Après sa conversation avec Hourasi, le mâle jaune savait qu’il ne lui restait plus qu’une chose à faire avant que l’action survienne pour de bon.

Il avait attendu que la nuit tombe, avant de s’approcher d’Outland comme il ne l’avait plus fait depuis son exil. Il était parti du Royaume Marozis au coucher du soleil, et étonnement sans son compagnon habituel. Car même lui n’était pas au courant de cette vadrouille nocturne. Soto avait préféré sortir seul, afin de diminuer les chances de se faire repérer par les patrouilleurs nocturnes aux frontières. Il n'avait pas besoin d'aide pour cette tâche, et il aimait se l'entendre dire.

Sa couleur jaune dorée ne lui permettait pas un camouflage si facile, surtout sur un royaume de terre où tout n’était que de la boue sèche brune. Il avançait dans la nuit, doucement, et alors qu’il marchait à cette même vitesse depuis sa sortie du Royaume Marozis, il posa enfin une première patte sur le territoire d’Outland, aux frontières. Cette terre qu’il n’avait pas touché depuis une année à présent, cette terre misérable, avait quelque peu manqué à ses coussinets. C’était la saison sèche, elle craquait bruyamment sous ses pattes à chacun de ses pas.

Le temps était venteux et ainsi, le vent n’était pas en sa faveur non plus pour sentir les odeurs ce soir. Il lui arrivait dans le dos, et alors qu’il ne pouvait rien sentir des Outlanders qui pourraient approcher, lui pouvait aisément se faire repérer de la sorte. S’il ne pouvait pas venir à la rencontre des habitants de cette terre , c’est eux qui viendrait à lui. Et il fallait que ça soit la bonne personne directement. Sinon, il devra repartir comme il est venu, seul.

Mais il avait foi. Il l’as toujours aperçu à ce moment-là de la journée au bord du territoire, lors de ses nombreuses surveillances passées au loin. Elle viendra. Une fois encore.

Tandis qu’il l’attendait, une silhouette se dessina lentement devant lui peu à peu, dans l’ombre de la nuit. Etait-ce la bonne ? Sortant légèrement ses griffes, Soto s’adapterait au lion qui apparaîtrait. Et par chance, ce fut elle. Si le temps n’était pas avec lui aujourd’hui, il en était autrement de sa chance.

La silhouette s’avança puis s’arreta soudainement. Et il put entendre pour la première fois sa voix depuis bien longtemps. Une voix qui lui demandait si c’était bien lui qui se tenait en face d’elle. Bien sûr que c’était lui. Quelle mère ne reconnaitrait pas son propre fils ? L’instinct maternelle est une chose qui ne trahit jamais. Jamais.

Elle l’avait reconnu, mais pourtant, elle n’avançait pas. Et pour cause. Ils l’avaient abandonné, tout simplement, lui et son père. Un abandon pour un bien, certes, car ils pensaient ainsi la protéger. Mais en observant quotidiennement Outland, Soto voyait la détresse de la femelle dans ses yeux, tous les jours. C’était un bien pour un mal finalement. Il ne souhaitait pas revenir devant elle et lui parler comme si rien ne s’était passé, elle pouvait se montrer parfois naive mais en rien stupide. S’il avait l’habitude de prendre beaucoup de lions pour des andouilles, il ne rangeait pas la femelle dans cette case. Il ne le voulait pas.

-Oui. Je suis bien là. Mère. Se contenta t-il de répondre en premier lieu.

Puis sans attendre une nouvelle réaction de sa part, il s’avança et la prit contre lui. Fort comme s’il craignait qu’elle veuille se dégager brusquement et ne plus jamais retourner dans ses pattes. Ils avaient tous les deux besoin d’un contact physique avant toute conversation, il le savait, n’en déplaise aux circonstances de leur séparation. Elle, pour sentir enfin la présence de la chair de son sang auprès d’elle et pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas, lui pour vérifier de lui-même qu’elle se portait bien. Car de simples mots ne suffiraient pas pour les deux lions dorés.

Des explications, elle en réclamerait certainement, Soto n’était pas venu pour chercher à contourner ce problème, mais d’abord, il voulait être rassuré en premier. C'était egoiste, mais une mère ne se devait-elle pas de rassurer son enfant ?

-Je sais ce que tu souhaites entendre. Affirma t-il doucement à son oreille. Je vais y venir, mais d’abord…

Toujours en la tenant contre lui, il fit glisser sa patte sur les côtes de la femelle, comme s’il pensait relever des irrégularités dans la peau qui pouvait signifier des blessures ou une maigreur bien plus anormale que d’habitude. Des Outlanders l’avaient-ils maltraité pour la traitrise de sa famille ? Elle était restée seule chez Tahani tandis que sa famille entière était parti avec Hourasi, elle n’avait plus de protection sûre. Zary n’y était pour rien dans les actions de Soto et Duramo, les plus lucides le devinaient facilement, mais Outland restait un regroupement de lions au sang-chaud capable de designer n’importe quel responsable pour n’importe quoi, comme ce fut le cas avec la mort de Khiaja. En tout cas, certains n’hésitaient pas à chercher des boucs émissaires pour déverser leur haine, aussi innocents soit-ils.

Quand Soto pense qu’il a été si facile de faire retourner les uns contre les autres ici, il en avait des sueurs froides sur le sort de sa mère, impuissante contre les coups de sangs d’imbéciles pareils.

-Dis moi qu’ils ne t’ont rien fait. Il posa par la suite la question d’une manière bien plus claire. Personne ne t’as blâmé d’une manière ou d’une autre dans ce qui s’est passé ?

Car si un seul d’entre eux avait osé lui faire du mal durant tout ce temps en l’absence de son fils, il passera bien avant Rhellaya et les autres dans la liste de priorités du lion jaune.

Tandis qu’il la tenait toujours, la lionne se frottait à lui. Lui n’avait jamais été très fort pour témoigner de l’affection, et l’âge n’a fait qu’empirer ce défaut. Mais si sa mère était comblée rien qu’au contact physique, alors cela lui suffisait également. Et il fut heureux d'entendre que les Outlanders n'avaient abusés de rien avec elle. Comme quoi, il était arrivé à temps. Car il doutait que les choses resteraient aussi calmes pour elle lorsqu'il reviendrait aux frontières d'Outland pour la seconde fois.

-Père est en sécurité, avec les survivants de la troupe d’Hourasi. Nous avons connu une longue errance et il y a eu des morts, mais c’est terminé. Nous avons trouvé un endroit à l’abri des regards pour nous poser. Expliqua t-il vaguement et partiellement.

Il n’évoqua ni Mopango, ni Shiraz ni les Kulishas. Rien. Comme si Hourasi avait trouvé une terre vide sans aucune aide de la part d’un félin. Ce n’était pas du tout comme cela que les choses se sont passés, mais Soto se gardait bien de faire part à la femelle qu’ils devaient partager la terre avec d’autres criminels et surtout ennemis d’Outland. Elle ne se rendait pas encore compte de ce qu’ils avaient pu trouver, et Soto doutait qu’elle accepte facilement de le suivre s’il lui racontait tout ici et maintenant. Et il n’avait pas de temps à perdre.

Mais il restait des interrogations. Comment lui expliquer pour Hourasi ? Il fallait trouver les mots, sans pour autant trop en dire. Il ne la prenait pas pour une idiote, mais il était impossible de lui dire la totale vérité, même à elle. Soto n’aidait pas réellement Hourasi car il était au contraire la source de bon nombre de ses malheurs que le prince essayait de combattre, mais c’était la couverture qu’il se donnait et il ne pouvait pas prendre le risque de la faire brûler même avec sa mère. Il lui arrivait d’avoir la langue bien pendue, mais il connaissait les limites.

-Tu n’as pas à le blâmer à ma place, j’ai agi de mon propre chef du début à la fin. Il hésita un temps à poursuivre. Ma raison est la même que celle des autres que j’ai suivi mère, c’est une solide loyauté envers le seul héritier d’Outland. Mentit-il finalement. Massempo nous a sauvé tous les trois, et c’est une dette que nous n’avons jamais épongé. Alors… nous l'épongeons à travers celui qui ne lui a pas mis un coup de croc dans le dos avant de le tuer.

Si Hourasi entendait ça, il rirait la gueule grande ouverte tant il flairerait aisément l'hypocrisie. Soto lui-même ne croyait pas à ses propres paroles. Non, Hourasi n’était pas Massempo et il ne le serait jamais, il n’était qu’une pauvre copie et choisir entre lui et Tahani, c’était choisir entre la peste et le choléra. Il aurait pu se montrer en réel héritier de Massempo et Soto lui avait au départ laissé sa chance, mais lui et Fahari ont vu son incompétence bien rapidement et ils étaient toujours obligé de prendre des initiatives à sa place pour avancer et survivre. Il n’était qu’une andouille comme Tahani.

Mais il avait encore besoin de lui et de son troupeau de moutons qui ne le suivrait que lui seul. Pour l'instant.

Car il y avait une part de vérité dans les paroles du lion jaune, Tahani était bien la meurtrière de Massempo, et cela avait longuement fait de l’effet à Soto. Car le précédent roi d’Outland était la première et seule personne pour qui il avait éprouvé de l’affection en dehors de sa famille. Ainsi, il ne se considérait pas comme un véritable allié d’Hourasi, il se considérait comme un ennemi de Tahani et de ses sbires.

Pour poursuivre, Soto lâcha sa mère. Les mots ne pourraient pas se montrer aussi tendre que les gestes, et il ignorait s'il allait d'avantage blesser sa mère ou au contraire la rassurer. Mais il fallait lui dire.

-On t’as abandonné, tu n’as pas à en douter et à nous trouver toutes les excuses du monde. On l’a fait. Il ne baissa pas les yeux face à cet aveu, comme s’il n’en avait en rien honte. Si nous restions, c’était la mort pour nous et si tu nous suivais, c’était la mort pour toi. Des Outlanders sont morts de fatigue et de faim en errance, et nous nous sommes battus contre des hyènes par la suite, laissant à la fin une maigre poignée de survivants. Tu n’avais pas à vivre cela, mère.

Et les deux lions n’avaient pas non plus à la voir dépérir de la sorte. Cette décision fut la meilleure pour tout le monde, personne ne lui ôterait cette idée de la tête.

Qui restait-il en réalité chez Hourasi ? Eshina, Fahari, Duramo, Nadjaheya, Aresak, sa mère, l’autre fou qui mélange sa crinière à des brins d’herbe, et…finalement pas grand monde d’autre. Soto savait que sa mère n’aurait pas survécu à tous les problèmes que la troupe a rencontrés. Peut-être aurait-elle tenu le coup sous la protection des deux mâles de sa vie, mais Soto ne tenait pas à avoir un poids aux pattes dans ses mouvements en toute sincérité. Il n’avait pas questionné son père sur ce sujet mais il était presque certain que ce dernier n’en pensait pas moins.

La femelle ne comprenait visiblement pas ses choix et le blamâ ouvertement sur celui de l’avoir laissé ici. Il fallait si attendre, mais au moins elle ne tenterait pas vainement de le raisonner sans arrêt, au moins quelque chose qu'elle avait comprit, c’était plutôt une bonne surprise.

Le lion jaune appréciait quand ses mensonges étaient un tant soit peu crédibles, une telle promesse sur Outland ne dépendrait pas de lui, officiellement du moins, et la femelle devait le savoir. De toute manière, une telle issue était impossible. La naiveté de Zary était déconcertante et Soto était presque peiné qu’elle ne comprenne pas ce qui est en train de se passer.

-Si je te fais une telle promesse, y croira-tu sincèrement, Mère ? Cela ne dépendra que d’Hourasi. Je suis bien impuissant de décider d'une telle chose...

Et autant dire que des négociations, le prince en avait tentés suffisamment. Tous savaient qu’il n’y avait plus qu’un seul chemin possible.

-Justement. Je ne suis pas venu ici pour une simple visite. Tu le sais et je ne pense pas briser tes illusions en t’annonçant que nous ne pouvons pas revenir maintenant. Hourasi n’est pas prêt pour un retour et il ne le sera sans doute pas avant un moment. Si tu veux vraiment revoir Père alors… je t’emmène là où nous nous cachons. Mais à une condition, tu devras te plier à mes consignes et uniquement aux miennes.

Ni à celles d’autres Outlanders, ni à celles des Kulishas, ni à celles d’Hourasi. Soto lui faisait trop peu confiance pour lui confier la vie de sa mère. Il lui était trop peu obéissant et le lion doré craignait un semblant de chantage vis-à-vis d’elle qui pourrait provenir de sa part. Lui et Duramo devait empêcher qu’une telle chose se produise. Soto ne voulait laisser aucune faiblesse apparente sur lui.

-Premièrement, jamais tu ne devras sortir du lieu où nous vivons, personne provenant de l’extérieur ne doit t’y apercevoir. Deuxièmement, tu devras rester auprès de Père, et ne pas le quitter d’une semelle. Tu comprendras bien vite pourquoi je te demande une chose pareille, mais crois-moi, tu seras plus en sécurité auprès de lui dans le pire des endroits plutôt que seule à Outland très bientôt.

Cela faisait peur. Mais ce n’était que la vérité. Soto ne peut lui dévoiler les autres habitants du royaume marozis, pas tant qu’elle ne sera pas sur place. Ce qu’il y a au Royaume Marozis ne doit pas fuiter du Royaume Marozis, si la femelle refuse de s’y aventurer, alors elle ne doit pas savoir.

Mais Soto lui offrait la possibilité que son désir le plus cher soit exaucé, revoir sa famille entière. Le jeu en valait-t-il la chandelle pour elle ?

-Je ne te forcerais pas à me suivre, mais si tu acceptes alors il n’y aura pas de retour en arrière, tu ne pourras plus revenir auprès de Tahani. Prévint le lion jaune. Fais-moi confiance et viens avec nous. Viens avec moi.

En vérité, il n’avait pas attendu sa réponse avant de trop lui en dire. Mais il ne voulait pas qu’elle dise non. Il n’avait même pas osé songer à cette éventualité. Car non seulement elle serait toujours en danger sur Outland mais elle serait également une ennemie et donc une cible à abattre pour le camp d’Hourasi. Comment Soto pouvait imaginer une situation pareille ? Il a bien dit qu’il ne la forcerait pas à le suivre, mais il en aurait très certainement envie si cela devenait nécessaire. Pour son bien. Car il a toujours agi pour son bien, contrairement à ce qu’elle peut en penser.

Elle venait de faire son choix. Le bon choix. Soto se rassura de voir sa mère loyale envers son propre sang. Dans la famille, ils l’étaient plus ou moins tous, la preuve pour le lion jaune avec cette escarpade nocturne. Il n’oubliait pas ses propres objectifs, mais pas au point de piétiner sa famille au passage. C’était l’une des rares voire seules fois où il lui arrivait de faire des efforts pour autrui sans aucune attente derrière.

Une famille auprès de soi pouvait être un poids, mais une famille loin de soi était une torture.

Car c'est seulement à l'instant de la quitter que l'on mesure son attachement à elle. Il n'en a jamais parlé mais il l’a vu, il l’a senti pendant des mois. Il s’était même parfois demandé si Fahari ressentait les mêmes choses, vis-à-vis de Valaka. Mais… peut-être voudra t-il aller lui-aussi la chercher, si elle est bien sûr capable de se montrer aussi docile que Zary. Soto en fit la réflexion en ignorant que la femelle n’était déjà plus de ce monde. Mais en réalité, c’était mieux ainsi. Plus longtemps le Jangowas ignorera cette triste nouvelle, et mieux il se portera.

Tandis que la mère de Soto venait de donner sa réponse, des bruits commençaient alors à se rapprocher. Des Outlanders qui venaient prendre leur poste aux frontières. Ni Zary ni Soto ne devaient se faire repérer maintenant, l’heure était venu pour le départ.

-Partons avant de se faire voir.

Il reviendra très bientôt avec Fahari, comme convenu de toute manière. Cette terre ne lui manquera pas bien longtemps. Tout autant que ses habitants.

Et ensemble, les deux enfants de La Foudre disparurent dans la nuit pour se diriger au fin fond du Royaume Marozis. La famille était réuni.

Citation :

Mini rep’ histoire de conclure, merci pour le rp ! o/ Je te laisse poster une dernière réponse si tu le souhaites, sinon tu peux allez directement demander les points. ^^ En ce qui concerne le changement de clan, Zary doit en toute logique passer « Voyageur » puisqu’elle est parti d’elle-même d’Outland sans y être exilé, je te laisse faire la demande ici : http://www.the-lion-king-rpg.com/t361-demande-de-changement-de-groupe-clan?highlight=changement