[HJ: Reprise d'un ancien rp destiné à l'Ex-Malkia et réadapté.]

~Les larmes des cieux font fleurir les coquelicots
La pluie des yeux fait grandir les enfants. ~ Calli Kayan

Le museau pointé vers un énorme caillou plat où était perché Malkia comme si c'était le rocher royal, Dhoruba semblait rêveuse. Non, cette vie ne l'attirait pas, elle s'y retrouvait mieux elle avec son train-train quotidien, ses chasses pour les anciens, ses patrouilles sur le territoire-même si ce n'était plus le même.-et ses quelques discussions avec les membres du clan. Le temps s'écoulait doucement, s'étirant avec une certaine tendresse sur la Lande-Sans-Terre, tout du moins pour ceux qui avaient adopté ce nouvel abri. Dhoruba s'entendait bien avec tout le monde, Pridelanders et Mositus, même si évidemment il y avait des moqueries et que sa réputation continuait de galoper à travers la terre, transportée par quelques langues de vipères. Désormais qu'ils cotôyaient d'autres lions, l'acceptation de Dhoruba n'était plus complète, elle avait dû repasser par la case-départ, étonnant ou faisant rire certains Mositus... Surtout un certain Kuzimu qui avait forcé les barrières de son corps. Toutes les âmes infortunées réunis ici ou presque savait que la "grosse Dhoruba", cette lionne immense et en fait loin d'être grosse-sinon plutôt efflanquée- était bête. Son corps avait oublié de cesser sa croissance pour laisser un peu d'énergie à son cerveau qui lui, n'avait pas pensé à grandir suggéraient les mégères, souvent de vieilles aigries ou de jeunes écervelées. Dhoruba apprenait petit à petit à les ignorer, à ne plus penser qu'elles étaient les "reines" que tous écouteraient, comme elle avait dû le faire avec les Pridelanders à son arrivée. Cependant, en grande majorité, bien que loin d'être connue, la géante avait su se faire accepter voir même apprécié par quelques félins. Sa générosité était égale à sa bêtise, totalement démesurée comme tout en elle.

Ses yeux chocolatés ce soir s'étaient posés sur le rocher sans en démordre. Rendue patiente par de nombreuses parties de chasse, la lionne semblait observer la reine, manquant un peu de tact comme l'avaient sûrement remarqué plusieurs membres de Prideland, dont le prince avec qui elle avait discuté. Pour autant son regard et sa curiosité étaient ceux de l'innocent qui contemple quelque chose qu'il ne comprend pas, avec une envie de saisir et bienveillance. Sans jalousie aucune -on pouvait la targuer de bien des défauts mais pas celui-ci.- Dhoruba observait encore et encore, n'ayant même pas songé à se cacher. S'ébrouant, elle finit par se décider au bout d'un bon quart d'heure, ne sachant même pas si la reine Malkia l'avait repéré. La lionne se saisit de sa patte de zèbre entre ses crocs puis entreprit d'escalader le rocher de la fierté. Ses règles internes étaient très strictes, jamais elle ne devait manquer de respect à un membre de la famille royale-dépouillée de territoire ou pas, une famille royale conservait son rang-, mais sa bêtise la rattrapait. Après avoir vu plusieurs personnes grimper là comme un gros lion frisé, Samekh ou un vieux maigre couleur crème-qui n'étaient pas roi évidemment.- elle pensait que tout le monde le pouvait. En revanche d'instinct, la femelle avait adopté une position de soumise, venant en paix.

Le fait est que la féline avait remarqué que Malkia était triste, en plus elle lui semblait maigre et cernée, même sans en être sûre -après tout c'était de loin que Dhoruba l'observait.- la lionne se sentait triste pour la reine. Sans savoir si Kumpa lui avait parlé de sa personne ou non, très loin d'imaginer ce fait en réalité-surtout que l'histoire du Gnou s'était passée il y avait déjà deux ans.- Elle s'approcha doucement, ignorant les réactions de la monarque -encore bien jeune !- car son regard était baissé pour prouver sa soumission, tout comme sa queue légèrement rentrée entre ses pattes arrières et ses oreilles couchées à l'horizontale.-non pas de manière agressive bien sûr.-S'asseyant assez loin pour ne pas sembler envahissante, Dhoruba déposa sa proie et prit un petit moment pour organiser ses pensées. Evidemment, elle n'avait pas réfléchi à quoi dire auparavant. Son propre ventre gargouilla un peu, réclamant pitance, mais Dhoruba voulait offrir sa proie à cette pauvre Malkia qui lui semblait triste. Espérant se tromper et ne pas se tromper à la fois, sans quoi elle aurait l'air plus stupide que jamais, mais au moins cela prouverait que la reine n'était pas si triste, Dhoruba finit par trouver que dire.

-Bonjour Reine Malkia, je m'appelle Dhoruba, et je vous amène ce morceau de viande si vous voulez. C'est de la cuisse de zèbre, un jeune donc c'est bien tendre. Je vous ai vu toute triste alors j'ai pensé que ça vous ferait du bien.

La femelle était restée à mi-chemin entre la plate-forme du rocher et le sol, dans une position un peu inconfortable, perchée sur les gravas. En effet, si son esprit un peu lent n'avait pas compris que c'était le lieu d'habitation par excellence des souverains-et donc un endroit privilégié.-, son instinct lui avait saisit que quelque chose n'allait pas, la poussant donc à agir avec une certaine délicatesse. Toutefois la reine pouvait s'énerver de cet effrontement, surtout avec les "révoltes" de ces derniers temps, des trahisons et des manigances que Dhoruba ne cautionneraient jamais et encore moins comprendraient.

-Je peux vous aider ? Je ne suis pas très intelligente-Préféra-t-elle confier tout de go pour éviter les soucis et les déceptions. De toutes manières à quoi bon mentir ? Son secret s'était vite échappé, sans que la lionne ne comprenne comment d'ailleurs.- mais je sais écouter, et puis si je peux faire quelque chose, on ne sait jamais. Quelqu'un vous a fait du mal ?

Demanda la femelle en glissant un peu lorsqu'elle rattrapa la patte de zèbre qui menaçait de rouler jusqu'au sol.

-De la suite ?

Si elle n'avait pas tout de suite relevée la proposition de partager la proie, la lionne avait en revanche eut un déclic en ce qui concernait les demi-aveux de la reine. Ce n'était pas dans les habitudes de la géante d'être maligne, d'habitude elle était plutôt lente à la réponse. Cependant Damu lui avait suffisamment parlé et ses oreilles étaient assez ouvertes pour qu'elle se tienne plus ou moins au courant cette fois-ci. La rumeur courrait en effet que les Pridelanders étaient prêts à reprendre leurs terres. A moins que ce ne soit que l'expression d'un désir aussi fou qu'impossible à réaliser ? Dhoruba pour sa part y croyait, étant la première à vouloir botter les fesses des Nyeusis. Sa mésaventure avec Kuzimu l'avait rempli de rage, ses chasses étaient plus agressives, y compris ses jeux avec d'autres lions bien qu'elle n'aille évidemment pas jusqu'à les attaquer. Oui, décidément, la jeune féline avait besoin de se défouler, d'évacuer sa colère et d'abreuver sa soif de réparations. Sa vie, plutôt tranquille, il y avait de cela deux ans s'était mué en un désert remplis de dunes arides faites de grains d'injustices qui s'étaient accumulés. Elle portait sûrement les petits de son agresseur, tandis qu'Alois était blessé à vie à l'oeil mais aussi en plein coeur de son âme. Son compagnon au visage à demi-arraché avait eu le coeur totalement brisé, Dhoruba ne pouvait que le tolérer, faute de pouvoir se confronter à Kuzimu. Du coup, elle espérait appaiser un peu Alois en lui offrant leur ancienne terre sur un plateau, celle qui avait connu leur réconciliation et bonheur.

-Le Chef Mobali nous entraîne beaucoup ces temps-ci. On va chasser les Nyeusis Majesté ?

Demanda la lionne d'un ton impatient et motivé. Sans aller jusqu'à exprimer une haine qui lui rendait visite de manière éphémère, Dhoruba était bien échauffée. Voir ses monarques tristes, affaissés sur un autre rocher que celui royal ne lui convenait pas. Osant s'approcher un peu de la plus éminente représentante, la femelle prit garde à décrire un petit arc-de-cercle, s'approchant par le flanc. Hors de question de fâcher Malkia. Cette dernière avait peut-être accepté sa présence, mais elle restait la reine tout de même.

A ce propos, la géante avait enfin capté l'offre de partage. Ronronnant de gêne, sa longue queue effleurant confusément ses flancs, elle s'assit près du butin, toujours un peu en retrait de la Reine.

-Merci beaucoup. C'est un honneur de manger avec vous.

Ajouta-t-elle, les yeux embués d'émotion. Certes, elle avait aidé Kumpa mais c'était normal. Ce qui ne l'était pas, c'était la gentillesse de la plus haute instance des Pridelanders. Au lieu de la traiter comme une abrutie, Malkia lui parlait avec amabilité, la remerciant même pour un acte datant d'il y avait deux ans. Sans compter que Damu et Kumpa avaient apparemment parler d'elle. Jamais Dhoruba s'était sentie aussi importante, même si elle ne recherchait pas la gloire, cela comptait à ses yeux. Elle qui se sentait sale après le passage de Kuzimu avait craint qu'on ne la rejette encore d'avantage qu'à son arrivée. Elle pensait son quota de chance terminé, et que ce groupe si bon envers sa personne ne la supporterait plus d'avantage. Pourtant, Malkia semblait ignorer cette souillure que Dhoruba voyait lorsqu'elle contemplait son pelage, elle continuait de la voir comme une bonne lionne, pas une débile incapable de se protéger ou pire, de protéger les siens.

La rousse avait de toutes manières, toujours admiré la Reine. Son maintien, sa voix posée, sa dignité. Elle adorait la contempler pendant ses discours à défaut d'y comprendre grand chose. C'était un modèle de courage, comme Kumpa, Damu ou Mobali. Ils étaient ce qu'elle avait toujours aspirée à être. Des lions aptes à garder leurs frontières ou les récupérer.

Attendant que Malkia porte le premier coup de croc au zèbre; la femelle reprit vaillamment la parole. Sa voix tremblotait un peu. Elle ne savait pas à quoi s'attendre en venant voir la Reine, son cerveau n'ayant pas assez de place pour penser à ce qu'elle allait faire à l'instant et aux conséquences. Intimidée, elle ne voulait pas déranger Malkia tout en souhaitant lui apporter son soutien. Dilemme...

- Je m'entraîne des fois avec le Chef Mobali, il dit que je suis une bonne guerrière, j'essaye de défendre le groupe ! Même si ces temps-ci avec la chasse, pour nourrir les vieux lions-et j'veux pas dire que vous êtes vieille Reine Malkia... Je vous ai juste apporté cette cuisse car vous aviez l'air triste hein.- et un compagnon blessé, je manque de temps. J'espère quand même être à la hauteur si nous partons en guerre. Pour quand ce serait ? Désolé si c'est secret tout ça... Je ne dirai plus rien.

Un peu consciente de son manque de tact, la géante baissa les oreilles et la tête, regardant une mauvaise herbe poussant péniblement entre deux fissures du rocher comme une découverte fascinante. D'une part elle s'en voulait d'ainsi tourmenter la Reine, voir peut-être de fouiner dans un secret d'état, et de l'autre d'exposer des excuses sur les raisons de sa diminution d'heures d'entraînement. Malgré ses sacrés muscles, fins et longs, saillants sous sa peau d'efflanquée, Dhoruba avait déjà été plus en forme. Elle se remettait à peine de ses blessures, conservant quelques contractures encore, sans compter son début de grossesse. Tout cela la minait, mais hors de question de se défiler. Elle voulait la guerre contre les Nyeusis malgré son habituel pacifisme. Il ne fallait pas marcher sur les plates-bandes de la lionne orangée, ou alors la tuer pour s'en débarasser car elle revenait toujours à la charge si on touchait à sa famille ou à son clan. Kuzimu aussi la retrouverait et cette fois, Dhoruba serait prête à l'accueillir. Elle se l'était promis.

[HJ: A mon tour, désolée du retard ! ]

Quand ?

La question explosa dans le crâne de Dhoruba lorsque la Reine lui confirma qu'une action était en cours de préparation. Labourant machinalement le rocher de ses griffes aussi immaculées que tranchantes, la jeune lionne émit un petit grognement situé entre la satisfaction et l'impatience. Ce serait dangereux, même une imbécile de son genre s'en doutait, néanmoins, la rousse s'était mis en tête que retrouver leurs terres pourrait aider Alois à aller mieux. Du coup, bien qu'elle ait adopté cette lande, habituée à faire contre mauvaise fortune bon coeur, elle s'était promis de lutter pour la famille royale, elle aussi extrêmement attachée à leur ancien territoire.

Après avoir en avoir reçu l'autorisation implicite, la géante mordit dans la chair du Zèbre. Elle ne s'était pas fichue de la Reine -et heureusement !-, la chair de la proie étant particulièrement savoureuse. Quelques jours avant cette chasse providentielle, à la faveur d'une fin de nuit sombre, la lionne avait acculé un autre jeune mâle de la même espèce. Ses flancs musculeux quoique manquant légèrement de graisse l'avaient fait saliver, malheureusement le matin s'approchant après une course-poursuite ereintante lui avait permit de reconnaître Matsukan, le zèbre interdit. La femelle très frustrée, avait déposé sa rage dans une nouvelle chasse, plutôt risquée cette fois. En effet, elle avait d'habitude l'humilité de s'en prendre aux vieux, aux blessés ou aux malades, mais, se retrouvant dans la situation de Kumpa deux ans plus tôt, la rouquine avait choisi proie à la chair succulente. Un jeune manquant encore un peu d'expérience mais fougueux, et suffisamment sûr de lui pour prendre des risques. Bref, ce repas délicieux était le signal que la lionne avait besoin de défis, de bouger pour son clan, sans quoi, elle risquait de tourner en rond.

Quelque chose en elle lui disait que le combat n'était pourtant pas son véritable but dans cette vie. Blasée par la violence, la rouquine rechignait toujours plus à l'utiliser. Elle se réjouissait de brûler l'énergie en trop qui galopait dans son corps, mais le sang ne l'amusait guère. Ses duels avaient toujours eu pour objectif d'impressionner son frère, son père ou encore de défendre les siens. Dhoruba ne trouvait pas réellement sa place bien que ces années auprès des Pridelanders soient plus douces que celles de sa prime enfance. Un jour peut-être trouverait-elle sa réelle voie qui semblait de plus en plus être celle de la "protection".

-Dites, qu'est-ce qui s'passe si quelqu'un ne veut pas être roi ? J'veux dire... Moi j'suis bien contente de pas l'être, ce doit être si difficile ! D'ailleurs, ça doit s'apprendre non ? Comme un métier quoi ? Chef Mobali m'entraîne, vous entraînez Prince Kumpa, mais qui vous a entraîné ?

Demanda la lionne en pleine réflexion philosophique sur le cycle de la vie et la place de chacun. Ca lui arrivait des fois, comme ça. Surtout quand elle avait une bonne grosse part de viande devant son museau et une personne intelligente à ses côtés. Les professeurs de ses enfants en savaient quelque chose puisqu'elle était une élève plus active qu'eux-quoique moins douée.-

-En plus, je suppose qu'il faut être intelligent, mais ça arrive qu'un roi ou une reine naisse bête comme moi ?-Continua-t-elle sans tabou, ses questions allant en vérité dans un seul sens: l'intérêt pour Malkia la lionne et non sa Majesté.- Être chic, belle tout ça, ça s'apprend mais l'intelligence... Pfft ça doit pas être drôle tous les jours. Pas vrai ?

Derrière son innocence et son manque de tact, Dhoruba était peut-être une des rares à saisir que le pouvoir n'était pas un cadeau. D'ailleurs, elle le rejetait vivement, corps et âme. Participer à une guerre était une chose, la fomenter et surtout en assumer les conséquences une autre. Envieuse de consoler la reine qu'elle s'imaginait parfois triste et malade-personnellement réfléchir à des stratégies de guerre et calculer toutes ses paroles lui semblait être l'enfer sur terre, ça lui filait même un début de migraines par empathie.-

-Et si vous aviez pas été reine, vous auriez été quoi ?

Les grands yeux ronds de Dhoruba se tournèrent, curieux, vers Malkia. La Majesté de la vieille femelle l'avait impressionné et continuait de le faire, mais avant tout, la rouquine s'intéressait à sa personne. Maladroitement sans doute, mais sincèrement. De manière confuse, c'était comme si la Géante devinait qu'on ne devait pas souvent lui demander ce genre de choses, l'obligeant à être tout le temps une reine. Vraiment, quelle drôle de vie pas drôle du tout ! Pour sa part, ce ne serait pas elle qui déroberait le trône à Malkia, manger avec élégance lui demandait déjà beaucoup trop de concentration.

[HJ: Parfait ! J'espère aussi que ça ma réponse te plairas.]

Mâchonnant un bout de viande, Dhoruba semblait plongée en pleine réflexion. Avaler sa bouchée dût l'inspirer car elle se décida en parfaite simultanément au déglutissement de sa gorge. Sa conclusion fut aussi simple qu'empathique.

-C'est triste. En fait, les futurs rois et reines ont plein de pouvoir sur le territoire, le peuple et tout ça, mais pas sur leur propre vie.

C'était si simple que ça en deviendrait presque ingénieux. Dhoruba avait le don de comprendre les choses à sa façon, presque comme un enfant bien que son expérience couplée à son déficit et son caractère rende sa manière de penser totalement unique. Loin d'être exceptionnelle la lionne possédait pourtant un don du coeur que certains appréciaient alors que d'autres le craignaient. Sans lire dans les esprits, la Géante avec sa tendance à ne pas y aller par quatre chemin avait son petit talent pour arriver au coeur.

-Le seul truc bien, c'est apprendre tout le temps. Moi j'aime bien ça, apprendre... Les histoires, la science et tout, mais je suis un peu lente. Mes enfants eux sont doués, moi j'comprends pas les leçons en entier.

Avoua-t-elle non sans une légère gêne. Seulement, la géante s'y était fait depuis le temps, s'acceptant un peu mieux. Elle estimait déjà avoir la chance que son compagnon ainsi que ses petits l'aiment comme ça et préférait donc ne pas cacher sa stupidité contrairement à avant. La reine ne semblait pas tout à fait d'accord, la défendant contre sa propre résignation entre deux explications. Touchée, Dhoruba eut un petit sourire -légèrement rougi de sang avouons-le- mais ne répondit guère. Mobali lui avait déjà servi ce genre de discours, malheureusement il lui en faudrait bien plus pour la convaincre après les preuves que n'avaient cessé de lui donner la vie.

-Oh oui oui, je suis curieuse, j'adore savoir ce qui se passe dans la tête des autres, mais attention... Que ceux qu'ils veulent me dire. J'suis polie, on m'a apprit. En plus ça m'intéresse pas de jacasser.

S'exclama la rousse en redressant à demi ses pattes avant, emportée par sa ferveur. D'ailleurs son poil s'était instinctivement hérissé à l'idée que la "rumeur", démone impalpable devienne soudain visible. Déjà plusieurs fois, la géante avait combattu ce nuage toxique avec plus ou moins de succès, bien que ces derniers temps elle avait le droit à la paix. Horrifiées par ce qui lui étaient probablement arrivé -l'état de son mâle, le sien, ne serait-ce que la marque des griffures zébrant son encolure- les vieilles lionnes ayant recueilli la Pridelander d'adoption après l'attaque avaient étouffé l'affaire. Si certains s'évertuaient à la traiter d'abrutie, elle avait désormais ses défenseurs grâce à son dévouement pour le clan. Qu'on se comprenne, personne ne la prenait pour une lumière ni ne parierait sur elle pour un défi d'intelligence, mais on l'acceptait. Son couple jadis sulfureux-surtout à cause de la jalousie qu'elle suscitait pour être parvenue à apprivoiser le sérial lover qu'était Alois.- était désormais vu comme paisible, presque un modèle pour ces familles qui s'entredéchiraient. La simplesse de Dhoruba aidait-elle à la paix des ménages ? Peut-être, à moins que ce ne soit le caractère facile des deux lions, ayant d'ailleurs transmis leur gentillesse à leurs petits. Rien à déplorer de ce côté là, restait à voir ce que la portée à venir réservait, portant des gênes nettement moins prometteurs. Non, décidément, malgré ses malheurs et le handicap léger auquel elle s'était résigné-sans savoir mettre le nom dessus.- la lionne ne voudrait pas être "autre chose".

-Moi j'voudrais être rien d'autre. J'ai beaucoup de chance ici, j'aime ma place. J'aime écouter les ordres du Chef Mobali, et j'aime bien vous écouter. J'aime mes amis, Prince Kumpa, son frère, et même ces terres. Elles sont pas si mal vous savez. Y'a même un marécage pas loin qui garde prisonnières des proies blessées... Bon... Il est dangereux quand même.

Entraîné dans son enthousiasme, la femelle déjà légèrement dressée s'était finalement retrouvée en position assise. Toutefois, son oeil unique brillant de joie s'était soudainement affadit et sa tête baissée. Dhoruba se souvenait soudain avoir été une proie piégée dans la boue. Tout comme Alois ou Thamani que Kuzimu n'avait heureusement pas touché physiquement.

-Je vous ai posé toutes ces questions parce que j'apprécie savoir des choses sur les gens qui m'entourent, mais aussi qu'ils soient heureux. Et j'suis pas sûre, mais des fois j'ai l'impression que vous ne l'êtes pas. C'est comme Prince Kumpa qui me dit que tout va bien avec les yeux ailleurs. Alors j'voulais savoir ce que vous auriez aimé être ou faire, pour voir si je pouvais vous le donner, ou vous aider.

Acheva la grande lionne, se justifiant machinalement, elle ne pensait nullement que sa Majesté se méfiait de sa personne -comme le pourrait-elle ? Dhoruba était insignifiante à ses côtés. Même une abrutie s'en rendait compte !- mais songeait juste que sa question méritait des détails. La rouquine n'était pas douée en détails, cependant elle faisait l'effort pour son interlocutrice, laquelle semblait plutôt l'inspirer d'ailleurs vu son débit de mots, pas trop confus en plus pour une fois, et ce malgré son éclair de tristesse.

-Les Mositus, ils ont bientôt l'intention de partir ?

D'un petit coup de pattes, Dhoruba chassa son bout de zèbre. Elle ne savait pas trop si Kuzimu était l'un d'eux mais il portait son odeur et leur pelage. Son espérance résidait là. Dans cette supposition sans véritable fondement. Parfois elle voulait le combattre, parfois simplement qu'il s'en aille très loin au lieu de rôder près de sa famille. Divaguant là comme s'il n'avait rien fait.

[HJ: Autorisation de Kuzimu pour le dénoncer ]

Sans vraiment s'en rendre compte, Dhoruba contredit encore une fois Malkia en ce qui concernait son intelligence. Encore marquée par son passé, la lionne avait l'habitude de se diminuer sans cesse. A ses yeux, elle ne se plaignait pas, ne faisant qu'émettre une vérité que tout le monde devait savoir afin de ne pas se sentir trahi. La seule vraie différence notable entre ses années d'opprimée et l'amélioration de son confort de vie parmi les Pridelanders résidait justement là: elle acceptait son défaut, peut-être un peu trop même justement, n'ayant pus peur d'en parler et appuyant beaucoup sur ce fait. A ses yeux, décevoir les autres en oubliant de mentionner son plus gros défaut était pire que de se faire rejeter d'emblée.

-Merci Majesté, c'est gentil, mais quand même, ce serait encore plus chouette si j'pouvais aider en plus d'écouter.

Souriant et soutenant le regard de la Reine réellement pour la première fois, la jeune femelle tâcha de se montrer encourageante. Elle aimerait beaucoup que la reine lui parle de coeur à coeur ou simplement lui demander de l'aide. Bien sûr, Dhoruba n'insisterait pas d'avantage par pure politesse. D'ailleurs, le sujet des Mositus la poussa à perdre son sourire et à se reconcentrer. D'abord, son visage se ferma; la Pridelander songea à simplement se taire, se maudissant déjà d'avoir posé la question fatale. Evidemment, Malkia était intelligente, elle avait deviné que quelque chose ne collait pas.

Alors qu'elle allait faire non de la tête, la géante se ravisa. Malgré son cerveau fonctionnel, la reine ne pouvait pas deviner ce qui s'était exactement produit, pour autant, le mensonge ne convenait pas à Dhoruba. Elle avait parlé "ouverture" avec ses propres mots accompagnés d'une sincérité rare, à elle de montrer l'exemple. Bien que cela lui coûte énormément, lui faisant rabattre les oreilles de honte, la lionne qui avait de nouveau baissé le regard pencha pour un semi-aveu.

-Oui. Enfin je crois que c'est un Mositu, il porte leur odeur bien que moins forte et a leur pelage. Il est très dangereux.

Ajouta la femelle en s'élançant avec tout le courage possible. Dans son cervelet simplet mais altruiste, elle venait de concevoir que l'enfer sur Terre pouvait détruire d'autres familles. L'idée la dégoûta suffisamment pour lui apporter la vaillance nécessaire.

-Son nom est Kuzimu, et je crois bien que je porte ses lionceaux. Samekh dit que ça marche pas à tout les coups "quand on le fait", mais moi je sais que ça a fonctionné. Je croyais que non au début, j'avais espoir parce que je l'aime pas... Mais les bébés, ça se conçoit pas avec l'amour comme je croyais, aussi bizarre que ça paraisse, y'en a pas besoin.

Se disant, la géante laissa glisser des pattes arrières sur le côté, révélant son ventre qui avait commencé à gonfler doucement sous ses muscles puissants.

-Si vous m'donnez l'autorisation, j'nous débarasserai officiellement de cette vermine. Mais bien hein. Je respecte les lois de Prideland, même si on est pas vraiment à Prideland. Je vous promets de pas le tuer, j'aime pas tuer, je l'ai jamais fait pour un autre lion d'ailleurs.

Avec l'appui officiel de la Reine, Dhoruba se sentirait plus puissante, elle savait aussi que régler ses comptes seule pourrait la mener à la perdition la plus totale. Ca lui était déjà arrivé avec son frère bien que ce fut un mal pour un bien. Evidemment, quelque chose échappait à la jeune femelle: le fait que Malkia n'était pas la Reine des Mositus mais peu importait. A ses yeux, la vieille lionne était la plus grande sommité qui soit, et au-delà de sa honte, Dhoruba se sentait investie d'une nouvelle mission; protéger les autres femelles.

-Merci de me croire.

Souffla simplement Dhoruba, heureuse dans son malheur qu'on ne la rejette pas, mais qu'en plus on la croit. Dans son ancien clan, sa mère l'avait juste traité de "lionne facile" lorsqu'Alois l'avait arnaqué avec de jolis mots pour la couvrir, lui-même sans se douter des conséquences. Cette histoire, par chance, s'était bien terminée mais aujourd'hui, même l'imbécile notoire de la savane ne saurait tromper son esprit simplet. Si Alois n'avait pas été blessé de cette façon par Kuzimu, elle aurait tentée de s'accoupler avec lui plusieurs fois, dans l'espoir de concevoir des petits portant ses gênes. Néanmoins, le lion était gravement abîmé, sans compter qu'il n'aurait certainement pas eu envie de la toucher après le passage de l'enfer sur terre. Du coup, elle savait pertinemment être enceinte de ce dernier, tout comme la reine à n'en pas douter, vu la tournure de son récit. Et pourtant, sa Majesté, dans sa grande bonté la réconfortait en prime.

Doublement reconnaissante, la géante rousse trouva la force de décoller ses oreilles aplaties contre son crâne pour lever des yeux remplis d'émotion. On ne pouvait pas dire qu'être aussi touchée par un événement arrivait souvent à Dhoruba. C'était une dure, une pragmatique qui n'arrêtait pas un instant, dans l'espoir que son clan survive un peu mieux que la veille. Du coup, ces moments extrêmement rares la mettaient légèrement dans l'embarras, mais, étrangement, l'aidaient aussi grandement. Soulagée quoiqu'encore un peu honteuse, la géante ronronna un instant, les yeux mi-clos, profitant du soleil qui frôlait les poils de son dos qu'elle ne sentait plus depuis un certain temps, enserrée dans son monde de terreur. Kuzimu ne pouvait rien contre Sa Majesté et contre Chef Mobali.

-Merci Majesté de sauver toutes ces lionnes qu'il pourrait encore blesser. Quant à moi, je ferai ce que vous me dites, même si vous préférez que j'y touche pas, je promets d'obéir.

Il est vrai que la matriarche n'avait rien spécifié quant à son rôle dans ce qu'elle voyait comme une chasse au lion. En réalité, dans les oreilles de beaucoup, "prévenir la patrouille" sonnerait plus comme une... mesure de prévention justement, l'attente d'un nouvel acte pour agir, ce qui les auraient énervés. Bloqués dans leur traumatisme, ils auraient exigés la promesse d'une réelle poursuite avec une punition derrière. Dhoruba pour sa part se contentait d'avoir été cru, et croyait à son tour en la parole de sa reine. D'un autre côté, elle était inconsciemment soulagée d'être plus ou moins déchargée de sa mission de mettre fin au règne de terreur de Kuzimu. La lionne avait peut-être été abusée, mais cette portée en devenir restait la sienne. Nourrie aux hormones et à son instinct, la femelle n'avait aucune intention de lui faire du mal, sinon de la protéger au contraire, puisque dans son esprit, justement si simple, des lionceaux ne pouvaient être tenus pour responsables d'un tel mal. Encore moins s'ils n'étaient pas nés. Bien sûr, elle aurait préférée que ce soit comme Samekh lui l'avait dit, sans conséquence vu que certains accouplements demeuraient stériles. Seulement, la rouquine pragmatique savait aussi que rêver à ce qui "aurait dû" n'était pas très utile, puisqu'on ne revenait pas dans le temps. Ce qui était fait était fait, il ne lui restait plus qu'à s'occuper d'Alois, de Thamani, d'Akiam et des bébés en formation dans son ventre.

-Je suis sûre que les prochains, ils seront d'Alois au moins. -Fit-elle, intégrant son compagnon au récit comme à son habitude, en "supposant" que la Reine le connaissait déjà, ou plutôt, sans même songer à l'éventualité qu'elle avait besoin de le savoir.-Les premiers évidemment qu'ils le sont, mais bon, j'savais pas trop que ça donnerait des lionceaux, en plus il ne m'aimait pas au début, il avait fait ça... Comment il a dit déjà ? Ah oui, pour séduire. Pour rire pour un... Pari, voilà. Enfin, maintenant on s'aime pour de vrai, et les prochains, tout sera parfait.

Avec son aîné, la femelle s'était éveillée. Il avait su exploiter son intelligence particulière, celle du coeur. Il lui avait apprit à rêver, à se projeter malgré son désir de routine accouplé à un pragmatisme parfois désespérant. Ses propres enfants lui avaient enseigné quant à eux, le goût du jeu. Oui, au fond, Dhoruba savait rêver, or ces derniers étaient aussi simples qu'évocateurs. Visiblement, la grande lionne brute dont tout le monde craignait les griffes sur leur progéniture avait trouvé sa voie. C'était une maman attentionnée et somme toute ingénieuse car capable de trouver des solutions pour pallier à ses limites en éducation. Elle espérait simplement vieillir tranquillement aux côtés de son mâle, s'occuper de ces bébés qui n'étaient pas de lui et donner une nouvelle portée avec les gênes de son véritable partenaire, l'amour en plus. En soi, c'était un objectif presque logique, mais plutôt difficile à atteindre pour la lionne qui avait raté deux fois le coche. Au moins, elle ne perdait pas espoir.

-Vous, vous n'avez eu qu'une portée. Ça vous a pas manqué plus ?

Demanda gentiment la femelle qui se rappelait avoir eu du mal à résister lorsque ses deuxièmes chaleurs étaient arrivées. Elle avait à peine expérimenté les premières puisqu'Alois l'avait de suite fécondée [HJ: OUI j'avais mis Fertilisée....] mais avait pu "savourer" les secondes, fôlatrant contre son mâle et lui réclamant à grands cris une union. Sur le coup elle n'avait pas bien saisi les tenants et les aboutissants, mais petit à petit cela se construisait dans sa caboche. Dhoruba songeait que les femelles devaient simplement répondre à l'instinct quand était venu le moment, même si elle croyait que celles sans mâle étaient épargnées, car son petit côté poète aimait à croire que les chaleurs se déclenchaient quand elles étaient amoureuses.

-J'ai su que votre compagnon était mort pendant une chasse. Je suis désolée... De l'événement et de la question. C'était pas très discret encore une fois hein... Surtout que Roi Kumpa et Prince Damu me l'ont, c'était pas un vrai accident. Je n'comprends pas la méchanceté de certains. Faut protéger le territoire, d'accord, mais, en gagner à tout prix ?

Très instinctive mais casanière, Dhoruba n'était certainement pas ambitieuse, estimant d'ailleurs qu'un grand territoire comportait plus de risques et des frontières plus dures à protéger. Enfin, les lions d'aujourd'hui cultivaient rancune et haine, à travers de vieilles histoires d'Amour et de familles emportant des centaines de lions derrière eux. C'était assez incompréhensible aux yeux de la Géante qui se voyait mal elle-même, traquer la mère de Kuzimu ou convaincre quelqu'un de haïr également les siens-bien qu'instinctivement, elle se méfie désormais un peu des Mositus auxquels elle associait le mâle brun.-

Poussant un soupir, la géante ne put se retenir de poser sa bonne grosse tête sur une pierre plate et propre. Elle ferma à demi les yeux, ayant comme oublié où elle se trouvait. En réalité, la lionne continuait de vouer un immense respect à la reine, recroquevillant d'ailleurs ses pattes arrières pour lui laisser la meilleure place, mais le soleil dont elle venait de prendre conscience, la nourriture abondante, la longue conversation et le début de grossesse lui avaient insufflé une envie de repos irrésistible. Bien qu'apte à parler encore, la jeune lionne semblait désormais être la "petite vieille" des deux, son corps s'amollissant doucement sous les rayons. Elle était comme "déchargée" d'une partie de son agressivité, grâce à la Reine qui venait de lui faire comprendre que ça ne se passerait pas comme dans son ancien clan, qu'elle ne serait pas la rejetée et que Kuzimu subirait le courroux d'une justice aussi droite qu’implacable. Ne plus porter ce fardeau seule avait comme dénoué ses muscles. Malgré tout le respect qu'elle éprouvait pour Malkia, la jeune femelle la voyait désormais telle une amie, elle se détendait donc en toute confiance, prête en retour à donner sa vie pour sauver sa fourrure.

-Comment qu'ça sera quand on aura regagné Prideland vous croyez ? Car on va gagner, j'en suis sûre maintenant. Alors, comment vous imaginez le retour vous ? On nous laissera en paix ? Et les Nyeusis là, ils partiront pour de vrai ? Moi j'sais pas, et puis, mon instinct me dit que les terres, on les retrouvera pas en bon état. Faut voir la migration des zèbres, toute chamboulée ! Ca vous pouvez me faire confiance, j'les connais par coeur, et les gnous... Pareil. Mais... On le remettra bien en route le cycle de la vie, pas vrai ?

Offrant un sourire serti de crocs immaculés, la jeune lionne avait laissé glissé son regard sur la vieille pelisse de Malkia. Elle voyait la reine comme une femelle puissante malgré ses dents jaunies et sa peau lâche par endroits [HJ: J'ai supposé, vu son âge, si je me trompe, j'éditerai.] et la suivrait au bout du monde. Ses paroles indiquaient aussi que Dhoruba connaissait le cycle de la vie, bien qu'il ait fallut s'y prendre à dix fois pour qu'elle comprenne -et encore, pas sûr que ce soit tout à fait le cas.- vu que le fait de se transformer en herbe mangée par des gnous ne rentrait pas dans son ciboulot. Toujours est-il qu'elle respectait ces règles implicites et s'en inquiétait même à son niveau. Une bonne petite citoyenne !

Un peu triste de constater que les terres de Prideland avaient été touchées dans leur chair par le règne des Nyeusis, la lionne rabbattit ses oreilles sur le sommet de son crâne. Personnellement, elle était pour rester sur la lande, plutôt fertile, surtout grâce aux marécages lorsqu'on savait les utiliser, même si depuis sa mésaventure, la géante peinait à y retourner. Cependant, elle se surprenai aussi à ressentir de la peine pour le territoire qui l'avait accueilli et, saisissant ou non la véritable motivation des Pridelanders, Dhoruba s'était promis de lutter aux côtés de son roi et de la régente. Elle savait qu'Alois ne vivait plus que pour cette guerre, et que son propre apaisement ne durerait pas. La lionne avait besoin de se décharger, de retourner ses griffes contre quelque chose, alors autant que ce soit une cause juste. Au fond, elle savait aussi qu'il serait plus saint que ses prochains petits grandissent loin de la lande, peut-être fertile parce que beaucoup de sang y avait coulé.

Heureusement, Malkia semblait aussi porter l'espoir en elle. En l'écoutant comme un lionceau, la jeune femelle fermait petit à petit les yeux. Esprit simple rassuré par les mots se voulant plein d'espoirs d'une régente pourtant encore remplie de soucis. Mais pour l'instant épuisée, Dhoruba se contentait d'imaginer la terre de Pridelands retrouvée, motivée par l'image d'un Alois enfin un peu appaisé, prêt à éduquer ces enfants qui n'étaient pas réellement les leurs. Dans sa grande naïveté en effet, la géante rousse était persuadée qu'à son instar, son compagnon possédait le même instinct paternel. La vie avait voulu que ces lionceaux soient conçus, la lionne ne saurait les rejeter pour ce que leur avait fait leur père. Ces derniers en naissant étaient blancs comme neige, il suffisait juste de les éduquer adéquatement. Après tout, n'était-elle pas elle-même différente de ses géniteurs pour lesquels elle n'éprouvait plus que du mépris ?

Désormais endormie, Dhoruba entendit les dernières paroles de la reine comme un flot puissant qui cognait agréablement dans ses tempes. A l'égal d'un ruisseau énergique, il brassait les muscles cérébraux de la lionne, la motivant d'avantage encore. Sa queue remuant légèrement dans son sommeil, la géante laissa s'échapper un
-Oui, ce sera bien.

De ses babines, entrouvrant les yeux pour mieux les fermer malgré sa lutte pour demeurer éveillée. Bercée, et pleine d'espoirs, ignorant que ses souffrances ne faisaient que commencer -au contraire de ce corps lui réclamant le repos par anticipation apparemment.- Dhoruba se mit à sourire. Un sommeil sans culpabilité, celui des simples et des justes d'esprit.

[HJ: Voilà terminé Désolée, je ne pouvais pas poster plus tôt. En espérant que ce rp test porte ses fruits, même si je n'en doute guère, mais qu'il t'aura aussi apporté autant de plaisir qu'à moi.]