POUR TROUVER, IL FAUT CHERCHER.

1003, 1004, 1005… Une heure ! Voilà très indiscutablement une bonne heure que mes pattes foules le sol à une médiocre allure. Je me sens lourd, mais mon énergie duplique mon effort et je n'abandonne pas mon objectif. J'arriverai à l'atteindre, à le trouver et à y découvrir ce que je cherche désespéramment. J'aurai peut être dû venir en compagnie de Kama. Non ! Certainement pas. Je peux y parvenir seul, et je lui prouverai. Ainsi, je pourrai me vanter de mon voyage au nord-est des terres du sud. Il sera assurément jaloux. M'enfin, c'est ce que j'aimerai penser. Comment en suis-je arriver là ? A déambuler seul vers une brume qui s’épaissit à chacun de mes pas, une brune dans laquelle je m'enfonce sans hésitation, sans possibilité de retour. De tout manière, je suis perdu. Cette calamité m’envahis et je ne peux, en attendant d'accéder à mon but, que me remémorer ce qu'a été ma troublante journée.

Ce matin, alors que le soleil se levait gracieusement tôt et qu'il couvrait chaleureusement de ses sphères ceinturés nos terres, j'avais eu pour idée de voyager dans un endroit que Kama n'avions pas encore découvert. Pour ne point lui gâcher la surprise, je m'étais contenté de simplement lui dire, devant père et mère, que je désirais jouer en sa compagnie. Je m'étais attendu, comme habituellement, à qu'il acquiesce et me rejoigne, pour que je lui confesse par la suite un stratagème pour s'éloigner des terres et découvrir une facette avec laquelle nous n'avons toujours pas fait connaissance. Mais surprenante fit sa réponse quand il m'eut dit qu'il ne voulait pas jouer. Pas jouer ? Kama ? Un emportement de colère m'avait donc emplie d'un sentiment de trahison. Je me sentais terriblement meurtri, ce matin. Kama ne m'avait jamais dit « non » aussi sèchement, irritant mon ouï par son indifférence totale à mon égard. Lui tirant la langue et l'insultant de peureux, je m'étais éloigné. Mère avait retenu père, disant qu'il fallait bien de ce genre de chose pour grandir.

En dehors du repère des lions, je m'égara dans les hautes herbes omniprésentes dans les terres du sud. Et avec une force haineuse, je donna un coup de tête à une simple motte de terre. La colère faisait rage en moi. Je n'aimais pas du tout cette émotion. Comme j'étais un lionceau, ce genre d'histoire pouvait s’avérer importante à mes yeux. Pour un adulte, ce n'est sûrement qu'une simple dispute entre congénères. Il fallait donc que j'agisse pour que Kama veuille s'excuser. Parce que moi, je n'irai pas ! C'est lui qui m'a mal répondu et qui, à mon point de vue, m'a lancer un de ces regards lassé par les jeux. Rhaa ! Idiot de frère, parfois ! Je rejeta ma tête en avant, la basculant sans délicatesse. Elle se heurta à nouveau à la motte de terre, me faisant produire un « aïe » maladroit. Fichu motte !

Pour que Kama vienne s'excuser, il fallait que je face quelque chose… Quelque chose de courageux ! Et peut être imprudent ? Je ne sais pas. Bref. C'est pour cela que lorsque j'avais décidé d'à nouveau rejoindre la jungle des gorilles pour mon endroit secret, je fis interpeller sur quelque chose de plus intéressant. Ce que je rejoins actuellement, en soit. J'avais aperçu deux lions. Je n'ai pas vu leur visage et ce fut bien dommage. L'un contait à l'autre une de ces aubaines chroniques, sur un endroit non loin des terres du sud. Maintenant que je réalise, son « non loin » me hérisse le poil. Ce lion était bon menteur. Une heure que je marche, moi. Enfin, passons. Il avait dit qu'il savait où se trouvait le cimetière d'éléphant. C'est ainsi qu'il eut dit :

- Oui oui, un cimetière d'éléphant ! Je l'ai trouvé en allant au nord-est des terres du sud. Tu fais pas plus d'une heure de marche. J'en ai compter les pas. 978. Tu le trouves lorsque tu es bien enfoncer dans le brouillard, tu ne vois plus rien. Là, quelques ossements feront leur apparition. Enfoui toi d'avantage et tu le trouveras. Il y a moins de brume, mais beaucoup d'obscurité et d-...

C'était l'endroit parfait ! Imaginez : Naba qui s'aventure seul dans un cimetière d'éléphant. Whaou ! Kama, j'en suis sur, aurait aimé m’accompagner. Et donc voila. Ce fut comme ça. Je n'avais pas écouter la fin de sa phrase que j'étais déjà en route. Je suis passé par l'étang dans lequel je m'étais abreuvé, puis j'avais longé, de trèèèès loin, le Pays verdoyant, que je ne percevais que peu, le remarquant de par ses arbres et sa faune. Ensuite, j'avais décidé d'emprunter un banal chemin de terre, qui s'élargissait d'avantage. Et plus j'approchais d'un lointain brouillard, plus je perdais de vue la berge qui s'étendait désormais sur plusieurs kilomètres. Je m'avançais sans l'ombre d'un doute, m'enfonça fidèlement dans ce crachin et respecta scrupuleusement les consignes de ce lion.

1016, 1017, 1018… Mes pattes doivent être plus petites pour que le nombre de pas que je fais soit plus grand que celui de mon informateur inconnu. Mais bon. Je ne peux pas me relâcher. Ainsi, je poursuis ma course tout en comptant, n’appréciant pas cet humide silence qui régnerait sans ma voix. Le paysage se faisant très restreint, je soupira. Perdu de chez perdu. Qu'ai-je donc fait de mal ? Peut être aurai-je dû écouter jusqu’à la fin. Là, on peut dire que c'est moi l'idiot. Mes yeux chevauchent donc le sol avec une intense concentration. J'avance et n'aperçois manifestement aucun ossement, ni crâne. N'étant pas très menteur, je ne peux rentrer sans rien trouver !

Quand tout à coup ! Une forme colorée, proche, à l'effluve noyée d'un composant m'étant inconnu, fait apparition dans mon champ de vision. Elle est là, à quelques mètres. Si je m'approche pour l'aborder, je serai à mon 1023 ème pas ! Un record. Ne me concentrant pas plus sur cette silhouette plus imposante que la mienne, je m'avance. Il faut que l'on me dise absolument où se trouve ce fichu cimetière d'éléphant ! Je m'approche, indiscrètement, pour ne pas caché ma présence en continuant mon compte, vers cet animal. 1019, 1020… Visiblement, c'est un lion. Que fait-il là ? Serait-il lui aussi à la recherche de ce cimetière ? Une quête qui ne serait donc pas convoitée par moi seul ? Humm. Intéressant. Je me mets donc à trottiner, la pensée joyeuse. Puis, à seulement deux pas d'elle, donc, à mon mauvais compte, 1024 ème pas, je me permets insatiablement de l'accoster.

- Heu.. Bonjour. Excusez moi, mais, sauriez-vous où trouver le cimetière d'éléphant ? On m'a dit qu'il était tout près. Et je suis complètement perdu. Vous voyez, la brume, tout ça. C'est aveuglant. Hahah.

J'en rirais presque nerveusement. Mais qu'est ce que je fais ? Maman me dit si souvent de ne pas parler aux inconnus. Mais bon, je ne sais pas pourquoi, ce lion me semble familier. Peut être parce qu'il possède tout ce qu'un Freelander possède ? Le pelage, la prestance, les mimiques ? Non, il faut que je me l'avoue, je me trouve des excuses. Je ne vois même pas ce lion correctement. Je ne vois que son dos, son poil. Rien d'autreCet adulte est carrément étonnant! J'ai un vague souvenir qui me remonte en tête. Un souvenir dans lequel il est. C'est intriguant. Je n'ai pourtant jamais, me semble-il, parler avec cette bête. Irrité et emporté par mon intuition, je désir me placer face à ce gaillard, présentement dos à moi. Mais je n'ose point. Non. Ce serait impoli. Hum ? Kama aurait-déteint sur moi ? Ho non ! La politesse, je m'en fiche ! Fiche ! Je me place avec empressement devant ce grand lion, me battant contre cette volonté de bien faire. Et le dévisage. Il s'agit… D'Itan… Aïe. Il est vrai que je ne le connais pas, mais, à son regard, j'ai toujours éprouvé une certaine substance de médiocrité de moi même. Non pas quand il me regarde. C'est moi seul qui me compare à lui. Il est bien plus grand que moi, en taille, en force, en tout. Ravalant mon excitation, je laisse place à de l'anxiété.

Que fait-il là ? Va-il m'aider ? Je ne sais pas. D'un côté, je souhaite qu'il soit gentil et aimable. D'un autre, qu'il me laisse tranquille le plus vite possible. Je ne peux parler à ce lion dont je ne connais rien. Mais j'en ai envie. Cette contradiction m'énerve. Je recule un peu et baisse la tête. Non par soumission ou autre. Simplement parce la vapeur importune mes yeux, que je ferme avec insistance. Je les clignes pour mieux voir, mais en vain. Le flou total. Je m'étouffe presque dans cette étendue de brouillard. Quand enfin n'y en aura-il plus ? Il faut que je trouve le cimetière, et le temps se fait pressant. Je n'ai pas plus d'une heure. C'est là qu'ils commenceront à me chercher. J'y resterai quelques minutes. Ou je traînerai, admirant les parois de ces os spectaculaires que j’exige de découvrir. Et puis, j'aurai une heure de marche pour rejoindre le repère des lions. Il doit être près du milieu d'après midi, (l'heure du goûté). Je n'ai donc que deux heures pour rentrer, environ. Sachant qu'il manque que je retrouve mon chemin, que je boive à nouveau, que je marche vite et trouve rapidement le lieu en question, évitant de m'attarder sur les choses inutiles.