Une imposante silhouette de félin se mouvait avec rudesse au fond des Gorges boueuses marquant la frontière entre Prideland et Freeland. Le lion sablé qui parcourait ces lieux en boitillant n'était autre que Kutoa, qui tentait d'oublier la douleur de la défaite en marchant, préférant souffrir physiquement qu'autre chose.

Le terrible échec de la bataille laissait un goût amer dans sa gueule. Il se souvenait parfaitement de son horreur en découvrant un déferlement de lions clairs débouler sur les lieux du massacre, du cri de retraite sonné par Ekua, du corps sans vie de Tarufi, cadavre de vaillant combattant parmi d'autres, comme si tout cela s'était déroulé la veille, alors qu'un mois était passé depuis. Fulminant encore de rage contre Haki, Kutoa ne s'était toujours pas remis de la lâcheté dont avait fait preuve le gueux en le fuyant. Il ne pouvait même pas tenir un combat contre un Kulisha, et préférait laisser le sale boulot à des lionnes. Et cela se proclamait roi ! Le rouquin cracha par terre, dégoûté à l'idée que certains étaient prêts à risquer leur vie pour permettre à un tel incapable de monter sur le trône. Si seulement il avait pu l'égorgé ! Ou même tout simplement le tuer. Non. À vrai dire, cet idiot devrait mourir d'une manière ridicule, empoisonné en mangeant une plante ou noyé dans le Mochanga. Un instant revigoré par cette pensée, Kutoa donna un violent coup de patte dans une pierre ovale, en faisant d'elle une analogie d'Haki, l'envoyant valser dans les airs avant de la voir exploser en miette contre la paroi dure, tranchante et suintante d'humidité du canyon.

Cependant, le sourire d'abord satisfait du rouquin se remplaça bien vite par une grimace de douleur, tandis qu'il sentît la blessure de son épaule gauche se rouvrir en craquant, laissant l'infection de pus et d'éclats de roches à moitié absorbés par la peau trouver l'air libre dans une odeur peu ragoûtante. Kutoa se recroquevilla sur lui-même, plié sous la souffrance, se maudissant de ne pas avoir tenté d'enlever les cailloux de la plaie et de ne pas l'avoir correctement nettoyée lorsqu'elle était encore fraîche. À présent, il n'osait même plus effleurer la meurtrissure, de peur de se faire mal. Ce manque de soin se reflétait dans sa vie de tous les jours : boiteux, fiévreux et souffrant, les autres Kulishas ne savaient que faire pour le soulager, et tous le ménageaient. Mais Kutoa ne voulait pas de leur pitié, il n'en avait pas besoin. Pour le leur prouver, il partait chaque jour pour une promenade, tentant d'aller toujours plus loin, mais de manière régulière, la blessure se rouvrait, l'épaule étant trop sollicitée. Mais le soldat refusait d'arrêter ses expéditions, de peur de perdre la masse musculaire à force de ne rien faire. Et le Grand Esprit savait que les rebelles ne tarderaient pas à mener l'assaut pour prendre possession des Terres Libres ...

Soucieux, défait, Kutoa se traîna lentement, avec raideur, sous une cavité rocheuse, y trouvant là un abri passager de la bruine qui tombait, espérant que la douleur se calmerait un peu. Courbé, les dents serrées, le guerrier attendit.

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Kutoa parle en #0070ff

Bien loin des combats et sans savoir qu'ils s'étaient déroulés, Vandraren s'était aventuré un peu plus profondément au coeur des terres, voyageant comme toujours, découvrant et s'émerveillant de ces paysages nouveaux. Bientôt, après avoir erré dans les plaines en profitant de la caresse des herbes contre sa fourrure, il avait atteint les gorges, étonnant gouffre qu'il n'avait jamais eu la chance de voir auparavant.

Le temps était encore beau et clair mais des nuages commençaient à s’amonceler dans l'étendue bleuté du ciel, annonciateurs de la mauvaise saison. Oh, il ne fallait pas se tromper : Vandraren aimait la pluie. Il avait partagé la vie de tribus la vénérant comme certaines autres vénéraient le Grand Esprit, et avait gardé cette croyance ancrée au fond de lui, comme toutes celles qu'il avait rencontré aux cours de ses voyages. Ainsi, le chaman aimait la pluie - mais il savait également que c'était ce même liquide qui ferait disparaître la marque qu'il portait à l'épaule s'il s'y exposait trop longtemps.

Le mâle brun commença donc à prendre ses précautions et, dès que les premières gouttes se mirent à tomber, il se glissa dans une petite cavité dans la paroi et s'abrita dans cette petite grotte, assis au fond de celle-ci, regardant la pluie tomber en emplissant la grotte de son odeur d'épices.

Bientôt, Vandraren fut rejoint par un mâle adulte dont il ne connaissait pas l'odeur. Un lion d'un clan inconnu aurait bien pu être une menace, mais le chaman partit du principe que ce n'était guère le cas, d'autant plus quand une odeur d'infection, presque aussi forte que celle exotique qu'il dégageait lui-même, se mit à emplir l'endroit. Le voyageur fronça le nez, mais réagit avec inquiétude - non pas du lion, mais de sa plaie.

- Si je puis me permettre, vous avez l'air d'avoir une bien mauvaise plaie.

Afin de ne pas énerver l'inconnu, Vandraren tient ses distances, malgré sa grande taille par rapport à celui-ci. L'animal, d'une belle couleur de sable et d'or, possédait une impressionnante collection de cicatrices sur le corps, témoignages d'affrontements tous plus violents les uns que les autres.

- Pardonnez mon intrusion. Je me nomme Vandraren, je suis un voyageur, mais également un guérisseur. Or, je sens rien qu'à l'odeur qu'une de vos blessures aurait besoin d'être soignée. Voudriez-vous que je m'en occupe ?.

Sa voix était calme, posée, profonde comme à son habitude, légère vague sur un paisible étang. Il ne souhaitait pas mettre le lion mal à l'aise en insistant, ni l'énerver en lui laissant paraître qu'il aurait pu avoir besoin d'aide, au cas où sa fierté eut été mal placée. Aussi, Vandraren avait choisi son éternelle neutralité, et attendait, patiemment, le bon vouloir de cet individu qu'il ne connaissait guère et avait pourtant décidé d'aider sans rien attendre en retour.

Joyeuses Pâques à tous !

Comme la douleur se calmait un peu, Kutoa put reprendre plus ou moins conscience de ses esprits et il en profita pour humer un peu l'air, distinguant des senteurs étranges et fortes qu'il n'avait pas perçues auparavant. Il put ainsi sentir la présence d'un autre lion dans la caverne, ce qui n'était absolument pas prévu, vu son état misérable. Le guerrier se figea, montra les crocs au paysage devant lui, préparé à les abattre sur quiconque s'approchant de lui, contracta ses muscles, prêt à passer à l'attaque malgré sa blessure, si l'inconnu se montrait menaçant ... ou pas. Jamais Kutoa ne laisserait courir une rumeur comme quoi il s'éloignait des autres afin de pouvoir gémir de douleur sans être vu, cela le ferait passer pour faible. Alors que le rouquin s'apprêtait à faire volte-face pour sauter sur l'adversaire qu'il s'était imaginé, une voix calme et profonde, teintée d'inquiétude, s'éleva dans l'air :

??? : “ Si je puis me permettre, vous avez l'air d'avoir une bien mauvaise plaie. „

Kutoa s'arrêta net dans son mouvement, soudain attentif. Avait-il affaire à un lion qui possédait des talents de guérisseur ou à un simplet qui se sentait obligé de faire une remarque sur sa blessure, comme si lui-même ignorait qu'elle existât ? Le Kulisha espérait sincèrement qu'il s'agissait de la première option. Au moins n'aurait-il plus l'obligation de se débarrasser de l'inconnu. Après tout, une fois avoir déjà tué, rien ne pouvait nous empêcher de recommencer.

Vandraren : “ Pardonnez mon intrusion. Je me nomme Vandraren, je suis un voyageur, mais également un guérisseur. Or, je sens rien qu'à l'odeur qu'une de vos blessures aurait besoin d'être soignée. Voudriez-vous que je m'en occupe ? „

Kutoa se retournait lentement au son de la voix neutre lorsque le dénommé Vandraren parlait, un tantinet curieux. Comment pouvait-on garder un tel sang-froid lorsqu'on avait en face de soi un lion prêt à vous sauter à la gorge ? Les muscles du guerrier se relâchèrent complètement lorsqu'il entendit que ce voyageur était guérisseur. Quel soulagement ! Et quel magnifique hasard ! Un concours de circonstance bien trop beau pour ne pas être louche. Le visage soulagé du lion sablé fut rapidement remplacé par un rictus mauvais.

Kutoa : “ Comment puis-je être sûr que vous saurez me soigner ? Que vous n'allez pas chercher à me nuire ? „

Répliqua-t-il avec une certaine agressivité dans la gorge. Il se trouvait sur la frontière de Prideland après tout. Ce voyageur pourrait très bien être affilié au royaume qui a marqué la fin de l'ère des Nyeusis. Tient, et si ce Vandraren savait qu'il avait collaboré avec les Nyeusis ? Et s'il chercherait à l'empoisonner par la peau par vengeance ? Ce lion d'apparence calme pourrait très bien se jouer de lui. Kutoa plissa des yeux, le nez légèrement froncé, tandis qu'il se levait pour se rapprocher de l'étranger, boitant terriblement. Il ne s'arrêta qu'un à une longueur de moustache du visage de l'autre pour souffler au visage, un peu pédant, oubliant toute forme de politesse :

Kutoa : “ Prouve-moi que tu es réellement un guérisseur ! „

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Kutoa parle en #0070ff

- Comment puis-je être sûr que vous saurez me soigner ? Que vous n'allez pas chercher à me nuire ? Prouve-moi que tu es réellement un guérisseur !

Le lion beige était donc tel que l'avait présumé Vandraren - enfin, en pire. L'agressivité dont il faisait preuve était affreusement électrique mais le chaman, dont le museau était fort près de celui du lion blessé, ne moufta pas. Il était là pour aider, pas pour supporter les caprices d'un lion trop fier. S'il voulait mourir jeune et dans d'atroces souffrances, grand bien lui fasse ! Fronçant les sourcils mais affichant un air las et dépité, le guérisseur reprit.

- Et comment souhaitez-vous que je vous le prouve ? En vous décrivant comment votre plaie s'aggravera dans les prochains jours ?

Le mâle brun soupira et secoua la tête de gauche à droite, secouant quelques instants sa crinière. Enfin, il planta son regard vairon dans les yeux bleus du mâle dont il ne connaissait même pas le nom.

- Écoutez, il est tout à fait compréhensible que vous ne me fassiez pas confiance. Quant à moi, je ne vous connais pas, mais il est dans ma nature - et mon devoir en tant que guérisseur de chercher à aider le plus de personne autour de moi. Si vous le voulez, je peux au moins vous montrer les plantes qui pourront vous soulager et comment les appliquer.

C'était une proposition simple, mais le voyageur espérait qu'elle conviendrait à l'animal blessé ; Vandraren refusait de le laisser dans une état pareil. Alors qu'il regardait toujours le colérique lion, le son de la pluie se répercutait agréablement dans la cavité rocheuse, apportant une douce et fraîche odeur de terre rassasiée, qui se mêlait au parfum chaud et épicé que dégageait Vandraren. Il attendait la réponse de l'inconnu.

- Puis-je au moins connaitre votre nom ?


[[ Hi ! désolé c'est pas fameux, c'est court, et j'ai mis du temps à rep, alors tu es autorisé à me frapper avec une converse si tu le souhaites ]]

Joyeuses Pâques à tous !

Kutoa vit avec une certaine satisfaction que sa pique semblait prendre ce Vandraren au dépourvu, mais ce dernier garda tout de même contenance et afficha un air dédaigneux, qui surprit cette fois-ci le guerrier. Le soldat recula posément afin de rendre son espace personnel au lion brun, qui commençait à gagner son respect par sa répartie. Un voilà un qui ne se laisserait pas impressionner, hmm ? L'étranger soupira avant de secouer légèrement sa crinière bicolore, qui témoignait d'un, peut-être, ancêtre Nordique au vu de la partie blanche de celle-ci. Vandraren planta alors ses yeux vairons dans les siens, mais Kutoa ne flancha pas.

Vandraren : “ Écoutez, il est tout à fait compréhensible que vous ne me fassiez pas confiance. Quant à moi, je ne vous connais pas, mais il est dans ma nature - et mon devoir en tant que guérisseur de chercher à aider le plus de personnes autour de moi. Si vous le voulez, je peux au moins vous montrer les plantes qui pourront vous soulager et comment les appliquer. „

La curiosité naturelle du soldat fut soudainement réveillée à cette idée. La proposition de ce guérisseur, car il ne doutait plus de son statut particulier, semblait pour le moins alléchante. De plus, connaître quelques propriétés de plantes médicinales pourrait lui servir dans le futur. Après tout, il était un guerrier, et s'il cessait de se battre par crainte des blessures, il ne se montrerait plus digne de ce nom. Le rouquin prit tout de même son temps avant de répondre, toujours hésitant quant aux intentions de l'inconnu. Le fait qu'il soit effectivement guérisseur n'écartait toujours pas la possibilité d'empoisonnement. Ce Vandraren pourrait bien lui mentir tout en appliquant du poison sur ses plaies ... Kutoa secoua la tête, préférant balayer cette pensée hors de son esprit. Il souffrait bien trop pour refuser cette aide gracieuse. Il s'apprêtait à répondre à l'autre lorsque celui-ci lui coupa la parole pour lui demander son nom. Le rouquin, se rendant compte de sa maladresse en ne s'étant pas présenté plus tôt, prit la parole d'un ton posé, ayant abandonné toute résistance inutile.

Kutoa : “ Je me nomme Kutoa et je suis un Kulisha de Freeland. Je me bats pour son seul et unique roi, Sharkan. „

Il hésita un instant, puis ajouta, persuadé que cela pourrait aider le voyageur à le soigner :

Kutoa : “ Je me suis fait cette blessure lors de la bataille de Prideland. Il s'agit à l'origine d'une morsure, même si ça n'y ressemble plus trop. „

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Kutoa parle en #0070ff

Enfin, le lion beige se calma, et devant cette preuve physique que le lion acceptait son aide, Vandraren se baissa doucement pour examiner avec attention la blessure. A l'odeur infâme qui s'en échappait, le guérisseur n'eut que la confirmation de ce qu'il avait déjà remarqué. La plaie était affreusement infectée, le pus suintant de cette morsure qui refusait de se refermer ; il ne tenait qu'à un poil de crinière qu'elle remonte la patte. Il était arrivée à temps, sans aucun doute. Les Grands Esprits avaient peut-être bien arrangés le monde, finalement.

- Je me suis fait cette blessure lors de la bataille de Prideland. Il s'agit à l'origine d'une morsure, même si ça n'y ressemble plus trop.

Vandraren ne répondit pas, réfléchissant rapidement aux plantes qu'il lui faudrait utiliser. Deux lui vinrent principalement en mémoire, et il sourit d'un air soulagé en se rappelant qu'il en avait vu en descendant dans les gorges.

- Bien, je pense savoir comment vous traiter. Je vais aller chercher les plantes nécessaires, mais pendant ce temps là, il faudrait que vous rinciez la plaie avec de l'eau.

Son regard vairon se porta vers l'extérieur de la grotte ; la pluie tombait toujours, et une flaque d'eau s'était formée à l'entrée. Voila qui faciliterait le nettoyage et éviterait à Kutoa de trop se déplacer.

- Venez, je vais vous montrer comment procéder. Vous pouvez vous appuyer sur moi si vous le souhaitez, personne ne vous en tiendra rigueur.

A ses côtés, Vandraren l'amena près de la flaque, se tenant lui-même sous la pluie. Une fois le "kulisha" installé, le voyageur s'expliqua en lui faisant une démonstration ; il posa la patte dans la flaque d'eau avant de la faire glisser avec la plus grande délicatesse, presque à la manière d'une caresse, sur la plaie. Les gouttes de pluie qui tombaient sur celle-lui faciliterait la tache du guerrier beige.

- Comme ceci, voyez. Il faut que vous nettoyez la plaie afin d'enlever le liquide contenue dans celle-ci. Je fais aussi vite que possible, Kutoa.

Et sur ces mots, après avoir lancé un sourire qui se voulait rassurant au guerrier, le shaman déjà trempé s'éloigna à la recherche des fameuses plantes que lui seul savait manier.


[[ Hi ! Encore une fois, désolé pour le temps que j'ai mis. Tu peux me piquer à coup de parapluie si tu le souhaites. ]]

Joyeuses Pâques à tous !

Kutoa garda le silence, attendant une réaction quelconque, ou une simple parole, de la part de Vandraren. Mais ce dernier n'ouvrait pas la gueule, examinant d'un air grave la plaie infectée, ce qui inquiéta le guerrier. Était-il encore possible de le guérir ? Si oui, en garderait-il des séquelles ? Si non, que deviendrait-il ? Il ne pourrait très certainement plus se battre, et l'idée lui glaça le sang. Alors qu'il sentait une vague de panique lui prendre le cœur, Kutoa remarqua un léger sourire sur les babines de l'étranger, ce qui l'interpella et le soulagea momentanément. N'était-il donc pas encore perdu ?

Vandraren : “ Bien, je pense savoir comment vous traiter. Je vais aller chercher les plantes nécessaires, mais pendant ce temps-là, il faudrait que vous rinciez la plaie avec de l'eau. Venez, je vais vous montrer comment procéder. Vous pouvez vous appuyer sur moi si vous le souhaitez, personne ne vous en tiendra rigueur. „

Trop heureux d'apprendre qu'il y avait un espoir de guérison pour lui, Kutoa ne se soucia guère des apparences, et suivit sagement le lion brun, s'appuyant légèrement contre lui, boitant terriblement. Ils sortirent alors de la grotte et Vandraren se plaça à côté d'une flaque d'eau, près de l'entrée. Le Kulisha fit de même. Il écouta alors attentivement ses conseils, grimaçant de douleur lors de la démonstration, bien que l'étranger fût doux dans ses gestes. Ce nettoyage de plaie se révélerait bien plus éprouvant que le lion sablé ne l'avait pensé.

Prenant à cœur les consignes qui lui avait été donné, Kutoa recommença encore et encore la fameuse manipulation avec beaucoup de difficulté, qui était due à une raideur nouvellement acquise à cause de la blessure, serrant les crocs comme jamais, le visage tordu sous l'effort de ne pas hurler. À chaque fois que sa patte heurtait un des fragments de gravier empalé, son corps tout entier tressaillait. Mais il n'abandonnerait pas. Faisant preuve d'une grande concentration, le rouquin s'efforça de retirer autant de pus que possible, s'arrêtant parfois pour souffler, fermant à moitié les yeux, les ouvrants de temps en temps pour observer cet étrange liquide nauséabond. Quel drôle de phénomène tout de même ! Il semblait apparaître à chaque fois qu'il se blessait et oubliait de se soigner. Sans doute était-ce lié.

Cependant, un coup de patte fatigué fut le geste de trop et, malgré lui, Kutoa enfonça davantage un des petits cailloux tranchants qui s'étaient fichés dans le lambeau de muscle déchiré de son épaule. Hurlant de douleur et de surprise, le guerrier se recroquevilla sur lui-même, les yeux larmoyants, lâchant dans un gémissement pitoyable :

Kutoa : “ Vandraren ! „

HRP:

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Kutoa parle en #0070ff

Vandraren se redressa sous la pluie pour distinguer un peu mieux les environs, et il trouva enfin ce qu'il cherchait : une branche était tombée du haut du ravin et était encore garnie de petits fruits en bon état, aussi le chaman, ramassant une écorce creuse, y installa délicatement les fruits en prenant garde à ne pas les abîmer. Il ajouta également à son plateau de fortune des petites plantes en forme de pointes qui sortaient directement du sol et, laissant derrière lui des traces de peinture rouge, il reprit le chemin du retour,la gueule encombrée par son chargement.

Prenant la pluie depuis quelque temps maintenant, la marque sur son épaule, qui faisait sa fierté et était une preuve d'honneur incommensurable, commençait à couler et disparaitre de son pelage brun ; malgré la déception que cela lui apportait, le chaman l'ignora et pensa en premier à son patient. Il n'était plus loin quand un cri retentit, pathétique et implorant, appelant son nom et faisait écho à ses souvenirs.

- Vandraren !

C'était là la voix de Kutoa et le guérisseur se précipita vers la cavité rocheuse, déposant son chargement avant de s'approcher doucement du guerrier beige. La plaie sentait bien moins nauséabond qu'avant, mais le mâle était recroquevillé sur lui et Vandraren sentit son coeur se serrer. Le guerrier ressemblait à un lionceau, un animal livré à lui-même et désespérément dans le besoin, et c'était exactement pour cette raison que le voyageur était devenu guérisseur. Vandraren prit alors la parole, d'une voix qui se voulait calme et apaisante.

- Je suis là, Kutoa, tout va bien maintenant. Laissez moi voir votre plaie je vous prie, je vais vous aider.

Il s'accroupit à ses côtés et regarda la plaie en étirant avec douceur et lenteur la patte du guerrier devant lui. Il espérait que le contact rassurant du guérisseur aurait le même effet sur le blessé, et, ayant une meilleure vision de la plaie, compris d'où venait le problème.

- Vous avez assez bien nettoyé la plaie, bravo. Je vois ce qui vous fait souffrir, et je regrette de n'avoir pas de quoi apaiser instantanément votre douleur. Il marqua un temps et reprit, de sa voix calme et posée. Je vais retirer les rochers qui se sont logés un peu profondément, je vous préviens, cela risque d'être un peu douloureux.

La patte posée sur la patte de Kutoa pour l'immobiliser, Vandraren entreprit, lentement, sous la pluie qui finissait de débarrasser la plaie des écoulements purulents et des minces filets de sang, de retirer les petits rochers à la griffe, un à un. L'opération fut longue mais, concentré, il refusa de laisser tomber et réussi à faire glisser les corps étranger de la plaie.

- Les rochers ont été retirés et la plaie lavée. Vous sentez comme l'odeur nauséabonde s'est faite bien plus ténue, presque imperceptible ? C'est signe que la plaie est propre. Maintenant, je vais me servir des deux plantes que j'ai pu trouver pour vous soigner. Cela devrait un peu piquer et il faudra que je touche à la blessure à un moment, alors voulez-vous d'abord que nous attendions quelques instants ?

Il lança un sourire sincère et compatissant au guerrier, une sorte de "vous vous débrouillez très bien, bravo" qui se voulait rassurant et encourageant. Vandraren savait à quel point la douleur pouvait devenir insoutenable, mais le mâle à la crinière rousse s'en sortait très bien et échapperait au pire. La pluie continuait de lui tomber dessus et de réduire à néant sa marque, planquant sa crinière contre son cou et pénétrant sa fourrure, aussi s'installa-t-il à l'abri au côté du guerrier de Freeland.

Joyeuses Pâques à tous !

Malgré sa vision troublée par la douleur et par la pluie, Kutoa parvint à distinguer une masse brune s'approcher de lui rapidement et, devinant qu'il s'agissait-là de Vandraren, se sentit aussitôt rassuré au son de sa voix calme, qui fut à moitié étouffée par le boucan infernal de la pluie. Il l'avait entendu, donc tout irait bien, n'est-ce pas ? Il l'aiderait, il le sauverait, enlèverait cette souffrance qui l'assaillait sans relâche depuis la bataille de Prideland.

Vandraren : “ [...] Laissez-moi voir votre plaie, je vous prie, je vais vous aider. „

Sagement, Kutoa se redressa sur son séant, puis tendit misérablement sa patte tandis que le guérisseur l'ajusta pour examiner plus précisément la blessure. Le guerrier sentait son cœur battre la chamade contre sa poitrine, comme jamais auparavant, car la crainte qu'il fut condamné le prenait à la gorge. Que se passerait-il si l'étranger n'arrivait pas à le soigner ? La plaie s'infecterait-elle de nouveau ? Bon, au moment, dans ce dernier cas de figure, Kutoa savait à présent ce qu'il fallait faire : nettoyer. Mais qu'en était-il de son épaule ? Sharkan voudrait-il encore de lui s'il ne pouvait plus se battre ? Un frisson d'horreur hérissa le pelage humide du rouquin à l'idée que sa famille adoptive puisse l'abandonner, voire le renier. Que ferait-il alors ? Errerait-il tel un exilé sur la Terre des Lions ? Arriverait-il à chasser, seul ? Les tourments intérieurs du guerrier furent cependant interrompus par les compliments et les mots d'encouragement de Vandraren, qui lui firent chaud au cœur et lui rendirent confiance. Oui, il se débrouillait bien. Il n'y avait pas de raison qu'il ne pût guérir.

Vandraren : “ Je vais retirer les rochers qui se sont logés un peu profondément, je vous préviens, cela risque d'être un peu douloureux. „

Kutoa acquiesça aux paroles du guérisseur, attendant avec une anxiété croissante qu'il passe à l'acte. Lorsque l'opération commença, le rouquin ferma les yeux avec force, serrant la mâchoire sous la douleur, priant ses ancêtres que ce fut rapide. Après ce qui lui sembla une éternité, le lion brun cessa de tripoter la plaie, au grand soulagement du guerrier, qui eut l'impression de se sentir instantanément mieux. Lentement, avec beaucoup de précautions, le Kulisha se redressa, puis constata avec bonheur qu'il n'avait plus l'impression de se faire broyer l'épaule à chaque mouvement. Il posa un regard plein de reconnaissance vers l'autre, chose rare de sa part, lion ingrat qu'il était.

Vandraren : “ Maintenant, je vais me servir des deux plantes que j'ai pu trouver pour vous soigner. Cela devrait un peu piquer et il faudra que je touche à la blessure à un moment, alors voulez-vous d'abord que nous attendions quelques instants ? „

Le rouquin secoua négativement de la tête en guise de réponse, ayant encore du mal à parler après avoir serré les dents aussi fort. Éprouvant une certaine fierté pour avoir tenu le coup lors de l'opération, il se sentait à présent capable de tout. Plus vite Vandraren aurait fini avec ces plantes, mieux ce serait. Peut-être même qu'il guérirait plus vite s'ils se dépêchaient ? Retrouvant l'usage de ses mâchoires après une poignée de minutes, Kutoa fit l'effort de répondre entièrement :

Kutoa : “ Non, allons aussi vite que possible. J'aimerais pouvoir guérir rapidement ! „

Bien sûr, le guerrier ignorait le fonctionnement de la médecine, et pensait sincèrement que sa blessure se soignerait toute seule une fois les plantes appliquées. Évidemment, ce n'était pas aussi simple.

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Kutoa parle en #0070ff

- Non, allons aussi vite que possible. J'aimerais pouvoir guérir rapidement !

Vandraren hocha la tête face à la réponse de rouquin.

- Bien. Ne bougez pas, nous reprenons.

Le voyageur au pelage trempé entreprit alors de soigner durablement le guerrier. Après s'être nettoyé les pattes dans une seconde flaque d'eau, Vandraren se tourna vers Kutoa et commença les soins. Assis sur ses pattes arrières, il prit délicatement entre ses pattes avant les petits fruits qu'il avait récolté, et les écrasa en les tenant au-dessus de la plaie. Le jus des graines s'écoula d'entre ses pattes directement sur la plaie, provoquant une sensation de picotement.
C'était un mal pour un bien, il le savait : bientôt, la plaie dégonflerait et perdrait ses teintes rougeâtres, tandis que la douleur se ferait moins forte. Pour rassurer le mâle, le chaman expliqua son geste.

- Le jus que je viens d'utiliser va aider la plaie à guérir ; elle perdra cette couleur rouge et les chairs se dégonfleront pour permettre la guérison. Il va maintenant falloir que je touche directement à la plaie.

Alors que le guérisseur opérait, la pluie se faisait de plus en plus tenue ; bientôt, l'averse cesserait, il n'y avait pas à en douter. Le mâle brun attira à lui l'écorce et commença à préparer un cataplasme avec les dernières plantes récoltées. D'une griffe, il coupa les morceaux en deux pour en extraire la pulpe, qu'il accumula dans l'écorce pour former un cataplasme. L'opération dura plusieurs minutes, durant lesquelles les nuages abandonnèrent à la terre leurs dernières gouttes.

Une fois la pâte prête, Vandraren la déposa avec précaution sur la plaie afin de la couvrir entièrement. Collante, elle le bougea pas, et produisit une sensation de froid dans la blessure. Une dernière fois, le guérisseur se rinça les pattes dans une flaque pour y enlever les derniers résidus de cataplasme, et se tourna vers Kutoa. Son pelage et sa crinière étaient trempés, mais il n'y portait pas la moindre attention.

- Voila, c'est terminé. Ce cataplasme restera en place de lui même pendant un temps, et permettra à la plaie de guérir plus facilement, tout en évitant l'infection et atténuant la douleur. Tachez de garder la plaie propre, Kutoa.

Enfin, le guérisseur regarda le mâle beige dans les yeux et lui sourit avec fierté. Il savait que cela encouragerait le guerrier, de savoir que quelqu'un était fier de lui.

- Vous résistez superbement bien à la douleur Kutoa, et avez tenu le coup, bravo !

Sa crinière bicolore goutta doucement sur le sol gorgé d'eau.


[[ Mille milliards d'excuse pour le temps de réponse, Kutoa, c'était la panne d'inspi =/ ]]

Joyeuses Pâques à tous !

Depuis le début de sa rencontre avec Vandraren, Kutoa avait découvert un nouvel aspect de sa personnalité. Jamais, au grand jamais, aurait-il cru être capable de rester calme et attentif aussi longtemps, et ce, avec un inconnu. Refusant d'admettre une possible faiblesse de sa part, le guerrier mit cela sur le compte de la fatigue et de la douleur. Cependant, cela ne l'empêcha pas d'observer attentivement les manipulations du lion brun, cherchant à mémoriser ces mouvements afin de pouvoir, peut-être, les reproduire un jour, si besoin. Qui sait, Sharkan pourrait le faire monter en grade s'il le trouvait plus utile que la moyenne ! Heureux à l'idée de cette perspective, Kutoa se déconcentra un moment, ce qui fut fatal. Un liquide coula dans la plaie béante de son épaule et le piqua comme une aiguille de porc-épic, ce qui lui fit lâcher un juron.

Vandraren : “ Le jus que je viens d'utiliser va aider la plaie à guérir ; elle perdra cette couleur rouge et les chairs se dégonfleront pour permettre la guérison. Il va maintenant falloir que je touche directement à la plaie. „

Kutoa acquiesça aux explications du guérisseur, se maudissant pour avoir perdu son sang-froid l'espace d'un instant. Vraiment, que lui avait-il pris ? L'époque où il était encore un lionceau faiblard était loin derrière lui ! De plus, ce qu'il venait de vivre ce mois-là avait été bien pire ! Occupé à se morfondre inutilement, le rouquin cessa de payer attention aux alentours et ne remarqua pas que la pluie avait cessé. Une soudaine sensation de froid et de soulagement sur son épaule le surprit tout en le faisant frissonner. Il n'avait plus mal ?! Le guerrier tourna alors un regard ahuri vers Vandraren, avant de le reporter sur son membre blessé, couvert d'une pâte visqueuse.

Vandraren : “ Voilà, c'est terminé. Ce cataplasme restera en place de lui-même pendant un temps, et permettra à la plaie de guérir plus facilement, tout en évitant l'infection et atténuant la douleur. Tâchez de garder la plaie propre, Kutoa. „

Le rouquin hocha la tête de nouveau, tandis que l'autre le regardait avec une certaine fierté.
Je ne suis pas son fils.
Grommela-t-il intérieurement en entendant le commentaire encourageant du brun. Bien sûr, son cœur froid se réchauffa à ces paroles douces, mais sa fierté de soldat l'empêchait de les savourer comme elles se devaient. Se sachant à présent hors de danger et sur la voie de la guérison, Kutoa se redressa doucement, secoua sa crinière trempée, et planta ses yeux d'azurs dans ceux de l'étranger.

Kutoa : “ M-Merci de m'avoir soigné. „

Marmonna-t-il avant de s'éloigner à grands pas, sans un regard en arrière. Oh, voilà qui acheva son orgueil une fois pour toute. Ce Vandraren avait vu un Kutoa qu'aucun être auparavant n'avait vu. Et le Kulisha se promit qu'il serait le premier et le dernier.

HRP:

Kit © Kutoa

Kutoa parle en #0070ff

Vandraren s'assit, la queue roulée entre les pattes, et regarda s'éloigner le mâle beige. Ces au revoir avaient été bref, presque ingrats, mais le voyageur ne s'en offusquait pas, quoi qu'il s'en étonna un peu. L'attitude n'était pas si difficile à comprendre et, en y repensant, le guérisseur croyait discerner là les traces d'un animal peu habitué à être aidé ou complimenté.

Oui, Kutoa se comportait autant comme un soldat que comme un lion livré à lui-même, un orphelin ayant grandit seul et comme il pouvait. C'était possible, mais pas sûr, après tout, Vandraren ne connaissait pas ce lion et ne le reverrait sûrement jamais, aussi ses hypothèses ne seraient jamais plus que cela. Il tacherait néanmoins d'apprendre de cette rencontre ! Une fois le soldat convalescent éloigné, Vandraren reporta son attention sur les alentours.

La pluie avait formé ici et là des flaques plus ou moins profondes, et la plus proche de lui reflétait une couleur rougeâtre, ainsi qu'une douce odeur sucrée. Pendant un instant, le guérisseur cru à du sang ; Kutoa n'était pourtant pas blessé nul part ailleurs... Vandraren rit de sa propre idiotie. La peinture sur son épaule n'avait pas résisté à la pluie qui, glissant sur son pelage, avait emportée avec elle cette marque de respect auquel il tenait tant.

Le mâle brun se releva et s'ébroua, puis avisa un chemin qui remontait des gorges. Il était temps qu'il sorte de là. Le fait qu'il n'ai pu poser aucunes questions au soldat avait ravivé sa soif de connaissances, et Vandraren comptait bien s'abreuver de ce savoir aussi vite que possible. Et refaire sa marque, aussi...

Soupirant et esquissant un petit sourire, il entreprit de remonter jusqu'aux plateaux de la savane. Il verrait bien où ses pattes le porterait.



[[ Fin du rp o/ Je vais valider le rp :3 ! ]]

Joyeuses Pâques à tous !