Il y avait un temps pour chaque chose.

Les grillons venaient de commencer leur douce chorale de la soirée, bien cachés entre les herbes de la savane demeurant figées dans le temps. Le ciel autrefois azuré se dégradait vers un ton plus chaud, brillant d’une clarté orangée chaleureuse qui allait bientôt recouvrir toute la lande, dont mon pelage argenté, qui arborait déjà quelques reflets de feu.
Malgré leur contraste et leurs différences, elles demeuraient inséparables. Tout comme je l’étais avec ma plus chère amie en ce monde, Kuzali. Le rayon de soleil qui réussissait à me réchauffer, a sa simple présence parmi mes pensées, face a mes démons qui lentement avaient pris place au creux de mon cœur.

Mais elle n’était pas seule. A ses côtés, se tenait la mince silhouette qui portait à elle seule toute l’affection que pouvait donner un père à son enfant. Mon fils, Sadaka. Au quand bien même, il n’était de moi, c’était tout comme. J’aurais décroché la Lune pour lui, même s’il m’avait fallu gravir la plus haute montagne pour ça.
Et c’est en cet instant même que je m’apprêtais à le rejoindre, mon estomac palpitant sous la nuée de papillons qui serrait mon ventre, créé par ma joie si intense de le revoir. Je ne pouvais rester à ses côtés, à mon désarroi, mais à chacune des secondes que je passais loin, une partie de mon cœur était resté avec.

Avec lenteur, mes pattes s’avançaient un peu plus vers ses terres sans fin, la démarche calme et fluide. Je savais qu’il devait se trouver quelque part, ici. Peut-être même Kuzali devait être dans les parages, jamais loin de son fils. Mes oreilles se redressèrent doucement a mon approche, attentif aux moindres bruits qui pourraient m’indiquer d’une quelconque présence, que se soit celle de a complice ou celle de mon fils.

Il n’y eu rien pendant plusieurs instants. De mes iris améthyste, je parcourais l’endroit vaste, prêtant garde aux détails de ce paysage. Se seraient-ils déplacés ? Mes sourcils se haussèrent légèrement, à la fois piqué d’une légère inquiétude et devenu quelque peu perplexe. C’est en redressant légèrement le museau qu’une légère odeur me parvint, attirant mon attention. Elle me semblait familière, aussi mes instincts me dirigèrent naturellement vers elle après quelques instants d’immobilité.

RONO ○ Sadaka ?

D’une voix douce et paternelle, j’avais appelé, gardant un air sage sans pour autant paraître fermé. Ma queue ondula avec lenteur derrière ma croupe, frôlant le sol.

Il était là.

Resplendissant, comme toujours. Son pelage sombre se découpait parfaitement dans le décor, illuminé comme du satin par les reflets du soleil. Sa démarche avait changée, plus confiance et agile, tout comme ses courbes se précisaient plus et plus encore, faisant ressortir ses muscles avec légèreté. La croissance lui réussissait. C'était un lionceau en pleine forme, puissant et promis a un avenir brillant.

Un sourire tendre se dessina sur mes babines, prenant une inspiration de fierté en bombant mon torse tandis qu'il approchait, le regard mielleux. Être le père, même adoptif, de Sadaka était l'un de mes plus grands bonheurs. Un bonheur que m'avait accordé ma meilleure amie et petite soeur, que de voir ce petit bout de chou naître.

Prenant le temps d'apprécier le grand sourire heureux de mon enfant et sa voix mélodieuse tintait a mon oreille, mon arrière-train se posa doucement au sol.

RONO ○ Je suis venu voir comment tu allais.

Ma voix était douce, avec un léger ton grave, alors qu'un éclat de fierté illumina mon regard. Maintenant qu'il était a cette proximité, je le découvrais que mieux encore. Au final, mon fils était devenu plus grand que je ne l'imaginais.

RONO ○ Tu grandis si vite...

Avec légèreté, je m'allongeais finalement en face de lui, attentif a ce qu'il pourrait me dire. Ses moindres mots, ses moindres émotions. Tout ce qu'il voudrait partagé avec moi, je le prendrais sans hésitation.

RONO ○ Raconte moi ta journée, si tu le veux bien.

Même si cela pouvait paraître futile aux yeux de certains, quand cela concernait Sadaka, je m'intéressais a tout. Même le plus infime détail comptait.

Une journée bien remplie, a ce que j’entendais.

Néanmoins, un bruit, doux mais présent, s’infiltra lentement à mes oreilles, me faisant légèrement redresser la tête, accompagné d’un pincement au coeur. Un soupir venait d’échapper à mon fils, me rendant plus attentif alors. Qu’est ce qui pouvait bien peser sur son cœur en cet instant, pour qu’il est besoin de l’extériorisé.

Mes mâchoires fermées, il n’y eu besoin de poser la question que le lionceau se lança le premier. Si Kuzali l’avait mis au courant. Haussant légèrement mes sourcils, mon esprit n’eut pas besoin de plus de temps pour percuter que le sujet était celui de son histoire. Mes oreilles pivotèrent légèrement en arrière, gardant mon regard posé sur l’enfant. La lionne dorée avait dût le lui révéler, comme elle l’aurait fait tôt ou tard.
J’étais désolé, par le fait qu’il doive porter ceci. Personne ne méritait de devoir confronter ses origines ainsi et les préjugés qui allaient avec. Je n’étais pas aveugle. Mon fils, pour certains, n’annonçaient rien de bon. Hors, pouvait-on blâmer un enfant dont l’innocence était seulement entachée par tous ces regards circonspects ?

A mon tour, un doux soupir sortit de ma gueule, fermant mes yeux l’espace d’un instant pour les reposer sur Sadaka. Mon air sage n’avait pas disparu, néanmoins, je ne fus qu’un peu plus sérieux. Il se montrait déjà si fort, si fier. C’était réconfortant, hors, cela n’arrivait pas a cacher mon inquiétude. Allait-il le supporter ?

RONO ○ Sadaka.

Doucement, je déplaçais l’une de mes antérieures pour la poser sur son dos, dans un geste paternel et affectueux. Un fin sourire éclaira mon visage.

RONO ○ Sache qu'importe ce que l'on pourra te dire, que ce soit vrai, ou non, tu resteras ce lionceau que j'ai vu, à la naissance, bercé par le soleil, au creux des pattes de sa fille.

Je ne pourrais jamais oublier cet instant. Pas même lorsque je serais aux côtés des grand Esprits. Je veillerais sur lui, ne l’avais-je pas promis.

RONO ○ Ce ne sont pas tes origines qui te définissent. Comme personne n'a le droit de te dire le contraire. C'est ce que tu es maintenant et ce que tu seras plus tard qui le feront. Aujourd'hui, tu es un fils du soleil. Le fils de Kuzali... et le mien.

Qu’importe s’il ne m’appellerait jamais papa. S’il ne me verrait jamais ainsi. Je ne cesserais jamais de le considérer comme s’il était de moi, de vouloir le protéger et le guider.

RONO ○ Dis moi ce que tu as sur le coeur, si tu le veux bien. Tout ce qui peut te passer par l'esprit. Je t'écoute.

Sadaka avait l’air préoccupé. Préoccupé par quelque chose qui lui pesait lourd sur la conscience, peut-être trop.

Le silence qu’il laissa filer m’inquiéta. Je ne pouvais le nier. Mon fils réfléchissait différemment des autres, comprenait des principes que d’autres de son âge ignoraient encore. Mais que pouvait-il bien cogiter de si sombre pour qu’il hésite a ce point à en parler ? Son regard ne cessait d’aller du vide à un autre, cherchant une attache pour finalement la trouver dans mon regard docile, tendre et reflétant ce que celui de tout parent devrait refléter, de l’amour.

Il prit une lourde inspiration, s’apprêtant à me révéler tout ses tourments. J’y étais particulièrement attentif, scellant ma gueule pour lui laisser plein pouvoir sur son temps de paroles.
S’il voulait que cette discussion reste entre nous, alors tel serait le cas. Kuzali m’en voudrait certainement si elle l’apprenait un jour, mais je ne pouvais trahir la confiance de son fils. Avec sincérité, je hochais la tête, prêt à écouter le reste.

Alors le lionceau de suie commença à m’expliquer ses ressentis, vis-à-vis de toute cette situation. Naturellement, les premiers mots m’étonnèrent, mais mon calme semblait inébranlable. Le sujet de ses troubles était son père biologique, comme nous le craignions certainement. Cela ne pouvait être pourtant évité et c’était le meilleur moment pour en parler, aussi me préparais-je déjà a m’ouvrir complètement aux soucis de Sadaka. Qu’ils soient oui ou non, malsains.

Ces mots m’indiquèrent cependant un peu plus de sa relation avec Kumpa. Il le dégradait, aussi pouvais-je deviner qu’il ne l’appréciait pas. Voir pas du tout. Mais là n’était pas le problème. Chaque chose en son temps. Une pause défila alors, puis un silence, qui m’indiqua les derniers mots de mon fils. Mon visage, ou bien même mon regard, n’exprimait aucune colère. Aucune inquiétude, ni même peine. J’étais tout simplement attentif, pensif, à la recherche de mots qui pourraient le guider sur son chemin.

Finalement, j’eus alors un sourire. Un, léger, mais bien présent.

RONO ○ Sache, Sadaka, que tu es le plus brave lionceau qu'il m'ait été donné de connaître.

Avouer tout ceci, était une étape difficile. Surtout quand l’on savait a quel point ce sujet était sensible et apte a provoquer des colères. Néanmoins, je retrouvais une expression sage, plus pensive qu’auparavant.

RONO ○ Le bien, comme le mal, font parti du cycle de la vie. Il y aura toujours de bonnes personnes qui essayeront d'être juste, d'autres neutres et plusieurs qui essayeront de répandre le chaos, a titre personnel ou non. Le cas des Nyeusis est compliqué mon fils, mais laisse moi t'expliquer ce que me disait ma mère, autrefois.

Doucement, mon regard se redressa vers l’horizon. Le ciel orangé, bercé de teintes rosâtres douces et des rayons chaleureux du soleil.

RONO ○ Nous faisons tous parti d'une même ronde. Qu'importe qui nous sommes. Si les Nyeusis sont nés, s'ils sont ici aujourd'hui et qu'une guerre se prépare, c'est pour une raison, que presque tout le monde ignore encore. Moi-même, je ne pourrais te le dire.

Un fin sourire s'étira sur mes babines.

RONO ○ Je comprends ta fascination envers eux. Les rumeurs qui courent, plus terrifiantes ou impressionnantes les unes que les autres. Ces personnes en eux-même reflètent ce qu'on l'on rêve d'être, quelqu'un de fort, d'admirer ou de craint. Une... légende.

Un soupir s'échappa finalement de ma gueule, rebaissant mon regard vers Sadaka.

RONO ○ Mais les Terres de Prideland ont et toujours appartenu a leur peuple. Nombreux sont ceux qui souhaitent s'en emparer, car elle est dites terre paradisiaque. Les Nyeusis ne seront pas les premiers, et surement pas les derniers. C'est un héritage, Sadaka. Comme toi, tu as hérité du sang royal de Kuzali. Il veut simplement reprendre ce qu'on lui a prit injustement et ce pourquoi il est né et a grandi.

RONO ○ Si les Nyeusis sont si forts, c'est parce qu'ils ont eu intelligence de prendre avec eux, des alliés. Nous nous battons a armes égales, a cet instant précis. La guerre est un fléau mon ange. Mais elle ne meurt jamais.

Mon regard se fit un instant peiné, comme mon visage s’assombrit. Ces simples mots me faisaient un mal, je ne pouvais pourtant ignorer la vérité.

RONO ○ La paix ne sera jamais complète, comme le chaos absolu n'existera jamais. Tu sais, Sadaka. Quand les Nyeusis sont arrivés sur ces terres, quand ils n'étaient composés que de leur groupe, ils ont essayer de s'attaquer au Nord, mes terres d'origines.

Les forces blanches les ont balayés, car ils étaient seuls. Maintenant, ils sont plus dangereux que jamais par leur union. Ils sont tout comme nous, mortels.

La vérité, pure, simple. Doucement, je caressais son dos de ma patte, un sourire fin au visage.

RONO ○ Tu as la chance d'avoir le choix et toute ta vie devant toi. La possibilité de pouvoir utiliser cette force d'esprit et de corps a bon escient, car tu l'as en toi et personne ne peut le nier. Tu es entouré par des personnes qui t'aime. Ta vraie famille, ceux qui sont et seront toujours là pour toi.

Utilise la pour les protéger. Car se seront eux ta lumière, quand ton monde se mit en péril.

Je parlais par expérience et cela se sentait, à l’émotion dans ma voix. Si Kuzali n’avait pas été là a la mort de Theluji… Où serait-ce, maintenant ?

RONO ○ J'ai confiance en toi.

Comme soulagé, le lionceau vint se caler contre ma crinière, plongeant sa tête dans mon épaisse toison. C’est avec un sourire infiniment tendre que je le laissais faire, posant l’une de mes antérieures sur son dos avec délicatesse. J’étais si fier de lui. Tenir une pareille conversation, sur un sujet si délicat et pourtant, arriver à la tenir si bien, était bien une preuve de sa maturité. Je savais qu’il comprenait ce que je lui disais, qu’il y réfléchissait.
Presque autant que moi.

Croisant a nouveau mes pattes, je le laissais revenir face a moi, toujours aussi attentif aux mots qui pouvaient franchir ses babines. Même s’ils pouvaient être blessant, autant pour mon être que pour mon statut de parrain, je l’écouterais, jusqu’au bout.

Le fait qu’il considère le lion sombre comme son père, ne me faisait ni chaud ni froid. D’un côté, bien sûr, j’étais atteint, mais de l’autre, j’arrivais à me mettre à sa place. Il était naturel pour lui, sans connaitre la personne, de penser ainsi. Mais c’était aussi de mon devoir de lui rappeler la réalité, qu’elle soit dure, ou non.

S’il savait qui était sa véritable famille, c’était le principal. Mais quand a lui, s’il pouvait l’aimer. Comment pouvais-je lui répondre, sans m’avancer sur le sujet. Mes sourcils se haussèrent un instant, soupirant en redressant mon menton.

RONO ○ Sadaka...

J’allais plonger en avant dans une grande réflexion, mais c’était pour une bonne fois pour toute. Peut-être que dans mon inconscient, je souhaitais ne pas cacher la vérité à mon fils, mais je ne voulais pas la lui imposer non plus.

RONO ○ Je n'ai pas connu ton père, aussi ne pourrais-je pas répondre formellement a cette question...

Je ne pouvais pas poser des mots sûrs sur un sujet inconnu. Quand bien même ce qu’il avait fait, c’était dans ma nature.

RONO ○ Mais je peux m'autoriser a penser que cela ne serait pas le cas, mon ange. Ton père... a fait énormément de mal a ta mère. Si tu n'es pas avec lui en cet instant, c'est qu'il y a une raison a cela, Sadaka. Elle veut te protéger du danger. S'il vous retrouvait, il serait capable de faire énormément de mal a nouveau, autant a Kuzali qu'à toi.

Mes sourcils se froncèrent, dans une expression plus sérieuse.

RONO ○ Les Nyeusis sont impitoyables, comme ils sont redoutables. Ils n'ont pas a hésiter a enrôler des lions a leurs causes, a faire tomber des innocents. Ils ont tués... des figures paternels. L'un d'eux a arracher un Roi a leur clan, laissant des lions détruits. Peux-tu un instant t'imaginer une vie sans Kuzali ?

Je voulais qu’il comprenne le mal qu’ils avaient fait. Et celui qu’ils feraient.

RONO ○ Ils ont tenus prisonniers des personnes innocentes, afin d'assurer leur règne. Rien n'était plus important a leur yeux, que leur fausse couronne. Quitte a répandre le sang et le malheur. J'ai bien peur que s'il ne pouvait montrer ne serait-ce qu'un peu d'intérêt envers son fils, ce ne serait pas par amour, désormais.

Ils ne vous considère pas comme sa famille. Ta mère serait en danger, si votre route venait a recroiser la sienne. Nous ne voulons pas qu'il lui arrive quelque chose, non ?

Non. Je m’avançais sur un bord escarpé, mais je tenais bon, il le fallait, pour éclaircir l'esprit du garçon.

RONO ○ Si nous étions sûr que ton père n'était pas un danger, autant pour toi que ta famille, qu'il pourrait t'apporter l'amour dont tu as besoin, tu serais déjà avec lui en cet instant. Je ne serais pas là pour te parler de tout ceci.

Nous voulons te protéger, comme tu veux protéger ta mère. Est-ce que tu comprends ?

Je fus soulagé de voir qu’il acceptait mes paroles, malgré toute l’indécision qui pouvait se lire dans ses yeux, à cet instant précis. Je le comprenais. Il affrontait la réalité avec tant de bravoure, de façon si solennelle. J’aurais aimé être comme lui, à son âge. J’aurais tellement…
Rien ne servait de repenser au passé maintenant, n’est-ce pas ? Il était trop tard pour cette mélancolie. L’instant présent, était tout ce qui comptait pour moi.

Mon oreille capturant de son lourd soupir, mon regard se posa sur lui, l’observant dans une expression paternelle. J’étais inquiet, comme j’étais confiant. Sadaka portait un poids déjà bien lourd sur ses épaules, a peine âgé de quelques mois. Mais il avait assez de maturité pour réussir à gérer ce trouble, qu’il ne laissait déborder.

Ce qu’il fit presque instinctivement, en changeant de sujet soudainement. Je n’insistais pas plus, a quoi bon. Il me parlait comme il le voulait, quand il le voulait. Je répondais du mieux à ses interrogations, car c’était bien ça, le rôle d’un père. Hors, ses quelques mots attirèrent toute mon attention, étonné de l’entendre parler d’un second problème.

Ma tête se pencha vers lui, tandis que mes sourcils se haussèrent. Kumpa ? Aurait-il… Je n’eus pas à réfléchir longtemps sur la question, que Sadaka me donna une réponse. Leur discussion avait plus été que querelle, apparemment. Je n’étais en aucun point contrarié, ni même en colère, mais bien curieux. Pourquoi donc cette mésentente.

RONO ○ Pourquoi ne l'aimes-tu pas, Sadaka ? A-t-il dit quelque chose qui te déplaisait ?

Mes paroles, en cet instant, pouvait être désarmante, je le savais. J’accusais le Prince plutôt que mon fils, mais n’était-ce pas normal. Je doutais que le lion fauve est été brusque, mais je le connaissais légèrement impulsif, tout comme mon fils, qui pouvait être colérique.

J’appréciais le prince, mais j’aimais mon fils. S’il devait y avoir quelque chose, je prendrais naturellement chaque part des choses, mais je serais là pour lui, quoi qu’il arrive.

Je ne m’attendais pas à une telle tirade, c’était vrai. Mais pourtant, je n’étais pas non plus blasé, ni même en colère. Je me mettais à sa place.

Comment me sentirais-je si ses origines étaient miennes. Si je devais m’adapter à une toute nouvelle vie, alors que ma famille s’était recomposée et maintenant était heureuse, avec ou sans moi. Vivre parmi une famille qui n’était pas la mienne, que je ne comprenais pas et qui ne m’acceptait pas entièrement. Ô, grand dieu. Je me sentirais si mal. Et si en colère.

Mes sourcils se haussèrent dans une expression peinée, posant mon regard empli de compassion et de douceur sur mon fils, dont les yeux si resplendissants étaient plus bas que terre. J’étais désolé de voir tout ce qu’il pouvait traversé, et… surpris, de façon amer. Je savais ce que le clan de Kumpa avait dût supporter, mais était-ce une raison pour haïr un enfant qui n’avait rien fait, si ce n’était d’exister ?

RONO ○ Tu n'as rien dit de mal, ne t'excuse pas.

Parce que Kumpa était mon ami, cela ne voulait pas dire que mon enfant ne pouvait s’exprimer. Que ses mots soient mâchés ou non.

J’avais changé d’humeur, je le sentais. Je n’étais plus aussi calme mais mon trouble restait caché dans mon ombre, alors que mon regard fut attiré par le mouvement de la silhouette du lionceau. Il vint se caler entre mes antérieures qui par chance, était plus larges que celle d’un lion standard. Doucement, elles se refermèrent autour de lui, l’enlaçant tendrement en laissant sa tête s’appuyer contre ma crinière.

Sa question ne tarda pas à arriver à mes oreilles, alors que mon regard se plongeait vers l’horizon. Pourquoi j’étais ici, la réponse était aussi simple que la question.

RONO ○ Je suis venu pour toi.

Un doux sourire étira mes babines, tandis que j’abaissais finalement ma tête vers mon fils, dont les yeux étaient clos. Une soudaine idée, fraîche et folle, m’avait envahi la tête, soudainement. J’étais incertain, mais qui sait.

RONO ○ Sadaka... Pour l'instant, tu es encore jeune. Mais une fois que tu auras atteint l'adolescence, si Prideland ne te plaît pas, cela ne te tenterait pas de partir découvrir les autres royaumes ?

Peut-être aurais-je l’occasion de lui montrer les merveilles du monde. Là où personne ne le jugera, où il pourra courir librement.

RONO ○ Je pourrais t'emmener voir d'autres terres particulières... Y comprit le royaume du Nord. Nous pourrons même y retourner avec ta mère, si elle le peut. Qu'en penses-tu ?