© Disney & Cynblack

Il y a quatre lionceaux qui courent sur la Lande. Tous différents, mais tous semblables. L’aîné de la fratrie arbore un pelage terne. Il n’est pas doré comme le sable des Jangowas, ni délicieusement chocolaté comme les poils des Mositus, ni d’une profonde couleur ébène comme la fourrure des Nyeusis. Il n’est même pas d’un fauve éclatant comme la robe de sa maman. Non, il est juste terriblement terne. C’est un peu comme s’il était destiné au camouflage, car il n’attire absolument pas le regard. En effet, le pelage de Nedge est d’un doux beige, à mi-chemin entre le blond et le café au lait. Sur son museau, son ventre et l’extrémité de ses pattes, la couleur s’éclaircit d’avantage, tirant plus vers un blond pâle.

D’un ordre général, il semblerait que le petit ressemble à son père. Il ne lui est pas semblable dans les couleurs comme Sahale, mais on reconnaît aisément Kigeni dans les traits du lionceau. Tout dans sa morphologie, de ses joues touffues à sa taille qui paraît déjà grande, rappelle l’apparence du monstre. Oui, c’est subtil, mais c’est bien présent. Les premiers crins qui retombent en mèche entre ses yeux, à l’instar de ceux de sa queue et des marques sous ses yeux, sont d’un brun sombre. Ses oreilles sont tigrées de traces brunes qui lui viennent, encore une fois, de son paternel. Sa truffe rose, quant à elle, vient indéniablement de Nawapa.

Ses yeux sont vairons. L’œil droit, vert, est à papa; l’œil gauche, orangé, est à maman. Ils représentent bien le petit : mélange parfait de ses géniteurs, mais avec de minces signes sournois qui tendent vers le père. Une dernière chose à ajouter ? Nedge est grand pour son âge. On voit sans mal qu’il est l’aîné, et il arrive même qu’on le prenne pour plus âgé qu’il ne l’est. Une fois encore, vous devinerez sans mal de qui il tient cette carrure…

C’est un brave fils que voilà.
Certainement le plus calme et le plus mature des quatre, Nedge ne pose pas de problème à sa mère. Très obéissant, enfant exemplaire, il a compris qu’elle avait fait d’énormes sacrifices pour les éduquer, lui, son frère et ses sœurs. Après tout, personne ne l’aurait blâmée si elle avait décidé de tous les abandonner ou de les tuer elle-même à leur naissance. Mais Nawapa décida de les aimer, de les aimer avec tout l’amour d’une mère. Certes, ses enfants n’étaient pas désirés, mais elle n’avait de cesse de leur répéter qu’ils étaient des cadeaux envoyés par les grands lions du passé afin de l’aider à faire face à cette épreuve. Ainsi, la lionne réussit à ne pas les culpabiliser sans leur mentir. Toutefois, Nedge n’oublie pas d’où il vient et, sa mère a beau lui répéter qu’elle l’aime de tout son cœur, il fait tout pour ne pas être un fardeau pour elle. Il se fait discret, lui obéit toujours, et prend sur ses petites épaules la responsabilité de surveiller sa fratrie.

Très protecteur, il agit comme le parfait grand frère. Peut-être est-il un peu trop rabat-joie et s’immisce-t-il un peu trop dans la vie de ses cadets, mais c’est plus fort que lui : maman a déjà trop souffert, c’est donc à lui de s’occuper de ses frère et sœurs afin de la soulager. D’un naturel plutôt indépendant, il évite d’aller réclamer des câlins et des léchouilles – pourtant, comme tous les lionceaux, il en a cruellement besoin.

Parfois, il se sent à l’écart, voire rejeté par sa fratrie. Déjà fort mature pour son âge, il a du mal à s’intégrer dans leurs jeux insouciants. Il faut dire que l’esprit de Nedge est constamment hanté par Kigeni. Obsédé par ce père dont il ne sait rien, il tente encore et toujours de mettre des mots sur ses actes. Pourquoi ci ? Pourquoi ça ? Est-ce qu’il les aime ? Est-ce qu’il voudrait les tuer ? Il n’est pas rare de trouver le lionceau prostré dans un coin, seul, à ruminer tout ça. Ses petits sourcils se froncent et il réfléchit jusqu’à en avoir mal à la tête, tandis que ses cadets roulent dans la poussière juste devant lui.

Il se sent à part. Différent des trois autres. Il a grandi trop vite – de corps et d’esprit. Intelligent et, surtout, assez têtu, le petit n’hésite pas à parler aux adultes et à leur tenir tête si jamais ils le contredisent. Il déteste qu’on le juge ‘trop jeune’. Alors, il parlemente et déballe argument après argument. Quand il n’en a plus ? Il pleure, parce qu’au fond ce n’est qu’un enfant, et il déteste perdre un débat. Mais quel lion serait assez immature pour controverser ainsi avec lui et en arriver aux larmes ?

Grand rêveur, il se perd souvent dans son imagination débordante. Quand il se promène sur la Lande, il s’invente tout un monde et croit voir de fiers guerriers auprès desquels il se bat pour reprendre sa terre volée. Pour s’endormir, il adresse un petit mot à chaque étoile. Parfois, il s’invente des amis imaginaires. Mais tout ça, c’est son petit jardin secret, et personne ne peut y entrer. Renfermé, timide, distant, allant même jusqu’à être froid envers les autres, Nedge a du mal à se faire des amis. Pourtant, il n’est pas méchant – c’est même un vrai petit ange !

C'est une histoire que vous connaissez déjà. Une histoire déjà contée trois fois, et voici la quatrième qui arrive. De ce fait, celle-ci sera brève, car il est inutile de parler à nouveau de ces choses mauvaises dont vous savez déjà tout…

Ils étaient quatre à naître sur la Lande des Sans-Terre, peu après l'évasion de Malkia - auparavant retenue prisonnière par les Nyeusis.
Quatre réfugiés, quatre vagabonds. Quatre enfants de la guerre, quatre enfants du péché. Cette étroite bande de terre qui se faufilait entre les autres contrées était leur maison. C’était là qu’ils étaient nés, après tout : dans ce pays réservé aux indésirables. ‘Non, disait maman, elle est là-bas, notre maison.’ Là-bas, l’horizon pourtant si plat se dressait en une pointe gigantesque. Pour Nedge, c’était normal, ça faisait partie du paysage. Et un jour, il comprit qu’il s’agissait en vérité d’un immense rocher où vivaient des lions. Où ils auraient eux-mêmes dû vivre. Son esprit vivace écoutait avec attention tout ce que disait sa chère maman. Et, les mois passant, le petit lionceau apprit tout.

Nawapa ne leur cacha jamais rien, à son frère, ses sœurs et lui. Depuis le début, ils surent. Ils apprirent tout de la guerre, des Nyeusis et de papa. Plus qu’écouter, Nedge se mit même à étudier ces faits. Il retint du mieux qu’il put le nom des clans exilés avec eux ainsi que les noms des grands généraux de bataille. Il apprit à vivre avec les hyènes, il n’oublia pas les prises d’otage et les morts. Tout le monde vivait dans la terreur, et c’est dans ce triste environnement que le petit dut grandir.

Mais, par chance, voici qu’un appel retentit. Un cri de guerre, qui réclame vengeance. What was stolen must be returned, disent-ils. Nedge et les siens se terrent au baobab tandis que les adultes vont récupérer ce qui a été volé. L’orage éclate, la pluie tombe dans cette nuit de saison sèche. Peut-être qu’au matin, elle aura tout lavé, que les méchants auront perdu et que les gentils retrouveront leur maison, la vraie. Angoissé, le lionceau ne parvient pas à fermer l’œil de la nuit, et il fixe l’horizon d’où il s’attend à voir apparaître les silhouettes familières des adultes partis en guerre. Son esprit carbure à toute allure, il a peur pour sa maman qui est allée combattre. Et il a peur pour son papa, parce qu’au fond, même s’il est très méchant, Nedge n’a pas très envie de le savoir mort…

• La gloire de mon père : Son père le terrifie. C’est évident : comment un enfant pourrait-il apprécier un tel monstre ? Pourtant, Kigeni le fascine autant qu’il l’effraie. Le lionceau n’a de cesse de se poser des questions sur son père et, au fond, il ne le déteste pas tant que ça…
  
  
• Le château de ma mère : Nedge aime sa mère de tout son cœur. Il est fasciné par le Rocher dont elle lui parle tant et, contraint à observer son sommet de loin, attend avec impatience le jour où il le foulera de ses propres pattes.
  
  
• Mon frère et mes sœurs : Le lionceau est déjà très protecteur envers sa fratrie. Cependant, sa maturité l’empêche de jouer avec eux autant qu’il le voudrait, et il se sent parfois à l’écart – surtout quand il voit la proximité de Sora et Tahora. Concernant Sahale, il l’aime autant que les autres, mais commence déjà à parlementer avec elle. Des discussions qui menacent parfois de tourner en disputes… C’est ça, la famille !