Plusieurs mois s'étaient envolés depuis la libération de Freeland, ou plutôt, le jour du bannissement des Kulishas. Kutoa, n'ayant plus de lieux de vie propre et étant condamné à l'errance, s'était alors installé sur la lande des Sans-Terre, le seul endroit qui pouvait l'héberger en ces temps difficiles. Heureusement pour lui, les proies ne cachaient pas, peu méfiantes à force d'avoir été habitués aux lois de Prideland. Mais le lion sablé s'en contrefichait bien de ces préceptes sur le cycle de la vie, et tuait tout ce qui passait à porté de pattes et de crocs lorsqu'il avait faim.

Cependant, il ne fallait pas croire que cette vie en apparence calme l'était réellement, ou que les envies de vengeance du guerrier s'étaient estompées. Non, au contraire. Plus le temps passait, plus Kutoa sentait des vagues de rage subites le prendre, accompagnées d'envies de meurtre envers Haki, ce gueux qui se disait roi. Vraiment, un jour, il aurait sa peau. Il l'attacherait alors dans une des grottes du repère des lions, et fêterait sa victoire avec ses camarades Kulishas sur les cadavres des Freelanders. Ou non. Il n'y aurait pas d'autres royalistes. Ils l'avaient lâchement trahi lors de la bataille, s'enfuyant en le laissant pour mort. On ne pouvait plus faire confiance à quiconque en ce monde !

Enfin, un sentiment d'impuissance s'abattit sur le rouquin, qui soupira de désespoir. Que diable espérait-il faire, tout seul ? Après tout, son épaule le rendait incapable de se battre correctement. S'il espérait se venger, monter une armée serait sa seule solution. Et qui se rallierait à un infirme pour une mission presque suicidaire ? Kutoa, découragé par les perspectives déprimantes de son futur, tourna alors la tête en direction du Grand Baobab, qui lui était à présent familier, et se souvint de ce qu'il y avait fait là-bas, avec cette Mositu. Vraiment, il n'enchaînait que les erreurs. Croyant que Niwata le trompait avec un lion dénommé Hofu, il s'était cru intelligent en allant faire de même avec une lionne qu'il venait tout juste de rencontrer, du nom de Ladha. Mais en recroisant sa compagne, le guerrier avait pu faire connaissance avec ce mystérieux lion, et apprit par conséquent qu'il n'était qu'un ami, un mentor pour l'ex-Jangowa.

Kutoa se mit alors à songer à son âme-sœur, revoyant sans cesse les images de cette lionne au pelage de soleil et aux yeux d'azur, qui faisait tant battre son cœur. Soudainement, une brusque envie de la revoir le prit, et le guerrier se leva d'un bond. Il voulait la retrouver, la voir, lui dire à quel point il l'aimait, et cela, afin de racheter ses fautes. Le rouquin se mit alors à parcourir la Lande de long, en large et en travers, guettant cette fourrure qui lui était si chère. Niwata savait parfaitement qu'il ne s'éloignait pas trop de ce nouveau lieu de vie, et ne devait donc pas être bien loin, n'est-ce pas ?

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Niwata : “ KUTOOOOOA ! „

Le lion sablé se retourna d'un bond à l'appel de son nom, reconnaissant entre milles cette voix si mélodieuse et si familière qu'il aimait tant. Un grand sourire se dessina sur son visage de guerrier aguerri tandis que sa bien-aimée arrivait près de lui en courant, pour ensuite le saluer en se frottant contre lui. Kutoa en profita pour inspirer son odeur si charmante, se délectant de la présence de sa compagne à ses côtés. Vraiment, il était chanceux d'avoir une lionne comme elle. Il ne la méritait pas. Lorsqu'elle lui annonça qu'elle souhait parler de quelque chose, la curiosité du mâle fut piquée. Il la regarda donc d'un air intéressé, toujours le sourire aux babines. Vraiment qu'elle était belle !

Niwata : “ J'ai réfléchi à ce que tu voulais, tu sais, il y a quelques mois de cela… ? Avant l'exil que t'avait gentiment offert Haki. „

Kutoa grimaça à l'énonciation du nom de cette racaille, et une vague de haine remua violemment en lui avant de se calmer aussitôt. Il ne pouvait pas s'énerver contre Niwata pour avoir dit à haute voix un fait réel. Il était à présent un exilé et n'avait sa place nulle part. Sauf dans le cœur de sa dulcinée, bien évidemment. Cette perspective le consola un peu, et son visage se décontracta. L'air sérieux, une idée traversa alors l'esprit du rouquin, et un sourire mauvais étira peu à peu ses babines tandis qu'il songeait à sa compagne et au rôle qu'elle pourrait jouer dans sa vengeance. La lionne dorée avait l'air de partager son avis sur le cas de Haki, alors peut-être qu'ils pourraient le renverser de son trône ensemble ? Quelle idée alléchante ! Sa bonne humeur retrouvée, Kutoa ronronna un peu, avant d'accorder de nouveau toute son attention à sa compagne :

Niwata : “ Je pense être prête, Kutoa. Qu'importe qu'Hofu ne soit pas prévenu, il devait s'y attendre ... „

Était-ce ce qu'il pensait que c'était ? Vraiment ? Les yeux du guerrier s'ouvrirent en grand lorsque la réalité le frappa, et, encore abasourdi à la constatation que Niwata avait fait le premier mouvement, il la regarda avec un air ahuri, n'étant pas tout à fait sûr d'avoir compris. Cependant, lorsqu'elle lui lécha la joue, il eut la confirmation de la réalité de la chose. Un sourire niais éclaira son visage aux paroles qui suivirent :

Niwata : “ Nos petits seront des voyageurs, d'un genre que la Terre des Lions n'a jamais vu. Ils seront en sécurité avec nous. „

Kutoa acquiesça vivement, puis posa sa truffe sur celle de Niwata.

Kutoa : “ Oui. Ils seront les meilleurs voyageurs que la Terre des Lions ait jamais vus ! „ déclara-t-il d'un air important avant d'ajouter : “ Et peut-être même qu'ils deviendront des combattants hors pairs ? „

Le rouquin s'écarta alors de sa bien-aimée, le torse bombé, tout en gardant cette expression forcée sur le visage. Il fit alors quelques pas raides autour d'elle, caractéristiques des soldats obéissants aveuglément à un chef, tout en déblatérant des sottises avec une voix très grave. Le lion sablé finit cependant par se mettre à rire et perdre toute crédibilité dans son jeu d'acteur de mauvaise qualité, avant de rouler sur le dos aux pattes de sa compagne, la regardant avec des yeux doux. Toutefois, ils ne tardèrent pas à se plisser malicieusement, à mesure qu'une nouvelle idée s'insinua dans l'esprit du mâle. Il ne resta donc pas longtemps dans cette position et se releva d'un bond pour se placer à côté d'elle, tout près. Il lui mâchouilla alors l'oreille, tout en susurrant, la voix rieuse :

Kutoa : “ Om nom nom ! Je vais te croquer ma belle ~ „

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Patient malgré son excitation, Kutoa cessa de mordiller l'oreille de sa compagne en voyant ses réactions, qu'il ne savait trop comment interpréter, et se contenta de s'asseoir sagement à côté d'elle. En observant attentivement son visage, il lui sembla qu'elle était anxieuse, ce qui devait être normal compte tenu de la situation, et il voulut la rassurer, mais il ne savait comment. Il lui lécha alors la joue, espérant qu'elle pût y trouver le courage dont elle avait besoin. Elle dut le trouver, car elle se coucha finalement aux pattes du mâle, attendant la suite, les pattes tremblantes. Le guerrier remarqua la chose, et cela le peina. Ne lui faisait-elle donc pas confiance ? Ou si. Justement. Elle ne l'aurait pas laissé faire autrement. La lionne dorée lui jeta alors un regard doux, qu'il tenta de lui rendre le mieux qu'il put. Un sentiment de culpabilité le prit alors, juste avant de passer à l'action. Elle allait souffrir, le soldat le savait, et cela l'attristait, car il ne souhaitait certainement pas la voir en proie à la douleur. Kutoa ferma alors les yeux, et lança une prière silencieuse à ses ancêtres pour tout se passe bien.

Il passa dès lors à l'action. Ce fut bref, mais le guerrier jugea qu'il ne servait à rien d'accabler Niwata. Il se coucha par la suite à côté de sa compagne, et lui lécha la joue, la complimentant et la réconfortant, lui disant à quel point elle était belle et courageuse. Il la contemplait, encore et encore, ne pouvant s'empêcher de penser à quel point il la chérissait. Il lui se pencha et murmura alors au creux de l'oreille de sa bien-aimée :

Kutoa : “ Je t'aime, Niwata. „

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