Jalan était en colère, et il avait toutes les raisons de l'être. Ces derniers jours, les astres s'étaient alignés pour l'agacer au possible, il ne voyait pas d'autres explications. Pour comprendre les raisons de son énervement, il fallait remonter cinq jours en arrière, quand il avait trouvé Kaya déprimée au Marais. Cette dernière avait eu une fâcheuse discussion avec une certaine Nahash, qui lui avait ôté toute son ambition pour devenir une grande guerrière. Jalan avait réussi à lui remonter le moral, mais il en voulait à la méchante lionne d'avoir ainsi déprimé son amie. Deux jours plus tard, le Clan avait été secoué par le retour d'Ukali, parti en exil un an auparavant, devenu un adulte accompli. Jalan était aller lui parler pour en savoir plus sur son aventure, mais avait essuyé un violent refus, ce qui l'avait vexé au plus haut point. Il s'était donc mis en tête de se venger, en répandant une horrible rumeur à son sujet. Il avait déjà concocté toute l'histoire, Ukali aurait abandonné et regardé mourir un de ses camarades durant son exil, trop peureux pour aller à son secours alors que ce dernier affrontait un guépard des sables. Il ne lui restait plus qu'à raconter ce récit à tout le monde, et sa vengeance serait accomplie.
Il n'y avait cependant pas que cela qui le taraudait. Inventer cette affreuse histoire pour se venger d'Ukali lui avait occupé l'esprit pendant un temps, mais il n'oubliait pas ce que Nahash avait fait, et cela le dérangeait réellement. Pourquoi une adulte perdrait-elle son temps à décourager une enfant pleine de rêves ? Il savait bien peu de chose sur elle. Il pouvait la reconnaître, car il l'avait déjà vu plusieurs fois, et savait qu'elle pavanait souvent devant Khassim et parfois devant d'autres mâles. Que désirait-elle, au fond ? Jalan l'ignorait. Les aspirations des lionnes lui étaient inconnues, elles étaient bien plus mystérieuses et étranges que les mâles. La plupart ne rêvait que d'une chose, la gloire. Enfin, c'était la chose la plus importante, mais il y avait aussi la volonté d'obtenir le respect des autres, et se trouver une compagne pour avoir un fils à qui apprendre des choses. C'était par ailleurs l'avenir dont Jalan rêvait. Devenir un grand guerrier, peut-être le Général ou même l'Empereur, gagner l'admiration des siens, puis fonder sa petite famille. Kaya entrait notamment en jeu pour la dernière étape de ses ambitions, même s'il n'aurait osé l'avouer.
Ce jour-là, encore perdu dans ses réflexions à ce sujet, Jalan, posté au centre du camp temporaire des Jangowas, observait les siens avec attention. Il cherchait Nahash. Il ne mis pas longtemps à la trouver et pour une fois, elle était seule. Parfait ! Le lionceau avait bien l'intention de lui demander des comptes. Il était peut-être idiot de penser qu'une lionne adulte lui accorderait la moindre intention, mais défendre l'honneur de son amie était plus important. Il se mis donc sur ses pattes et, sans aucune hésitation, il se dirigea vers la féline, les sourcils froncés. Il se posta devant elle, une moue déterminée sur son museau, et déclara froidement :
- C'est bien toi, Nahash ?
Sa voix avait encore les sonorités de l'enfance, mais peu à peu, Jalan muait. Son timbre devenait plus grave et dans quelques mois, les dernières notes aiguës auraient complètement disparues. Les premières marques de l'adolescence se faisaient sentir, sa crinière avait timidement commencé à pousser, il grandissait, et ses hormones le poussaient à faire des choses stupides. Comme à présent, alors qu'il essayait de tenir tête à une lionne bien plus grande et impressionnante que lui. Mais tout cela, il n'en avait cure !
« Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes », c’était l’expression qui collait à la peau de l’aspic dorée qu’était Nahash depuis plusieurs mois. Entre la nomination de la nouvelle impératrice qui avait également entrainé, étrangement, une amélioration de la condition des femelles dont le serpent c’était réjoui, la peine de Shabel et le bouleversement qu’avait entrainé l’abandon de leur seul fils et le fait que grâce au malheur de son couple, aussi bancale qu’une montagne de cailloux faite par un lionceau, elle avait pu enfin attrapé Khassim dans ses filets pour profiter pleinement du plaisir de devenir quelqu’un d’important, elle devenait en ce jour la lionne la plus combler du monde. Ô, certes, tout n’était pas tout rose non plus, bien qu’elle était persuadé que le sable rose irait très bien au Grand Désert, car malgré la nouvelle loi de Vako tous les lions du désert ne l’appliquait pas à la lettre. Les mœurs et les traditions étaient si tenace, pire que la gangrène, ainsi la lionne des sables c’était fait à l’idée que malgré les changements primordiaux qui avait été apporté par leur empereur, à qui elle n’avait jusque-là pas accordé de crédit, il était encore trop tôt pour les Jangowas pour changer et cela ne pouvait que la satisfaire d’avantage dans l’acquisition de son trophée.
Khassim était un véritable trésor, dire qu’elle avait crus ce lion inaccessible, il avait fallu qu’une petite perte pour faire basculer ses envies et ses rêves vers la lionne pure et dévoué qu’elle était. Nahash c’était appliquer à se faire réconfortante autant que fielleuse vis-à-vis de la compagne du Général qui, en plus d’être une lionne bâtarde, n’était pas de sang-pur. Les manigances de l’aspic étaient rapidement arriver à leurs fins et elle était devenue la nouvelle compagne du Général du Désert. Shabel la haïssait d’autant plus désormais, Sheria également, mais elle n’avait que faire des avis de ses deux femelles misérables dont elle ferait en sorte d’effacer le nom de la mémoire de son pseudo-aimé. Elle c’était pavané devant elle, continuerait à le faire en publique, mais prendrait désormais soin d’évité toute rencontre avec la géante au sang-mêlé, car elle avait désormais une raison importante pour ne plus risquer sa vie bêtement.
En son sein, grandissait désormais l’héritage du désert que Khassim avait planté en elle il y a quelques lunes de cela. Elle c’était empresser de lui annoncer la nouvelle, luisant de bonheur et brillant de joie devant cette merveilleuse nouvelle. Elle avait été sincèrement heureuse en découvrant sa grossesse, elle n’avait pas été aussi heureuse depuis qu’elle avait vu Shabel abandonner il y avait quelques lunes de cela, et suivait désormais avec attention tous les conseils de ses veilles lionnes aigris qu’elle avait souvent méprisé. Elle les haïssait toujours, il ne fallait jamais trop espérer avec cette sale lionne fielleuse, mais elles avaient été mères avant elle et possédait des connaissances dorée dont Nahash brulait de vouloir s’emparé.
Allongé sur une butte de sable chaud, prenant un petit bain de soleil non loin des lionnes qui savouraient avec bienséance l’ombre de la dune, la lionne réfléchissait aux noms qu’elle pourrait donner à ses fils, car elle n’imaginait même pas l’idée d’avoir une fille, même si elle l’espérait au fond d’elle, elle préférait avoir des fils pour sa première porté. Plonger dans ses réfléxions passionnante, elle ne remarqua pas l’arrivé d’un petit trouble faite qui la fusillait déjà de son regard rougeoyant.
- C'est bien toi, Nahash ?
La lionne releva une paupière, dirigeant son regard dédaigneux sur le jeune mâle qui la toisait malgré sa petite taille, s’apercevant qu’il ne dégagerait surement pas si elle ne lui répondit pas elle ouvrit complètement les yeux et tourna son doux visage vers le lionceau.
- Oui, c’est bien moi, et tu es ?
Elle insista sur sa dernière sillage pour simuler le fait qu’elle cherchais le prénom du petit mâle dont elle se moquait éperdument, après tout une futur mère avait autre chose à faire que de s’occuper des lionceaux des autres ! Quoi que l’idée de passé du temps avec un petit garçon comme celui qu’elle avait en face d’elle pourrait l’aidé à l’avenir avec ses propres fils.
La lionne avait-elle remarqué l'animosité du jeune mâle ? Sans doute, car elle l'observait avec un certain dédain. Quoique, elle était peut-être ainsi avec tous les lionceaux. Elle n'avait pas montré une grande gentillesse lorsqu'elle avait brisé les rêves de Kaya sans la moindre considération pour cette dernière. C'était pour cela que Jalan se tenait devant elle aujourd'hui, pour la faire payer ! Et elle n'était pas prête de l'oublier. Il était déjà en train de préparer son petit discours, sachant très bien qu'il ne pourrait jamais le débiter aussi correctement qu'il l'avait imaginé, lorsque Nahash daigna tourner la tête vers lui.
- Oui, c’est bien moi, et tu es ?
Elle ignorait donc qui il était. Voilà qui était un peu vexant. Depuis quelques temps, Jalan se prenait à rêver que tout le monde dans le Clan avait entendu parler de lui pour ses récents exploits, notamment avec Wivu, lorsqu'ils avaient affrontés un chacal ensemble et l'avaient chassé. Une belle victoire, que les deux garnements s'étaient empressés de raconter à tout le monde. Leur parents avaient été furieux qu'ils agissent ainsi, mais d'un autre côté, ils n'avaient pu s'empêcher d'être fier du courage de leurs fils. Depuis ce court instant de gloire, Jalan avait été salué par quelques guerriers du Clan, d'un mouvement de tête à la fois amusé et respectueux, ce qui l'avait enchanté. Il commençait à se faire un nom, et il n'était même pas encore parti en exil ! Lorsqu'il reviendrait, il serait celui qui avait affronté un chacal, mais également celui qui avait triomphé de l'exil. Si, durant son épreuve, il pouvait trouver une autre bestiole de ce genre à tuer pour en ramener la carcasse au Clan, ce serait parfait, mais il ne fallait pas trop en demander. Le Désert pouvait se montrer capricieux.
Tout cela pour dire que, voyant le mépris non dissimulé et l'ignorance de Nasash à son égard, la colère de Jalan redoubla. Evidemment, il aurait été idiot de penser que tous les Jangowas avaient eu vent de sa petite aventure, mais bon, tout de même ! Elle aurait pu faire un petit effort pour se souvenir, il n'y avait pas non plus des centaines de lionceaux dans le Clan. Il répliqua donc, bombant le poitrail pour se présenter de manière adulte :
- Je suis Jalan, fils de Shehk et d'Izat. Je suis ami avec Kaya.
Sa voix s'était durcie à l'évocation de la petite femelle. Nahash se souvenait-elle seulement de sa discussion avec la jeune féline, qui avait eu lieu il y a bien peu de temps seulement ? Y avait-il assez de place dans son petit univers pour qu'elle se souvienne d'une conversation où elle s'était méchante avec une enfant ? Cela semblait peu probable, mais Jalan allait estimer que oui. Il s'assit en face de la lionne, toujours fier et droit sur ses pattes, et lâcha :
- Tu pense peut-être que tu détiens la vérité sur tout, et que toutes les femelles doivent avoir le même destin que toi, pas vrai ? Eh ben tu te trompe. Kaya sera la meilleure guerrière du Clan, quoique tu puisse en dire. Et même qu'elle sera la première à partir en exil ! Elle entrera dans l'histoire du Clan ! Elle réussira, parce qu'elle y croit ! s'enflamma-t-il.
Le lionceau s'était rarement emporté de la sorte, mais il était plutôt content de lui. Il avait réussi à sortir son petit discours, et de façon plutôt correcte. Bon, il n'aurait peut-être pas du parler du futur exil de Kaya, car cette étape n'était pas encore définie ni sûre. Mais Nahash n'avait pas besoin de connaître tous les détails, après tout.
Dès que le nom de Kaya retentie à ses oreilles d’affreux souvenir percutèrent le cœur suintant de miasme de la lionne. « Vous.. Vous êtes méchante juste... juste parce que vous avez échoué », se répétait en échos son esprit torturé par les remords. Il n’aurait été que mensonge de la part de Nahash d’affirmer qu’elle avait pris plaisir à détruire les rêves de cette gosse, elle n’avait agi que sous le coup de la colère et de la douleur que lui faisait ressentir l’horrible fatalité des traditions Jangowas. Pourtant les larmes de l’enfant et le fait de voir son propre reflet à travers elle à ce moment l’avait profondément touché. Durant les jours qui suivirent, elle ne put trouver le repos tellement les cris stridents de l’enfant l’avait hanté.
Alors quand Vako avait déclaré que la condition des femelles changerait, Nahash avait naturellement bondit de joie en rêvant à la félicité qui l’attendait enfin, mais par la suite la première personne à laquelle elle avait pensé c’était la petite Kaya que les larmes ne tyrannisait plus depuis l’annonce de l’empereur. Elle avait brulé de la revoir ce jour-là, mais à vrai dire la lionne n’avait pas osé affronter cette petite fille dont le visage affliger serait mut par une rancœur sans nom. Le grand chef venait de déclaré que les femelles vaudrait autant que les mâles, alors pourquoi cette vilaine lionne avait-elle affirmé le contraire ? Nahash avait donc abandonné l’idée, contemplant la petite de loin aux cotés de sa mère, elle avait par la suite détourné les yeux et c’était éloigné discrètement sans que la petite Kaya ne l’est vu arrivé, ni repartir.
Elle aurait voulu s’excuser, mais l’honneur des Jangowas se révélait dans certains cas être leurs pires défauts et soucieuse de ce que pourrait répondre la petite, refusant d’accepter les plus plates excuses qu’elle souhaitait lui donner, l’aspics avait préféré mettre les voiles vers de nouveaux horizons où elle y avait retrouver un général larmoyant.
- Tu pense peut-être que tu détiens la vérité sur tout, et que toutes les femelles doivent avoir le même destin que toi, pas vrai ? Eh ben tu te trompes. Kaya sera la meilleure guerrière du Clan, quoique tu puisses en dire. Et même qu'elle sera la première à partir en exil ! Elle entrera dans l'histoire du Clan ! Elle réussira, parce qu'elle y croit !
Elle l’avait oublié celui-là, Jalan se tenait droit et fière, comme s’il voulait la dominer de toute sa hauteur avec sa petite taille de souris. Nahash archa un sourcil, elle espérait que Kaya continue sur sa lancer mais de là à affirmer qu’elle allait partir en exil ce serait surement très présomptueux de sa part. Après tout, il faudrait encore du temps aux Jangowas pour accepter l’idée que lionne et lion étaient désormais égaux. Cela dit, elle serait bien aller dans le sens du lionceau si celui-ci ne mettait pas de véhémence dans ses paroles et que son regard n’était pas aussi foudroyant. Elle n’aimait pas les mâles qui la regardaient ainsi, alors qu’un enfant le fasse c’était bien pire.
- Si Kaya est si forte que ça, alors pourquoi à telle besoin d’un porte-parole comme toi ? – Fit-elle en affichant un petit rictus.
Si elle avait eu de la pitié pour Kaya vers la fin de sa sombre désillusion, elle n’en aurait aucune pour ce petite lion arrogant qui serait exactement comme tous les mâles imbue d’eux de ce maudit désert.
- Je ne savais pas que je lui faisait si peur pour qu’elle envoie un de ses sous-fifres m’affirmer que des vents nouveaux souffleraient sur le désert, mais si elle n’est pas capable d’affronter de simples peurs comment veut-elle affronté l’immensité du Grand Désert ? Ta grande guerrière semble mal partie.
Le regard plein de mépris que la lionne posait sur le lionceau n'affecta pas la détermination de ce dernier. Il avait beau être plus petit qu'elle, il n'avait pas peur. Elle n'avait pas intérêt à lever la patte sur lui, de toute manière, ou elle aurait de gros ennuis. Contrairement à elle, Jalan représentait l'avenir du Clan, un futur guerrier. En cela, il était plus important qu'elle, à bien des niveaux. Sans doute devait-elle considérer qu'il ne ressortirait peut-être même pas vivant de l'exil, et cette possibilité était à considérer. N'importe quel mâle Jangowas s'était déjà posé cette question un jour dans sa vie, en tentant de la mettre de côté et d'aviser lorsque le moment serait venu. C'était un fait : certains partaient et ne revenaient jamais. Mais ceux qui revenaient étaient des guerriers, c'était tout ce qu'il y avait à retenir. Ainsi, faisant honneur à son sang, le petit mâle garda le torse bombé, et attendit que la réponse arrive.
- Si Kaya est si forte que ça, alors pourquoi à telle besoin d’un porte-parole comme toi ?
Quelque peu déstabilisé par la froideur de la réponse, ainsi que par le sourire mauvais de Nahash, Jalan cilla. Ses oreilles frémirent et son expression déterminée fondit légèrement. Il pouvait comprendre pourquoi Kaya avait perdu espoir après avoir parlé avec cette vipère. En quelques mots, elle pouvait briser les convictions d'un enfant. Mais était-ce la sa seule volonté ?
- Je ne savais pas que je lui faisait si peur pour qu’elle envoie un de ses sous-fifres m’affirmer que des vents nouveaux souffleraient sur le désert, mais si elle n’est pas capable d’affronter de simples peurs comment veut-elle affronté l’immensité du Grand Désert ? Ta grande guerrière semble mal partie.
Cette fois, le lionceau était préparé, il ne se laissa donc pas démonter. La colère reprenait sa place, remplaçant l'inquiétude et les doutes. Ce que disait Nahash n'avait aucune importance, car il savait ce qu'il voulait. Il savait pourquoi il se battait. La femelle le savait-elle ? Était-elle loyale au Clan, ou seulement à elle-même ? Jalan retrouva sa fougue, fronça les sourcils et tenta à nouveau de se grandir, pour paraître plus féroce. L'adolescence approchait, il n'était plus un minuscule enfant à présent. Il pouvait lui tenir tête, et il savait comment.
- Ce n'est pas elle qui m'a demandé de venir, c'est moi qui l'ai décidé tout seul. Je veux défendre Kaya parce qu'elle est mon amie, pas parce qu'elle en a besoin.
Étonnement calme, Jalan sentait pourtant le sang battre furieusement dans ses tempes. Il devait garder son sang froid, car s'il se mettait à crier, tout son message perdrait de son sens. Il prit une grande bouffée d'air, puis, en regardant la lionne droit dans les yeux, il déclara :
- Nous sommes des Jangowas. Nous devons nous battre ensemble pour la même cause : notre Clan. Si des personnes comme toi s'amusent à blesser les autres pour leur bon plaisir, alors nous cesserons d'être les plus forts. Ce n'est qu'ensemble que nous pouvons faire de grandes choses. Tu devrais peut-être réviser cette leçon, avant de vouloir en donner aux autres.
C'était bien la première fois que le jeune mâle tenait un discours pareil. Evidemment, ce n'était pas entièrement de lui, il se contentait de répéter ce que son père lui disait depuis toujours. Mais c'était ce genre de paroles qui lui avait donné envie de se lier d'amitié avec les lionceaux de son âge, de faire parti du Clan.
Les mâles étaient si prévisibles, manipulables, malléables. Plus on les prenait jeunes, plus on pouvait les modelés comme bon leurs semblaient. En faire des guerriers ? C’était tellement facile, il suffisait de leurs bourrés le crâne d’inepties comme, par exemple, que les femelles n’étaient qu’une brise fraiche venant les délestés d’un poids trop lourds pour eux. Qu’elles n’étaient bonne qu’à ramener la nourriture et a enfanté de futurs fils qui, eux aussi, subiront le charmant bourrage de crâne qui leurs étaient réserver !
Nahash détestait ce gosse. Pas pour ce qu’il était, mais pour tout ce qu’il représentait ! Jalan n’était, pour elle, qu’un sale rat des sables venue pourrir sa vie jusque dans ses rêves les plus doux, la rappelant à sa pathétique condition de poule pondeuse, la narguant de son invulnérabilité. La simple vu de son petit sourire fit frémir ses babines et sortir ses griffes nacrées de leurs fourreaux. Ses dernières s’enfoncèrent dans le sable ardant du désert, mais celui-ci paraissait glacial à côté de la colère sourde qui brulait au cœur de la lionne.
- Ce n'est pas elle qui m'a demandé de venir, c'est moi qui l'ai décidé tout seul. Je veux défendre Kaya parce qu'elle est mon amie, pas parce qu'elle en a besoin. – Il prit une grande lampé d’air et repris. - Nous sommes des Jangowas. Nous devons nous battre ensemble pour la même cause : notre Clan. Si des personnes comme toi s'amusent à blesser les autres pour leur bon plaisir, alors nous cesserons d'être les plus forts. Ce n'est qu'ensemble que nous pouvons faire de grandes choses. Tu devrais peut-être réviser cette leçon, avant de vouloir en donner aux autres.
Nahash eut un frisson. Elle n’eut pas peur de cette juste leçon que lui lançait au visage le lionceau, comme un tas de vase qui aurait croupie au cœur de l’oasis, mais de nervosité. Sa voix lui était si insupportable qu’elle lui aurait volontiers abattu sa patte en plein visage. Cependant, elle avait beau porté en son sein les fils du grand général, elle ne sentait pas en sécurité. Elle ne s’était jamais sentie en sécurité dans ce clan de charognards de toute façon.
- Oh, je vois, tu es un brave petit fennec, dit donc. – fit-elle moqueuse.
Petit renard qui, au nom d’une amitié qui se transformera plus tard en servitude, prononçait au et fond que cette petite femelle lui appartiendrait sans qu’elle est mot dire. Comme si Vako arriverait à changer ce clan en une génération… Il était bien trop laxiste pour cela.
- Mais, dit-moi, si notre clan est si soudé que cela. Pourquoi envoie-t-on des guerriers courir après un traitre qui se montre bien plus fort tout seule qu’à plusieurs ? Oh, je pourrais aussi te demander, vu que nous sommes si unie que cela, pourquoi nous permettons nous de nous privez de la moitié de nos membres, hm ? Les Jangowas sont bien heureux quand les femelles viennent les aidés au combat, dommage pour elles, elles ne sont rien de plus que des jouets.
Ses mots, elles les crachaient comme une couler de miasme pourrissant la terre, anéantissant fleurs et arbres et contaminant les cours d’eaux d’une terrible maladie. Nahash ne frapperait pas Jalan, cependant rien ne l’empêchait de lui jeter sa haine au visage et de briser son petit esprit de guerrier-maitre-du-monde
- Tu trouves cela injuste ? Mais mon chéri, c’est comme cela que son éduquer tous les Jangowas ! Toi aussi, un jour, tu oublieras que cette petite Kaya est ton ami pour en faire ton esclave qui élèvera tes enfants à la gloire d’un clan d’esclavagistes. Tu parles d’unité, hm ? Je réfléchirait à cette leçon quand elle sera réelle et que les Jangowas seront égaux pour ceux qu’ils sont.
La colère et le mépris de la lionne était tangible, même un jeunot comme Jalan pouvait le sentir. Pourquoi cette femelle était-elle si amer ? Pourquoi désirait-elle donc tant blesser les autres ? Avait-elle subi un mauvais traitement ? Elle s'était acharnée à courtiser Khassim, le Général, connu pour son sale caractère, féroce et intransigeant. Si elle avait été malmenée par ce dernier, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même ! Était-ce cela, ou quelque chose de plus ancien ? Nahash était une lionne d'âge mure, et elle n'avait toujours pas d'enfant. Elle attendait probablement ceux du Général, et cela aurait du la mettre en joie. C'était un honneur, après tout. Alors, pourquoi cette attitude ? Détestait-elle tous les membres du Clan ? Était-elle une traîtresse ? Tout à coup, cette idée effleura le jeune mâle, et il se tendit.
- Oh, je vois, tu es un brave petit fennec, dit donc.
Devant l'insulte, il montra les crocs. Il ne devait pas être très impressionnant, mais cela ne l'empêcha pas de lancer un regard noir à son interlocutrice. Au fond de lui, il songea : "Je me vengerai quand je rentrerai d'exil. Elle regrettera de m'avoir traité de la sorte." Il était pour l'heure trop jeune pour l'écraser, mais lorsqu'il serait devenu un vrai guerrier, il lui ferait mordre la poussière.
- Mais, dit-moi, si notre clan est si soudé que cela. Pourquoi envoie-t-on des guerriers courir après un traitre qui se montre bien plus fort tout seule qu’à plusieurs ? Oh, je pourrais aussi te demander, vu que nous sommes si unie que cela, pourquoi nous permettons nous de nous privez de la moitié de nos membres, hm ? Les Jangowas sont bien heureux quand les femelles viennent les aidés au combat, dommage pour elles, elles ne sont rien de plus que des jouets.
En faisant référence à Hatari, la lionne augmenta la méfiance de Jalan à son égard. Soutenait-elle le félon ? Elle semblait sous entendre qu'il était plus fort que les guerriers Jangowas, ce qui était un scandaleux blasphème. Hatari avait été entraîné dans le Désert, il était aussi puissant que n'importe qui ici. Il était une menace à prendre très au sérieux, ce que Vako n'avait visiblement pas tout de suite réalisé. Il avait fallu que l'ancien Général Chenko perde la vie pour que chacun réalise enfin le danger qu'était Hatari. Jalan n'avait jamais vu le traître de ses propres yeux, mais son père l'avait connu, lorsqu'il était jeune et en avait parlé à son fils. Ce dernier se faisait donc une image bien précise de l'ennemi public numéro un du Clan, et espérait qu'il soit vite capturé. Était-ce le cas de Nahash ?
- Tu trouves cela injuste ? Mais mon chéri, c’est comme cela que son éduquer tous les Jangowas ! Toi aussi, un jour, tu oublieras que cette petite Kaya est ton ami pour en faire ton esclave qui élèvera tes enfants à la gloire d’un clan d’esclavagistes. Tu parles d’unité, hm ? Je réfléchirait à cette leçon quand elle sera réelle et que les Jangowas seront égaux pour ceux qu’ils sont.
L'échine du lionceau se hérissa. Il sentait toute la rancœur de la lionne dans ses propos et comprit que tout ce qu'elle ressentait, c'était de la jalousie. Elle aurait bien évidemment préféré être un mâle, et avoir ainsi droit à tous les honneurs. Elle n'avait cependant pas compris une chose dans le discours du jeune lion : il avait parlé d'unité, pas d'égalité. Les femelles n'étaient pas comme les mâles, c'était un fait. Elles étaient plus faibles, pour la grande majorité, et devaient porter les enfants. Ce fardeau, que la nature leur avait imposé, ne pouvait être pris par quelqu'un d'autre. Elles devaient donc l'assumer, que cela leur plaise ou non. Petit à petit, peut-être les lionnes auraient-elles plus d'importance dans le Clan, peut-être même l'une d'entre elles pourrait devenir Impératrice. Mais cela ne signifiait pas qu'ils étaient tous égaux. Jalan répliqua, d'un ton sec et tranchant :
- Qui a parlé d'égalité ? Evidemment que nous ne sommes pas égaux. Certaines femelles parviennent à se hisser au niveau des mâles, et c'est ce que Kaya fera, mais dans votre grande majorité, vous ne pourrez jamais vous battre comme nous. Pas en ayant ton attitude, en tous cas.
Il avait craché ses dernières paroles avec mépris. Il regarda Nahash de haut en bas, sans parvenir à cacher son dégoût. Cette fois, il la considérait bel et bien comme une traîtresse.
- Si tu n'es pas contente de ton sort, pourquoi restes-tu dans le Désert ? Le Clan n'a pas besoin de bonne à rien comme toi, tout juste capable de semer le trouble parmi les enfants. Si tu n'as pas réussi à accomplir tes rêves, ce n'est pas parce que tu es une femelle. C'est parce que tu es faible.
Il avait dit tout ce qu'il avait à dire. Tournant les talons, Jalan lui adressa un dernier regard de dédain. Son insolence lui aurait coûté cher s'il s'était adressé à un mâle, mais personne ne broncherait en le voyant s'adresser ainsi à Nahash. Peut-être Khassim le réprimanderait, mais le Général n'était pas là. La colère toujours brûlant dans ses entrailles, le jeune mâle s'éloigna. Il n'avait plus envie de parler avec cette vipère des sables. Elle pouvait bien tenter de répandre son poison partout, elle ne parviendrait pas à briser la foi féroce du Jangowas.
Contrairement à ce qu’elle aurait pensé, ce petit débile avait plus de courage qu’il ne le laissait paraitre. A chacun de ses mots, il se renfrognait et utilisait ses propos pour alimenter un foyer ardant qui brulait au fond de ses prunelles écarlates. Cette détermination dégouta profondément la lionne qui, dans sa tentative de brisé cet enfant, n’arrivait qu’à essuyer un cuisant échec.
Embourbé dans ses idées de domination masculine, Jalan n’avait pour Nahash aucune foutu valeur. Ce n’était qu’un garçon comme les autres qu’on ferait mieux d’étriper pour éviter que le Désert ne perdure dans sa bêtises. Evidemment, elle avait pensé quitter le clan. La première fois c’était quand son père lui avait dit qu’elle ne serait jamais rien, la seconde quand Uume l’avait prise comme compagne et encore une fois quand Khassim avait choisi Shabel comme compagne. Cependant, un Jangowas seul est un Jangowas mort. Peut-importe sa force, elle savait pertinemment qu’Hatari mourrait des pattes des traqueurs juste parce qu’il avait embrassé une vie de solitaire.
Personne ne l’aimait vraiment, ça tombe bien elle n’aimait personne en retour. Seule elle comptait parmi cet amoncellement de félin sans convictions. Alors que ce sale gosse l’insulte, méprise son comportement, il ne savait pas ce qu’elle vivait et ce que sa petite amie était destiné à vivre. Une vie de guerrière où elle serait la première héroïne féminine des comptes pour lionceau ? Belle utopie, mais comme tous les rêves ils étaient irréalisable. Que Jalan lui bourre le crâne d’espoir et ce n’est pas un os qu’elle se prendrait sur le haut du crâne quand elle découvrira ce qu’elle est, mais une dune de sable entière qui l’étouffera et l’empêchera de respiré toute sa vie.
- Si tu n'es pas contente de ton sort, pourquoi restes-tu dans le Désert ? Le Clan n'a pas besoin de bonne à rien comme toi, tout juste capable de semer le trouble parmi les enfants. Si tu n'as pas réussi à accomplir tes rêves, ce n'est pas parce que tu es une femelle. C'est parce que tu es faible.
Sur ses mots, le petit lionceau vis volte-face alors qu’une aspic enrager bondissait sur ses pattes les crocs découvert. Comment osait-il ?!
- Dégage de là, Morveux. Avant que je ne te coupe la queue ! Le faible, c’est toi qui refuse de voir ce qui est vrai.
Ce n’était que de la colère brute, à l’état pur, et que le petit aille répéter ce qu’elle lui avait dit à ses chers parents. Ce n’était qu’un gosse et elle se moquait de son avis surtout qu’on ne touchait pas à une lionne portant des enfants en son sein. Surtout ceux du Général …
- Dégage de là, va lécher les pattes de ton géniteurs et va crever en exil.
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