Ce matin là, Leilani se leva avec comme d'habitude, l’irrépressible envie de quitter cette jungle. Tout d'abord pour une raison nouvelle et sur laquelle elle n'arrivait à mettre des mots, mais aussi et surtout parce que depuis sa rencontre avec le léopard mielleux de l'autre jour, elle se sentait toute chose. Elle n'avait personne avec qui en parler, sans doute qu'elle emmènerait ce secret dans sa tombe. De plus si son père l'apprenait, il finirait par lui dire qu'elle s'était montrée imprudente, ce qui pourrait déclencher une énième dispute de plus.

Leilani était adulte depuis un moment pourtant et vivait toujours avec son vieux père, il ne cessait de le lui rappeler d'ailleurs. Sans doute désespérait-il de voir un jour ses petits enfants. Il devait être déçu parfois, souvent. C'est ruminant ses pensées négatives et sous un ciel gris d'encre que la brune laissait ses pattes la mener au hasard à travers cette jungle millénaire. La femelle traînait les pattes songeuse. Elle voyait bien le paysage défiler sans pour autant savoir où elle se trouvait. C'est alors que quelque chose arrêta brusquement sa course. Elle semblait avoir changé de lieu. Ici Lei' ne s'était jamais aventurée encore. C'était triste, dire qu'elle s'apprêtait à quitter la jungle.

La tête levée, elle tentait de s'imprégner de la beauté de ce lieu. Quand des bruits dans les arbres au tour d'elle se firent entendre. *Oh non pas encore* Inconsciemment, la femelle se mit à courir, gardant la tête basse. Son cerveau turbinait, et bien que gardant al tête basse, elle ne regardait pas où elle marchait. Si bien qu'elle trébucha, et roula, longtemps. Elle fut sonnée de longues minutes. Et lorsqu'elle rouvrit les yeux, c'était le trou noir. Tour avait disparu. Dans sa chute, Leilani s'était bien cognée la nuque, d'ailleurs elle saignait abondamment. Elle déambula dans la jungle pluvieuse dans cet état. Puis soudain, une silhouette, familière, mais sur laquelle elle ne remettait pas un nom apparut, il vint même lui parler.

- Que ? .. Qui êtes vous ?

Leilani était atteinte d'une amnésie temporaire. Elle se mit à sourire au lion familier.

- Vous .. On est ensemble ?

Voilà qu'elle délirait. Elle ne marchait également plus très droit.

La femelle souriait bêtement. Ne comprenant pas la situation, ni sa gravité. Leilani, était complètement incapable de raisonner. De plus elle ne ressentait ni sa douleur, ni son sang ruisseler le long de son épaule. Chancelante, elle s'était approchée du mâle qui lui inspirait quelque chose de positif. Il avait une attitude avenante. Et pourtant, en moins d'une seconde son regard fut teinté d'effroi, faisant perdre son sourire à la femelle. Une pensée s'imposa à elle *pourquoi il a peur lui ?* Dans son monde nuageux et coloré, la femelle ne comprenait pas son attitude. Elle eut envie de reculer un peu, et même de s'en fuir. Mais le mâle, avec un visage effrayé continua de s'approcher.

-Leilani... Suis moi, on va trouver un endroit où s’abriter. Nan pourquoi. Elle était bien sous la pluie. Elle avait presque l'envie de danser. Laissant ses préoccupations derrière. Préoccupation dont elle ne se souvenait point de toute façon. Mais le mâle avait l'air si sérieux, et le fait qu'il lui soit familier l'incitait à lui faire confiance. Alors elle le suivit sous un très très grand arbre. Elle ne l'avait jamais vu. Faux. En fait elle était passée deux fois devant plus tôt dans la journée. Leilani sautillait en suivant le beau rougeaud. Lorsque la pluie cessa de la couvrir d'un voile frais et protecteur, la brune s'effondra de douleur aux pieds des racines titanesques. Elle poussa un petit gémissement, les yeux fermés. Lorsqu'elle les ouvrit à nouveau elle lâcha un "-J'ai mal.. comment ça se fait!" elle ronchonnait. Mais elle n'aurait jamais cru pouvoir souffrir plus encore.

Le mâle essaya de la prévenir. Mais les mots furent trop lents à arriver à son cerveau, et le temps qu'elle les interprète, elle poussait déjà un nouveau gémissement de douleur. Le mâle était partit environ une seconde, cherchant ce qu'il pouvait utiliser pour appuyer sur sa plaie. Une crise de frisson secoua le corps de al femelle, alors qu'elle essayait de retenir un nouveau cri lorsqu'il appuya sur sa plaie plutôt profonde en fait pour stopper l'hémorragie. Après plusieurs essais du mâle qui ne semblait pas avoir l'habitude de ce genre de situations, la femelle sourit avant de perdre connaissance sous l'effet de la douleur. Leilani se s'était jamais blessée avant, donc elle n'était pas du tout habituée à avoir mal. Ce qui expliquait sa petite perte de conscience. Elle revint à elle quelques minutes plus tard. Toujours légèrement sonnée et amnésique. Le mâle était toujours là, il lui interdit de bouger. La femelle avait toujours fort mal, donc elle exécuta ses consignes. quelque chose brilla dans ses yeux. Elle lui était reconnaissante. "Dites qu'est ce qu'il s'est passé ?" articula-t-elle avec difficulté.

Finalement l’hémorragie se stoppa, grâce à l'intervention chevaleresque d'Uhta. Que serrait-il advenu d'elle si elle n'était pas tombée sur ce lion de son clan. Imaginez, juste un instant ce qu'aurait ou être la situation face à ce léopard trop mielleux qu'elle avait croisé il y a quelque jours à peine, ou même sur un gorille..Cela dit la femelle était en cet instant à des heures à la ronde de ses habitudes quotidiennes. Concentrée sur une seule chose, essayer de se souvenir de tout ce qu'elle ne parvenait plus à situer. Maintenant que son sang avait commencé à coaguler, le mâle avait retiré ses pattes de son garrot, enlevant une grande pression, amis aussi de la chaleur. Et bien que la brune soupira de bien être, ce contact chaleureux et rassurant dans cet océan d'incertitude la rassurait d'une certaine façon. Elle afficha une petite moue. La douleur se rappel a très vite à elle lorsqu'elle bougea à peine de quelques centimètres, une des ses pattes étant endolorie. Elle poussa néanmoins un petit gémissement. Heureusement pour elle sa blessure ne s'était pas rouverte.

Le mâle s'était redressé, un air coupable peint sur le visage. Quant à Lei, elle avait peint sur le visage une attitude rêveuse. Toujours dans les "nuages" à cause de son état d'amnésie. Son père serrait fou d'inquiétude, heureusement le lion présent avec elle ne la stressait pas d'avantage, au contraire. Quand elle le regardait elle ressentait quelque chose de chaud en elle. Il lui conseilla vivement de ne pas bouger pendant quelques jours, elle comptait bien respecter ce qu'il lui conseillait, elle sentait bien au fond d'elle même qu'elle avait besoin de repos, de plus le fait qu'elle ne se souvienne de rien, la fatiguait encore plus. -Peut-être souhaites-tu que je te laisse te reposer seule ? l'entendit-elle demander au bout d'un moment, elle ne saurait dire exactement combien de temps puisqu'elle était complètement déroutée.

Elle planta ses prunelles abyssales dans les siennes d'Ambre. Elle ne le voulait pas, essaya de toutes ses forces de le faire passer par son regard. Leilani aurait préféré le lui dire oralement, mais elle doutait d'en être capable. Tout ce qui sortit de ses babines fut le mort "Non!" et encore d'une voix à peine audible. La peur était à présent clairement lisible dans son regard. Une peur viscérale. Son habitat depuis toujours chaleureux lui faisait à présent peur. Dans son état elle ne pourrait bouger rapidement en cas de soucis. Encore une fois elle avait désespérément besoin d'Uhta, dont elle en se souvenait même plus du nom. Après avoir soutenu son regard un moment elle baissa ses prunelles, regardant le sol sec sous l'arbre immense, pensant qu'elle était si petite et fragile.

D'abord le mâle quitta l'abri que créait le feuillage de l'arbre sous-lequel tous deux se trouvaient. Leilani détourna les yeux, les gardant fermés pour masquer qu'ils étaient humides. Une moue triste sur le visage, puis soudain, et à sa grande surprise, le mâle revint sur ses pas. Étais-ce le regard qu'elle lui avait lancé plus tôt ? La femelle rouvrit des prunelles embrumées, elle était heureuse qu'il se soit finalement ravisé, cela pouvait se lire à présent dans son regard. Son regard Ambre trahissait de l'empathie à son égard, mais qui était-il au fond ? Leilani, le regarda se coucher, face à elle. La brune ne pouvait toujours bouger, ayant bien trop peur que sa blessure s'ouvre à nouveau, déjà que cela n'avait pas été une mince affaire pour arrêter l'hémorragie. Sa jambe commençait à être endolorie, mais elle n'osait bouger. -Désolé ne pas avoir pu t'aider plus, Leilani. Ainsi donc, le mâle la connaissait. Elle aurait du s'en douter. Peut-être même faisait-il partie de sa famille, mais pourquoi elle n'arrivait plus à s'en souvenir alors. La femelle sentait la migraine la guetter. En fait elle n'attendait plus que d'avoir d'autres révélations croustillantes, pour refermer ses crocs sur sa proie fermement.

Après quelques minutes de silence, le mâle semblait perdu dans ses pensées, la femelle bougea à peine sa jambe. Un cas de conscience en cet instant ? Alors qu'il avait déjà fait tout ce qu'il fallait pour lui sauver la vie avec le plus grand des sang-froids. A peine eut-elle bougé, qu'une vague de douleur la submergea. Elle dut serrer les crocs pour ne pas pousser un énième gémissement. Lentement, elle rouvrit les yeux, ayant peur d'avoir ouvert sa plaie, mais constata qu'il n'en était rien alors elle poussa un petit soupir de soulagement. C'est alors que son attention se porta à nouveau sur le grand mâle brun-rouge. Il arborait un sourire chaleureux, il se voulait rassurant dans son attitude, et pour la première fois depuis quelques heures, Leilani lui adressa un sourire, qu'elle voulait plutôt doux. Elle lui était reconnaissante pour tout ce qu'il avait fait pour elle jusque là.

Le mâle qu'elle reconnaissait mais à qui elle n’arrivait plus à remettre le nom, posa finalement sa tête sur ses pattes. En profitant pour la questionner. Leilani, avait mal à la tête et était prise de vertige, mais elle essaya tout de même de comprendre la proposition qu' Uhta lui faisait, car cela n'était pas très poli. Manger. Il lui proposait de lui apporter à manger. Étant donné que la femelle ne se souvenait pas de son dernier repas, cela ne serrait pas de refus. Maintenant il fallait qu'elle réunisse la force en elle pour le lui communiquer.

-Je oui .. j'aimerais beaucoup.." lui répondit-elle avec maladresse.

Son estomac gargouilla, comme pour confirmer qu'elle avait faim. Dehors les heures défilaient. La lune commençait déjà à tomber. Bientôt lui succèderait le soleil. Leilani redoutait cet instant, car il lui serrait alors plus difficile de se reposer. Et elle avait pourtant besoin de repos.

Uhta pouffa légèrement en entendant son estomac gargouiller. Leilani piqua un léger fard, un peu mal à l'aise. Elle n'avait pas l'habitude. Étrangement, elle commençait à reprendre connaissance, ou du moins sur ce qui le concernait personnellement. D'un pas vif, le mâle se dirigea vers l'extérieur de leur abris. Elle l'observa, il semblait chercher du gibier, mais à sa surprise, il ne dut pas chasser semble-t-il. Uhta revint tout de même avec un petit gibier coincé entre les crocs. Leilani lui fit un petit sourire, et lentement la douleur disparut, tout du moins elle n'y pensa plus. Tant de sollicitude à son égard lui faisait chaud au coeur. Le mâle était trempé. En d'autres circonstances; enfin si elle se souvenait qu'il faisait partie de son Clan, sans doute qu'elle lui aurait proposer de se mettre contre elle pour se réchauffer un peu. Bien qu'il ne fasse pas particulièrement froid. Elle n'aimait pas être mouillée elle-même. Mais actuellement elle n'était pas vraiment elle-même. Son mal de ventre la rappela à l'ordre. Le brun-rouge déposa le gibier à ses pattes.

Leilani se baissa, crispant ses mâchoires sous l'effort, elle commença son repas avec lenteur. Elle sentait le regard du mâle sur elle. Apparemment il semblait attendre qu'elle finisse son repas, avec politesse, un vrai gentleman. Il était à présent couche face à elle. Quand elle eut finit, elle posa ses prunelles aquatiques dans les siennes. Il semblait agité soudainement. La femelle, toujours dans les nuages que causait son amnésie n'arrivait pas à cerner la raison de cette agitation, bien qu'elle la percevait. -Dis moi, tu te sens mieux ? Quand tu seras de nouveau sur pied, on se mettra en route, je te raccompagnerai au campement de notre clan. Tu y seras mieux pour te reposer. La femelle jeta un regard sceptique sur sa blessure. Il y avait bien une croûte, mais tellement fine que la femelle n'était pas sûre qu'elle tienne, même le temps du voyage. Mais à quelle distance étais-ce ? Après il avait parlé de Clan, sans doute qu'il y aurait un soigneur.

Oui, Leilani commençait à reprendre ses esprits, de plus en plus. Bien qu'elle ne se souvienne toujours pas de ses proches. En tout cas, une chose était certaine, elle lui devrait une faveur, qui qu'il soit. Lani adressa un sourire courtois au mâle, bien qu'elle était assez hésitante. Elle lâcha d'une voix chevrotante "Je .. Oui .. Mais je vais avoir besoin de ton aide, encore." Leilani baissa son regard. Qu'elle détestait dépendre de quelqu'un. Avec une douceur infinie, Uhta l'aida à se relever et appuyée à lui, tous deux commencèrent à arpenter la jungle. Direction leur lieu de vie la Clairière. En chemin, et bien que al femelle s'appuyait fort sur Uhta qui était plutôt costaud, ses pattes se dérobèrent à plusieurs moments sous elle. Sa plaie ne s'était pas rouverte, mais avait commencé à chauffer sous l'effet de l'effort produit.

Au bout de minutes qui lui parurent être un éternité, tous deux clopinèrent jusqu'au centre de la Clairière, Kai - son père qu'elle ne reconnut pas- était un masque d'inquiétude. Il la serra contre lui, geste qu'elle ne lui rendit pas. Elle le trouvait étrange, mais familier. Les regards se tournèrent alors vers le mâle, Leilani étant dans un drôle d'état entre la béatitude et la syncope. Uhta répondit alors assez simplement. "Je l'ai rencontrée comme ça dans la jungle des singes, elle a du tomber.. Elle semble être atteinte d'amnésie, elle doit voir un guérisseur, maintenant !"

Un guérisseur vint la voir, et tout devint noir, le monde au tour d'elle s'effaçait à la manière de volutes de fumées, s'élevant, devenant de plus en plus transparentes, avant de juste disparaître dans le noir de la nuit abyssale.