Encore une journée comme les autres. J’étais las ces derniers temps. Rien n’allait, tout mon monde semblait s’effondrer autour de moi. J’avais perdu mon père, qui était un des êtres les plus chers dans mon cœur et j’avais l’impression que j’étais la seule à porter le deuil. Mère semblait totalement désintéresser par la chose. Elle semblait tellement profiter de son temps libre à trainer avec Mopango. Au début, je ne lui en voulais pas car je grandissais et je prenais de plus en plus d’indépendances mais quand je vis un jour son ventre s’arrondir, je croyais être tombé dans un cauchemar.

J’étais assise, tout en haut d’un surplomb rocheux. De là, je pouvais nettement voir le petit groupe de fidèles qui nous avait suivis. Je voyais Ranjana en bas avec les autres. Je crus remarquer un instant qu’elle m’aurait regardée en croisant son regard ou alors ce n’était qu’une idée dans ma tête. C’est bien la seule lionne qui me comprend en ce moment, elle aussi a perdu des membres de sa famille lors de la guerre. Elle se révélait être la lionne qui m’était le plus fidèle et je commençais à l’apprécier de plus en plus, la considérant de plus en plus comme une amie. Mais il y avait toujours la barrière que je m’obliger à avoir, elle est un soldat, moi une princesse.

Le regard dur, plonger dans mes pensées. Le soleil dans le visage me faisait légèrement plisser les yeux me donnant un air dur et froid. J’avais tellement changée, passant brutalement d’une enfant qui avait la joie de vivre, entourer de ses parents à une adolescente brisée.

J’entendis des pas, trainant au sol. Je n’eus aucune difficulté pour savoir qui approcher ainsi. Mère. Depuis qu’elle était distante, restent la majorité de son temps avec son nouveau copain je n’essayais pas d’aller vers elle, je lui en voulais terriblement.

La lionne brune semblait m’interpeller tout en prenant une voix douce et un surnom qu’on donne aux enfants qui nous sont chères. Mais je ne suis plus cette enfant qu'elle chéri, les jours sont comptés avant que ma place soit prise. Je ne bougeais donc pas, restant assis à l’ignorer. Mais mère s’avançait de nouveau vers moi jusqu’à venir s’assoir près de moi. Je ne lui adressais aucun regard mais je l’entendais s’assoir avec difficulté, essayant de trouver une position correcte avec son ventre de bufflonne. Je sentie alors sur mon visage, le contact de son front.

La vieille lionne reprit alors pour me demander comment j’allais et qu’elle ne me voyait plus beaucoup ses derniers temps. Elle continuait en me demandent si j’allais m’entrainer avec les Kulishas car elle me l’avait suggéré. Je laissais le silence se poser, pour ensuite, tourner la tête lentement vers elle, tout en gardant mon air dur. Je plantais mon regard dans son œil et me mis à soupirais d’étonnement.

-Va te reposer, vu ton état il est préférable que tu ne te balade pas.

Ma voix était morne, on ne percevait plus la joie qu’on pouvait entendre autrefois. Je venais de contourner ses questions, toutes sans exception. Je n’avais nul envie de bavarder avec elle. Je me mis alors à la dévisageais de haut en bas, m’arrêtant enfin, quelques instants sur son ventre qui protéger un véritable monstre, au sens littéraire. Puis je tournais la tête, regardant de nouveau droit devant moi. Les mots me brûler les lèvres, j’avais tellement envie de tout dire tout ce que j’avais sur le cœur mais qu’est-ce que cela m’apporterais ? Du soulagement ? Je me sentirais mieux après avoir dit toutes les choses horribles qui je me retiens de dire ? Oui ? Non ? Surement. Puis me rappelant qu’elle m’avait fait remarquer qu’elle ne me voyait plus ces derniers temps me piquer l’esprit. Je repris alors d’une voix froide :

-Ne t’étonne pas de plus me voir énormément ces temps-ci, en vue de tes activités qui semblent charger tes journées entières.

Je faisais allusion à sa fréquentation avec Mopango et à sa grossesse. Allait-elle comprendre mes sous-entendues ? Comprendre que si elle ne me voit plus c’est un choix de sa part et non de la mienne. Comprendre que ses décisions on était un tort pour elle et qui risque de lui faire perdre son premier enfant. Elle ne semble pas encore le savoir mais au fond de moi cela devient de plus en plus clair chaque jour. Je ne remets pas en doute l’intelligence de ma mère, avec son âge et son expérience, elle a beaucoup plus d’intelligence que moi, j’en suis consciente.

Maman me dit alors que c’était bien plus compliquer que cela. J’eux du mal a imaginé que cela puisse l’être. L’être étonné je l’écoutais alors expliquer qu’elle devait savoir s’imposer auprès des leaders. C’était donc sa façon de s’imposer à elle, ouvrir les cuisses ? Je secouais la tête montrant mon désaccord. Je n’étais pas du tout du même avis qu’elle. Il y a d’autre moyen pour s’imposer, son argument ne tient pas la route. J’espérais tout simplement qu’elle ne soit pas tombée amoureuse du lion noir. Comment peut-on aimer un lion cruel de la sorte ? L’amour, il est vrai que c’est un domaine que je connais très peu, je l’explore pas véritablement, je prends soin de rester sur les frontières de l’amour paternel et maternel.

La vieille lionne me posait alors une question, elle me demandait si je me souvenais quand papa partait à travers la lande pour veiller sur notre royaume ou pour régler des problèmes liés à ses responsabilités. Oui, je m’en souviens plus que parfaitement, ces moments m’étaient durs et longs, je regarder jalousement les autres enfants qui passaient toute la journée avec leurs parents. Moi les miens étaient constamment en affaires, la plupart du temps j’étais avec Nyasha. Maman m’expliquait alors qu’à la mort de papa, elle avait récupéré ses responsabilités. Je regardais songeuse la lionne.

-Ici ce n’est plus Freeland, tu n’as plus tout cela à gérer, il faut juste que tu sois bien vu par les leaders et tout aller bien.

Elle aurait tellement bien géré la chose, maman sait si faite dans ce genre de situation, manipuler les gens, leur montrer ce qu’ils veulent voir. Mais elle en a fait qu’à sa tête, ne pensant pas aux conséquences pour les siens.

-Mais non il a fallu que tu aille plus loin…

Une promesse qu’elle m’avait faite quand j’étais encore qu’une enfant, vivant tel une véritable princesse, ne cessez de me hanter. Chaque fois que j’y repensais, mon cœur se serrer et mes yeux s’embuaient. J’étais blessé par cela, une promesse non tenue est comme une trahison. Trahis par sa propre mère. Je me tournais vers ma mère, plantant mon regard de braise dans son unique œil.

-Je me souviens d’une lionne qui m’a promis quelque chose et qui a brisé ses paroles par ses actions. « Le ciel pourrait s’écouler, la terre pourrait trembler à s’ouvrir le ventre en deux, le monde pourrait se retourner que je serais toujours là pour toi. Le temps et l’espace n’auront pas d’effet sur nous, car je serais toujours à tes côtés mon trésor. Je te le promets. » C’est ce qu’elle m’avait dit…

Sur la fin de mes mots, ma voix se casser, éraillée par les émotions. Elle aura beau vouloir se rattraper, il était trop tard maintenant, la terre s’était déchiré en deux. L’espace d’un instant on pouvait lire sur mon visage la tristesse qui c’était emparer de mon depuis maintenant un an, la détresse et la solitude. Je jetais alors mon regard sur l’horizon, les yeux embrumaient d’un voile de larmes.

Je pouvais voir dans le regard de la lionne que mes mots avaient eu leur effet. Elle ne détournait pas les yeux et restait droite malgré son ventre qui devait lui faire horriblement mal. Elle prit alors une voix calme et douce qui avait le don dans ma jeunesse de me réconforter. Maintenant elle m’irrite plus qu’autre chose, elle n’a plus besoin de prendre ce ton avec moi, je ne suis plus une enfant, je n’ai plus besoin qu’on me protège avec de faux espoirs. Avec ses mots doux, mère expliquait que pour elle, elle avait tenu sa promesse. En effet le monde s’est écroulé, mais je n’ai pas l’impression d’avoir eu son souvient par la suite. Elle m’a sauvé des gueules pleines de crocs qui voulaient ma mort mais elle ne me sauve plus des autres qui dorénavant essayent de m’écarter de leur chemin. Elle dit avoir jeter sa couronne pour nous sauver mais moi je pense plutôt que c’est parce qu’elle n’avait plutôt pas le choix.

Je la laissais parler tout en ravalant les larmes qui c’était créer. Je secouais discrètement la tête, n’étant pas d’accord avec chacun de ses arguments. Puis elle enchainait en répondant à mes paroles juste avant, qui parler de nos statues vis-à-vis des leaders. Elle ne semblait pas d’accord avec moi une fois encore, exprime le fait que nous n’étions pas des esclaves ou encore des sous-fifres mais que nous devons au contraire être des leaders avec Mopango et Shiraz. Elle avait raison et cela m’énervait encore plus. Je ne supporte pas de m'énerver et me rendre compte que j’ai tort.

La vieille lionne partie sur un long discourt parlant alors de Freeland comme étant devenue une broutille comparée à ici, comme si c’était de l’histoire passer et qu’il ne fallait pas s’y occuper. Je me tournais vivement vers elle dégouter pas ses paroles. Elle n’avait jamais porté la tristesse de perdre ses terres, son rang et son compagnon. Elle n’avait jamais porté le deuil de mon père. Je la jugeais de mon regard bien trop froid pour celui d’une fille envers sa mère. Elle déblatérait tout un tas de conneries sur la vie plus mouvementée et trépignante ici qu’à Freeland. Elle semblait heureuse d’être là, au milieu de nulle part, sans réel foyer, exilée. Moi je mourrais à petit feu et elle ne le voyait pas. Ici je ne suis pas chez moi, ici je ne suis pas celle qui aurait été une grande reine. Mes terres son Freeland car c’est là-bas où je suis née et je compte bien y retourner pour reprendre ce qui m’est dû.

Mère continuée alors sur un sujet tout autre qui était notre place à nous, femelles auprès des mâles. Pour elle il fallait s’imposer et j’étais d’accord avec elle mais pas de la même façon qu’elle. Elle montrait du bout du nez son ventre arrondi. Elle expliquait alors que les enfants que nous engendrons ne sont que des pions qui s’ajoutent sur un échiquier sur lequel nous jouons. Je parus surprise et ne cherchai pas plus loin :

-Alors c’est tout ce que tu vois de tes enfants, des pions pour ta petite bataille ?

J’étais une nouvelle fois déçue de ses propos. Maintenant je ne m’attendais plus à avoir le même avis que ma mère. Certains diront que l’adolescente est une période chiante, que l’on cherche sans cesse les conflits, tout remettre en doute et dire que nous pensons tout savoir mieux que tout le monde. Je ne pourrais pas dire si j’en fais exprès mais il est vrai que j’agis moi aussi un peu de la sorte.

-Tu me sors de belles paroles qui gonfleraient les Kulishas d’espoir mais cela ne marche pas avec moi, n’essaye pas de m’embobiner comme tu le fais avec nos soldats.

Je repensais alors à ces souvenirs que j’avais de ses fameux soldats dont tout le monde crier gloire et succès après leur entrainement. Je n’étais encore qu’une minuscule enfant et quand je les voyais ils me semblaient être des montres. Une lionne rouge toujours l’air grognon, un lion sable un peu perdu, ou encore une lionne brune toujours souriante. Tous avaient leur caractère et tous étaient devenus de très grands soldats. Très peu d’entre eux sont encore avec nous maintenant.

-De plus regarde les Kulishas qui nous restent. Entre ceux qui sont devenu rebelles et les autres qui se sont exilés suite à notre défaite ils nous restent plus grand monde. On a perdu de très bon soldats, qui nous étaient entièrement fidèles ! Je sais que tu n’en aimais pas certain, mais si tu les avais mieux traités ils nous auraient suivis.

Je sous-entendais bien en effet que c’était de sa faute si nous sommes repartie avec si peu de soldats. Aujourd’hui donc il nous est difficile de reconstituer une armée pour égaler celle de Freeland qui est beaucoup plus prospère que la nôtre. Surtout que leur condition de vie est largement meilleure que la nôtre.

Mère se mit alors à démentir mes paroles, dénigrant nos anciens Kulishas. Selon elle, ils avaient été corrompus par les nourrices ou les rebelles et les autres n’étaient que des traitres ou des trouillards. Elle continue sur le fait que les derniers soldats restants étaient autour de nous, qu’ils s’étaient montrés, survivant à notre longue marche. Pour elle c’était comme une sélection de la nature, écartant d’elle les malades et les blesser, gardant les plus forts. Je n’approuvais pas son choix.

Ma génitrice restée droite et fière. Avant le rang de reine lui aller bien, le visage jeune et ferme, la silhouette galbée. Maintenant l’âge à devancer mère et les rides et la fatigue se lit sur son visage. On ne peut pas rester jeune beau et fort éternellement. Sa beauté c’était transformer en charme.

Comme je ne semblais pas répondre elle reprit qu’il lui était déjà arrivé de faire des fautes. Mais elle ne semblait ne pas prendre en compte mon avis et rester trancher de son côté. Puis elle continuait sur le fait que nos soldats auront besoin d’un vrai dirigent, de quelqu’un qui puisse faire cordonner les troupes et les attaques. En parlant elle mit une patte sur mon épaule. Continuant ensuite sur les capacités que doit avoir une vraie reine, la force et la détermination, tout en ayant une patte de fer dans un pelage de velours. Elle en arriva au fait si nous ne sommes pas nombreux il faut faire grossir nos rangs et pour cela il y a deux solutions, recruter ou donner naissance. Frustrer je fronçais les sourcils et lançais un regard noir à ma mère.

-Et bien sur toi, tu t’es direct penchée vers les naissances. As-tu donc cherché à recruter un minimum au moins ?

J’étais blessé et fatigué de cette conversation. Tournant de nouveau la tête vers l’horizon je me mis alors à ignorer ma mère. J’avais qu’une envie c’est qu’elle me laisse tranquille pour que je puisse me calmer, sa présence n’aidée absolument pas. Qu’elle continue son monologue toute seule si cela lui chante.