[HJ: Je me suis permis Si ça pose un problème, dit-le moi et je supprimerai !]

Toujours pris par sa recherche de Mositus ayant suivi Kwadja, Hatima parcourait la terre retrouvée des Pridelanders. Ceux-ci s'étaient beaucoup rapprochés des Mositus malgré certaines tensions, et Hatima pensait avoir une chance de trouver certains d'entre eux chez leurs compères. Kumpa avait eu des petits, au même titre que son frère. Ils étaient en paix. Un modèle qui donnait de l'espoir au jeune lion, espérant réunir les Mositus avec leurs familles, aux côtés de Siri. Certains n'osaient pas, craignant que le leader les rejette après avoir décidé de suivre Kwadja. D'autres s'étaient construits une vie en-dehors de leur ancien clan, les derniers enfin suivaient les indications de l'adolescent qui les envoyaient vers le nouveau refuge.

Aujourd'hui, alors qu'il se promenait dans les gorges, oubliant légèrement son but. Il appréciait le paysage de Prideland qui reprenait ses droits, se laissant guider dans les Gorges. Impressionnantes. Elles étaient si hautes, il se sentait minuscule. Émettant de petits rugissements juste pour recevoir les échos, le jeune lion retrouvait un peu de son caractère joueur. En voyage depuis longtemps déjà, le Mositu avait vu de nombreuses choses, merveilleuses comme horribles, mais ce qui lui pesait surtout, c'était sa mission. Il avait peu de moments pour jouer, pour être un adolescent simplement.

Pour autant, aujourd'hui n'était pas destiné à être tranquille. Surpris par une odeur de sang, le jeune félin cessa de suivre le papillon précédemment surgit devant son museau. Le mâle commença à suivre la trace, arrêtant son trot vif pour renifler l'air. Il finit par arriver près d'un lion, effectivement couché par terre, nageant dans son sang. Le coeur battant, Hatima s'approcha, tremblant. Heureusement l'odeur du mâle indiquait qu'il était toujours en vie, de même que son museau inspirant et expirant quand on y faisait attention. Son pelage sombre fit immédiatement penser à Hatima que c'était un Mositu, mais il n'en savait rien au final, l'effluve du clan étant cachée par celle du sang et de nombreux jours passés loin des autres, qui sait. Enfin, peu importe l'origine du lion, ce dernier avait besoin de son aide.

- Monsieur ?

Malgré le jeune âge du blessé, trahi par ses phéromones et son aspect, Hatima se sentait investi d'un étrange respect pour celui qui avait apparemment eu une sale journée. S'approchant après une légère hésitation, le Mositu entreprit de fouiller le pelage de son nouvel interlocuteur, cherchant la plaie près des hanches pour la lécher quand il la trouverait.

- Monsieur ? Êtes-vous conscient ?

C'était tout ce qu'il avait à demander pour le moment.

Léchant les plaies du blessé, Hatima s'était rapproché, lui qui tendait le cou pour se faire au début. Comme l'animal ne semblait pas vouloir l'attaquer, le jeune lion avait légèrement oublié sa prudence, et ses pattes avant étaient désormais presque collées au corps de son comparse. Néanmoins, le sursaut de ce dernier fit exécuter un bond au Mositu qui ne revint qu'après un temps d'hésitation, le coeur encore battant. Le blessé semblait plongé dans une sorte de cauchemar éveillé, probablement issu du combat auquel il venait d'échapper. Suffisamment inquiet toutefois, l'adolescent esquissa quelques pas autour de la couche improvisée du félin qui peinait visiblement à se mettre sur ses pattes. Humant l'air, les oreilles rabattues sur son crâne, Hatima eut un mouvement brusque en arrière, lorsque l'inconnu le poussa. Il ne fuit pas cependant, voyant bien que l'animal ne souhaitait pas réellement l'attaquer.

- Du calme. Il n'y a personne d'autre ici.

Tenta-t-il pour apaiser celui qui semblait paralysé de l'arrière-train. Plus inquiet en effet au sujet d'une paralysie éventuelle que des prédateurs après une rapide inspection, le regard d'Hatima s'était focalisé sur les pattes arrières de son aîné. Pour lui, demeurer ici en compagnie d'un lion blessé, soufflant comme un cerf agonisant n'était pas de bonne augure. En plein élucubration, le présumé Mositu semblait en plus ne pas avoir toute sa tête, mais Hatima ne pouvait se résoudre à l'abandonner ici. Malgré le risque de se retrouver entouré de prédateurs affamés, il demeurerait. D'ailleurs ce que virent ses yeux rubis entraina un léger soupir. Les vautours décrivaient des cercles autour d'eux. Le lion blessé avait besoin de son aide.

- Est-ce que vous pouvez marcher ? Essayez, c'est la première chose à faire. Appuyez-vous sur moi.

L'encouragea Hatima, sachant de part son expérience avec sa propre mère et plusieurs guerriers Mositus tombés au combat que se remettre sur pattes était la seule chose qui comptait vraiment. Si un lion retombait, il était presque condamné, bien que ses blessures ne soient pas graves. Pour survivre, il devait au moins être capable de trouver des charognes et de les conserver face aux hyènes, voir de leur en voler. Quand on était voyageur, on apprenait cette triste réalité à ses dépends. Ainsi, lorsqu'il était imprudent, Hatima avait reçu un coup de griffes au flanc, pour jouer les fanfarons face à des hyènes hargneuses alors qu'il défendait son butin. Ne pas avoir pu chasser pendants plusieurs jours d'affilés, sentir ses forces s'amenuiser lui avaient servi de leçon. Sans devenir couard pour autant, le félin était désormais plus prudent, et surtout, il savait quoi faire une fois que le mal était fait. L'inconnu aux yeux vairons devait absolument se remettre sur pattes.

Malgré son calme apparent, Hatima bouillonnait toujours plus intérieurement, atteint par la nervosité de l'inconnu. Toutefois, il avait heureusement-et malheureusement- déjà secondé son père dans les soins à procurer à sa mère. Une aide palliative en attendant sa mort. La lionne délirait souvent, hurlant à pleins poumons, car croyant que des ennemis s'approchaient de sa famille. Faro avait apprit à son fils à demeurer le plus calme possible, sous peine d'une surenchère d'émotions négatives. Le seul moyen de tranquilliser quelqu'un en panique, même s'il avait une bonne raison de le faire, était de rester impassible. Peinant un peu à l'exercice, le Mositu s'éloigna quelques secondes sous prétexte de fouiller les alentours plus en profondeur. Il respira profondément et revint vers le blessé qui, par chance, avait pu se remettre debout. Définitivement calmé, le jeune lion s'autorisa même un petit sourire. L'inconnu ne lui mourrait pas entre les pattes, d'ailleurs, de cet angle de vue dégagé, il put s'apercevoir que la plaie n'était pas si grosse.

- Mais non, ce n'est rien. Une petite entaille. Allez, courage.

Bon, il mentait un peu, car si le félin était resté seul, il aurait effectivement pu y laisser la vie, s'éteignant de la manière la plus affreuse qui soit: de faim et de solitude si un autre animal ne le tuait pas avant. Or, ce dernier châtiment, un cadeau en réalité lorsqu'on était dans cette situation, arrivait peu, les lions étant en haut de la chaîne alimentaire. Heureusement pour lui, Hatima était décidé à aider le Mositu. Les autres devaient compter sur le destin pour trouver des charognes leur permettant de subsister jusqu'à ce que la blessure se referme et leur permette de chasser.

- Allons trouver un coin d'ombre près d'un point d'eau pour vous reposer. Le mieux serait à couvert mais je ne sais pas si vous y arriverez. Sinon on procèdera par étape. Que s'est-il passé ?

Redemanda l'adolescent, pas sûr de devoir poser cette question mais toutefois un peu inquiet. Qui sait si le danger au final avait suivi le blessé jusque là. La blessure physique était peut-être bénine mais la psychologique marquante. Cet animal avait dû vivre quelque chose d'horrible songeait le Mositu avant même de le voir comme un pleutre. Non, jamais il ne se serait permis de juger son pauvre camarade de la sorte. S'il était aussi paniqué, il y avait une raison, bonne ou mauvaise, le résultat était pareil, l'inconnu était traumatisé.

- Au fait, je m'appelle Hatima, et vous ?

Songea-t-il à dire, tant pour normaliser la situation que par politesse et empêcher dans le même temps le lion de penser à sa douleur. Ses rugissements n'étaient pas forcément une bonne idée, sachant qu'un blessé devait essayer de rester discret, mais ça, jamais Hatima n'aurait osé le lui dire, chacun exprimant sa douleur comme il le pouvait.

- Tout va bien aller maintenant, c'est promis.

Se risqua finalement le jeune lion aux yeux rubis, remarquant maintenant sa frappante ressemblance avec son homologue bien qu'il soit plus grand et plus fin, alors que l'autre abordait une carrure plus massive ainsi que des yeux vairons. Pour le reste, mis à part une fourrure légèrement plus foncée pour sa part, ils étaient pareil. Plutôt amusant.