Cela faisait maintenant 6 mois que le petit monstre était né et occupé tout le temps libre de ma mère. Je n’arrêtais pas de l’ignorer, passant devant son nez sans lui adresser un seul regard. Je voulais lui montrer la souffrance qu’elle m’avait fait subir en agissant de la sorte. Elle avait eu beau essayer de me résonner, de me faire comprendre qu’elle avait été obliger ou alors l’excuse des pions sur son échiquier, je ne voulus rien savoir.

Aujourd’hui j’étais partie chasser pour me détendre, avec tout en bonne compagnie Ranjana. Nous étions donc revenues peu de temps après, avec chacune nos proies dans notre gueule. Je m’étais alors éloignée de Ranjana, lui faisant un signe de la tête pour lui dire que je la laissais, pour aller en direction de la grotte où mère avait donné naissance au petit bâtard noir. Je voulais voir mère et je pensais la trouver au fond de celle-ci, cajolant son enfant comme si c’était l’Unique être sortie de ses entrailles. Cependant elle n’y était pas. Étonner et relevant un sourcil je me retournais, regardant bien dans tous les coins possibles de la grotte. Ma proie pantelante se balancer dans ma gueule, tapant sur les parois froides et sombres.

Je ressortis alors quelque peu inquiète. Où était-elle passée ? Je me mis à marcher un peu la cherchant du regard, toujours ma proie dans la gueule. On voyait très clairement à mon air se crisper que je ne semblais pas rassurer. Au fond, malgré nos désaccords j’avais peur qu’il lui arrive quelque chose.

Je vis soudain une boule de poils noirs courir. Ce n’était autre que Gizani. Il avait beau être encore un jeune lionceau, il en restait un Nyeusis, il était donc beaucoup plus gros par apport à un lionceau normal. Même moi à son âge, j’étais deux fois moins grande que lui, malgré l’héritage de la carrure de mon père. Bientôt mon demi-frère bâtard, deviendra plus grand que moi alors qu’il restera toujours le plus jeune. Je profite donc encore un peu de mon avantage pour me montrer la plus mal aimable possible vis-à-vis de lui. Lorsqu’il me regardait donc en passant près de moi, j’avais abandonné toute inquiétude pour alors lui lancer mon plus sombre et orageux des regards.

Puis, une voix bien trop connue pour moi me vient à l’oreille. C’était mère, qui me demandait si je cherchais quelque chose. Il est vrai que maintenant que j’avais vu Gizani, je savais qu’elle ne se trouvait non loin. Et en effet, je tournais la tête vers la voix qui m’était bien trop familière. Il était là, dans une tâche d’ombre. Elle n’était plus la belle et séductrice Ekua qui avait régné sur Freeland. Son visage était tiré par la fatigue, son pelage devenait gris et son vendre était déformer par la faim tiraillent de son fils. Je m’approchais alors vers elle et déposais ma proie par terre, qui n’était autre qu’une petite gazelle. Je donnais un coup de nez sur le corps inerte, en direction de ma mère.

-Tient, c’est pour toi.

Quand je voyais son état, je me sentais mal de ne pas essayer de lui rendre la vie ne serait-ce qu’un peu meilleur. Je lui en voulais mais je ne voulais pas compter ses jours. Elle avait donc plus besoins de manger que moi, quitte à ce que je retourne chasser. De toute manière, cela ne me dérangeait pas. Cela me permettait de passer du temps hors de cette atmosphère et j’avais pris gout à cette activité. Sentir sa proie stresser et apeurer, l’odeur du sang frais et le pouvoir de tuer se révéler être quelque chose que j’apprécie par-dessus tout. Cela me permettait de me sentir puissante et intouchable. Cela permettait aussi de me défouler, sortir toute ma rage, ma colère et de me canaliser. Je me trouvais donc plus calme maintenant que j’avais trouvé ce moyen. Je repris alors, l’incitent à manger :


-Je suis allé le chasser pour toi… Regarde toi, il faut vraiment que tu manges beaucoup plus que ça, sinon bientôt je vais devoir élever ton fils à ta place …

Loin de là l’idée que cela m’enchante. Je fis donc une grimace discrète. Il est vrai qu’elle me faisait de la peine, surtout que Gizani a beaucoup de plus de lait que n’importe quelle autre petit. Les Nyeusis ont un grand appétit. Bientôt il devra rapidement se mettre à de la nourriture consistante, ce qui permettrait à Ekua de reprendre du poil de la bête.

Ekua me répondit avec ironie que ça serait regrettable que je doive supporter mon frère toute la journée. La babine tressaillait à ses mots. Il n’est pas mon frère. Je renie totalement le lien de sang qu’il y avait entre nous deux.

J’observais la vieille lionne planter ses griffes dans la chaire de l’animal inerte. Elle semblait inspecter l’animal. Je savais déjà ce qu’elle cherchait avant même qu’elle ne relève les yeux vers moi pour faire un commentaire. C’est avec un léger sourire que j’écoutais alors les mots qui viennent tout droit de sa bouche. Mère complimentée mes aptitudes dans la chasse, expliquant qu’on ne voyait presque pas les marques de crocs qui ont mis fin aux jours de la bête.

Je devais cela aux nombreuses heures passées à chasser avec Ranjana. La lionne devenait pour moi plus qu’une simple camarade, plus qu’une alliée de taille, elle devenait une véritable amie. Entre elle et moi la confiance était présente. Elle était peut-être l’unique personne avec qui je pouvais me laisser aller, être moi-même, doit avoir la sensation d’être jugée.
Je regardais la lionne brune planter ses vieilles dents dans la chair. Elle avait beau nier son appétit, elle semblait affamer à sa façon de manger. Je vis son œil revenir sur moi. Ekua m’invitait à manger un morceau. Je secouais la tête et lâchais lentement :

-Ranjana me gardera un morceau, ne t’en fais pas, mange.

Je lançais un regard orageux vers les broussailles qui bougeaient au loin. Gizani couraient après je ne sais quoi. J’espérais au fond de moi qu’il ne revienne pas avant un petit moment. J’avais envie de retrouver le bonheur que j’avais auparavant lorsque je passer de temps avec ma mère. Je regardais de nouveau ma mère et m’allonger montrant que je ne pas compter partir tout de suite. Les mots me brulaient les lèvres. Je ne savais plus comment avoir une conversation normale avec elle, depuis le temps que je l’ignorais.

-Comment … comment tu te portes ?

Ma question me semblait si stupide mais je ne savais vraiment pas comment elle allait. À chaque instant Mopango était près d’elle. Le simple fait de trouver un peu de temps seul en sa compagnie se relevait être un exploit.

Mère dévorait alors entièrement l’animal. Je sentis au fond de moi une étincelle de joie. Mais celle-ci s’éteint rapidement. Je ne nierais pas que la sensation rencontrée me soit étrange, moi qui avais pris l’habitude de la haire, elle et son joli monde parfait. À mes mots qui me semblaient maladroits, elle parut toucher par l’attention que je lui portais. Le contact encore nouveau me paraissait étrange les premiers instants.

Ma vieille lionne se léchait les babines, essuyant le sang qui avait fonçait ses poils et ses moustaches. Elle me répondit alors qu’elle était fatiguée mais toutefois heureuse car cela faisait bien longtemps que nous nous n’étions pas réellement vu. Ses mots ne m’étaient pas indifférents car ils étaient vrais et cela me donner une pointe de peine. Mais je ne regrettais pas les mots que j’ai pu avoir ou encore les gestes blessants dont j’ai fait preuve. J’ai étais blessée et j’avais besoin d’avaler la nouvelle, de m’habituer à la présence de ce nouveau colocataire. Une ombre passait alors dans mon regard. Je ne m’excuserais pour rien au monde, car je n’ai jamais été celle qui a débordé, j’ai toujours été droite, je n’avais rien à me reprocher. J’avais besoin de temps, cela a peut-être pris six mois, mais j’avais vraiment eu besoin de couper totalement les ponts. Ma colère était tellement forte que j’aurais été capable de dépasser les limites et devenir violente.

Les mots de la vieille lionne brune me sortirent de mes pensées qui étaient un peu trop chaotiques. Elle me demandait alors comment j’allais. Je soupirais alors, rivant mes yeux au sol. Comprendrait-elle seulement mes tourments si je lui en faisais part ? Elle reprit rapidement, face à mon silence. Elle avait alors l’impression que j’avais changée. Elle prit une légère pause avant de dire le dernier mot de sa phrase, comme si elle hésite. Je relevais les yeux vers elle, étonner par ce qu’elle venait de me dire.

-Je n’ai pas changée… j’ai… j’ai juste grandis.

En six mois tellement de choses se sont passé. D’une part j’avais grandi, prenant toujours de l’ampleur au niveau de ma carrure. Je rentrais dans l’âge d’une jeune adulte. Il me manquait encore quelques centimètres et j’arrêterais de grandir. Mes courbes s’étaient affinées au niveau du ventre et de la tête, abandonnent mon côté bébé pour toujours.

D’autre part j’avais muri. Je ne pouvais pas le nier, mentalement je prenais plus de temps de réfléchir avant d’agir et de parler. C’était de la mauvaise foi de penser le contraire. Je n’étais pas devenue une gentille fille à qui on pouvait demander n’importe quoi. Non, je gardais toujours ce tempérament de feu que je tenais de mes parents. J’étais une princesse, il ne fallait pas l’oublier après tout. Je laissais seulement Ranjana avoir le privilège de connaitre ma bonne lorsqu’a passé du temps ensemble. Elle était bien plus qu’un soldat pour moi, elle était une amie.

Pour Ekua j’avais changée car nous n’avons pas eu réellement de conversation et de contact depuis nos longues disputes à propos de Gizani. Pour moi je n’ai aucunement changée. J’ai gagné en maturité avec le temps, en patience et en calme. Je savais maintenant me contenir lorsque mes mots n’avaient pas leur place face à Mopango. Après quelques instants je repris :

-Depuis la mort de papa, rien ne se passe comme je l’espère, tout va de travers. Mes journées sont moroses et ennuyantes. Je rêve qu’un jour, tout change et que je retrouve mon héritage qui me revient de droit.

J’avais la voix qui tremblait légèrement. Pas par tristesse mais par colère. J’étais énervée de devoir attendre que les choses se passent, j’avais l’impression que rien n’avançait ici. Je contenais ma colère pour ne pas la laisser alors sortir et exploser.

Ma vieille mère parut alors peiner par mes mots. Elle me répondit alors qu’en effet, la vie dans la steppe était morne, elle était tout à fait d’accord avec moi. Si seulement nous étions plus souvent d’accord ainsi sur un même point, cela aurait évité plus d’une dispute. Mais j’avais le même caractère de ma mère et de mon père, ce qui entrainait des disputes lorsque je n’étais pas d’accord.

Mère semblait vouloir me rassurer en m’expliquant que je ne devais pas m’inquiétais car maintenant j’étais grande. Elle fit alors un doux sourire rassurant qui semblait légèrement triste à la fois. Elle me fit alors part d’une nouvelle à laquelle je n’aurais surement pas eu accès si j’avais décidé de rester sans cœur en coupant véritablement le lien qui m’unissait à Ekua.

Les vautours, à la solde de notre groupe auraient ramené des informations venant de véritables terres, Freeland. L’imposteur Haki aurait eu deux fils, plus jeune que moi et donc beaucoup plus naïf. Mère me dit alors que cela serait simple et facile de m’en faire des amis et réintégrer Freeland.

Je fronçais les sourcils au départ. Pourquoi j’aurais besoin de faux princes, mais au monde par des usurpateurs ? Puis je réfléchis quelques instants. Si je faisais croire à l’un d'eux que je n’étais pas comme ses parents lui raconter, que je survivais seule depuis plusieurs mois, j’atteindrais alors facilement leur confiance. Ainsi je pourrais manipuler facilement leur esprit et voir même réussir à le leur retourner. Je souris alors, convaincu. Je n’avais pas vraiment à être leur amie, mais à leur faire croire. Ce rêve était trop beau pour être vrai et mon sourire s’effaçait aussitôt.

Mère reprit alors qu’à défaut de voir mes rêves arrivées sur un plateau d’argent, pourquoi je n’allais pas faire un petit voyage sur les terres qui entouraient celles qui me revenaient de droit. Surprise je haussais les sourcils.

-Parce que … je n’ai pas le droit de quitter le groupe ou sinon je perds la protection qu’elle m’apporte.

Il est vrai que plusieurs fois j’avais envie de dire merde à toutes ces politiques et tous ses plans pour essayer de reprendre mes terres à ma façon. Mais seule je n’aurais jamais ce dont en quoi je rêve depuis la mort de papa. La vengeance. Je sais que je ne serais pas partie seule, Ranjana me suivrait, n’importe où j’irais.

-Et Mopango, pense-tu qu’il sera d’accord ?

Maintenant qu’elle m’avait parlé de ce projet, l’idée commencée à germer dans ma tête et l’envie de partir se faisait tellement sentir en moi. L’envie de revoir les terres natales me fit naitre des étoiles dans les yeux. De plus, aller à la rencontre des nouvelles terres que je n’ai pas eu le temps de découvrir comme Outland et son incontournable cimetière d’éléphants. Cela me permettrait en plus de rencontrer de nouvelle personne et commencer mon petit jeu.

Mère me répondit alors qu’au contraire, si je restais avec le groupe, je ne pourrais jamais retourner sur mes terres natales qui me sont promises depuis ma naissance. Elle continuait sur le fait qu’il serait surement plus facile pour moi de réintégrer Freeland, qu’elle en était sur mais que les Kulishas ne pourront pas venir à mes côtés, au risque de ne pas être prise au sérieux. Elle avait raison, les Kulishas se sont battu au côté de Sharkan et d’Ekua, ils se sont enfuis avec nous, ils ne seront plus jamais acceptés, même par comédie ou par réel envie.

Je réfléchissais. En effet tout ce qu’elle disait donner tellement envie. Voyant que je réfléchissais sur ses arguments, Ekua continuait. J’étais jeune lors de notre fuite de Freeland. Selon elle il sera donc plus facile pour moi de leur faire croire que j’ai changée.

Un doute s’installait au fond de moi. Moi qui rêvais de m’enfuir d’ici pour reconquérir mes terres depuis plusieurs mois me voilà à douter lors du départ. En fin de compte j’allais laisser tellement de choses derrière moi et je ne pourrais plus faire marche arrière. Ranjana, ma plus fidèle amie, celle avec qui je passais le plus clair de mon temps. Ne plus la voir sera un déchirement. Ekua ma chère mère, même si nous avons eu des désaccords, je me rapproche de nouveau d’elle qu’il faut déjà que je pense à la quitter.

La reine répondit alors à ma question. Mopango n’avait pas son avis à donner. Il ne dirigeait pas notre petite troupe et il n’était pas mon père pour oser réclamer un droit de parole sur mon avenir. Si je le désirais alors je pourrais partir pour Freeland. Non en effet, il n’était pas mon père. La vieille reine continuait sur le fait que je n’avais cas prévenir quand je désirais partir et qu’elle m’accompagnerait jusqu’à la frontière.

L’espace d’un instant, mes yeux s’embrumèrent. J’étais partagée entre joie, tristesse, euphorie et excitation. J’allais pouvoir enfin reprendre ma vie en main, joué de mes talents de manipulatrice pour reprendre ce qui m’appartient. Mais j’avais peur, peur d’être seule, peur de ne pas y arriver, peur de laisser ma mère seule ici … enfin pas si seule.

J’inspirais profondément pensant alors à Gizani. Cette boule de poils que je ne pouvais pas voir ni supportait. J’espérais alors au fond de moi, qu’il s’occuperait de mère lors de mon départ. Je regardais autour de moi et la lassitude de ma vie d’ici me pris à la gorge me donnent soudainement l’envie de m’en aller.

-Je crois qu’il est temps alors.

Je remis toute mon attention sur ma mère. Ne remettons pas à demain ce qu’on peut faire aujourd’hui. Je me sens prête, prête à reconquérir mon trône, seule, telle une véritable princesse. Je vais m’insinuer chez eux, tel un poisson, ils ne me verront pas venir, et lorsque le serpent se sera enroulé sur sa victime, il sera trop tard pour fuir.

Je sentis que mère semblait attrister de me voir prendre la décision de partir aussi rapidement. Elle ne pouvait pas me cacher ses sentiments, je pourrais dire être celle qui la connaît le mieux aujourd’hui, et je savais lorsqu’elle n’allait pas bien. Même si nous avons eu une relation mouvementée ces derniers mois, cela ne change rien au fait qu’elle m’avait donnée naissance et éduquée. Elle répondit d’une voix cassante dans une belle formule qu’elle était d’accord.

Mère se penchait alors vers moi et me serrais contre elle avec une grande tendresse, celle que j’ai connue, quand j’étais alors qu’une enfant. Ce contact me fit frissonner car je n’avais plus eu de telle preuve d’amour de sa part depuis longtemps. Évidemment j’en étais la seule fautive, lorsqu’on évite tout contact et lorsqu’on parle mal à une personne, il ne faut pas s’attendre à la voir gentille et douce en retour. Peu à peu ma surprise s’estomper et je passais alors une patte près de son épaule pour rendre l’éteindre qu’elle me portait. Lorsqu’elle se retirait de cette étreinte d’affection, je la laissais alors glisser. Je n’arrivais pas à me dire que c’était surement notre dernier moment ensemble.

Mère avait laissé une patte sur mon épaule et son regard était rivé sur le mien. Elle me dit alors quelque chose de très important. Pour elle ce fut la dernière leçon qu’elle allait me donner. Elle me dit alors, que quoiqu’il arrive, jamais je ne devais tomber amoureuse. Que le monde entier me donne ce qui leur est le plus précieux, leur cœur, mais en aucun cas je ne devrais faire de même. Elle finit alors par dire que je devais donner l’illusion d’une grande passion et je jamais montrer de réel sentiment. Je l’avais écouté parler avec attention et j’avais acquiescée à ses mots. J’entrouvris mes babines pour souffler quelque mot.

-Je te le promets.

J’avais presque le souffle coupé. Je ne pensais pas que cela deviendrait si dur à faire. Moi qui le matin même rêver avec rage de m’évader d’ici. Il me restait beaucoup plus d’attachement que je ne le croyais. Elle reprit alors, avec difficulté. J’entendais bien sa voix qui commençait à vaciller, son œil briller un peu plus que d’habitude. Elle semblait se retenir de pleurer. Elle me dit alors que si j’avais des ennuis, je n’avais qu’à la prévenir par vautour et qu’elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour m’aider. Elle me le promit.

Je sentais alors ma gorge se nouer, mes yeux commençaient à me brûler et la sensation que mon estomac se retourner. Je déglutis difficilement, ravalant alors ce sentiment de faiblesse qui ne faisait que croitre en moi. Je fis un léger sourire. Il était doux, sincère et s’adressait seulement à elle.

-Merci pour tout ce que tu m’as inculqué.

Au fond de moi, j’espérais qu’elle était fière de sa fille, de son enfant, du fruit de ses entrailles. Le lien sera définitivement coupé lorsque je me retournerais et que je partirais. Je voulais alors profiter au maximum de ses dernières minutes à l’avoir près de moi. Mais plus je restais là, plus l’envie de rester à ses côtés, grandissait. Je devais partir tout de suite. C’est avec une voix déchirante, briser par le chagrin que je lui dis alors ses derniers mots :

-Maman …. je t’aime.

Mon visage se crispait pour ne pas se déchirait sous la tristesse et lâchais de lourds sanglots. Non, seule une larme se mit alors à couler le long de la joue. Je fis alors volte-face et me mis à marcher tout droit en direction de la frontière. Je ne devais pas me retourner, en aucun cas je ne dois le faire. Je retenais mes pattes qui auraient bien aimé repartir voir le visage balafré.

Je partais donc sans avoir dit en revoir au groupe. Ni Mysha, ni Ranjana. Personne à part ma mère. Ainsi je laissais l’effet de surprise à ceux qui ne me porte pas dans son cœur, quand ce soir, ils se rendront seulement compte de mon départ. Il est vrai que j’aurais aimé au moins dire un mot à Ranjana mais le devoir était plus fort que tout. J’espérais juste au fond de moi que je la reverrais.

Lorsque j’eus parcouru une bonne centaine de mètres je m’arrêtais alors sur un surplomb de roche pour observer derrière moi. Je n’arrivais plus vraiment à distinguait ma mère dans le paysage. Je reniflais et reprit ma route. Elle me manquait déjà. A cette pensée ma poitrine se comprimait.