Errant nonchalamment comme à son habitude, Vita avançait d'un pas tranquille, voir un peu traînant. L'ennui. Il s'ennuyait. Que faire sur la Lande sans personne pour divertir un peu ses journées ? Que faire ? Vita stoppa un instant sa marche et observa un peu les environs d'un regard las, pas un lion à l'horizon. Pas une hyène. Pas une quelconque bestiole. Mais qu'avait-il fait pour mériter un tel abandon - ahah- ? Vita songeait sérieusement à aller poser ses pattes sur Outlands pour rendre visite à sa sœur et Ràna quand une fine brise lui apporta une odeur. Une odeur de lion. Un mâle. Un sourire mauvais se dessina sur ses babines et l'Enfant du Feu suivit la senteur tranquillement, sans vraiment se presser, faisant mine de simplement passer par-ici.

Il aperçut en effet un animal gris et dénué de crinière. Heh. N'avait-il pas sentit une odeur forte de mâle pourtant ? Les lions sans crinière existaient ? Qu'était cette étrange sorcellerie ? Vita fronça un peu ses sourcils puis approcha d'un pas tranquille, les prunelles plissées. Le bout de sa langue claqua contre ses dents et il s'arrêta non loin de l'inconnu, un petit sourire moqueur au coin des babines.

« Mais qu'avons-nous là. Une jolie princesse. »

Fit-il en connaissance de cause. Bien sûr qu'il avait un mâle sous les yeux mais l'instinct moqueur de Vita était tel qu'il ne pouvait guère retenir cette pique évidente. Pique que ce lion-là avait déjà dû entendre de nombreuses fois. Mais qu'importe ! Vita s'assit, le poitrail gonflé, le menton haut.

« Alors, t'as oublié ta crinière quelque part ? On dirait un vautour déplumé. »

Vita avait braqué ses prunelles orangées sur le lion gris, cherchant ouvertement le conflit. Il avait déniché là un bon moyen de s'extirper de son ennui.

Dans un sourire mauvais, Vita répondit, l’œil luisant d'amusement.

« Il faut croire que mes propos s'accordent avec mon interlocuteur. » Déclare simplement le pourpre, à présent assit sans peur face au lien dénué de parure. En somme, il lui retourne ses dires contre lui, voyant bien que le gris avait un instant, même bref, été agacé par ce diminutif de vautour déplumé. Vita, poitrail toujours un peu bombé, mima avec ironie une révérence pourtant bien effectuée.

« L'honneur de parler au grand Vita, seigneur de Rien et Maître d'aucune terre. »

Baroudeur, hors-la-loi, vagabond, voyageur... On pouvait l'appeler par tout et n'importe quoi mais ces mots étaient pourtant plutôt bien adaptés. Le mâle à l'épaisse crinière toisa un peu son interlocuteur, le minois dédaigneux. Il leva une patte et la fit tourner un peu, l'air de chercher ce qu'il avait face à lui, un coin de lèvre un peu remonté.

« Et tu es quoi ? » Fit Vita en reposa ses orbes enflammées sur son interlocuteur, comme s'il cherchait encore quel animal il avait face à lui. Ah, si le lion gris avait tenté de changer de sujet, il fallait croire que le fils de Jakko était tenace. Il avait choisit son passe-temps et ne le laisserait pas lui filer entre les doigts !

Vita eut un sourire profondément mauvais. Un léger rire saccadé s'échappa d'entre ses babines tandis qu'il rejetait un peu la tête en arrière, l'air sincèrement amusé de la réaction du lion grisâtre. Qu'il avait une drôle de dégaine ! On ne voyait pas cela tous les jours, c'était évident, Vita ne pouvait donc pas lâcher cette cible de sitôt.

« Si je le demande, c'est justement que la réponse n'est guère évidente. Tu es le fruit d'un croisement drôlement raté, mon pauvre. » Argua l'Enfant du Feu d'un ton moqueur, toisant de haut en bas le gris. Le pourpre secoua la tête comiquement, exagérant son désarroi face à ce qu'il avait en face de lui, comme s'il était vraiment désolé pour son interlocuteur aux yeux améthystes. « Un clan ! Quel ennui, enfin ! Moi, je viens d'ici. » Fit-il, levant le nez levé, observant un peu les environs.

« Et puis, de nul part. » Il avait braqué ses prunelles de braises sur Banguko, l'air mutin mais au fond, vraiment amusé. Un Clan. Quel genre de Clan pourrait garder un membre comme lui dans ses rangs ? A la limite, des Jangowas mais Vita n'avait rien d'un Jangowa physiquement. Il était sang-pur des Terres de Feu, fils de celui qui avait prit par la Force et de celle qui avait Fuit. Mais aussi originaire de ce lieu, de cette Lande qui l'avait toujours suivit, l'ayant vu grandir, l'ayant abrité, ayant été témoin de ses multiples bêtises et escapades.

« Je ne te demande pas de quel Clan tu appartiens, qui voudrait d'un... raté de la nature comme toi ? » Fit Vita d'un air suffisant. Lorsqu'il disait raté, il parlait bien évidemment physiquement, à ses yeux, Banguko n'avait pas l'air de grand-chose. Mais au fond, le pourpre se fichait bien de l'apparence de son interlocuteur, il souhaitait simplement voir s'il finirait pas en avoir assez de ses remarques

Vita eut un rire franchement moqueur lorsque son interlocuteur se redressa, présentant sa hauteur sensiblement plus haute que celle de bon nombre de lions. Sérieusement, est-ce que ce gris pensait vraiment impressionner Vita parce qu'il était plus grand que lui ? Le pourpre n'était certes pas spécialement grand, il était loin d'être le plus musclé des lions du coin mais il y a une chose qu'on ne lui retirerait jamais : son acharnement, sa fourberie et ses coups bas. Vita n'avait pas d'honneur au combat et usait de milles et uns stratagèmes apprit durement, forgé sur les chemins, forgé en observant, en pratiquant. Par ailleurs, il pouvait se faufiler aisément mais surtout, son adversaire avait un désavantage de taille : il n'avait pas de crinière. Sa jugulaire était à découvert et sa nuque également, Vita aurait tôt fait de l'enfermer entre ses crocs pour en finir. Ainsi, riant au nez du dénommé Banguko, le rouge mima essuyer une larme au coin de son œil.

« Vraiment ? Tu crois que je fermerais mon clapet pour la simple raison que tu es plus grand et un peu plus musclé ? Si tu comptes seulement sur ça mon petit, tu auras de belles surprises. »

Fit Vita, scrutant secrètement les alentours. Le pourpre savait pertinemment qu'un mauvais coup était vite arrivé, mieux valait donc toujours prévoir une solution de fuite. Finalement, il posa sur le gris un air profondément ennuyé, fronçant un peu ses sourcils et faisant claquer le bout de sa langue contre ses crocs aiguisés. « Je n'en ai, honnêtement, pas grand-chose à faire du comment du pourquoi tu as été chassé. » Soupira le suffisant Enfant du Feu, roulant des yeux théâtralement. Puis, un soupire, observant de côté le croisé.

« Ennuyeux. Je n'ai que faire des ces disputes, chamailleries et gamineries incessantes, ces histoires de trônes, de succession, de descendances... Ah, rien que d'en parler, mon poil s'hérisse. » Cela devrait certainement suffire à son interlocuteur pour qu'il se fasse une petite idée sur la question !

Vita eut un rire intérieur, Banguko tentait-il de l'agacer en le traitant d'idiot ou, depuis tout à l'heure, en essayant de souligner son pseudo manque d'intelligence ? Oh, il fallait bien plus que cela pour agacer Vita. Il était passé Maître dans l'Art de l'Indifférence, se fichant pertinemment de ce que les autres susurraient sur son compte.

« Mais enfin mon cher, je ne dis pas que vous comptez uniquement sur cela, j'ai bien énoncé un petit si. N'est-ce pas ? Et puis tuer, tout de suite les grands mots, mon brave ! Par ailleurs, sachez que pour avoir passé ma vie à agir de telle manière, j'aurais pu périr mille et une fois, posez-vous la question... Suis-je si peu malin pour faire de telles analyses sans prendre en compte d'autres éventualités ? » Vita avait parlé à l'instar d'un noble, l'air faussement offusqué d'avoir ainsi été victime de fourvoiement. Il avait même usé du vouvoiement pour, évidemment, amplifier un peu la moquerie, le pourpre vouvoyait très rarement, avoisinant même le jamais. La politesse, il n'en avait évidemment cure, à moins d'être dans un bon jour ou de manigancer un mauvais coup !

Fronçant légèrement ses sourcils, Vita perdit son sourire faussement agréable pour paraître quelque peu ennuyé. Ah, décidément, ce Banguko essayait absolument de lui faire tenir une conversation plus normale, c'était presque agaçant. Soupirant légèrement, l'Enfant du Feu se gratta la joue droit d'une griffe, observant un peu le sol rougeâtre. « Fantastique, nous avons un point commun, tu désires le fêter ? » Répliqua Vita, jamais à court de quelques piques épicées. De nouveau, un sourire mutin aux babines. Il souhaitait tellement voir jusqu'où Banguko serait suffisamment patient pour laisser couler les moqueries, les taquineries et la mauvaise langue dont il faisait preuve.

Aussi fourbe que lui ? Aimant autant se complaire dans le conflit ? Cherchant les embrouilles, cherchant à voir les autres exploser de colère, vouloir sa mort ? Le pourpre eut un doux sourire aux babines, posant ses prunelles de braises sur le croisé Nordique, l'observant longuement. Mais Vita se doutait bien que son oncle avait été doué dans l'Art de la Fourberie, il avait entendu parler de certains de ses actes en laissant ses oreilles traîner. Par ailleurs, l'Enfant du Feu se doutait bien que son propre père n'était pas un enfant de chœur.

« Il ne me semble pas. Cependant... » Il laissait planer le suspens, se redressant et marchant un peu autour de Banguko comme l'aurait fait un charognard, un rapace, l’œil braqué sur son interlocuteur. Il semblait le toiser de bas en haut, de gauche à droite, l'air observateur puis, un air à mi-chemin entre l'agacement et l'arrogance se peignit sur son faciès détestable. « ... J'ai rarement vu quelqu'un d'aussi ennuyeux que toi. » Soupira t-il avant de s'éloigner de quelques pas, secouant comiquement la tête d'un air faussement désolé.

« Je vais donc te laisser te complaire dans celui-ci, hm ? » Déclara le vagabond à présent dos à Banguko, la tête de profil par rapport à lui afin de l'observer. Ah, Vita semblait s'être lassé.

Il en attendait plus ? Vita eut un ricanement, lorgnant Banguko du regard, certes, Vita aurait pu en faire plus mais il n'en avait plus l'envie. Il faisait chaud et l'Enfant du Feu avait bien envie d'aller se poser dans un coin ombragé. Sans répondre, il suivit le croisé du regard, le sourire amusé tandis qu'il arrivait à ses côtés. Vita ne pipa mot et se contenta d'hocher légèrement la tête, un sourcil froncé et l'autre arqué. Le recroiser, hm ? Le pourpre claqua le bout de sa langue contre ses crocs puis bifurqua sur sa droite, s'éloignant d'un pas tranquille et nonchalant. Bien, il s'était un peu divertit, c'était amplement suffisant, il pouvait aller se poser en paix.

Il s'éloigna donc de la vallée aux tons rouges, approchant un peu de rocheuse afin d'y retrouver la grotte de son enfance ; un abri sûr, il y avait de quoi boire non loin et personne ne viendrait l'embêter, c'était fort bien ainsi. Baillant un peu, les prunelles plissées, Vita semblait presque avoir oublié cette rencontre brève mais plutôt intense. S'il recroisait le croisé, ce serait une nouvelle fois par le hasard, il ne s'amuserait aucunement à le chercher et puis, telle était faîte les rencontres des vagabonds, par le fruit du hasard. Du moins, la plupart du temps.

[Fin ! Merci pour ce sympathique RP !]