- V’là. Ont est arrivé. Ont fait quoi maintenant ?

Moumbu se figea prit sur le fait, la gueule grande ouverte. La grenouille à l'intérieur de sa gueule profita du moment pour s'échapper, laissant le roublard un poil déçu. Il la suivit du regard alors qu'elle tentait encore de sauter avec une patte broyée par la mâchoire du félidé.

- Oh, euh.. Oui. Hm. Maintenant, il faut trouver quelque de gros. De très gros. Et de mort de préférence. lui expliqua-t-il, en se pourléchant les babines. - Les lions sont idiots, ils laissent la viande à l'air libre. Hin,hin... Moumbu prit les rennes de l'expédition et invita la jeune à le suivre à l'aide d'un mouvement de tête. Moumbu ne fut pas à l'aise dans une position de leader, même si elle était minime. Cela signifiait avoir des responsabilités, l'une de choses qu'il détestent après les cactus et les grands félins. Néanmoins, maintenant, il faisait de nouveau parti d'une famille, d'une meute. Il devait agir en temps que tel.

La hyène remercia sa vue qui l'aida à mieux percer le brouillard. Encore une fierté hyénidée.
- Essaie, hm.. hm, oui. De repérer un genre de... de cri de détresse ..ou bien l'odeur d'un truc qui .. hm, oui, qui .. qui pourrit. Les pattes plongées dans les marécages, Moumbu porta sa truffe au vent, tentant d'y capter une odeur familière.

Moumbu se rapprocha d'elle, de nouveau la gueule pleine. Il fut heureux de retrouver sa grenouille.
- Ça là… Ça compte comme un cri de détresse? Moumbu s’arrêta de mâcher pour mieux écouter. Dressant l'une de ses oreilles, il capta également le piaillement épuisé. Il tenta d'imaginer à qui pourrait appartenir ces appels à l'aide. Des appels plus résigné que désespéré. Comme si le pseudo-animal s'était fait à son sort. Il avala la grenouille.

- Hm, oui. Hm, euh.. ouais. Ça peut compter. Hin-hin, ouais. Faut le trouver maintenant. Moumbu extirpa l'une de ses pattes précédemment empêtrées dans l'herbe boueuse. Il agita les oreilles quand les moustiques vinrent les titiller. Gravitant autour d'eux, des millions de moucherons et d'autres vermines vinrent s’agglutiner autour d'eux. Peut-être étaient-ce leurs ailes, mais même en étant aussi nombreux. Ces insectes parvenaient à être aussi silencieux, ils se fondaient totalement dans le décor. Jusqu'au moment où ils viennent se poser sur votre nez. - Hm, oui. Hmf, erf. Oui... Apportons lui notre aide.

- Oy… Ce truc est loin non? Ont peut pas aller plus vite?
- Si, bien sur. Hm, allons-y. L’aînée ouvrit la route. - Fait gaffe à la tourbe. Pour appuyer ses mots, il lui montra sa patte recouverte de boue, patte qu'il écrasa contre le nez de la petite hyène. Sa petite blague fut accompagné d'un ricanement rocailleux.

- Je connais un autre.. tour de magie. Dos à elle, il leva sa queue en plumeau vers elle. - La dernière chose que je veux, c'est perdre mon gagne-crôute, hinhin. Attrape ma queue. L'extrémité de son appendice n'étant que de la fourrure, elle pouvait plonger ses crocs dans sa forêt de poils humides sans soucis. - Hmf.. euh, si tu trouves des gens dedans, fait pas attention.

Et ils reprirent la route. Moumbu faisait de grandes enjambées dans la terre boueuse pour gagner plus de terrain. Au fur et à mesures, sa crinière accumula les amas de boue et les brins d'herbes aquatiques comme une serpillière. Mais cela ne le dérangeait pas plus que cela. Il secoua seulement sa crinière. La différence de température entre le chaud et l'humidité était sans doute la cause de tout ce brouillard.

Les braillements resurgirent, toujours aussi plaintif.
- .. on est pas loin... Il flaira. - Sur la droite..! Et lorsqu'ils avancèrent, le brouillard laissa place à une scène qui réjouit le vieux filou. Avant de l'ennuyer. Une mère d'antilope et son petit, perdus dans le brouillard. La mère priait son fils de la boucler. C'était donc lui, les piaillements!

- Ah! Bon sang, je t'avais dit de faire moins de bruit! Le faon d’Afrique s'excusa auprès de sa mère, cachée derrière ses longues pattes. Quand le brouillard eut fini de dévoiler la silhouette des deux prédateurs, la mère montra fièrement ses cornes contre eux. - N'approchez pas, hyènes!

Moumbu leur sourit.
- Bonjour.

- Pardon madame l’antilope. On ne voulait pas vous déranger, juré…
Moumbu tiqua des oreilles.
- C’est juste qu’on c’est perdu...
- Ouais, humf. Ouais, perdus.
La mère releva doucement la tête, toujours méfiante. Néanmoins, on put voir le regard de la biche africaine s'humidifièrent. Peut-être était-ce parce qu'il s'agissait d'une petite. L'antilope ayant également un petit. Moumbu était un moins bon acteur que la gamine.
- Dites, avez-vous vu le reste de notre famille? On a été séparé à cause du gros lion…
- Ouais, ouais. Un lion, ouais. C'est vraiment des fléaux ces bestioles. ajouta-t-il, d'un ton plat. Bien que prudente, L'antilope sembla approuver.
- Oui, c'est vrai. Elle jeta son regard vers la gauche. - Mais .. mais ce sont eux aussi qui nous protègent.. des vermines comme vous!

Moumbu simula un coup de griffe en pleine poitrine en envoyant exagérément sa tête sur le coté.
- Ow. Ca fait mal. Il ramena sa tête vers elle. - Même de la part d'une gazelle.

Elle roula des yeux et éluda son sarcasme.

- Mais non, nous n'avons vu aucune hyènes par ici. Et encore heureux! Elle toucha son fils du museau et l'intima de se lever. - B-bon, ce n'est pas tout cela mais.. nous devons y aller. La mère pressa son petit du plat de la patte. - Bonne chance à vous, hyènes.

Soudainement Moumbu la devança. Il renversa sans ménagements la plus jeune et sprinta en direction des deux herbivores. Le carnivore avait eu le même réflexe mais n'avait aucunement usé de finesse. Moumbu prouvait encore à la terre entière que les hyènes brunes étaient des piètres chasseuses, contrairement à leurs cousines tachetées qui excellaient dans le domaine. Après un bond léger par dessus la haie de hautes herbes, la brume engloutie entièrement la silhouette du prédateur. Se furent les braillements de la mère gazelle qui révèlent sa position.

- ... Vous êtes encore l-.. hey mais qu'est-ce que vous faites ?! Ehué, cours! Des bruits de galop allant dans toutes les directions, puis un brame aiguë, surement celui du faon à cornes. Effectivement, Moumbu ne tarda pas à revenir en trombe vers Yazarah, l'une des pattes arrières de la petite gazelle entre les dents. La mère Gazelle aux trousses totalement furibonde.
Le pauvre petit était malmené et bringuebaler de tout les cotés pendant son kidnapping. Il appelait sa mère derrière lui, enfin devant son museau. Sa mère, elle, écumait de rage. Plutôt cocasse pour une herbivore.

- Cours gamine! lui aboya le vieux roublard, la bouche pleine. Moumbu l'avait déjà distancé.

- Rendez moi mon fils !!!

Moumbu continua de courir comme si sa vie en dépendait. Et elle en dépendant d'un coté. La Gazelle était un animal rapide, bien plus que les hyènes. Néanmoins, ceux là contrebalançait avec leur endurance. Soit, Moumbu conserva son allure raisonnable tout en zigzaguant. Les cris de la mère s'éloignèrent progressivement, aidé du brouillard, le voleur se jeta au sol et roula dans les hautes herbes. Le petit avait arrêter de pleurer.

- Hein ? .. mais elle est où, la gamine ? Moumbu la chercha du regard, les crocs déjà plantés dans la jugulaire du faon. Son éternel masque flegmatique se crispa légèrement. Il ramassa sa prise par le cou et lança à sa recherche - Hmf. Mf-gami-fmffne ? Ce n'était pas bon, pas bon du tout. Il tressauta à l'entente d'un de pas dans le brouillard. C'était la Mère, il fallait partir maintenant. Le carcasse pendante du petit à la gueule, Moumbu pénétra dans la brume, appelant la fille de Zeke à l'aide de petits couinements. Son vocabulaire n'était pas aussi développé que ses cousines, mais la petite serait -normalement- faire la différence.