me pointais moi même de ma patte :

- Aludani.

Doucement, je tournais ma patte vers lui. Mon attitude traduisait de la nervosité, de la peur mais certainement pas de l'agressivité.

- ¿ Y tù ?

J'aurais sans doute pu essayer de lui parler dans la langue de cette terre, peut être que cela aurait été plus facile, mais ma nervosité ne me permettait de faire appel à ma légendaire intelligence. Alors, par pure réflexe, je parlais dans la langue de Nyumba. Il fallait espérer que ça passe maintenant.

Et bien... Ce n'était pas facile de communiquer avec cet étranger. Nyumba n'avait pas rendu les choses simples en créant plusieurs langue... Mais soit ! Peut être était-ce une sorte d'épreuve pour me tester ? Étrange épreuve, mais soit ! J'allais la passer avec succès. Mmmh ? Nazalimoyindo ? C'était long comme nom... Peut être venait-il d'un endroit où les noms à rallonge était courant... Enfin, ce n'était pas le sujet. Bon, maintenant, il fallait deviner ce qu'il voulait... Mais comment ? Oh ! J'avais peut être une idée ! Prenant une attitude plus décontracté, je me mis à afficher un grand sourire.

- ¿ Amigo ?

Puis, brusquement, je changeai de position, oreilles plaquées contre mon crâne et griffes sorties, faisant mine, sinon d'attaquer, au moins de paraitre agressif.

- ¿ O enemigo ?

Et sur ces mots je repris ma position de méfiance. A savoir, fermement camper sur mes quatre pattes et prêt a détaler mais les griffes rentrées. Au vue de son comportement, il ne devait pas être un ennemis à proprement parler, mais cela ne voulait pas dire que ses intentions étaient bienveillantes. Peut être souhaitait-il me voir décamper ou que sais je ! Ou alors il avait juste besoin d'un service... Bah, c'était compliqué d'être vraiment fixé pour le moment.

La panthère n'avait pas l'air d'être très à l'aise face à mon brusque changement d'humeur, ce que je ne pouvais que comprendre. Pendant un instant, j'eus même peut qu'il prenne ce qui n'était qu'une question, comme une attaque. Ah la la la ! Les risques d'une communication laborieuse... Heureusement, il sembla me comprendre mieux que ce que j'aurais espéré. Amigo ? Amigo ! Avec un soupir de soulagement, je me laissais tomber sur mon postérieur. Bon... Essayons d'en savoir plus sur cet étranger à la langue pour le moins exotique.

- Aludani, solo.

Je me tapotais le torse de la patte. J'essayais de lui faire comprendre que j'étais seul, que je ne comptais que sur moi même (plus ou moins). J'avoue que je ne savais pas trop comment m'y prendre...

- ¡ Aludani viene des lejos !

J'indiquais l'horizon d'un grand coup de patte. ... Niveau clareté on faisait sans doute mieux mais ça ne me coutait rien d'essayer.

- ¿ Nazalimoyindo, solo ? ¿ Vienes de donde ?

Mouais... J'étais un acteur de talent mais parler avec des gestes n'était pas mon fort. Roh la la la ! Cela aurait été tellement plus simple si nous avions une langue commune... Au moins un peu.

Mmhh ? Je me redressai l'air perplexe devant les étranges sons que produisait le félin en face de moi. Ah ! Il semblait que je m'étais tromper. Son nom n'était pas Nazalimoyindo mais juste Moyindo. "Nazali" devait sans doute signifier "je suis" ou "je m'appelle". En tout cas, il disait être seul. Soucieux de réparé mon erreur cela dit, je me corrigeai rapidement.

- ¡ Oh, si ! Moynido ! Perdón.

Je baissais doucement la tête en guise d'excuse. Néanmoins, le félin n'avait pas répondu à ma première question ! ... Ou alors, je ne l'avais pas compris. Je redemandais donc :

- ¿ Moyindo viene de donde ?

Mmmh... Je cherchais comment rendre ma question plus clair. En plus... Je lui posais la question sans être certain de comprendre sa réponse. Pour essayer de me rendre plus clair, je pointais d'abord la panthère de ma patte avant de pointer le sol.

- ¿ Viene de aquí ?

Puis, reposant ma patte sur le sol, je me mis à indiquer l'horizon du regard.

- ¿ O viene de lejos ? ¿ De donde ?

... M'ouais. Pas sur que ce soit davantage clair. En tout cas, j'étais sûr qu'il ne venait pas de cette terre. Mais bon, je pouvait toujours demander.

Vu que le félin noir ne me reprit pas sur son prénom, je supposais l'avoir dit convenablement cette fois ! Parfait ! Comme quoi, je comprenais à peu près, Nyumba soit louée ! J'attendis donc patiemment la réponse à ma question. Vu sa gestuelle, je supposais que le léopard venait de loin. Oh ! Voilà qui nous faisait un point commun. Lorsqu'il eut finit de fier l'horizon, il se retourna vers moi et me pointa de la patte. Je devinais aisément qu'il me retournait la question. L'imitant à mon tour, je me mis à pointer l'horizon dans la direction de la Jungle de Nyumba.

- Vengo de muy lucho. El lugar se llama la jungla de Nyumba.

Je n'étais pas certain qu'il comprendrait ce que je voulais dire mais... Cela se tentait ! Puis, une idée me vint. Depuis le début de cette conversation, nous nous étions tout les deux acharnés à parler notre langue maternelle. Or, nous nous trouvions tout les deux sur une terre étrangère. Peut être la langue d'ici serait-elle maitrisé par nous deux ?

- ... Est-ce que tu heu... entendes... No... heu...

J'avais un peu de mal à former des phrases même dans cette langue. Il faut dire que j'avais garder l'habitude d'utiliser des mots de chez moi. Mais face à un étranger pour qui, comme moi, ce n'était pas la langue maternelle, il valait mieux éviter les mélange de langage pour une meilleur compréhension. ... En parlant de compréhension, comment disent-ils "comprendre" dans cette langue !?

- ... Tu comprends este langue ?

Bon, je n'avais pas réussi mon paris mais... C'était peut être déjà plus simple à comprendre ?

Je n'étais pas des plus à l'aise face à cette conversation qui se faisait en tâtonnant à chaque mot et à voir le regard fuyard de mon interlocuteur, je n'étais pas le seul. Mais soudain, une lueur de compréhension s'alluma dans son regard lorsque je me mis à parler la langue de la terre où nous nous trouvions. Avant même qu'il ne l'affirme par la parole, je savais qu'il connaissait cette langue. Ses mots ne firent que me rassurer davantage. Un large sourire sur les babines, je m'exclamais :

- ¡ Espléndido !

Quels idiots nous avions été de nous acharner dans nos langues respectives ! La solution était pourtant si simple ! Pas peu fier de ma tentative, je repris la parole.

- Voilà qui va faciliter les choses.

Je me raclais la gorge.

- Soy Aludani, je viens d'une jungle lointaine, nommée Nyumba. Tu, tu es Moyindo, tu voyages solo et tu viens de très loin. J'ai bien compris ?

Fis-je, l'air amusé. Cette histoire de langue commune allait grandement facilité la communication... Néanmoins, je tenais à m'assurer que je l'avais bien compris jusqu'ici. Ça ne coutait rien de s'en assurer.

Maintenant que je comprenais mieux ce que voulais dire Moyindo, je l'écoutais avec attention. Nkoiland ? Je n'avais jamais entendu ce nom auparavant... Mais les description de ce territoire comme contrôlé uniquement par des léopards me rappelait vaguement ma jungle. Puis le félin noir me demanda des précisions sur Nyumba.

- ¡ Si, claro !

Répondis-je enthousiaste, trop heureux de pouvoir parler de ma terre. ... Il voulait bien parler de ma terre, n'est-ce pas ? Oui, c'était obligé, je ne lui avais pas, encore, parlé de Nyumba en tant que divinité.

- La Jungle de Nyumba est también le lieu de vie de léopards. Cada uno est solitario y possède une partie de la jungle dont il est l'unique propriétaire et où il fait régner la ley que él quiere. Pero, certaines parties de la jungle reste neutre.

Je fermais un instant les yeux, me remémorant ces lieux si idyllique de son enfance. Les Larmes de Nyumba, l'Arbre du Début des Temps, la Grotte du Dernier Souffle ou encore la Clairière aux Papillons... Tout ces lieux l'avaient marqué et resteraient à jamais gravé dans mon esprit et mon cœur. Je secouais doucement la tête. Mais bref ! J'étais encore en pleine explication moi !

- Nous les utilisons lors de nombreuses fêtes !

Je devais admettre que c'était l'une des principales caractéristiques des léopards de notre jungle : nos nombreuses célébrations. Peut être trop nombreuses aux yeux des étrangers mais pourtant toute aussi importantes les unes que les autres.

Un voyageur dans l'âme ? D'une certaine façon. Un sourire amusé se dessina sur mes babines. Après tout, j'avais tendance à passer de cœur en cœur si j'osais dire. Mais je me doutais que ce n'était pas ce que voulait dire Moyindo. Je secouais doucement la tête. Non, ce n'était pas la principal raison.

- No exactamente. J'aime bien voyagé, es verdad, mais ce n'est pas la raison de mon départ.

Ma queue ondula lentement.

- Yo serais bien rester à Nyumba toda mi vida pero là d'où je viens, la tradición veut qu'une fois adulte, un léopard impose sa marque sur un arbre millénaire. Una vez cela fait, il doit choisir s'il désire rester à Nyumba et dans ce cas gagner une parcelle de terre dans un combat singulier o s'il pense que su vida está en otra parte, il doit partir. Soy de el segundo catégorie.

Alors que j'expliquais la tradition de ma terre natale, mon regard se déplaça lentement vers l'horizon, songeur. Il me fallut quelques minutes pour m'en rendre compte et me re-concentrer sur le léopard noir.

- ¿ Y tu, porque es-tu parti de chez toi ? Y comment c'était, là-bas ?

Je devais admettre que j'étais curieux de connaitre les us et coutumes des autres léopards à ce sujet. Les lions, ce n'étaient pas compliquer à comprendre : ils vivaient ensemble, point. Mais les léopards... Chacun semblait avoir sa manière de faire les choses à ce niveau.

Oh... Non... Lorsque je vis le félin baisser les yeux et que j'entendis les paroles qui accompagnait son geste, je ne pus m'empêcher de baisser les oreilles et de prendre un air compatissant. Le pauvre. Cela avait dû être un déchirement pour lui. Sans dire un mot, je m'approchais de lui pour frotter ma tête contre la sienne, dans un geste réconfortant... Et sans arrière pensée pour une fois ! ... Et bien ? Vous ne me croyez pas ? Mais enfin ! Il n'avait pas assez de crinière pour moi, voyons ! J'avais certes, eu quelques coup de cœur pour des léopards mais depuis que j'avais découverte la somptueuse chevelure des lions, je n'avais d'yeux que pour eux !

- Lo siento...

Chuchotais-je. Puis, me rappelant de commencer cette conversation avait commencé, je précisais.

- Cela signifie que je suis désolé.

Il me semblait du moins... Était-ce ainsi que l'on disait dans la langue de ces contrés ? Je l'espérais... Faire une erreur de mot dans un moment pareil serait pour le moins... gênant.

Même plongé dans mon geste d'une bonté sans pareil, je sentis le félin se raidir. Oh ? Il n'était pas un fan des contact physique ? Pauvre chou ! Il ne savait pas ce qu'il manquait ! Il n'y avait rien de mieux, lorsque les choses n'allaient pas, que de se serrer contre quelqu'un pour se réconforter. M'enfin, pour le coup, j'avais surtout peur qu'il m'en mette une et abime mon beau visage. Nyumba soit louée, il se retint.

-Ah...Je comprend mieux. C'est juste que je n'ai jamais été très...Tactile si je puis dire...D'ailleurs maintenant que j'y pense, qu'est-ce que tu compte faire ? Tu as l'intention de t'installer ici sur Prideland ?

Ça, on s'en serait douté. Quel dommage tout de même qu'il soit si coincé. Je répondis rapidement à sa première remarque.

- Oh, je vois, lo siento que cela t'ait mis mal à l'aise. Là d'où je viens, les contacts physique sont choses courantes.

En famille ou entre amis, les léopards de Nyumba étaient très câlins entre eux. Après tout, nous étions tous béni de la même Mère, il aurait été stupide de se déchirer. Non, mieux valait se montrer reconnaissants envers cette divinité en montrant que nous étions tous amicaux et respectueux les uns des autres.

- No lo sé. Nyumba m'a conduit ici pour le moment, mais j'ignore où elle me conduira demain. ¿ Y tu ?

Fis-je tout naturellement. Les Enfants de Nyumba ne se souciaient que trop peu de l'avenir : pour nous, seul importait l'instant présent. Mais j'étais curieux : Moyindo avait tout perdu. Comptait-il refaire sa vie ici ? Entouré de ces lions qu'il ne semblait guère apprécier ?

Hrp:

 

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