Sayidi, depuis son arrivée à Prideland, avait découvert une nouvelle facette de lui-même : celle d’un gros dormeur. Vraiment, il n’aurait jamais pu le soupçonner auparavant, avec la vie erratique qu’il avait menée. À présent, il n’y avait plus de dangers ou de quoi l’angoisser pour le tenir éveillé. Il dormait donc beaucoup, comme si son corps cherchait à rattraper toutes les heures qu’il avait perdues. Pourtant, le plus étonnant dans tout cela, c’était que l’adolescent avait gardé un sommeil léger. Les vieilles habitudes ne s’oublient pas si facilement. Le fait était que, généralement, Sayidi faisait partie des derniers à se lever, et il commençait à être connu pour cela.

Ce fut donc avec la tête encore dans les nuages et la crinière ébouriffée que Sayidi eut la surprise de se faire aborder assez soudainement par Dafina, sa sœur adoptive, alors que Kina lui faisait la morale.

Dafina : “ Sayidi. Veux-tu bien m’accompagner ? J’ai à te parler. „

L’adolescent, ne se sentant pas d’humeur à protester, se contenta d’acquiescer, ajoutant un léger « bien sûr » de politesse. De toutes manières, que gagnerait-il à refuser ? Davantage de haine de la part de Dafina ? Certes, cela ne changerait pas grand-chose, mais à quoi bon entretenir de tels sentiments. Ce fut donc avec un état d’esprit assez positif que Sayidi suivit Dafina, croisant au passage Djaili, à qui il hocha la tête. Pourquoi ? L’adolescent lui-même n’en était pas sûr. Peut-être pour rassurer son frère, qui pouvait parfois être bien trop prompt à la défendre. Il devait apprendre à se débrouiller seul, s’il voulait devenir Gardien ! Cependant, les choses s’arrangeraient-elles véritablement entre lui et Dafina ? Sayidi ne pouvait en être tout à fait sûr, mais il ne fit aucune remarque à sa sœur tendis qu’ils s’éloignèrent du repère.

Ils finirent par arriver dans un coin relativement isolé de la vie du clan, et cet air de secret ne contribuait réellement pas à rassurer Sayidi sur les attentions de sa sœur. Après tout, pour une raison que l’adolescent trouvait profondément injuste (bien qu’il ne s’agît que d’une supposition), la jeune lionne semblait l’avoir détesté depuis le moment où elle avait posé les yeux sur lui. Après encore quelques pas, les deux jeunes s’arrêtèrent près d’un point d’eau, à l’ombre d’un acacia. Sayidi s’assit alors bien sagement en face de sa sœur, et rassembla tout son courage pour surmonter sa timidité et son anxiété et pouvoir la regarder en face.

Sayidi : “ Donc. Tu voulais me parler. Je suis tout ouï. „

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Une vague d'anxiété prit soudainement Sayidi à la gorge, sans prévenir et sans qu'il ne sut trop pourquoi. Peut-être ... Peut-être était-ce lié au fait qu'il n'avait aucune idée des attentions de Dafina ? Après tout, elle avait vécu les derniers mois en l'ignorant totalement. Le fait qu'elle souhaitait tout à coup avoir une discussion en tête-à-tête avec lui semblait bien louche. Il secoua cependant négativement la tête, pour lui-même, ébouriffant encore davantage sa crinière.
Non. Je ne peux pas penser comme ça. C'est ma sœur !
Évidemment, elle ne l'avait pas éloigné du repère pour essayer de le noyer dans l'étang qui s'étendait juste à coté d'eux, n'est-ce pas ? Non, ce n'était pas le genre de la lionne. Quoi que. Que savait-il d'elle, de toute façon ? Il ne lui avait presque jamais parlé.

Les babines de Dafina s'étirèrent alors en un sourire. Ceci. Ceci était définitivement un mauvais signe. Sayidi ne l'avait jamais vu sourire. À tel point qu'il n'aurait pas été étonné si on lui avait annoncé que sa sœur ne possédait pas les muscles pour. Il se mit légèrement sur la défensive en réponse, ses oreilles se couchant contre son crâne. Aussi, sa sœur prit la parole, avant de s'interrompre puis de reprendre :

Dafina : “ Je voulais m’excuser du comportement que j’ai eu envers toi lors de ton arrivée. „

Sayidi n'en crut pas ses oreilles. Gueule bée, les yeux écarquillés, il dévisagea sa sœur. Dafina, s'excuser ? Il faudrait inspecter le bec des oiseaux et voir si des dents avaient poussé durant la nuit. Se rendant compte qu'il devait certainement avoir l'air ridicule, l'adolescent referma la gueule, avant de s'éclaircir la voix. Que pouvait-il bien répondre à cela ? Embarrassé, son regard coula vers le côté, puis il balbutia :

Sayidi : “ Erm. E-eh bien, j'accepte tes excuses ? „

Que pouvait-il dire d'autres ? Ce n'était pas comme s'il pouvait oublier en un clin d’œil tous les mois précédents, toutes les fois où elle l'avait royalement ignoré, le comportement qu'elle avait eu avec lui. On ne pouvait effacer du jour au lendemain de telles choses. La relation compliquée qu'ils avaient eue jusqu'alors ne pourrait pas se métamorphoser d'un coup.

HRP:

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