C'était une belle journée, rien ne pouvait sembler la gâcher : le soleil brillait, les oiseaux chantaient... Le seul détail gênant était la chaleur : le soleil était à son apogée et en saison sèche, il était particulièrement agressif. Heureusement, avec mes enfant, nous avions trouvé un coin tranquille où nous reposer. L'ombre d'un arbre... Y avait-il plus agréable ? Oui. Il y avait plus agréable : se reposait à l'ombre d'un arbre, dans le calme. Or, pour le calme, on repasserait. Haussant un sourcil, je vis Chesmu et Ohanko se redresser tandis que leur sœur préférait rester allongée calmement. Que se passait-il encore ? Tout deux avait l'air de se disputer mais sur quoi. Me levant à mon tour, je me plaçais à leur côté. Un peu plus loin, je pouvais apercevoir un lion faire face à une hyène. On ne pouvait entendre leur conversation mais au vue de leur position, je ne pouvais dire qu'une chose : leur relation n'avait rien d'amicale. Chesmu disait qu'il fallait intervenir avant qu'une bataille éclate alors qu'Ohanko semblait plutôt d'avis de regarder la hyène se faire mettre une raclée. Mon fils ne supportait pas les hyènes depuis le meurtre de sa mère et je ne pouvais que le comprendre. Moi même, j'avais maintenant du mal à regarder ces animaux sans mépris.

Cependant, toutes les hyènes n'étaient pas responsable de la mort de Saïka. Une seule l'était. Et ce n'était pas celle en difficulté. Autrement dit, je n'allais pas la laisser se faire blesser stupidement. Avec un soupir, et aussi désagréable que ça l'était, je me dirigeais vers le duo lion-hyène droit de vent. Je crus entendre un grognement mécontent. Ohanko sans doute. Mais qu'importe.

M'approchant du lion, je me raclais la gorge. J'avais déjà vu ce garde frontière au Rocher de la Fierté, plusieurs fois même. Je doutais cependant que lui m’ait vu. Mes visites au Roi se faisait dans le plus grand secret après tout. Sur un ton amusé, je commençais :

- Et bien ! Que d'agitation ! Puis je savoir quel est le problème ?

Comme on pouvait s'y attendre, le lion tourna vers moi un regard tout aussi surpris que mécontent. Je n'étais pas arrivé au bon moment apparemment, il semblait particulièrement sur les nerfs.

- Je fais ce que j'ai à faire, c'est tout. Si ça ne te plait pas, ce n'est pas mon problème. Tu n'as qu'a déguerpir.

Je fis mine de regarder la hyène comme si je la découvrais pour la première fois. Un sourire moqueur apparut sur mon visage, et contrairement à ce qu'on aurait pu croire c'était bien au félin qu'il était destiné. Ma voix devenant moqueuse, je continuai :

- Ce que vous avez à faire ? Mais c'est une hyène, elle est le bienvenu sur Prideland.

Agacé, le lion se détourna partiellement de la hyène pour me regarder de plus près, les griffes sorties. Oui, il était près au combat, à n'en pas douter.

- Mais de quoi je me mêle ?!

Bon, je pense qu'il était temps de se montrer un peu plus clair, mon visage se ferma soudainement, laissant place à une expression plus froide. D'un pas lent, je contournai le félin pour me placer entre lui et la hyène. Ma voix se fit plus grave, plus sérieuse.

- Dois je vraiment vous rappeler les mots de notre Monarque ? Les hyènes ont été nos alliés dans la guerre contre les Nyeusis, dans la guerre pour Prideland. Le Roi Kumpa les a récompensé à la hauteur de leur sacrifice : le Don en est un exemple mais également le fait qu'elles peuvent à présent marcher librement sur Prideland.

Pendant un instant, mes yeux quittèrent le lion pour se poser sur la petite hyène.

- Qu'on les apprécie ou non, les hyènes sont nos alliés et doivent donc être traité comme tel.

Et les esprits savaient que je ne les appréciais pas. Le lion ne semblait néanmoins pas convaincu. Heureusement, j'avais encore de quoi le faire définitivement descendre de son petit nuage.

- Par ailleurs, vous ne voudriez tout de même pas déranger son Altesse pour ça ? Je suis certain qu'il aurait un avis... tranchant sur la question.

Le félin se redressa, surpris et un peu frustré. Il ne devait pas se douter que j'étais prêt à en parler au Roi. Il ne savait peut être même pas que je le connaissait. Mais wala, le petit lycaon a ses contacts. Avec dédain, je vis le félin rentrer ses griffes.

- C'est bien ce que je pensais...

Le lion gronda.

- Très bien... Je saurais à qui m'en prendre s'il y a un problème de hyènes.

Puis il s'éloigna non sans grommeler. Bon... J'allais éviter de le recroiser celui là. Il ne m'avait pas l'air bien méchant mais je n'avais pas du lui laisser un bon souvenir.

Je me tournais vers la hyène, plissant les yeux, l'air méfiant... Peut être aussi un poil méprisant. Cette hyène... Je ne voyais pas elle en la regardant. Non, je voyais une ombre menaçante. Une ombre que je voulais effacer d'un coup de patte. Détruire d'un coup de crocs. Néanmoins, je tachais de garder mon calme.

- ... Voilà qui est réglé. Je vous conseille de ne pas vous éterniser et d'éviter les ennuis. Il n'y aura pas toujours quelqu'un pour vous sortir d'affaire.

Prepare for trouble, make it double !


Kit (c) KioDravyc
Anciennement - Papy Fleck

J'aurais apprécié que la hyènes déguerpisse. Avec ou sans remerciement, peu m'importait. C'était une hyène. Je n'avais pas spécialement envie de faire amie-ami avec elle... J'avais trop de mauvais compte à régler avec cette espèce. Enfin, l'un des leurs en particulier mais même avant cela, je n'avais jamais rencontré de hyènes digne de confiance. Pourquoi cela changerait ? Dans tout les cas, la petite créature n'avait pas l'air de pouvoir partir. Elle semblait hésitante alors qu'elle se préparait à dire quelque chose. Et bien ? Crache le morceau. Qu'on en finisse ! Je suppose que mon regard froid ne devait pas l'aider à rassembler convenablement ses idées remarquait... Mais je ne pouvais rien y faire. A chaque fois que je tentais de prendre une expression plus douce, les muscles de mon visage se contracté dans une expression sinistre, incontrôlables.

- Ehm... Et bien… Je ne sais pas trop quoi dire…  Je… Merci beaucoup . Je ne sais pas pourquoi vous avez fait ça , d’ailleurs je m’en pose la question…... Puis je vous poser la question ? Je n’ai pas tellement l’habitude du contact avec les lions.. Je ne … pense pas avoir cherché d’ennuis. Bon il est vrai que je suis un peu ailleurs ces temps… Mais je n’ai rien fais de mal !“

Je reniflais. Oui, elle faisait bien de se poser la question, il était clair que je ne l'avais guère fait par gentillesse. Quant à la suite... Oui, elle n'avait peut être pas cherché les ennuis, mais la présence d'une hyène était souvent bien suffisante pour sortir les félins de leurs gongs et ce, malgré les changements de lois. Les plaies du passé ne s’effacent pas facilement si elles n'ont pas bien cicatrisés. J'en savais quelque chose.

Cependant, ce que marmonna la hyène par la suite me fit tiquer et je dû me retenir de ne pas montrer les crocs.

- De toute manière, Prideland, malgré ces dons, ne cessera jamais de voir les hyènes comme le roi fou les a toujours perçue, comme des assassins…

Oh oui, vous êtes tellement des pauvres victimes... Oooh, pauvres petites choses... Comme il est aisé de dire une chose pareille ! Se plaindre de souffrir d'une situation qu'on à nous même créer... pfff. Cette hyène ne savait rien des siens. On est jamais coupable hein ? C'est toujours les autres, pas vrai ?! Les autres qui sont méchants sans aucune raison !? Et bien non ! Ça ne marche pas comme ça !

J'eus un rire amer avant de déclarer d'un ton emplit de mépris qui ne cachait en rien l'ironie de ma phrase :

- Oh oui ! C'est sûre que les hyènes n'ont jamais rien fait pour mériter ce genre de réputation.

Regardant l'horizon, je me plaçais dos à la hyène alors que je tentais de me calmer. Je fermai les yeux un instant, me laissant bercer par le son du vent dans les arbres. S'énerver ne mènerait nul part. A part à un combat peut être. Et pour quoi ? Pour rien. Le sentier de la guerre n'a aucun autre intérêt que celui de verser le sang, inutile de s'y engager.

- Je vous ai aidé parce que c'est mon devoir, ni plus, ni moins. Les hyènes ne sont plus ni des ennemis, ni des bannis. Elles ont un libre accès à ses terres à présent.

Aussi détestables que je trouvais ses créatures, je ne pouvais empiéter sur les lois... Et toute les hyènes n'étaient pas responsables de ce que j'avais vécu. Il fallait que j'apprenne à mettre ma colère de côté... Je tournais la tête vers la charognarde.

- Mon but est de maintenir la paix. Et comment y arriver si nous ne nous respectons pas mutuellement et ne respectons pas nos accords ?

J'eus un soupir. Mes oreilles se plaquèrent sur mon crâne alors que mon regard s'assombrit.

- J'ai vu suffisamment de guerre dans ma vie pour vouloir éviter d'en revoir.

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