Le devoir d'un père

Kaya.
Ce nom revenait régulièrement dans ses oreilles. Pas un seule journée ne passait sans qu'un Jangowa, retardataire, ne le félicite pour cette naissance inattendue et surprenante. Tout le temps, tous les jours, des camarades venaient pour lui parler du bébé aux yeux vairons, que ce soit pour le railler lui-même, le complimenter ou pour lui poser des questions concernant le devenir de cette histoire avec Wema. Alibi répondait aux questions, quoique distant et désintéressé. Il n'appréciait pas particulièrement cette idée d'être considéré comme un jeune père qui allait rapidement prendre ses responsabilités en patte alors que, au fond, il n'avait jamais désiré avoir des enfants dans un moment pareil. Après tout, n'était-il pas un peu trop jeune pour s'encombrer de gamins hurleurs ou de gamines pleurnicheuses  ? Fort heureusement – et cela en devenait même contradictoire – Alibi avait eu la satisfaction de ne subir qu'une petite femelle, Kaya, au lieu de toute une bande de lionceaux agités et bavards. Dans ses projets les plus secrets, il pensait à avoir une nouvelle portée avec Wema, dans quelques années, lorsque Kaya serait assez indépendante et grande. Au choix, il aimerait avoir un fils, cette fois-ci … comme n'importe quel mâle. Mais Wema voudra-t-elle, au moins, exaucer ses souhaits ? Éduquer et s'occuper de Kaya ne sera-t-il pas difficile, au point de faire une croix sur une potentielle descendance à venir ? Pourtant, sa fille semblait sage. Elle était mignonne, tout en paraissant innocente et naïve …

Enfin, peut-être n'était-ce pas le cas. Elle avait peut-être hérité du charme redoutable de sa mère, en même temps d'avoir obtenu la fourberie agaçante de son père. Kaya restait un mystère pour Alibi, dû à son jeune âge qui la limitait dans ses conversations et dans ses mouvements. Durant ces seuls moments où il avait pu la garder entre ses pattes, vulnérable qu'elle était, Kaya s'était contentée de s'agiter, de contempler son père ou de dormir contre lui.
Même si sa présence, au départ, avait été indésirée … Alibi devait se l'avouer, elle l'apaisait de plus en plus, au fil des jours. Elle lui rappelait involontairement que lui aussi, plus jeune, avait été naïf et vulnérable. Voyez ce qu'il était devenu, depuis ! Il espérait que sa fille ne prendrait pas le même chemin que lui. Quitte à la surveiller constamment et à la punir au nécessaire … il ne la laisserait pas tomber. Pas comme Mafunzo avait fait avec lui, en le laissant librement faire ses petites bêtises quotidiennes, sans punitions assez claires et dures, sans l'ombre d'une éducation correcte afin de vivre avec ses camarades, dans le respect et dans la bienveillance. Les erreurs que son père avait faites avec lui, il essayerait de ne pas faire les mêmes avec Kaya.


Le félin aux yeux vairons cessa sa marche devant ce nid gigantesque qu'était l'Oasis Oubliée, petit paradis empoisonné lorsqu'on y réfléchissait bien. Ses souvenirs heureux concernant Wema s'arrêtèrent ici, et il respira un bon coup, comme si le simple fait de poser les pattes là-bas lui coûtait énormément en force et en courage. Le fait que des dizaines de Mositus soient morts ici ne l'effrayaient guère. En revanche, repenser à sa petite nuit d'amour avec son actuelle compagne, avant de commettre LA bêtise … ça passait moyen. Mais il devait y aller. Des lionnes avaient signalé que Sukuma, une Jangowa du Clan, était allée se balader dans l'Oasis Oubliée. Même si elle était assez grande pour aller où elle le voulait et que personne n'avait besoin d'elle à l'heure actuelle pour les tâches du groupe, les plus gentilles d'entre elles s'étaient inquiétées pour sa personne. « Elle n'est pas en forme, tu dois veiller à ce qu'elle aille bien » assurait une adolescente. Alibi s'était énervé devant cette demande. Depuis quand était-il le garde du corps de ces dames ? Depuis quand était-il l'esclave de ces demoiselles qui n'étaient pas capables de faire les choses par elles-mêmes ? La colère avait tout d'abord envahi l'esprit du guerrier, avant qu'une idée, toute nouvelle, ne l'encourage à accomplir son devoir : Sukuma était mère. Lui était père. Elle avait de l'expérience dans ce domaine, mais lui n'en avait pas. Les femelles avaient prétendu qu'elle était de mauvaise humeur car sa fille n'en faisait qu'à sa tête. S'il la trouvait, lui parlerait-elle de sa fille ? De sa relation avec son enfant, et de tout ce qu'il fallait savoir afin d'en éduquer un ? Alibi ne comptait pas lui engager la conversation par ce sujet. Il ne se permettrait jamais de mettre en danger sa fierté et sa débrouillardise aux yeux d'une simple guerrière comme elle.

Déterminé, Alibi s'était enfoncé dans l'Oasis Oubliée et, finalement, il l'avait trouvé après un bon temps de marche. Occupée à regarder le reflet de l'eau, Sukuma semblait moins déformée par une potentielle émotion de colère ou de tristesse, au grand soulagement du félin blond. Au moins, elle serait plus facilement abordable.

Doucement, il approcha Sukuma, tandis qu'elle lui faisait dangereusement dos. S'il avait été un ennemi, la prendre par surprise aurait été un jeu d'enfant. Mais le fils de Mafunzo garda son calme, et sa discrétion. Contrairement à ses nombreuses fois où il avait fait une apparition brusque, cette fois-ci, il semblait curieux de savoir jusqu'où elle était capable d'ignorer la présence des autres.
Finalement, elle se rendit compte de quelque chose et se retourna, semblant soulagée de le voir.

«  Bonjour Alibi. Comment vas-tu ? » dit-elle.

Elle se redressa et sembla jeter un œil au corps changeant du jeune Jangowa. Sans soucis, elle fit savoir ses constatations silencieuses :

«  Tu … Tu as bien grandi ... »

Alibi hocha la tête. Il faillit lui répondre un « Effectivement » mais Sukuma, comme pratiquement tout le monde chez les Jangowas, était au courant de la naissance récente de la petite Kaya. Elle le félicita avant même qu'il ne songe à sa fille :

«  Toutes mes félicitations jeune papa ! Tu féliciteras Wema de ma part ! »

En fait … C'était super-facile, pensa-t-il, haussant un sourcil.
Son étonnement ne fit son apparition que durant quelques maigres secondes. Après quoi, il assura, vivement :

«  Bien sûr. Je le lui dirai ! » répondit-il en hochant de nouveau la tête.

Il n'allait pas s'arrêter sur cela, pas vrai ? Alibi ne se donna pas cette peine de la vouvoyer : le seul qui méritait, à la limite, ce précieux avantage, c'était Vako. Autrement, il parlait à ses collègues à la manière dont il parlerait à ses vieux copains d'enfance. A quelques exceptions près, hein …

«  Que fais-tu ici, Sukuma ? Tu me sembles … pensive. Ce n'est pas trop ton style de traîner seule dans l'Oasis Oubliée, n'est-ce pas ? » supposa le combattant des sables, faussement surpris.

Le devoir d'un père

Que pouvait-elle faire ici, de toute manière ? L'Oasis Oubliée était pratiquement inhabitée … Et l'idée de chasser dans cet endroit était assez étrange. Sukuma cachait-elle quelque chose ? Si cette supposition s'avérait être vraie, alors Alibi ignorait tout de ce qu'elle impliquait. Le mâle aux yeux vairons aperçut un sourire sur le visage de sa camarade qui lui confirma :

«  Tu as raison, je n'ai jamais eu pour habitude de me balader ici … Néanmoins, je pense que j'avais besoin de passer par ici … Comment dire … Pour des raisons personnelles … Mais bon, oublie ça ... »

Des raisons personnelles ? Alors, il avait bel et bien raison, elle cachait quelque chose ? Alibi fut décidé à connaître ces fameuses « raisons personnelles ». Il ne comptait pas l'harceler pour être tenu au courant, mais s'assurerait de gratter quelques informations.
Il s'apprêta à lui poser une question, mais Sukuma revint avec insistance sur le sujet de Kaya. A croire qu'elle était sa mère et qu'elle devait à tout prix parler de sa petite-fille !

«  Quelles sont tes impressions ? Qu'est-ce que ça fait d'être père ? As-tu des projets d'éducation précis ? Penses-tu être à la hauteur pour une telle responsabilité ? Je sais, ça fait beaucoup de questions à la fois mais … Je suis tellement heureuse pour toi ... »

Ses impressions ? Il était déboussolé. Ce que ça faisait d'être père ? C'était tout son avenir qui venait de se modifier. Ses projets pour l'éducation de Kaya ? Oui, il ne commettrait pas les mêmes erreurs que son père. Pensait-il être à la hauteur d'un tel rôle ? Mais bon sang, pour qui le prenait-elle ? Les Jangowas étaient réputés pour être des guerriers redoutables et cruels, ce ne serait pas une gamine de trois mois qui le mettrait en difficulté !

«  Mes projets d'éducation ne te concernent pas, Sukuma. Quant à mes impressions, je suis juste un peu déboussolé, mais tout ira bien mieux après. Je suis, sans hésitation, à la hauteur de ce nouveau rôle. N'oublie pas que nous sommes des Lions du Désert, Suku', et que nos propres enfants sont loin d'être capables de nous mettre des bâtons dans les roues. » déclara-t-il d'une voix neutre, presque froide si Sukuma s'y penchait trop.

Terriblement ironique … Lui-même, dans son enfance, avait causé des tas et des tas de soucis à ses parents. Dans le Clan, la plupart des Jangowas n'avait jamais véritablement ignoré la réputation qu'il s'était construite : celle du sale gosse rebelle qui n'en fait qu'à sa tête.
En s'asseyant, ses mirettes plongèrent dans les siennes et il l'interrogea :

«  Tu as des problèmes ? J'ai l'impression que tu es perdue dans tes pensées. »

Pas vraiment, en fait. Simplement, Sukuma paraissait bizarre. Son comportement était pire qu'avant, elle semblait songeuse.

Le devoir d'un père

«  Tu n'as pas changé, tu es toujours aussi sûr de toi … Mais sache que la tâche d'un père n'est pas la même que celle d'un guerrier du Désert … Celui ou celle qui s'attache trop d'importance au Clan par rapport à sa famille n'est pas un bon ou une bonne mère, du moins … C'est ce que je pense. En ce qui me concerne, je suis un peu … préoccupée en ce moment et si je suis venue ici c'était pour me reposer de tout ce qui me préoccupait … Rien de grave ne t'inquiètes pas pour moi ... »

Alibi se retint de soupirer. Une nouvelle fois, il avait tenté de tourner la conversation autour des affaires de son interlocutrice, mais à son tour, elle était revenue sur les responsabilités d'un père. Ils se jetaient la balle, mais aucun d'eux n'était prêt à parler de lui-même. La frustration picota ses pattes. Bon sang, il était au courant de tout ça ! Et il ne comptait pas mettre sa nouvelle famille de côté, ou tout du moins pas tant qu'il en serait forcé. Kaya aurait le père dont elle avait besoin, Sukuma ne devait pas en douter. Le Jangowa était impatient de changer de conversation, mais la lionne lui facilita la tâche : elle ouvrit, une fois de plus, une ouverture quant à son problème.

«  En fait je ... »

Sukuma se mit à trembler. Son regard se fit fuyant, elle ne se permit de rien rajouter. De nouveau, Alibi affirma :

«  Tout ce que tu m'as dit, j'en ai conscience. Et de toute façon, si je me conduisais mal avec Kaya, Wema ne manquerait pas de m'en parler pour arranger les choses, j'en suis certain. »

Il trancha et eut la satisfaction de répéter :

«  « Je » quoi ? »

Tenterait-elle de fuir le sujet pour en revenir sur Kaya, encore une fois ? Le guerrier patienta le temps qu'elle réponde.

(c) Kira pour Never Utopia

Le devoir d'un père

«  En fait … Je … Je crois que … Je n'ai jamais été ce qu'on pourrait appeler une bonne mère ... » confia Sukuma.

Le guerrier haussa un sourcil, avant d'en revenir à son naturel visage neutre. Elle avait des problèmes avec sa fille. Qui eut cru que même une femelle Jangowa pouvait en avoir avec ses enfants ? Alibi considéra sa camarade avec attention. Le regard de Sukuma se voilait petit à petit par de la tristesse pure, celle que le jeune mâle détestait ressentir. Elle commençait à perdre contrôle sur ses sentiments … Aux yeux d'Alibi, c'était mauvais signe. Elle ne devait pas se montrer aussi faible devant un autre Jangowa.
La femelle s'essuya les yeux, blessée.

«  Mais bon … Oublie ça … Rien … Rien de grave ... »

Elle se mit dos à lui en tentant – lui semblait-il – de cacher ses larmes. Le Jangowa vint face à elle et soupira :

«  Tu ne devrais pas pleurer pour ça, tu sais. » Dans de rares moments comme celui-ci, le fils de Mafunzo se permit de la consoler, à l'abri des regards : «  Qu'est-ce qui t'arrive ? Quelque chose ne passe pas avec ta fille ? »

Quel était son nom, déjà ? Wanga … Wungu … Hmm … Il lui semblait que c'était Wingu. Il ne lui avait guère parlé à l'instar de Wema qui, en tant que femelle, conversait avec jeunes filles et anciennes. Peut-être que Sukuma serait davantage aidée si elle demandait conseil à sa compagne, non ? Enfin ... Elle n'était pas là, alors il devrait l'apaiser par ses propres "propositions", même si lui était un mâle, même si lui ne comprenait pas toujours le délire des femelles.

(c) Kira pour Never Utopia

Le devoir d'un père

La vieille mère en détresse renifla. Elle avoua, inspirant profondément :

«  Oui c'est exact … J'ai des soucis avec ma fille. Elle est tout ce qui me reste … Et pourtant, elle est en colère contre moi … Je ne sais pas exactement pourquoi … Elle cherche à s'éloigner de moi ... »

Alibi garda le silence. Sa fille était en colère contre elle, et cherchait à prendre de la distance dans leur relation. Quoi de plus naturel pour une jeune adolescente telle que Wingu ? Il n'était pas un expert en ce qui concernait la vision des enfants – à défaut de ne s'être pas compris lui-même, à cette époque-là -, cela dit, il pouvait tout à fait concevoir que les jeunes avaient ce besoin de prouver leur indépendance, leur force et leur maturité durant cette tranche de vie.

«  J'ai la sensation d'avoir tout perdu, celui que j'aimais par-dessus tout et ma propre fille. De par son comportement à mon égard, j'avais l'impression qu'elle n'était plus de ce monde. La petite Wingu que j'ai connue à complètement disparu. Autrefois, nous étions très proches et soudées … Maintenant, la relation que nous entretenons n'est plus celle d'une fille et sa mère. Dernièrement, elle m'a vouvoyé, comme si … Elle cherchait à ... »

Il soupira.
Comprenant bien vite son erreur qui manifestait de l'ennui et un grain d'indifférence à l'égard de sa camarade, le félin au regard topaze/saphir reprit aussitôt contenance et la questionna :

«  Lui as-tu demandé pourquoi elle se comportait ainsi avec toi ? Si quelque chose n'allait pas, et qu'elle avait besoin d'ai- .. » il s'arrêta en pleine prononciation, mais Alibi considéra que ce n'était pas si grave et acheva : «  d'aide. »

La plupart des Jangowas n'aimait pas recevoir l'aide d'autrui, se pensant assez fort et débrouillard pour pouvoir s'arranger tout seul. Il ne savait si Wingu était trop fière ou non pour accepter la patte qui se tendait vers elle, mais en tout cas, ce n'était pas son cas à lui.

«  Tu devrais venir la voir pour lui en parler, sincèrement. En tête à tête, d'une conversation franche et directe. Tu ne trouveras jamais la solution à ton problème en pleurant ici, isolée du Clan. » ajouta-t-il, d'un ton légèrement plus dur.

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En déclarant cela, Alibi plongea involontairement dans une marée invisible, gorgée de souvenirs et de regrets. Il songea à ce jour où il s'était « confié » à Wema, à ce jour où il avait pensé que le monde avançait sans lui. Depuis le temps, il s'était ressaisi, et les journées dans le Grand Désert lui avaient paru de moins en moins ennuyantes au fur et à mesure du temps où il prenait de l'âge et de l'expérience. Aujourd'hui, se plaindre n'était pas sa priorité, et Sukuma devait en faire tout autant, tout comme lui.

D'ailleurs, cette dernière sécha ses larmes et inspira profondément.

«  Tu as raison … C'est vrai que rester dans mon coin n'arrangera pas la situation … Le problème c'est que … Nous avons déjà discuté en tête à tête comme tu le disais tout à l'heure … Et … Je crois que … Elle me déteste ... »

Et c'est reparti pour un tour, se dit intérieurement Alibi, retenant de justesse ses yeux qui mourraient d'envie de regarder le ciel.
Il pouvait faire preuve de patience et d'une rare gentillesse envers les autres, mais il fallait savoir que cette phase de son comportement ne durait pas éternellement. Un peu plus, et il voulut soupirer, sauf que le devoir l'en empêcha. Reste calme. Tout va bien.

«  Alibi … Je … Je … Je ne sais pas quoi faire ... »

Brusquement, il se releva. Froidement certes, mais il ne supportait plus d'être assis, brûlé par la frustration. Il ne jeta aucun regard mauvais à son interlocutrice, ni un geste qui aurait pu paraître agressif et violent à son égard. Alibi se contenta simplement de la dévisager, immobile, la tête haute. Sa queue indiqua la route qu'il avait prise afin de sortir de l'Oasis Oubliée.

«  Forcément, si elle est en colère contre toi, elle ne va pas te sauter au cou en te criant des « je t'aime ». Souviens-toi que tu es une Jangowa, Sukuma, et que tu dois cesser de te plaindre et, surtout, de pleurer. Essaie de lui reparler et de mettre la patte sur le fameux problème qui vous crée des distances. Si rien ne marche, alors je ne peux pas t'aider. Wingu a cas vivre sa vie de son côté toute seule, si elle se croit assez débrouillarde et intelligente pour s'épargner de mère à ses côtés. » La psychologie, c'était bien, mais seulement lorsque ses conseils se faisaient appliquer. Que pouvait-il y faire, si Wingu ne voulait plus de sa mère ? Rien du tout. Que pouvait-elle donc faire, la Sukuma, si les voies de la réconciliation avec sa fille étaient fermées ? Rien non plus. Parfois, se battre était bien, mais renoncer était mieux. On ne pouvait pas tout avoir.

(c) Kira pour Never Utopia