Hassun trottinait calmement, savourant silencieusement le contact du sable chaud avec ses pattes bien que son visage neutre n’affiche pas cet état de plaisir. En vérité ça faisait un petit moment qu’il cherchait quelqu’un sans pouvoir mettre la patte dessus et ça commençait à devenir incroyablement long.

Le petit lionceau gris avait décidé de laisser son frère se battre avec d’autres lionceaux – ce dernier n’ayant pas manqué de faire remarquer à Hassun qu’il perdait inutilement une journée d’entraînement. Haussant les épaules, il avait rétorqué qu’il pourrait avoir l’intelligence de demander à sa sœur.

D’ailleurs c’était elle qu’il cherchait dans tous les sens sans pouvoir la trouver. Son regard allait de droite à gauche, se posant sur plusieurs lions. Peut-être pourrait-il demander à l’un d’entre eux ! Mais alors que cette idée semblait si brillante, le regard d’Hassun vint se figer sur un lion de sables : Jen. Idée scabreuse en fait, il se résigna et se détourna en grimaçant. Ce lion là, son père ne l’aimait pas, sa mère encore moins et il inspirait une sorte de méfiance irrationnel à Hassun. Saleté de lion au regard lubrique.

Ses oreilles se dressèrent et bien que la neutralité de son visage n’exprima rien de plus, il se mit à accélérer le pas, trop heureux d’avoir enfin trouvé sa sœur. Mais… C’est qu’elle marchait vite ! Fronçant les sourcils, le petit lionceau brisa son petit masque alors qu’il tentait de rattraper Kaya. Voyant que la rattraper tout de suite serait difficile, le lionceau se risqua à l’appeler :

« Kaya !  »

Pas certains d’avoir été entendu, Hassun consentit à gaspiller un peu plus de force et passa d’un trot rapide à un petit galop. Il était arrivé au niveau des pattes arrières de sa sœur et il ré-essayé, cette fois certain qu’elle l’entendrait :

« Kaya, attends, tu marches trop vite !  »

Hassun n’était qu’une petite boule de poils, elle pouvait bien faire l’effort de ralentir cinq minutes. Et puis c’était son frère, pas un membre lambda du clan qui l’interpellait pour la raison la plus stupide au monde. Hassun n’était pas stupide. D’ailleurs une petite idée lui vint à l’esprit. Il força un peu plus sur ses petites pattes et se planta pile sur la trajectoire de sa sœur :

« Tu comptes pas m’écraser quand même ?  »

C’était triste de se dire qu’Hassun était déjà habitué aux sautes d’humeur de sa sœur mais de là à entendre clairement un grondement sortir de sa gorge… Le lionceau ne s’était pas attendu à ce genre de réaction et voulait vraiment savoir le pourquoi. Mais pas maintenant, ce n’était pas une bonne idée, tout ce qu’il récolterait seront probablement des injures mêlées à tout le mépris dont sa sœur pouvait faire preuve. Ce n’était pas une Jangowas pour rien !

Le petit lionceau gris se trouvait être très admirateur de sa sœur malgré tout, elle s’entraînait plus que n’importe qui. Il était certain qu’elle pourrait même défier un mâle sans problèmes un jour. Malgré la réaction de sa sœur, Hassun resta bien campé sur ses positions et ne broncha pas. C’était dur mais il savait qu’en tenant tête à sa sœur et qu’en lui montrant qu’il n’était pas juste un… :

« Qu'est-ce que tu me veux microbe? Où est le morveux numéro deux? »

Ouais voilà, un microbe. Heureusement, c’était la seule à pouvoir l’insulter de la sorte sans qu’il ne se vexe trop, bien qu’il soit touché par ce genre de propos. Faisant mine de s’étonner et de ne pas savoir de qui elle parlait, le lionceau enchaîna :

« Hanska ? Il s’entraîne avec les autres. »

Il avait bien appuyé sur le nom de son frère. Ils n’étaient pas des chiffres, pas seulement des morveux, encore moins des microbes. Ils étaient ses frères et Hassun avait la ferme intention de lui prouver qu’il n’était pas qu’un moins que rien et que lui aussi pouvait être fort comme les autres. Bon, du haut de ses six mois, le lionceau en avait conscience, cela n’allait pas si simple, mais il en avait bien l’ambition.

« Je voulais te voir. Te parler. J’ai pas le droit ? »

Ou l’art et la manière de commencer en douceur pour ne pas se faire enterrer vivant dans le sable. Hassun respectait le Grand Désert mais ne tenait pas à finir dans un tombeau. Mais l’air sévère de sa sœur lui avait déjà donné réponse à sa question, il n’était pas idiot. Il se recula un peu mais resta toujours devant elle.

« Je voulais aussi te demander quelque chose. Mais ça attendra ! Je sais que tu diras non pour le moment. »

Malin p’tit lionceau. Enfin peut-être, si ça se trouve ça sœur serait plus ravie de la situation et ne demanderait pas à en savoir plus. Continuant son discours comme si de rien n’était :

« Mais j’espère qu’un jour tu diras oui ! Parce que, Papa, il dit que t’as fais des progrès quand même ! »

Dans un sens, Hassun espérait pouvoir briser ce visage si sévère de sa sœur, pas aller jusqu’à voir un sourire, mais au moins autre chose que du mépris, du dégoût, de la colère…

« Je peux rester avec toi ? »

Le choix ? Bien sûr qu’elle l’avait mais Hassun ne préféra pas lui dire, sachant pertinemment qu’elle prendrait ça à son avantage et que ça ne ferait qu’échouer sa tentative de passer du temps avec sa sœur. Mais un petit sourire vint se figer sur son visage – même l’appellation « minus » lui était passé au dessus de la tête. Dans un sens elle n’avait pas tort, on pouvait bien dire qu’Hassun était particulièrement et ridiculement petit en comparaison à Kaya bien que cette dernière n’ait pas atteint sa taille adulte.

«  Oh, non pas que cela m'inquiète réellement mais... Évite de t'éloigner, je doute que maman ne soit ravie d'apprendre que tu t'es perdu en chemin. »

Le lionceau hocha vivement la tête et s’attela à suivre le rythme imposé par la lionne. Si elle, elle n’avait pas le choix quant à la présence d’Hassun, ce dernier devait faire des concessions sur certains niveaux lui aussi. Et puis ça lui ferait les pattes !

«  Et puis d'abord, qu'est-ce que tu sais de ce que papa pense? »

Surpris par la question et le soudain intérêt de sa sœur pour ce qu’il avait osé dire, le lionceau avait marqué un temps d’arrêt de quelques secondes. Conscient qu’il allait se faire distancer et qu’elle n’attendrait pas après lui, il trottina vivement pour rattraper le peu de retard qu’il avait pris avant de répondre :

« C’est lui qui me l’a dit. »

C’était assez logique quand on y pensait, comment aurait-il pu savoir autrement ? Si Hassun n’était pas aussi intelligent que ça sœur aurait pu le penser eh bien elle… elle n’était pas aussi futée qu’elle en avait l’air. Mais le lionceau gris se garda bien de faire une telle remarque à son aînée. Il reprit son discours pensant que ça pouvait l’intéresser :

« Papa, il dit que tu restes pas souvent avec nous parce que tu t’entraînes. Alors tu progresses. C’est normal de progresser quand on s’entraîne. »

Mais ce n’était qu’à moitié vrai. Mais Hassun ne s’en formalisait pas autant que ses parents. Enfin surtout sa mère qui le vivait de moins en moins bien. Il ne comprenait pas. Hassun était très content d’avoir une grande sœur, l’inverse aurait dû être similaire. Curieux il demanda :

« Dis Kaya, tu fais quoi pendant tes entraînements ? »

La question n’était pas idiote et désintéressée, loin de là. Hassun était vraiment curieux d’en apprendre davantage sur ce qui occupait tant les journées de sa sœur. En plus, il espérait que l’intérêt qu’il montrait rendrait sa sœur moins… Désagréable ? Enfin qu’elle comprendrait qu’il n’était pas un simple microbe du désert.

Le lionceau avait envie de répliquer qu’il n’était pas un menteur et que ce n’était pas là le fruit de son imagination mais il s’en garda, pensant que sa sœur n’en ferait qu’à sa tête et ne l’écouterait pas. Il se renfrogna un peu quand elle traita de vautour, fronçant un peu des sourcils mais prenant sur lui. C’était beaucoup demander à Hassun, mais il garderait sa rancœur pour un autre jour.

« Je suis une guerrière, alors, j'apprends à me battre. Angani est ma mentor, mais il ne m'a pas fallut attendre son intervention pour comprendre que je ne voulais pas être au plus bas de la hiérarchie. Contrairement à ce qui te sert de frère, je me suis toujours battue pour être la meilleure. Et pas en me roulant dans le sable comme un vulgaire fennec.  »

Hassun voulait répondre mais il ne savait pas réellement par où commencer et puis sa sœur n’avait pas l’air d’en avoir terminé, elle en avait même ralenti le rythme ce qui permis à Hassun de rendre sa course un peu moins pénible même si elle ne l’entendrait jamais se plaindre. Il ne lui ferait pas ce plaisir.

« Tu es un lionceau, un mâle qui plus est. Tu as tout ce que tu veux en claquant des griffes. Ce n'est pas mon cas. Pour survivre dans le désert, il faut être prêt à toute éventualité. Donner le meilleur de soi-même en toutes circonstances. La vie n'est pas un jeu, dans le désert c'est se battre ou mourir.. Et en aucun cas je ne ferai partie de la seconde catégorie.  »

Tout ce qu’il voulait en claquant des griffes ? L’épreuve de l’exil était une manière de prouver sa valeur au clan mais penser qu’il y mourrait sûrement n’était pas réellement ce qu’il voulait. Mais il n’y était pas encore et avait encore le temps de se préparer. Par contre, avec tout l’égocentrisme dont faisait preuve sa sœur, il n’était pas certain de pouvoir en arriver à lui demander ce qu’il voulait. Encore moins à espérer qu’elle accepte.

Elle reprit son pas rapide comme si la colère guidait chacun de ses mouvements. Alors Hassun accéléra mais ne se tût pas pour autant, il allait peut-être se montrer blessant mais après tout, elle n’en avait pas fait autant ?

« Je suis peut-être un mâle mais j’ai pas tout ce que je veux en claquant des griffes. Ma grande sœur veut pas de moi et ça je l’ai pas voulu. Je suis pas un idiot, je vois bien que tu m’aimes pas et ça, je l’ai pas demandé ! »

Petite boule de poils qui trouve ça injuste, ce n’était rien de plus qu’un enfant pour le moment avec une sorte de fierté mal placée qui avait accumulé tous les mauvais surnoms de sa sœur jusqu’à finalement sentir qu’il devait évacuer. Il avait accéléré encore plus qu’il ne l’aurait voulu, se maintenant au niveau des pattes avant de sa sœur :

« En plus, c’est débile ce que tu dis. Shabel elle est à moitié Jangowas et c’est une femelle et pourtant elle a tué Vako ! T’as qu’à faire pareil. »

Il ne réalisait pas réellement que c’était impossible mais ne doutait pas vraiment des capacités de sa sœur. Sous le coup de la colère peut-être il ajouta :

« Et j’suis pas un menteur. Papa me l’a vraiment dit. Mais si tu penses tout ce que t’as dis c’est peut-être qu’il a tort. »

Son pas se faisait de plus en plus pressant, en fait on aurait pu croire qu’il s’était engagé sur un petit galop. Il ne s’en rendait même pas compte et il continuait de débiter des paroles qui seraient sous doute jugées stupides aux yeux de Kaya, mais un enfant ne peut pas résonner comme un adulte :

« En plus, c’est pas parce que t’es une femelle que tu dois t’en plaindre, ça t’empêche pas de faire tout comme les mâles d’abord. »

Il était vexé et pensait qu’au fond sa sœur ne faisait que s’enfoncer dans un stéréotypes en pensant ainsi. En bref, elle ne voyait que ses petits problèmes à ses yeux et ça l’empêchait d’avancer. Son entraînement ne résolvait rien. Il grommela :

« Et dire que je voulais que tu m’apprennes... »

Si le lionceau s’était attendue en effet à une réaction de la part de sa sœur, il ne s’était pas attendu à une telle violence de sa part mais au moins elle crachait enfin le morceau et par le Grand Désert, c’était pas trop tôt. Mais la suite, eh bien il ne l’avait pas prévu du tout et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le petit mâle argenté se retrouva propulsé sur le sol, le dos frappant le sable fin et à peine il voulut se redresser que sa sœur l’en empêcha.

Bien qu’elle semblait ne pas appuyer si fort que ça, Hassun savait que sa cage thoracique n’était pas nécessairement faite pour supporter une telle pression mais il ne cessait de gesticuler malgré la pointe de douleur.

« Kaya, lâche moi ! »

Hassun tentait de soulever la patte de sa sœur mais en vérité, ses petites pattes de lionceau ne faisaient que glisser sur celle de l’adolescente – il lui arrivait même de donner des coups dans le vide. Gémissant, ses sourcils froncés, il tentait vainement de s’en sortir jusqu’à épuiser plus d’une fois son souffle.

« M'avoir volé ma vie ne te suffis donc pas?! Insolent! Tu ignores tout de la vie, tu ne sais pas ce que c'est de voir chaque jour la déception dans le regard de son père! De tout faire depuis toujours pour le rendre fier, et le voir te remplacer comme un vulgaire déchet par deux boules de poil qui auraient du crever dans la tempête qui les a vu naître!! »

Alors voilà ? La simple naissance de lui & de son frère. Enfin, ce n’était pas si simple que ça finalement au yeux de Kaya et plus elle parlait plus on se demandait qui se plaignait le plus ici. Parfait, lui ? Preuve en était que non puisqu’aux yeux de sa sœur il pouvait être considéré comme la dernière larve du désert. Il sentit la pression se relâcher et pu enfin se relever, s’ébrouant au passage pour enlever les grains de sables.

« Tu souhaites que je t'apprenne quelque chose? Commençons. Leçon numéro un, ne t'avises plus jamais de me regarder de haut si tu tiens ne serais-ce qu'un peu à la vie. Maintenant, pars. Retourne te cacher entre les pattes de ton père avant que je ne change d'avis et décide de me montrer moins clémente. »

La regarder de haut ? Hassun aurait bien voulu rire à cette remarque mais su d’avance que c’était la pire idée de la journée après avoir provoqué sa sœur. Cette dernière manœuvre était d’ailleurs à la fois le coup de la colère du lionceau mais aussi délibérée. Sa respiration était encore saccadée et son petit cœur battait à toute vitesse. Dire qu’il n’avait pas eu peur ce serait mentir mais il le cacha le plus possible.

« Ne te perds pas surtout, ce serait dommage.. »

« Pff. »

Plus fort que lui mais que voulez-vous, on ne se refait pas. Mais le lionceau n’en avait pas terminé et il ne comptait pas obéir gentiment à sa sœur. Aussi il finit par ouvrir la bouche :

« C’est bon ? T’as vidé ton sac, tu t’sens mieux ? »

Il se replaça devant Kaya, montrant sa détermination et son entêtement, il avait de qui tenir et c’était un trait partagé dans la famille. Peut-être trop…

« Je suis désolé d’être né. Mais ça non plus, je l’ai pas choisi. C’est pas à moi que tu dois en vouloir. »

Il reprit le chemin qu’il suivait initialement, bien qu’il n’était pas certain qu’il conduise réellement quelque part. Son rythme était plutôt lent pour le moment jusqu’à ce que sa sœur reprenne peut-être le rythme imposé par tout à l’heure. Il n’était pas question qu’il retourne dans les pattes de ses parents, il n’était pas non plus question que l’un ou l’autre entendent parler de cette histoire. Aussi Hassun changea totalement de sujet. Curieux et montrant que malgré tout il avait été à l’écoute, il demanda :

« Dis Kaya, tu comptes vraiment partir en exil ? Tu défiera Shabel quand tu reviendras ? »

Il n’était pas non plus question qu’il abandonne son infime espoir de pouvoir un jour s’entendre avec sa sœur. La famille c’est sacré.

Visiblement, Hassun avait réussi pour le moment à s’épargner une nouvelle gueulante de sa sœur et il retint un petit soupir de soulagement. C’était agaçant de se prendre la tête avec elle et encore plus quand on sait à cause de quoi. Elle avait semblé percuter d’ailleurs, prendre conscience et l’espace d’un instant, Hassun pensa qu’il pourrait être réellement comme frère et sœur. Mais il n’y songea qu’un vague moment, sachant pertinemment que c’était pas demain la veille que sa sœur allait changer d’avis sur lui. Tant pis, il saurait se montrer patient.

«  Bien sure que je partirai. Hors de question de rester comme les autres idiotes à attendre le prince charmant! Ce n'est pas comme ça qu'elles deviendront des guerrières.. Il faut faire ses preuves, montrer au désert qu'il peut avoir confiance en nous. »

En réalité, il ne comprenait qu’à moitié. Bien sûr il savait que la fierté de sa sœur jouait un grand rôle dans ce désir de partir faire son exil mais est-ce que c’était seulement pour ça ? Devenir une guerrière ? Angani était une guerrière et pourtant elle n’avait pas fait d’exil, si ? La question resta en suspend dans sa tête, songeant qu’il avait déjà bien trop importuné sa sœur à ce sujet. Quant à Shabel… Il ne put qu’approuver sa sœur d’un hochement de tête.

Cependant, dans sa tête de lionceau et de fier Jangowas au sang pur, des questions persistaient autant que des doutes et ça il pouvait en parler, surtout qu’ils étaient maintenant loin des oreilles indiscrètes :

«  Dis Kaya, elle a fait comment pour gagner ?  »

Songeant qu’il n’était peut-être pas très clair dans sa demande il ajouta :

«  Je veux dire… Les Jangowas sont les plus fiers guerriers, nous sommes les meilleurs et c’est grâce à notre sang. Comment est-ce qu’une impure a pu gagner contre l’un des nôtres?  »

Probablement que tout ça devait être truqué, il ne voyait que cette solution et pourtant il n’était pas certain de pouvoir le dire à haute voix sans se prendre une remarque désobligeante. Mais c’était vrai. Personne d’impur ne pouvait prétendre être plus fort qu’un serviteur du désert. Bien éloigné de la vérité sans le savoir, Hassun ne connaissait pas les véritables origines de la force de Shabel. Peut-être que sa sœur non plus. Aussi, il osa quand même braver sa question interdite :

«  Tu crois qu’elle a triché ?  »

Si c’était le cas, malheur à elle et que le Désert soit impitoyable !

« Mais bien sure ! Cette sale sang mêlée a profité de la faiblesse de notre empereur ayant vaillamment combattu ce traître d'Hatari..  »

Il fallait dire qu’Hassun ne s’y attendait pas, sa réaction fut marquée par la surprise et il arqua un sourcil. Sa sœur lui donnait raison ? Vraiment ? Il secoua la tête passant sa stupeur pour analyser le reste des propos de sa sœur. Profiter de la faiblesse de l’Empereur après son combat contre Hatari ? Sans doute mais il devait y avoir autre chose, c’était obligé ! Hassun ne saurait se contenter de ce simple argument, c’était trop simple. Quoique le simplet est juste à la portée de l’esprit de Shabel, il fallait pas trop en demander à une impure et sa lâcheté était flagrante maintenant.

«  Sois en sur Hassun, le Désert lui fera regretter cet affront envers les notres.. »

Le lionceau gris hocha la tête d’un air entendu – le Désert savait punir les impures, les lâches et les faibles. Seuls les plus forts, les véritables Jangowas pouvaient survivre, c’était une règle absolue et même Shabel n’y dérogerait pas. Le Désert avait déjà été bien clément de la laisser vivre jusqu’ici. Peu importe, bientôt elle ne serait plus de ce monde et le titre reviendra à quelqu’un de bien plus méritant, Hassun en était persuadé.

Lorsqu’elle lui suggéra de rentrer, le lionceau ne fit pas la forte tête et resta auprès de sa sœur sans broncher. Il avait assez défi l’autorité de l’adolescente pour aujourd’hui et se risquer à continuer la marche pour parler davantage ne ferait sans doute que l’irriter. Aussi, il ne tenait pas à être réprimandé par ses parents pour avoir été un peu trop loin et rentrer tard. Les bêtises c’était du domaine d’Hanska.

Pendant tout le trajet du retour – qui ne fut pas bien long – Hassun avait gardé un petit sourire collé sur ses babines et jusqu’à la fin il ne brisa pas le silence. Ce n’est que lorsqu’il commença à apercevoir leur mère qu’il se tourna vers Kaya afin de lui adresser une dernière phrase :

«  Merci de m’avoir appelé Hassun.  »

A la fin de ses mots il trottina pour rejoindre les pattes de sa mère et sûrement s’octroyer le luxe (ou pas) d’un bain. C’était peut-être idiot de la remercier pour ça mais se faire appeler microbe et autres surnoms bien rabaissant atteignait le petit lionceau gris, lui sa fierté et sa susceptibilité. Alors oui, pour une fois être appelé par son prénom, ça faisait du bien. Surtout quand ça venait de sa sœur.

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