Alors comme ça, on allait arrêté de me surveiller mmh ? Parfait ! Ce n'était pas trop tôt, je commençais à en avoir assez de ce petit manège. Où que j'aille, il fallait toujours que quelqu'un me suive, c'était fatiguant... Enfin, ça dépendait sur qui je tombais mais comme la plupart étaient des lions comme Khassim. Pfff... Je n'étais pas aidé. Mais il fallait voir les choses du bon côté, c'était finit maintenant ! De moins je l'espérais. J'osais croire que Vako était un lion de parole, pas un vulgaire menteur. Cependant, j'étais rester méfiante les premiers jours. Je mettais éloignée plusieurs fois du clan, voir si on me suivait ou non. Je n'avais jamais vu personne. Cela m'avait beaucoup rassurée et je commençais à me dire que je pouvais recommencer à m'aventurer sur le territoire des lions polaires sans risquer de me faire surprendre par un des miens. D'un pas prudent, j'avais pris garde à ce que personne ne me remarque et je m'étais dirigée vers les montagnes. Je n'étais jamais allé retrouver Késhia en passant par là, mais avec un peu de chance, je n'attirerai pas l'attention en prenant un itinéraire différent.  

Il ne me fallut pas longtemps pour atteindre mon objectif. J'avançais à pas prudent, de mon point de vue, les Nordiques étaient des pacifistes mais on ne savait jamais sur qui on pouvait tombé... J'avais bien raison d'être prudente, car un grand mâle blanc apparut, se plantant devant moi. Il n'avait pas du tout l'air commode.

« Halte. »

Fit-il. Je m'exécutais, stoppant ma marche. Je ne tenais pas vraiment à entrer en confrontation avec ce lion. Il était bien plus imposant que moi et il m'aurait bouter hors de son territoire en un rien de temps.

« Que faites-vous ici ? »

De toute évidence, il n'appréciait pas qu'une étrangère pénètre sur son territoire. Je ne le comprenais que trop bien à vrai dire, les Jangowas étaient tous territoriaux également, moi compris. Ceci dit, je n'avais pas la moindre intention de faire demi-tour. Je me redressais autant que possible.

- Je cherche quelqu'un.

Pas sur qu'il soit satisfait de cette réponse, mais c'était la seule que j'avais et il devrait s'en contenter...

Le visage du lion blanc restait impénétrable. Je ne pliais pas, restant bien droite tandis qu'une bourrasque de vent traversa nos fourrures. Je me retins de trembler, le moment était mal choisi pour montrer des signes de faiblesse.

« Donne moi un nom. »

Lâcha finalement le lion qui me faisait face. Je fronçais légèrement les sourcils. Je ne pouvais décemment pas lui donner le nom de Késhia ainsi... J'avais des problèmes dans mon propre clan parce que je le fréquentais et même si je pensais les Nordiques un peu plus ouvert, je voulais éviter de lui attirer des ennuis. Ils n'apprécieraient sans doute pas que leur Roi passe du temps avec une étrangère comme moi.

- Son nom... N'a pas d'importance.

Ma voix resta neutre, dépourvu de toute agressivité. Mais les Jangowas ne sont pas connus pour leur patience... et je n'étais pas une exception. En plus, le vent mordant ne m'aidait pas à garder mon calme.

- Écoute, je ne suis pas ici pour chercher l'affrontement. Crois-tu vraiment que je viendrais me geler les pattes dans le Nord sans bonne raison ?

Mes oreilles se plaquèrent peu un peu en arrière. Les Nordiques étaient de bons guerriers et l'un d'eux pouvait faire face sans problème à un Jangowas. Et celui-ci était imposant... Mais s'il était fort, j'étais rapide, agile et très têtue. Si je ne voulais pas partir, je ne partirais pas. Ou alors je prendrais un autre chemin, mais je n'en avais pas envie.

- Je te demande juste de me laisser passer. Plus vite j'aurai retrouvé ce lion, plus vite je quitterais ton territoire.

Il y avait peu de chance que le Nordique accepte. Mais qu'importe ! S'il refusait, alors je n'aurais plus qu'à trouver un moyen moins pacifique de passer.

J'espérais convaincre le guerrier blanc de me laisser passer mais je pouvais le voir dans son regard, il ne laisserait pas une étrangère aller plus loin. Mon regard se durcit. Avant même qu'il ne prononce un mot, je savais déjà à quelle réponse m'attendre... Et elle ne me plaisait pas du tout !

« Je ne sais pas pour quelle raison tu es venue jusqu’ici étrangère, ni pourquoi tu poursuis l’un des miens, mais... Tu ne passeras pas. »

Bien que cela devenait dur, je tachais de ne pas me mettre à lui rugir dessus de mécontentement. Mes oreilles restèrent plaqué en arrière et mon visage garda son air neutre lorsque l'imposant mâle blanc sortit les griffes. Il voulait donc que cela se règle ainsi ? Fort bien. Les combats ne m'avaient jamais effraye... Ça n'allait pas commencé aujourd'hui ! Mais alors que je m'attendais à une attaque direct, le lion poussa un puissant rugissement qui résonna à travers les terres glacials. Impressionnant. Il n'y avait plus qu'à espérer pour lui que ses coups étaient aussi puissant que son rugissement car je ne fuirais pas pour si peu. Et à vrai dire, je commençais à m'ennuyer de le voir attendre si longtemps pour lancer son assaut.
Finalement, il se décida. Durant notre discussion, j'avais observé le félin blanc. Il était musculeux, fort. Trop pour moi. Je ne l'aurais jamais sur la force mais heureusement, il y a de nombreuses autres façons de gagner une bataille. Le guerrier me bondit dessus et j'esquivais son assaut avec agilité en me glissant sur le côté. Alors qu'il s'acharnait sur la neige, je sautais sur son dos, ancrant mes griffes dans ses épaules. Je fis tout mon possible pour avoir la meilleure prise, faire en sorte qu'il ne se débarrasse pas de moi facilement.
Mon but n'était pas de le tuer, ni même de le blesser gravement, mais il avait lancé cet affrontement contre moi, une Jangowas. Et même si certain ne me considéraient plus comme tel, je pouvais toujours me battre avec la rage d'une tempête de sable. En fait, je voulais surtout l'épuiser, histoire de pouvoir passer sans qu'il puisse me rattraper. Ceci dit, je devais garder en tête que ce combat me fatiguerai aussi... Le tout était de savoir lequel de nous deux étaient le plus endurant.

Spoiler:

Comme prévu, le lion blanc commença à se secouer furieusement. L'idiot... Comme si cela allait être suffisant. Plus il se secouait, plus j'enfonçais mes griffes dans sa chaire pour me cramponner à lui. Pour affirmer ma prise, je plantais mes crocs dans son épaule. Qu'il continue de danser ainsi, il s’effondrerait avant que je lâche prise. Mais le guerrier était plus malin qu'il n'y paraissait. Il se précipita agilement vers les parois rocheuse. Ohohoh.. Ça allait faire mal ! Il s'y heurta violemment, tout comme moi. Ma mâchoire relâcha son épaule lorsque je lançais un rugissement de douleur. Ça... Ça il allait me le payer ! Mais avant que je puisse faire quoi que ce soit, le lion recommença de plus bel. Un nouveau rugissement de ma part retentit alors qu'une douleur sourde courait le long de mes côtes.

Alors que je pensais que le lion blanc c'était calmé, il ne faisait que commencer. Je le sentis prendre une grande inspiration avant de se mettre à courir le long de la paroi. Une douleur déchirante me traversa la peau. Il était en train de me racler contre le mur de roche. La douleur fut telle que mes griffes s'accrochèrent un plus dans la peau de mon adversaire. Des gouttes de sang se mirent à couler sur mes griffes et le long de mes plaies. Plus le lion avançait, plus il m'était difficile de me maintenir accroché. Petit à petit, ma prise se fit moins forte, je glissais lentement du dos du lion, non sans lui laisser un petit souvenir. Sur son dos, on pouvais voir de longue griffure encore encore sanglante, jusqu'au moment où je l'avais finalement lâché.

Je tombais au sol, en grondant. J'essayais péniblement de me relever quand mon adversaire se mit à rugir. De ses griffes, il agrippa le bassin, me ramenant vers lui. Non... Je ne le laisserais pas faire ! Je rugit à mon tour. Toute griffe dehors, je m’apprêtais à lui asséner un coup de ma patte droite mais il l'a saisis sans mal entre ses crocs. Je poussais un nouveau rugissement de rage. Il tenait ma patte fermement, à croire qu'il voulait me la broyer. Sans attendre, je refermais mes crocs sur la première chose sur laquelle je tombais. Son oreille. Tirant dessus comme une enragée, j'entendis un bruit de déchirement et un bout de chaire me resta dans la bouche. Je le recrachais immédiatement à la figure de mon adversaire. Le lion blanc venait tout juste de perdre un bout de son oreille.

Mon acte ne fit qu'accentuer la colère du guerrier des montagnes. Sans crier garde, il abattu sa puissante patte sur mon visage, me faisant rugir de rage. Je sentis la peau de mon visage se déchirer sous ses griffes. Fort heureusement pour moi, le lion ne m’atteint pas à l’œil mais il ne passa pas loin... Puis le mâle m’écrasa de tout son poids. Le souffle coupé, je ne pouvais que donner des coup de griffes dans le vide pour tenter de le faire partir, sans succès. Dans mon cou, j'entendais ses mâchoires se refermer, claquant rageusement des crocs. Il finit par attraper ma peau et me renvoya dans la direction où j'étais venu.

Les yeux clos, un peu assommée, j'entendis son grondement. De toute évidence, il été prêt à continuer. Je rouvris les yeux, lui rugissant dessus avec rage. Il n'était pas le seul qui était prêt à se battre davantage. Mentalement du moins, car je me remis assez difficilement sur mes pattes. Notamment à cause celle qu'il avait mordu et qui était particulièrement douloureuse. De plus, je sentais quelques gouttes de sang glisser le long de mes tempes. Ce devait être charmant à voir... Mais au delà de l'aspect esthétique, j'aurai bien du mal à lui tenir tête dans cet état. Mpfff... Je n'allais pas risquer de perdre la vie ici et maintenant. Même si j'étais certaine de pouvoir emporter le lion blanc dans ma tombe, il n'y avait aucun intérêt à causer notre mort à tout les deux. Mon père m'avait toujours dit qu'un grand guerrier devait aussi savoir s'avouer vaincu : il ne fait pas couler inutilement lorsque la bataille est déjà finie.

- ... Tu as gagné, guerrier du Nord.

Ces mots m'arrachèrent presque la bouche tant ils blessaient mon orgueil. Me redressant autant que me le permettait ma patte blessée, je me mis à fixer le lion blanc pendant un moment.

C'est parfois en perdant une bataille qu'on apprend à gagner la guerre. Il m'avait battu cette fois, mais je trouverais un moyen de revenir et de passer par delà la frontière, peu importe le temps que cela me prendrait. D'un pas boitillant, je tournais le dos à mon adversaire. Ce n'était sans doute pas prudent, il aurait pu en profiter pour m'achever après tout, mais si j'avais appris une chose sur les Nordiques, c'était qu'ils avaient un minimum d'honneur. Ainsi, je m'éloignais péniblement des contrées glaciales pour retourner vers le désert. J'étais encore bien loin d'imaginer ce qui qui m'y attendais.