Préparer l'Exil

Contexte Temporel: Ce RP se déroule après "Un lieu de Légende".

Les jours passaient et le temps s'ecoulait, il ne restait que très peu de mois à attendre avant de devoir affronter le Désert tout le long d'une année. Aberash ne savait contenir son impatience et depuis plusieurs jours, maintenant, l'exil était son unique sujet de conversation si bien qu'il ne semblait plus rien avoir à partager avec ceux de sa famille, Tendaji n'attendant pas l'exil de la même façon que son ainé, Chimwe et Majya n'y participant pas et son pere, Kaïad étant absent. Il ne restait plus à Aberash que d'en parler avec ses camarades avec lesquels ils renchérissaient chacun leur tour sur les exploits fictifs de l'autre.

Ce matin alors, il était allé trouvé Jalan, là où les jeunes avaient l'habitude de trainer en ce moment, se pressant d'un trot aérien qui faisait s'envoler ses longues mèches, le sourire venant scinder son visage juvénil.

- Eh! Jalan! Avait-il alors interpellé son camarade lorsqu'il pu enfin le trouver dans son champ de vision. Qu'est-ce que t'es en train de faire? À vrai dire il n'en avait que faire, c'était surtout une façon de s'excuse de venir le couper dans ses occupations et de le déranger peut importe ce qu'il faisait en feignant s'y intéresser. Chez les autres il était d'usage de s'excuser et de s'annoncer poliment mais chez les Jangowas il fallait savoir s'imposer et montrer qu'on était fort, et ça commençait même par la façon qu'on avait de s'exprimer et d'imposer sa présence.

- Pas trop stressé, Lan? C'est comme ça qu'il le surnommait, une marque d'affection entre-autre ou bien une façon de lui montrer que son rang lui permettait de l'appeler de la façon qu'il souhaitait.

- J'arrête pas de penser à l'Epreuve. C'est bientôt! J'aimerai pouvoir revenir dans le clan avec des cicatrices pour prouver que je suis un guerrier. Je reviendrai aussi, si le coeur m'en dit, avec les cadavres des Indésirables! Le jeune blond s'assit prêt de son camarade, observant l'horizon l'espace d'un instant avant de détourner l'oreille en direction du jeune de son âge. Et lui, que comptait t-il faire durant son exil?

- J'espère que tu y survivra, Lan. T'es peut être pas franchement préparé à ça, hum? Il lui avait donné un coup de coude qui se voulait un peu brusque, s'il n'y résistait pas alors il aurait été quelqu'un de faible. Les paroles d'Aberash avaient été accompagné d'un petit gloussement narquois, décidément il était beaucoup trop difficile de contenir tout ces pics qu'il se plaisait à lancer à ses camarades pour savoir s'ils étaient apte à faire parti de sa bande. L'ainé de Kaïad n'avait toutefois jamais douté de Jalan, mais il aimait à se perdre dans des joutes verbales ou bien même quelque fois physique avec son camarade.

Immobile, perdu dans ses pensées, Jalan réfléchissait. Il était rare que le petit Jangowas ne soit pas en train de faire des bêtises, mais pour l'heure, des préoccupations plus grandes lui occupaient l'esprit. L'attitude méprisante et désagréable d'Ukali à son égard, et ses propos à la limite de la traîtrise, ne cessaient de tourner et retourner dans sa tête, et l'agaçait au plus haut point. Sa vengeance était déjà tout prête, car effectivement un lion du Désert ne se laissait pas bafouer sans chercher à prendre sa revanche, il ne lui restait plus qu'à la mettre en place. Il avait déjà établi l'histoire qu'il raconterait pour faire sombrer son nouvel ennemi, il avait juste du mettre au point les derniers détails pour que personne ne doute de sa parole. Jalan avait un avantage sur Ukali. En effet, tout le Clan appréciait le lionceau, alors que le jeune adulte tout juste revenu d'exil n'avait visiblement aucun ami, ni aucune attache. Le faire haïr de tous les Jangowas ne seraient sans doute pas très difficile.

Un bruit de pas plutôt vif accompagné d'un halètement sonore tira le jeune mâle de ses pensées. Il cligna des yeux, se reconnectant à la réalité, et tourna la tête vers le nouveau venu.

- Eh! Jalan! Qu'est-ce que t'es en train de faire?

Il s'agissait d'Aberash, un lionceau de son âge avec qui il traînait assez souvent. Jalan avait tendance à se concentrer sur la sœur de ce dernier, qui était plutôt mignonne, mais il était plutôt ami avec lui également. Enfin, dans le Désert, l'amitié était toujours quelque chose de particulier. Disons qu'il y avait entre eux une solidarité indéniable. Ils étaient des Jangowas purs, attachés au Clan et à ses traditions. En cela, ils pouvaient s'entendre parfaitement. Il répondit donc honnêtement, d'un ton nonchalant :

- Salut Abe. Rien, je réfléchissais. Y'a rien à faire aujourd'hui, quel ennui !

Il était terrible d'être un enfant aux yeux de Jalan. Personne ne les prenait au sérieux, et cela durerait tant qu'ils n'auraient pas fait leur exil. Comme tous les jeunes mâles de son âge, Jalan attendait ce moment avec impatience, et c'était un doux euphémisme. Il ne rêvait que de cela, chaque jour et chaque nuit, il ne faisait qu'y penser. Il imaginait le genre d'aventure qu'il vivrait, les combats qu'il gagnerait, les cicatrices qu'il arborait à son retour, le regard admirateur des femelles lorsqu'il referait son apparition, puissant et victorieux. Enfin, pour l'heure, il devait se contenter d'attendre, et c'était absolument ennuyeux. Heureusement qu'il y avait les copains pour faire quelques bêtises !

- Pas trop stressé, Lan?

Les oreilles du lionceau s'agitèrent, montrant son incompréhension. Abe parlait sans doute de l'exil, il était lui aussi impatient et Jalan le savait. Les deux garnements avaient toujours de longues conversation à ce sujet et ne s'en lassaient jamais. La grosse mèche de son camarade barrait un de ses œil, mais l'autre brillait d'excitation.

- J'arrête pas de penser à l'Epreuve. C'est bientôt! J'aimerai pouvoir revenir dans le clan avec des cicatrices pour prouver que je suis un guerrier. Je reviendrai aussi, si le cœur m'en dit, avec les cadavres des Indésirables!

Un sourire rêveur apparu sur les babines du jeune mâle aux prunelles sombres. Ailleurs dans la Terre des Lions, entendre deux enfants parler de la sorte aurait sans doute choquer, mais dans le Grand Désert, c'était la norme. Les jeunes étaient formés pour penser ainsi, pour apprendre à défendre leur territoire et à préserver la puissante mentalité des Jangowas. Les récits des illustres guerriers berçaient leur sommeil et l'idée d'atteindre les sommets les pousser à être toujours plus fort.

- J'espère que tu y survivra, Lan. T'es peut être pas franchement préparé à ça, hum?

Le rire mauvais ainsi que le coup de coude de son ami firent aussitôt réagir Jalan. Il montra les crocs, pas méchamment, l’œil plein de défi, et répliqua par un mouvement d'épaule destiné à bousculer Aberash. L'esprit de compétition était monnaie courante entre les dunes. Chercher des noises aux autres, les provoquer, tout cela n'avait rien d'agressif et ce n'était pas ainsi que l'on se faisait des ennemis parmi les Jangowas. Les plus belles amitiés naissaient au contraire de cette rivalité qu'ils tissaient et c'était en agissant ainsi qu'ils gagnaient le respect des autres.

- Tu crois ça ? rétorqua Jalan d'un ton vif. On dirait que je ne t'ai pas fais assez mordre la poussière ces derniers jours. T'as pas oublié le goût du sable par hasard ?

Le lionceau se tourna complètement vers son ami, la queue battante, un sourire malicieux sur les babines. Il bandit les muscles, comme s'il se préparait à bondir, et fit claquer sa mâchoire d'un air menaçant. Certes, pour l'heure, il ne faisait pas bien peur, mais dans quelques mois, il aurait grandi et aurait la carrure d'un vrai guerrier.

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Spoiler:

Aussitôt Jalan avait réagit à la provocation, tout comme Aberash s'y attendait et c'était ce qui faisait de son jeune camarade un bon ami et surtout un bon rival. Il fallait s'entourer de personnes qui vous tirait vers le haut et le jeune Jalan en faisait partit. Il avait su éveiller en le jeune fils de Kaïad cette esprit de compétitivité physique, cette envie d'en découdre de temps en temps pour ne serait-ce que s'entraîner.
En position de combat, Jalan avait eu la bonté d'âme d'attendre tranquillement son adversaire pour la joute. Le jeune Aberash s'était ébroué et avait soufflé sur ses mèches désordonnées pour y voir un peu plus clair et à son tour il s'était mis en position.

- Oh, le sable, parle moi encore de ce goût que tu aimes tant, Lan! Il avait rit, presque mielleux dans son ton et sans attendre s'était élancé sur son camarade de jeu. Le contact fût brutale pour deux lionceaux, mais les Jangowas étaient accoutumé à ce genre de jeu, les morsures, les griffures et les chocs étaient monnaie courantes et plus ont les subissait plus on en oubliait la douleur.
Aberash avait assené un coup d'épaule à son camarade pour le déstabiliser et avait espéré le faire rouler avec lui le long de la grande dune. Dans leur chute incontrôlable, les deux lionceaux se seraient donné coups de griffes et de crocs à tout vas, sans réellement savoir où ils tomberaient, mais tant qu'un morceau de chaire ou de poil - plutôt - volait ils seraient alors assurés que leur coup avait été correctement porté.

Ils seraient deux à bouffer le sable, ça n'aurait pas été plus mal.
Aberash cherchait à tout pris à maitriser cette longue chute, il fallait qu'il se reprenne et qu'à l'atterrissage il puisse se remettre aussitôt sur pattes et vienne alors reprendre le combat pendant que l'autre serait encore sonné. Le Désert était un allié, il aidait tout ses fils, ou peut-être préférait-il les mettre à l'épreuve et ce constamment?

Car en effet, la volonté du Désert avait été telle que la dune de laquelle déboulaient les deux jeunes Jangowas se terminaient dans le Jardin d'Os, grand symbole de la suprématie de leur clan. Le choc avait été difficile à encaisser, surtout à la vitesse à laquelle les petits venaient de dévaler la dune, mais le spectacle était époustouflant, du moins il l'aurait été si un certain chacal n'avait pas fait d'ombre sur le magnifique tableau qui se dressait devant eux.
L'effronté avait choisit un os, l'un des plus beau d'autant plus, qu'il s'était évertué à enterrer certainement pour se le réserver à plus tard. Mais il en était hors de question! Ces os devaient rester là, visible à la vue de tous. Le jeune Aberash s'était remis de sa chute rocambolesque en secouement de tête et s'était tourné vers son camarade qui était très certainement dans le même état.

- Eh Jalan, regarde... Lui avait-il chuchoté en envoyant la tête en direction du canidé, le tout accompagné d'un sourire malicieux; Il était tant de réellement s'amuser et surtout de se défouler un peu.

Aberash ne fut pas long à réagir aux provocations du lionceaux aux yeux rouges. Il était temps de se battre !

- Oh, le sable, parle moi encore de ce goût que tu aimes tant, Lan!

Les deux jeunes mâles se défièrent, en position d'attaque, puis le plus poilu passa à l'assaut. Jalan était préparé, il attendait son adversaire et ne fut donc pas surpris. Aberash était toutefois costaud, il avait de plus larges épaules et savait en jouer. Plus fin et également plus agile, Jalan tenta de s'esquiver, mais se retrouva entraîné dans la chute. Les lionceaux roulèrent au sol, formant une masse uniforme de fourrure et de griffe, poussant, l'un comme l'autre, des feulements guère impressionnant. Comme toujours de ces jeux, le petit félin jaune se sentait grisé d'adrénaline. Il aimait cette sensation, l'impression que tout était possible, qu'il pouvait soulever des montagnes par la simple force de sa détermination. Pour l'heure, il ne s'agissait que de bagarre insouciante mais durant leur exil, les futurs adolescents mettraient ce qu'ils avaient appris durant leur enfance en pratique et se battraient réellement pour leur vie.

Quelques mois auparavant, Jalan avait eu à mener un vrai combat, aux côtés de Wivu, son cher rival, et il s'en souvenait parfaitement. La peur s'était alors mélangé à la rage de vaincre, lui offrant un courage et une force sans pareil. Il s'en était très bien sorti ce jour là, et n'avait qu'une hâte : recommencer. Il était bien sûr loin de se douter que le Désert avait décidé de lui offrir cette opportunité aujourd'hui même. Roulant en s'accrochant l'un à l'autre, Jalan et Aberash dégringolèrent une dune et se retrouvèrent, par un heureux hasard, dans le Jardin des Os, cimetière des Mositus, leur dernière demeure après que les Jangowas leur aient réglés leur compte dans une ultime bataille. Même s'il n'était pas né lorsque l'affrontement avait eu lieu, Jalan éprouvait toujours une grande fierté à la pensée que grâce aux siens, ces vils lions bruns avaient disparu de la surface de la Terre.

Une fois leur folle descente terminée, les deux futurs guerriers se redressèrent, le poil plein de sable. Le lionceau aux yeux rouges passa sa patte sur son museau pour chasser les grains intrusifs qui essayaient de se glisser dans sa truffe, et remarqua que l'attention de son camarade était attiré par quelque chose, non loin d'eux.

- Eh Jalan, regarde... lança Aberash, en désignant une silhouette canine, à quelques mètres de là.

Les prunelles du petit mâle s'élargirent aussitôt en reconnaissant la bête qui tentait d'enterrer un bel os blanc, qui avait sans doute jadis appartenu à un Mositus. C'était un chacal ! Et pas n'importe quel chacal, Jalan l'aurait reconnu entre milles : c'était celui qu'il avait combattu avec Wivu, quelques temps auparavant. Il était facilement identifiable à son oreille abîmé, cadeau que Jalan lui avait fait en personne. Le chacal le reconnaîtrait-il ? Le lionceau n'en savait rien, mais un sourire carnassier se dessina sur ses babines. Il avait grandit depuis leur dernier affrontement, et il avait un début de crinière à présent. Ils allaient s'amuser.

- Faisons lui sa fête, répondit le petit lion, sans se départir de son sourire.

Sans une once d'hésitation, Jalan s'approcha, roulant des mécaniques, le torse bombé, la queue battante. Une fois à distance raisonnable de leur adversaire, le jeune Jangowas poussa un grondement menaçant pour attirer l'attention du canidé, qui, tant concentré sur sa besogne, n'avait visiblement pas remarqué la présence des lionceaux. Le chacal leva la tête, intrigué et mécontent d'être dérangé, et croisa le regard de Jalan. Ses oreilles frémirent, signe qu'il avait reconnu son vieil ennemi. Il lâcha son os et sembla hésiter un court instant, se souvenant probablement de la tournure qu'avait pris leur dernier affrontement. Mais la colère se mit bien vite à luire dans ses iris, et il montra les crocs après avoir poussé un jappement d'avertissement. Cela n'arrêta pas le moins du monde Jalan, trop sûr de lui.

- Eh toi, sale bête ! Dégage de là, à moins que tu veuille que je t'arrache l'autre oreille !

Le chacal comprenait-il ses paroles ? Sans doute, car aussitôt il se redressa et fonça droit sur les lionceaux, prêt à se venger de l'humiliation qu'il avait subit la dernière fois. Jalan glissa un regard à son ami pour s'assurer que ce dernier était prêt, puis se décala sur le côté d'un bond pour esquiver l'attaque du canidé. Il répliqua aussitôt, se jetant sur la cuisse de la bête, et y planta sauvagement ses crocs. C'était au tour d'Abe d'agir, et d'asséner un bon coup. Jalan lui faisait confiance, il n'était pas du genre à se laisser impressionner.

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Spoiler:

Jalan s'était empressé d'aller à la rencontre de l'animal estropié d'une oreille, et visiblement les deux bougres se connaissaient. Aberash avait haussé un sourcil et s'était joint à son camarade de son habituel petit trot léger qui lui donnait l'air d'un enfant insouciant.

- Oh, j'en déduis que vous vous connaissez. Remarqua l'enfant. Charmant. Avait-il même ajouté en ponctuant ses dires d'un petit sourire ravissant. Bien rapidement il fût coupé par la charge de la bête, charge à laquelle le jeune blond ne s'était pas attendu contrairement à son camarade, mais dans un heureux concours de circonstance il avait sût éviter l'attaque, du moins le chacal avait dût se contenter d'une mèche d'Aberash pour se consoler de son erreur.
Aussitôt Jalan, en parfait future guerrier avait déjà assené un coup à l'intrus droit dans la cuisse et n'attendait plus que la réaction de son comparse blond qui répliqua à son tour quand il vit la gueule du canidé se rapprocher de trop prêt de son ami. Le bougre avait essayé de mordre Jalan mais dans sa précipitation il se retrouva stoppé, puisque saisi par la riposte d'Aberash qui - toute griffe à l'air - s'était jeté sur l'épaule de la créature et avait refermé sa mâchoire contre le poitrail de cette dernière. Il serrait de toute ses forces mais il n'y avait pas grand chose à agripper si ce n'était que des poils sec et rêches ainsi qu'une fine pellicule de chaire, en soit rien de facile à attraper mais de quoi donner le temps à Jalan de se jeter sur une autre partie du chacal pour qu'il arrive à oublier Aberash, désormais.

C'était un véritable jeu de rôle où chacun allait porter son coup après l'autre, du moins sauf ce pauvre canidé qui était pris en traitre par deux lionceaux qui voulaient décidément en découdre. On ne s'attaquait pas un Jangowa, peu importe son age, il vous pourchasserait jusqu'à votre mort ou bien la sienne.
Le Blondinet, cela dit, s'entêta à vouloir déstabiliser la bête en la faisant basculer le tout était faisable compte tenu de la corpulence des deux jeunes en contraste avec celle du chacal qui manquait clairement de chaire et de muscles, plus que de poils. Aberash s'était alors mis à exercer une espèce de pression contre l'épaule de l'animal et à l'aide de ses griffes qui s'enfonçaient doucement dans le cuire du chacal. S'il avait pût témoigner, Aberash vous aurait surement assuré que tant l'animal était maigre il avait cru sentir ses os sous ses griffes noires.

L'ainé de Kaïad avait envoyé un regard complice à son camarade, il s'agissait maintenant de trouver une mise en scène amusante, quelque chose de grandiose pour mettre fin aux jours de la bête, en soi, une fin artistique? Il fallait détruire son ennemi, c'était comme ça qu'un Jangowa fonctionnait. L'user, autant sur le plan du mental que sur le physique. C'était un passe-temps.
Il ne manquait pas d'idée Aberash, les os des Salissures pouvait faire de très bon pieux pour certain, on s'y empalerait facilement sans forcément en mourir immédiatement. Mais en même temps, cette petite lutte était amusante pour l'instant. L'animal se débattait et ne semblait pas savoir où donner de la tête, quand l'un de ses assaillant lâchait prise, l'autre s'y remettait immédiatement, laissant ainsi à la bête aucun répit.

Le sang du chacal imprégnait la gueule du lionceau, d'un goût puissant de rouille amer. Jalan grimaça mais resserra sa prise, sourcil froncé. La chair d'un prédateur n'avait pas du tout la même saveur que celle d'une proie, plus douce et tendre. Celle de la bête était sèche et dure, le petit mâle ne s'en serait pas fait un repas. Mais peut-être, durant son exil, ferait-il moins le difficile. Après tout, de la viande restait de la viande et lorsque la faim se faisait sentir, il ne fallait pas faire la fine bouche. Le chacal n'appréciait visiblement pas d'être traité de la sorte, et tourna vivement la tête pour tenter de mordre son assaillant. Il poussa cependant un jappement de douleur, tandis qu'Aberash s'était jeté sur son épaule et le malmenait à présent de l'autre côté. Satisfait, Jalan arracha un lambeau de chair et le cracha au sol, du sang coulant de ses babines, l’œil empli d'excitation.

Comment expliquer cette soif de violence que ressentait le jeune félin ? Son ami partageait sans doute son sentiment, car sa détermination était palpable. Les deux mâles échangèrent un regard, tacitement d'accord quant à la marche à suivre. Ils frappaient, l'un après l'autre, déconcertant l'adversaire, et l'empêchant de se concentrer sur une seule cible. Jalan avait grandi depuis son dernier affrontement avec l'animal, il était plus fort encore qu'avant, et le chacal, lui, avait faibli. Il était encore plus maigre et frêle que dans son souvenir, ou bien était-celui qui avait pris du muscle. Dans les deux cas, les Jangowas n'en feraient qu'une bouchée. Si, avec Wivu, ils s'étaient contenté de le faire fuir, cette fois, ils le tueraient. Aberash semblait sur la même longueur d'onde, au vue de l'énergie qu'il mettait pour rester agrippé à l'épaule du prédateur.

Jalan remarqua alors que le regard de son ami s'attardait sur les os qui jonchaient le sol, et particulièrement sur les restes d'une cage thoracique, qui avait jadis appartenu à un lion. Les côtes, encore bien saillantes et dénudées de chair, seraient parfaitement transpercer le chacal et lui offrir une mort parfaitement théâtrale. Comprenant l'idée de son partenaire, Jalan lui fit signe d'utiliser sa position pour propulser le canidé vers les ossements, tandis que lui tirait sur sa cuisse pour l'entraînait. Ensemble, usant de leur force, ils jetèrent le chacal sur la carcasse. Jalan lâcha prise et, au dernier moment, Aberash pu s'éjecter du prédateur pour retrouver la terre ferme. Ce dernier s'empala sur les cotes, en poussant un cri déchirant. Son ventre était particulièrement touché, un des os avait pénétré la chair avec une facilité déconcertante. Le sang coulait abondamment des plaies et l'animal jappait faiblement, dans son agonie.

Devant ce spectacle cauchemardesque, Jalan ricana.

- Voilà ce qui arrive quand on cherche les Jangowas ! cria-t-il au chacal ensanglanté.

Euphorique, le lionceau tourna autour de sa victime, le regard rempli de satisfaction. Pourtant, tout au fond de lui, quelque chose s'était brisé. Une part de son innocence sans doute. C'était bien la première fois qu'il tuait un animal, plus ou moins doté de raison, de la sorte. Il avait déjà attrapé quelques suricates, mais ces derniers étaient stupides et sans cervelle, et ils étaient des proies. Là, Jalan et son ami avaient tué un prédateur. Que ressentiraient-ils lorsqu'ils tueraient un de leur semblable ? Seraient-ils aussi heureux ? Loin de toutes ses préoccupations, le lionceau se tourna vers son camarade et lui lança joyeusement :

- Aha, personne peut nous tenir tête ! On est les rois du Désert et un jour, toute la Terre des Lions sera à nos pattes !

Ses paroles avaient l'allure d'une sombre prophétie et, s'il n'en savait encore rien aujourd'hui, lorsqu'il serait grand il ne rêverait plus que d'une chose : faire de ce rêve une réalité.

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Spoiler:

La mise à mort arriva bien rapidement, les deux jeunes mâles s'étaient si finement allié qu'ils avaient semblé avoir orchestré cette mort terrible des mois à l'avance. Des jeux de regards avaient suffit, de discrètes indications, il était étonnant de voir de la part de Jangowas de voir une telle cohésion de groupe, un vrai travail d'équipe en soi, eux qui étaient si individualistes. Comme pour Jalan, en même temps que les cotes de Mositus transpercèrent le canidé le reste d'enfance d'Aberash avait semblé s'être complètement déchiré. Le lionceau s'était senti vide l'espace d'un instant, il avait eût l'impression d'être allé trop loin, d'avoir été entraîné par le groupe, mais cette sensation il l'avait aimée. Il ne s'était jamais sentit aussi galvanisé qu'à ce moment où Jalan et lui avaient fait équipe pour écraser cet ennemi, cette gêne. Là il paru illuminé. C'était ça, c'était ce dont les Jangowas avaient besoin. C'était devenu une évidence pour Aberash qui déjà si jeune - comme la plupart des lionceaux du Désert finalement - s'imaginait déjà sur les sommets... mais pas seul.

- Biensure Jalan. Avait répondu le blondinet à ce qui semblait être un délire mégalomane de la part de son camarade. Nous sommes capable de tout, rien ne peut arrêter Jangowa. Si un Jangowa veut quelque chose il le prend. Si quelque chose dérange un Jangowa il l'éradique! Dit-il à haute voix ce qu'il venait de réaliser. Le jeune Aberash avait observé l'horizon un instant, un sourire étirant doucement ses lèvres juvéniles alors qu'il poussa un discret soupire, celui d'une profonde satisfaction.

- Jalan, toi et moi quand on reviendra de l'exil on leur montrera à tous. À cet instant Jalan paraissait être à ses yeux l'être le plus proche de lui sur un plan psychique, son frère et sa soeur n'était pas encore éveillé mais eux deux l'étaient. Il en était convaincu. Nous ne serrons pas comme les autres, nous on est la nouvelle génération. On serra pas ceux qui trahissent le Désert en engendrant des Sang-d'Encres! Notre génération à nous elle sera parfaite, tout comme les premières générations! Nous sommes la génération dont laquelle Chenko aurait été fier!

Encore électrique de tout ce qu'il venait de se produire, Jalan parvenait difficilement à contenir la passion dans son regard. Au loin, quelque part dans son esprit, les paroles du vieux Dakkar, prononcé des mois plus tard, résonnaient comme un vieil écho qu'il n'était pas prêt à écouter. Il avait tué pour la première fois, cela faisait de lui un guerrier, malgré son jeune âge. Aberash semblait parfaitement comprendre sa sensation, son expression était la même. Ensemble, plus tard, ils accompliraient de grandes choses, au fond ils le savaient.

- Biensure Jalan. Nous sommes capable de tout, rien ne peut arrêter Jangowa. Si un Jangowa veut quelque chose il le prend. Si quelque chose dérange un Jangowa il l'éradique!

Le futur adolescent hocha la tête puis détourna son regard, pour laisser ses prunelles se promener vers l'horizon. Il imaginait les Clans ennemis qui rôdaient, hors du Désert, peut-être prêts à s'attaquer à eux. Ils ne devaient pas avoir peur, ils étaient les meilleurs. Et bientôt, les deux lions partiraient en exil et feraient leur preuve. Ils reviendraient victorieux, plus puissants que jamais, capable de défaire n'importe quel adversaire. D'où venait cette ardeur qu'ils ressentaient en cet instant ? Tous les Jangowas passaient-ils par là ? Sans doute. Jalan avait la sensation d'avoir accompli une sorte de rite initiatique, et il se sentait prêt pour toutes les épreuves qui restaient à venir.

- Jalan, toi et moi quand on reviendra de l'exil on leur montrera à tous. Nous ne serrons pas comme les autres, nous on est la nouvelle génération. On serra pas ceux qui trahissent le Désert en engendrant des Sang-d'Encres! Notre génération à nous elle sera parfaite, tout comme les premières générations! Nous sommes la génération dont laquelle Chenko aurait été fier!

Les paroles d'Abe résonnèrent longtemps dans l'esprit du jeune mâle, le gonflant de fierté et d'espoir. Durant un instant, il se sentit en parfait symbiose avec son camarade, comprenant chacun de ses mots et y voyant le reflet de ses propres désirs. Oui, ensemble ils redoreraient le blason du Clan, ils rendraient honneur à leur ancêtre, à la génération d'Akili et Chenko. Ces lions étaient des légendes dans le Désert, des exemples de force et de courage, de véritables guerriers. Jalan et Aberash feraient tout leur possible pour devenir comme eux.

Le regard rivé sur le lointain, le lionceau, qui n'en était presque plus un, hocha doucement la tête, le regard brillant d'un éclat singulier. Il était prêt. L'exil n'était qu'à un pas désormais.


[Fini pour moi ! Je te laisse répondre si tu veux ajouter quelque chose, sinon on peut archiver !]

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Spoiler:

C'était donc dans ce silence que les deux jeunes lionceaux se projetaient dans un avenir idéalisé. Aberash savait qu'avec Jalan il ferait de grandes choses. Il savait qu'il allait devenir bien plus qu'un ami et que quoiqu'il arrive, il ne ferai que le tirer vers le haut. L'ainée de Kaïad n'avait jamais imaginé qu'il trouverait en l'autre lionceau cette espèce de résonance. Il voyait en lui ce que Tendaji ou Chimwe ne parvenaient pas à lui offrir; Un allié, un frère, un compagnon d'arme et pensée qui était indéniablement sur la même longueur d'onde que lui.
Un sourire léger s'était alors dessiné sur les babines du blondinet, dont le regard sombre s'était planté sur l'horizon, ce Désert, cette immensité qu'il aimait à imaginer qu'elle serait sienne.

Aberash serait bien plus qu'un simple Jangowa, il serait le Rôdeur Mortel du Désert, celui qui répand son poison qui vous souille aussi rapidement qu'une tempête se lève dans le Désert.

THE LAST STORM

FIN