Citation :

Ce RP se déroule six mois après celui-ci : [!] Tromper, jouer, trahir. Ladha est tombée enceinte suite à son altercation avec Kutoa. Dans ce RP, les petits sont âgés de trois mois et Ladha les a fait sortir de la jungle pour la première fois, pour leur permettre de découvrir le monde de dehors. Maafa, trop craintif, s'est caché dans un terrier.

Tapi parmi les hautes herbes de la savane, le ventre frôlant le sol sec de la Lande des Sans-Terre, Kutoa guettait avec une attention toute particulière une jeune gazelle qui s'était égarée. Les oreilles plaquées contre sa crinière décrépie, le soldat se lécha les babines, anticipant avec plaisir le goût du sang qui ne tarderait pas à remplir sa gueule. Posant une patte devant l'autre avec précaution, il ne quittait pas des yeux sa proie, répétant le cycle des pas inlassablement, tout en priant le Grand Esprit pour que sa chasse fût couronnée de succès. Après tout, son épaule le faisait toujours souffrir, malgré toutes les lunes qui s'étaient écoulées. Il ne suffisait que d'un seul faux pas pour que tous ses efforts soient réduits à néant. Tout à coup, les muscles de la gazelle se tendirent. Il n'en fallut pas plus à Kutoa : il bondit hors de sa cachette, fonça sur la pauvre bête et la tua d'un unique coup de crocs dans la nuque.
Ah, quelle tuerie ! Tu gères, Kutoa !
Satisfait de sa prise, l'exilé la traîna avec vigueur dans un coin d'ombre et commença aussitôt se repaître de sa chair. Son museau se recouvrit rapidement de sang, mais il s'en souciait guère : il pourrait toujours faire sa toilette plus tard.

Toutefois, à mesure qu'il mangeait, il se rendait compte qu'il n'était pas seul. Des petits bruits, des couinements ou des feulements, peu importe, le dérangeait dans son moment de solitude. Qui diable osait troubler le calme de son repas ? Sa bonne humeur partie, le guerrier se leva, bien décidé à faire déguerpir les intrus, mais avant cela, il prit soin de cacher sa prise dans un buisson. Une fois fait, il fit confiance à son ouïe pour le guider. Il n'eut pas à marcher trop loin.

Au détour d'un fourré, Kutoa vit deux jeunes lionceaux occupés à jouer bruyamment avec une branche. Cela lui rappela son enfance, car lui-même s'était amusé de cette façon lorsqu'il était plus jeune. Si pour certains, cela aurait suffit à calmer leur colère, ce ne fut pas le cas de l'exilé, dont le coeur s'était endurci, pour le meilleur et pour le pire. Le visage fermé, le regard menaçant, il sortit lentement de sa cachette, se révélant aux petits, qui sursautèrent et reculèrent de surprise.

??? : “ Ah ! „

La petite femelle ouvrit de grands yeux, ses miroirs verts louchant sur le visage de Kutoa, puis piailla à son frère :

??? : “ Sinziro ! Tu as vu ! Il est plein de sang ! „

Le mâle foncé ne répliqua rien, trop choqué par la vue de ce lion inconnu à l'air effrayant. Un sourire mauvais se dessina sur les babines du guerrier à cette constatation.
Oui, craignez-moi. Pauvres misérables.
Soudainement, des bruits de pas se firent entendre sur le sol sec de la lande. L'attention des deux petits fut rapidement redirigée vers l'origine de ce bruit.

Sinziro : “ Maman ! „

Cette fois-ci, ce fut au tour de Kutoa d'écarquiller les yeux de stupeur. La lionne qui venait d'apparaître n'était autre que Ladha. Cette femelle avec qui il avait trompé Niwata. Le visage de la Mositu, d'abord souriant, se crispa à la vue de l'exilé. Le corps guerrier fit de même. La tension était palpable. Enfin, sauf pour les lionceaux, qui roulaient par terre près de leur mère, sans se douter de rien.
C'est à ce moment-là qu'on doit échanger des civilités, n'est-ce pas ?

Kutoa : “ Ladha. Ça faisait longtemps. Pas que tu m'ais manqué, loin de là. „ commença-t-il sur un ton qu'il voulut poli, sa voix ronronnant avec hypocrisie.

Ladha : “ C'est réciproque. „

Kutoa grimaça. Ah, elle avait toujours sa répartie acerbe, cette catin. Le soldat toussa légèrement, puis chercha un sujet sur lequel partir, la lionne étant décidée à ne pas l'aider. En voyant les petits se courir après, ayant vite oublié le lion barbouillé de sang qui les avait effrayés un peu plus tôt, le guerrier trouva son idée.

Kutoa : “ Ce sont tes petits, n'est-ce pas ? „

Ladha : “ Oui. „

Hm. Toujours aussi peu loquace.

Kutoa : “ Eh, ils ont l'air en bonne santé, à courir partout, comme ça. Je peux voir que c'est des costauds. Qui est le père ? „

Ladha : “ Ce sont les tiens. „ répliqua-t-elle avec un visage impassible, ne laissant rien transparaître.

Kutoa : “ ... Comment ? „

Cette nouvelle eut l'effet d'une charge de gnou. Kutoa cligna plusieurs fois des yeux, sans comprendre, avant de diriger son regard vers les petits monstres qui mâchouillaient leur branche. Puis il réalisa. Ces petites bêtes venaient de lui. Ces bâtards. Ces enfants illégitimes. L'exilé gronda, faisant sursauter les lionceaux, qui cessèrent aussitôt leur jeu. Les seuls descendants qu'il voulait, c'étaient ceux qu'il allait avoir avec Niwata ! Furieux envers lui-même, Ladha et les bâtards, le guerrier devint méconnaissable : les traits de son visage se tordirent de colère, le sang séché de son museau accentuant ceux-ci, son regard bleu lança des éclairs. Tout cela ... Tout cela serait réglé si les lionceaux n'étaient plus là, n'est-ce pas ? Niwata ne saurait rien de son adultère s'ils n'étaient pas là pour le prouver, hein ? La décision fut rapidement prise. L'ancien Kulisha se ramassa sur lui-même, ne quittant pas des yeux la petite femelle, dont le pelage clair rappelait inlassablement le sien.

Ladha : “ Kutoa ? Que fais-tu ?! „

À peine avait-il entendu ces mots que le guerrier bondit, attrapa par la tête la minuscule créature et referma ses crocs d'un coup sec sur sa première victime, qui n'eut pas le temps de comprendre quoi que ce soit avant que la vie ne la quittât. L'hurlement de douleur de la mère retentit dans l'air sec de la savane, comme ce fut elle qui eut été mordue fatalement. Kutoa recracha sur le sol le petit corps ensanglanté et désarticulé de l'enfant avant de diriger son regard fou vers le lionceau restant. Alors que l'exilé bondissait, il fut intercepté par Ladha. Ils roulèrent un instant dans la poussière, avant qu'un coup de griffes de la part du soldat n'assomme à moitié la lionne.

Kutoa : “ Bien, elle ne se mettra plus en travers de ma route. „

Cracha-t-il tout en avançant d'un pas lent vers le lionceau paralysé par la peur. Une fois devant lui, le guerrier leva une patte meurtrière, prêt à l'abattre à tout moment. Cependant, son regard croisa celui du petit, et il en eut le souffle coupé. Ce gamin ... Avait les même yeux que lui.

Sinziro : “ S-s'il v-vous plaît ! Ne m-me t-tuez p-pas ! „

Pff. Un faiblard.
Kutoa abaissa sa patte et griffa avec violence le visage du lionceau, crevant ses maudits yeux au passage. L'enfant hurla de douleur, tombant littéralement sur le sol en se tortillant sous la souffrance.

Kutoa : “ T'inquiète, tu n'auras pas à supporter le poids ta misérable vie plus longtemps. „

À ces mots, Kutoa acheva le minuscule mâle d'un coup de crocs, de la même manière que sa sœur. Le silence qui tomba soudainement sur la lande lui fit hérisser le poil de plaisir. Ah. Enfin, le calme. Le guerrier laissa un petit sourire se dessiner sur ses babines. Bien. Très bien. Personne ne pourrait se retrouver au courant de l'existence de ces bâtards, car ils n'étaient plus. Et qui croirait Ladha ? Il pouvait deviner au caractère exécrable de la lionne qu'elle ne devait pas être appréciée au sein de son clan. Satisfait, il fit volte-face et abandonna le terrain, allant retrouver sa chère carcasse pour terminer son repas.

Cependant, ce que Kutoa ignorait, c'était qu'il restait un lionceau, dénommé Maafa, et que ce dernier avait tout vu, fixant à jamais dans sa mémoire la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux.

Kit © Kutoa

Kutoa parle en #0070ff