Tout était calme aujourd'hui, peut-être un peu trop calme. Tahora était allongée à l'ombre de l'immense Baobab, profitant d'une légère brise qui venait lui rafraîchir le pelage. Il faisait tellement chaud ces derniers temps, s'agiter dans tous les sens était difficile, même pour elle. La petite féline s'était entraîné toute la matinée, profitant que le soleil n'était pas encore trop brûlant, mais à présent que midi approchait, elle n'avait plus la force de bouger. Les yeux mis clos, elle voyait, au loin, les mâles s’entraîner. La guerre approchait, et malgré le calme qui régnait, la tension était palpable. Tahora avait hâte que tout cela commence, et se termine. Elle ne réalisait pas encore que la bataille aurait de graves conséquences, ou peut-être le savait-elle au fond d'elle même, mais ne voulait pas le voir. Elle resterait au Baobab pendant que les adultes iraient se battre pour récupérer ce qui appartenait aux Pridelanders : le Rocher de la Fierté. Les Nyeusis l'occupaient depuis bien trop longtemps désormais, Kumpa allait lancer l'assaut. Tahora avait confiance en son roi, il allait réussir, il ne pouvait que réussir. Elle ne devait pas s'inquiéter, pourtant elle avait une boule dans le ventre depuis quelques jours et des vagues d'adrénaline la traversaient lorsqu'elle regardait ces guerriers se battre, les muscles tendus.

Pourtant, il n'y avait aucune raison de se faire du soucis, non ? Kumpa savait ce qu'il faisait, il avait rassemblé ses troupes. Les Nyeusis n'étaient pas très nombreux, mais ils avaient les Freelanders pour les aider, et sans doute une partie des Outlanders. Toutes ces questions politiques étaient fort compliqués pour une enfant de l'âge de Tahora, mais cette dernière tâchait de s'y intéresser et de comprendre ce qu'il se passait. Un jour, elle serait importante pour son clan. Un jour, elle serait utile. Et pour cela, elle devait se préparer dès maintenant, être capable d'analyser les événements qui se déroulaient sous ses yeux. Elle savait que les Nyeusis avaient attaquer Prideland pour prendre le territoire et chasser le clan de chez lui. Ils y étaient parvenu grâce à l'aide de Sharkan, qui était lui-même devenu le tyran de Freeland grâce aux lions noirs. Outland était également alliée avec les Nyeusis, mais Tahani, l'héritière, était amie avec Kumpa, et il y avait de fortes chances qu'elle se range de leur côtés, ce que son père, Massempo, le roi, n'approuverait pas. Tahora soupira. Elle avait mal au crâne avec ces histoires ! Elle passait des heures à demander à sa mère de lui expliquer toute la situation, et ensuite encore des heures à mettre de l'ordre dans son esprit pour comprendre.

La petite lionne estimait avoir le droit à un peu de repos dans toutes ces réflexions à présent, et elle posa sa tête sur ses pattes pour profiter de la quiétude du moment. Cependant, alors qu'elle se détendait, Tahora entendit une voix qui lui disait quelque chose. Ses oreilles se dressèrent aussitôt sur son crâne, et la jeune féline leva le museau, à la recherche d'une effluve familière. Oui en effet, quelqu'un venait d'arriver au Baobab, et elle connaissait cette personne. La Pridelander se redressa et regarda autour d'elle, prise d'une soudaine curiosité. Un sourire apparu sur son visage, lorsqu'elle aperçu la silhouette du petit lionceau noir qu'elle avait rencontré quelques jours auparavant : Sadaka. Ils ne s'étaient pas quitté en très bons termes, mais Tahora était bien décidée à aller parler à ce jeune voyageur. Elle se dirigea donc vers lui en trottinant, un sourire sur les babines.

- Salut Sadaka ! Tu te souviens de moi ? Qu'est-ce que tu fais ici, tu te balade ?

Elle espérait à présent qu'il ne réagirait pas mal à son approche, elle voulait seulement se montrer gentille avec lui. Lors de leur rencontre, elle avait sentie beaucoup de troubles en lui et s'était promis d'essayer de l'aider, même si elle ne savait pas trop comment faire. Il était temps de se rattraper pour ses maladresses de la dernière fois, elle devait éviter d'évoquer le fait qu'il allait peut-être rejoindre Prideland, car sa mère était désormais la compagne de Kumpa.

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Spoiler:

Aujourd’hui sa mère avait décidé de l’emmener avec elle au baobab. Il ne tenait pas plus que ça à voir Kumpa mais il était ravi que Kuzali l’invite à l’accompagner. Cette escapade le sortirait de sa solitude actuelle et lui changerait un peu de la lande. Bien que le baobab ne soit pas très loin, ils profiteraient également du chemin pour se retrouver un peu. Sadaka était heureux de voir sa mère. En ce moment il allait souvent s’exiler seul et cette trêve était agréable. Sa mère semblait plus qu’épanouie ces derniers mois et, bien que le lionceau soit peu souple sur la question, il ne pouvait enlever ça à Kumpa. Il rendait sa mère heureuse. Le trajet s’effectua vite. Maintenant que Sadaka avait grandis la distance ne l’essoufflait plus, et, de part le fait qu’il connaisse le chemin, la route paraissait de moins en moins longue. Il ne se rendait que rarement dans le repère des Pridelander, préférant rester loin de tout ça tant qu’il le pouvait encore. Mais dès qu’il acceptait d’accompagner sa mère il pouvait voir le bonheur sur son visage. De plus, depuis qu’il avait apprit la vérité sur ses origines, il arrivait mieux à appréhender les regards en biais.

Alors que le duo arrivait Sadaka lâcha sa mère. L’atmosphère qui régnait par là était étrange. Une espèce de calme en tension. La chaleur en avait assommé quelques uns, leur offrant le luxe d’une sieste. Cependant, au dessus des lions, planait une attente et l’appel de la guerre. Le lionceau de suie avait plus ou moins suivit les préparations de Kumpa face aux « maudits Nyeusis ». A la pensée d’un tel combat le petit ne put s’empêcher de frémir. Il ne savait pourquoi mais une espèce de pitié naissait chez lui pour ce père qu’il n’avait pas connu. Il ne souhaitait pas sa mort, et surtout pas de Kumpa son bourreau. Non, ce roi là ne lèverait pas la patte sur son paternel - en même temps, vu ce qu’il représentait aux yeux de Sadaka, peut être n’avait-il pas de raisons de s’inquiéter plus que ça. Il voyait mal le mâle orangé tenir tête à un gros lion noir qui lui serait, en taille, deux fois supérieur. D’ailleurs le petit se voyait digne fils de Nyeusis. En effet, entouré par quelques lionceaux curieux, mais du même âge, il se rendit vite compte qu’il les dépassait d’au moins une tête, et son gabarit était tout aussi imposant.

Derrière lui Kuzali avait rejoint Kumpa qui lui fit un petit signe de tête en guise de salut. Sadaka, toujours poli, répondit d’un simple :

« Bonjour » nu de sourire et ce fut tout. A peine arrivé il se demandait déjà pourquoi il était venu quand il entendit une voix l’interpeller. C’était Tahora, une jeune lionne qu’il avait déjà rencontré. Il avait prit la fuite face à ces certitudes et son amour pour Prideland. Aujourd’hui ça serait peut être différent. Puis, pour être honnête, il n’avait pas très envie de rester en groupe, en proie au jugement permanent de ces enfants encore crédules.

« Bonjour Tahora, oui je me souviens bien ! Je… je t’ai quitté un peu brusquement. J’accompagne ma mère, elle est là bas tu la vois ? » D’un geste précis il lui montra Kuzali du bout de la patte. Pour lui c’était normal, mais Tahora ne devait pas en revenir de voir cette lionne couleur soleil mère de… suie ? Il reposa ses yeux dorés sur la lionne en lui offrant un sourire. Il était content qu’elle ne lui tienne pas rigueur de son abandon et, qu’au contraire, elle lui tende une seconde patte. Prêt à saisir l’occasion le lionceau amorça la conversation :

« Comment tu vas toi ? »

Semi-Absence du 17/06 au 01/09

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Lorsque le regard du lionceau sombre croisa celui de la jeune Pridelander, cette dernière fut soulagée de n'y voir aucune rancune. Il paraissait toujours préoccupé mais un petit sourire apparu tout de même sur ses babines lorsque Tahora le salua. La petite lionne arborait désormais une expression avenante, les yeux grands ouverts plein de curiosité. Il ne s'était pas grand chose depuis la dernière fois qu'elle avait vu Sadaka, les jours avaient paisiblement défilés, tandis que le combat contre les Nyeusis approchaient de plus en plus, sans incident majeur. Tahora avait passé du temps avec sa fratrie et avec ses camarades de clan de son âge, des activités absolument normales pour une enfant, en soi.

- Bonjour Tahora, oui je me souviens bien ! Je… je t’ai quitté un peu brusquement. J’accompagne ma mère, elle est là bas tu la vois ?

Le regard de la féline glissa dans la direction pointé par le lionceau, s'attendant à trouver une lionne au pelage sombre. Sa surprise fut grande lorsqu'elle vit que Sadaka désignait une belle femelle à la robe dorée, absolument magnifique. Pourtant, en croisant brièvement son regard, Tahora eu l'impression de voir les yeux du petit voyageur, et ne fut donc pas si étonnée que ça. C'était donc elle, la fameuse compagne de Kumpa ? Elle était très belle, il n'était surprenant que le monarque ait des sentiments pour elle. La jeune Pridelander ne comprenait pas grands choses aux grandes personnes et encore moins à l'amour, mais la situation ne lui paraissait pas si étrange. Certes, elle aurait trouvé plus normal que le roi s'intéresse à une lionne du clan, mais Tahora avait entendu parler de Kuzali, la lionne dorée, qui l'avait aidé à délivrer Malkia, sa mère, des griffes des Nyeusis. A présent, l'enfant faisait le lien entre cette histoire et la génitrice de Sadaka, tout semblait clair. Décidément, les histoires des adultes étaient compliquées. Heureusement que Tahora aimait se mêler de tout, elle parvenait au moins à se tenir un minimum au courant. Elle commençait à comprendre que Kuzali allait devenir reine, si elle était la compagne de Kumpa. Cela ferait-il de Sadaka un prince ?

- Comment tu vas toi ?

Perdue dans ses réflexions, Tahora se rendit à peine compte que le lionceau noir lui souriait, le regard adouci. Son constat intérieur la troublait. Elle ne savait pas comment il fallait se comporter avec un membre de la famille royale, elle ne s'était jamais posée la question. Elle n'avait encore jamais eu l'occasion de parler directement avec Kumpa, Nawapa aurait été furieuse que sa fille aille importuner le roi. Peut-être se prenait-elle la tête pour rien, après tout. Sadaka n'avait pas l'air de se comporter comme un prince, elle n'avait pas à changer d'attitude avec lui. Elle ne devait pas le considérer différemment parce que sa mère était la compagne de Kumpa. Tahora répondit donc par un sourire amical et s'assit nonchalamment devant lui, la queue enroulée autour de son petit corps.

- Ça va. On est tous un peu nerveux en ce moment, avec la guerre qui se prépare. Les guerriers s'entraînent tous les jours, ma mère aussi... J'ai hâte que tout ça soit fini !

Elle avait opté pour l'honnêteté. Après tout, si elle voulait aider Sadaka dans ses tourments, elle devait être sincère avec lui. Elle espérait que cette fois, elle éviterait les paroles malheureuses. Elle devait absolument éviter de parler de la relation de la mère du jeune mâle avec Kumpa, et de la possibilité qu'il rejoigne le clan. La dernière fois, cela avait eu comme conséquence de le faire fuir, et elle ne voulait pas réitérer l'expérience. Il existait plein de sujets de conversation après tout, elle pouvait bien trouver quoi dire ! Evidemment, elle voulait essayer d'aider Sadaka, elle avait senti tellement de trouble en lui... Mais elle ne le connaissait que peu et ne pouvait pas le questionner directement sur ce qui le taraudait, il ne lui répondrait sans doute pas. Il était préférable qu'elle apprenne à le connaître un peu avant. Elle lui demanda alors, prudemment :

- Et toi, ça va ? Quoi de neuf ?

C'était une question banale mais elle espérait ainsi en apprendre un peu plus sur ce jeune voyageur plein de mystères. Pourquoi avait-il si peur de vivre avec un clan ? Pourquoi la relation de sa mère avec Kumpa l'énervait-il ? Pourquoi éprouvait-il de la rancœur envers le roi de Prideland ? Elle n'aurait sans doute pas de réponse immédiatement, mais c'était une bonne entrée en matière.

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Spoiler:

La guerre, la guerre, toujours la guerre. Il ne put s’empêcher de lever au ciel. Décidément, ils n’avaient que ce mot à la bouche sans se rendre compte qu’ils n’avaient aucune chance. Bien sur Sadaka se retint de tout gâcher. Il ne voulait pas mettre Tahora en colère, surtout si sa mère était impliquée dans tout ce remu-ménage. Mais ne pouvaient-ils pas se rendre compte que cette bataille était vouée à l’échec ? Les Nyeusis ne feraient qu’une bouchée de Kumpa et son peuple, c’était une évidence… Peu fier de ses ressentis face à une jeune lionne si bornée il toussota un peu, afin de ne pas la mettre mal à l’aise - comme si elle eut peut lire ce qu’il se tramait dans sa tête. Changeant assez vite de sujet - peut être lisait-elle vraiment les pensées des gens - elle se mit à parler de banalités. Bon, soit.

« Euh, oui oui tout vas bien… » Il ne voyait pas vraiment quoi ajouter. Non, il n'allait pas très bien. Les dernières nouvelles n'avaient provoqué en lui que confusions et mal-être. Bien qu’il fut vantard pour un temps, la réalité l’avait bien vite rattrapée et il ne pouvait pas se vanter des nouveautés à propos de sa paternité. Cependant, tilt ! Il se rappela rapidement que Tahora lui avait, elle, déjà parlé de son père en le décrivant comme quelqu’un de mauvais. Peut être n’était il pas Nyeusis - après tout, peu de lionnes devaient avoir subit le sort de sa mère - mais elle devait avoir des choses à lui apprendre.

L’enfant se mit à regarder autour de lui. Du monde, des lionceaux jouaient, des adultes circulaient. On ne pouvait pas parler de ça ici. Sadaka s’approcha de l’oreille de Tahora pour lui murmurer :

« Viens avec moi j’ai quelque chose à te demander. » D’un coup d’épaule amical il la poussa un peu pour l’inviter à se trouver un coin plus calme. Il s’approcha des quelques buissons qui se trouvaient là, cherchant la meilleure des cachette pour la conversation qui s’annonçait. Il ne voulait pas de trouble fête ni d’interruption ! Voilà, le lieu parfait s’offrait à eux. Un petit havre de paix entre les feuilles était là, face à lui, leur permettant l’intimité nécessaire à ce genre d’intervention. D’habitude peu entreprenant, le petite n’avait même pas remarqué à quel point son invitation avait put paraitre un peu rustre. Voilà, il se posa alors, la tête haute et le regard grave.

« J’aimerais bien que tu me parles de… ton père. » C’était assez direct, surtout pour quelqu’un qu’il ne connaissait quasiment pas. Cela dit, il espérait qu’elle se ferait compréhensive. Il ne pouvait se confier à elle à coeur ouvert comme ça. Il avait besoin d’entendre ce qu’elle avait à lui dire avant d’en aller aux effusions...

Semi-Absence du 17/06 au 01/09

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La réaction du petit lionceau noir, gênée, interloqua Tahora. Elle se souvint qu'il n'aimait pas trop Kumpa, se trouver ici ne devait donc pas énormément lui plaire, et encore moins parler de la guerre qui se préparait. Elle se félicita d'avoir tourné la conversation vers lui, mais cela ne marcha pas aussi bien qu'elle l'avait espéré. Il n'avait peut-être pas grand chose à dire. Il répondit simplement, sans s'étendre d'avantage, laconique. Tahora se mordilla la babine, commençant à regretter de l'avoir abordé. D'habitude, elle était douée pour se faire des amis, car les enfants de son âge, surtout les mâles, acceptaient toujours de jouer à la bagarre ou à la chasse. Mais avec Sadaka, c'était différent. Il avait l'air si mature et si calme, elle n'osait même pas le proposer ce genre de jeu. Il était sans doute au-dessus de tout ça, et cela mettait Tahora quelque peu mal à l'aise. Elle était en train de se demander comment aborder de nouveaux sujets de conversation lorsque le jeune mâle déclara, en la poussant un peu de l'épaule.

- Viens avec moi j’ai quelque chose à te demander.

Cette remarque l'étonna grandement. Il avait l'air déterminé à parler de quelque chose en particulier, mais ne voulait apparemment pas le faire au milieu du Baobab. Qu'avait-il de si important à demander ? Des centaines d'interrogations naissaient dans l'esprit de la Pridelander, alors qu'elle suivait Sadaka vers un coin plus tranquille, à l'abri des regards. La curiosité la dévorait à présent, mais elle le laissa aborder lui-même le sujet, pour ne pas le brusquer. Elle ne le connaissait pas beaucoup, mais elle avait compris qu'il était plutôt réservé, comme lionceau. Étrangement, même s'il était un peu bizarre et qu'il n'était pas en accord avec sa manière de pensée, elle l'aimait bien. Elle avait envie de l'aider, de découvrir ce qui le travaillait tant. Une fois qu'ils furent loin du groupe de lionceaux qui jouaient un peu plus loin, le voyageur déclara :

- J’aimerais bien que tu me parles de… ton père.

Tahora haussa un sourcil, interloquée par la question du jeune mâle. Son père ? Pourquoi voulait-il qu'elle lui parle de lui ? Elle avait brièvement évoqué ce sujet lorsqu'ils s'étaient rencontré, mais elle n'était pas du genre à faire de grands discours sur lui. Elle ne le haïssait pas comme Sahale et il ne la fascinait pas non plus comme il fascinait Nedge. Elle acceptait son existence mais ne voulait pas de lui dans sa vie. C'était tout. Pourtant, si Sadaka le lui demandait, elle pouvait bien en parler un peu, cela ne coûtait rien après tout. Comment aborder les choses ? Sadaka n'avait pas l'air de porter un jugement sur ses origines, sans doute était-il juste curieux, mais parler de lui était toujours un peu difficile. Impossible de prévoir comment il allait réagir. Enfin, Sadaka n'était pas un Pridelander, il ne détestait pas les Nyeusis. Ce serait sans doute plus facile.

- Euh, d'accord, si tu veux. Je ne sais pas grand chose de lui, je ne l'ai jamais rencontré. Il s'appelle Kigeni, et il est avec les Nyeusis, même s'il n'en est pas un à proprement parler. Ma maman l'a rencontré en s'aventurant près du Rocher de la Fierté. Ce n'est pas un lion très gentil et il lui a fait du mal. Comme les Nyeusis, il a le poil foncé, mais il n'est pas noir, et il est moins massif. Enfin, c'est ce qu'on en dit en tous cas.

Elle fit une petite pause. Elle n'avait pas parlé d'un ton particulièrement ému, juste hésitant, presque machinal, le regard rivé sur le sol. Elle ne voyait pas quoi ajouter pour achever ce portrait, il lui semblait avoir tout dit. Enfin, elle ne précisait pas qu'elle n'avait pas très envie de le rencontrer, pour des raisons évidentes, et qu'elle ne le considérerait jamais comme un père. Elle n'avait pas de père de substitution non plus, puisque sa mère n'avait pas de compagnon, et cela lui allait très bien. Elle vivait parfaitement bien avec sa fratrie et Nawapa, ils n'avaient pas besoin de quelque de plus dans leur famille. Tahora redressa la tête et demanda, d'une petite voix :

- Pourquoi tu voulais savoir ça ?

Peut-être que finalement, ça l'émouvait un peu, de parler de son père. Elle avait beau faire la fière, affirmer qu'elle s'en fichait, elle avait peut-être envie d'avoir un père, parfois. Juste parfois.

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Spoiler:

La jeune lionne ne fut pas évasive dans ses propos. Elle répondit à Sadaka avec une franchise épatante et se révélait être, tout comme lui, fille de Nyeusis. Le lionceau ouvrait des yeux ronds. C’était, après tout, la première fille de Nyeusis autre que lui qu’il rencontrait. Cependant, comme elle le précisa, lui n’était pas ébène. Il était donc plus facile pour Tahora de se fondre dans le paysage. Cela dit, Sadaka avait du mal à comprendre. Il pensait que tout les Nyeusis avait un pelage similaire au sien, pourquoi le père de la femelle faisait tâche dans le tableau ? De plus, quelque chose titillait le jeune mâle. Tahora semblait réciter une leçon lorsqu’elle parlait de ce lion qu’elle appelait père. L’appréciait-elle seulement ? Soit, il était Nyeusis, ça c’était un fait, mais pourquoi avait-elle l’air si détachée ? Lui l’avait apprit il y a peu de temps et n’avait pas le recul nécessaire surement, en discuter avec elle était peut être la meilleure des choses pour calmer sa colère et la tempête qui faisait rage dans sa tête et dans son coeur. Il l’avait apprit depuis peu et, hormis son ami Akhet, il n’en avait parlé à personne. C’était dur pour lui à gérer, et il espérait que Tahora saurait être la bonne enseignante.

« Je suis désolée si j’ai été indiscret c’est juste que j’ai récemment appris que mon père aussi était… un Nyeusis. » Il ne savait pas tellement comment amener la conversation, ni sous quel angle l’aborder. Il avait tant de questions et en même temps il n’arrivait pas à poser les mots. Allait-elle comprendre son appel à l’aide. Le pourquoi avaient-ils à subir ça ? Le comment faire face à ces lions qui les regardaient en biais pour un crime qu’ils n’avaient pas commis ? Comment, après ça, pouvoir agir en lion libre ? Oui, des questions il en avait à la pelle. D’autres encore lui titillaient la gorge, mais jamais il n’oserait en parler à Tahora. Il avait déjà eu du mal à se confier à Akhet, son très bon ami, sur ce sujet. Amener les choses sur ce terrain sinueux que celui de l’admiration malsaine pour ce fameux Nyeusis était à éviter. Valait mieux ne pas se faire trop d’ennemis ici, après tout, il était condamné à devoir passer le reste de sa vie avec ces gens - ou en tout cas une bonne partie (de sa vie) - pour l’instant il fallait faire le minimum. Puis, le Nyeusis qu’il était avait un champs d’action plus restreint, bien évidemment ses mouvements pouvaient être différemment interprétés…

« Est-ce que tu peux me raconter toi, comment tu vis ça ? Je… » Non, plus de je. Plus rien. Il n’arrivait vraiment pas à commencer, à faire le premier pas. Beaucoup de choses rentrait ici en jeu et l’information était trop récente pour arriver à faire le tri, le bon tri. Avec Akhet il s’était montré brave et consciencieux, avec Tahora voilà qu’il était plus timide. Son monde était en changement et dans sa tête c’était le flou total. Son ton changeait au rythme des rencontres, tel le caméléon, il faisait profil bas. Cependant, son estime et sa fierté en prenait un coup, il détestait ça.. il voulait comprendre, digérer et être lui, être entier…

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L'expression ahurie de Sadaka n'échappa pas à la petite Pridelander, mais elle fut soulagée de n'y voir aucune animosité. Ce n'était pas si étonnant, le voyageur n'avait pas le même rapport avec les Nyeusis que les membres du clan, il n'avait aucune raison de les détester. Il semblait toutefois à Tahora que Kuzali, la mère du lionceau noir, avait aidé la reine Malkia à se libérer des griffes de ces monstres. Elle avait donc été impliqué dans ce conflit, Sadaka devait connaître cette histoire. Après plusieurs secondes d'un silence assez lourd, le jeune félin déclara :

- Je suis désolée si j’ai été indiscret c’est juste que j’ai récemment appris que mon père aussi était… un Nyeusis.

Tahora cligna des yeux. D'étranges émotions se disputaient en elle, mais curieusement elle n'était pas si surprise que ça. C'était plutôt comme si elle s'était doutée de cela depuis le jour où elle l'avait rencontré. Avec son pelage sombre, elle avait été, sans le savoir, mis sur la voie. L'idée ne l'avait pas effleuré pourtant, mais au fond d'elle, elle avait compris que quelque chose la liait à Sadaka. Elle le regarda droit dans les yeux, avec la sensation que leur rapport ne seraient plus les mêmes. Quelques instants auparavant, il était encore ce lionceau un peu triste et réservé qu'elle avait rencontré dans la Lande et avec qui elle n'avait que bien peu parlé. A présent, une sorte de fil invisible était tendu entre eux. Tahora comprenait d'avantage pourquoi Sadaka était ainsi, mature et posé. Il en avait plus sur les épaules que grand nombre d'enfants de leur âge. Qui plus est, s'il avait appris la chose il y a peu, cela devait être plus difficile encore à encaisser. La jeune femelle avait connu la vérité dès son plus jeune âge, sa mère ayant refusé de leur mentir. En ce sens, Tahora lui était reconnaissante, car elle avait toujours compris la source des regards parfois méfiants des membres du clan à leur égard.

- Est-ce que tu peux me raconter toi, comment tu vis ça ? Je…

Sadaka avait du mal à aller au bout de ses phrases, la Pridelander pouvait sentir tout son trouble et ses inquiétudes. Elle savait ce qu'il ressentait, car elle était passée par là elle aussi. Elle s'était demandée où était sa place, que signifiait avoir un père Nyeusis, comment assumer le regard des autres, comment assumer ce qu'on était. Toutes ces questions, elle les avait tourné et retourné dans son esprit, et elles tourneraient encore dans l'avenir, c'était sûr. Sa déterminé et sa fierté étaient toutefois grande, et cela l'avait aidé à aller de l'avant malgré cette sombre vérité. Elle avait voulu aidé Sadaka en le voyant le regard chagriné, déjà à leur première rencontre, et elle savait désormais qu'elle pouvait lui venir en aide.

- Au début, quand notre mère nous a dit la vérité, j'étais terrifiée. Je ne pouvais admettre l'idée que mon père soit une mauvaise personne. Puis j'ai compris que ce n'était pas mon père qui définissait ce que j'étais. Je suis une Pridelander, je suis la fille de Nawapa, je suis la sœur de Nedge, Sahale et Sora, je suis une future chasseuse. Voilà ce que je suis. Mon père n'y changera rien, et peu importe comment les autres me regardent. Certains voient en nous les enfants d'un monstre et pensent que nous deviendrons nous aussi des monstres. Je leur montrerais qu'ils ont tord, c'est ma plus grande détermination.

Sa voix avait légèrement tremblé sous le coup de l'émotion et de la fougue qui l'emportait lorsqu'elle parlait de ses rêves. Elle ne s'était jamais laissée démonté par les regards méfiants et les remarques blessantes, elle savait ce qu'elle valait et ne reculerait jamais. Elle ajouta, après avoir pris une grande inspiration pour se calmer.

- On ne réagit pas tous pareil. Ma sœur Sahale déteste notre père. C'est aussi elle qui lui ressemble le plus, elle est presque aussi sombre que lui, alors beaucoup la regarde bizarrement. J'ai parfois peur que sa haine ne l'aveugle, qu'elle ne vive que pour cela et qu'elle s'empêche d'être heureuse. Mon frère Nedge, lui... Je pense qu'il aimerait rencontrer notre père. Je peux le comprendre, parfois moi aussi j'aimerais avoir un père. Mais je ne veux pas de lui dans ma vie, il a fait du mal à notre mère et c'est notre ennemi. Et puis, il n'a jamais cherché à nous rencontrer. Peut-être qu'il ne sait même pas qu'on existe. Peut-être qu'il s'en fiche.

Tahora essaya de réprimer le tremblement de sa babine, en vain. Elle respira à nouveau longuement. Elle n'était pas habituée à parler de Kigeni ainsi, à évoquer son existence. La plupart du temps, les membres du clan préféraient ignorer l'identité de son père et faire comme si elle n'en avait pas. Et c'était aussi ce qu'elle faisait, la plupart du temps. Pourtant, était-ce honteux de désirer avoir une famille complète ? Comment serait Kigeni s'il était avec eux ? Serait-il gentil ? Elle secoua la tête. Cela ne servait à rien d'imaginer, à part à se faire du mal. Son père n'était pas quelqu'un de gentil, on le lui avait suffisamment dit.

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Spoiler:

Une mauvaise personne. Ces mots revenaient si souvent. La suite arrivait, doucement, et Sadaka prenait une posture d’élève attentif. Lui était fils de Kuzali, enfant de Rono, cousin d’Ishana, ami d’Akhet. C’était une definition assez simple. Etait-ce réellement ce qui faisait de lui ce qu’il était ? Il aurait aimé y croire, mais il était malgré tout convaincu qu’il était également Sadaka, un être unique, à part entière. Un être qui se posait des questions. Bien qu’il eut instantanément envie de rebondir, il ne l’interrompit pas et la laissa continuer. Elle ajouta également qu’elle avait eut droit au même traitement que lui, on l’avait regardé de travers. Leur prouver qu’ils avaient eut tort de la juger était donc son but. C’était tout à fait louable de sa part et Sadaka, bien qu’il ne la connaisse que trop peu, avait confiance en sa réussite. Tahora se mit ensuite à parler de ses frères et soeurs ainsi que de leur ressenti. C’était drôle de voir à quel point les membres de sa fratrie vivait différemment les choses. Quand elle se mit à parler de son frère Nedge le lionceau de suie ne resta pas indifférent. Il se mettait dans la tête qu’il aimerait le rencontrer, comprendre avec lui ce besoin de rencontrer cet être absent et si redouté de tous.

Tahora était, elle, plus radicale. Elle ne souhaitait pas de lui dans sa vie mais, étrangement, ses mots sonnaient étrangement. Beaucoup de peut être. Lui se posait ces questions là également. De part son attitude, Sadaka décelait aussi une vraie peine à évoquer ce père absent et haïs de tous.

« Tu sais Tahora, avec moi tu peux être honnête je ne te jugerais pas… Je comprend ce que tu dis sur le fait que ton père ne te définit pas, mais son absence est-elle sans importance ? Puis même le plus grand des monstre ne peut il pas trouver un peu de place dans son coeur pour ses propres enfants ? Je n’ai pas envie de te faire de faux espoirs, comme toi on m’a assez répété que les Nyeusis n’étaient pas de bons lions, mais toi et moi nous ne les voyons pas uniquement comme des Nyeusis, ils représentent nos pères également… » Il ne savait pas vraiment comme réagirait la femelle face à son discours. Elle semblait ouverte à la discussion et également dans le doute par rapport à l’absence de son père. Cependant elle était beaucoup plus terre à terre que son interlocuteur face à la situation et bien déterminée à ne pas faire rentrer le doute dans sa vie.

« Tu n’es pas obligée de croire en ce que je dis mais c’est juste que je trouve tout ça compliqué et comme tu es la seule fille de Nyeusis que je connais je pense que tu es la mieux placée pour m’aider à comprendre. » Il s’y prenait avec des pincettes, bien désireux de continuer cette conversation sans la brusquer.

« Ils ont chassé les pridelander de leurs terres, certes ça n’est pas bien, mais les luttes de pouvoirs sont ainsi. Regarde les mositu et les jangowas, leurs querelles sont similaires, pourtant on ne vas pas jeter la pierre à a l’un ou a l’autre en les traitant de monstres. » Sadaka savait que les jangowas n’avaient pas bonne réputation, pourtant ils n’étaient pas considérés comme les pestiférés de la terre des lions.

« J’ignore tout des Nyeusis, ou du moins je ne connais que ce qu’on m’a dit d’eux, mais peut être que nos père pourraient trouver une once d’amour pour leurs enfants si ils étaient au courant de leur existence… » Oui, il n’en démordait pas. Il y croyait. Et si ce n’était pas de l’amour, au moins de la curiosité et de l’intérêt… Ô comme Kuzali serait peinée des paroles de son fils…

Semi-Absence du 17/06 au 01/09

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L'expression du petit mâle au pelage noir indiquait qu'il écoutait attentivement les paroles de la jeune féline, mais cette dernière ne s'en rendit pas compte. Son regard perdu dans le lointain imaginait un monde où elle aurait eu un père dont elle aurait pu être fière, un père qu'elle aurait aimé et qui se serait soucié d'elle. Un père qui l'aurait encouragé à devenir une grande chasseuse pour le clan et qui l'aurait regardé avec fierté lorsqu'elle s'entraînait. Au lieu de quoi, elle n'avait qu'un nom et l'image d'un lion mauvais, cruel et sans pitié. Les Nyeusis. Tahora n'en avait jamais vu un seul, mais leur nom suffisait à faire frémir n'importe quel lionceau du clan, à attiser la haine de tous les guerriers et d'apeurer les mères. Ils apportaient avec eux la terreur et la crainte, ils représentaient tout ce qu'il y avait de pire en ce monde. Pourquoi fallait-il que son père soit l'un d'entre eux ? Pourquoi celui qui lui avait donné la vie était-il un monstre ? Cela faisait-elle d'elle une créature repoussante ? Elle faisait tout son possible pour prouver le contraire, mais au fond d'elle, elle ne pouvait s'empêcher de douter.

- Tu sais Tahora, avec moi tu peux être honnête je ne te jugerais pas… Je comprend ce que tu dis sur le fait que ton père ne te définit pas, mais son absence est-elle sans importance ? Puis même le plus grand des monstre ne peut il pas trouver un peu de place dans son coeur pour ses propres enfants ? Je n’ai pas envie de te faire de faux espoirs, comme toi on m’a assez répété que les Nyeusis n’était pas de bons lions, mais toi et moi nous ne les voyons pas uniquement comme des Nyeusis, ils représentent nos pères également…

La Pridelander leva les yeux et croisa le regard de Sadaka. Les paroles du lionceau résonnaient dans son esprit, et elle éprouvait un étrange malaise. Elle ne comprenait pas où il voulait en venir. Lui aussi était le fils d'un Nyeusis, sa mère avait été souillé par ces démons tout comme Nawapa, alors pourquoi prenait-il leur défense ? Ils avaient tués tant des leurs, pris en otage la reine Malkia, torturé des petites hyènes pour leur seul plaisir, violenté des lionnes sans défenses, et dévastés Prideland. Ces lions... Parmi eux se trouvaient leur père respectif, mais cela ne signifiait rien. Kigeni était un ennemi, Tahora ne voulait pas de son amour. Comment avait-elle pu le désirer, durant une seconde seulement ? Il avait fait tant de mal autour de lui, il n'était qu'un feu dévastateur, qui dévorait tout sur son passage.

- Tu n’es pas obligée de croire en ce que je dis mais c’est juste que je trouve tout ça compliqué et comme tu es la seule fille de Nyeusis que je connais je pense que tu es la mieux placée pour m’aider à comprendre. Ils ont chassé les pridelander de leurs terres, certes ça n’est pas bien, mais les luttes de pouvoirs sont ainsi. Regarde les mositu et les jangowas, leurs querelles sont similaires, pourtant on ne vas pas jeter la pierre à a l’un ou a l’autre en les traitant de monstres.

Cette fois, Tahora secoua la tête, incapable d'accepter de telles paroles. Non, les conflits entre les autres clans n'avaient rien de similaires. Les Jangowas n'avaient pas pris le chef des Mositus en otage ni torturer des innocents. Les lions des sables étaient réputés pour être de puissants guerriers, intransigeant et fermés, mais ils n'étaient pas des bêtes sanguinaires. Ils protégeaient seulement leur territoire. Les Nyeusis étaient des voleurs. Ils étaient arrivés sur une terre en paix et l'avait détruite. Ils l'avaient souillés. Comment Sadaka pouvait-il être de leur côté ? La petite lionne avait du mal à en croire ses oreilles. Jamais personne n'avait parlé ainsi des Nyeusis, de son père. Tout le clan les haïssait, à juste titre, mais Sadaka n'était pas un Pridelander.

- J’ignore tout des Nyeusis, ou du moins je ne connais que ce qu’on m’a dit d’eux, mais peut être que nos père pourraient trouver une once d’amour pour leurs enfants si ils étaient au courant de leur existence…

Les émotions se mélangeaient dans le cœur de Tahora. D'un côté, tout en elle était révulsé par cette idée, par l'hypothèse même que son père puisse l'aimer. Elle ne voulait pas de lui dans sa vie, elle se l'était suffisamment dit. Mais pourtant, tout au fond d'elle, une petite voix lui soufflait qu'elle aussi désirait avoir un père pour l'aimer et la protéger. Mais ce n'était pas ce père là qu'elle avait, alors à quoi bon rêver ? Elle ne voulait pas passer sa vie à courir après une chimère. Elle avait ses rêves, ses objectifs, elle était loyale à son clan et heureuse d'y appartenir, c'était la plus grande fierté de sa vie. Elle pouvait bien comprendre que Sadaka ait une vision différente, lui qui n'avait pas la même existence que Tahora, mais elle ne pouvait être d'accord avec lui. Lorsqu'elle croisa à nouveau son regard, la peine et la détermination se battaient en elle.

- Je ne veux pas de son amour. Et je ne pourrais jamais lui offrir le mien. Il a fait trop de mal à ma mère, trop de mal à mon clan pour que je l'aime. Lui, et tout les Nyeusis, sont des... Des pourritures pour la Terre des Lions. Ils ont fait des choses tellement horribles, tu ne te rends pas compte. Ils ont capturé notre reine, ils ont fait du mal à des bébés hyènes, ils se sont alliés avec le tyran de Freeland... Avant eux, Prideland était en paix, et puis ils ont débarqués, et volés tout ce qui comptait pour nous.

Peu à peu, la colère et la frustration remplacèrent la tristesse, les yeux de Tahora se brouillèrent de larme. Tant d'incompréhension, tant de doute, tant de rancœur... Elle planta ses prunelles dans celle de Sadaka, laissant tout ce flux de sentiment sortir, prêt à tout balayer sur leur passage.

- Comment peux-tu les défendre ? Il ne s'agit pas de simples luttes de pouvoirs, les Nyeusis sont des voleurs et des tueurs. Je les hais.

Son cœur se serra si fort qu'elle eu envie de vomir. Sa voix, pleine d'agressivité et de passion avait du heurté le lionceau, et elle s'en voulait. Elle savait qu'il devait traverser quelque chose de difficile, et sans doute remettait-il tout en question. Mais pour Tahora, il avait dépassé les bornes. La petite femelle pris une grande bouffée d'air pour essayer de se calmer, et, les yeux rivés sur le sol, elle souffla :

- Désolée. Je ne voulais pas m'énerver contre toi. Tu viens d'apprendre qui est ton père, ça ne doit pas être facile. Moi je le sais depuis longtemps, j'ai eu le temps de m'y faire. J'ai eu le temps de comprendre que ça ne servait à rien d'attendre quoi que ce soit de lui.

Elle n'osait plus affronter le regard de son interlocuteur. Sans doute allait-il partir, la laisser là avec ses doutes, ses interrogations, sa colère et sa peur. Elle n'avait jamais voulu décharger tout cela sur Sadaka, et malgré ce qu'il avait dit, elle appréciait toujours ce lionceau. Elle avait la sensation qu'il cherchait sa place, tout comme elle et sa fratrie, en quelque sorte. Il avait seulement besoin de plus de temps qu'eux pour la trouver. Tahora espérait qu'elle n'avait pas détruit leur amitié, certes naissante, avec ses débordements, mais elle avait peu d'espoir.

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Spoiler:

Il avait allumé un feu ardent et ça se sentit dès que la petite se mit à lui répondre. Des pourritures. C’était peut être facile pour elle de dire ça mais que croyait-elle, que Kumpa et son armée allaient se montrer tendres ? Eux aussi tuerais un jour, eux aussi ferait du mal à des lions. Des innocents ? Peut être pas, et puis même, qu’en savaient-ils tous ? C’était quelque chose de Pridelander ça, de se penser mieux que tout le monde. Cela dit, il n’en voulait pas à Tahora de s’énerver, après tout on avait eu le temps de lui raconter toutes les horreurs des Nyeusis. Lui en avait été écarté. Il savait qu’ils avaient retenus prisonniers des lions, ainsi que des hyènes. Mais n’était-ce pas purement stratégique ? Il y avait là un vrai manque d’empathie. Qu’aurait fait Kumpa - ce héros - si il avait put en faire autant afin d’avoir un moyen de pression sur les Nyeusis ? Il était facile de refaire le monde avec des hypothèses mais ils se devaient d’arrêter de penser qu’eux n’auraient été qu’agneaux si ils avaient, a un moment, eu l’occasion de tenir les rennes.

De plus, elle parlait d’une terre sur laquelle elle n’avait jamais vécue ? Il vouait une haine inconditionnelle au fantôme de son père, mais son amour pour une terre promise toute aussi imaginaire n’était-il pas du même fruit, illusoire ? Semblait qu’ici ils n’aient pas été dans le besoin, pourquoi ce besoin si fort de s’en aller. En tout cas, à son échelle à elle… Elle commençait à crier, violente dans ses mots et dans ses ressentit, face à un Sadaka immobile qui s’essayait à comprendre. On sentait en elle un tiraillement qu’il ne connaissait que trop bien. Cependant, elle semblait plus déterminée que lui à vouloir tenir son père loin d’elle et de sa famille.

Après ces grandes effusions elle s’excusa, reprenant doucement ses esprits. Elle semblait confuse de s’être défoulée sur lui ainsi, mais il n’était en rien fâché. C’était peut être une bonne chose qu’elle s’exprime ainsi. Enfin quelqu’un qui osait la sincérité avec lui… Entre Samekh et ses regards dédaigneux mais dont le silence était le seul mot d’ordre, sa propre mère qui longtemps hésita avant de lui faire part de la vérité…. puis le reste. Ceux qui se contente d’ajouter leur grain de sel dans cette mer de confusion sans apporter aucun éléments de réponse.

«« Ne t’excuse pas je comprend que ça t'énerve tu sais… » Le lionceau posa sa patte sur celle, encore tremblante, de la lionne puis lui sourit. Il n’avait pas envie de rentrer dans le conflit, pas avec elle.

«« Je comprend ta colère tu sais. Je pense qu’une part de moi est d’accord. C’est juste plus fort que moi. Mais nous somme différent d’une certaine manière. Je ne te reproche pas tes convictions, je les comprend juste mal car je n’ai jamais vécu dans la perspective d’un clan. Je suis souvent seul et je me pose beaucoup de question. La vie ne me rattrape pas comme toi, elle m’enfonce. Toi tu peux te distraire, être entourée au quotidien par tes proches et ceux qui te comprenne. Moi on ne me comprend pas, j’en parle à peu de monde et je me perd dans mes certitudes. Je suis désolée de t’avoir fait pleurer… »

Il retira doucement sa patte. Il savait que Tahora comprenait ce qu’il lui disait, et peut être pourrait-elle être alors plus souple face à ce qu’il avait à dire.

«« Après tu as raison mais ne crois tu pas que tout individu qui se sent menacé essaie de mettre les meilleures chances de son côtés ? Kumpa est pour toi quelqu’un de bon car il n’a jamais eut à ne pas l’être. Demain quand il ira se battre ne sera-t-il pas lui aussi un tueur ? » Il avait essayer d’être très doux et avait mit de côté sa rancoeur par rapport au roi de Prideland pour s’essayer diplomate avec cette lionne qui admirait son roi plus que personne. Le sujet des paternels était déjà bien délicat pour en rajouter une couche sur Kumpa.

Semi-Absence du 17/06 au 01/09

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Curieusement, alors que la petite féline s'était attendue à des répliques acerbes de la part du lionceau, puis au départ de celui-ci, il ne se passa rien. Un petit silence pris place une fois les excuses de Tahora proférées, ce qui l'étonna profondément. Elle était encore frémissante de toutes les émotions qui l'avaient bouleverser quelques secondes auparavant et qui continuaient de la secouer, si bien qu'elle pouvait entendre chaque battement de son cœur. Elle espérait que Sadaka ne cherchait pas seulement ses mots pour tenter de lui rendre la monnaie de sa pièce en la blessant le plus possible, mais elle croyait connaître suffisamment du jeune mâle pour juger qu'il ne se comporterait pas ainsi. Il était bien plus mature que la plupart des enfants qu'elle avait rencontré, et sans doute était-ce pourquoi il parvenait à semer tant de troubles dans son esprit.

- Ne t’excuse pas je comprend que ça t'énerve tu sais…

Lorsque le voyageur posa sa patte sur celle de Tahora, cette dernière redressa la tête, surprise. Elle s'était attendue à beaucoup de choses, mais pas à une démonstration de soutien. Sadaka la regardait d'un œil plus doux, et la Pridelander se sentit d'autant plus mal. Pas seulement parce qu'elle avait réagit violemment. Elle se sentait mal qu'un être si gentil et calme puisse défendre les Nyeusis, terribles et violents. Quelles drôles de pensées traversaient donc son esprit d'enfant ? Malgré tout ce qui torturait Tahora, cette dernière se sentie un peu calmé par l'expression du lionceau. Elle sécha ses larmes, sentant sa fierté refaire surface. Elle n'aimait pas se comporter comme une fillette pleurnicharde, elle n'était pas faible, et refusait toujours de pleurer devant les autres. Lorsqu'elle état triste, elle ravalait sa peine et la transformait en rage de vaincre. C'était dans cette rage de vaincre qu'elle puisait pour s'entraînait chaque jour et espérait devenir la meilleure chasseuse du clan.

- Je comprend ta colère tu sais. Je pense qu’une part de moi est d’accord. C’est juste plus fort que moi. Mais nous somme différent d’une certaine manière. Je ne te reproche pas tes convictions, je les comprend juste mal car je n’ai jamais vécu dans la perspective d’un clan. Je suis souvent seul et je me pose beaucoup de question. La vie ne me rattrape pas comme toi, elle m’enfonce. Toi tu peux te distraire, être entourée au quotidien par tes proches et ceux qui te comprenne. Moi on ne me comprend pas, j’en parle à peu de monde et je me perd dans mes certitudes. Je suis désolée de t’avoir fait pleurer…

Les paroles du petit mâle peinèrent Tahora, mais elles démontraient cependant de sa bonne volonté. Il voulait apaiser les tensions qui avaient régné entre eux quelques instants auparavant, et exposait sa situation. Evidemment, il ne menait pas la même vie que la Pridelander, mais si sa mère devenait la compagne de Kumpa, Sadaka rejoindrait-il le clan ? Cette idée n'avait pas semblé lui plaire, lors de leur dernière conversation, et pourtant aujourd'hui il se plaignait d'être seul. Devenir un Pridelander serait un sacré changement pour lui, et sans doute cela l'effrayait-il. Cet enfant était en plein trouble, sa vie était sur le point de changer brutalement, et il apprenait que son père était un Nyeusis. Tout ceci ne devait pas être aisé à gérer, surtout pour un si jeune lionceau, et pourtant Sadaka gardait les pattes sur terre. Rejoindre le clan lui ferait sans doute comprendre que la haine des Nyeusis était justifiée, il pourrait mieux l'appréhender, et il ne serait plus jamais seul. Tahora aurait aimé s'en réjouir, mais les paroles de son interlocuteur ne cessait de tourner dans son esprit. Elle essaya de toutes ses forces d'éloigner ses interrogations, elle aurait de toute manière le loisir d'y penser le soir, lorsqu'elle serait seule face à ses incertitudes.

- Après tu as raison mais ne crois tu pas que tout individu qui se sent menacé essaie de mettre les meilleures chances de son côtés ? Kumpa est pour toi quelqu’un de bon car il n’a jamais eut à ne pas l’être. Demain quand il ira se battre ne sera-t-il pas lui aussi un tueur ?

Une fois encore, Sadaka semait le doute en elle en posant des questions qui la forçait à remettre en question ce qu'elle pensait savoir avec certitude. Il comparait Kumpa aux Nyeusis, mais pour Tahora, cela n'avait rien à voir. Les Nyeusis ne s'étaient pas senti "menacé", ils étaient arrivés sur la Terre des Lions avec la volonté de s'approprier le territoire des autres. Les Pridelanders ne faisaient que répliquer, et reprendre ce qui leur avait été volé. Mais comment expliquer cela au petit voyageur, qui semblait déterminé à vouloir dépeindre les Nyeusis comme des lions comme les autres, ni bon ni mauvais ? C'était peine perdue, pour le moment du moins. Peut-être changerait-il d'avis une fois la guerre terminée, lorsqu'il aurait définitivement rejoint les rangs des Pridelanders. Tahora soupira et répondit, épuisée par toutes ces émotions.

- Non, ce n'est pas pareil... Nous ne faisons que reprendre ce qui nous a été volé. Les Nyeusis n'étaient pas menacé, ils cherchaient juste un endroit dans lequel ils pourraient régner. Ils auraient pu venir en ami et demander asile, ou s'installer sur la Lande des Sans Terres, mais non, ils voulaient tuer. Pourquoi refuses-tu de comprendre ce qu'ils sont...? Que nos pères soient des Nyeusis ne changent rien à leur nature, ils sont mauvais et on fait plus de mal à la Terre des Lions qui quiconque.

Elle poussa un long soupir. Elle n'avait plus la force de s'énerver à présent, elle était juste fatiguée, fatiguée par tout cela. Elle rassembla ses dernières forces et ajouta, en regardant Sadaka droit dans les yeux :

- Moi aussi j'aimerais avoir un père. Mais pas celui là. Je préfère me passer de père plutôt que de m'accrocher à un qui n'a causé que la mort et la destruction autour de lui.

Prononcer ces mots lui avait redonné du courage, elle le sentait. Une énergie nouvelle coulait en elle, mais les incertitudes continuaient d'exister, elles ne pourraient pas toujours les ignorer. Pour l'heure toutefois, elle ne les laisserait pas prendre le dessus.

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Spoiler:

Que vaut une terre d’accueil quand on peut en être maitre ? Décidément, ces deux là ne s’accordait pas et les idées de Sadaka était bien noires comparées à celles de son interlocutrice. Les circonstances faisaient aussi que les valeurs de Sadaka n’étaient pas les même et que la mort et l’attachement était pour lui des idées encore mouvantes. Tahora avait toujours vécue en collectivité, pour elle les autres étaient composant de sa personne, elle avait vécu dans un système de rouage et de normes inculquées à tous. C’était pour eux normal de ne pas tuer d’autre lions, c’était pour eux normal de respecter sa place, son rang. Lui avait vécu dans une famille où les limites étaient plus floues. Samekh avait tué des lions - bien que la relations des deux mâles n’était pas bonne, Sadaka ne considérait pas son oncle comme un monstre pour autant - Kuzali avait également appréhendé la mort, elle avait vécu la douleur et avait cru pouvoir tuer également. En second point, leur famille était très soudées et en même temps très libre. Chacun faisait un peu son petit chemin personnel. Pas de lionne attitré pour chasser pour tous, sa mère lui trouvait ses repas, Samba et Ishana, elles, se débrouillaient de leur côté… C’était comme ça et pourtant ça fonctionnait. Voilà, en conclusion, il voyait bien qu’ils étaient, Tahora et lui, face à un mur. Ce mur c’était juste ça, ils n’avaient pas grandit avec les mêmes armes et voilà qu’ils étaient maintenant assez mûrs pour se permettre de camper sur leur positions. Certes son père avait semé mort et destruction, mais était-ce tout ? Cependant, il ne dit rien, il ne voulait pas la froisser une fois de plus, surtout qu’ils n’avançaient pas, ils ne se comprenaient pas.

Lui souvent très apte à la colère n’était pas fâché contre Tahora de ne pas pouvoir faire un peu de place au doute dans cette histoire. Mais c’était, finalement, également une qualité. Lui se perdait dans le doute et se retrouvait, au bout du compte, bien démuni. Elle, elle savait un point c’est tout, ça faisait gagner du temps, ça c’est sur, mais Sadaka n’était pas pressé. Il trouverait peut être un point d’entente à un moment…

« J’entend ce que tu me dis, et je respecte ton choix Tahora. Je crois que je vais m’en aller, nous nous reverrons bientôt et d’ici là, j’espère que nous auront tout les deux grandis et réussi à s’assouplir… » Il était un peu fataliste sur ce point, autant de determination était dissuasif. Mais l’énergie qu’elle dégageait plaisait à Sadaka et il ne voulait pas lui faire plus de peine que ça, il avait déjà remué pas mal - et ce déjà deux fois - la femelle, c’était déjà trop. Le petit lion lui sourit et fit volt face pour s’en aller rejoindre Kuzali qui semblait sur le départ elle aussi. Il était content de partir, toute cette agitation le mettait mal à l’aise, il n’avait qu’une hâte, retrouver sa liberté.

(fin pour moi, merci de ce RP, et on se recroise sur Prideland )

Semi-Absence du 17/06 au 01/09

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