Le soleil descendait doucement derrière la barrière que formait l'horizon, créant une douce atmosphère orangée sur toute la Terre des Lions. Tahora poussa un long soupir et s'assit au pied du Baobab, épuisée. Elle avait, une fois de plus, passé la journée à courir dans tous les sens pour s'entraîner, fidèle à elle-même. Tout ce travail finirait par porter ses fruits et lorsqu'elle serait adulte, elle brillerait par son expérience alors que ceux de son âge débuterait à peine. Il lui tardait de grandir et de pouvoir partir avec les autres lionnes pour chasser et être utile au clan. Elle rêvait du jour où tous les Pridelanders connaîtraient son nom comme celui de la meilleure chasseuse de tout les temps. Evidemment, ce temps n'était pas encore venu et il n'était pas prêt d'arriver, mais elle avait bien le droit de rêver un peu ! En attendant, la petite lionne ne perdait pas son temps et s'entraînait avec ardeur pour rendre sa famille et son clan fière d'elle. Elle espérait aussi que Kumpa remarquerait son existence et pas seulement comme la fille d'un ennemi, mais comme une véritable Pridelander. Était-ce trop demander ?

La jeune femelle bailla à s'en décrocher la mâchoire. Sa queue ne parvenait même plus à balayer l'air avec énergie comme elle le faisait d'habitude, bien trop las. Elle avait l'impression de ne pas s'être arrêtée de la journée, et c'était sans doute vrai. Elle songea à s'accorder un jour de repos le lendemain, pour reprendre des forces, puis se rappela que si elle voulait être la meilleure chasseuse du clan, elle ne devait pas relâcher ses efforts, pas une seule journée. Elle ferait donc en sorte de bien dormir cette nuit et reprendrait l'entraînement dès le lever du soleil, comme d'habitude. Tahora leva les yeux vers le ciel, où l'obscurité commençait à prendre place. Le soleil était en train de disparaître, laissant la nuit le remplacer. Pendant encore quelques instants, la lueur orangée teinteraient la Lande puis il ferait complètement noir. Il y aurait heureusement la lune et les étoiles pour apporter un peu de lumière mais, de toute manière, il serait pour tout le monde d'aller dormir. Tahora bailla à nouveau, bien contente à la perspective de pouvoir se reposer.

Le regard de la petite Pridelander se posa alors sur une silhouette familière qui s'approchait, à quelque pas de là. Il s'agissait de Nedge, un de ses frères. Elle n'était pas aussi proche de lui qu'elle l'était de Sora, et elle n'avait pas eu l'occasion de passer beaucoup de temps avec lui ces derniers temps, beaucoup trop concentré sur son entraînement. Elle craignait que le jeune mâle ne se sente à l'écart, ce qui ne serait pas une bonne chose pour lui, qui était déjà quelque peu à la marge. Il était le seul de la fratrie à avoir un réel intérêt pour leur père, le seul à sembler fasciner par lui. Tahora décida de mettre de côté ces sombres pensées et interpella son frère, d'une voix joyeuse :

- Nedge ! Eh Nedge ! Qu'est-ce que tu fais ?

Elle ne s'était jamais trop posée la question mais, en effet, que faisait le jeune mâle de ses journée, lorsqu'elle allait s'entraîner ou faire des bêtises ? Tahora était toujours en mouvement, en train de bouger, de parler à tout le monde, d'embêter les adultes ou jouer avec les enfants de son âge.

Avatar et signature © Rono

Spoiler:

Le soir tombait doucement sur la Terre des Lions.
Les yeux vairons du lionceau se noyaient dans les flammes du soleil couchant. L’espace d’un instant, il n’était plus sur la Lande, au milieu de tous ces réfugiés. Il était loin, très loin de la guerre et des conflits. Il était près du soleil, il dansait avec lui. Tous ses tracas avaient disparu et le brave petit ne pensait plus qu’à se joindre à l’astre brûlant dans une valse endiablée. Ils dansaient en l’honneur de la vie et de l’amour, comme en souvenir de jours meilleurs. Le Soleil chantait des poèmes d’antan, dont les vers qui s’entremêlaient contaient l’histoire du bon roi Farao et de son règne prospère. S’ensuivit des épopées fantastiques où maints guerriers s’affrontaient et où les vainqueurs se retrouvaient couronnés de gloire. Et Nedge continuait à danser avec le Soleil – car, enfin, il n’était plus seul.

Le lionceau sortit enfin de sa transe et, comme se réveillant d’un vieux songe, cligna plusieurs fois des yeux avant de dégourdir ses muscles d’un long frisson salvateur. Assis bien droit contre le Baobab, il s’était perdu dans la contemplation du coucher de soleil et s’était empêtré dans ses souvenirs. Des souvenirs d’une vie passée qu’il imaginait tant bien que mal – une vie sans peur et sans ennemis, où l’herbe était verte et les proies abondantes. Mais ramené à la dure réalité, Nedge baissa tristement les yeux sur le sol terriblement sec de son chez-lui.

Il finit par se lever pour errer sans but parmi les lions du clan. Et les Mositus. D’un regard absent et un peu vide, voire tristounet, il observait les mères donner le bain du soir à leur progéniture. Il eut envie de rejoindre la sienne, mais se ravisa bien vite en se disant qu’elle devait être occupée. Il ne voulait pas la déranger, après tout. Plus loin, des garnements profitaient des dernières secondes avant d’être lavés pour se rouler dans la poussière, en ultime défi aux coups de langue de leurs parents. Et, en tournant la tête de l’autre côté, il vit un père et son fils passer du temps ensemble. Il s’arrêta par réflexe, s’immobilisant d’un geste sec et inattendu. Il était trop loin pour entendre ce qu’ils se disaient. Tant mieux : il ne voulait pas savoir. Il observa un moment ce tableau lointain, tout droit sorti de ses rêves les plus fous. Il essaya d’imaginer ce qu’ils pouvaient bien se dire mais renonça bien vite : il n’avait strictement aucune idée de ce qu’un fils était censé dire à son père et vice-versa.

Ils regardaient tous les deux le coucher de soleil en s’échangeant des mots inconnus. Lui, il avait dû le regarder seul. Baissant à nouveau les yeux, il reprit sa marche et changea de direction pour s’éloigner du duo. Il donna mollement de petits coups de patte dans un caillou qui alla rouler plus loin – Nedge le suivit et, au fil de son chemin, continua à le faire avancer avec lui. Il n’était pas vraiment d’humeur à lui courir après et à jouer avec comme tout lionceau normal…

« Nedge ! Eh Nedge ! Il releva la tête à l’entente de cette voix familière qui l’interpellait. Qu'est-ce que tu fais ? »

Oh, Tahora ! Content de voir sa petite sœur, Nedge laissa un sourire réjoui venir égayer son visage. Sa queue fouetta l’air une fois et, ragaillardi par la présence toute proche de sa frangine, il alla la rejoindre en trottinant. Il n’était pas particulièrement proche d’elle, mais ça n’empêchait pas les deux petits de s’aimer et d’apprécier la compagnie de l’autre.

« Je regardais le coucher de soleil ! T’as vu comme il est beau ? »

Et il pointa du museau l’astre flamboyant qui n’avait pas encore terminé sa descente. Plus calme et réservé que ses frangins, il passait rarement son temps à s’agiter dans tous les sens. Observateur, Nedge préférait faire attention à la nature et aux petits détails de la vie qui l’entourait.

« Tu t’es bien entraînée aujourd’hui ? »

Il avait beau ne pas être très proche d’eux, il faisait toujours très attention à ses cadets. Il savait que Tahora avait beaucoup d’ambition et qu’elle s’entraînait dur chaque jour pour mériter sa place au sein des Pridelanders. D’ailleurs, il admirait grandement sa force de caractère et sa détermination à toute épreuve.

‟ May it be through snow or sand
I shall hunt them down „

Fiche & PROJETS & Rp
© IXrpg & Topsy

Le petit mâle aux yeux vairons se tourna vers Tahora, un sourire sur le museau. En croisant son regard, la jeune féline ne pu s'empêcher de se demander de qui il tenait ses prunelles bicolores. Nawapa avait les yeux orangés, dont Sahale avait hérité. Leur père leur avait donné des gènes d'yeux verts, Sora les avait obtenu, et Tahora avait gardé les prunelles de leur mère, en plus clair cependant puisque ses yeux étaient presque jaunes. Nedge semblait avoir fait un parfait mélange des deux finalement, avec un œil vert et un œil orange. Pourtant, si cela lui donnait un charme, Tahora savait que certain éprouvait un certain malaise à la vue de ces yeux vairons. Avec le pelage sombre de Sahale, les prunelles de Nedge rappelaient qu'ils étaient les enfants d'un ennemi. Tahora avait toujours refusé de se laisser intimider par ce genre de pensée. Elle était une Pridelander, fière de l'être et se battrait toute sa vie pour son clan. Les adultes s'en rendraient bientôt compte. Les lionceaux du clan, pour la plupart, ne paraissaient pas influencé par la méfiance de leur parents, et jouaient avec eux sans problème, mais certains exprimaient parfois un peu de défiance. Tahora cligna des yeux, et chassa ce sentiment d'injustice qui naissait en elle.

- Je regardais le coucher de soleil ! T’as vu comme il est beau ?

La jeune féline hocha la tête et leva les yeux. En effet, le crépuscule était splendide, comme toujours. Elle était moins rêveuse que son frère, mais elle savait tout de même apprécier ce genre de spectacle, qui achevait paisiblement une journée bien remplie. Elle avait cependant tendance à d'avantage considérer la position du soleil comme un indicateur de temps plus qu'un élément à contempler et à apprécier. Oh bien sûr, elle aimait s'allonger sur le sol chaud et profiter des doux rayons, mais ce n'était pas pareil. La saison sèche touchait peu à peu à sa fin, et l'air se rafraîchissait sensiblement, signe que la saison humide n'allait pas tarder. Nawapa lui avait parlé des terribles orages qui allaient s'abattre sur la savane, rappelant au passage que c'était nécessaire et bénéfique. D'un côté, Tahora avait hâte de voir ça et d'un autre, l'idée de devoir rester collée à sa mère toute la journée à cause du mauvais temps ne l'enjouait guère. Elle trouverait bien un moyen de s'éclipser pour aller jouer, mais elle finirait sans doute trempé.

- Tu t’es bien entraînée aujourd’hui ?

Tahora leva les oreilles, un peu étonné par la question de son frère. Il ne s'intéressait pas beaucoup à ses jeux d'habitude, plus calme et posé que le reste de la fratrie. Il était cependant le plus massif, bien taillé, il deviendrait sans doute un bon guerrier plus tard. Tahora n'avait aucune idée des rêves de Nedge, et quelque chose lui disait qu'il pourrait la surprendre. Il n'était pas du genre à faire les choses comme tout le monde, ce petit gars ! Mais il restait son frère, et elle le soutiendrait toujours, quelque soit ses objectifs. Sora non plus ne semblait pas parti pour être un combattant acharné, même s'il était protecteur. Les battantes de cette famille, c'était les deux filles finalement. Un constat qui tira un sourire des babines de Tahora. Elle répondit, en s'asseyant sur le sol et en enroulant tranquillement sa queue autour de son petit corps.

- Oh oui, comme tous les jours bien sûr ! J'ai failli attraper le lézard aujourd'hui, mais il m'a encore échappé. Je finirais bien par l'avoir un jour, mais il est si rapide ! Et puis tu sais ce qui est énervant avec les lézards ? Quand on tire sur leur queue, elle s'arrache ! Et du coup, le lézard en profite pour filer. Ça me rend folle !

Elle secoua la tête, agacée par ses échecs successifs. Elle n'était toutefois pas du genre à baisser les bras et elle comptait bien vaincre cet ennemi qui lui tenait tête. Elle gratta le sol du bout de sa griffe puis se rappela que Nedge était là.

- Et toi, tu as fais quoi aujourd'hui ?

Voilà qui était une bonne occasion de savoir enfin ce que son frère faisait de ses journées. Elle savait que Sahale s'entraînait, avec presque autant d'ardeur qu'elle, Sora était souvent avec elle, mais qu'en était-il de Nedge ? Avec qui jouait-il ? Restait-il avec les adules ? Elle n'allait pas tarder à le savoir.

Avatar et signature © Rono

Spoiler:

Peut-être le calme apparent de Nedge était-il contagieux… ou peut-être Tahora était-elle fatiguée en cette soirée si chaude. Ou peut-être encore la jugeait-il à tort plus surexcitée qu’elle ne l’était vraiment – en tout cas, le lionceau vit avec surprise sa sœur s’asseoir face à lui pour lui répondre d’une longue tirade. Il ne savait pas trop à quoi il s’était attendu, mais sûrement pas à ça – à vrai dire, il n’aurait pas été étonné qu’elle lui saute dessus pour l’inciter à jouer ou à explorer le monde avec elle… Mais Tahora n’était pas stupide et, depuis le temps, elle devait bien se douter que son frère n’était pas très à l’aise avec ces jeux enfantins. En effet, il était difficile pour lui d’oublier ses tracas et de se plonger dans un amusement sans fin avec ses frère et sœurs – dans un état constant de peur, Nedge restait toujours aux aguets, comme s’il craignait que les Nyeusis débarquent à tout moment pour les anéantir jusqu’au dernier.

« Oh oui, comme tous les jours bien sûr ! J'ai failli attraper le lézard aujourd'hui, mais il m'a encore échappé. Je finirais bien par l'avoir un jour, mais il est si rapide ! Et puis tu sais ce qui est énervant avec les lézards ? Quand on tire sur leur queue, elle s'arrache ! Et du coup, le lézard en profite pour filer. Ça me rend folle ! »

La pauvre avait l’air toute déçue. Nedge lui offrit un sourire compatissant, s’imaginant sans mal la difficulté à chasser les reptiles. Ils étaient toujours si vivaces… Lui-même avait bien essayé une fois ou deux, mais il avait vite abandonné l’affaire – il n’était pas aussi déterminé que sa cadette. Mais il avait foi en elle et, même s’il ne le montrait pas, il serait le premier à l’acclamer quand elle deviendrait la grande chasseuse qu’elle était censée être. Car elle parviendrait à ses fins : c’était obligé ! Personne ne le méritait plus qu’elle. Oui, elle réaliserait ses rêves, et il serait toujours là pour l’épauler et l’encourager – quel malheur qu’il ne l’ait pas mise au courant !

« Et toi, tu as fait quoi aujourd'hui ? »

Son sourire disparut et fut remplacé par une mine crispée, toute gênée. Nedge aurait aimé lui répondre que lui aussi avait travaillé dur à la concrétisation de ses rêves – mais elle ne serait pas contente. Personne ne voulait vraiment que ses rêves se réalisent, et peut-être avaient-ils raison… Pour le reste, Nedge n’avait pas une vie très passionnante : aucune aventure ne rythmait ses journées. Et il en avait honte, parce que ses frère et sœurs trouvaient toujours quelque chose d’incroyable à faire, alors que lui… Cependant, en y réfléchissant bien, n’avait-il pas fait quelque chose hors du commun aujourd’hui ? Son visage s’éclaira d’un coup et, souriant à nouveau, il déclara fièrement :

« J’ai aidé un jeune Mositu ! Il a fait un malaise dans la vallée – sûrement à cause de la chaleur ! Du coup, je me suis occupé de lui jusqu’à ce qu’il aille mieux. »

Il faisait évidemment référence à Bubu. Qui sait, peut-être Tahora ferait-elle le lien si elle le croisait un jour ? Des petits Mositus qui se mettaient régulièrement dans le pétrin, ça ne courait pas la lande… Nedge était tout réjoui : fier de sa bonne action – et d’avoir enfin quelque chose d’intéressant à raconter –, son moral était monté en flèche. Mais il dégringola bien vite quand il entendit vaguement une mère appeler ses enfants pour le bain du soir. Tahora l’avait aussi sûrement entendue, et il lui coula un regard lourd de sens.

« … Maman est occupée ? fit-il entre ses dents. »

Il espérait qu’elle le soit car, aussi sage et obéissant était-il, il n’avait vraiment pas envie de subir un bain… Il n’avait plus qu’à espérer que sa sœur soit du même avis et qu’elle comprenne ses sous-entendus. Il fit un petit geste de la tête vers l’extérieur, loin du baobab. Ils pouvaient bien s’en éloigner un peu, non ? Ce n’était pas interdit, si ? L’air tout à fait innocent, Nedge ne mentionnait pas son désir de fuir le bain, mais ses intentions étaient plus que claires ! Si Tahora leur trouvait une bonne excuse pour déguerpir de là, ce serait parfait. Eh oui ! Nedge aussi avait ce petit côté mutin et farceur commun à tous les lionceaux… Comme quoi même les plus timides pouvaient réserver des surprises !

‟ May it be through snow or sand
I shall hunt them down „

Fiche & PROJETS & Rp
© IXrpg & Topsy

Le visage de son frère se ferma d'abord, ce qui interloqua la petite femelle. Nedge ne voulait peut être pas dire ce qu'il faisait de ses journées, mais cela aurait beaucoup déçu la jeune lionne. Même s'ils étaient moins proche qu'elle pouvait l'être avec Sora, elle ne voulait pas laisser le mâle sur la touche, il faisait parti de leur famille et ainsi, ils étaient liés pour toujours. Il avait des aspirations qui déconcertait quelque peu la fratrie, et était sans doute le seul à vouloir rencontrer leur père, mais ce n'était pas cela qui allait arrêter Tahora. Au contraire, elle était persuadée qu'en lui offrant du temps et de l'attention, Nedge finirait par se détourner de leur père pour se concentrer sur leur vie actuelle. N'était-il pas heureux sur Prideland ? Avec sa carrure, il était destiné à devenir grand et costaud, il pourrait devenir un brave guerrier pour le clan. Elle refusait bien sûr de considérer l'hypothèse qu'il décide de partir, cela lui paraissait parfaitement invraisemblable. L'expression de Nedge s'éclaira alors et un sourire se dessina sur ses babines, ce qui rassura aussitôt la petite féline.

- J’ai aidé un jeune Mositu ! Il a fait un malaise dans la vallée – sûrement à cause de la chaleur ! Du coup, je me suis occupé de lui jusqu’à ce qu’il aille mieux.

Elle reconnaissait bien là son frère ! Toujours prêt à aider et protéger les plus faibles. Il jouait toujours les grands frères avec le reste de la fratrie, prêt à prendre leur défense en cas de soucis. Tahora avait trop de fierté pour accepter d'être protégé, mais l'attitude de Nedge la touchait quand même. Ils avaient des désaccords et il était bien différent d'elle, mais il restait son frère et elle l'aimait. Ses paroles firent un drôle d'écho dans son esprit, il lui semblait qu'elle avait aussi fait la connaissance d'un Mositus il y a peu. Peut-être était-ce le même ? Elle se rappelait très bien du lionceau brun très timide qui osait à peine parler. Elle l'avait trouvé étrange au début, mais finalement il s'était révélé attachant.

- … Maman est occupée ?

Tahora dressa l'oreille, quelque peu étonnée. Un fin sourire malicieux se dessina sur son museau. L'expression de Nedge exprimait tout ce que les mots n'avaient pas besoin de dire, elle le comprenait sans mal. Elle-même faisait tout son possible pour esquiver l'heure fatidique du bain, le moment de la journée où Nawapa parcourait leur corps de coupe de langue frénétique afin de retirer toute la crasse accumulée au cours de la journée. Le pelage de Tahora était toujours le plus sale, couvert de boue, de poussière, de terre, de sable, de feuilles et d'épine. Elle passait sa journée à galoper dans tous les sens sans se soucier de la propreté, et prenait même un malin plaisir à se salir. Avec son pelage gris brun, la terre se voyait moins et pouvait presque passer inaperçu, mais pas pour Nawapa ! Elle passait toujours des heures à la nettoyer, au grand désespoir de la petite féline. Elle regarda donc autour d'elle et repéra le mère, derrière Nedge, à quelques mètres de là, en train de bavarder avec d'autres lionnes du clan. Tahora souffla à l'oreille de son père :

- Elle discute, je crois qu'elle ne nous voit pas. Elle glissa un regard sur le côté, et ajouta : Viens, suis-moi ! Je connais une bonne planque.

Elle s'écarta et se faufila, ventre à terre, vers l'arrière du Baobab, où une barrière de buisson les garderait à l'abri du regard de leur mère. D'un signe de la queue, elle incita Nedge à la suivre, puis fila sans vérifier qu'il était bien derrière elle. Le bruit de ses pas indiquaient qu'il n'était pas loin. Elle se glissa derrière les buissons et une fois sûre qu'ils étaient invisible, elle s'assit au sol. Elle déclara joyeusement :

- Voilà, on devrait être tranquille ici. Je viens toujours là quand je veux échapper au bain.

Elle se rappelait être venu ici quelques jours auparavant, dans d'autres circonstances. C'était Sadaka qui l'avait entraîné ici, pour parler de son père. Elle tâcha de mettre ce souvenir de côté, il n'était pas temps de songer à cela. Elle reporta donc son attention sur son frère.

Avatar et signature © Rono

Spoiler:

Tahora comprit immédiatement à quoi il faisait allusion.
Une certaine complicité s’installa entre les deux chenapans et Nedge observa avec un sourire malicieux sa sœur venir lui chuchoter quelques mots à l’oreille. C’était sans doute ce genre de choses qui renforçait les liens, et le lionceau n’hésita plus à abandonner son sérieux habituel. Son esprit d’enfant le rappelait à l’ordre et, alors que le soleil se couchait paisiblement, il laissait ses tracas, ses angoisses et ses interrogations derrière lui. Ce soir, Nedge serait un lionceau comme les autres.

« Elle discute, je crois qu'elle ne nous voit pas. Il acquiesça doucement, prêt à l’action. Viens, suis-moi ! Je connais une bonne planque. »

Il s’exécuta sans poser de questions et suivit sa sœur en imitant sa posture. Ventre à terre, le pas souple et rapide, les deux petits félins filaient se mettre à l’abri comme les voyous qu’ils étaient. Le regard vigilant de Nawapa ne les attrapa pas, et les filous arrivèrent à leur cachette de buissons sans désagrément. Dissimulés à la perfection derrière les fourrés, ils purent se relaxer – et Nedge laissa échapper un soupir de soulagement en s’asseyant près de sa frangine.

« Voilà, on devrait être tranquille ici. Je viens toujours là quand je veux échapper au bain. »

Ah bon ? Il ne savait pas. Certes, il avait déjà remarqué que Tahora réussissait assez régulièrement à échapper à leur mère, mais jamais il n’avait su où elle se réfugiait. Eh bien, maintenant, il était au courant ! Tout sourire, il tourna la tête en tous sens pour observer le repaire. Tahora n’avait pas son pareil pour dénicher des terriers et autres tanières – sûrement un truc qu’elle avait appris durant tous ses entraînements ! Ses futures proies n’auraient aucune chance d’échapper au regard avisé de la brillante chasseuse qu’elle allait devenir…

« C’est génial ! s’exclama-t-il. Je ne savais pas qu’il y avait un endroit pareil si près du baobab… »

Malheureusement, la planque risquait d’être découverte si elle était trop utilisée… Nedge supposait que Sora devait déjà la connaître et l’utiliser – dans ce cas, lui-même s’en préserverait. Il ne voulait pas compromettre les disparitions de ses cadets en profitant de la belle cachette qu’ils avaient trouvée…

« Ne t’inquiète pas, ton secret sera bien gardé ! La prochaine fois que Maman te cherchera pour le bain, je ne lui dirai pas un mot. Foi de grand frère ! »

Et il traça du bout de la patte une croix sur son cœur, en signe de promesse. Il adressa aussi à sa sœur un clin d’œil et un sourire complice, tout fier qu’il était de pouvoir enfin partager quelque chose avec elle. En effet, Nedge souffrait d’être si éloigné de sa fratrie et, à chaque fois qu’il était en sa compagnie, il faisait tout pour lui plaire. Etait-ce de l’hypocrisie ? De la manipulation ? Aucun des deux, si vous voulez mon avis : ce petit lionceau avait beau lécher les pattes des autres pour s’en faire apprécier, il n’en restait pas moins terriblement sincère.

« Et tu fuis quoi d’autre, à part le bain ? »

Si elle possédait un tel repaire, il supposait qu’elle l’utilisait régulièrement... Avait-elle autre chose à craindre que l’heure de se laver ? Des choses plus redoutables ? Lui, s’il avait un jour la chance de dénicher pareille cachette, il s’en servirait surtout pour y méditer en paix – quand il voulait s’exiler pour réfléchir, il devait toujours être sur ses gardes au cas où on le suivrait ou le trouverait… Bien qu’en vérité, plus personne ne s’inquiète vraiment de le voir seul et ne vienne le déranger : tous étaient au courant de ses travers asociaux.

‟ May it be through snow or sand
I shall hunt them down „

Fiche & PROJETS & Rp
© IXrpg & Topsy

Comme elle l'avait espéré, Nedge semblait surpris et impressionné par la trouvaille de sa sœur. Cette dernière n'était pas peu fière de sa fameuse cachette, qui lui offrait un havre de paix idéal lorsqu'elle cherchait à éviter les foudres de sa mère. En effet, vue qu'elle passait son temps à faire des bêtises, des farces, à entraîner les autres dans ses histoires, Nawapa la cherchait bien souvent pour lui faire des remontrances. Tahora n'était pas une mauvaise fille cependant, elle n'agissait jamais avec de mauvaises intentions et voulait seulement s'amuser et se faire des amis. Elle aimait jouer, comme tous les enfants de son âge, et son côté malicieux prenait bien souvent le dessus. Elle se souvint du jour où, avec Adabu, un ami, elle avait embêté un vieux lion endormi en lui chatouillant le museau avec une tige. Le vieillard s'était réveillé d'un bond et s'était tapé la tête contre la branche juste au-dessus de sa tête. Les deux lionceaux avaient ri à s'en décrocher la mâchoire, le spectacle avait été tellement drôle !

- C’est génial ! Je ne savais pas qu’il y avait un endroit pareil si près du baobab…

Tahora bomba le poitrail sans cacher sa fierté. Lorsqu'elle avait découvert cette cachette, elle avait tout de suite compris que ce serait un endroit idéal en cas de problème. Elle serait un peu déçue de devoir l'abandonner lorsque le clan aurait récupéré son territoire, mais elle en trouverait sans doute d'autre. Il lui tardait tellement de voir le Rocher de la Fierté de ses propres yeux ! Et la savane, qu'elle ne voyait pour le moment que de loin, et dont elle rêvait. Elle y chasserait lorsqu'elle serait grande, avec les lionnes du clan, et elle ramènerait de grosses pièces de gibiers. Ce serait bien la réalité, elle pouvait presque le voir de ses propres yeux. Elle savait que la guerre approchait, et si, au fond d'elle, cela l'inquiétait, elle était surtout impatiente que cela soit fini. La Lande n'était pas un endroit désagréable à vivre, et elle était née là, mais on lui avait tellement parlé de Prideland, il était normal qu'elle veuille y vivre.

- Ne t’inquiète pas, ton secret sera bien gardé ! La prochaine fois que Maman te cherchera pour le bain, je ne lui dirai pas un mot. Foi de grand frère !

Un sourire amusé se dessina sur les babines de la petite femelle. Elle faisait entièrement confiance à son frère, et sa manière de prêter serment la faisait rire. En cet instant, elle se sentait plus proche de lui que jamais, comme si aucune barrière n'existait entre eux, comme si les craintes avaient cessé d'exister. Tahora aurait aimé qu'il en soit toujours ainsi, qu'ils puissent toujours se parler avec cette facilité, que leur père ne soit pas à l'origine de questions et de troubles. Nedge et Sahale étaient les seuls à accorder de l'attention à Kigeni, pas de la même manière, car l'un était intrigué et l'autre le détestait, mais cela revenait au même pour Tahora. A ses yeux, il valait mieux ignorer leur géniteur, ce dernier n'avait pas sa place dans leur vie. Certains membres du clan le voyait en eux, mais dans l'instant présent, tout ce que Tahora voyait, c'était deux enfants heureux et joueurs, en train de partager des secrets. Pourquoi seraient-ils différents des autres ?

- Et tu fuis quoi d’autre, à part le bain ?

Cette question étonna la petite lionne. Elle esquissa un sourire mutin, rougissant légèrement sous sa fourrure. Elle était habituée à faire des bêtises et à se cacher, mais Nedge n'était que rarement mêlé à ses histoires. Elle entraînait souvent Sora ou parfois Sahale, et puis ses amis du clan aussi, comme Adabu ou Djaili, mais pas Nedge. Il était peut-être le plus sérieux du groupe, quoiqu'un peu rêveur, il était en tous cas très sage en comparaison aux autres. Allait-il la sermonner si elle lui disait tout ? Il était son frère, et malgré son caractère protecteur, il pouvait bien comprendre qu'elle ait envie de s'amuser un peu, non ?

- Eh bien... Parfois je viens ici pour échapper à maman quand j'ai fais une bêtise. Tu sais, j'aime bien faire des farces mais parfois les adultes sont en colère et maman aussi... Du coup je viens ici, et personne ne me trouve !

Elle avait en effet trouvé la bonne combine et pouvait s'en féliciter. Evidemment, elle se doutait que sa mère finirait par trouver sa cachette, mais elle espérait que leur départ pour Prideland viendrait la tirer d'affaire. Une fois dans leur véritable territoire, elle aurait tout le loisir de dénicher de nouvelles planques. Rêveuse, elle déclara :

- J'aime bien cet endroit, mais j'ai hâte qu'on puisse aller sur Prideland ! Il y aura tellement de choses à voir, d'endroit à explorer... Ça va être super !

Et il y aurait également un grand nombre de bêtises à faire. Pour cela, on pouvait compter sur elle, Tahora ne serait pas en reste.

Avatar et signature © Rono

Spoiler:

Sa question sembla provoquer une légère gêne chez sa jeune sœur.
Nedge pencha la tête de côté, se demandant de quoi elle pouvait bien être embarrassée. Avait-elle d’autres secrets à lui révéler ? Des fautes impardonnables à confesser ? Le lionceau sentit un léger sourire venir étirer le coin de ses babines : non, il s’imaginait n’importe quoi. Tahora était très gentille et avait toujours l’innocence et la pureté des nouveau-nés. L’espièglerie également…

« Eh bien... Parfois je viens ici pour échapper à maman quand j'ai fait une bêtise. Tu sais, j'aime bien faire des farces mais parfois les adultes sont en colère et maman aussi... Du coup je viens ici, et personne ne me trouve ! »

La petite fourbe ! Comme l’avait soupçonné son frère, elle n’utilisait pas son repaire qu’à des fins purement capricieuses comme le fait de vouloir échapper au bain, elle s’en servait également pour fuir les conséquences de ses bêtises ! Un instant, Nedge eut le réflexe de la sermonner, de lui faire comprendre qu’elle devait toujours assumer ce qu’elle faisait, même lorsqu’il s’agissait de simples farces. Tout avait toujours une conséquence, et c’était dès le plus jeune âge qu’il fallait apprendre à les affronter – c’était ça, la véritable fierté et l’honneur Pridelander !

Mais il se ravisa immédiatement et garda le museau clos. Elle ne serait pas contente s’il se mettait à lui passer un savon – d’ailleurs, ce n’était pas son rôle, même s’il était son grand frère. Déjà qu’il prenait sa responsabilité d’aîné très à cœur (et sûrement un peu trop de l’avis de ses cadets), il ne fallait pas exagérer… et au moins en avait-il conscience. Il n’avait vraiment pas envie de gâcher ce moment, et il se contenta donc d’observer avec curiosité les yeux de Tahora se remplir d’étincelles qu’il ne connaissait que trop bien : celles des rêves et des espoirs.

« J'aime bien cet endroit, mais j'ai hâte qu'on puisse aller sur Prideland ! Il y aura tellement de choses à voir, d'endroits à explorer... Ça va être super ! »

Honnêtement, il n’en était pas très sûr… On lui avait toujours conté mille merveilles au sujet de Prideland, mais on lui avait aussi dit que ces terres prospères n’étaient plus. Le règne des tyrans avait détruit le territoire autrefois verdoyant – les troupeaux de proies l’avaient fui, l’herbe s’était desséchée, plus rien ne poussait, la nature elle-même avait refusé de porter allégeance à de tels seigneurs. Prideland n’était plus qu’un énième Outland, un Cimetière de plus sur la Terre des Lions. Il était fini, le temps de l’allégresse, et le retour à la maison serait amer. Car qui disait retour disait bataille, et qui disait bataille disait morts. Connaissant sa mère, elle irait se battre aux côtés des siens.

Il déglutit difficilement alors que sa gorge se serrait. Les émotions de Nedge faisaient des montagnes russes – le voilà qui oubliait sa gaieté aussi vite qu’elle était venue, pour se replonger dans son mal-être habituel… Inquiet, il se coucha sur le sol et se ratatina sur lui-même, comme pour disparaître de ce monde hostile qui ne faisait décidément rien pour les aider à faire leurs premiers pas dans la vie.

« Tu sais… Je ne suis pas vraiment sûr de vouloir aller sur Prideland, avoua-t-il d’une toute petite voix. »

Il n’aimait pas le changement. Il avait entendu dire que les Mositus quitteraient bientôt la Lande, et rien que ce fait le mettait déjà mal à l’aise. La Lande serait bien vide sans tous ces pelages chocolat, et il était habitué à les voir depuis sa naissance… Alors, devoir lui-même déménager dans un monde tout aussi hostile que le précédent – si pas plus – l’angoissait grandement. Il faudrait compter les morts, prier que la prospérité revienne, ignorer la hantise des Nyeusis… Oui, Nedge était loin de penser aux nouvelles contrées et aux jeux qu’il y inventerait – il ne voyait que le Mal qui y régnait, encore et toujours.

Désolé à l’idée de briser ainsi l’enthousiasme de sa sœur, il détourna le regard et le fixa sur ses pattes, honteux quant à son propre pessimisme.

HRP:

‟ May it be through snow or sand
I shall hunt them down „

Fiche & PROJETS & Rp
© IXrpg & Topsy

Alors que la petite Pridelander s'était attendue à une réaction joyeuse et enthousiaste, elle fut surprise de voir le doute et l'inquiétude se peindre sur son visage. Avait-elle dit quelque chose de mal ? L'idée de quitter la Lande émerveillait tout le clan, chacun avait hâte de retrouver ou de découvrir, pour les plus jeune, la terre qui leur appartenait. Tahora n'attendait que cela, avec l'impatience qui appartenait à l'enfance. Elle avait tant de fois admiré le Rocher de la Fierté en rêvant de s'y rendre, de grimper au sommet et de pouvoir contempler toute la Terre des Lions. Prideland était le clan le plus ancien, il avait longtemps régné en maître sur son territoire, et puis les Nyeusis étaient arrivés et leur avaient tout pris. L'heure de la revanche avait sonné, Tahora pouvait le sentir au fond d'elle. Bien sûr, elle ne participerait pas à cette bataille, elle n'était qu'une enfant, mais il lui tardait que les guerriers partent au front et reviennent victorieux. Pourquoi Nedge ne montrait-il pas autant d'enthousiasme que les autres ?

- Tu sais… Je ne suis pas vraiment sûr de vouloir aller sur Prideland.

La jeune féline cligna des yeux, surprise. Son frère était décidément un enfant bizarre, il était sans doute le seul à être réticent à partir. Craignait-il que Prideland ne soit pas aussi formidable que prévu ? Avait-il peur de quitter la Lande, la terre dans laquelle ils étaient nés ? Certes, le Baobab était un endroit sympathique, mais ils ne pouvaient pas passer leur vie entière ici. Ce n'était pas un endroit digne du clan, les Pridelanders devaient se venger. Nedge était sans doute inquiet à propos de la guerre, leur mère allait y participer. Tahora avait confiance en Nawapa, c'était une guerrière forte et courageuse, elle vaincrait les Nyeusis. Elle avait, qui plus est, une revanche personnelle à prendre, sur Kigeni, leur père, celui qui lui avait causé tant de tord. Tahora espérait qu'il mordait la poussière lui aussi, et qu'elle n'en entendrait plus jamais parler. Elle savait bien que Nedge était un peu différent, il montrait un peu trop d'intérêt pour leur géniteur, mais cela finirait par lui passer. Il comprendrait vite que Kigeni ne valait pas la peine d'être connu, ils n'avaient pas besoin de lui. La petite lionne chassa ses pensées de son esprit, ce n'était pas le moment de penser à cela.

- Pourquoi ? Demanda-t-elle. Tu ne veux pas partir de la Lande ? Ce sera super d'aller sur Prideland ! On va vivre de nouvelles aventures, tous ensemble !

Toute joyeuse à cette perspective, Tahora se dressa sur ses pattes et sautilla autour de son frère pour espérer le motiver. Il ne fallait pas qu'il se laisse abattre par ses inquiétudes, tout allait bien se passer. Ils devaient avoir confiance en Kumpa, le roi savait ce qu'il faisait. Il allait envoyer toutes ses armées sur Prideland et ils allaient remporter la victoire, Tahora en était sûre. Elle admirait es puissants guerriers qui s'entraînaient tous les jours pour l'honneur du clan, elle espérait qu'un jour elle pourrait, elle aussi, être utile pour les siens. La jeune lionne s'approcha de Nedge et lui donna un petit coup de museau affectueux sur la joue, avant d'ajouter :

- On va bien s'amuser, j'en suis sûre ! Et puis, le clan sera quand même bien mieux sur son vrai territoire, une fois qu'on aura chasser les Nyeusis. On peut pas rester ici pour toujours, ce n'est pas notre place.

Tahora était confiante, elle savait ce qu'elle disait. Elle savait qu'elle ne serait pas déçu par Prideland, elle attendait cela depuis bien trop longtemps. Pour devenir la meilleure chasseuse du clan, c'était là bas qu'elle devait aller, son instinct le lui soufflait.

Avatar et signature © Rono

Spoiler:

Tahora ne réagit pas aussi mal qu’il l’aurait cru. Certes, elle était surprise, mais pas d’une mauvaise façon. Elle ne le rejeta pas bêtement comme le premier simple d’esprit venu mais, plus conciliante, tenta vraiment de le comprendre. Mais même Nedge avait parfois l’impression qu’il ne se comprenait pas lui-même… Comment pouvait-il espérer que quelqu’un d’autre saisisse la profonde signification de ses pensées toutes plus emmêlées les une que les autres ? Tout ça lui donnait mal à la tête – ses inquiétudes, ses questionnements, et tout ce que sa mémoire avait conservé : les histoires des adultes, leurs discours et les valeurs qu’ils faisaient peu à peu assimiler à leur progéniture. Sauf que la progéniture en question, à l’inverse de Nedge, ne se rendait même pas compte de cette manipulation – lui, par contre… Il ne pouvait s’empêcher de remettre en doute tout ce qu’on lui disait, et ce malgré toute sa bonne foi. Il ne parvenait même plus à croire sa chère mère sur parole quand elle lui expliquait combien son géniteur était mauvais.

« Pourquoi ? Tu ne veux pas partir de la Lande ? Ce sera super d'aller sur Prideland ! On va vivre de nouvelles aventures, tous ensemble ! »

Ah oui ? Ils allaient s’amuser, vraiment ? N’allaient-ils pas plutôt vivre dans la peur, confinés au Rocher ou dans un autre antre, par crainte que les Nyeusis reviennent ou que leur père les retrouve ? Nedge n’ignorait pas que son père se battrait contre Prideland, mais il ne voulait pas qu’il meure. Mais s’il ne mourait pas, alors ça leur créerait des ennuis. Même si les autres lionceaux du clan parvenaient à vivre dans la joie et le bonheur, eux quatre resteraient maudits à jamais.

Mais, alors qu’il observait sa sœur, il se rendit compte qu’elle était très loin de tout ça. Elle sautillait avec entrain autour de lui, essayant par là de faire remonter son moral. Il fronça les sourcils, inquiet, en se souvenant combien ils étaient différents. Le sang parlait, le sang les unissait – car le sang appelait toujours les frères et sœurs à se rejoindre. Mais leur sang à eux deux n’était en aucun cas semblable. Celui de sa sœur lui venait de sa mère – c’était un sang heureux plein de joie de vivre, de fierté et d’esprit combatif. Son sang à lui venait sûrement de l’autre côté…

Oui, Tahora et Sora seraient heureux sur Prideland – dans l’hypothèse où leur mère reviendrait de la bataille vivante, s’entend. Mais Sahale et lui-même n’y sentiraient que la présence passée, et bien trop proche, du lion noir qui les avait créés.

« On va bien s'amuser, j'en suis sûre ! Et puis, le clan sera quand même bien mieux sur son vrai territoire, une fois qu'on aura chassé les Nyeusis. On peut pas rester ici pour toujours, ce n'est pas notre place. »

Il sourit doucement quand elle vint lui donner un coup de museau et, se sentant déjà un peu mieux, se redressa pour s’asseoir. Mais il ne comprenait pas les paroles de Tahora – d’ailleurs, il était sûr qu’elle ne les comprenait pas elle-même. N’était-ce pas simplement les dires des adultes qu’elle répétait sans réfléchir ? Depuis quand les lions avaient-ils une place qui leur appartenait, à eux et à eux seuls ? Le Cycle de la Vie ne comprenait-il pas toutes ces guerres et ces changements ? La Lande n’était pas un endroit si hostile et tous les réfugiés avaient su y vivre sans trop souffrir de la faim – si, ils pouvaient y rester pour toujours. Mais Kumpa et les autres ne pensaient qu’à la violence… Parfois, Nedge se disait qu’il aurait aimé naître Mositu, pour pouvoir partager les idéaux pacifistes de Siri.

« Si tu le dis, j’imagine que tu as raison. »

Et il sourit faiblement. En vérité, il ne pensait pas du tout comme elle, mais il ne voulait pas la contredire et risquer de la contrarier. Déjà qu’il n’arrêtait pas de se disputer avec Sahale… Mais avec elle, c’était différent : il ne pouvait pas reculer et lui dire qu’elle avait raison quand elle se fourvoyait sur toute la ligne ! Tahora, par contre, n’avait pas spécialement tort – leur discussion ne reposait que sur des doutes et des hypothèses, ni l’un ni l’autre ne pouvait savoir ce que leur avenir et les terres de Prideland leur réservaient.

Allez, du nerf ! Il ne pouvait pas rester déprimé toute sa vie ! La gaieté et l’enthousiasme de sa frangine le touchèrent finalement et Nedge se leva d’un bond, ragaillardi. Parlez d’un lunatique…

« Alors, quand on sera sur Prideland, je compte sur toi pour nous trouver plein de cachettes ! lui fit-il avec entrain. »

Ils risquaient bien d'en avoir besoin…

‟ May it be through snow or sand
I shall hunt them down „

Fiche & PROJETS & Rp
© IXrpg & Topsy

Malgré ses paroles encourageantes, Tahora remarqua bien que son frère ne paraissait toujours pas enthousiaste. Elle ne parvenait pas à comprendre son manque d'engouement pour Prideland, terre promise et pleine de rêves. Les possibilités d'aventures étaient multiples, leur territoire serait bien plus grand, bien plus vaste, et le danger que représentaient les Nyeusis s'envolerait enfin. Ils pourraient vivre en paix, ce que tout le monde espérait depuis bien longtemps. Tahora était certes très jeune, et elle se fiait complètement à ce qu'elle entendait autour d'elle, surtout les paroles de sa mère, mais elle croyait aveuglement dans leur réussite. Elle espérait que dans son regard plein d'étoiles, Nedge y verrait l'étincelle de leur victoire, et l'euphorie de retrouver un territoire dont on leur avait tant parlé.

- Si tu le dis, j’imagine que tu as raison.

Le petit sourire du lionceau n'atteignit pas ses yeux, mais au moins, il essayait d'aller de l'avant. Tahora s'inquiétait toujours pour son frère, il était si différent des autres, et elle craignait qu'il ne soit rejeté par les membres du clan à cause de son attirance pour leur père. Sahale avait un pelage sombre, ce qui attirait le regard des Pridelanders et leur méfiance, mais le farouche caractère de la féline l'aidait à ne pas se laisser abattre. Tahora et Sora avaient hérité de la robe de leur mère, surtout Sora par ailleurs, ils avaient donc moins de problème, et il était évident qu'ils ne s'intéressaient pas à leur père. Nedge n'avait pas le poil noir, mais son regard et son attitude indiquaient qu'il n'était pas très à l'aise dans le clan, qu'il rêvait d'autre chose. Tahora espérait de tout son cœur que son frère ne rencontrerait jamais Kigeni, que ce dernier ne ferait jamais irruption dans leur vie à tous. Elle n'en venait pas à désirer sa mort, mais elle ne l'aimait pas, elle ne voulait pas de lui dans son existence, ni dans celle de sa fratrie. Ils n'avaient pas besoin de lui.

- Alors, quand on sera sur Prideland, je compte sur toi pour nous trouver plein de cachettes !

Les prunelles du jeune mâle s'étaient enfin illuminé, au grand soulagement de sa sœur. Cette dernière lui offrit un grand sourire, bien contente qu'il laisse ses inquiétudes de côté. Elle avait elle-même ses propres craintes, mais son ardent désir de découvrir leur véritable territoire les balayait d'un revers de la patte. L'image de ce monde sans barrière qu'elle pourrait explorer, découvrir à sa guise et dans lequel elle deviendrait une grande chasseuse, une Pridelander digne de ce nom. Son regard se tourna vers le Rocher de la Fierté, loin mais bien visible de là où ils se trouvaient. Il était si majestueux, si impressionnant, si inaccessible et pourtant bientôt ils y seraient. Un vrai paradis, voilà ce que se serait, Tahora n'en avait aucun doute ! Pourquoi aurait-elle la moindre incertitude après tout ? Tout le clan semblait avoir hâte de retrouver leur terre, l'endroit devait être merveilleux. La petite lionne se tourna à nouveau vers son frère et lui lança, d'un ton déterminé :

- Sois-en sûr, je découvrirais tous les secrets de Prideland !

Sa volonté était grande, rien ne l'arrêterait. On pouvait aisément se demander comment une si jeune enfant pouvait rêver, à son âge, de devenir quelqu'un d'important pour son clan, mais cela semblait inscrit en elle, gravé dans son cœur. Elle savait qui elle était, et plus que tout, elle voulait que tout Prideland le sache, qu'on la reconnaisse pour ce qu'elle allait accomplir. Elle s'entraînait tous les jours dans ce but, et son rêve deviendrait réalité, elle s'en donnait les moyens. La voix de Nawapa résonna alors, sortant Tahora de ses pensées. Il faisait nuit tout autour d'eux, et seule la lueur de la lune les éclairait, et éclairait le Rocher de la Fierté qui attirait tant le regard de la féline. Elle du portant se détacher de cette vision qui nourrissait tous ses rêves depuis toujours, et retourner à leur vie quotidienne. Elle pouvait se consoler en songeant que bientôt cette vie quotidienne changerait, tout serait bouleverser dans bien peu de temps. Tahora se redressa sur ses pattes et s'ébroua. Elle allait encore devoir passer par la case bain, son pelage n'avait pas fier mine.

- Aller viens, maman va se fâcher plus que nécessaire si on ne rentre pas.

La petite lionne fit un petit clin d’œil à son frère et se dressa sur la pointe de ses pattes pour essayer de voir à travers les épais buissons qui leur servait de cachette. Nawapa devait être en train de les chercher, et elle risquait de perdre patience s'ils ne se montraient pas. Il était temps de dormir qui plus est, la fatigue rattrapait déjà Tahora, elle ne parvint à retenir un bâillement.


[Je propose donc de conclure le RP, je te laisse clore si tu as quelque chose à rajouter !]

Avatar et signature © Rono

Spoiler:

Tahora lui offrit un large sourire, et Nedge se dit qu’il avait bien fait d’aller dans son sens. Le regard rêveur, elle se tourna vers la lointaine silhouette du Rocher qui se découpait sur l’horizon, et son frère l’imita. Ce Rocher ne lui inspirait pas grand-chose, sinon de la crainte et de l’incertitude. De l’espoir ? Il en avait eu autrefois, mais plus depuis qu’il avait compris que la verte Prideland n’était plus. Cependant, il prit gare à maîtriser ses émotions, et garda ses sentiments cachés au plus profond de lui-même, derrière ce masque souriant qui lui allait si bien.

« Sois-en sûr, je découvrirai tous les secrets de Prideland ! »

Oh, mais il en était sûr ! Il rendit son sourire à sa frangine, imaginant déjà les mille et une histoires qu’elle aurait à raconter chaque soir, au retour de sa journée d’aventures à travers Prideland. Lui aurait plutôt passé son temps enfermé dans la grotte familiale, à compter et recompter son âge, à observer les étranges rayures de ses oreilles ou cet œil vert qui lui venait d’une Étoile.
Un écho retentit, et Nedge y reconnut sans mal la voix de sa mère. Ce n’est que là qu’il se rendit compte qu’il faisait déjà nuit – les lionceaux sages devaient sûrement déjà dormir. Il échangea un regard lourd de sens avec sa frangine et, sachant qu’ils ne pouvaient retarder l’heure du bain et du dodo plus longtemps, les deux compères se levèrent d’un même élan.

« Allez viens, maman va se fâcher plus que nécessaire si on ne rentre pas. »

Il acquiesça en souriant doucement et lui emboîta le pas en dehors de la cachette, priant pour que maman ne soit pas trop fâchée. En fait, tout reposait sûrement sur le comportement qu’avaient eu Sora et Sahale – s’ils s’étaient bien comportés, Nawapa serait clémente, mais s’ils lui avaient déjà donné du fil à retordre, les deux retardataires allaient s’en mordre les doigts… L’espace d’un instant, l’esprit torturé de Nedge oublia tout de son père, du Rocher, de la guerre et de Prideland. Il ne pensait plus qu’à une chose…

Ah, pitié ! Qu’on ne nous punisse pas !

HRP:

‟ May it be through snow or sand
I shall hunt them down „

Fiche & PROJETS & Rp
© IXrpg & Topsy