« Allez Papa, on va sur Freeland aujourd’hui dis ?! » avait demandé Nyamu, à peine arrivé aux pattes de son père fraichement arrivé près du rocher. Ce dernier aurait préféré passer du temps sur Prideland avec ses deux lionceaux et sa femelle plutôt que de devoir retourner directement sur Freeland en compagnie d’un seul membre de sa famille, mais il ne pouvait pas se plaindre qu’un lion de son sang s’intéresse à sa terre natale, et Nyamu le comblait pleinement à ce sujet, il ne pouvait que l’admettre.

Bien évidemment, Khenda préféra filer à l’aventure de l’autre coté de Prideland quelques temps après l’arrivée de Sabaru plutôt que d’accompagner son frère et son père aux frontières, il s’attendait à les entendre parler histoire durant un long moment et ce genre de choses, très peu pour lui. Parler sans réellement trop bouger, ce n'était pas sa tasse de thé. C’est ainsi que Sabaru quitta Mina d’une léchouille sur la joue avant de s’éloigner vers Freeland avec son fils brun aux pattes.

Le lionceau tout content, gambadait dans l’herbe haute de Prideland jusqu’à arriver à la frontière des deux royaumes. Il regarda alors son père, et après un geste d’approbation de celui-ci, il traversa la frontière pour commencer à gambader en direction des Terres du Sud en veillant à ne pas aller trop vite pour ne pas semer son accompagnateur. Après quelques minutes de marche, il revint dans les pattes de son père, ayant déjà préparé dans sa tête toute une ribambelle de questions :

-Dis Papa, c’est ici, là sur l'herbe sous nos pattes qu’il y a eu le combat entre les méchants Freelanders et les gentils ?

-Hé bien pas exactement, Freeland est vaste fils et le combat s’est situé à deux endroits différents. Au départ, nous nous trouvions d’avantage vers La Crête, nous sommes passé devant tout à l’heure en sortant de Prideland, si tu veux nous pouvons y….

Mais une voix le stoppa net, c’était Haki qui venait de les croiser par hasard et qui s’approchait. Il les accosta tranquillement et semblait en savoir long sur la famille de Sabaru. Nyamu s’empressa de rester derrière la patte de son père car c’était un inconnu, et il fallait toujours se méfier des inconnus, même si celui-ci semblait connaître son nom et son Papa. Mais ses oreilles se redrésserent lorsqu’il entendit son père prononcer le nom de ce lion tout chocolat comme lui.

-Oh Bonjour Haki, hélas oui je n’ai pas encore l’occasion de pouvoir amener Khenda sur les Terres Libres, il disparaît avant que j’ai le temps de me retourner pour lui demander de venir. Il se pencha vers Nyamu qui semblait tout timide devant le roi de Freeland qu’il n’avait jusque là jamais vu, et lui chuchota Allez, ne soit pas timide et dis bonjour.

Haki. Il avait dit Haki, Nyamu ne rêvait pas. Sabaru avait particulièrement élevé son fils en le forgeant de son propre caractère et le lionceau montrait déjà des signes de grande politesse, mais il restait encore un lionceau qui avait besoin de se développer et d’apprendre à vaincre la timidité face à des lions inconnu, d’autant plus qu’ici, la situation était plus difficile car pour Nyamu, c’était le grand roi de Freeland, celui qui avait vaincu le grand méchant Sharkan. Sabaru l’aida en le poussant un peu en avant avec sa patte vers le roi.

-Bon..Bonjour, alors c’est vous le roi de Freeland ? Demanda le lionceau, à la fois un peu timide mais pourtant avec tant d’étoiles dans les yeux. Il rencontrait le vrai roi de Freeland. Qui a libéré Freeland avec Papa ?

Sabaru lui avait déjà raconté 1000 fois, mais le garçon ne s’en lassait visiblement pas.

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 S’il ne lui avait jamais raconté cette histoire ? C’était impensable pour le lion marron, sachant que son fils était d’une curiosité sans bornes.

-Oh, je peux vous assurer qu’il connaît l’histoire de Freeland depuis le règne de Kundi par coeur, ne vous inquiétez pas pour cela ! Il doit seulement être un peu tendu, c’est l’une des premières fois où il va sur Freeland et qu’il rencontre des Freelanders. Vous l’impressionnez Haki.

Nyamu avait quelques difficultés à retenir les derniers noms, c’est-à-dire Wakanda, Zirak… Mais il retenait assez facilement celui d’Haki, de Kamba et d’Itan car tous étaient assez proches de Sabaru au final et donc entendait souvent ces noms.

-Je la connais l’histoire de Freeland monsieur Haki, même s’il y a beaucoup de noms à retenir. Dit-il en détournant un peu le regard, presque honteux d’en oublier la moitié.

Son père ne lui en voulait pas au contraire, il fallait laisser les lionceaux se débrouiller à leur rythme. L’instinct paternel l’aidait beaucoup quand il s’agissait de s’occuper de ses lionceaux, un instinct qui était venu naturellement après leur naissance. Par le passé il appréciait le contact avec les lionceaux, même si les seuls qu’il ait vraiment fréquenté, c’était des petits Kulishas.

-Vous savez Haki, il essaye de tout mémoriser, mais son oncle lui conte également l’histoire de Prideland, cela lui fait beaucoup d’informations parfois compliquées à comprendre pour son âge. Je pense qu’il vaut mieux parfois le laisser découvrir par lui-même avec ses questions, plutôt que de tout lui expliquer sur le tas. N’est-ce pas le genre de choses que vous faites avec Kama et Naba ?

Son fils avait de quoi compléter les paroles de Sabaru avec ces deux noms car jamais il ne les avaient oublié une fois entendu.

-Kama et Naba, je sais que ce sont les princes de Freeland Monsieur Haki ! Mais dites, est-ce que c’est difficile d’avoir deux fois le même enfant ?

-Des jumeaux, Nyamu. Corrigea Sabaru. Ce sont deux lions bien différents, même s’ils sont identiques à vue d’oeil.

Pour des enfants, c’était difficile de se faire dans l’idée que deux lionceaux physiquement pareils pouvait se montrer différents par le caractère, les manies etc. En réalité, pour Nyamu il s’agissait de Kama et Kama². Sabaru allait poursuivre son explication, mais Nyamu le prit de court.

-Ah bon papa ? Parce que moi on arrive à me différencier de mon frère parce qu’il est tout beige comme Maman et qu’il a déjà un bout de crinière. Mais vous Monsieur Haki, comment vous reconnaissez le plus vieux entre les deux alors ? Ça vous arrive de vous trompez et de donner des leçons de gouvernance à Naba ?

Sabaru se taisait et laissait faire, il savait que Nyamu n’était pas du genre à déraper de façon malpolie, comme pouvait d’avantage faire son frère de manière non intentionnelle. Et puis, c'était aussi bien de laisser Haki expliquer certaines choses. De quelle manière les deux jumeaux étaient différents ?

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 En fait, les comportements des jumeaux sont pas du tout pareils ! Dans les explications d’Haki, Nyamu s’y comparait avec Kendha car effectivement, leurs caractères sont également opposés et c’était drôle à constater.

-C’est vrai que Khenda lui il aime pas aller voir les frontières de Freeland avec Papa, même qu’aujourd’hui il est encore parti en cachette de l’autre coté de Prideland ! C’est son caractère à lui et ça montre qu'il est pas pareil que moi, hein Papa ?

-Tu as compris Nyamu. Répondit-il en passant ses coussinets sur sa tête.

Généralement, le lionceau comprenait vite les réponses que les adultes lui donnaient, certes elles étaient très simplifié mais il était content de dire qu’il avait saisi la chose. Sabaru répondit à Haki tout en gardant une patte sur la mèche de son fils.

-Mina travaille pour Kumpa sous le même titre que moi et il n’a visiblement pas à se plaindre de ses services, nous sommes souvent en raccord dans nos activités. Tout va pour le mieux à Prideland et les gardiens semblent collaborer à merveille.

Le sujet des gardiens intéressait beaucoup Nyamu, son demi-oncle dirigeait les gardiens Pridelanders et Itan, il en était très fier !

-Oh oui vous savez roi Haki, le chef des gardiens c’est Tonton Azari, il est très gentil ! Aussi gentil qu'Itan, je suis sûr !

Il n'avait jamais rencontré Itan, le gardien de Freeland et il en avait aussi drôlement envie. Haki n'avait sans doute pas besoin d'explications de la part de Sabaru pour comprendre l'enthousiasme de Nyamu, pourtant le lion marron ne s'empêcha pas de le faire.

-Je crois qu’il est particulièrement intéressé par votre royaume Haki, cela ne m’étonnerait pas vraiment qu’il change de lieu de vie en grandissant. Peut-être compterez-vous un nouveau Freelander dans vos rangs d’ici quelques mois…

En vérité, Sabaru serait très heureux de pouvoir vivre en permanence auprès de l’un de ses deux fils au moins, et il attendait ce moment avec impatience malgré ses apparences calmes.

Le fait que Sabaru confiait cette envie du lionceau à son roi intimida quelques peu le lionceau, Haki voudrait-il bien de lui dans ses rangs ? Toute chose se méritait, c’était papa lui-même qui le disait. Mais alors comment le mériter ? Papa lui il avait dû servir Haki sur le front et dans l’administratif, mais qu’est-ce que pouvait faire un petit lionceau ? En temps normal rien, mais lui voulait faire quelque chose comme les grandes personnes. Il trouva vite une idée pour l’énoncer.

-Si vous voulez régulièrement des nouvelles de Freeland, je peux essayer de vous en apporter souvent aux bords de Freeland avec Maman comme un vrai garde-frontière m’sieur Haki, dites je pourrais ? Grâce à Tonton Azari je connaitrais toutes les histoires du royaume !

En effet, il écoutait tout ce que lui racontait Azari de ses patrouilles de Gardiens, pas une miette ne lui échappait c'est pour dire !

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Les yeux de Nyamu s’illuminait de milles feux quand il entendit dire Haki que les portes de Freeland lui était grandes ouvertes. Il tentait de rester neutre et calme, comme son papa lui avait appris, mais on pouvait aisement voir ses petites pattes remuer de plus en plus. Il était content, très très content.

-Mina va de temps en temps près des frontières avec lui quand je ne suis pas là , ça ne leur coûtera rien de leur coté. Mais Itan travaille en coopération avec Azari, ne s’occupe t-il pas déjà de vous donner quelques informations lors de vos entretiens ? Peut-être serait-ce plus pratique qu’on s’arrange avec lui ?

Faire plaisir à son fils tout en prenant du temps à Haki utilement, c’était ce qui serait idéal pour le majordome. Le petit chuchota à son père rapidemment et discrètement qu’il adorerait aussi rencontrer Itan, mais chaque chose en son temps, lui répondit-il.

-Au fait en parlant d’Itan, pas de rapport préoccupant de sa part récemment ? Kamba m’avait récemment demandé si des nouvelles des exilés avait été entendu mais je n’ai rien vu de mon coté que ce soit sur Freeland ou Prideland. Tous les animaux semblent être en paix, même les gorilles légèrement agités de notre jungle se sont largement calmés depuis votre retour. Les deux royaumes vivent sans vagues il semblerait.

Itan allait dans d’autres royaumes quand c’était nécessaire, il était plus apte à obtenir ce genre d’informations sur les concernés. Et... Sabaru n'en rajoutait pas plus mais il pensait toujours à Ekua, comme il avait pu l'expliquer à Kamba. Etait-il le seul Freelander qui gardait des craintes au fond de son coeur ?

Nyamu ne disait plus rien mais écoutait sagement et surtout attentivement.

Sabaru a écrit:

Je t'avoue que j'ai un peu galéré à répondre, dsl !

Kit (c) Kiodravyc

Nyamu était presque déçu de savoir qu’Haki connaissait déjà tout de Prideland, qu’il n’avait pas besoin de lui visiblement. Ses oreilles se baissèrent mais une tape dans le dos de la part de son père lui fit redresser. Ne t’inquiète pas, semblait-il dire. Il leva la tête en souriant, il lui faisait confiance. Peut-être qu’il permettrait que le lionceau se faufile entre les discussions d’Itan et d’Azari pour participer, qui sait ?

Le lion marron tiqua au nom des « Kashyks ». Il avait déjà entendu ce nom sur Prideland, après la défaite des Nyeusis. Kumpa prononçait souvent ce mot en compagnie de son frère, et effectivement Sabaru avait pu relever quelques lignes de leur identité durant son séjour.

-Les Kashyks… ce sont les léopards que certains Pridelanders sont partis combattre loin d’ici ? Je ne connais pas grand-chose d’eux mais il me semble que c’est fortement lié aux Lamasus qui nous ont sauvé la mise avec les Nordiques. C’est très facheux si cette histoire s'étend chez nous…

Ce n’était pas sûr que ce soit eux, mais ça y ressemblait fort. On ignorait ce qu’ils avaient en tête, et dans ces cas-là, il valait mieux prévenir que guérir. Les Frelanders devaient tous être tenu au courant, sans oublier les Pridelanders. Maintenant que les deux royaumes étaient alliés, ils devaient travailler en coopération.

-Entendu. J’informerais les Freelanders, je pense qu’Itan se chargera d’en discuter avec les Gardiens de Prideland. Il ne faut sans doute pas relacher les vigilances aux frontières, on ne sait jamais ce qui pourrait encore nous tomber dessus.

A vrai dire, Sabaru n’aimait pas ça et espérait que la bande d’Ekua n’avait rien à voir quant à leur présence si près d’ici. C’était peut-être de la paranoia de songer directement à eux, mais peut-être pas. Leur fuite arrivait à toujours le tourmenter, il devait l’avouer et aurait toujours peur d’un éventuel retour.

-Que la paix dure, Haki. Kama aura peut-être la chance de grandir et de prendre le trône dans des conditions calmes et idéales, il faut l’espérer.

-Vous les avez battus les lions de Sharkan Monsieur Haki, je suis sûr que Kama y arrivera lui-aussi s’ils reviennent ! Puis, avec Papa, Itan, Zirak et vous, Freeland est protégé ! Ajouta Nyamu.

Tel père tel fils ? C’est sans doute ce que voulait souligner le lionceau sur Kama et Haki. Parce que lui en tout cas, il avait bien l’intention de devenir comme Papa ! Sabaru vit d’ailleurs qu’il regardait régulièrement autour de lui le paysage, comme s’il avait envie de découvrir tous les recoins du royaume en même temps. C’est vrai, lui avait promis une petite visite et cela fait un petit moment qu’ils se sont arrêtés pour discuter. Cela avait beau être avec Haki, ce n’était pas toujours drôle pour les lionceaux d’attendre que leurs parents finissent leur conversation avec les autres quand c’était vraiment des affaires de grands.

-Nous allons pas tarder à vous laisser, je vais lui montrer le Pays Verdoyant et je le ramènerais vers sa mère au rocher. A moins que vous souhaitiez que l’on parle de quelque chose en particulier ? N'hésitez pas à me faire appeler. Lui demanda t-il.

Nyamu, lui, était déjà en train de sauter pour grimper sur le dos de son père, pour pouvoir observer ce qui l’entoure d’un meilleur point de vue mais également pour arriver à la hauteur des yeux de Haki. Il était aussi grand que lui maintenant, aussi grand qu’un roi !

Haki, aquiessant de le laisser partir, tourna les talons, après avoir salué son majordome et le lionceau.

A présent, à Nyamu la découverte de Freeland !

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