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Fefee
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Fefee
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Dim 29 Mai - 19:20
L’ordre et la paix semblaient enfin rétablis sur Prideland. Le glorieux royaume… N’était-ce pas prétentieux de la part d’une terre encore couverte du sang de tant d’innocents ? Fefee avait découvert cette appellation de la bouche de l’un des siens, quelques jours avant de quitter son terrier en quête d’une réponse à cette unique question qui harcelait son esprit et son cœur :

« Rexia… Où es-tu ? »

Il se la répétait pour lui-même, inlassablement, comme s’il s’attendait à ce qu’une gazelle ne l’entende et réponde enfin à ses prières le temps d’un galop.
Hélas, le seul signe que l’on daigna lui offrir en ces temps de doute fut un ciel assombri qui inondait la terre de ses pleurs en l’honneur des disparus.

La pluie lui martelait le crâne tout en camouflant ses larmes à travers son manteau d’humidité. Son pelage trempé goutait de son menton à sa queue, lui donnant une allure guère plus agréable que celle d’un gros ras pourvu d’immenses oreilles.

« Mais toi, tu serais toujours aussi magnifique… », murmura-t-il dans un triste sourire en levant la tête en direction des cumulo-nimbus qui crachaient leur foudre à intervalles réguliers.

Même à travers ce chaos, l’image de Rexia restait comme imprimée dans sa mémoire. Il la revoyait, sortant du lac, somptueuse, ravissante, presque divine. L’eau glissait sur son corps avec la même douceur qu’elle n’accordait qu’aux roches, embellissant la scène de mille reflets tout en conservant intact la beauté de son être. Mais lui ? Non. Il haïssait l’eau, et celle-ci le lui rendait bien.

Malgré tout, aujourd’hui, Fefee n’y accordait pas la moindre importance. Les gouttes eurent beau s’inviter aux creux de ses pupilles, l’obligeant à cligner des yeux et délaisser l’image rêveuse de sa bien-aimée, le fennec se contenta de secouer vivement la tête pour reprendre sa route à travers les herbes hautes et agitées de la savane.

Il avait changé. Elle l’avait changé. Elle lui avait donné l’espoir et une raison de vivre… Puis elle avait disparu sans laisser de trace. Il l’avait attendue. Des jours. Des mois. Des années. Les siens l’avaient vu dépérir peu à peu, tandis qu’ils luttaient déjà pour leur propre survie… jusqu’à ce qu’il ne décide par lui-même de s’isoler dans cette détermination qui l’avait toujours défini.

Il la retrouverait. Vivante ou non, il n’abandonnerait jamais.

Un coup de vent obligea le fennec à se clouer au sol un instant pour ne pas se laisser emporter. Le temps ne s’arrangeait pas. Et n’étant qu’un fennec du désert, Fefee n’avait jamais affronté un tel déchainement des éléments. Il poussa donc un profond soupir avant de se résigner à chercher un abri le temps que l’orage ne perde en intensité. Après-tout, sa détermination ne pouvait pas non plus l’entrainer vers la mort ! Il devait suivre les conseils de son père :
"La vie prime sur la mort". D’ailleurs, qu’en était-il de cet adage pour ceux dont on ignorait la vitalité ?

Alors qu’il repérait un rocher creux dont la forme ovale ferait une excellente ombrelle le temps de l’orage, le fennec se figea à nouveau. Néanmoins, cette fois-ci, le vent n’était pas en cause. L’aventurier du désert venait de repérer la silhouette d’une hyène, et celle-ci semblait prendre le temps d’enterrer quelque chose à proximité de l’abri repéré.
Curieux, Fefee s’avança sans grande discrétion, jugeant qu’aucun prédateur ne serait assez sot pour engager une course-poursuite par un temps aussi déplorable : la pluie détruirait la moindre piste en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire.
Un éclair zébra le ciel, éclairant les deux bêtes le temps d’un instant. Un bref instant durant lequel Fefee put identifier la chose entre les crocs du prédateur.
Son espèce, ses blessures et toute son histoire restaient un parfait mystère, mais cette "chose" était vivante. Enfin, plus maintenant. Avait été vivante ? Voilà qui paraissait plus exacte.

L’image de Rexia lui revint en tête accompagnée d’une rage malsaine. Toutefois, conscient de son impuissance, Fefee garda ses distances et fut donc obligé de crier fort pour se faire entendre du prédateur lorsqu’il l’interpella :

« C’est malheureux de voir que certains n’auront pas la chance de profiter du renouveau de Prideland ! »

Sa phrase se voulait compatissante, mais le ton accusateur qu’il avait employé trahissait ses pensées. A croire que l’orage grondait autant dans les cieux que dans son cœur…


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Uasi
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Dim 29 Mai - 19:51
Malgré le fait que les mois passaient, le temps ne s'arrangeait pas. Le ciel continuait de pleurer encore et encore, comme si il pleurait sans arrêt la perte de tout ceux qui avaient rendu l'âme lors de la guerre. Kuoza avait bien grandit depuis ce moment-là, elle avait appris à vivre avec la pluie, bien qu'elle continuait d'avoir horreur de l'orage... Elle avait quitté le cimetière des éléphants la veuille pour aller au chevet d'une patiente. La hyène s'était occupé quelques semaines plus tôt d'un couple de chacals. Les deux vieillards avaient été frappés par des douleurs articulaires dues à leur grand âge. Plusieurs fois par semaine, elle venait leur apporter son aide en leur broyant des os, à manger avec un peu de viande, pour les renforcer. Elle faisait sa ronde habituelle à leur coté quand elle nota que la femelle se portait très mal. Sous les supplications du couple, elle était restée à leur coté, veillant hors de leur terrier situé sous un arbre coupé en deux par la foudre.

Le lendemain matin, au réveil, la pauvre vieille canidé avait rendu l'âme dans les pattes de son mari. Kuoza avait le coeur déchiré en entendant les pleurs incessants de son aimé. Elle était resté à ses cotés durant la journée, espérant lui offrir son aide. Il lui demanda de ne plus venir le voir, que c'était finit pour lui si il n'avait plus son amour à ses cotés. Mais il demande cependant à la hyène une dernière requête : s'assurer de mettre le corps de la femelle en terre là où ils s'étaient rencontrer la première fois et d'en faire de même avec lui quand le moment seraient venu. Ils s'étaient rencontrés dans la savane, près d'une pierre ovale bien particulière. La larme à l'oeil, Kuoza avait pris le corps du chacal dans sa gueule après que son époux ne lui ai fait ses ultimes adieux. D'un pas lourd de sentiments, elle s'en était allé du don pour rejoindre la savane.

La pluie avait tellement trempé son pelage depuis la veille qu'elle doutait de pouvoir un jour redevenir sèche. Elle frissonnait, autant de froid que de fatigue et de tristesse. C'était dur d'essayer de sauver les autres, dur de savoir que de toute façon tous mourraient un jour. Elle n'avait pas encore eut l'occasion de perdre un patient, elle ne pouvait s'occuper que de petits cas, elle n'était pas assez expérimenter pour faire autre chose. Kuwili avait encore le monopole des cas difficiles. Et donc, la mort était encore inconnue dans son métier. Elle se doutait cependant qu'elle ne pourrait prendre ça aussi fort à coeur à chaque fois, sinon elle deviendrait folle. Mais elle était encore trop immature dans son travail pour que ce soit le cas.

Elle arriva là où le chacal lui avait indiqué d'enterrer sa belle. Elle la déposa doucement sur le sol, comme si elle était encore en vie. Ses pattes lourdes d'avoir marcher autant sous la pluie se mirent à gratter le sol avec lenteur. Lorsque le trou fut assez grand, elle reprit délicatement la vieille dame et la posa dans sa tombe. Un éclair traversa le ciel et la hyène sursauta en poussant un couinement. Elle détestait l'orage, elle en avait peur. Elle regarda une dernière fois la pauvre défunte, pensant à quelques mots qu'elle pourrait lui dire avant de la recouvrir de terre et de la laisser à son repos éternel.

Kuoza ne pu trouver les mots assez vite, une voix s'éleva un peu plus loin. Elle tourna la tête, un peu surprise de se faire déranger dans un moment pareil. Un petit fennec, qui devait être bien loin de chez lui, ce tenait à quelques mètres à peine d'elle. Le ton de sa phrase était à la fois désolé pour la morte mais aussi accusateur. Encore choquée par la mort de sa patiente, Kuoza ne releva pas, elle renifla avant de passer sa patte sur sa joue pour essuyer ses yeux qui étaient remplis de larmes, l'empêchant de voir quoi que ce soit. Elle le regarda ensuite.

" Oui ... La pauvre est décédée hier soir ... la vieillesse ... Et son pauvre époux ... "

Sa voix était secouée par les larmes qu'elle avait du mal à contenir. Et la venue de ce petit animal n'arrangeait pas les choses ... Découverte alors qu'elle était dans un état de faiblesse, la hyène perdait ses moyens, la ramenant à l'époque où elle était encore une enfant. Elle regarda la chacal, prit une fleur qu'elle arracha avec ses crocs et la déposa sur elle avant de la recouvrir de terre mouillée. Elle regarda le ciel et renifla à nouveau. Surement cherchait-elle à dire à son esprit que son voeu avait été respecté.

" Je suis désolée, ce n'est pas le meilleure jour pour une rencontre ... "

Essaya-t-elle de se justifier au fennec. Elle était désemparée et ne savait que dire au petit canidé aux grandes oreilles. Il était trempé lui aussi et devait surement chercher un endroit pour se mettre à l'abri avant d'être tombé sur la hyène et son enterrement.


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Mar 31 Mai - 3:18
La hyène n’eut pas exactement la réaction à laquelle Fefee se serait attendu. Tout dans sa voix et ses agissements exprimait une tristesse des plus sincères, l’accuser plus longtemps n’aurait été que preuve d’une cruelle mauvaise foi.
Incontestablement et comme il l’avait prouvé à plusieurs reprises, Fefee savait se montrer cruel. Mais en assistant à la bienveillance du prédateur, le fennec avait préféré ravaler son venin et lui accorder un moment de respect pour sa perte. Evidemment, il n’en devint pas sympathique pour autant.

Un silence presque pesant accueillit donc les excuses de la hyène. Lui demandait-elle à travers ses paroles de s’en aller pour revenir un jour plus clément ? Amusant. Selon toute vraisemblance, il n’avait pas affaire à une faucheuse comme Zeke l’était. Et vu comme il se lâchait déjà aux côtés du mâle, on pouvait aisément deviner qu’il n’aurait aucune retenue avec elle.
Tout en gardant sa méfiance, Fefee fit mine de détourner le regard et de se désintéresser d’elle presque aussitôt. Il la contourna lentement, formant un demi-cercle autour d’elle à la façon d’un chasseur qui attendait que la proie ne quitte son terrier. Sauf qu’ici, le terrier n’était rien d’autre que cette cérémonie d’enterrement qu’il avait interrompue. Il acheva sa marche à l’abri de la pluie, juste en dessous du rocher ovale, et reporta son regard sur la hyène en s’imaginant qu’elle finirait ce qu’il avait interrompu.

Ce n’est que lorsqu’il eut l’intuition que la hyène en avait terminé qu’il reprit finalement la parole, rappelant sa présence d’une voix forte avec cette même intonation désagréable qu’il avait les mauvais jours :

« Il t’arrive souvent de mettre en terre des… »
La foudre l’interrompit, illuminant la scène de sa colère aveuglante tandis qu’il réalisait qu’il ignorait toujours l’espèce exacte de ce corps mort mis en terre. Ses longues oreilles vibrèrent, douloureusement assaillies par l’intensité du grondement de l’orage, mais tout cela ne semblait pas l’effrayer pour autant. Il reprit même presque immédiatement :
« … des animaux d’autres espèces ? Tes semblables sont pourtant connus pour leur capacité à faire disparaître les corps de façon… disons plus… radicale ? »

D’ailleurs, il ne connaissait pas tant d’animaux usant de tels rituels. Les éléphants à leur façon, pour les plus connus ; plusieurs créatures du désert, où la mise en terre devenait particulièrement aisée ; quelques lions… Et ceux comme Kuwili, évidemment : sans en avoir la certitude, il était presque certain qu’une chamane comme elle serait adepte du culte de l’esprit mis en terre qui continuait à veiller sur les siens.

« D’ailleurs, », reprit Fefee avec amusement, « tu devrais remercier le ciel. Sans cette pluie pour brouiller les pistes, j’ignore si cette pauvre créature resterait en terre bien longtemps. »

Rien n’était plus odorant que la mort elle-même. Et avec un tel buffet enterré sous un simple tas de terre, le premier charognard à proximité s’y jetterait certainement à corps perdu. Mais Fefee n’arrêta pas sa réflexion en si bon chemin. Maintenant qu’il avait sagement attendu cette cérémonie avec le plus grand respect, il était temps que le venin de sa colère ne s’échappe à nouveau.

« En fait, n’importe qui t’ayant vu faire en profiterait certainement sitôt que tu auras le dos tourné. »

Vraiment n’importe qui ? Un sourire narquois marqua le visage du fennec. Ce n’était pas avec un tel comportement qu’il obtiendrait les informations qu’il souhaitait. Toutefois, l’expérience lui avait montré qu’on apprenait bien plus des gens de cette façon qu’en les questionnant simplement, alors…


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Mer 1 Juin - 17:27
Après que la hyène se soit excusé, le petit fennec ne sembla pas vraiment insisté. Il lui laissa un moment de tranquillité pendant lequel il la contourna doucement et à distance raisonnable. Il vint ensuite s'installer sous la pierre ovale, se cachant de la pluie. Ca ne devait plus lui servir à grand chose tant il était déjà mouillé. Mais la sensation de la pluie ne devait pas lui être agréable. Kuoza elle, ne sentait plus rien à cause du froid qu'elle ressentait depuis la veille au soir.
La jeune guérisseuse pensa quelques paroles pour la vieille dame morte un peu plus tôt. Ce n'était pas grand chose, mais ça avait quelque chose de plus officiel que de juste la déposer là et la recouvrir.

Le petit canidé semblait avoir attendu qu'elle ai finit son petit rituel pour engager la conversation. Lui arrivait-il souvent de mettre des animaux en terre ? Que sous-entendait-il par là? Kuoza sembla un peu offusquée, mais la suite de ses paroles lui fit penser qu'elle avait tout simplement mal compris ce qu'il voulait dire. Il avait l'air de trouver ça étrange et lança une petite pique au sujet de sa meute. Elle aurait eut le sang chaud, elle lui aurait de suite répliqué quelque chose. Mais elle se contenta de froncer vaguement le museau. Certes les hyènes avaient une mâchoire à toute épreuve, mais il était entrain d'accuser son espèce de commettre des meurtres ! Il avait de la chance d'être tombé sur une crème comme elle ...

" C'est la première fois que je perds un patient et aussi la première fois qu'on me demande une telle chose ... "

Elle était un peu distante. Ca restait Kuoza, elle n'avait pas un ton méchant, elle ne l'avait jamais. Mais ceux qui la connaissait pouvait sentir qu'elle n'était pas à l'aise avec cette conversation et que les accusations à mis mots du petit animal ne lui plaisait pas du tout. Elle réagissait de la même manière quand elle entendant des hyènes extrémistes parler des lions. Ses oreilles partirent en arrière, elle était sur la défensive, il avait touché une corde assez sensible pour elle. La pauvre qui avait déjà du mal à tuer une proie pour la manger !

" Qu'est-ce que tu entends par-là ... ? Tu compte attendre que j'ai le dos tourné pour festoyer sur les restes d'une pauvre vieille dame ? "


Lui demanda-t-elle avec un rictus piquant dans la voix. Ca, ce n'était pas du tout elle. Peut-être était-ce la peine mélangé avec l'énervement de ces accusations, mais cette réaction ne lui ressemblait pas. Par contre, ça ressemblait à son clan. Peut-être était-elle entrain de devenir comme eux. Elle essaya de se calmer, elle ne devait pas se laisser décontenancer et certainement pas par quelqu'un qu'elle ne connaissait pas! Elle prit donc une profonde inspiration et expira pour se calmer.

" Ce que tu pense sur cet enterrement ne regarde que toi, moi je ne fais que faire ce que le mari de cette dame m'a demandé de faire. "


Sa voix était redevenue plus douce, mais le fait qu'elle ne le vouvoie pas montrait sa désapprobation. Il ne se rendrait peut-être compte de rien parce qu'il ne la connaissait pas, ceci dit. Parler de cette façon était déjà assez doux chez les hyènes. Ce n'était juste pas représentatif de qui elle était. Et pour qui allait-elle passer ?


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Mer 1 Juin - 19:22
Ni rire malsain, ni grondement sourd, ni aboiement menaçant. Celle qui lui faisait face n’avait tout simplement rien d’une hyène. Enfin, d’une hyène au sens où Fefee l’entendait. Tout cela confirmait sa première impression : celle-ci ne sortirait pas de ses gonds. Et plus encore, elle ne l’attaquerait jamais. Ou peut-être que si ?...

Pendant un court instant, lors de sa deuxième réplique, Fefee eut l’impression de percevoir un millième de Zeke dans cette guérisseuse au cœur pur. Cette répartie cinglante, ce rictus caractéristique de son espèce… Il avait déjà vécu ça lors de rencontres avec d’autres de ses semblables. Finalement, peut-être y avait-il une hyène dans ce corps ? Il suffisait de la faire sortir…

« C’est une vrai question ? », Ricana-t-il. « J’imagine que tu n’as pas vécu la même famine que tes semblables plus âgés. »

Il y a quelques années de cela seulement, les charognards du cimetière des éléphants se seraient jetés sur n’importe quelle viande sans même réfléchir à sa provenance. On racontait même qu’ils se mangeaient entre eux… bref, Fefee ne s’était pas imaginé un jour qu’une hyène serait outrée de le voir envisager un cadavre d’une autre espèce comme buffet repas.
Hélas, il était encore loin d’une véritable perte de contrôle. La guérisseuse aux grands crocs sut reprendre son calme rapidement, et bien qu’il ne se sente nullement insulté par le tutoiement qu’il appliquait souvent sans la moindre hésitation, il devinait qu’une certaine rancœur se cachait encore à travers la dernière réplique plus douce de son interlocutrice.

« Je comprends. », répliqua-t-il d’une voix faussement hautaine. « Une fois que ta part du travail est faite, ce qui arrive ensuite ne te concerne plus vraiment. »

C’était une analyse parmi tant d’autres des paroles d’une hyène qui ne disait que suivre les ordres.
Sa petite idée en tête, Fefee laissa ses ambitions guider ses actes pour un temps… et tant pis si la pluie lui harcelait le crâne tout au long de cette discussion. Il quitta donc son abri d’un pas lent pour se rapprocher de cette hyène pacifique, et plus particulièrement du tas de terre qui recouvrait le corps de la défunte.

« De toute façon, son mari ne t’a rien demandé de plus, donc j’imagine qu’il sera satisfait. »

Peut-être y allait-il un peu trop fort avec elle ? La moindre erreur de jugement risquait de lui couter cher, maintenant qu’il s’était rapproché. Mais après avoir avoué être une guérisseuse débutante, puisqu’à son premier patient perdu, cette hyène lui avait enlevé un bon nombre d’inquiétudes. De toute façon, il n’existait rien de plus risqué que de taquiner Zeke… ce à quoi il avait survécu. Alors pourquoi s’inquiéterait-il ?
Par ailleurs, maintenant qu’il était plus proche d’elle, Fefee pouvait observer plus en détail cette hyène au pelage aussi trempé que le sien.
Les seules autres hyènes qu’il avait eu l’occasion de détailler d’aussi près étant Kuwili et Zeke, le fennec se sentit obligé de les utiliser comme élément de comparaison. Et pour résumer, le guerrier blessé à l’œil ne lui ressemblait absolument pas. Quant à Kuwili… il était difficile de juger de son apparence sans se remémorer la partie morte de son visage. Erk… il avait toujours du mal à y penser sans se sentir obligé d’avaler sa salive avec un léger dégout…

Pour résumer, Fefee avait l’impression d’avoir une hyène plus… disons... normale ?... face à lui. Elle n’avait pas cette allure guerrière et couverte de blessures que la majorité de ses semblables arboraient, et aucune autre défiguration ou marque de malheur qui la définissait. Peut-être pouvait-on lui accorder cette dent qui ressortait légèrement de sa mâchoire comme marque distinctive ? Oui, mais cela n’avait rien de si terrible. Elle lui donnait l’impression d’être… une hyène d’une autre époque. Une époque où la paix s’était installée, où la faim s’était dissipée, où le calme était revenu… Et malgré l’insulte que pouvait représenter cette simple pensée, Fefee ne put s’empêcher d’ajouter au fond de lui… où les faibles pouvaient survivre…


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Ven 3 Juin - 12:08
Le fennec ne semblait pas avoir des intentions très amicales ... Non pas qu'il soit entrain de l'attaquer, mais il lui lançait des piques. Kuoza avait pour habitude d'éviter de fréquenter ce genre de personnes. Assez étrangement, depuis la mort de sa mère où elle avait du se confronter au monde, elle avait rencontrer des personnes plutôt gentilles. Même Zeke qui se cachait sous une carapace de guerrier ronchon était dans le fond quelqu'un de gentil ! Kiwili qui pouvait paraitre distante était une bonne enseignante. Pour ce qui était des autres animaux qu'elle avait rencontré, elle avait eut cette chance de tomber sur des crèmes. Mais aujourd'hui, elle sentait qu'elle s'engageait dans une conversation qui aurait du mal à finir bien sauf si elle décidait de tourner les talons. Autrefois, elle l'aurait fait, mais depuis qu'elle avait commencé à prendre confiance en elle, Kuoza se laissait beaucoup moins faire et elle ne voulait pas courber l'échine face à un si petit animal. La fierté de sa race commençait à suinter de ses tâches ...

Non, elle n'avait pas connu la famine, elle était trop jeune. Enfin du moins, elle ne s'en souvenait pas. Elle n'avait que très peu de souvenir du cimetière avant le retour des hyènes de prideland. Elle avait toujours été bien nourrie. Elle fronça à nouveau le nez et plissa les yeux. Le fennec jouait avec ses nerfs, il n'avait pas l'air d'avoir faim et ici sur prideland, il faisait bon vivre. La nourriture était largement abondante. Déterré un cadavre composé de viande dure et sèche aurait vraiment été du rang d'un animal malade ou incapable de chasser.

" Je n'ai pas connu la famine, non. "

Se contenta-t-elle de répondre sèchement. Elle ne voulait pas commencer à se justifier devant lui. Il n'en valait clairement pas la peine. De plus, la hyène ne voulait pas rentrer en conflit, elle se sentait déjà assez mise sous pression avec ses accusations et ses paroles qui étaient clairement de la provocation. Elle ne se laisserait pas déstabiliser plus. Même si ce qu'il dit ensuite la piqua directement dans sa chair. Son sang ne fit qu'un tour. Une fois le travail fini, le reste ne te concerne plus. Elle ne pu s'empêcher de repenser à ce que Zeke lui avait dit un an plus tôt. Ce que le fennec insinuait, c'est qu'elle suivait les ordres et c'était tout, qu'après elle ne s'occuperait plus de ce qui pouvait arriver. Comme il avait tord la concernant ... Elle sentait ses pattes commencer à trembler mais elle se calma très vite, elle devait rester zen.

Sa gueule s'ouvrit pour parler mais il lui coupa la parole. Il lui dit que le mari de la défunte serait surement satisfait vu qu'elle avait fait ce qu'il lui avait demandé. La tension dans le corps de la hyène descendit tout de suite. Etait-ce le calme avant la tempête ou alors le petit canidé avait-il vraiment un bon fond et s'y prenait vraiment mal pour parler aux autres ? Elle le regarda avec méfiance, analysant son corps trempé. Lui aussi semblait en faire de même avec elle. Les deux animaux se dévisageaient sans qu'un mot ne sorte pendant un instant. La hyène finit par briser le silence, essayant de détourner la conversation.

" Tu es bien loin de ton désert ... Le temps ici te plais ? "

Demanda-t-elle avec ironie en faisant référence à la pluie qui ne s'arrêtait toujours pas de tomber. En général, les fennec préfèrent un climat plus chaud, qu'est-ce qui poussait celui-ci à trainer dans un coin qui était si humide en cette période ? Elle avait du mal à le comprendre. Mais jusqu'à quel point peut-on vraiment comprendre une autre espèce ? Elle n'avait jamais réussi à rester seul plus de quelques heures alors que beaucoup d'animaux étaient plutôt solitaires. Elle regarda à nouveau la tombe de la chacal. Elle voulait rentrer chez elle, elle était fatiguée et morte de froid. Mais elle savait qu'une fois le dos tourné, le petit fennec s'empresserait de la déterré et elle ne voulait pas qu'il s'en approche.

" Tu ferais bien de faire attention, ici les inondations n'épargnent personne et les petits animaux comme toi ne font pas long feu."

C'était là aussi de la provocation. Elle voulait qu'il s'en aille. Ce n'était peut-être pas le meilleur moyen de le faire décamper ceci dit. Mais Kuoza n'avait pas encore le bon tact. Trop gentille, trop respectueuse, elle n'avait pas ce coté puissant que les autres hyènes avaient. Ou du moins, pas encore. Elle saurait s'imposer un jour, elle y travaillait. Elle ne savait pas comment cette rencontre allait se terminer, mais intérieurement, elle espérait que le fennec se dise qu'il valait mieux rentrer chez lui.


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Ven 3 Juin - 22:08
Fefee ne quitta pas une seule seconde la hyène de son regard perçant, analysant à travers la pénombre de l’orage chaque réaction que l’étrangère lui offrait. S’en prendre à son espèce semblait l’agacer, l’énerver… peut-être pouvait-il même la faire devenir l’une de ces hyènes enragées s’il insistait dans ce sens, comme il l’avait fait en parlant de famine ? Sa réponse à cette dernière pique avait été plus sèche que les précédentes.

Mais après diverses tentatives, Fefee remarqua que s’en prendre directement à sa personne paraissait bien plus l’atteindre. Après qu’il se soit attaqué à son travail, la hyène laissa de côté les froncements de museaux au profit d’un soudain tremblement de pattes qui n’échappa au manipulateur face à elle. A son tour, le fennec plissa les yeux, pensif, tandis que la hyène contre-attaquait à sa façon.

La conversation fut finalement détournée pour venir se recentrer sur le fennec. Néanmoins… parler de la pluie et du beau temps ? L’orateur qu’il était s’en sentait presque insulté. Un sourire narquois s’afficha sur le visage du mâle tandis qu’il répondait immédiatement pour saisir la perche tendue :

« Pas plus qu’à toi, de ce que j’en ai vu. »

S’il pouvait se plaindre d’être harcelé de gouttes d’eau parfois aussi grosses que ses pattes, lui au moins, il ne s’était pas encore humilié en sursautant au simple bruit de l’orage. Et pourtant, ses oreilles l’avaient réclamé à de nombreuses reprises, vibrant avec insistance à chaque nouveau grondement qui déchirait les cieux…
Comme pour accueillir ses paroles, la foudre frappa de nouveau, toujours plus proche et plus bruyante. Néanmoins, pourquoi s’en inquiéterait-il ? À de rares exceptions malchanceuses, le tonnerre ne tuait personne.

C’est alors que la conversation prit une tournure moins agréable. Une inondation ? Fefee ne répondit pas immédiatement. Au contraire, il détourna le regard, touché par la vision infernale d’une noyade en pleine savane que ces paroles lui inspiraient.
Son sourire s’effaça, puis il se remit en marche pour contourner la hyène et son lieu de rituel jusqu’à arriver de l’autre côté du tas de terre où reposait l’animal.

« Je ferais mieux de rentrer chez moi. »

Il avait prononcé ces mots sans la moindre émotion, plus frigide que la glace des pôles elle-même. Pourtant, plutôt que de suivre le sens de ses paroles et s’en aller au loin, laissant la hyène à son rituel, il se laissa tomber sur son postérieur là où il se trouvait. Deux âmes face à face, de part et d’autre de l’enjeu du jour…

« C’est ce que tu voulais entendre, pas vrai ? », questionna-t-il en retrouvant subitement son sourire moqueur.

La hyène avait lancé sa première véritable pique. Aurait-elle le cran d’en lancer d’autres, ou céderait-elle à la facilité après la nouvelle moquerie du fennec ? Pour sa part, Fefee continuerait de s’amuser tant qu’il n’aurait pas déchiffré tout ce qu’il pouvait comprendre de sa proie en agissant ainsi.
Il secoua la tête d’un air médusé, tandis que ses membres commençaient à s’agiter sans qu’il ne semble s’en préoccuper. Lentement, discrètement, ses pattes-avant jouaient dans la terre humide face à lui, trahissant un désir obsessif de creuser dans cette terre retournée qui lui tendait les pattes.

« J’en conclus que c’est la première fois que tu rencontres un fennec ! », blagua-t-il de son assurance habituelle.

Ses semblables n’abandonnaient pas aussi facilement. Ils n’avaient ni la force des lions, ni le nombre des hyènes… il leur fallait bien d’autres atouts pour pouvoir survivre dans un monde au climat agressif peuplé de tant d’autres prédateurs capables de les battre à mort d’un simple coup de pattes. La ténacité était une des qualités les plus communes dans son clan. D’ailleurs, il n’était pas rare de voir l’un des siens hurler sur un prédateur de dix fois son poids, comme un chaton qui ferait voudrait faire fuir un ours.


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Dim 5 Juin - 11:04
Kuoza était toujours là, devant le tas de terre à regarde le fennec sous toutes les coutures. Il ne semblait pas aimer le temps plus qu'elle. Mais elle ne compris pas la pique qu'il venait de lui lancer. Malgré son sourire narquois, la femelle pensait qu'il faisait référence à son pelage totalement détrempé et au fait qu'elle reniflait de temps en temps à cause de l'humidité qui l'avait infiltré. Elle ne répondit rien, se contentant de le dévisager jusqu'à ce qu'un nouveau coup de tonner, cette fois très puissant, ne la fisse courber l'échine l'espace d'un instant où elle ferma les yeux en étouffant un couinement de terreur. Elle se redressa vite.

Le petit animal se leva, il semblait que sa tentative de le faire partir avait fonctionné. Ses yeux s'ouvrirent totalement et ses oreilles se dressèrent. Elle était un peu surprise, mais fière que ça ai fonctionné, elle ne l'aurait pas cru. Il la contourna sous son regard attentif. Mais il s'affala à coté de la tombe qu'elle venait de faire. Ses yeux se levèrent furtivement vers le ciel dans une mine exaspérée. N'avait-il donc vraiment pas l'impression que la conversation était inutile ? Ni l'un ni l'autre ne s'appréciait beaucoup, ce qui était un exploit en soit quand on connait Kuoza. Alors pourquoi rester ? Il devait vraiment être mesquin pour autant apprécier faire chier son monde. Il se moquait d'elle en plus ...

Il commença à jouer avec la terre qui avait été fraichement déposée sur le corps de sa patiente. Le sang de Kuoza ne fit qu'un tour et elle n'écouta même pas la fin de sa phrase, elle se leva d'un bond un fit un pas vers lui en dressant la queue autant qu'elle le pouvait. Elle se faisait imposante, sa masse musculaire - ou plutôt graisseuse - se déplaça d'un coup, de quoi impressionner. Sourcil froncés, elle ne dévoila pas encore les crocs mais c'était un avertissement. Là tout de suite, la hyène aurait bien appelé du renfort, ne serait-ce que Zeke. Mais il aurait trouvé ça puéril qu'elle ne puisse se défendre face à un si petit animal. Il fallait qu'elle se débrouille toute seule.

" Je n'en ai jamais rencontré, mais je vois que je n'ai pas perdu grand chose ... "


Se contenta-t-elle de répondre avec un ton acide qu'elle ne s'était jamais entendu prendre. La hyène en elle se réveillait bel et bien. Il avait fallut qu'un petit canidé du désert arrive pour qu'elle voit qu'elle n'était finalement pas bien différente de ses semblables. Pas de nature agressive, pas de nature à chercher les ennuies, mais si on la poussait elle savait répondre. Enfin, du moins face à un plus petit qu'elle, pas de quoi s'en venter. Même les chiots de la meute auraient déjà chassés le fennec en le coursant et en essayant de le mordre.

" Rentre chez-toi, je pense qu'on arrivera à rien, on est pas fait pour s'entendre. "

Dit-elle en un grondement sourd qui remontait le long de sa gorge. Elle était mauvaise pour le coup, position d'attaque qu'elle n'avait jamais prise, les yeux qui brillaient de rage et la tête qui lui tournait à cause du sang qui parcourait son corps bien trop vite. C'était une image d'elle qu'elle ne voulait pas qu'on garde. Enfin du moins, pas comme seul souvenir d'elle. Mais qu'on sache qu'elle pourrait se défendre. Elle repenserait à cette nuit le jour où elle devrait affronter une autre hyène, lui tenir tête. Elle n'était plus une enfant peureuse, elle défendait ses convictions.


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Dim 5 Juin - 18:52
Et voilà. C’était arrivé. Vous pouvez lui en vouloir, juger qu’il avait fait le mauvais choix, que d’autres moyens auraient amené au même objectif avec plus de facilité, mais les faits étaient là : Fefee avait finalement obtenu ce qu’il voulait de cette hyène. Entre deux piques agressives du fennec, la victime venait d’avouer n’avoir jamais rencontré d’autre de ses semblables. Donc elle n’avait jamais rencontré Rexia. Donc elle ne lui donnerait aucune piste concernant sa bien-aimée. Donc il n’avait aucune raison d’insister plus longuement : tout cela ne l’avancerait plus à rien.

D’ailleurs, c’était également ce que la prédatrice lui conseillait dans un grondement sourd bien plus menaçant que tout ce qu’elle avait entrepris jusqu’ici. Elle semblait prête à lui sauter dessus, à l’attaquer pour l’empêcher d’en dire plus. Alors… Pourquoi n’avait-il pas peur ?

Tout au long des menaces silencieuses de la hyène, Fefee était resté de marbre. Au mieux, il avait haussé les sourcils d’étonnement en la voyant bondir vers lui, s’était immobilisé en la voyant s’imposer face à lui, et avait dressé les oreilles en écoutant l’acidité de ses paroles. Pourquoi son instinct conservait-il ce sentiment de sécurité au-delà de ce que lui dictait sa raison ? Etait-ce le fait d’avoir vu cette hyène réagir à l’orage de façon presque enfantine ? Ou serait-ce ses croyances qui la rendaient si peu crédibles aux yeux du fennec ?

Perplexe, Fefee détourna le regard un instant sans savoir comment réagir. Ses yeux se posèrent face à lui, sur le tas de terre où ses pattes s’étaient plongées sans qu’il n’en ait vraiment conscience. Oh… Etait-ce ça qui l’avait réellement mise en colère ? Ses gestes inconscients, et non ses paroles belliqueuses ?

Ses yeux revinrent sur la hyène pour se plonger dans le regard menaçant de cette dernière. Il y percevait cette rage qu’il avait côtoyée aux côtés de Zeke et de tant d’autres hyènes. Cette haine qui menaçait de mort chaque être qui osait s’en rapprocher. Et pourtant, les battements de son cœur restaient aussi sereins qu’au début de cette histoire, comme s’il ne voyait en elle qu’une actrice dénuée d’ambition.

Pouvait-il se permettre d’insister ? Risquait-il sa vie en restant là ? Tous les signes que sa raison percevait lui hurlaient que oui. La forme massive face à lui pouvait l’abattre d’un simple coup de crocs ! Il n’était qu’un minuscule fennec face à l’un des plus grands prédateurs de la terre des lions ! Malgré ses dernières paroles, il restait sûr d’une chose : n’importe quel autre fennec se serait enfui depuis bien longtemps. Alors pourquoi restait-il ? Pourquoi ne ressentait-il pas la moindre peur ? Pourquoi son instinct restait-il aussi silencieux face à la faucheuse qui s’armait sous ses yeux ?

« Pourquoi voudrais-je m’entendre avec une lâche ? », osa-t-il finalement avec froideur.

Sa décision était prise. Dépourvue de raison, suivant un instinct détraqué, et pourtant parfaitement volontaire. Puis, comme pour insister sur son parjure vis-à-vis de l’étrangère, il détourna le regard avec orgueil, insultant la posture menaçante de la hyène d’un manque de respect que l’on réservait habituellement aux simples fourmis.

Il allait loin. Très loin. Trop loin. Lui-même, il s’en rendait compte. Zeke lui aurait coupé la tête depuis dix minutes au moins. Même Kuwili et son calme légendaire n’aurait sans doute pas résisté à l’envie de le faire taire. Et pourtant, il ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin.

Il n’y avait plus rien à dire. De toute façon, pourquoi se contenter de mots quand les gestes suffisaient à faire la différence ? Jusqu’ici, il n’avait rien fait de si terrible. Rien de volontaire, du moins. Mais ce point précis allait changer très prochainement.

Le regard déterminé, Fefee se redressa. Il prit une profonde inspiration… sourit… leva une patte-avant… leva la seconde… se pencha en direction du tas de terre retournée… puis s’élança pour y plonger ses pattes et entamer l’ultime parjure que la prédatrice avait essayé d’éviter en discutant avec lui.


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Lun 13 Juin - 9:57
Malgré l'attitude menaçante que Kuoza montrait au fennec, celui-ci ne bougea pas d'un pouce. Il leva les sourcils, étonné de la voir ainsi déboulé vers lui. Mais c'est le seul mouvement qu'il fit. C'était comme si il n'avait pas peur, comme si il ne pensait pas la hyène capable de lui faire du mal. Quelque part, il n'avait pas vraiment tord, il n'obtiendrait pas de l'apprentie guérisseuse qu'elle le blesse. A quoi bon ? Le blesser pour ensuite le soigner ? Non, Kuoza ne mangeait pas de cette carcasse là. Elle avait des principes et était pacifiste, même si dans l'instant présent, elle avait tendance à l'oublier.

Pire que sa réaction de déni du danger qui était totalement offensante, il finit par lâcher cette phrase qui donna une réelle décharge électrique dans le cerveau de Kuoza. " Pourquoi voudrais-je m'entendre avec une lâche ?" Une lâche ? La hyène n'avait rien de courageux, c'était vrai, pourtant, pouvait-on vraiment la traiter de lâche? Elle avait tout de même affronter un lion blessé pour le soigner. Enfin, affronter ... Elle avait plutôt eut le courage de s'en approcher. Non, elle n'était pas lâche ! Le petit fennec belliqueux ne disait ça que pour la provoquer!

Et comme pour appuyer ce qu'elle pensait déjà, il leva la patte, les yeux plongé dans les siens et l'approcha doucement du tas de terre. C'était de la provocation à son stade le plus élevé. Il se mit à creuser et ça déclencha chez Kuoza une réaction qu'elle n'avait encore jamais eut. Son corps se remit à bouger et elle donna un puissant coup de museau sur le ventre du fennec pour le faire voler plus loin. Elle se mit entre lui et le tas de terre en poussant un grondement sourd qui résonna sur l'étrange pierre ovale. Elle n'était pas lâche, c'est lui qui l'était.

" Le véritable lâche ici, c'est toi. Tu n'as plus rien à espérer du monde dans lequel tu vis et tu es tellement lâche pour continuer d'y vivre que tout ce que tu attends, c'est que quelqu'un en finisse avec toi."

Ses crocs étaient sortis, ils ne l'avaient été que pour sourire ou se nourrir. Mais elle découvrait cet instinct qui coulait dans ses veines et qu'elle ne pouvait totalement réprimer. Pourtant, elle les rangea, elle reprit une attitude moins agressive quoi que toujours très protectrice envers cette tombe qui était derrière elle.

" Mais tu n'auras pas ça de moi ... "

Elle finit même par lui sourire. Ca n'avait rien d'amicale, qu'on se le dise. Mais c'était de la compassion. Comment aurait-elle pu en avoir après ce qu'il venait de faire ? Et bien elle était triste pour lui. C'était triste de ne plus avoir rien dans la vie et de n'avoir qu'un seul désir : celui de trouver quelqu'un pour le tuer sans qu'il n'ai eut à en finir lui même. Vraiment, c'était triste. Que lui était-il arrivé pour qu'il en soit là aujourd'hui ?


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Lun 13 Juin - 19:38
Mais qu’était-il en train de faire ? Les deux pattes enfoncées dans la terre retournée, Fefee écarquilla les yeux, réalisant la bassesse à laquelle il s’était abaissé pour énerver la pauvre guérisseuse.

L’instant d’après, cette dernière l’envoyait voler à quelques mètres de là pour s’interposer entre lui et la tombe. Le fennec s’écrasa mollement dans la boue, nullement blessé si ce n’est dans son estime personnelle. Pourtant, il resta là, parfaitement immobile, le visage étalé contre le sol telle une créature mourante subissant le courroux de son bourreau sans oser réagir.

« En finir ?... », répéta-t-il faiblement.

Avait-il réellement voulu en finir, comme le lâche que la hyène dépeignait en lui ? Ce n’était pas l’idée qu’il en avait eu. Il n’avait fait que suivre son instinct, se laisser guider par une absence de peur qu’il ne comprenait pas. Mais n’était-ce pas là le ressenti d’un mâle privé de toute raison de vivre ?
Les crocs de la hyène s’étaient imprimés dans sa mémoire. Pointus, tranchants, meurtriers. Insignifiant, anodins, innocents. La mort lui renvoyait son propre reflet, comme une mère l’ayant déjà enlacé. Nul peur, nul sentiment. Elle ne lui inspirait qu’un déjà-vu troublant.
Voilà qu’elle souriait. Son bourreau avait pitié de lui. C’en était presque humiliant.

« Je ne peux pas en finir… », murmura-t-il d’une voix insensée. « D’ailleurs, pourquoi te choisirai-je pour ça ? Tu n’arrives même pas à m’effrayer, alors me tuer… »

Malgré toute sa bonne volonté, Fefee n’arrivait plus à cacher l’incertitude de ses paroles. Son regard se perdait devant lui, suivant des yeux les tiges que le vent orageux secouait avec brutalité.

"La vie prime sur la mort". Toute sa vie, ces paroles avaient guidé ses actes. Toute sa vie, il avait suivi la philosophie de son père. Il s’était relevé de la perte de sa sœur grâce à elle, il était devenu un fennec aussi rusé que courageux grâce à elle… mais aujourd’hui, c’était cette même philosophie qui perturbait son esprit jusqu’à briser en lui cet instinct qui l’avait maintenu en vie.
Car si elle n’était plus… Mais qu’elle comptait toujours autant dans son esprit… selon sa logique, n’était-il pas déjà aussi mort qu’elle ?

Un rire malsain lui échappa tandis qu’il pensait cette théorie. Toujours étalé dans la boue, le fennec roula sur le dos dans une position de faiblesse dont n’importe quel prédateur se régalerait. La pluie s’écrasait sur son visage pour couvrir les larmes qui sillonnaient le poil de son visage, tandis qu’il observait la noirceur des cieux de son regard vide.

« J’imagine que Kuwili serait fière de toi… », finit-il par prononcer.

Il n’avait aucune certitude d’un lien entre ces deux hyènes. Toutefois, cette guérisseuse n’en étant qu’à ces débuts, il devinait aisément qu’elle voyait la chamane comme un mentor ou une idole, si ce n’est plus. Mais pour tout dire, Fefee s’imaginait bêtement qu’il s’agissait de sa fille.

« … Et beaucoup moins de moi. »

Un second rire plus nerveux lui échappa. Il ne comprenait toujours pas ce qui s’était détraqué en lui, mais il commençait à réaliser la bassesse de ses actes. La honte l’envahissait. Une honte envers sa famille, de s’être vu incapable de jauger un risque. Une honte envers cette mort, qu’il avait bafouée. Une honte envers cette hyène, qui n’aurait jamais mérité son dédain.


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Mar 14 Juin - 15:08
L'agressivité de la hyène et son attaque semblait avoir un peu choqué le fennec. Etalé dans le boue, il ne bougeait pas. Pendant un instant, Kuoza se sentie coupable d'avoir réagit ainsi ... Elle n'aurait pas du, elle l'avait peut-être blessé. Mais il ouvrit la bouche pour répéter une partie de sa phrase. Elle en avait mal au coeur pour lui ... Comment avait-elle pu se laisser emporter par des instincts si bas ? Ce n'était pas digne d'elle ...

Malgré la position de faiblesse que le fennec offrait, il continuait d'être insolant, insinuant que la hyène ne serait pas capable de le tuer, qu'il ne l'aurait jamais choisit pour ça. Il n'avait pas tord, sans doute l'avait-il cerné au court de cet instant où la rage avait été la plus forte. Elle ne l'avait pas blessé, ou très peu, alors qu'elle aurait pu le prendre entre ses crocs et le broyer d'un coup. Surement avait-il vu qu'elle n'était pas du genre a être violente en tant normal.

En tout cas, il se coucha sur le dos, se mettant encore plus dans une position où il serait susceptible de se faire dévorer. Les paroles qu'il venait de prononcer ne semblaient pas être très sûrs, comme si il ne savait pas lui-même si ce qu'il disait était vrai ou pas. Et le voilà qui se faisait tremper par la pluie. Kuoza se sentait terriblement coupable. Elle aurait du partir tout de suite et maintenant, elle ne pouvait pas le laisser comme ça.

Le rire du fennec la sortit de sa réflexion et le nom de Kuwili la fit tilté. Il la connaissait ? Pensait-il vraiment qu'elle serait fière d'elle ? Elle avait pourtant été agressive ... Elle ne le serait surement pas. Peut-être Zeke le serait ! Mais il dit qu'en revanche, elle ne serait pas fière de lui. C'était sure, il la connaissait ...

" Tu connais Kuwili ? "

Son ton qui jusqu'ici avait été acide et désagréable avait totalement changé. Elle était redevenue douce et pleine de questions. Kuwili était celle qui lui avait donné sa place dans la meute, qui avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui. Elle lui devait vraiment beaucoup, tout comme Zeke d'ailleurs. Avait-il déjà croisé le chemin du fennec ?

Elle ne savait que lui dire ... Elle avait mille questions en tête en revanche. Elle aurait juste voulu s'excuser, mais elle n'en avait pas la force, de peur que ce soit un piège. Elle se contenta donc de venir vers lui doucement et l'aide de sa patte, elle le releva. Il était couvert de boue. Mais la pluie était déjà entrain de le nettoyer.

" Tu seras vite propre, ne t'en fais pas."

Elle le gratifia d'un sourire sincère. Voilà sa façon de s'excuser. Elle avait perdu la rage qui était en elle, elle était redescendue aussi vite qu'elle était montée. Il ne lui serait que ce sentiment d'avoir mal fait, mais si ça avait calmé le petit canidé, alors peut-être était-ce pour un mieux ...

" Je m'appelle Kuoza, désolée de ne pas m'être présenté plus tôt."


Peut-être que le simple fait d'avoir prononcé le nom de Kuwili avait fait de lui une sorte d'ami. Si sa maitre le connaissait et aurait des raisons d'être fière de lui, alors peut-être qu'elle devait au moins le respecter et essayer de le comprendre.


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Mer 15 Juin - 0:30
« Je connais beaucoup de monde. », répondit le fennec sans grande conviction. « Kuwili m’a surtout sauvé la mise quand je n’étais qu’un gamin explorateur. »

Par la suite, Fefee n’avait plus entendu parler de la chamane qu’à travers son séducteur à l’œil estropié. Bref, cette histoire prouvait une fois encore que, pour un petit animal comme lui, chaque contact se révélait être une véritable mine d’or capable de le tirer d’un mauvais pas.
Sitôt qu’il eut prononcé le nom de Kuwili, le ton de l’étrangère changea du tout au tout. Ce simple nom avait balayé tous ses efforts pour faire enrager la hyène. En était-il déçu pour autant ? Pas vraiment. De toute façon, il ne parvenait même plus à justifier son acharnement de l’instant d’avant. Il se sentait juste las. Las de se battre pour ce qu’il n’aurait jamais. Las de lutter pour un rêve inaccessible.

Probablement guidée par son instinct de guérisseuse, la hyène l’aida à se relever pour laisser la pluie nettoyer cette boue qui encrassait son pelage déjà trempé. Le regard perdu du fennec se posa sur elle avec étonnement, tandis qu’il luttait à peine pour se tenir debout. Il aurait voulu rester allongé. Dormir. Se reposer un temps… le temps d’oublier cette vie qu’il menait. Puis l’autre se présenta.

« Je ne t’en ai pas vraiment laissé le temps ! », se moqua-t-il presque aussitôt.

Même dans un tel état, Fefee ne perdait rien de son sarcasme méprisant. Et comme pour insister sur son manque de tact, il repoussa la hyène du bout de la patte pour lui faire comprendre qu’il n’aimait pas se sentir choyé de la sorte. Autant par honneur que par arrogance, il tenait à son indépendance, même dans une situation aussi lamentable. Il en profita d’ailleurs pour s’ébrouer vivement et évacuer un trop plein de boue qui engourdissait ses mouvements.

« Fefee. », finit-il tout de même par répondre une fois plus serein.

Le mâle retrouvait peu à peu son assurance en même temps que la stabilité de son corps. Kuoza méritait certainement plus de reconnaissance que celle dont il faisait preuve, mais pour le moment, le fennec était surtout extrêmement frustré de s’être laissé emporter sans raison. Il prit un temps pour dévisager à nouveau la femelle, tout en se remémorant leurs précédents échanges… Chaque phrase, chaque geste, chaque pensée lui revenaient avec toujours cette même idée en tête : pourquoi ne s’était-il pas arrêté plus tôt ? Il ne lui aurait pas fallu plus de trois ou quatre phrases pour découvrir le pacifisme de Kuoza, le reste n’avait été qu’un excédent inutile.

« J’imagine qu’on t’a souvent dit que tu étais trop indulgente ? », questionna-t-il sans idée précise en tête. « Même moi, je me serais baffé tout à l’heure. »

Non, il ne s’en excusait pas. Fefee s’excusait rarement pour ses agissements, comme s’il se considérait toujours dans son droit malgré tant de bassesses. Par contre, il lui arrivait d’admettre ses torts sans trop de peine.

« Je me demande si c’est une question de génération ? », supposa-t-il plus pour lui-même qu’autre chose.

Aucune hyène aussi gentille n’aurait survécu à l’époque où du cimetière des éléphants, quand ses semblables luttaient contre la famille et se jeter sur la moindre petite portion de viande sans le moindre remord. Mais à présent que le cycle de la vie acceptait de nouveau les canidés à la table des lions, peut-être ces hyènes pacifiques allaient-elles se faire plus nombreuses ? Peut-être même arriveraient-elles à balayer ces idées préconçues que toute la savane avait vis-à-vis de ces carnivores ?... Non. Tout de même, faut pas rêver !


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Mer 15 Juin - 9:41
Le petit canidé avait lui aussi changé d'attitude envers elle. Plus calme, il lui avoua connaitre beaucoup de monde. Mais était-ce vraiment étonnant ? Il était étonné qu'elle l'aide à se relever, mais une fois qu'il fut sur ses pattes, il la repoussa. Kuoza ne chipota pas et recula de deux pas pour lui laisser de l'espace. Mais malgré qu'il était devenu plus "gentil", il était quand même toujours aussi sarcastique. Si il avait rencontré Zeke, il devaient surement bien s'entendre, le mâle devait aimer son répondant. Le fennec se présenta, Fefee.

Elle le regarda, admirant la pluie nettoyer son pelage si vite que la boue ne semblait déjà plus qu'un mauvais souvenir. Ce qu'il dit sonnait un peu comme des excuses cachée et la hyène les prit avec plaisir sans en demander plus. Et puis, elle l'avait "baffé" quelque part, pas vraiment avec la patte comme il l'entendait, mais avec son coup de museau. Il avait été remis à sa place.

" Peut-être bien question de génération, oui. Les jeunes de la meute sont moins agressifs que les plus vieux, surement parce qu'on ne se souvient que très peu de quand ça allait mal. "

Et c'était vrai, la plupart des jeunes hyènes étaient plus calme. Même si certaines détestaient toujours autant les lions pour ce qu'ils avaient fait à leur parents, frères ou autres, ils étaient plus réfléchis de part la paix qui régnait. Personne ne voulait être responsable de l'étincelle qui pourrait à nouveau ramener la guerre entre lions et hyènes. Alors tout le monde se tenait à distance, calme au cimetière. Là au moins, il n'y avait aucun risque que cela éclate.

" A vrai dire, je ne me souviens que de la guerre en elle-même, le reste est très flou ... "

Comme ça avait été soulevé plus tôt, Kuoza ne se rappelait pas de la famine. Ou ne l'avait pas vécu. En tant que petit, elle avait surement eut la priorité aux yeux de sa mère comme c'était souvent le cas. Quelque part, elle avait eut de la chance. Rare étaient les membres du clan de son âge qui avaient souffert ceci dit. Sauf évidement la fratrie chef de meute, eux avaient vécu l'enfer, mais personne n'en parlait.

" De toute façon, il faut se tourner vers l'avenir, pas le passé. Nous avons la paix, il faut faire tout pour la garder ! "

Conclu-t-elle en souriant à l'attention de Fefee. Même si le petit animal n'était pas un membre de la meute, il avait l'air d'en connaitre un rayon sur l'histoire qu'elle avait vécu. Surement avait-il pu regarder tout ça d'un oeil extérieur, ou alors avait-il connu des hyènes qui lui ont raconter. Ou des lions peut-être ? Dans tous les cas, il était vraiment cultivé.

" Comment connais-tu tous ces détails sur la meute? "

Elle finit par poser la question, ça ne coutait rien. De toute façon, au stade où ils en étaient tout les deux, une question ne saurait plus faire de mal, surtout une comme celle-ci. Kuoza avait vu de quoi Fefee était fait et elle ne se laisserait plus autant déraper. D'autre part, le fennec n'avait pas l'air de vouloir relancer le conflit. Alors autant discuter. Ils étaient partit de la mauvaise patte, voilà tout !


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Mer 15 Juin - 23:16
Une vraie idéaliste ! Fefee laissa son sourire s’élargir peu à peu aux paroles de la hyène, sans toutefois l’interrompre tandis qu’elle lui résumait sa vie étonnamment paisible pour une hyène. Ce n’est qu’en la voyant s’élancer vers l’avenir avec un enthousiasme digne du plus pacifique des dirigeants qu’il fut incapable de retenir sa réplique :

« Nop ! », lança-t-il simplement pour contredire l’idéal de la femelle.

Toutefois, il n’expliqua pas immédiatement sa pensée. Plutôt que de s’engager dans un débat avec l’idéaliste face à lui, Fefee préféra la lui démontrer par les gestes. Et comme s’il souhaitait réveiller un souvenir encore bien présent dans leur esprit à tous les deux, il se mit en marche jusqu’aux pattes de la hyène, les yeux rivés sur le tas de terre qu’il avait dérangé auparavant. Il ne s’arrêta qu’une fois sur le côté de Kuoza, à l’instant où il aurait été le plus évident pour elle de réagir et d’empêcher un nouveau blasphème. Toutefois, au lieu d’essayer de forcer le passage, Fefee reprit la parole avec sérieux, les yeux toujours focalisés droit devant lui.

« Je vais le refaire. », affirma-t-il froidement. « Comment devrais-tu réagir ? »

Alors qu’une réponse semblait attendue, Fefee se tourna subitement vers Kuoza et leva une patte vers le museau de la femelle pour lui faire comprendre la rhétorique de son argumentation. De toute façon, il ne voulait pas d’une nouvelle réponse idéale, basée sur le principe qu’elle ne le croyait sans doute pas assez mauvais pour le faire à nouveau.

« En te tournant vers l’avenir, tu me laisses faire. En te tournant vers le passé, tu m’en empêches. Si l’avenir te trompe, tu retombes dans tes erreurs passées. Si le passé te trompe, tu trahis une confiance que l’histoire définit déjà comme fragile. »

Son regard se reporta sur la tombe. Espérant qu’il ne serait pas interrompu, il avança de nouveau pour ajouter :

« Tu sais déjà comment tout ça s’est déroulé. Tu sauras le reconnaître. Tu peux miser sur l’avenir, espérer que je ne suis pas aussi borné que ça… mais ne me quitte pas des yeux en te disant que ça n’arrivera pas. »

Il s’arrêta devant la tombe, à l’endroit exact où il s’était placé la fois d’avant avant d’ajouter :

« Ainsi, à ce moment précis, si je lève une patte… tu évites le drame avant que l’histoire ne se répète. »

Allait-il le faire pour une petite mise en pratique ? Fefee laissa durer le suspense un moment, un large sourire aux lèvres trahissant l’irrésistible envie qu’il avait de tester à nouveau la patience de Kuoza, mais se contenta finalement de tourner la tête en direction d’une fleur solitaire qui ne demandait qu’une chance d’échapper aux intempéries turbulentes du jour. Du bout de ses crocs, le fennec en coupa la tige et secoua la tête en direction de la tombe pour la laisser retomber mollement sur la terre du disparu.

Ceci fait, il tourna les talons et retourna quelques mètres en arrière pour conclure sa petite présentation :

« Tu te demandes comment je peux en savoir autant sur les tiens ? », questionna-t-il à nouveau par rhétorique, puisqu’elle lui avait déjà posé la question. « Fennecs, oiseaux, souris, lézards… même si ces créatures sont souvent insignifiantes aux yeux d’immenses prédateurs comme vous, nous assistons à tout. J’ai entendu parler de ta meute, j’ai parlé avec ta meute, j’ai même déjà traversé l’ensemble de votre territoire. »

Son regard devint soudainement plus sombre, puis il reprit d’une voix ferme :

« Cette paix n’est pas si unique. Lors de ma première venue ici, les hyènes et les lions étaient en paix, et beaucoup faisaient absolument tout pour la garder. Sauf que ce qu’on pourrait appeler l’accord de paix consistait principalement à garder tes ancêtres en exile en restant sur les terres désolées du cimetière.
Plus récemment, vous étiez également en paix, aux côtés de ces lions au pelage noir, et ce, tant que vous ne laissiez aucun autre lion pénétrer sur Prideland. »


Son sourire revint. L’ambiance pesante qu’il avait instaurée se leva. Puis enfin, il ajouta une dernière phrase plus rassurante pour conclure l’ensemble de sa théorie :

« Tourne-toi vers l’avenir si tu y crois, mais n’oublie jamais les leçons du passé. »

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Ven 17 Juin - 10:58
Nop ? Comment ça nop ? Kuoza pencha la tête sur le coté, le questionnant du regard. Etait-il entrain de remettre en cause sa façon de penser ? Non pas qu'elle n'ai pas l'habitude que ce soit le cas, mais elle n'avait plus été contredite de la sorte depuis quelques temps. A nouveau, le fennec se dirigea vers la tombe. Il s'arrêta à son niveau, expliquant clairement ses intentions. La hyène sentit les poils de son dos se hérisser. Elle savait comment elle devait réagir, elle l'avait déjà fait. Mais elle comprenait aussi qu'il voulait lui enseigner quelque chose. Alors elle l'écoutait. Certes au taquet et prête à réagir si elle le voyait trop près.

Il s'avança vers la tombe mais continua à parler. Elle avait l'impression d'entendre une sorte de Zeke. Elle l'avait déjà entendu dire quelque chose de similaire. Qu'il ne fallait pas oublier les erreurs du passé pour ne pas les commettre à nouveau. Fefee était ceci dit plus ... enfin plutôt moins brute. Le vieux mâle ronchon aurait fait la moral, lui semblait vouloir lui apprendre sur le terrain. Il reprit la place qu'il avait quelques minutes avant et Kuoza fit un demi tour sur elle-même assez rapide, se campant sur ses pattes et dressant la queue, prête à intervenir si d'aventure il voulait retenter ça. Elle était prête, mais il se contenta de cueillir une fleur qui avait du mal à lutter contre l'orage et la déposa sur la tombe.

Etonnée, la hyène le regardait reprendre sa place, le suivant pour ensuite s'assoir dans la boue. La scène devait être intéressante vu de loin. On aurait presque dit que Kuoza écoutait le fennec comme si il s'agissait d'un professeur. Elle avait toujours été très respectueuse, elle savait reconnaitre quelqu'un qui en savait un rayon et apprendre de lui. Elle baissa un peu les yeux, en fait, elle ne sous-entendait pas que les petits animaux étaient insignifiants, loin de là, en tant que jeune shaman, elle savait à quel point c'était important. Mais elle n'aurait jamais pensé qu'ils s'intéressent à son clan.

" Je ne pensais juste pas que les autres animaux s'intéressaient à nous ... Enfin, hors mis les lions, mais c'est parce que l'on représente de potentiels ennemis ou alliés pour eux. "

Elle l'écoutait toujours, mais cette fois, elle était moins en accord avec lui.

" Ce qu'on a vécu avec les lions noirs, ce n'était pas la paix. Ces lions étaient horribles et même si ils ne nous faisaient rien, on savait qu'un seul faux pas aurait pu faire tout déraper. Ce n'était pas la paix, c'était de la détention et de l'esclavage. "


Evidement, Kuoza ne pouvait pas en vouloir à Aïna pour avoir prit cette décision. Bien qu'au début personne n'avait compris, que l'on soit d'accord avec cette décision ou non, nous avions finalement eut nos réponses, bien plus tard. Ses petits étaient retenus et si la meute s'opposait aux Nyeusis, c'était la fin pour eux. Quelle mère aurait déclaré la guerre ?

" Je me tournerai vers l'avenir mais sans oublier le passé, ne t'en fais pas. "

Elle lui fit un signe de tête pour le remercier de son enseignement. Le fennec avait gagné son affection. Même si il était spécial, il avait un bon fond qu'il exprimait à sa manière.
La hyène regarda le ciel, la pluie c'était faite moins forte pour finalement ne laisser passer que quelques fines goûtes. Pour la première fois depuis 2 jours, Kuoza s'ébroua, séchant un peu son pelage détrempé.

" Il y a quand même une chose que tu ne m'as pas dit. Qu'est-ce que tu fais si loin du désert? C'est rare de voir des fennecs trainer par ici, surtout quand il fait un temps pareil ! "

Le fennec avait tellement bien l'air de connaitre le coin, de connaitre la meute, qu'elle avait l'impression qu'il avait surement toujours vécu ici. Mais était-ce réellement le cas? Il n'avait pas l'air de souffrir du mauvais temps. Il n'avait peut-être jamais connu le désert.

" Au fait, quand je retournerai dans la meute, dois-je passer ton bonjour à Kuwili ou à quelqu'un d'autre ? Peut-être as-tu déjà croisé la route de Zeke ? Ou peut-être t'aurait-il dévoré ... "


Elle ne pu s'empêcher de rire. Zeke était tellement grincheux, elle ne doutait pas qu'un rencontre avec Fefee aurait été véritablement intéressante à regarder. De loin bien sûr, de trop prêt, Kuoza n'aurait pas du tout été amusée. Quoi que ... Allez savoir ...


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Ven 17 Juin - 22:51
Fefee acquiesça de la tête la remarque concernant les Nyeusis de Kuoza. Il est vrai que Zeke n’avait pas paru très enjoué de cette alliance, au contraire ils n’avaient fait qu’envisager sa démolition durant leurs quelques échanges. C’était une bonne chose que la hyène soit capable de différencier paix et esclavage. Toutefois, d’un point de vue extérieur, il ne fallait pas oublier que tout le monde n’avait vu qu’une alliance dégradante entre leurs deux peuples.

L’élève accepta les leçons du fennec sans rechigner. Comme il avait l’habitude de le faire, Fefee était passé du monstre sans cœur au voyageur plein d’expériences aux yeux de Kuoza. Et finalement, c’était un peu ce qui le décrivait le mieux ces temps-ci. Il semblait rarement joyeux, ni même triste malgré les quelques larmes lâchée l’instant d’avant, mais plutôt froid et toujours sérieux, comme s’il refusait constamment de se laisser aller et restait caché derrière ce masque sarcastique aux yeux d’autrui.

Néanmoins, il ne pouvait pas laisser un mystère complet planer sur sa vie. Et pour preuve, Kuoza s’empressa de questionner sa venue sur Prideland.
Jusqu’ici, Fefee avait discrètement évité le sujet. En fait, il avait tout simplement évité de parler de lui. Mais cette fois-ci, il ne pouvait plus se défiler :

« Même s’ils sont moins nombreux que là d’où je viens, quelques fennecs vivent dans les environs, c’est eux que je cherche. », commença-t-il avant de détourner le regard pour observer la végétation agitée qui l’entourait et ajouter avec peine : « Enfin… ils vivaient dans les environs. »

Il laissa un soupir de désespoir lui échapper. Il avait fouillé les endroits les plus évidents, mais cela n’avait rien donné. Il n’y avait plus la moindre trace d’un fennec sur Prideland ces derniers temps.

« C’est aussi un peu pour ça qu’on vous observe, vous et les lions. Qu’on le veuille ou non, ce qui vous arrive a forcément des conséquences à notre échelle. »

L’arrivée des Nyeusis et la guerre, en particulier, avaient chamboulé toute la faune de Prideland, faisant déserter des dizaines de troupeaux jusqu’à rendre, à une certaine époque, le royaume des lions moins enviable que celui des hyènes.

Alors qu’il sombrait dans ses pensées, Fefee eut la surprise d’entendre des noms bien connus dans la gueule de Kuoza. Saluer Kuwili ? Et Zeke ? Haha ! Décidemment, cette jeune était un véritable lien entre ses connaissances hyènes. D’ailleurs, si elle connaissait à la fois Zeke et Kuwili… était-elle véritablement leur fille comme il se l’était imaginé au premier regard ? Hum… non… trop vieille. A sa dernière rencontre avec Zeke, celle-ci devait déjà être née, et le mâle en était encore à hésiter. Si par miracle il avait fait sa demande depuis, les choses n’avaient pas pu être aussi rapides.

« Zeke ? », répéta Fefee en toute innocence malgré le large sourire qu’il arborait. « Qui sait ?… tu n’auras qu’à lui demander s’il a déjà croisé un petit animal aux grandes oreilles et au grand appétit ! »

Fefee avait de nombreuses raisons pour garder secrète sa relation avec Zeke, notamment le fait que tous deux aient échangé plusieurs informations liés aux Nyeusis en ces temps de crise. Mais aujourd’hui, tout cela n’avait plus trop d’importance… Alors pourquoi continuait-il à feindre l’ignorance ? Parce même s’il ne semblait rien avoir révélé, à travers cette phrase qu’il espérait voir Kuoza répéter, Fefee s’imaginait déjà Zeke exploser de rage au souvenir d’une situation gênante qu’il aurait préféré enterrer au plus profond de ses souvenirs. Pour tout dire, le fennec mourait presque d’envie de suivre discrètement Kuoza jusqu’à croiser Zeke, juste pour voir sa tête quand elle lui rappellerait sans le vouloir sa mésaventure avec celui qu’il appelait "grandes oreilles" ! Et s’il réagissait mal, Kuoza n’aurait qu’à s’en prendre à elle-même : elle n’avait qu’à pas envisager qu’une hyène soit capable de le bouffer aussi aisément.
Toutefois, si joyeuse que fut cette scène dans son esprit, pour sa propre sécurité, mieux valait qu’il soit aussi loin du mâle que possible le jour où elle se produirait réellement…

Bien évidemment, Fefee garda toutes ces préoccupations pour lui et secoua plutôt la tête pour revenir sur celle pour laquelle il n’avait rien à cacher :

« Pour Kuwili, fait comme tu le sens. Mais je ne peux pas te promettre qu’elle se souvienne de moi, je ne l’ai croisé qu’un jour il y a plusieurs années… »

Et de ce qu’il s’en rappelait, ça n’avait pas été de tout repos. Même plutôt dégradent ! Le goût de l’aloès lui restait encore dans la gorge, tant il en avait bouffé ce jour-là.

« D’ailleurs, » reprit-il sans la moindre hésitation, « tu pourrais vraiment être sa fille. »

Peut-être avait-il vu juste, peut-être pas. Mais puisque cette question le tiraillait depuis plusieurs minutes de la même façon que celle du visage de Kuwili l’avait préoccupé le jour de leur rencontre, Fefee n’avait pas hésité à la poser à sa façon. Oh, d’ailleurs… le fennec haussa les sourcils assez rapidement, comme s’il se remémorait subitement ce double sens qui risquait de s’être glissé entre ses paroles.

« Enfin, pas visuellement… », commença-t-il avec de remarquer qu’il dénigrait à présent l’autre chamane sans le vouloir. « Enfin si, t’es une hyène, comme elle… », mais pas comme elle ?
Un rire gêné plus tard, Fefee s’arrêta. Même après tant d’années, le visage de Kuwili le mettait touours aussi mal à l’aise. Ses paroles tournaient en rond et insister dessus ne faisait que l’enfoncer. Secouant la tête, le fennec laissa finalement échapper un petit
« Bref… » pour conclure sa comparaison des deux hyènes, jugeant qu’il ne pourrait rien ajouter de plus sans paraître plus injurieux qu’il ne l’était déjà.


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Mar 28 Juin - 12:38
Bien que quelques minutes avant la tension avait été à son comble entre les deux animaux, ils parlaient maintenant comme si rien ne s'était jamais passé. Ils étaient calmes, discutaient de la pluie et du beau temps. Le fennec confia qu'il y avait bel et bien des animaux de son espèces dans la savane. Du moins il y en avait. Il porta une accusation à demi mot sur le fait que leur disparition avait surement à voir avec les hyènes et les lions. Kuoza ne se rappelait pas vraiment en avoir croisé par le passé. Elle avait bien sur conscience de leur existence, mais pas sur son territoire. Elle ne pu s'empêcher de se demander ce qui leur était arrivé. Ils avaient peut-être fuis durant la guerre ou alors ils avaient été victime de la famine.

Quand elle lui proposa de saluer Kiwili et Zeke de sa part, le petit animal fut un peu surpris. Surement le fait qu'ils aient des connaissances en commun. Il semblait même y avoir une petite aventure amusante entre lui et Zeke. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer entre ces deux-là ? Kuoza rit entre ses crocs en imaginant la rencontre des deux individus. De grandes oreilles avec un grand appétit ... Il lui avait piqué sa nourriture ? Olala, le vieux mâle devait avoir piqué un far si c'était le cas !

" Dé que je le croise, je lui transmet ! "

Répondit-elle, amusée. Elle ne pouvait s'empêcher de vouloir demander à son mentor ce qui s'était passé plutôt que de questionner Fefee, juste pour voir la tête qu'il allait tirer !

Avec ce qu'il lui répondit pour Kiwili, elle devina qu'il avait un lien plus fort avec Zeke qu'avec elle. Peut-être l'avait-elle soigné alors qu'il était blessé, ce n'était pas impossible. Mais elle passerait le mot quand même. Elle hocha la tête en souriant.
Il évoqua une certaine ressemblance entre les deux hyènes. Mais il se mit à se reprendre, limite un peu gêné de la façon dont il avait dit les choses et finit par abandonner. La femelle rit un peu. Elle comprenait ce qu'il voulait dire, Kuwili et elle avait des air de ressemblance dans la couleur de leur pelage, dans le fait qu'elle était toutes deux guérisseuse, mais elles n'étaient pas de la même espèce. Mais non, elle n'était pas sa mère.

" Non, Kuwili n'est pas ma mère, mais tu n'es pas le premier à faire le rapprochement entre nous ! "


Elle avait souvent été charriée par rapport à ça. Ô pas méchamment, tout le monde savait qui était la mère de Kuoza vu qu'elle ne la quittait pas. Mais voilà, il y avait un air de famille.

Kuoza s'étira un peu, faisant craquer son dos en poussant un petit soupir. Elle avait une douleur à niveau du milieu de la colonne vertébrale à cause de toutes ses péripéties et du froid qu'elle avait ressentit avec la pluie. Mais elle venait de s'envoler, ça faisait du bien.

" Je t'avoue espérer avoir une journée ensoleiller ... Avec toute cette pluie, j'ai l'impression que jamais ma fourrure ne pourra à nouveau être sèche ! "

Elle s'ébroua à nouveau, faisant tomber quelques goûtes autour d'elle sans pour autant toucher Fefee qui tait un poil trop loin d'elle pour qu'elle l'ai atteint.

" D'ailleurs, tu as un terrier pas loin d'ici ? Tu avais l'air de chercher des fennecs, tu n'en as encore jamais croisé ici ? "


La femelle pencha un peu la tête sur le coté. Et puis d'ailleurs, si il y avait plus de fennecs dans le désert, pourquoi ne les cherchait-il pas là-bas? Ca serait surement plus facile ! Ou alors, peut-être ceux de la savane étaient différents ... Après tout, les lions des sables avaient l'air d'être totalement autres que ceux qui vivaient ici, ça ne devait pas être très différent des autres animaux. Ils vivent dans un climat assez difficile, ils doivent être élevé à la dur ...


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Ven 15 Juil - 20:24
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Point de lien familial entre les deux hyènes. Fefee n’en était qu’à moitié surpris, tout cela n’avait qu’été imaginé dans son esprit, telle une facilité qui lui avait sauté aux yeux. Bref, le malentendu fut levé et la conversation reprit où elle en était.

Kuoza rappela au fennec la pluie qui tomber en rêvant d’une journée ensoleillée. Ils étaient tous deux tellement trempés qu’ils commençaient à ne plus la remarquer ! Malgré tout, le fennec espérait que cette pluie cesserait très bientôt, sans quoi il risquait de regretter son voyage auprès des lions : les maladies pardonnaient rarement aux petits animaux comme lui.

« L’orage se calme », fit-il remarquer en fixant les nuages sombres au-dessus de leurs têtes. « D’ici une dizaine de minutes, on aura peut-être droit à une éclaircie. »

Le vacarme assourdissant du tonnerre se faisait moins brutal, plus espacé… même la pluie perdait peu à peu en intensité. Néanmoins, il commençait à penser qu’un abri serait le bienvenu pour patienter les quelques minutes restantes avant de se lancer dans une seconde exploration de la savane inondée.
En voyant la hyène s’ébrouer, Fefee remua les pattes et remarqua au passage qu’il commençait à s’enliser dans la boue à force de rester immobile. Le pauvre fennec n’était pas habitué à un climat aussi humide, le sable était toujours sec et brûlant en plein désert. C’était assez dur à vivre, mais également plutôt stable si on le comparait avec la savane des lions.

Le sujet des siens revint rapidement aux lèvres de la hyène. Mais loin de s’en réjouir, Fefee secoua plutôt la tête. Cette vérité accablante lui revint en mémoire : il ne retrouverait pas Rexia sur ces terres. D’ailleurs, peut-être ne la retrouverait-il jamais ?

« Plus de terriers, plus de fennecs. » Il marqua un blanc, observa le paysage à la recherche des rares points de repères qu’il gardait de ses derniers voyages, puis reporta son regard sur la hyène face à lui : « Et aucune piste pour les retrouver. C’est comme si tout avait été retourné entre mes deux venues. La seule chose qu’il reste… »

Fefee leva de nouveau les yeux pour observer un point dans les cieux, au loin, là où se dépaignait l’ombre massive du rocher des lions.

« C’est ce rocher, là-bas. »

Plus qu’un rocher… une promesse. Une promesse qu’il était revenu respecter, mais dont la principale intéressée avait disparue. A quoi bon essayer de grimper là-haut seul ? Ce rocher n’était plus qu’une ombre dépourvue du moindre attrait à ses yeux.

« Je ferais mieux de rentrer. », finit-il par ajouter d’un ton las.

Rester ici ne faisait que l’accabler plus encore. Si Rexia avait survécu, elle viendrait le chercher en plein désert. Et puisqu’il l’avait attendu une année complète sans qu’elle ne vienne, il ne pouvait conclure qu’une seule chose… Cette même vérité qu’il avait devinée depuis bien longtemps et qui l’accablait depuis lors. Ce drame qui l’avait amené jusqu’ici dans l’espoir stupide que tout cela n’était qu’une incompréhension des deux tourtereaux…



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Lun 15 Aoû - 12:21
Kuoza regarda le ciel aussi, comme pour vérifier que ce que disait le petit animal était vrai. En effet, le tonner s'éloignait et elle pouvait entrevoir les nuages commencer à se dissiper au fur et à mesure que la pluie se calmait. Elle frissonna de tout son être et ne pouvait s'empêcher de rêver à un bon bain de soleil. Espérons que la journée qui allait suivre serait pleine chaleur, il lui faudrait des jours pour arriver à se réchauffer, elle en était certaine.

Elle revint sur Fefee lorsque celui-ci repris la parole. Les fennecs avaient délaissés le territoire et il n'avait aucune idée d'où ils étaient passés. Le coeur de la hyène se serra pour lui, ne pouvant imaginer ce qu'elle ressentirait si un jour la même chose devait lui arriver. Elle lui offrit un regard compatissant, ne sachant rien lui donner d'autre ... C'était tellement triste pour lui. Il avait quitté les lieux et en revenant, tout avait changé. Il n'y avait que le rocher du lion qui était resté. Elle le regarda comme pour vérifier qu'il était toujours bien là.

Le pauvre petit fennec avait l'air de s'enfoncer dans la boue, ça se marquait limite plus que pour elle, qui en avait jusqu'au poignet.
Il exprima son désir de rentrer et à ses mots, la hyène se leva et bougea chacune de ses pattes pour les tirer du piège gluant dans lequel elles étaient enfoncées. Etrange comme la soirée avait évolué ... Peut de temps avant, elle aurait voulu qu'il lui dise ça et qu'il disparaisse, maintenant, elle se sentait limite coupable de le laisser partir alors qu'il était seul. Mais elle était tellement trempée, gelée et fatiguée qu'elle ne pouvait pas se résoudre à l'accompagner.

" Moi aussi, ça fait longtemps que je suis partie ... La meute doit s'inquiéter de mon absence ... "

Elle marqua une courte pause.

" Ou alors il doivent déjà être entrain de chercher quelqu'un pour me remplacer ! "


Un petit ricanement sortit de sa gueule alors qu'elle tournait déjà les talons pour se diriger vers son territoire. Elle s'arrêta néanmoins pour regarder le petite fennec une dernière fois et elle lui sourit.

" Je remets ton bon souvenir à Zeke et Kuwili, promis ! "

Lui dit-elle avant de commencer à marcher sans vraiment attendre de réponse de sa part. Elle s'arrêta pourtant à peine deux mètres plus loin, leva la tête et fini par dire :

" Oh ... j'allais oublier ... Ne t'avise pas de fourrer tes pattes dans la terre que j'ai retournée ..."

Elle tourna sa tête vers lui et lui fit un clin d'oeil. Elle se détourna ensuite définitivement, ne vérifiant même pas qu'il n'essaierait pas de se faire un festin. Elle avait accompli sa mission, elle méritait d'avoir un peu de repos, un peu de chaleur. La pluie qui tombait encore une peu nettoya son pelage de la boue, seule ses pattes étaient encore sales lorsqu'elle arriva sur le territoire des hyènes. Un bref brin de toilette et elle allait se pelotonner dans sa cachette : un crane d'éléphant qu'elle avait creusé et dans lequel elle avait étendu une paillasse d'herbes sèches. C'était tellement agréable, tellement chaud ... Elle s'endormit tout de suite.

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Sam 3 Sep - 21:14
L’heure était bien aux adieux. Fefee fut presque déçu que la hyène ne cherche pas à le retenir plus longtemps. Il aurait espéré… ou voulu… quoi, après-tout ? Kuoza ne ferait pas revenir Rexia, et rester sur ces terres plus longtemps ne l’aiderait pas à noyer sa peine. Le fennec se contenta donc de hocher la tête avec un maigre sourire à la promesse de la hyène, s’imaginant qu’au moins, cette histoire saurait offrir quelques rebondissements en coulisses du côté des hyènes.

Extirpant ses pattes de la boue collante qui le recouvrait jusqu’en haut des cuisses, la petite boule de poils tourna le dos au prédateur pour se diriger vers son foyer bien plus chaleureux. Toutefois, à peine eut-il commencé à marcher que la hyène reprit la parole pour une dernière petite pique amicale. Oh… le corps ? Il l’avait presque oublié. La tête haute, Fefee prit un air faussement dédaigneux et ajouta sans même tourner la tête :

« Je ferais ce qu’il me plaira ! »

Evidemment, pour éviter tout malentendu, Fefee se détourna immédiatement du tas de terre, faisant bien comprendre à la hyène qu’il ne cherchait plus à insulter la mémoire du défunt. Ses pattes s’élancèrent, bien que légèrement ankylosées d’être restées si longtemps dans la boue et sous la pluie sans remuer. Et c’est ainsi qu’après une dure marche épuisante, le fennec retrouva enfin son désert bien aimé.

Le cœur lourd, Fefee s’installa sur son arrière-train dans le sable chaud et porta son regard en direction des cieux. Pour la première fois de la journée, le soleil lui répondait d’un faible halo rougeoyant, presqu’entièrement camouflé derrière les immenses dunes de sables infinies. Le jour se couchait, emportant avec lui les derniers espoirs du fennec. Demain, il vivrait différemment. Sans crainte pour son avenir, car sans espoir de pouvoir le vivre un jour… mais également sans peine, ses dernières larmes s’étant échouées dans la boue au milieu de cette pluie diluvienne.
Son clan lui apparaissait au loin comme une opportunité nouvelle, tandis que les terres de Prideland perdaient leur éclat habituel au profit de la noirceur de ses souvenirs. Peut-être était-il temps de revenir définitivement auprès des siens et d’aider sa seule véritable famille ? Ainsi, il pourrait revenir à ses premiers amours…

Instinctivement, les pattes du fennec creusèrent le sable devant lui. Et lorsqu’il le remarqua… le mâle céda à la tentation avec bien plus de vivacité qu’il n’en avait eue depuis fort longtemps. Diable ! Il s’était retenu si longtemps devant cette motte de terre, cela faisait du bien d’enfin enfouir ses pattes pour creuser quelque chose ! Moins d’une minute s’écoula… et déjà, le fennec avait disparu sous un manteau de sable fin rassurant.

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