Dans les neiges immaculées de la montagne marchait une silhouette qui, si elle n'était pas blanche, se fondait suffisamment bien dans le paysage pour qu'elle soit difficilement repérable. Le bruit de la poudreuse qui craquait sous ses pattes amena un sourire sur son visage. L'air était froid mais son épaisse fourrure continuait de faire correctement son travail et l'en protégeait efficacement.
Décidée comme elle l'était la lionne partie chasser, ravie de pratiquer cette activité qu'elle aimait tant.

Ses sens aux aguets, la chasseuse était tapi à l'abri derrière un arbre et ses yeux ne quittaient pas sa proie dont la fourrure parfaitement blanche aurait pu la soustraire au regard du prédateur. Toutefois de petits bruits lui avaient permis de repérer un jeune chamois adulte.
Elle avança prudemment sa patte et l'animal releva vivement la tête, scrutant les alentours l’œil alerte. C'était la but de la manœuvre. Dés qu'il regarda dans la direction opposée à la sienne, Sihiri bondit et atterrit sans grâce volontaire sur le dos de la bête, plantant ses griffes pour se maintenir et refermant ses mâchoires sur la nuque de l'animal, le tuant sur le coup.
Elle sauta lestement sur le côté avant que le corps ne chute et commença à le traîner, satisfaite.
C'est lorsqu'elle senti l'air s'alourdir et se réchauffer qu'elle daigna poser un regard sur le lieu où elle se trouvait. Tant qu'elle était sur leur territoire elle n'était pas plus inquiète que ça. Elle n'eut donc aucun mal à reconnaître le lieu, reprenant sa route après confirmation qu'il n'y avait rien de suspect.
Toutefois il n'y avait rien de suspect, mais désormais à l'entente d'un cri provenant de la source elle lâcha sa proie et s'approcha de l'eau, distinguant avec peine la silhouette d'un lion à travers la vapeur.
La lionne n'était pas cruelle et ne prenait aucun plaisir à observer les autres souffrir ou se démerder dans leurs problèmes. Bien que le qualificatif de "peste" revenait souvent lorsqu'elle entendait parler d'elle, elle préférer l'ignorer.

C'est donc avec plus ou moins de dégoût pour l'eau - qui n'était définitivement pas son élément favori - que la femelle entra dans la source avant de se diriger vers le lion en danger.
Elle avançait rapidement et atteint son d'autant plus vite le lion qu'elle ne voulait pas voir un membre de la troupe mourir en sachant qu'elle aurait pu l'aider.
Quand elle fut près de lui elle arrêta de bougonner contre les maladroits et plongea légèrement pour ressortir sous les pattes avant de son camarade. Tant qu'il ne s'appuyait pas comme un ours et qu'il l'était un peu ça lui convenait. En attendant elle gardait la gueule close pour ne pas s’essouffler inutilement et les guida là où ils ne se noierait pas, c'est à dire vers un rocher - assez grand - qui affleurait à la surface de l'eau un peu plus loin. Une fois fait elle se débarrassa des pattes encombrantes du mâle d'un coup de hanche et lui fit face, trempée et forcément heureuse de l'être.

Elle haussa un sourcil dubitatif en le reconnaissant. Disons que ce n'était pas bien difficile de le connaître était donné son.. hum.. comportement dirons-nous, particulier.

« Rhamze, » susurra la femelle, son sourire oscillant entre profondément agacée et légèrement mauvais « puis-je savoir comment cette stupide situation est-survenue ? Et, par conséquent, que je sois trempée et qu'en sortant je serais glacée ? »

Honnêtement, Sihiri avait l'envie irrépressible d'en coller une au mâle. Heureusement pour lui qu'ils étaient dans l'eau sinon ce serait chose faite depuis de nombreuse secondes déjà.

Un silence suivit mon geste, ce qui me surpris. Le nom de la lionne me revint alors en mémoire : Sihiri. Je me souvins que j'avais toujours trouvé ce prénom fort joli ! Dommage que sa porteuse se montrait parfois un peu méchante. Voyant que le mutisme de la Nordique continuait, je commençai à me demander si elle n'aimait pas les léchouilles ? Préférait-elle rester toute mouillée ? Bah, chacun ses délires, hein. Si elle cela ne la dérangeait pas d'attraper froid, tant mieux pour elle. Moi, avec mes rhumatismes, je ne pouvais pas me le permettre. Après quelques secondes, je me décidai de voir ce qu'elle faisait, ayant gardé mon regard fixé sur son visage tout ce temps. Elle regardait l'eau. Mais pourquoi ? Pouvait-elle entrevoir à-travers la fumée le monstre qui se trouvait dans les sources ? Essayait-elle de la chasser par son regard de feu ? J'espérai au fond de moi que c'était le cas, car je n'avais guère envie de le revoir. Cependant, après ce qu'il venait de se passer, je n'avais pas vraiment envie de rester près de l'onde fumante et de la créature, aussi, je m'en écartai bien vite. Sihiri eut alors un rire nerveux, ou non ? Je n'ai jamais été doué pour lire l'atmosphère.

Sihiri : “ Ah ah ah ! Mais dis-moi Rhamze, comment t'es-tu débrouillé pour te mettre encore dans une situation pareille... „

Comment ? À vrai dire, je n'en savais rien, je n'avais qu'une vague idée de la chose. Je voulais simplement honorer la mission qu'Héra m'avait donnée, en réussissant à traverser le territoire les yeux fermés, et je m'étais retrouvé aux sources chaudes dans lesquelles j'avais fait trempette. Mais une crampe m'avait interrompu, et j'étais incapable de me souvenir de ce qu'il s'était passé après. En dehors de l'attaque du monstre. Néanmoins, connaissant le sérieux de la lionne, elle ne me croirait sans doute pas. Ignorer les vérités de ce monde par pure vanité, quelle tristesse quand même ! Sihiri tourna alors vers moi, plantant son regard dans le mien. Je déglutis. Allait-elle me gronder ? Son expression changea alors du tout au tout, passant du sérieux à l'espiègle.

Sihiri : “ Je t'ai sauvé la vie Rhamze, tu as une dette envers moi maintenant... „

Oh non ! Cela voulait-il donc dire que je me retrouvais avec deux dettes ? Celle d'Héra, qui m'avait sauvé la vie lorsque j'étais petit et à qui je n'avais jamais pu rendre la pareille, et celle de Sihiri, qui venait de se faire ? Je n'arriverais jamais à m'en sortir si je continuais à en accumuler ! Alors que je commençais à paniquer, me dandinant sur mes pattes malgré moi, la chasseresse se leva, me caressa le visage avec sa queue aux crins bleutés, et se mit à marcher, avançant avec agilité sur le passage étroit qui reliait le rocher sur lequel nous nous trouvions à la berge. Un peu déstabilisé par le geste de la lionne, je la suivis maladroitement, peu stable sur mes pattes fatiguées.

Sihiri : “ Marchons veux-tu ? Ainsi nous n'aurons pas à trop nous inquiéter du vent glacial qui règne sur le mont. Et... Fais attention où tu poses les pattes... „

Aussitôt, je baissais les yeux pour vérifier les mouvements de mes pattes. Je ne devais pas déraper et encore moins tomber à l'eau ! Ce serait ridicule ! Et le monstre pourrait réellement m'avoir cette fois-ci ! Un frisson me parcourut du bout museau à la queue, et il ne semblait pas provenir uniquement de ma peur. Je rejoignis rapidement la berge, où je m'assis par terre, sur un coin dépourvu de neige, et hélai Sihiri alors qu'elle s'éloignait :

Rhamze : “ Attends-moi Sihiri ! Je dois vraiment me sécher avant qu'on parte, sinon, je vais attraper la mort ! „

Gémis-je d'un air impuissant avant de mettre au travail. Je commençais d'abord par m'ébrouer de nouveau (éponger une crinière mouillée faisait partie des défis les plus compliqués qui n’eurent jamais été relevés), puis je m'attaquai à ma fourrure à coups de langues. Entre temps, je commentai ce qu'avait dit ma camarade un peu plus tôt, ne voulant pas trop l'ennuyer.

Rhamze : “ Tu sais, Héra, elle m'a sauvé quand j'étais gamin. T'avais un pygargue qui m'avait attaqué, et elle l'a tué alors qu'il me soulevait dans le ciel. C'est lui qui m'a fait cette cicatrice d'ailleurs ! Du coup, je lui en dois une, à Héra. Je me retrouve avec deux dettes à présent ! „

Et je continuais ainsi à me sécher, grommelant de temps en temps quand j'avais du mal à atteindre certains endroit. D'ailleurs, j'étais incapable de faire parvenir ma langue râpeuse jusqu'au milieu de mon dos, qui restait trempé, et cela m'énervait beaucoup. Ah ! Si seulement j'avais gardé ma souplesse d’autrefois ! Un peu pataud, je me tournais vers Sihiri, et lui demanda d'un air un peu gêné :

Rhamze : “ Dis ... Tu veux pas m'aider ? „

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Mgongo parle en #546800

Heureusement pour moi, Sihiri semblait d'assez bonne humeur pour m'aider. Mais m'attendais-je à ce qu'elle se cogne « amicalement » contre moi ? Ah, ça non ! Peut-être était-elle une femelle, mais elle ne manquait pas de force. Non pas que je méprisais les lionnes, loin de là ... D'ailleurs, le fait qu'elle fut une Nordique expliquait une partie de la chose, elle devait même surpasser mon frère Sakhbet, niveau muscle. La preuve : elle manqua de me renverser, alors que ce n'était certainement pas son but ! En effet, elle souriait en levant les yeux au ciel. Il était donc impossible que la jolie lionne ait eu de mauvaises attentions, n'est-ce pas ? Je soufflai tout à coup, me sentant soudainement fatigué après tant de réflexions. Ma cervelle était en surchauffe, aucun doute là-dessus !

Sihiri : “ Rhamze, Rhamze, Rhamze... Tu te fais vieux, et tes escapades devraient être interdites cette fois. Si tes pattes te font tomber, et que tu ne peux plus faire état de ta souplesse d’antan, je me demande encore bien ce qui fonctionne chez toi... „

Je haussais un sourcil à cette remarque relativement désagréable, incertain sur la façon dont je devais l’interpréter. Après tout, en voyant les joues de Sihiri rosir, je devinais parfaitement qu'il devait y avoir quelque chose, mais je ne voyais pas quoi. La lionne grise s'approcha alors de moi et s'empressa de commencer à me lécher pour m'aider à me sécher. Laissant à un petit ronron m'échapper, je lui fis comprendre que j'étais reconnaissant, néanmoins, cela ne m'empêcha pas de replonger dans mes pensées pour tenter de résoudre cette devinette. Oui, j'étais maladroit. Oui, j'avais perdu ma souplesse en vieillissant. Pourtant, je n'étais pas non plus un incapable ! Mes muscles restaient puissants, malgré les rhumatismes qui rendaient mes articulations raides, et je ne souffrais pas de problèmes qui touchaient habituellement les vieux lions au niveau des organes, internes comme externes. Ma vue et mon ouïe se portaient très bien, je ne souffrais pas d'indigestion et d'autres parties plus intimes de mon corps semblaient encore en état de marche si j'y mettais du mien ...

Non, attendez. C'était de ce genre de choses dont parlait Sihiri ? Je m'apprêtais à le lui demander quand je l'entendis s'étouffer. Avait-elle avalé une boule de poils ? Dans tous les cas, elle se plaignit et fit de nouveau des commentaires agaçants, mais je ne m'en formalisais pas. Elle essayait sans doute de réparer sa gaffe ... Mais on ne m'avait pas deux fois ! Un sourire à la fois niais et malicieux se dessina sur mon visage tandis qu'elle s'éloignait un peu. Ah ! Je lui donnais chaud, c'est cela ? Ce n'était pas étonnant, j'étais encore pas mal malgré mon âge. Un gloussement franchit mes lèvres malgré moi. Hmm ... Quel manque de classe de ma part.

Sihiri : “ Peux-tu donc me dire ce qu'un vieux loup de mer comme toi vient faire à rôder par ici ? Tu cherches à contacter la mort, mais tu as peur de l'attraper, c'est ça ? „

Le ton provocateur de la lionne avait, à présent, définitivement quelque chose de charmant, à mes yeux corrompus par les paroles prononcées plus tôt. Cherchait-elle à se faire remarquer ? Qu'elle n'attendit pas plus longtemps, car je la voyais ! Gonflant mes muscles pour paraître plus imposant, je me mis à lui faire subtilement la cour, marchant d'un pas curieusement assuré, tout en secouant légèrement ma crinière blonde, qui commençait tout juste à sécher. Je m'assis alors juste à côté de Sihiri et, après l'avoir fixé intensément, répondis à sa question :

Rhamze : “ Je cherchais à accomplir la mission qu'Héra m'a donnée : parcourir le territoire les yeux fermés ! Mais c'est bien plus dur qu'il n'y paraît. J'ai fini par atterrir ici. „

Je fis une courte pause avant d'ajouter suavement, dans son oreille :

Rhamze : “ Et crois-moi, il y a encore bien des « choses » qui marchent chez moi ! „

HRP:

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Alors que j'attendais impatiemment la réponse de Sihiri à mes avances, elle se contenta de jouer la naïve, l'innocente qui ne pouvait concevoir l'idée que des paroles pût avoir un sens caché. Cela me surpris, car je ne m'y attendait pas de sa part. J'aurais été prêt à parier un nouveau saut dans les sources chaude qu'elle se serait amusée à continuer mon petit jeu en y rajoutant une couche ... Quoi, avais-je été trop subtil pour qu'elle comprenne ? Ou étais-je allé trop loin dans mon interprétation de ses paroles ?

Sihiri : “ Hummm, je serais bien curieuse de savoir lesquelles ! „

Ou peut-être que ... Oui ! Elle avait parfaitement compris mais cherchait à me manipuler pour me faire croire que ce n'était pas le cas ! Ah, quelle vilaine ! Cependant, je ne tombai pas dans son piège, son ton malicieux la trahissant, et lorsqu'elle se mit en position de jeu, j'eus un moment d'incompréhension en la regardant. Par les Grands Esprits, que faisait-elle ?

Sihiri : “ Je vais te rendre ta fougue d'antan... Alors Rhamze, qu'est-ce que tu attends ? Essaie donc de m'attraper ! „

Un défis ? J'accepte ! Je ne refusais jamais un divertissement, foi de Rhamze ! Aussitôt que l'information eut atteint mon cerveau, je me campai sur mes pattes, me dandinai un peu pour ajuster ma trajectoire, puis sautai sur la lionne. Mais Sihiri m'évita en bondissant sur le côté, et je finis tête la première dans la neige, y enfonçant malgré-moi toute la partie avant de mon corps. Me sentant ridicule dans cette position peu glorieuse, j'essayai de m'extirper de la matière cristalline et froide, en vain. Pourquoi cela n'arrivait toujours qu'à moi ? Désespéré, je tentai de lancer un appel à l'aide :

Rhamze : “ S-ri ! Ai-d -oi ! „

Malheureusement, ma voix fut en partie étouffée par la neige. J'enchaînais définitivement les situations ridicules !

HRP:

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Bien que ma tête fût plongée dans la neige, je pus quand même entendre le rire de Sihiri résonner contre les montagnes. Prions les Grands Esprits qu'elle ne causera pas d'avalanche ! Cependant, malgré la bonne humeur de la lionne, je ne savais pas trop comment prendre ses commentaires, qui comme d'habitude me laissaient dubitatif. Se moquait-elle de moi ? Était-elle réellement toujours comme ça ? Montrait-elle ainsi lorsqu'elle était à l'aise ? Si c'était ce dernier cas, j'en étais flatté. Mais tout de même, cette femelle resterait sans doute un mystère pour moi !

Alors que son rire s'étouffait peu à peu, je me mis à me demander ce qu'elle attendait pour m'aider. Vraiment, ce n'était pas confortable d'être empalé dans de la neige, et l'air commençais sérieusement à manquer ! Le stress monta plus vite que prévu et je me mis à me débattre, la panique s'insinuant vicieusement dans mon esprit gelé. Heureusement pour ma santé fragile, Sihiri se décida finalement à me retirer de ma prison de glace, avec une délicatesse qui me surprit, et je pus enfin de remettre de mes émotions. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Je décidai alors de la remercier entre deux souffles, avant de reprendre mes exercices respiratoires. Ce n'était bien évidemment pas la première fois que ce genre de scène, apparemment particulièrement comique d'après l'explosion de joie de Sihiri, m'arrivait, et ma défunte mère m'avait donc déjà appris quelques techniques toutes bêtes pour me soulager, par le passé. Respirant encore avec quelques difficultés, je me rendis compte que cette chère amie venait de me sauver la vie, aussi ridicule que cela pût sembler.

Rhamze : “ Deux dettes ! J'ai maintenant deux dettes envers-toi ! Il faut que j'arrête de me faire sauver par tout le monde ! „

Gémissais-je soudainement, coupant momentanément la parole à Sihiri. Cependant, cela ne l'empêcha pas d'énoncer à haute voix quelque chose de fort embarrassant ...

Sihiri : “ Dis donc... Rhamze... Tu me l'avais caché ce joli petit derrière... „

Quoi ? Que venait-elle de dire ? Mon derrière ... Joli ? Venait-elle de me faire un compliment pervers ? Ne m'attendant absolument pas à cela de sa part, je sentis le rouge me monter aux joues tandis que je réalisais les implications du commentaire de la lionne au museau cendré. Qu'attendait-elle donc de moi ? Lorsqu'elle se mit à rire à nouveau, j'en fis de même, bien que le fusse gêné. Je me trouvais encore plus perturbé qu'avant, là. Était-elle en train de me faire courir ?

Cependant, lorsque je la vis s'approcher de moi en faisant rouler son arrière train, je devais bien l'avouer : elle était désirable, même pour un vieux lion comme moi. J'avais bien envie de rentrer dans son petit jeu, qu'elle semblait prendre de plus en plus au sérieux, en me fixant intensément de ses yeux de braise. Vraiment, son regard me donnait l'impression de brûler ! Je n'avais clairement plus aussi froid qu'avant, quoi qu'elle dît. Je la laissais néanmoins se blottir contre moi avec plaisir, appréciant d'autan plus cette chaleur corporelle fort agréable, dont j'avais oublié la sensation. Avec Sihiri aussi près de moi, je pouvais renifler son odeur comme jamais et distinguai ainsi quelque douces fragrances sucrées qui m'avait échappé jusqu'alors.

Sihiri : “ Laisse-moi te réchauffer... Sinon, tu es tellement maladroit que tu pourrais bien mourir de froid à cause de moi, et... „

La lionne leva alors la tête vers mon oreille, puis me murmura sur un ton que je ne parvenais pas à classer, à mi-chemin entre le sincère et le malicieux :

Sihiri : “ Je ne le voudrais pas... „

Un frisson parcourut de long, en large et en travers ma fourrure à ses mots, sans compter que son souffle me chatouillait. Ma tête me semblait remplie d'eau, en était-il rentré lors de ma baignade infortune ? De plus, mon cœur battait comme jamais, et je ne savais trop comment l’interpréter. Était-ce la folie du moment ? Ma fatigue ? Ou ... Autre chose ? Cette chose ? L'amour ? Je secouais légèrement la tête à cette idée. On m'avait toujours dit qu'il ne naissait pas comme cela, mais eh, j'avais bien conquis le cœur d'une marmotte dans ma jeunesse, et ce, rapidement. Oui. Je ne pensais pas qu'il fallait une certaine valeur de temps minimum à passer avec quelqu'un pour savoir ce qu'on ressent pour elle. Aimais-je donc Sihiri ? Je n'en étais pas encore sûr, mais ma courte expérience sur l'amour me laisserait le croire. Soudainement curieux quant à l'avis de ma camarade sur la question, je décidais de la lui poser :

Rhamze : “ Sihiri ... Penses-tu que l'amour peut naître rapidement dans le cœur des lions ? „

HRP:

Lorsque je vis Sihiri reculer de surprise, ou de choc, en entendant ma question, mon cœur se serra comme jamais auparavant, au point de me faire souffrir, conduisant mon dos à se courber légèrement. Est-ce que je venais de me faire repousser avant même d'être sûr de mes sentiments, avant de les avoir énoncés à haute voix ? Vraiment, la chance n'était pas avec moi en ce jour ! D'abord, je manquais de me noyer dans les sources chaudes, puis de m'étouffer dans la neige, et enfin, cela ! Cependant, mon désespoir se fit un peu oublier en voyant les babines de la lionne s'étirer pour former un sourire. Ah ! Je n'avais donc pas encore de quoi perdre espoir, n'est-ce pas ? Si elle souriait, c'était bon signe ! Elle demanda alors, de sa voix provocatrice habituelle :

Sihiri : “ Qu'est-ce que ça veut dire ça Rhamze ? Est-ce que tu serais dans l'incapacité de rester insensible à mon charme ? „

Eh oui, je le crois bien ! Jusque-là, jamais une lionne ne m'avait fait la cour, ce que je pouvais comprendre. Après tout, je n'étais qu'un vieil idiot, même pas foutu de traverser le territoire les yeux fermés. Et puis, qui voudrait d'un vieillard comme moi ? Il y avait de nombreux lions encore jeunes et fringants qui n'attendaient que de se trouver une compagne. Une vague de nostalgie me prit alors. Peut-être que ... Peut-être que si j'avais été plus jeune ? Ah, mais j'oubliais. Sihiri était bien en train de me séduire ! Et elle réussissait bien jusque-là, même si cela me gênait un peu. Le rire nerveux qui suivit les paroles de la lionne me fit alors comprendre que je n'étais pas le seul à être embarrassé par cette situation. Alors qu'un silence pesant s'installait suite à son rire, ma camarade - ou devais-je l'appeler ma bien-aimée ? - prit de nouveau la parole, de sa manière si particulière de s'exprimer :

Sihiri : “ Je pense savoir qu'est-ce que tu peux faire pour me rendre les deux dettes que tu me dois, si tu vois ce que je veux dire... Cependant, je dois te mettre en garde... Car ce sont des services assez... Spéciaux... Le genre de service qu'Héra ne te demanderait jamais d'accomplir. Je te préviens, ça risque de ne pas être facile. Penses-tu être à la hauteur ? „

Ma curiosité fut aussitôt piquée. Des services spéciaux ? Des services qu'Héra ne me demanderait jamais ? Oh, oui, j'avais bien une idée d'où elle voulait en venir, et les images qui me venaient à l'esprit me firent rougir davantage. Un nouveau frisson parcourut mon échine. Pourtant, j'aurais été prêt à parier que j'étais relativement sec ! Le cœur battant, je répondis d'une voix un peu rauque :

Rhamze : “ Oui ... Je serais à la hauteur. Demande-moi ce que tu veux ! „

HRP:

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Lorsque Sihiri se colla une fois de plus contre ma fourrure en ronronnant, je retins ma respiration dans une tentative vaine de calmer mon cœur affolé, qui semblait vouloir quitter ma cage thoracique. Que devais-je faire dans une situation pareille ? Réfléchis, Rhamze, réfléchis ! Ou pas ? Oui, je devais arrêter de toujours vouloir trouver une solution à tout. La plupart du temps, je ne faisais qu'aggraver la situation en voulant bien faire. Prenant sur moi, baissant les yeux, j'attendis la mission que la lionne au museau cendré devait me confier.

Sihiri : “ Rhamze... „

Un frisson parcourut ma fourrure en entendant mon nom prononcé par Sihiri. Vraiment, utilisait-elle une sorte de magie ? Comment faisait-elle pour m'envoûter ainsi ? Était-elle descendue du ciel comme messagère du Grand Esprit ? Ah, finalement, je n'avais pas envie de trouver de réponse à ces questions. Juste me laisser bercer par le son de la voix de la Nordique me suffisait. Soudainement, une question de sa part fusa dans l'air, brisant le moment de quiétude que nous partagions :

Sihiri : “ Rhamze, tu as une compagne ? E-Et des enfants... Dis, tu en as ? „

J'ouvris de grands yeux à cette interrogation surprise, louchant sur ma camarade, qui me semblait bien mignonne avec sa timidité nouvelle. Moi ? Une compagne ? Non, aucune chance que j'en ai une. Des enfants ? Encore moins. Le Nordique moyen dirait sans doute que si je venais à avoir des petits, je les écraserais sans le vouloir dans mon sommeil en leur roulant dessus. Honnête, je lui répondis :

Rhamze : “ Non, je n'ai pas de compagne, ni d'enfants. „

Puis, hésitant un instant, je rajoutai, un peu perdu :

Rhamze : “ Mais pourquoi cette question ? Tu ne devais pas me donner une mission que même Héra ne me demanderait pas d'accomplir ? „

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Les sens en éveil comme jamais, je guettais chaque fait et geste de Sihiri, inconsciemment. Je la vis ainsi rougir, et mon coeur rata un battement à cette vision. Oh, ce n'était pas la première fois depuis le début de notre petit jeu, mais l'effet était toujours le même. La lionne recommença alors à jouer la maligne, faisant mine de me plaindre, mais lorsqu'elle entendit ma question, ce fut une autre histoire. La voyant s'étouffer, je me levai d'un bond, prêt à lui venir en aide, inquiet. Elle s'en sortit toutefois sans aucun problème. Avait-elle avalé sa salive de travers ? Cela m'était déjà arrivé, trop de fois même.
J'espère qu'elle n'a pas eu mal !
Songeai-je alors qu'elle se levait pour ensuite faire des aller-retour dans la neige. Ma camarade bafouilla quelques paroles quant au fait que je pouvais refuser ses missions si elles ne me convenaient pas. Ah, si elle savait ! Je serais prêt à suivre à la lettre chacun de ses ordres si l'on m'en donnait la possibilité ! La lionne au museau cendré s'assit soudainement en face de moi et j'en fis de même, un peu intimidé par son sérieux.

Sihiri : “ Rhamze... Tout cela est si... Complexe. Tu sais... Il y a des missions qui ne sont pas faciles à attribuer parfois. Et ça l'est d'autant plus lorsque le félin concerné peut les refuser. Mais j'aimerais... „

Je retins ma respiration tout en l'écoutant attentivement. Je ne comprenais pas pourquoi ma chère Sihiri mettait dans cet état pour des missions, mais en toute honnêteté, elle me semblait encore plus adorable comme cela. Elle reprit alors, sur un ton qui résonna jusqu'au plus profond de mon être :

Sihiri : “ J'aimerais que tu m'aimes comme je t'aime, et qu'on fonde une famille. „

Cette déclaration eut l'effet d'une bombe. Sihiri ... Sihiri m'aimait ? Et elle me l'avait caché toutes ces années ? Par le Grand Esprit ! Et moi qui ne lui avais jamais réellement prêté attention ! Qu'aurait-elle fait si j'avais effectivement fini par me choisir une compagne, avec qui j'aurais eu des enfants ? E-Et Sihiri voulait avoir des petits avec moi ? Quelle nouvelle ! Je ne savais pas trop quoi répondre à cette confession pour le moins ... Directe. Mais je devais avouer que cela me réchauffait le cœur et s'accordait à mes envies récentes. Clignant plusieurs fois des yeux afin de retourner à la réalité, je posai mon regard sur la lionne rougissante, le visage encore un peu ahuri. Vraiment, elle était tellement mignonne comme cela que j'avais envie de l'étouffer dans ma crinière. Ce fut à ce moment-là que je remarquai des larmes ruisseler sur le museau de ma camarade tandis qu'elle murmurait :

Sihiri : “ Je... Je t'aime Rhamze ... „

Ce fut la goutte qui fit déborder la rivière, dans le bon sens du terme. Un flot d'émotions eut raison de moi alors que je m'approchais de la lionne pour lui lécher le front, un sourire tendre et rassurant aux babines :

Rhamze : “ Sihiri, relève la tête. „

Lorsqu'elle le fit, je séchai ses larmes par des coups de langue affectueux. Oh, j'avais encore du mal à croire qu'elle me demandait d'être son compagnon. Qu'elle voulait d'un vieillard comme moi pour élever ses enfants et partager le restant de ses jours. Plongeant mon regard doré dans ses yeux encore humides, je confessai à mon tour :

Rhamze : “ Sihiri ... Je ... Je crois que je t'aime aussi. Ce sera un honneur pour moi de fonder une famille avec toi. „

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Un frisson parcourut ma fourrure, encore un peu humide par mon bain, lorsque Sihiri prononça de nouveau mon nom d'une voix douce. Oh, vraiment, l'entendre dire ce mot, qui constituait mon identité, avait quelque chose de merveilleux, de surnaturel. Mon cœur ratait un battement à chaque fois, et si je n'avais pas été si heureux, j'aurais sans doute craint de faire un arrêt cardiaque. Grâce à la lionne, je me sentais plus fort, capable de surmonter tous les dangers, mais aussi plus faible, comme si mes pattes allaient me lâcher à tous moment. Cette sensation était si singulière, et pourtant si additive. Ma compagne - je pouvais bien l'appeler ainsi, n'est-ce pas ? - enfouit alors sa jolie tête poilue dans ma crinière, qui était toute bouffie par le vent qui contribuait à la sécher. Savoir ma bien-aimée collée comme ça contre moi sonnait comme un rêve. Ces nouveaux contacts, ces sentiments qui me prenaient à la gorge étaient à la fois si étranges et si extraordinaires que j'en venais à me demander comment je n'avais pas encore cherché à les ressentir avant. Que diable avais-je fait pendant toutes ces années ?

Sihiri : “ On fait des enfants quand tu veux... Mais... Mais je ne suis pas sûre d'y arriver... „

Les paroles soudaines de Sihiri me firent sursauter. Les choses allaient bien vite, mais ce n'était pas pour me déplaire, au contraire. Cependant, je devais avouer que je partageais les mêmes craintes que ma compagne. J'étais vieux, après tout. Si elle était infertile à cause de l'âge, ou d'autre chose, alors, qu'en serait-il pour moi ? J'avais entendu dire que les mâles restaient capables de créer un bébé dans le ventre d'une femelle jusqu'à leur mort, mais j'avouais tout de même avoir des doutes. Sans compter, que voilà. Je ne savais pas trop comment m'y prendre. Mais des jeunes y arrivaient sans problème, donc il n'y avait pas de raison que je n'y arrive pas, n'est-ce pas ? Fermant les yeux quelques instants, je les rouvris après, regardant fixement Sihiri.

Rhamze : “ Je ... Je ferais de mon mieux. On le fera jusqu'à ce qu'il y ait des lionceaux dans ton ventre, d'accord ? „

Je lui léchai de nouveau le visage affectueusement. J'étais un peu agité. Devais-je faire quelque chose maintenant ? Attendre ? Oui ? Non ? Dans tous les cas, une chose était sûre : faire quoi que ce soit ici ne serait pas malin. Aussi, j'ajoutais, avec un rire nerveux :

Rhamze : “ Mais ... Peut-être devrait-on choisir un lieu plus approprié ? Vu comme je suis maladroit, on risquerait de tomber dans l'eau encore une fois ! „

À ces mots, je commençais à m'éloigner des sources, me dirigeant vers l'endroit où se trouvaient nos tanières. D'un mouvement de queue, j'invitai Sihiri à me suivre, le cœur battant.

HRP:

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