Cela faisait maintenant de nombreux jours que les trois lions avaient décidés de vivre en marge du reste du clan. Au début, cela avait été un peu difficile pour moi de trouver ma place aux côtés du père et de sa fille mais ce n’était plus le cas désormais. Le fait d’avoir grandies ensembles et cette proximité au quotidien avaient contribués à une entente parfaite entre Chimwe et moi. Aussi, lorsque nos regards se croisèrent, je compris instantanément qu'il était temps d’aller patrouiller autour de notre petit campement.

Je me levais donc, m’étirais, puis emboitait silencieusement le pas de Chimwe. Au bruissement d’ailes qui se fit entendre, je comprenais qu’au moins un des vautours avait décidé de nous suivre depuis les airs. Je ne m’en formalisais pas. Après tout, Kaïad se reposait et il fallait bien que quelqu’un veille sur nous le temps de cette patrouille. Sans aucune concertation, nous prîmes des chemins opposés, ceci afin de couvrir le plus de distance possible en un temps moindre.

Après de longues minutes à parcourir les alentours de notre campement, je soupirais. Il n’y avait rien de bien intéressant aujourd’hui encore. J’avais bien cru apercevoir une silhouette au loin mais la forme s’était vite dissipée et impossible de dire s’il s’agissait d’un mirage ou d’un adolescent en exil.

Revenant à mon point de départ, j'apercevais Chimwe qui m'attendait déjà. Apparemment, rien à signaler de son côté également. Enfin, nous terminâmes notre inspection en allant jeter un coup d’œil à la position du reste du clan. Si nous avions décidé de nous en éloigner, hors de question que celui-ci nous tombe dessus parce que nous nous étions trop prélassés.

Quelle ne fut pas notre surprise lorsque l'on remarquait qu’ils étaient déjà en mouvement et qu’ils se rapprochaient dangereusement de nous. Je lâchais un juron en même temps que mon amie avant de retourner vers le maître des vautours.

Nous le trouvions exactement à la même place que lorsque nous étions parties, toujours somnolant. Je secouais la tête avant de m'adresser à mon amie.

" Réveille ton père et rejoignez moi au plus vite.

- Te rejoindre ? Que comptes-tu faire ?

- Je vais essayer de trouver notre prochain abri", lui répondis-je alors que j’étais déjà en train de m’éloigner.

Je connaissais le chemin à emprunter car nous faisions toujours le même. Cependant, c'était la première fois que j'allais m'y rendre seule. Je prenais donc toutes les précautions nécessaires, autant pour ne pas tomber sur un quelconque danger que pour ne pas me perdre.

Alors que je venait à peine de me mettre en route, un cri strident fendit les airs. Il s'agissait d'un vautour, aucun doute là dessus. Cela faisait maintenant suffisamment de temps que je vivais auprès d'eux pour apprendre à reconnaître l'appel de l'un d'eux. Je fis donc demi-tour et accélérais l'allure, ce cri pouvait signifier tellement de choses... J'espérais simplement que rien de facheux n'était arrivé.

J'arrivais sur les lieux en quelques secondes et le spectacle qui s'offrit à moi n'était guère engageant. Un petit troupeau d'oryx encerclait l'un des vautours et s'acharnaient à essayer de l'embrocher. Ce dernier n'avait apparemment pas respecté le deuil de la famille et se retrouvait maintenant dans une position délicate. C'est alors que je remarquais Kaïad et sa fille, à l'exact opposé de l'endroit où je me tenais. Et c'est aussi dans cette direction que l'une des antilopes chargea, au même moment où je poussais un grognement. J'ignorais si j'en étais à l'origine mais une antilope plus âgées stoppa sa jeune congénère. Nous étions donc bloqués dans cette situation. Les oryx tentant d'empaler le vautour et nous essayant de le tirer de là.

De mon côté, je ne savais absolument pas quoi faire. Notre disposition actuelle permettait d'encerclait le groupe d'antilopes désertiques mais je ne savais pas ce que comptait faire Kaïad. Les attaquer, au risque d'être blessés ou tenter une solution plus diplomatique ?
J'optais finalement pour la deuxième décision et entamait un arc de cercle, à distance respectable des oryx, afin de rejoindre le grand lion blond et mon amie. Une fois à leur hauteur, je posais la question qui allait décider de la suite des évènements.

" Alors, que fait-on ? "

HRP: