Voilà de longue heure qu'elle déambule de çà de là sur les terres rudes et fraîches de sa terre natale. Le Royaume du Nord à un charme bien à lui, les paysages abruptes sous ses yeux songeurs, comment est le monde au-delà des montagnes. L'image de son frère glissant vers le lointain passe devant-elle comme un fantôme presque réel. Voilà neuf mois qu'il est partit laissant un vide bien plus grand que ce qu'elle laisse croire dans son cœur. Après tout il a été son tout premier ami, quelques souvenirs d’eux défilent sous ses paupières comme un film qu'on aurait mis sur avance rapide.

Elle secoue doucement la tête pour les chasser, elle n'a pas à être triste Eze vit son rêve. Un rêve qu'il partagera avec elle quand il reviendra. Il lui tarde de le revoir et d'écouter ses histoires. Peu de Nordique peuvent conter ce qu'il y a hors des terres enneigés de leur Royaume. Et oui, ils sont rares ce qui partent. Aimel bien que la curiosité la pique n'oserait quitter les rassurants à pics du Royaume, ils sont une défense naturelles contre le reste du monde. La peur de l'inconnue est commune à chacun, elle apprécie la douceur de son foyer. Enfin douceur, le Royaume du Nord est aussi doux qu'une chute de plusieurs mètres de haut pour un lion non adapté. Néanmoins quand on y est adapté comme elle, c’est doux.


La lionne argentée glissait silencieusement le long des rives du lac, songeuse de tout et de rien, quand un petit bruit lui parvient. Son instinct la fit s'arrêter en pleine marche pour tendre l'oreille, un crissement se fit entendre à nouveau. Elle leva la tête et sonda les paysages de son iris bleuté en direction du bruit qui lui était parvenu. Ses yeux s'arrêtèrent sur une boule de poil grise gigotant entre deux rochers. Contre le vent elle ne put identifier l'animal qui se tenait là et pensant qu'il s'agit peut-être d'une proie se mit à ramper à petit pas feutré vers celle-ci. Une fois suffisamment proche elle bondit sur l'animal, et atterrie lourdement sur celui-ci.

L'animal en question n'était autre que Zwissia une lionne de son clan et très bonne amie à elle. Quand elle se rendit compte de sa boulette elle fit un bon en arrière. Et totalement paniquée elle se confondit en excuse.

- « Zwissia, oh seigneur ! Je suis désolée, ça va ? Je t'ai pas fais mal ? »

Aimel se tortillait sur place mal à l'aise d'avoir sauté sur son amie et un peu inquiète, elle n'y était pas allée de mains morte selon elle.

La lionne s'en voulait légèrement d'avoir ainsi bondit sur sa camarade qui n'avait rien fait de spécial pour mériter un tel traitement. Elle posait sur sa jeune amie un regard attentif afin de voir si elle ne l'avait pas blessé. Aimel s'approcha de Zwissia une fois qu'elle fut détendue et l'examina sous toutes les coutures d'un rapide et non invasif de coup d’œil. Les petits bobos lors des jeux et de la chasse tu connaissais ! Avec Eze vous vous étiez blessé si souvent avec bien moins que ça ! Une fois assurée que son amie n'avait rien de cassé, la lionne se détendit à son tour.

Dans son souvenir elle n'y était pas allée de main de morte. Elle échappas un petit soupire de soulagement, plus de peur que de mal. Mais plus sérieusement, la jeune demoiselle ayant reprit sa contenance lui demanda si elle l'avait plus pour un lapin. En réalité, elle n'aurait pas mis de nom sur l'animal, elle pensait qu'il s'agissait peut-être d'une proie et ne voulait manquer une occasion elle avait bondit. Aimel sourit un peu gênée.

- « On peut rien te cacher ! Encore désolée, de là où je me trouvais je n'ai vu qu'une boule de poil et il ne faut jamais rater une occasion. »

Elle s'assit là où elle se trouvait sans faire de manière, neige ou pas neige sous ses fesses aucune importance. Bon il faut reconnaitre qu'un peu de neige serait plus confortable, mais durant la saison sèche le lac plutôt nu ! En effet l'eau est liquide et la rive est plutôt caillouteuse ce qui n'est pas de tout confort, mais elle n'était pas du genre précieuse et bon quelque part elle pouvait bien se punir elle-même de sa petite bêtise.

- « Tu faisais quoi, juste avant que je t’interrompt ? Je peux peut-être t'aider ? »

Ça c'était tout à fait le genre de la lionne, elle se plierait en quatre pour aider son clan ou encore pour aider un ami. Aimel esquissa un sourire doux et sincère à son amie. Son tempérament généreux lui valait l'affection de bien des lions et lionnes.

La jeune adulte était bien trop gentille selon Aimel, elle aurait pu se faire marcher sur les pattes par des lionceaux des dernières portées. Enfin c'est aussi ce qui faisait son charme, sa douceur et sa naïveté. Elle rendait tout, tout... plus doux ? Contrairement à la lionne argentée elle ne tenait pas rancune aux autres. Enfin après Aimel n'était non plus du genre à en vouloir à la terre entière pour s'être pris les pattes dans une racine. Non, elle devait avoir de bonne raison, malgré son côté susceptible elle ne tenait rancœur aux autres pour les mots qu'ils pouvaient lui dire. Une fois vengée qu'elle leur avait un mauvais tour elle avait tendance à ne plus leur en vouloir. Généralement c'est le manque de loyauté envers sa personne ou le clan qui la faisait sortir totalement de ses gonds.

Zwissia lui sourit et fit le tour de la lionne qui l'avait scruté avec beaucoup trop d'attention sans doute. Sentant l'inquiétude de l'adulte la demoiselle lui montra qu'elle se portait comme un charme, ce qui fit pouffer la dame couleur acier. C'était un petit pouffe amusé par sa propre inquiétude qui se voulait bien démesuré sur le coup, la jeune lionne était surement de cet avis, Aimel s'en faisait un peu trop. Sa phrase lui accrocha un petit moqueur mais affectueux.

- « Ahah, je suis sûre que hors ses montagnes y a des bêtes assez grosse pour faire de toi leur casse-croute. »

Ce n'était pas bien méchant, mais il fallait reconnaitre que la jeune lionne était encore toute fluette Zwissia s'étoffera sans doute en grandissant, un peu comme elle. La carrure des lions et lionnes Nordique était très ronde tu fais de leur musculature plus importante.

Hé bien, elle était deux à ne pas faire grand-chose avant que l'une ne tombe malencontreusement sur l'autre. Au moins maintenant elle faisait toutes les deux quelque chose de plus concret. Aimel suivit le regard de Zwissia sur le lac qui brillait comme un millier de diamant sous les rayons doux du soleil.

- « Ce n'est pas vraiment mon tour de chasse aujourd'hui, donc je ne chassais pas vraiment avant de tomber dessus. Et j'ai déjà essayé quand j'étais enfants et n'était pas très douée pour la pêche à l'époque. »

La lionne suivit néanmoins son amie dans l'eau, histoire de barboter dans l'eau. La saison humide arrivera sans doute bien trop vite et le lac se changera en un glaçon géant alors autant en profiter. Sa comparse se tourna vers elle lui rappelant une seconde fois qu'elle ne lui en voulait pas pour s'être jetée sur elle et Aimel afficha un sourire chaleureux la remerciant de sa sollicitude.

Le monde par delà les montagnes, l'inconnu total, tellement attirant et pourtant tellement effrayant. La mère de la lionne argentée y était morte, alors bien que ce monde l'intrigua elle, autant que n'importe quel de ses congénères n'y aillant jamais mis les pattes, elle avait dû mal à se résoudre à partir. Il se passe là-bas des choses qui la dépasse, comme la guerre, c'est un concept bien des gens de là bas ! Enfin il faut reconnaitre qu'ici dans les montagnes le lion des neiges n'a aucun concurrent, ce qui y rend la vie paisible. Ils n'ont a partager le territoire avec personne et ne se font pas voler la nourriture non plus. Pourquoi quitter un monde en paix ? Pour traverser les ruines d'un autre ? La lionne espérait bien descendre de la montagne un jour, mais ne savait nullement quand elle en aurait le courage réel. Eze était partit lui et elle voulait être là son retour. Qu'il voit un visage familier lors de ses premiers pas dans la neige et qu'il se sente surtout de nouveau chez lui.

Du moins est ce qu'elle espérait, peut-être ne se sentir plus jamais ici chez lui après tout. Tout peut arriver. Le monde change perpétuellement et elle avec lui. Aimel entra dans l'eau froide, son pelage imperméable la protégeant de la température baisse de cette dernière. L'eau n'est pas tellement l'élément des félins, en tout cas ce n'était pas vraiment sa tasse de thé à elle, elle entra néanmoins sans rechigner et s'immergea tout autant que son amie. Battant doucement des pattes sous l'eau pour avancer, le courant que cela générait faisait onduler son pelage et battait sur son cou dans un petit clapotis régulier.

Ce que le lionne sentait surtout c'était que les petites bête aquatique aimait mordiller ses coussinets qui la gênée grandement pour nager correctement. Il lui arrivait de donner des coups de pattes plus violent dans l'eau pour chasser les poissons. Ça chatouillait horriblement, la lionne grommelait dans sa barbe et soupira de soulagement une fois arrivé sur un caillou pas trop loin de Zwissia.

- « Sale petite bête, ils m'ont chatouillé sous les pattes. »

La comparse de la lionne ria d'un bel éclat doux et de légère teinte claire, la voix de l'enfant n'était pas encore totalement figée. Elle avait encore à grandit pour être une adulte et pourtant Aimel la considérait, malgré son jeune âge, comme une amie très chère. La lionne regarda son amie virevolter dans l'eau, glissant dans celle-ci avec autant d'aisance que les maudits poissons qui l'avait taquiné. La voir rire sans jugement, d'un amusement sein et enfantin élargissant le sourire de la femelle argentée.

Le poil humide de son pelage rendait le félin opalescent impressionnant, Aimel avait une musculature dense pour sa petit taille et une fois toute mouillé, bien qu'elle en fusse amincie, on put observer les muscles qui se cachaient dessous. Une brise fraîche vient caresser le pelage humide de la lionne perchée sur son caillou immergé, la main invisible la fit frissonner de froid. Ce qui est tout de même un comble pour un lion polaire, la femelle songea même qu'il fait largement meilleur dans l'eau que hors de celle-ci une fois trempée. Néanmoins elle ne se sentait pas de replonger pour l'instant.

Zwissia lui fit la remarque qu'elle n'avait jamais dû marcher sur des cailloux pointues pour se plaindre des chatouilles que lui avait fait les poissons. La lionne argentée était du genre susceptible et n'apprécia guère cette allusion. Et répondit avec une légère froideur, à la question quelque peu rhétorique de sa congénère.

- « Je tolère bien plus la douleur que les chatouille en fait ! »

La jeune femelle vient se placer à tes côtés, ajoutant qu'il fallait de tout pour faire un monde, ce à quoi elle opina de la tête légèrement observant l'eau cristalline entre ses pattes. Les petits poisson passaient entre celles-ci, nullement conscient des armes qu'elles étaient en réalité. Zwissia sauta sans prévenir à l'eau et rejoignit la rive, laissant la lionne argentée seule au milieu de l'immensité aqueuse. Le jeune félidé s'ébroua créant sur la rive une pluie artificiel qui à chaque secousses s'affaiblissait, récupérant par là même occasion la densité de son pelage. Elle se retourna vers Aimel qui l'observait au milieu de l'eau étincelante, lui annonçant de but en blanc qu'elle avait l'intention de partir des montagnes.

La lionne écouta attentivement sa cadette en sondant l'eau de son regard glacé. La demoiselle lui raconta avoir rencontré une étranger de couleur sombre fort sympathique. Aimel donna un vif coup de patte dans l'eau éjectant un poisson hors de l'eau vers les rochers, la lionne bondit pour l'attraper avant qu'il ne retourne à son habitat naturel et rejoint la rive en sautant de rocher en rocher. Elle rejoint sa comparse, s'ébrouant à son tour avec force.

- « Je n'ai rencontré personne d'au-delà des montagnes ! Hé bien que j'en ai rêvé, j'attends le retour d'Eze. Je ne voudrais pas qu'il rentre et se sente abandonné par la famille qui lui reste. Et je crois que je t'ai battu pour la pêche ! »

Sortie de l'eau l'argentée avait posé entre ses pattes le poisson qui peinait à respirer, privé du liquide qui lui servait d'habitat, il tentait en vain bouge grande ouverte son corps convulsant à cause de la suffocation. La lionne secoua son pelage lourd d'eau, une fine pluie de gouttelettes tomba sur le sur le rivage rocheux. Une bruine artificielle, générait par les soubresauts du corps de la nordique. Elle étira ensuite doucement ses muscles engourdi par le froid du lac.

La jeune lionne s'était excusée de ses paroles, Aimel bien que susceptible perçu dans le regard de sa cadette de la sincérité, elle n'avait aucun intention de la blesser. L'aînée esquissa un sourire amical et bienveillant envers sa benjamine, elle ne lui tiendra pas rancune. Nous faisons tous des erreurs et s'est de celle-ci qu'on apprend le plus.

La lionne ne pouvait prédire l'avenir, elle ne serait donc dire quand elle rencontrerait un étranger dans les neiges éternelles de sa montagne. Rempart imprenable, immense bras de roc sombre les enlaçaient tous, leur créant un berceau naturel. L'argentée ne serait dire non plus quand son frère bien-aimé reviendrait à la maison, vu du sommet des montagnes le monde d'en bas semble très petit, mais sans doute est-il bien plus grand que ce que l'on soupçonne. Puis, il y avait se doute latent qui lui pinçait le cœur chaque jour : reviendrait-il seulement ? Et si il mourait là-bas, loin de son foyer comme leur mère... cette idée la fit soupirer tristement.

- « Si seulement j'en avais le moindre idée, je me ferais sans doute beaucoup moins de souci... »

Le petit compliment de sa congénère lui donna un peu de baume au cœur, elle lui sourit à nouveau en levant son museau rose vers le ciel sonda jugea de l'heure grâce à la position du soleil il se faisait tard. Il était temps de rencontrer.

- « Il est tard, nous devrions y aller. »

Zwissia se fit compatissante au chagrin de la lionne argentée, Aimel parlait rarement d'Eze depuis son départ. Cela la rendait bien trop triste et l'angoissait dans des largeurs sans doute bien exagérée, du moins elle essayait se persuader qu'elle était injustifiée. Elle voulait croire plus que tout qu'il allait bien, que le monde d'en bas qui lui avait prit sa mère ne lui prendrait pas aussi son frère. Il ne pouvait pas être si mauvais ce monde, il ne pouvait pas être plus impitoyable que les montagnes bicolores dans lequel ils avaient vécu. Ils avait traversé de si rude hiver, échappé à des tempêtes de neiges et des avalanche de justesse. La vie n'était pas une partie de plaisir dans les montagnes, le danger est partout ! Alors là-bas, ça ne devait pas être différent, il devait y avoir des difficultés qui leur étaient inconnu, néanmoins Eze était fort et il saurait s'adapter. Les montagnes l'avaient forgé, elle avait fait de lui un lion robuste et la lionne avait foi en lui et en sa réussite. Il reviendrait !

Un lien unique unie les frères d'une même porté. Au fond de son coeur il y avait quelque chose d'impalpable, quelque chose qui n'a pas de nom, qui la persuadait que pour l'instant le mâle blanc, où qu'il soit, allait bien.

- « Je suis sûre qu'il reviendra ! Il gravirait les montagnes avec une patte en moins s'il le fallait. »

Elle jeta un regard songeur sur l'horizon qui doucement changeait de teinte, pour des tons plus chaud. Elle resta là quelques secondes avant que la voix de sa comparse ne lui rappel qu'il fallait rentrer et ne pas oublier sa prise. Ramassant sa maigre prise qui frétillait sur les cailloux, et suivit sa congénère. En silence sa bouche étant pleine. C'était la fin d'une longue journée, le temps du repos était venu une fois rentrée la lionne irait rajouter sa prise à celle de la chasse puis elle irait se reposer.