Maman m’avait sauvé. Elle nous avait tous sauvés. Lorsqu’elle a vu que .. Papa … non je ne peux pas y penser. Je refoulais mes larmes qui me montaient aux yeux. C’est comme ça à chaque fois que je pense à lui. Mais je dois rester forte, le montrer, sinon que penseront les autres lions ? Que Sumu n’est qu’une pleurnicheuse. Alors, pour y remédier je devenais dure et froide.

Cela fait maintenant quelques mois que nous somme réfugié ici, et avec comme colocataire ce vieux trouillard Mopango qui a fui lorsqu’il a vu que sa vie était en danger. Un lion qui fuit devant le danger n’est pas digne d’être regardé. C’est pour ça qu’à chaque fois qu’il était dans les parages, je gardais la tête haute, gonflant la poitrine, et le visage dur sans émotion et je ne le regardais pas un seul instant, même quand il posait son regard sur moi.

Je grandissais vite, sûrement trop vite pour maman mais je la rendais tellement fière, je pouvais le lire dans son regard, dans son unique œil désormais qui reflétait encore mon visage. L’autre étant devenu aveugle quand maman a combattu Sabaru. Je me promis de me venger de ce qu’il a fait à maman et aussi de me venger de ce qu’ils ont fait à papa. Mon innocence d’enfant c’était envoler à ce moment-là et je m’en rends bien compte. Je n’ai plus envie de jouer dans la boue, de courir après les insectes comme une enfant. Je grandis, j’avance dans l’âge et bientôt j’aurais la même silhouette que maman.

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En plein milieu de journée, je m’ennuyais totalement. Maman n’était pas dans le coin, elle devait être occupée à je ne sais quelle affaire. Je regardais autour de moi, les quelques lions qui nous avaient suivis dans la fuite étaient tous en activité, certains surveiller, d'autres ronger les os du dernier repas et certains bavarder. Je cherchais du regard Mopango. Où était-il celui-là ? Encore en train de magouiller quelque chose j’imagine. Tient je sais ce que je vais faire, ça peut se révéler être intéressant et je vais peut-être apprendre des choses. Je vais aller fouiner. J’eus un sourire méchant, ne pouvant pas me retenir plus longtemps, je me levais et me mis à marcher.

Je n’allais pas fouiner n’importe où ni n’importe qui, non loin de là. J’allais me planquer à un endroit très précis pour pouvoir espionner Mopango. Je sais où le lion noir aime se retrouver pour réfléchir, plusieurs fois je l’ai vu en train de ce parler à lui-même dans un petit vallon rocailleux. De plus ce vallon a un défaut, il est surplombé par une paroi rocheuse remplie de végétation, je peux donc facilement m’y cacher.

Je me régalais déjà de ce que j’allais faire et cela aller me changer les idées. C’était sans compter alors sur Ranjana qui apparut dans mon champ de vision.

Ranjana m’avait alors interpellée en me saluant avec respect, suivi d’une révérence. Depuis le début elle semblait m’être totalement fidèle à moi et à ma famille, même après l’honneur que nous avions tous vécu, moi comme elle. Elle m’avait appelé, Princesse, comme si j’étais toujours la future souveraine des terres qui ne sont plus les miennes. J’eus des nausées rien qu’en n’y pensant. Mais au fond elle avait toute ma confiance rien que pour ça. Je pourrais même dire que c’est ma plus fidèle lionne.

Je m’étais alors arrêté, me tenant droite devant elle, l’air grave. Je la regardant droit dans les yeux. Je pouvais lire dans ses yeux l’horreur qu’elle avait vécue et je compatissais presque, je n’irais pas jusque-là car après tout chacun ses problèmes. Elle grandissait tout comme moi mais je la dépassais toujours autant. Je la saluais alors un léger signe de tête en retour juste par politesse. Mère m’avait toujours appris à avoir un minimum de respect envers mes soldats.

-Je vais quelque pars Ranjana, j’ai besoin de me changer les idées.

Je n’avais pas dit réellement ce que je compter faire, je ne m’amuse pas à balancer à tout le monde ce que je fais de mes journées, il ne faut pas abuser non plus. Cette chance de connaitre mon quotidien dans les moindres détails est réservée seulement à ma mère.

Puis je réfléchis sur ce que je comptais faire. Cela aller peut-être être dangereux, autant avoir quelqu’un avec moi pour me protéger. C’est bien son rôle après tout, elle donne sa vie pour me protéger. De plus si j’attends quelque chose de compromettant autant avoir un témoin avec moi.

-Escorte-moi, je ne veux pas me faire attaquer par surprise par un stupide charognard.

J’avais une voix qui ne trahissait rien. Rien, pas un tremblement et il ne le fallait quand je m’exprimais avec mes sujets. De plus si elle vient avec moi cela pourrait lui changer les idées. C’était tout bénef, pour elle comme pour moi ! Oubliant alors nos rangs respectifs l’espace d’un instant, je déposais une lèche sur sa truffe.

-Aller ça nous changera les idées, allons-y.

Je pris les devants en reprenant ma marche. Avant d’arriver à destination, nous en aurions pour bonne marche, j’espère qu’elle n’a aucune envie pressante comme soif ou faim, je ne m’arrêterais pas.

Ranjana ne semblait pas se faire prier et me suivis. C’était simple, avec elle je n’avais pas besoin de lui dire ce qu’elle avait à faire, parfois c’est comme si elle lisait dans mes yeux. Elle me suivait partout où j’allais, m’escortant et me protégeant. Non que je ne sache pas me défendre, mais imaginer je tombe dans une embuscade . Eh bien j’ai Ranjana à mes côtés prête à se battre pour ma vie.

Pendant un long moment nous marchions en silence. Il n’y avait que le bruit du vent qui souffler dans l’herbe et de nos pas sur le sol dur. Même si nous sommes à la saison humide, depuis quelques jours nous avions eu un répit de pluie et la terre avaient eu le temps de sécher.

Mais le silence m’ennuyait rapidement. Je savais ce que Ranjana avait vécu lors de la fuite de maman et moi. Je savais ce qu’elle pouvait ressentir. Mais jamais nous en avions parlé, peut-être parce que sur le moment je m’en fichais totalement car moi-même j’étais dans le même cas qu’elle et je me préoccupais plus de moi. Je pris alors la parole.

-Je suis désolée pour toi Ranjana …

Je voulais lui dire, lui montrer que je n’étais pas sans cœur face à son sort. Parfois, il faut savoir se montrer attentionné avec ses soldats, c’est comme ça qu’on attire encore plus leur confiance. Mais avec la jeune lionne c’était tout autre chose, nous nous voyons tellement tous les jours et depuis si longtemps, elle n’était plus vraiment un simple soldat pour moi. Elle serait donc ma première amie ? Je n’ai jamais eu d’amis, je ne sais pas comment on le sait et comment agir avec eux.

-Pour tes parents.

C’était tellement maladroit. Je préférais de rien dire d’autre, voir si la lionne aller se murer dans un silence ou alors à accepter d’en parler.

La fidèle lionne ne semblait pas répondre dans l’immédiat. Laissant alors un silence s’installer. J’aurais pu croire qu’elle ne voulait toujours pas en parler et je pouvais très bien le comprendre. Mais après quelques instants, à continuer de marcher en silence, Ranjana se décida et me remercia en premier. Puis elle dit comment les gens raconter comment ses parents étaient morts, dans l’honneur et la loyauté.

J’acquiesçais montrant que j’étais d’accord. Ils sont morts lors de la bataille, en servant mon père, ils ne peuvent qu’avoir été fidèles. Maintenant ils se reposent auprès des grands esprits. Ils doivent être auprès de mon père, lui aussi est parti avec eux. Je pense même que papa les as tous guider, une dernière fois. Rien que d’imaginer papa en train de marcher, s’en allant, d’un pas confiant, suivis de tous les lions morts au combat pour lui, j’eus un pincement au cœur. Je donnerais tellement pour le revoir, qu’il soit là, encore près de moi, à me confier ses pensées me parler ou ne serais-ce, me regarder tout simplement.

Puis la jeune guerrière me présentait ses excuses pour la perte de mon père, que celle d’un être cher est la plus douloureuse. Oui en effet, cela était une réelle douleur. Mais je me volais entièrement la face devant les autres, ne voulant pas montrer ma faiblesse, que ce soit devant les Kulishas, mère ou encore Mopango. Personne ne devait voir ma souffrance, alors Ranjana ne devrait pas non plus le voir.

Je restais neutre face à ses paroles, mais les plus dures celles qui suivaient, car elle était véridique. Ranjana relevait le fait que personne n’avait été présent pour me soutenir et pour m’écouter lorsque j’en avais besoin. Un air de reproche traversait mon visage un instant seulement. Elle avait entièrement raison. Personne n’avait essayé de me montrer de la réelle compassion à part les condoléances timides de nos soldats. Même pas mère, trop occuper à babiller avec Mopango, qui était devenu sa nouvelle activité préférer. Une rage m’envahis rien qu’en y pensant.

Elle qui avait été très présente lors de mon enfance, et qui m’avait promis de toujours être là, auprès de moi quoi qu’il arrive. Mais voilà qu’elle n’a tenu ses paroles. C’est une chose que je ne supporte pas, les paroles en l’air qui n’ont aucune valeur ou alors les promesses non tenus. Je lui en voulais terriblement, j’avais traversé cette épreuve, seul. Cela a été une grande leçon pour moi : Tu traverses seul les dures épreuves de la vie, personne ne sera jamais là pour te soutenir. Ma confiance est maintenant très limitée, très peu l’ont et très peu l’auront. Quand tu vois que ta mère ne te réconforte même pas lors de la perte de ton père, imaginer alors une connaissance. Je dis alors avec un air exaspéré par le sujet :

-Oui en effet, y’en a bien une qui n’as pas su tenir ses promesses.

Mais cela n’était en rien le cas de Ranjana, elle restait ma plus fidèle auprès de moi. C’était bien la seule chose positive dans tout ça. J’avais l’impression d’avoir plus de soutien venant de sa part que de qui conque. Cela doit être sûrement dû car que nous vivons la même chose.

Nous arrivons très rapidement à l’endroit que je souhaitais. Un surplomb rocheux de quelques mètres, qui dominaient une petite vallée rocheuse. Là, parfois venait Mopango pour discuter avec des individus en qui je n’avais encore aucune confiance. Je me tapis dans l’herbe, tout en me cachent derrière des buissons. Je pouvais voir à travers, cela était Parfait pour espionner, mais au contraire il était dur de nous voir. Il me suffisait d’attendre maintenant qu’il arrive. Cela me permettrait alors d’entendre des choses qui pourrait se révéler être utile. Je me tournais vers la lionne et lui chuchotais :

-Baisse-toi, il faut être très discret ici.

Si nous nous faisions attraper, je n’ose pas imaginer la tournure de la situation. Maintenant il fallait attendre. Je restais là sans bouger pendant quelques minutes. Puis cela commençait à être long. Je regardais autour de moi, regarder chaque caillou et chaque herbe qui m’entourait. Bientôt mon regard arrivait sur la jeune guerrière. J’avais envie de la questionner sur elle, savoir comment elle supportait tout ça, en apprendre plus et mieux la connaître.

-Tu le vie comment Ranjana ? Tu arrives à oublier parfois ?

Je m’interrogeais beaucoup et j’avais besoin de réponse.

Ranjana me répondit alors qu’elle ne savait pas trop comment l’expliquait au début. Puis elle se lançait dans une description de ses émotions. Elle ne semblait ne plus rien ressentir, envahis par tellement de tristesse que son esprit effacer toutes les sensations pour lui permettre de survivre et ne pas devenir folle.

La lionne tournait ses yeux vers moi. Le vide, avait pris la place de l’éclat qui trônait avant dans son regard. Elle semblait éteinte, bougent seulement encore par sa dévotion envers moi. Elle reprit alors avec une comparaison, que pour elle c’était comme une traverser dans un désert sans fin, le cœur remplit de braises, dans l’attente d’une pluie pour les éteindre.

-Eh bien voilà de bien triste parole.

Je ne laissais pas paraître mon avis directement. Mais au fond j’étais curieuse. Elle arriver encore à faire son travail dans cet état. Cela montrait qu’elle était capable maintenant de supporter n’importe quoi dans la vie, rien ne sera pire et elle le surmontera tellement plus facilement. Puis je laissais voir un sourire sur mon visage, toutefois discret et satisfaite.

Ranjana survit en taisant ses émotions. Moi je n’y arrive pas. Mes émotions sont comme des torrents, des tsunamis qui envahissent tout mon être. Les vagues qui m’engloutissent, j’essaye de reprendre mon souffle entre deux vagues, mais je coule, n’arrivant pas à remonter à la surface. Je vis donc malmener par la tempête. Je lutte, je me bats, je hurle, déchirant le bruit du vent, cherchant désespère de l’aide.

Tout ceci se passe en moi, extérieurement, cela se traduit par des accès de colère, de la violence et des sautes d’humeur. La plupart du temps je m’isole donc, essayant de calmer les troubles. La chasse m’aide beaucoup, surtout quand je pars avec Ranjana. Enfaite c’est plutôt quand je suis avec elle je me retrouve plus calme, surement parce qu’elle vit la même chose que moi.

-Tu es forte Ranjana, si tu me suis tu ferras de grandes choses !

Ce n’est pas la première fois que je pensais cela mais je ne l’avais encore jamais dit à la lionne. Je lui montrais ainsi par ses mots, qu’elle aura toujours sa place dans mes rangs, des lions les plus fidèles.

Je me lassais d’attendre l’arrivée montre et laisser Ranjana surveillait pour moi. Après tout ce n’allait pas me donner la peine de le faire si quelqu’un d’autre pouvait le faire à la place. Je préférais donc m’allonger de tout mon long en me décontractant les muscles, regardant autour de moi, plus ou moins attentive. J’écoutais donc d’une oreille les mots de la guerrière. Elle me remerciait, exprimant que cela la toucher beaucoup et qu’elle promettait de mettre cette force à mon service. Je réprimais un hoquet de rire pour ensuite dire qu’un air lasser :

-Nous verrons rapidement si cette promesse tiendra la route…

En effet cela serait bénéfique pour moi d’avoir entièrement à mon service cette lionne à la rage qui ne demande qu’à s’exprimer. Dans le futur, je sens qu’elle pourra m’être d’une très grande utilité. Il manque juste l’apprentissage et elle deviendra mon plus grand atout dans mes plans. Je place alors de l’espoir en elle, c’est bien la seule qui a su se démarquer des autres. Mais j’essayais de ne pas trop y attacher d’importance pour le moment, la dernière promesse que l’on m’est faite m’a laissé un gout amer dans ma bouche.

-Mais fait attention, les promesses des autres me sont devenues indifférents maintenant.

La confiance était quelque chose que j’avais du mal à comprendre avant, je ne comprenais pas vraiment le sens du mort, pour moi tout le monde se devait de me dire la vérité et de faire ce qu’il disait. Mais en grandissant, j’appris bien vite que c’était très stupide comme raisonnement. Même avec mon rang de Princesse, certains ne se privent pas de retourner leurs vestes en un claquement de doigts. J’apprends donc à forger ma carapace et je fais très peu confiance dorénavant.

La lionne aux yeux bleus repris alors que malgré son rang, elle était présente, prête à m’écouter si je sentais le besoin de parler, qu’elle savait écouter. J’esquissais un sourire. Voilà de braves paroles qui sorte en effet de son rang.

-En effet ce n’est pas ton rang … mais il est fort probable qu’un jour j’emprunte le chemin qui mène à toi pour me confier.

Dis-je d’une voix douce et laissant apparaitre un léger sourire. Je me tournais vers elle. On pouvait clairement voir sur mon visage que j’avais dit cela sas ironie, que c’était vrai et que je ne me moquais pas d’elle.

Mais si un soldat se met alors à écouter mes problèmes à me donner des paroles réconfortantes, de quel œil verra cela mère ? (c’est sûr que son œil crever ne verra rien mdr). Dois-je avoir peur des répercussions ? Non, au contraire, mère devrait prendre exemple sur moi. Elle n’a jamais été proche de ses soldats, de son clan, c’est bien ça qui la conduit à la perde après tout. Les Kulishas ont été les plus loyaux envers nous. Ranjana s’avère l’avoir été encore plus, ce qui la met encore plus en valeur.

-Il s’avère que tu es ma plus proche parmi tous..

On pourrait prendre cela pour un aveu ou une confidence. Mais en tout cas j’étais sérieuse, je n’essayais en aucun cas de berner, amadouer, mentir ou être fourbe. Cela m’étonnait enfaité, j’étais moi-même avec Ranjana.

Le soleil déclinait de plus en plus, dessinant les ombres de plus en plus grandes, les étirant, les déformants, comme bons luis plaisait. Je me renfrognais, je n’aurais pas réussi à pincer Mopango et capter ses plans infâmes. Ranjana dut le voir sur mon visage car elle posait ses prunelles bleues sur moi et prit une voix des plus calmes et bas pour m’informer qu’une chose que je savais déjà. Je soupirais bruyamment et roulais des yeux pour ensuite, prendre un ton irrité :

-Non c’est bon, vient on décampe.

J’étais totalement frustré de mon échec. Mopango a dû me voir partir dans la direction du petit vallon ou alors il n’avait pas envie de venir aujourd’hui. Je me levais tout en ruminant. Nous avons perdu du temps et cela n’était pas bon pour moi. J’aurais pu utiliser ce temps à faire autre chose, comme faire chier les jeunes insolents. Mais le fait que Ranjana m’est accompagnée à tout de suite rendu les choses plus agréables. Donc dans un sens je n’ai rien perdu dans cette journée, j’ai appris un peu plus la jeune lionne et passer du temps avec elle n’est pas des plus désagréables. Je plantais alors mon regard orageux sans celui de la lionne et repris avec un peu plus de douceur :

-C’était quand même bien sympa..

Et sans finir ma phrase, je me mis en marche. Il fallait rentrer, sinon mère va encore s’inquiétais d’où je suis. Elle ne sait plus vraiment où je traine ses derniers temps, tellement la communication entre nous est devenue difficile. Mais le simple fait de voir que je suis près de la grotte la rassure, même si parfois j’ai envie de passer mon temps loin d’elle rien que pour voir si elle réagirait ou si maintenant son second enfant devient plus important que sa fille unique.