Les mois s’étaient écoulés mais la rancœur demeurait. Angani ne supportait toujours pas de voir son frère parader aux côtés de sa nouvelle compagne. La jalousie l’empoisonnait mais elle ne pouvait ni ne devait rien en laisser paraître. La difficulté de supporter une peine devant à tout prix rester silencieuse demeurait un poids que la féline transportait avec elle quotidiennement. Sans doute était-ce pour cela que jamais personne n’avait pu se lier avec Angani, la lionne vivait sans cesse avec ce masque déposé sur son visage pour dissimuler ses véritables émotions. En ce sens, son surnom de « Beauté des Glaces » n’avait rien de bien surprenant.

Postée aux frontières, Angani était aujourd’hui de garde et cela lui convenait parfaitement. Avec toutes les récentes naissances qui étaient tombés tel des amas de pluies, il était devenu tout bonnement impossible de se reposer au sein du campement. Les lionceaux n’avaient de cesse de courir dans tous les sens et de geindre à chaque faux pas, comportement qui avait le don d’agacer la lionne claire. Tournant le regard vers le Désert, elle se demandait où était Swayli, sa seule véritable amie dont la présence lui manquait cruellement. Délaissée par son frère, la guerrière était devenue une présence indispensable pour la féline qui n’avait qu’elle pour panser ses plaies.

Alors qu’elle songeait au prochain déplacement s’imposant au clan nomade, une odeur vint l’avertir de la présence d’un étranger. Oubliant de suite ses préoccupations, la féline partit au petit trop vers la provenance de l’effluve. Il était fou qu’après tant d’années et de représailles incessantes, des étrangers persistent à franchir la frontière du Désert. Motivée par ses grandes foulées, la sœur de l’Empereur fit très bientôt face à un jeune lion solitaire qu’elle confondit d’abord avec une lionne en raison de son absence de crinière. Une particularité bien étrange.

D’abord agacée, Angani ravala finalement sa mauvaise humeur qui n’était en rien lié à l’intrusion du lion gris. La frontière n’était pas encore franchie, il était encore temps pour lui de rebrousser chemin sans que la lionne n’ait à employer la manière forte. Instaurant une bonne distance entre eux, Angani s’éleva sur une roche afin de porter sa voix jusqu’au lion et, animée par sa prestance naturelle, elle lui demanda :

« Tu n’es sans savoir que ce sentier conduit au Désert et que les étrangers y sont mal accueillis. Fais demi-tour maintenant, ça vaut mieux pour toi. »

Contrairement à ses congénères, Angani prenait toujours soin d’avertir et de dissuader avant de montrer les crocs. Elle était en ce sens plus clémente et ne voyait pas les étrangers d’un si mauvais œil, simplement qu’elle leur était totalement indifférente. Du moment que ceux-ci respectait leurs lois fondamentales dont celle de ne pas outrepasser leur frontière, elle n’avait pas à intervenir auprès d’eux. Bien que son attitude ne semblait pas agressive, elle dissuadait néanmoins l’étranger de s’approcher davantage.

Le regard droit et déterminé, il lui répondit qu’il n’avait guère l’intention de rebrousser chemin. Oh vraiment ? A ces mots, Angani se redressa, prête à bondir. Les étrangers avaient le don d’outrepasser la clémence des Jangowas ces derniers temps, à croire qu’ils se fichaient bien de respecter leurs lois. Néanmoins, avant que la lionne ne quitte son piédestal, elle laissa le loisir au mâle de finir son élocution. Même en présence d’un étranger, Angani tenait aux formules de politesse et ne coupait jamais un lion dans ses dires. Il disait avoir besoin de venir ici, mieux encore, qu’il le devait. La sœur de l’Empereur haussa un sourcil devant ces affirmations. Qu’est-ce qu’un étranger viendrait chercher dans le Désert si ce n’était la mort ?

Plus attentive, elle détailla le mâle du regard. Son pelage semblait particulièrement fin, d’une couleur plutôt pâle. Angani soupira alors doucement. Il n’était vraisemblablement pas le seul à avoir enfreint les lois.

« Tu es un croisé, c’est bien ça ? Et tu es venu chercher des réponses ? » lui demanda-t-elle d’une voix neutre.

Ce n’était pas le premier à venir dans ce but. Angani était relativement ouverte d’esprit et bien que son clan et ses lois condamnent les sangs mélangés, elle savait faire avec. Après tout, sa meilleure amie en était une alors comment pouvait-elle montrer de l’intolérance. Postée au détour du sentier afin de former barrage au lion, elle l’invita néanmoins d’un signe de tête à s’approcher.

Prudemment, le lion s’approcha. Il semblait sur ses gardes et il avait raison, sa présence n’était que tolérée que par la gardienne des sables et un seul écart de conduite pouvait fortement nuire à la prospérité tendancielle. Il s’arrêta finalement à une distance raisonnable et s’assit fesse contre terre tandis que la lionne demeurait dominante du haut de son piédestal. Elle le surveillant du coin de l’œil mais demeurait passive, consciente qu’il n’était pas un réel danger.

Après un temps d’analyse de la situation, il se confia et révéla que son père était lion du désert mais avait trépassé avant de ne répondre à ses questions. Angani haussa un sourcil, prenant note des informations sans pour autant s’émouvoir. Il était particulièrement pénible de briser sa glace et rares étaient les expressions notables sur son joli faciès de pierre.

« Je vois, tu veux comprendre de quoi est fait ton sang. La réponse ne va peut-être pas te plaire. »

Elle l’observa quelques instants, se retranchant alors dans un silence froid. Du peu qu’elle en savait, son pelage était insuffisant pour vivre parmi les montagnes, il avait donc dû faire sa vie en tant que voyageur. Les coutumes du saint Désert pourraient lui paraître étonnante voir cruel et en cela, Angani pouvait le comprendre. Elle aimait son clan et était fière de son sang mais autant qu’elle l’adulait par son éducation, elle haïssait également le Désert pour condamner son amour enfoui.

Glissant son regard dans celui du mâle, elle observa quelques instants ses prunelles exceptionnelles puis le berça de sa voix angélique mais froide.

« Tu veux vraiment savoir toutes ces choses ? Ça fait beaucoup… Enfin, c’est comme tu voudras. » se résigna la femelle en haussant des épaules d’un air détaché. D’un ton plus formel, elle lui raconta : « Le Désert ne répond pas d’un système monarchique comme les autres royaumes, ici on se bat pour gouverner. L’hérédité n’a pas sa place, il faut tuer l’Empereur pour lui succéder. Dans le Désert on ne vit pas, on survit. C’est aussi pour ça qu’on change régulièrement de campement, personne ne connait les dunes aussi bien que nous et c’est ce qui fait des Jangowas les maîtres des lieux. »

Elle s’interrompit quelques instants pour observer le visage du lion, attentive à ses expressions. Angani n’essayait en rien d’enjoliver la réalité, ce genre de pratique n’avait pas sa place ici et la lionne était plutôt du genre terre à terre aussi livrait-elle un récit fidèle à la réalité bien que froid.

« Aucun lionceau n’est éduqué sous le signe de la tendresse, à de rares exceptions. Les faibles ne survivent pas alors on nous apprend à être fort. Un lion doit pouvoir survivre mais c’est le clan qui nous maintient en vie. A leur adolescence, les mâles doivent affronter l’exil, c’est une épreuve laissé aux mains du Désert qui ne nous renvoi que les plus forts. Une sorte de sélection naturelle.

On nous apprend à être fier de notre sang, de nos origines et notre foi n’est porté qu’au Désert. Même l’Empereur lui est soumis et ceux qui ne le respecte pas ne peuvent survivre. Ainsi, les Mositus ont fini par être chassé de l’Oasis. On ignore d’où remonte cette haine ancestrale, elle a toujours été là. C’est un peu bête au final de se battre quand on ignore pourquoi. » Sur cette pensée, Angani marqua une brève pause avant de reprendre : « On ne mélange pas les sangs. Pour cette raison, ceux qui se sont unis avec un étranger sont bannis ou se battent pour rester. Quant aux enfants, ils sont remis à la décision du Désert. »

Le visage impassible, Angani se demandait si le lion avait trouvé ses réponses et s’il comprenait l’affront commis par son père. Pour autant, si cela était ancré dans leurs mœurs de rejeter le fruit de ses unions, Angani ne les percevait pas avec haine. Sa proximité avec Swayli, fille d’un Mositus, et son amour passionnel mais proscrit envers son jumeau faisait d’elle quelqu’un de mal placé pour juger. Au final, parmi tous ces rejetés, Angani était la plus solitaire.

Angani observait le jeune, songeant silencieusement. Toute union avec un étranger était sévèrement punie. Suki, par exemple, qui avait décidé de s’unir avec un nordique avait été farouchement chassé par les siens. C’était une traitresse à leurs yeux. Si les enfants d’un tel accouplement pouvait prétendre à vivre parmi les Jangowas si le sang du désert coulait majoritairement dans leur veine, le sort des parents étaient bien différents. A ce jour, Angani ne se rappelait pas qu’un seul lion ait pu vivre sereinement au sein du clan tout en fréquentant une étrangère. Le « droit de rester » qu’elle avait évoqué était sans doute différent de ce qu’entendait le lion puisqu’il s’agissait d’un combat organisé où le grand gagnant avait le droit de s’exiler dans le Désert pour tenter d’y survire mais certainement pas de demeurer au sein du clan.

« Non, je pense plutôt que ton père a su cacher cette liaison proscrite. Peu importe qu’il soit l’un des meilleurs guerriers, une telle union est synonyme de déshonneur, il aurait été déchu à toute évidence. »

Le jeune sang-mêlé semblait tenir son père en haute estime mais cela n’empêcherait en rien Angani de répondre sincèrement à ses questions : aux yeux du clan, il était une honte pour son père, d’autant plus si celui-ci avait été brillant guerrier. Sûrement était-ce l’une des raisons qui avait pousser son paternel à rester si secret sur ses origines. Angani se demandait comment ce lion était parvenu à garder son secret si longtemps mais à bien y réfléchir, elle-même connaissait quelques rouages des liaisons interdites.

« Nous les approuvons car elles nous permettent de survivre. Les faibles sont inutiles au clan, ils nous mettent en danger. Le Désert est impitoyable et n’épargne personne, seuls les plus forts peuvent aspirer à survivre. C’est la réalité de ces lieux. »

Et c’était là l’essence de la fierté des lions du Désert. Les faibles succombaient très tôt aux griffes des dunes, les plus forts restaient et devenaient des têtes de clan. La sélection naturelle était rude mais ceux qui restaient avaient le mérite de se savoir fort et digne du Désert et de cela ils étaient fiers.

Du coin de l’œil, la lionne observa l’étranger s’approcher de quelques pas. Elle fronça les sourcils sans pour autant s’insurger, guettant ses mouvements. Il l’observait également, songeur, avant de lui demander si elle avait connu son père. Il lui donna un nom mais celui-ci ne résonnait guère aux oreilles de la lionne.

« Je l’ai probablement côtoyé mais je n’en garde aucun souvenir. »

Une réponse qui décevrait sûrement le jeune lion en quête de réponse mais à défaut d’inventer des faits, Angani demeurait franche. Elle avait également combattu contre les Mositus mais la bataille nocturne n’avait guère laissé place à l’observation, l’action avait été brève, sanguinaire mais efficace. Les derniers Mositus restant avait été éradiqués par la dernière brigade dirigée par l’Empereur et dès lors, ceux demeurant sur la Lande n’étaient jamais revenus.

Si la lionne consentait à répondre aux interrogations du mâle étrangement dénue de crinière, elle ne le questionnait pas en retour, réfractaire au côté ludique que pouvait amener cette rencontre. Le jeune lion demeurait un étranger et bien que coopérante, elle n’en demeurait pas moins gardienne des lieux.

Enfin, un rictus étira les babines de la lionne. Comme beaucoup avant lui, l’étranger s’insurgeait de leur culture. Elle plissa alors son regard doré d’intérêt et lui répondit dans un premier temps :

« Nous sommes des lions du Désert, notre place est au cœur des dunes. Si un lion le souhaite, il peut très bien partir pour ne jamais venir, il deviendra traître à nos yeux mais pour autant, nous n’empêcherons pas son départ. Ce lieu te paraît odieux mais c’est notre chez-nous et je n’aimerais pas être ailleurs qu'ici. »

Son torse se bombait légèrement, fière et orgueilleuse. Personne n’était ici contraint, c’était simplement une mentalité qui dépassait l’entendement du jeune lion et Angani ne s’attendait pas à ce qu’il comprenne. La sœur de l’Empereur affrontait avec ardeur le regard du jeune lion, cherchant presque à l’intimider. Cette vie peu commune avait formé des générations et des générations de lions, résultant à une lignée de lions exemplaire, taillés pour la survie et au mental d’acier. Les rumeurs ne mentaient pas, les Jangowas étaient les meilleurs guerriers de la Terre des Lions et leur mode de vie n’y était pas pour rien. C’étaient des survivants.

Elle pouvait sentir la déception dans sa voix. A quoi s’était-il attendu ? Les Jangowas étaient tels qu’ils étaient.

« Menaces-tu notre dynastie ? » demanda-t-elle alors, sensible au dégoût du lion pour ses terres et le règne de son frère.

Elle haussa un sourcil, arguant le mâle de continuer dans sa lancée mais se ravisa. L’affrontement n’avait nul lieu d’être, ce jeune lion était simplement venu chercher des réponses qui l’avaient déçu. Tant pis pour lui. Reprenant ses propos médisants concernant leurs pratiques, elle rétorqua :

« Donc tu penses que ton père est mort inutilement en combattant face aux Mositus ? »

C’était un point sensible qu’elle soulevait mais Angani avait peu de scrupule. La voix ferme et sans appelle, elle continua :

« Il a agi comme tout Jangowas le ferait, il s’est battu pour son clan et ses terres. Je ne dis pas que je trouve censé cette haine vouée aux Mositus mais nous avons grandi bercés par les récits de nos aïeuls. Personnellement, je n’ai pas agi par envie mais par devoir. Je n’ai fait qu’être loyale à mon clan et à mon Empereur. »

Sans lui répondre de vive voix, la lionne songeait à ses propos concernant un soulèvement. Là encore, il parlait en toute ignorance. Le règne de Vako était de loin le plus clément qu’avait connu le Désert et si une rébellion soufflait sur le Désert, nul doute qu’elle proviendrait des extrémistes et dès lors, ce jeune ignorant pourrait prendre conscience de toute la cruauté des lions du Désert. Cependant, la lionne ferait tout pour protéger le règne de son frère et le porter au sommet, combien même elle lui en voulait de l’avoir délaissé au profit d’une autre. Il restait son jumeau, son allégeance ne serait jamais qu’envers lui.

Sans raison apparente, l’étranger se mit à rire. Angani haussa un sourcil. Elle n’appréciait pas qu’on se moque d’elle. Calmant ses ardeurs, le jeune lion rétorqua en lui demandant ce qu’elle ferait s’il cherchait effectivement à nuire à la dynastie. Un demi sourire au coin des babines, elle lui répondit d’un ton si calme qu’il en paraissait glaçant :

« Je te tuerai sur le champ. »

Une réponse non équivoque et ô combien sérieuse. Vako avait toujours pu compter sur sa sœur pour œuvrer dans l’ombre. Une mort évitant toute menace, aussi éventuelle qu’elle soit, au règne de l’Empereur ne pèserait en rien sur la conscience de la lionne qui était prête à tout pour défendre son jumeau et assurer la pérennité de son règne. La loyauté de la lionne envers son frère dépassait l’entendement si bien qu’elle pouvait tuer sans sourciller si cela bénéficiait à l’Empereur mais pour autant, elle doutait que l’étranger représente une réelle menace. Il était seul et terriblement vulnérable.

Déterminé, il lui répondit en asseyant sa position. Il avait au moins le mérite d’être droit dans ses pattes.

« Navrée mais ton père a fait son choix entre son clan et ta famille. Il aurait pu rester avec vous et vivre mais il a choisi de revenir vers nous et de se battre. Tu réfutes nos lois et tradition mais même égaré, ton père est resté fidèle au Désert. »

Désormais agacée par l’impertinence du lion, Angani ne mâchait plus ses mots. Kusafiri avait choisi de mourir en digne guerrier des sables et c’était tout à son honneur. Peut-être pour cela le Désert lui avait pardonné son crime d’impureté. Fort de sa langue insolente, le lion pâle reprit en arguant que sa loyauté était démesurée, ajoutant quelques mots qui piquèrent la lionne. Il la provoquait consciemment et la lionne grondait. Il fallait être fou pour défier de pareil manière un guerrier du Désert, d’autant plus qu’Angani n’était pas des plus tendres et ses prouesses guerrières lui avaient valu d’être laissé loin des problèmes.

« Surveille tes mots insolent, ta présence est seulement tolérée et tu abuses de ma clémence. » grondait la lionne en se redressant lentement, incitant le lion à reculer.

Son grognement sourd résonnait contre sa gorge et sa position muait vers de l’intimidation. Angani avait été piquée dans sa fierté et malheureusement pour le lion, il n’y avait plus aucun espoir de discussion diplomatique. Se dressant promptement sur la roche, la lionne domina l’étranger de son ombre et claqua des crocs.

« Ma vie ne regarde que moi et contrairement à toi, je n’ai pas besoin des autres pour savoir qui je suis. Maintenant pars, je n’ai plus rien à t’apprendre sur les Jangowas si ce n’est la manière dont nous traitons les étrangers. »

Angani l’observait, sa mine se muant en colère terrible. Dire qu’elle avait accepté de lui en venir en aide… Son regret était terriblement amer. Pensait-il vraiment pouvoir venir à bout de la meilleure des guerrières Jangowas, lui, un sang-mêlé de pacotille ? Son comportement l’agaçait au plus haut point, il gesticulait et piaillait tel un lionceau en manque d’éducation mais son père devait être mort trop tôt pour y remédier.

« Ta sottise est aberrante, tu es plus ignorant encore et stupide que je ne le pensais. »

Cessant toute courtoisie, la lionne donna l’alerte par un puissant rugissement qui résonna le long du mur de Roche. Swayli n’était jamais loin d’elle et depuis le temps que la féline aux orbes ambrés était rester fixée sur place, sa camarade ne devait plus être qu’à quelques détours ; quant au reste de l’escouade, celle-ci aurait bien vite fait d’arriver à l’appel de la sœur de l’Empereur dont l’autorité était grande. Ses griffes s’extirpèrent lentement, grattant la roche avec hâte. Son envie ? Trancher la gorge de ce moustique impertinent dont la seule vue lui insufflait tout le mépris du monde. Conservant sa dignité et son calme apparent, elle lui cracha néanmoins au visage :

« Ne te prend pas pour ce que tu n’es pas, orphelin. »

Ses menaces n’amusaient même plus la lionne, ce gamin lui sortait par les yeux. L’écho du rugissement de Swayli lui répondit enfin. Angani soupira, son amie aurait bien du travail pour tirer la féline de sa mauvaise humeur. Quelques secondes étaient seulement passées que déjà, le reste de l’escouade répondait également. Elle sourit, fière de cette victoire. Il était seul, ils étaient tout un clan.

« Les autres ne seront pas aussi cléments, pars maintenant et tu vivras peut-être. Mais ne reviens jamais ici. Jamais. »

Sa langue claqua férocement entre ses crocs, incitant le lion à s’exécuter. Elle-même se trouvait encore bien humble de lui accorder la vie sauve… Le Désert savait pourtant combien Angani avait été agacée par ce gamin insolent et à la répartie digne d’un lionceau. C’était toujours pareil, dès que les réponses n’étaient pas celles attendues, on donnerait tout pour une version différente pourtant là était le fait : le dernier choix de Kusafiri avait été porté vers son clan et non sa famille et ça, l’étranger n’était sûrement pas prêt de l’accepter. Sans doute comprenait-il également pourquoi son père ne lui avait pas parlé du Désert, pour éviter à son fils de comprendre que leur famille n’était que chimère et déshonneur. S’il les aimait vraiment, il aurait tout simplement quitté son clan. La réalité était aussi simple.

Très vite, l’on pouvait entendre les grondements sauvages qui approchaient et les pattes puissantes qui martelaient les roches. Ils étaient là. Angani soupira presque d’aise, ravie d’être débarrassée de ce moucheron.