Une fois de plus, comme tous les jours depuis quelques semaines maintenant, Alfajiri quitta le Repère des Lions avec une idée bien précise en tête : accomplir la mission que son monarque lui avait donné. D'un pas énergique et déterminé, il s'élança vers le Pays Verdoyant, puis se rappela avec une grimace qu'il avait déjà cherché là bas au moins une centaine de fois. Bon, il exagérait peut-être un peu, une centaine de fois c'était un peu trop. Mais beaucoup en tous cas. Le regard du mâle couleur caramel coula vers l'immense rocher qui surplombait Prideland et il eu une idée. S'il avait maintes et maintes fois fouillé Freeland, il n'était aller que bien peu de fois dans le territoire qu'occupait à présent les Nyeusis. Certes, ces derniers n'apprécieraient peut-être pas son intrusion, mais s'il expliquait que c'était pour retrouver les fugitifs, les lions noirs se montreraient compréhensif, il en était sûr ! Ils avaient aidé Sharkan par le passé après tout, ils étaient alliés ! C'était du moins ainsi qu'Alfa voyait les choses, et il y avait véritablement fort à parier que les Nyeusis aient une vision totalement différente.

Plein de son enthousiasme naïf habituel, le Kulisha s'engagea donc vers Prideland, un sourire sur les babines. Il regrettait que Lutelo ne soit pas avec lui, il préférait nettement faire ses recherches en compagnie de son fidèle ami mais ce dernier avait encore décidé de faire route à part. Si cela chagrinait un peu le mâle caramel, il comprenait aussi que son ancien camarade d'entraînement décide de chercher de son côté. Après tout, celui qui retrouverait Déjem et Haki aurait tous les honneurs, chacun voulait donc les dénicher en premier, Alfa comme les autres. Ce qu'il espérait particulièrement, c'était que Wanji ne les trouve pas d'abord. Cette grosse brute était déjà le chouchou de tous le clan, il n'avait pas besoin de gloire supplémentaire. Oui, Alfa jalousait beaucoup le grand félin brun, mais il avait ses raisons. Déjà lors de leur apprentissage, il prenait plaisir à écraser les autres Kulishas, surtout Lutelo. Le lion orangé avait repris du poil de la bête depuis, et il ne semblait plus vouloir se laisser marcher sur les pattes. Alfa se rangeait naturellement de son côté, son ami l'avait aidé plus d'une fois pendant l'entraînement.

Mettant sa rancœur et ses pensées de côté, le guerrier Freelander poursuivit son chemin. Il atteignit assez rapidement la frontière et la passa avec prudence, vérifiant qu'aucun lion noir ne se trouvait dans les parages. Par chance, la voie était libre, il pouvait traverser sans difficulté. Il aurait peut-être plus de mal au retour, mais pour l'heure tout allait bien. Alfa s'aventura dans la savane, reconnaissant un peu les lieux. Il était déjà venu une fois après tout, mais ne se souvenait pas de tout. La savane était tellement vaste, difficile de ne pas se perdre ! Il marchait donc les oreilles bien droites, espérant une fois encore qu'aucun Nyeusis ne lui tomberait sur le poil. Il avait de bonnes raisons d'être ici, mais il n'avait pas très envie de devoir s'expliquer face à ces lions gigantesques et terrifiants. Il prenait des risques avec cette escapades, il le savait bien, mais c'était nécessaire pour le bien de sa mission. C'était justement ce qu'il était en train de se dire, lorsqu'il aperçu une silhouette plutôt inhabituelle se déplacer non loin de lui. On aurait dit une créature plutôt canine, ce qui intrigua le Kulisha. Curieux, il s'approcha et lança, d'une voix qu'il tâcha de garder autoritaire :

- Hey toi, la hyène là bas ! Viens ici une minute.

Il était un guerrier après tout, à la solde de Sharkan. Il devait avoir une certaine stature, surtout face aux autres animaux considéré comme inférieur par le tyran. Le canidé ne semblait cependant pas être une hyène, son pelage n'était pas gris comme ces bêtes là. Alfa n'avait aucune idée de ce qu'il était, mais il comptait bien lui poser quelques questions. Peut-être avait-il vu passer les fugitifs, après tout.

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Les jour se suivent et se ressemble dans la savane de Prideland. Les troupeaux avaient presque tous désertés et il devenait de plus en plus difficile de trouver de quoi se nourrir.  A part des petits rongeurs ou bien des carcasses, il n'y avait pas grand choses. Et les rares moment où de gros animaux se trouvaient dans les parages, mieux valaient les éviter car les lions noirs n'étaient jamais loin. C'est avec ces idée en tête que je cherchais désespérément quelque chose à me mettre sous les crocs. La truffe collé au sol, à l'affut de la moindre odeur de proies. Mais rien.
Du moins, rien pendant un moment, puis, enfin, une odeur me parvint aux narines. Oh, rien de très gros ni de très nourrissant, juste un petit mulot, mais au moins cela calmerait ma fin. Avec un léger grondement de contentement, je suivis la piste. L'animal n'était pas bien loin. Planqué dans son terrier, il attendait sans doute que la température descende. Le pauvre n'aurait plus l'occasion d'attendre. J'enfonçais mon museau dans le terrier, commençant à creuser avec mes pattes avants. J'entendis des petits cris paniqués mais je ne cessais pas de creuser pour autant. Au bout de quelques minutes, je poussais un grognement de satisfaction lorsque mon museau frôla une boule de poil mouvante. Les couinements de terreur redoublèrent, tout comme mon envie de manger. Quelques secondes plus tard, je parvins à saisir le mulot entre mes crocs et le sortit de son terrier. Une fois dans ma gueule, il me suffit de forcer légèrement pour entendre le petit animal pousser son dernier couinement. Je déposais doucement l'animal à terre, avant de le regarder tristement, les oreilles basse.

- ...

Je ne dis rien, pour une fois. C'était simplement une petite minute de silence. Je n'aimais pas tuer, je n'avais jamais aimé ça. Chaque vie est importante, qu'elle appartienne à un petit animal ou à un plus gros. Il n'y a aucun plaisir à tuer... Il faut le faire pour survivre, c'est tout.
Après une petite minute, je repris l'animal dans ma gueule. Je voulais m'éloigner, trouver un coin plus tranquille, à l'ombre d'un arbre ou d'un rocher. Mais le destin semblait en avoir décidé autrement :

- Hey toi, la hyène là bas ! Viens ici une minute.

Je me mis à regardé autours de moi. J'aperçus un lion. Je fus d'abord pris de panique, pensant qu'il s'agissait d'un Nyeusis, mais ce n'était pas le cas. Son pelage était brun, ressemblant d'avantage à celui des Pridelanders. Mais il ne portait pas l'odeur de ce clan... Voyons voir... Oh ! Ça devait être un Freelanders ! Je savais que certains membres de ce clan étaient alliés avec Kumpa. Mais pas tous. La plupart obéissait à un tyran, un certain Sharkan. Je ne l'avais jamais, et n'en avait pas spécialement envie, donc je ne savais pas si les rumeurs entendu au Baobab étaient vrais ou exagérés. Dans tout les cas, elle n'était glorieuse. Ce lions ne me disant rien, pas plus que son odeur, je penchais plutôt pour qu'il soit du côté du Tyran. Bon... J'étais encore bien tombé. Enfin, ce n'était pas à moi qu'il en voulait après tout, mais à une hyène. Une hyène ? Je regardais encore autours de moi. Il n'y avait pas de hyène. Mais alors... ? Et zut ! Je déposais de nouveau ma proie au sol, avec regret, et posais ma patte dessus.

- Il n'y a pas de hyènes ici, lion.

Enfin, si il y en avait bien quelque part dans Prideland... mais pas ici. J'étais un lycaon moi... Je comprend pas, je ressemble pourtant pas tant que ça à une hyène, si ? Je veux dire, j'ai un pelage beaucoup plus original.

- Et qui es-tu donc pour me donner des ordres ?

Et puis c'est vrai ça ! Il me parlait comme si j'étais un de ses sous-fifre qui allait gentiment exécuter ses ordres. Ne vous y trompez pas, j'apprécie rendre service, mais je n'aime pas qu'une personne que je n'ai jamais vu me donne des ordres. Les lions se considèrent peut être comme les rois de ces terres, ça ne fait pas d'eux des Dieux vivants. Malheureusement, si certains semblent l'avoir compris, ce n'est pas le cas de tous...

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Alors qu'il s'approchait du canidé, Alfa remarqua que les couleurs de ce dernier ne correspondaient pas vraiment à celle des hyènes. Il n'était en effet pas gris ou foncé, mais plutôt brun, avec des tâches noires et blanches. Il paraissait également plus petit, si bien que le Freelander se demanda s'il ne s'était pas trompé. Pourtant, de loin, on aurait vraiment dit une hyène... Une hyène de petite taille, et avec des teintes bizarres, mais une hyène quand même. Une fois qu'il fut assez près, le Kulisha remarqua que celui qu'il avait interpellé tenait une proie dans sa gorge, et se demanda s'il n'était pas en train de le déranger en plein repas. Alfa savait à quel il était pénible de devoir s'interrompre alors que le ventre criait famine, et sentit une certaine culpabilité le saisir. Lutelo l'aurait sans doute réprimandé s'il l'avait vu en train de s'en vouloir. "Nous sommes des guerriers Kulishas, nous devons prouver à tout le monde qu'ils doivent nous respecter !" C'était peut-être vrai, mais cela n'empêchait pas Alfa de se sentir un peu mal en cet instant.

- Il n'y a pas de hyènes ici, lion.

C'était donc bien ce qu'il pensait. Mais alors, à quoi avait-il affaire ? Une protèle ? Non non... Il avait le nom sur le bout de la langue... Un lycaon ! Voilà ! C'était sans doute cela qu'était ce drôle de canidé. Alfa n'en avait pas rencontré beaucoup au cours de sa vie, mais il n'avait pas non plus vu beaucoup de hyène. En règle général, il ne fréquentait que des lions, mais peut-être ce canidé pouvait-il l'aider à trouver une piste, après tout. Enfin, encore fallait-il que les fugitifs soient passé par Prideland, ce qui n'était pas sûr. Qui plus est, le lycaon n'avait peut-être pas prêté attention au passage de deux lions bruns, ce n'était pas ses affaires après tout. Mais cela valait toujours la peine d'essayer.

- Et qui es-tu donc pour me donner des ordres ?

Apparemment, le canidé n'avait pas apprécié le ton du Freelander, ce qui pouvait se comprendre. Ce dernier faisait beaucoup moins le fier à présent, il baissa la tête et fixa ses pattes. Alfa ne savait plus trop comment se comporter, il aurait aimé imposer le respect mais ne voulait pas non plus être méchant. Surtout que le lycaon ne lui avait rien fait. Il allait bien finir par trouver un juste milieu dans son attitude, pour être un vrai guerrier mais avoir une attitude pas trop désagréable en même temps. Ce n'était pas facile de prendre en compte ces deux éléments, le mâle caramel était un peu perdu. Devait-il décliner son identité ou rester froid ? Il ne voulait pas se créer des problèmes, surtout qu'il n'était pas sur son territoire. Il avait sans doute eu tord de se comporter en souverain, si les Nyeusis débarquaient, il serait vraiment dans une situation difficile. Il redressa donc la tête et déclara, d'un ton plus modeste, un peu coupable.

- Euh... Je suis Alfajiri, un guerrier Kulishas. Je suis en mission pour retrouver Déjem et Haki, des criminels que le roi Sharkan recherche. Donc euh... Si tu les as vu, ce serait bien que tu nous le signale.

Il esquissa un sourire, espérant ainsi apaiser la tension qui s'était instaurée entre le félin et le canidé. Il se rendit alors compte que le lycaon n'avait probablement aucune idée de l'apparence des fugitifs, et qu'il n'avait donné aucune information qui aurait permis de les repérer. Il ajouta donc :

- Ils sont tous les deux bruns et ont les yeux verts. Déjem est un peu vieux, et Haki est un peu plus âgé que moi.

Le mâle couleur caramel n'avait à présent plus qu'à espérer que le canidé ait des informations à lui donner, et qu'il se présente aussi. Car après tout, les lycaons avaient des noms également, comme les lions, c'était du moins ce qu'Alfa supposait. Il n'avait pas bien commencé avec son interlocuteur, mais il était à présent plein de bonne volonté pour se rattraper et arranger les choses.

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Je pus déceler de la culpabilité dans le regard du lion. D'ailleurs, cela me surpris beaucoup. Vu ce que j'avais entendu des Kulishas, qui étaient des guerriers entrainés pour tuer de sang à la solde du tyran, je m'attendais plutôt à ce qu'il réagisse violemment. Comme quoi, entre les rumeurs et la réalité, il y avait une sacré différence. Dire que si certains parmi eux aimaient tuer, d'autres n'étaient que de pauvres lionceaux perdus élevé pour suivre la mauvaise direction... Je trouvais ça triste. Le lion de son côté commença à baisser ses oreilles, regardant ces pattes, comme honteux. A mon tour je baissais les oreilles. Le voir ainsi me faisait presque regrettait de m'être comporté comme je l'avais fait.
Après ce qui semblait être une minute de réflexion, le félin redressa la tête et se présenta :

- Euh... Je suis Alfajiri, un guerrier Kulishas. Je suis en mission pour retrouver Déjem et Haki, des criminels que le roi Sharkan recherche. Donc euh... Si tu les as vu, ce serait bien que tu nous le signale.

Mmm... C'était donc bien un Kulishas. C'était peut être le moment d'apprendre des choses sur ce groupe. J'en savais si peu à leur propos et tout ce que j'avais entendu n'était que des rumeurs ou bien venait de leurs ennemis. Or, j'avais toujours aimer entendre les deux versions d'une histoire. Et puis j'étais curieux, qu'est ce qui poussait les Kulishas à se battre ? Etait-ce par fierté ? Parce qu'on les avait élevé comme ça ? Et qu'est ce qu'il respectait tant chez Sharkan ? Celui que toutes les rumeurs accusaient d'être un tyran. Alors que je songeais à comment extirper des informations à Alfajiri sans que ce soit trop suspect, il continuait de parler :

- Ils sont tous les deux bruns et ont les yeux verts. Déjem est un peu vieux, et Haki est un peu plus âgé que moi.

Je me laissais tomber sur mon postérieur, réfléchissant à ce que je pouvais répondre. Je ne me souvenais pas avoir aperçus Déjem ou Haki. En revanche, je savais que les rebelles qui se trouvaient au baobab les cherchaient également... Peut être avaient-il des informations ? Ceci dit, le félin caramel avait sans doute pour ordre de tuer tout ceux qui s'opposait à Sharkan, je ne pouvait décemment pas lui dire "Non, par contre je sais ou tu peux trouver ceux qui les soutiennent. Tu prend la première à droite, direction le Baobab." Bon... Autant jouer la carte de l'ignorance...

- Mmm... J'ai vu plusieurs lions correspondant à ta description mais je doute que ce soit ceux que tu cherches : il s'agissait de Mositus. Oh ! Au fait, je me nomme Fleck, enchanté Alfajiri !

Je lui fis un petit sourire amical. Bon, ça c'était fait... Comment obtenir des informations maintenant... ? Je pouvais mentir mais... Rhaaaaaa, je détestais, et déteste toujours, mentir ! Mais avais je vraiment le choix ? Sans doute pas. Et puis je pouvais faire en sorte d'être le plus honnête possible. Je m'éclaircis la gorge avant de commencer :

- Je suis navré, je suis incapable de te dire quoi que ce soit... Ceci dit je serais ravi de t'aider si d'aventure je venais à les croiser, mais avant, je voudrais que tu me rende un service. Ce n'est pas grand chose mais vois-tu, je suis un... Heu...

Je pris quelques secondes pour trouver le mot exact.

- Un conteur là d'où je viens, je voyage pour apprendre des choses ou des histoires et les partager avec mes semblables. J'aime à tout connaitre du monde qui m'entoure et si je suis venus sur ces territoires c'est pour en apprendre plus sur les lions, leurs coutumes et leur histoire.

Jusqu'ici ce n'était qu'un demi mensonge : je voulais réellement en savoir un maximum sur tout... mais ce n'était pas la raison de ma venue ici et les lions n'étaient pas le seul sujet que je voulais étudier.

- Et malheureusement, si je sais plusieurs chose sur les pays voisin ainsi que sur les anciens meneurs des Freelanders, je ne sais que très peu à propos de leur nouveau Roi, Sharkan le Puissant et les grands guerriers qui exécutent ses ordres, les Kulishas. Tu en fait parti alors tu pourrais me renseigner ? Je veux savoir tout ce qu'il y a à savoir. Lorsque je rentrerai dans ma contré, je veux pouvoir raconter tout ce que j'ai entendu ici ! Mes semblables adorent ces histoires !

Là, c'était un mensonge. La seule de mes semblable que je savais encore vivante c'était Saika et je ne pensais pas que de tels histoires l’intéressent. De toute façon, ma meute natale n'était pas beaucoup plus curieuse... C'est sans doute pour ça que j'étais souvent considéré comme le zèbre sans rayures*. Enfin... Maintenant il n'y avait plus qu’à attendre, voir si le lion allait entrer dans mon jeu ou non. Et puis s'il acceptait, je devrais prendre tout ce qu'il raconte avec des pincettes : les Kulishas étaient les guerriers de Sharkan, il n'allait sans doute pas exposer les défauts du tyran, bien au contraire...

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Par chance, le canidé ne semblait plus en colère. Il avait lui aussi les oreilles baissés et la mine un peu piteuse, tout comme Alfa, ce qui donna une scène plutôt particulière et cocasse. Le lycaon s'assit ensuite en face du mâle caramel et sembla réfléchir à la question qu'il venait de lui poser. L'espoir se lisait dans les prunelles du Kulisha, il espérait tellement avoir enfin une piste. Il avait l'impression que sa quête ne prendrait jamais fin, qu'il ne parviendrait jamais à trouver les deux fugitifs, qu'il ne prouverait jamais sa valeur et qu'il ne deviendrait jamais quelqu'un d'important pour son clan. Pourtant, il ne devait pas désespéré, il avait encore ses chances d'y arriver. Après tout, Wanji n'avait rien trouvé non plus pour le moment, donc tout n'était pas perdu. Il avait donc encore la possibilité de les dénicher avant son rival. Peut-être le canidé allait-il lui apprendre quelque d'important, quelque chose de vital, quelque chose qui allait changer sa vie ! Oui, c'était beaucoup demander, beaucoup d'espoir pour juste une question posée à un lycaon, mais au point où il en était... Il ne lui restait que ça !

- Mmm... J'ai vu plusieurs lions correspondant à ta description mais je doute que ce soit ceux que tu cherches : il s'agissait de Mositus. Oh ! Au fait, je me nomme Fleck, enchanté Alfajiri !

Le Kulisha posa ses fesses sur le sol en poussant un long soupir. Encore un échec... Il avait déjà confondu Haki avec un Mositus, et cela l'avait complètement découragé. Il était vrai qu'avec leur pelage foncé, les fugitifs pouvaient facilement être pris pour des Mositus, et peut-être s'étaient-ils mêlé à eux pour se fondre dans le décors. C'était une idée de génie ! Alfa avait enfin eu une réflexion intelligente, c'était la première de la journée. Il allait donc falloir qu'il se rende jusqu'au Baobab, là où les fameux Mositus vivaient depuis que les Jangowas les avaient chassés de leur terre. Ils partageaient la Lande avec les Pridelanders, qui avaient également été chassé, par les Nyeusis et les Freelanders. Le Kulisha ne serait peut-être pas très bien accueilli là bas, il allait devoir se méfier. Y aller seul n'était peut-être pas une bonne idée, il devait demander à quelqu'un de venir avec lui. Lutelo sans doute. Enfin, il aurait tout le temps d'y réfléchir lorsqu'il retournerait sur Freeland, il devait pour l'heure se concentrer sur sa conversation. Une seule chose à la fois, c'était bien trop compliqué sinon, pour le pauvre Alfa, si peu malin.

- Je suis navré, je suis incapable de te dire quoi que ce soit... Ceci dit je serais ravi de t'aider si d'aventure je venais à les croiser, mais avant, je voudrais que tu me rende un service. Ce n'est pas grand chose mais vois-tu, je suis un... Heu... Un conteur là d'où je viens, je voyage pour apprendre des choses ou des histoires et les partager avec mes semblables. J'aime à tout connaitre du monde qui m'entoure et si je suis venus sur ces territoires c'est pour en apprendre plus sur les lions, leurs coutumes et leur histoire.

Le mâle caramel ouvrit de grands yeux plein de curiosité, captivé par les paroles du lycaon. Un conteur ? C'était drôlement chouette comme poste ça ! Raconter des histoires, voyager pour en entendre des nouvelles... Ça donnait envie de rêver. Ce n'était pas le genre de vie que désirait le Kulisha, mais il aurait bien aimé avoir un conteur dans son clan, pour se distraire quand il s'ennuyait. Cela lui rappelait ses nourrices, qui lui narraient des récits anciens quand il était enfant, pour l'endormir. Fleck faisait-il de même ? Il devait être beaucoup aimé des siens si c'était le cas, tout le monde aimait les histoires après tout. Il était plutôt étonnant qu'un conteur lycaon soit venu jusqu'ici pour entendre des histoires de lions, cela les intéressait donc ? Les félins, de leur côté, n'avait pas grand chose à faire des histoires des canidés, peut-être était-ce parce qu'ils avaient déjà leur propre problème à régler. Il y avait beaucoup de conflit ces temps-ci, entre les différents clans. Entre les Pridelanders qui voulaient sans doute récupérer leur Rocher, les Mositus qui allaient peut-être se battre contre les Jangowas, les Freelanders qui cherchaient Déjem et Haki... Beaucoup de remue-ménage sur la Terre des Lions !

- Et malheureusement, si je sais plusieurs chose sur les pays voisin ainsi que sur les anciens meneurs des Freelanders, je ne sais que très peu à propos de leur nouveau Roi, Sharkan le Puissant et les grands guerriers qui exécutent ses ordres, les Kulishas. Tu en fait parti alors tu pourrais me renseigner ? Je veux savoir tout ce qu'il y a à savoir. Lorsque je rentrerai dans ma contré, je veux pouvoir raconter tout ce que j'ai entendu ici ! Mes semblables adorent ces histoires !

Alfa ne pris pas la peine de beaucoup réfléchir. Faire l'éloge de Sharkan, c'était dans ses cordes après tout, et le monarque serait sans doute très content que son petit soldat vante ses mérites à un conteur, qui pourrait ensuite raconter cette histoire à toute sa famille, et ainsi étendre la réputation du souverain. Le mâle caramel esquissa un sourire enthousiaste, répondant à celui du canidé, et rassembla ses idées pour donner le plus d'information possible à Fleck. Par quoi pouvait-il commencer ? Raconter comment Sharkan était monté sur le trône ? Lui-même ne savait pas grand chose à ce sujet, puisqu'il était tout petit à cette époque, mais il pouvait débuter son récit par là. Alfa se racla un peu la gorge et commença :

- Alors... Avant, Freeland avait un roi, Déjem, mais ce dernier ne faisait pas grand chose pour le bien du clan. Sharkan se savait plus apte à diriger, car il a l'âme d'un meneur. Il a donc renversé Déjem et est devenu roi. Il y a eu des morts bien sûr, parce que certains soutenaient quand même Déjem. Sharkan a ensuite recueilli les orphelins que ce coup d'état avaient donné, et a pris soin d'eux. Les Kulishas. Je fais parti de ces orphelins.

Etrangement, Alfa ressentit une certaine tristesse à évoquer sa situation. Pourtant, d'habitude, il se fichait bien de ne pas avoir de famille. Il haussa les épaules. Il ne devait pas avoir de chagrin. Son unique but était de satisfaire Sharkan après tout, c'était tout ce qui comptait. Il continua donc :

- Maintenant, il y a des rebelles qui commencent à s'élever. Ils préparent un coup d'état pour renverser Sharkan, mais nous autres les Kulishas, nous allons les en empêcher.

Il avait parlé d'un ton ferme, ce qui ne lui ressemblait pas tellement, mais qui correspondait à la stature qu'il voulait se donner. Un vrai guerrier, voilà ce qu'il était, voilà ce qu'il voulait être. Il finirait bien par y arriver...

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Le lion semblait happé par mes paroles. J'en étais à la fois fier et mécontent. Fier car j'arrivais à retenir l'attention de mon interlocuteur et mécontent car je ne disais que des mensonges. Ceci dit... C''est vrai que j'aurai adoré être conteur mais la vie en avait décidé autrement. Mais qui sait ? J'allais peut être avoir l'occasion de jouer ce rôle lorsque la paix serait revenu et que j'aurais un peu plus de temps tranquille ! Dans tout les cas, lorsque je lui demandais de me parler de son souverain, le lion fit un sourire enthousiaste. Sans doute était-il ravi de pouvoir étendre la réputation de son souverain au delà de ces terres. Le voir aussi heureux d'accomplir sa mission, comme le serait un lionceau, me rendait presque coupable de jouer ainsi avec lui. Je fis mon possible pour cacher la culpabilité et le regret qu'on pouvait presque lire dans mon regard tandis qu'Alfajiri rassemblait ses idées. Après un instant de réflexion, le félin caramel se racla la gorge et commença :

- Alors... Avant, Freeland avait un roi, Déjem, mais ce dernier ne faisait pas grand chose pour le bien du clan. Sharkan se savait plus apte à diriger, car il a l'âme d'un meneur. Il a donc renversé Déjem et est devenu roi. Il y a eu des morts bien sûr, parce que certains soutenaient quand même Déjem. Sharkan a ensuite recueilli les orphelins que ce coup d'état avaient donné, et a pris soin d'eux. Les Kulishas. Je fais parti de ces orphelins.

Mmm... C'était donc ainsi que lui, et sans doute les autres Kulishas, voyaient les choses. C'est fou comme les choses changent d'un point de vue à un autre : à ces yeux, Sharkan semblait être un héros, au yeux des rebelles, c'étaient un monstre. Mais voilà... Qui détenait la vérité et qui se mur dans un mensonge ? Ni l'un, ni l'autre. Les deux ont raison et les deux on tort, car chacun d'eux voit une face différente du lion. Chacun d'eux à une raison de croire en ce en quoi il croit. Et c'est en ça qu'il n'y ni bon, ni mauvais lors d'une guerre. Juste des animaux avec des points de vue différents. Alfajiri était un parfait exemple de cela : il appartenait au camp que l'on considéré comme mauvais donc il devrait l'être aussi mais au contraire, le lion me semblait gentil. Bref ! Ce n'était pas le moment de se torturer avec ça. Peu importe mon ressentis, nous étions en temps de guerre et ce lion n'était pas un allié ! Après tout, de ce que je savais, les Nyeusis avait aidé Sharkan, donc les Kulishas et tout les lions sous la coupe du tyran étaient les alliés potentielles des lions noir.

- Maintenant, il y a des rebelles qui commencent à s'élever. Ils préparent un coup d'état pour renverser Sharkan, mais nous autres les Kulishas, nous allons les en empêcher.

Le discours d'Alfajiri m'étonna en ce sens qu'il ne parlait nul part des alliés de son souverain... Tien donc... Peut être était-il trop jeune pour se souvenir de l'attaque. Peut être une faille à exploiter. Pensif, je tentais néanmoins de conserver en mémoire les détails fournis par le félin. Alors Sharkan étaient le sauveur des orphelins qu'il avait lui même créé ? Je trouvais ça un peu ironique... Mais j'avais bien été adopté par Haramu alors qu'il avait tué ma mère. Je ressemblais plus aux Kulishas que ce que je pensais. Ceci dit, contrairement à eux, je gardais une certaine rancœurs envers mon "sauveur".

- Mmm... Un histoire passionnante. Ce Sharkan me semble être un souverain soucieux du bien être de ces sujets. Il a tout mon respect : chez nous les lycaons, veillez au bien être des autres est un gage de vertu. Les miens seraient heureux d'entendre que les lions sont tout aussi respectueux des leurs.

Bon, le brossage dans le sens du poil c'était fait. Quoi que... Je pouvais toujours en rajouter un peu. Ça ne ferait de mal à personne. Me relevant calmement, je commençais à faire le tour du lion caramel, l'observant sous toute les coutures. Bien que jeune, il semblait tailler pour la batailles. Les Kulishas semblait être des adversaires redoutable. Prenant un ton mielleux, je déclarai :

- En tout cas, si tout les Kulishas sont aussi fort que tu sembles l'être, ces rebelles n'ont aucune chance.

Je fis une courte pause accompagné d'un sourire. Mais cette mine réjouie disparut bien vite, remplacé par une expression bien plus attristée.

- Mais quel dommage de devoir régler ça dans le sang. Une autre bataille, qui mènera à d'autres morts... et à d'autres orphelins. Enfin, les lions sont des guerriers nés. Je suppose que c'est dans votre nature de vous battre, vous connaissez les conséquences de ces guerres et êtes prêt à les affronté. N'est ce pas ?

Mon ton s'était fait intentionnellement plus sévère vers la fin. La petite lueur de tristesse qui était apparut dans les yeux du lion lorsqu'il avait parlé de son passé ne m'avait pas échappé : j'étais bien conscient que je jouais avec une corde sensible... Mais c'était nécessaire.
Après quelques instants de silence, je pris une mine plus enjouée et, avant que le lion puisse dire quoi que ce soit, j'enchainais :

- Mais dis moi, tu devais être bien jeune lorsque le Puissant Sharkan a conquis le trône. Quel age avais-tu ?

Je gardais mes questions sur les Nyeusis pour plus tard. Après tout, si Alfajiri était trop jeune à cette époque, il y avait peu de chance qu'il se souvienne d'eux...

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Le petit canidé semblait écouter attentivement les paroles du Kulisha, qui était plutôt fier d'avoir ainsi captivé son interlocuteur. L'idée que son récit puisse être ainsi raconté à d'autres le remplissait d'une joie puérile mais bien présente. Il espérait bien qu'un jour, son nom serait connu de tout le clan pour autre chose que ses bourdes et ses gaffes. C'était son plus beau rêve, être reconnu, respecté et admiré par l'ensemble des Freelanders et, peut-être - osait-il y songer ? - par l'ensemble de la Terre des Lions. Il en avait des papillons dans le ventre rien que d'y penser, et ses yeux s'illuminaient de cet éclat presque magique. Pourtant, la réalité revenait à lui assez rapidement, et il savait qu'il n'était pas destiné à un tel sort. Il n'était pas comme Sharkan, un leader dans l'âme, charismatique, puissant, fier, intelligent, courageux... Jamais il n'aurait eu la bravoure de faire entendre sa voix comme son souverain l'avait fait, prenant la place qu'il estimait devoir lui revenir. Le guerrier retint un soupir. Il n'était pas prêt de se faire remarquer avec un tel état d'esprit. Il ne fallait pas perdre espoir, son heure de gloire viendrait, il se l'était déjà maintes fois répété. Il prouverait à tout ceux qui le méprisaient qu'il était digne de respect, et pour cela, il n'avait pas des centaines de possibilités. Il devait trouver et tuer Déjem et Haki.

- Mmm... Un histoire passionnante. Ce Sharkan me semble être un souverain soucieux du bien être de ces sujets. Il a tout mon respect : chez nous les lycaons, veillez au bien être des autres est un gage de vertu. Les miens seraient heureux d'entendre que les lions sont tout aussi respectueux des leurs.

Alfa bomba le torse, ne pouvant retenir une certaine fierté. Il n'avait pas tout compris aux paroles du lycaon, mais il avait l'air d'avoir bien aimé son récit, c'était tout ce qui lui importait. Prendre soin des autres... Ce n'était pas vraiment sa priorité, il devait le reconnaître. Il éprouvait un certain attachement pour ses confrères Kulishas, qu'il considérait comme ses frères, mais ce n'était pas le cas de tous, et il y avait parfois de la compétition entre eux, à la place de la complicité. Chacun voulait être dans les bonnes grâces de Sharkan, et pas tout le monde n'y parvenait. Alfa ne devait sa position qu'à Lutelo, il en avait conscience, et espérait avoir un jour l'occasion de remercier comme il se devait son ami. Il se demanda un instant ce qu'il se passerait si c'était le rouquin qui trouvait les fugitifs avant lui. Serait-il jaloux de la gloire de son camarade ? Surement un peu, mais ce dernier méritait d'être reconnu, tout autant que le mâle caramel. Lutelo avait été malmené par Wanji durant l'enfance, à cause de sa taille plutôt chétive, mais maintenant qu'il était un adulte, il était prêt à rendre la monnaie de sa pièce à la grosse brute.

- En tout cas, si tout les Kulishas sont aussi fort que tu sembles l'être, ces rebelles n'ont aucune chance. Mais quel dommage de devoir régler ça dans le sang. Une autre bataille, qui mènera à d'autres morts... et à d'autres orphelins. Enfin, les lions sont des guerriers nés. Je suppose que c'est dans votre nature de vous battre, vous connaissez les conséquences de ces guerres et êtes prêt à les affronté. N'est ce pas ?

Cette fois, le Freelander perdit son sourire triomphant. Il n'était pas un grand amateur de violence, de mort ou de sang, il se contentait d'obéir aux ordres. S'il l'avait pu, bien sûr qu'il aurait aimé gagner sa place auprès des siens sans avoir à commettre un meurtre. Mais c'était les ordres du roi, il n'avait pas le droit de se défiler. C'était, qui plus est, une chance immense pour lui de se mettre sur les feux de la rampe, et cette occasion ne se présenterait peut-être plus avant un moment. Il devait donc la saisir, peu en importait le prix. Tuer des traîtres à son clan ne lui resterait pas énormément sur la conscience, du moment qu'il y avait une récompense à la clé. Il hocha donc la tête en retrouvant un semblant de fermeté. Les Kulishas étaient entraînés pour se battre, pour gagner, pour leur souverain. Il se rendit alors compte que Fleck l'observait avec une certaine intensité, ce qui l'interloqua. Que voulait-il savoir à présent ?

- Mais dis moi, tu devais être bien jeune lorsque le Puissant Sharkan a conquis le trône. Quel age avais-tu ?

Alfa plissa les yeux pour essayer de rappeler à sa mémoire des images du temps avant son monarque, en vain. Il ne se souvenait de rien. Le visage de ses parents avaient disparus de sa mémoire, il ne savait rien sur eux. Ils auraient tout aussi bien pu être des traîtres que des loyales guerriers de Sharkan, il ne le saurait jamais. Lorsqu'ils étaient morts, le Kulisha n'était qu'un minuscule bébé, bien trop jeune pour se souvenir de quelque chose. Un de ses premiers souvenirs était le sourire bienveillant des nourrices, dans le Repère, tandis qu'elles s'occupaient de lui et des autres orphelins. Avant cela, il n'y avait rien, à part des flashs de couleurs, de lumière, des voix qui prononçaient des paroles intelligibles. Il secoua la tête, et déclara, d'un ton dénué d'émotion.

- J'étais très jeune oui. En vérité, je n'ai aucun souvenir de mes parents, aucun souvenir de la vie avant que Sharkan devienne roi. Il est pour moi l'unique souverain valant la peine d'être suivi et les Kulishas sont devenus ma famille.

Sans doute aurait-il pu demander aux nourrices des détails sur ses géniteurs, mais cela ne l'avait jamais réellement intéressé. Il ne savait donc pas non plus s'il avait eu des frères et sœurs, des oncles, des tantes, une famille. Tout cela n'avait aucune importance à ses yeux, seul le présent comptait. Il devait se battre pour gagner sa place, pour être accepté comme un véritable guerrier, le reste ne devait pas le préoccuper. Il ajouta, d'un ton déterminé :

- Si la guerre contre les rebelles donne d'autres orphelins, nous nous occuperons d'eux. Ils ne seront jamais seuls comme ça.

Après tout, si certains avaient pris de leur temps pour assurer son éducation et son apprentissage, ce serait son devoir de s'occuper des futurs lionceaux qui rejoindraient peut-être Freeland, lorsqu'ils auraient étouffé cette révolution. Et le plus tôt serait le mieux.

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J'écoutais avec attention les déclaration du Kulishas. J'étais plus que curieux de découvrir les réponse à mes interrogations. Savait-il seulement qui été Sharkan ? Il avait été élevé pour être un fidèle serviteur du tyran, avait-il même connu autre chose que le règne du tyran où il lui été sans cesse rabacher que Sharkan était le meilleur souverain qui pouvait exister ? Sans doute non. A vrai dire, ce que me répondit le lion confirma mes doutes.

- J'étais très jeune oui. En vérité, je n'ai aucun souvenir de mes parents, aucun souvenir de la vie avant que Sharkan devienne roi. Il est pour moi l'unique souverain valant la peine d'être suivi et les Kulishas sont devenus ma famille.

Je plissais légèrement les yeux. Évidemment qu'il était le seul souverain qu'il voulait suivre : c'était le seul qu'il avait connu ! Ou... Peut être était-ce plus compliqué que ça ? Rien n'est simple dans ce monde. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser que si la majorité des Kulishas soutenaient Sharkan, s'était surtout parce qu'on ne leur avait jamais donné d'autres choix. On leur avait enfoncé dans la tête dès leur plus jeune âge que le tyran était un grand roi qui valait la peine d'être suivit donc ils le suivaient, fin de l'histoire.
Ceci dit, je n'avais aucun mal à concevoir que tout ces orphelins avaient finis par former une vraie famille : la famille n'a rien à voir avec le sang qu'on porte. La famille, c'est ceux qui nous soutiennent dans tout les moments de notre vie. Pendant un cours instant, je me surpris à imaginer Alfajiri lionceaux jouant avec ces camarades Kulishas. Cependant, le lion caramel ajouté quelques mots avec détermination, ce qui me coupa dans mes pensés.

- Si la guerre contre les rebelles donne d'autres orphelins, nous nous occuperons d'eux. Ils ne seront jamais seuls comme ça.

Je ne pus m'empêcher de renâcler avec dédain. Ce n'était pas le fait qu'ils veuillent recueillir des orphelins qui me posait problème, c'était ce qu'ils comptaient en faire. Des guerriers. Des lions ayant pour seul but de sa battre afin d'asseoir encore plus le règne du tyran.

- Oh, je n'en doute pas. Avoir de nouveau guerrier dans ses rangs devrait grandement avantagé ton souverain. Cependant... Et si ces lionceaux ne voulaient pas devenir des guerriers ? Regardes-toi, Alfajiri, t'as-t-on demandé une seul fois si devenir un guerrier te plaisait ? J'en doute. Pourtant, tu en es devenu un.

Mon ton était toujours aussi calme mais il c'était fait un peu plus glacial.

- Nous avons tous des rêves en ce monde. Petits ou grands. Certains veulent devenir des grands guerriers d'autres veulent éviter la guerre à tout pris, voyager, découvrir des choses. Et pas vivre enchainer à un royaume qui veux à tout pris faire d'eux des guerriers. Qu'arrivera-t-il à ses lionceaux s'ils intègrent les Kulishas ? Crois-tu vraiment qu'ils seront heureux de vivre une vie qui s'oppose à tout ce qu'ils espèrent ? Je ne le pense pas.

Je poussais un long soupir. Ce que j'essayais de faire comprendre à Alfa', ce n'était pas que Sharkan était mauvais, c'était peine perdu. Mais j’espérais lui ouvrir les yeux sur certaines conséquences des actes du tyran. Enfin... Peut être était-ce peine perdu là aussi. Mais je pouvais toujours essayé.

- Dis moi Alfajiri, tu t'es déjà posé des questions sur ce que tu faisais, ce que t'ordonnais de faire le Grand Sharkan ? Pourquoi il faisait ça ?

M'ouais, je connaissais plus ou moins la réponse, quelque chose me faisait croire qu'il se contentait de suivre les ordre, ni plus, ni moins.

- Lorsque j'étais petit, je posais des tas de questions sur le pourquoi du comment. Beaucoup me disais que ça ne servait à rien. Ces gens là étaient des idiots. Les questions nous permettent de grandir, d'en savoir plus sur ce qui nous entoure et de comprendre le monde et ceux qui l'habite. Car c'est en comprenant les choses que l'on sait si oui ou non, ce que l'on fait vaut la peine d'être fait.

Je fis une courte pause. Reprenant mon inspiration.

- Alors Alfajiri ? Ce que fait Sharkan vaut-il la peine d'être fait ? Son règne vaut-il vraiment le malheur de dizaine et dizaine de lions, lionnes et lionceaux ?

Je me doutais que sa réponse serait "oui", mais l'espoir fait vivre. Je pouvais toujours tenter le coup... Et puis, qui sait ? Je pouvais toujours être surpris.

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Le canidé semblait attentif aux paroles du Freelander, mais quelque peu dubitatif également. Le soldat était, de son côté, un peu ému devant ses révélations. Il avait toujours eu la sensation étrange d'être à la fois très entouré mais d'être aussi assez seul, ce qui était vrai. Il n'avait pas de famille à proprement parler mais il avait son clan, et Sharkan était une figure paternelle pour lui. Il ne s'était pas rapproché de beaucoup de Kulishas, à part Lutelo et cette amitié était précieuse pour lui. Alfa n'aspirait pas tellement à grand chose, il voulait seulement que son roi le remarque et l'identifie comme un bon guerrier, ce qui n'était pas encore gagner. Il était désespérant de constater à quel point il peinait à accomplir quoi que ce soit de remarquable, ce n'était pas loin de le décourager. Heureusement qu'il gardait toujours espoir. Le reniflement dédaigneux du lycaon le tira de ses pensées, il tâcha de se concentrer à nouveau malgré les pensées qui l'assaillaient.

- Oh, je n'en doute pas. Avoir de nouveau guerrier dans ses rangs devrait grandement avantagé ton souverain. Cependant... Et si ces lionceaux ne voulaient pas devenir des guerriers ? Regardes-toi, Alfajiri, t'as-t-on demandé une seul fois si devenir un guerrier te plaisait ? J'en doute. Pourtant, tu en es devenu un.

Le lion caramel haussa un sourcil. Que serait-il devenu si on avait pas fait de lui un guerrier ? A vrai dire, il ne s'était jamais posé la question. Il n'était pas un très bon chasseur, même s'il savait trouver lui-même sa nourriture, n'était pas un pisteur hors du commun, n'était pas cerveau et se battait convenablement. En vérité, il ne brillait dans aucun domaine. Ainsi, s'il n'était pas devenu un soldat de Sharkan, sans doute serait-il resté un lion quelconque et inutile. Au moins, avec son statu, il pouvait se démarquer, espérer devenir quelqu'un d'important. Bon, pas trop important parce que les responsabilités, ce n'était pas pour lui, mais au moins un petit peu plus qu'un banal sbire. La voix du canidé le tira à nouveau de ses réflexions, il cligna des yeux à plusieurs reprises et attrapa sa phrase au vol.

- Nous avons tous des rêves en ce monde. Petits ou grands. Certains veulent devenir des grands guerriers d'autres veulent éviter la guerre à tout pris, voyager, découvrir des choses. Et pas vivre enchainer à un royaume qui veux à tout pris faire d'eux des guerriers. Qu'arrivera-t-il à ses lionceaux s'ils intègrent les Kulishas ? Crois-tu vraiment qu'ils seront heureux de vivre une vie qui s'oppose à tout ce qu'ils espèrent ? Je ne le pense pas.

Le Freelander fronça un peu les sourcils. Les remarques de Fleck l'ennuyaient un peu, il devait le reconnaître. Il ne savait pas que lui répondre, et se fichait pas mal de toutes ces considérations. Il était bien content d'avoir sa place dans le clan et, pour lui, tous les Kulishas étaient satisfaits. L'image de Limau s'imposa alors à son esprit et il se sentit attristé. L'ancien soldat avait fuit, confiant à Alfa qu'il en trouvait pas sa juste place dans le clan, qu'il ne se sentait pas apprécier à sa juste valeur. Le guerrier au pelage caramel était loin de se douter que Limau avait en vérité rejoint la résistance, au Baobab, et qu'il manigançait avec les autres traîtres pour reprendre le trône de Freeland. Comment aurait-il pu s'en douter ? Limau avait semblé tellement honnête et Alfa était si naïf... Les orphelins qui étaient devenus les Kulishas avaient de la chance de pouvoir se mettre au service du roi, c'était un honneur. Pourquoi auraient-ils souhaité une autre vie ?

- Dis moi Alfajiri, tu t'es déjà posé des questions sur ce que tu faisais, ce que t'ordonnais de faire le Grand Sharkan ? Pourquoi il faisait ça ?

Une fois encore, le lion répondit par une moue contrariée. Le lycaon commençait à l'agacer avec ses questions bizarres. En quoi les ordres du monarque de Freeland le regardaient ? Il n'était qu'un bête canidé, inutile au clan et sans aucune affiliation. Pourquoi Alfa devrait-il perdre du temps à discuter avec lui ? Il avait bien mieux à faire ! Et personne ne devait mettre en question les actions de Sharkan, il était le roi, c'était tout ce qui comptait. Sa parole faisait figure de loi.

- Lorsque j'étais petit, je posais des tas de questions sur le pourquoi du comment. Beaucoup me disais que ça ne servait à rien. Ces gens là étaient des idiots. Les questions nous permettent de grandir, d'en savoir plus sur ce qui nous entoure et de comprendre le monde et ceux qui l'habite. Car c'est en comprenant les choses que l'on sait si oui ou non, ce que l'on fait vaut la peine d'être fait.

Alfa était perdu à présent. Il avait complètement décroché et n'écoutait qu'à moitié les paroles de Fleck. Ses yeux s'étaient égarés dans le vague et son expression exprimait sa lassitude. Il n'était pas du genre à se retourner l'esprit de question existentiel, à se demander quelle était sa fonction dans l'univers ou à refaire le monde dans sa tête. Il n'avait même jamais tenté d'imaginer une vie différente que celle qu'il menait. Que se serait-il passé si ses parents n'étaient pas morts ? Quel aurait été son avenir ? Et comment étaient ses parents ? Il s'en fichait. Il n'y avait que le présent qui comptait, le passé était futile et le futur imprévisible.

- Alors Alfajiri ? Ce que fait Sharkan vaut-il la peine d'être fait ? Son règne vaut-il vraiment le malheur de dizaine et dizaine de lions, lionnes et lionceaux ?

Il avait bien entendu ce coup-ci, et son regard se durcit. Le lion caramel n'aimait pas réfléchir, et il n'aimait pas qu'on l'ennuie. Or, Fleck l'ennuyait, il l'ennuyait beaucoup et il ne comprenait pas où le lycaon voulait en venir. En quoi les Kulishas ou même Freeland le concernait ? Ce n'était pas ses affaires, il n'avait pas à fourrer sa truffe là dedans. Qui était-il pour juger le règne d'un si grand roi que Sharkan ? N'avait-il pas conscience que ce lion était sans doute le plus puissant de la terre ? Alfa se dressa sur ses pattes, dominant le canidé de toute sa hauteur et, les prunelles rétrécies à un mince filet vert, il lâcha froidement :

- Je ne comprends rien à tes paroles, lycaon. Mais tu me fais perdre mon temps, et j'ai bien d'autres choses à faire que parler avec toi. Si tu t'avère être un ennemi de Freeland, je serais forcé de te tuer. Je peux toutefois épargner ta vie, car je n'aime pas avoir du sang inutile sur la conscience. Ose encore mal parler de mon roi et je te ferais regretter tes paroles. Est-ce bien clair ?

Alfa n'était pas un lion très brave, ni très fort, ni très intelligent, mais il était loyal et peut-être était-ce sa plus belle qualité. Il était dommage qu'un esprit aussi docile soit au service d'un tyran, mais il n'en avait nullement conscience et suivait simplement les ordres, comme il l'avait toujours fait.


[Je pense qu'on s'approche de la fin du RP, on peut le conclure dans un post ou deux si tu veux !]

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Mes paroles semblaient déplaire au jeune lion et quoi de plus normal ? Il devait avoir une haute estime de son tyran de roi et voilà qu'un pur inconnu se montrait irrespectueux envers lui. A vrai dire, je commençais à penser que j'avais été un peu loin... Les paroles glacials d'Alfajiri me confortèrent alors dans cette idée.

- Je ne comprends rien à tes paroles, lycaon. Mais tu me fais perdre mon temps, et j'ai bien d'autres choses à faire que parler avec toi. Si tu t'avère être un ennemi de Freeland, je serais forcé de te tuer. Je peux toutefois épargner ta vie, car je n'aime pas avoir du sang inutile sur la conscience. Ose encore mal parler de mon roi et je te ferais regretter tes paroles. Est-ce bien clair ?

J'haussais un sourcil. Est-ce que j'avais peur ? Pas vraiment, même si j'aurais sans doute dû. Pourquoi ? Parce que je n'étais pas un ennemi de Freeland. Enfin, j'étais sans doute un ennemi de Sharkan vu que j'étais du côté de Prideland, mais je n'avais rien contre les Freelander de manière général. Cependant, il était inutile de continuer la discussion, je n'arriverais pas à changer l'idée du lion caramel à propos de Sharkan. Bah, il finirait sans doute par s'en rendre compte. Du moins je l'espérais pour lui car le Grand Esprit seul savait ce qu'il adviendrait des Kulishas dès lors que le Tyran serait renversé...
Quoi qu'il en soit, mieux valait s'arrêter là. Je n'avais aucune envie d'énerver davantage Alfajiri même si je me savais capable de le fuir suffisamment vite. Avec un léger hochement de tête, je répondis :

- Fort bien.

D'un pas lent, je me relevais.

- Je suis navré de t'avoir vexé. Ce n'était pas mon intention. J'aime simplement poser des questions et je ne me rend pas toujours compte qu'elles peuvent être blessantes. Aussi, en gage d'excuse, j'aimerai t'offrir ceci.

Sur ces mots, je récupérais la proie que j'avais tué juste avant de rencontré Alfajiri : le petit mulot. Ce n'était pas grand chose mais, si je ne regrettais pas mes paroles par rapport à Sharkan, je ne voulais sincèrement pas vexé le lion caramel. De toute façon, notre conversation m'avait un peu coupé l'appétit et les proies se faisant rares, il aurait été dommage de gâcher. Après avoir déposé le petit animal devant le lion, je m'écartais.

- Sur ce, je te laisse puisque je semble t'ennuyer. J'ai été ravi de te rencontrer, même si je doute que ce soit réciproque. Je te souhaite une bonne journée.

Je me mis alors à trottiner pour m'éloigner du lion. En temps normal, je serais rentré directement au Baobab mais la présence d'Alfajiri m'en empêchait. Après tout, c'était au Baobab que se trouvait les rebelles et si le lion caramel avait eu l'idée de me suivre... Mieux valait ne pas y penser. Aussi, je me dirigeais vers les gorges. Là bas, je pourrais alors me reposer à l'ombre des rochers, jusqu'à être certain de pouvoir rentrer.

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Fleck n'eu pas l'air particulièrement effrayé par les menaces du Freelander, ce qui énerva d'avantage ce dernier. Il semblait cependant plus prudent, peut-être avait-il donc un peu peur, finalement. Alfa espérait l'avoir contraint au silence, mais il avait encore du travail pour devenir aussi impressionnant que Sharkan. Personne n'osait le défier, lui ! Alors que tout le monde se moquait du Kulisha un peu maladroit qu'il était. Un jour, il en imposerait lui aussi, c'était sa plus grande ambition. Le lycaon répondit alors, en reculant d'un pas, optant visiblement pour la prudence, comme il était conseillé de le faire.

- Fort bien. Je suis navré de t'avoir vexé. Ce n'était pas mon intention. J'aime simplement poser des questions et je ne me rend pas toujours compte qu'elles peuvent être blessantes. Aussi, en gage d'excuse, j'aimerai t'offrir ceci.

Le lion caramel haussa un sourcil et baissa les yeux sur le petit rongeur qui trônait à présent devant lui. Sans doute était-ce une preuve de sa bonne volonté, mais cet animal serait bien insuffisant pour nourrir un mâle de sa taille. Alfa garda cependant cette remarque pour lui, il était satisfait que son ton menaçant est fait son petit effet. Il n'était pas parfaitement convaincu que les questions posées par Fleck soient simplement née de la curiosité du lycaon, mais il ne pouvait pas l'accuser d'avantage. Il s'était excusé après tout, c'était un bon point. Et puis, un canidé comme lui n'avait sans doute rien à voir avec les conflits de lions, c'était au-dessus de lui. Le Freelander n'avait pas plus de temps à perdre avec lui, il n'avait toujours pas avancé sa mission et il n'aimait pas rester trop longtemps sur le territoire des Nyeusis. Ces lions noirs avaient beau être de leur côté, ils étaient assez imprévisible et terrifiant, il fallait le reconnaître. Même un guerrier comme lui devait courber l'échine devant eux, ils étaient tellement massifs ! Mieux valait ne pas les contrarier, et évitait d'être vu chez eux. Heureusement, ils n'étaient pas très nombreux, ils ne pouvaient donc pas ratisser l'entièreté de Prideland de patrouille, ce qui permettait de s'y aventurer prudemment de temps en temps. Evidemment, y chasser n'était même pas envisageable, et ce n'était pas le rôle d'Alfa en ces terres. Il redressa la tête, pour constater que le lycaon reculait encore.

- Sur ce, je te laisse puisque je semble t'ennuyer. J'ai été ravi de te rencontrer, même si je doute que ce soit réciproque. Je te souhaite une bonne journée.

Sans attendre de réponse, le canidé tourna les talons et s'en alla, laissant sa proie derrière lui. Alfa le regarda filer, les yeux plissés, quelques questions lui trottant dans la tête. S'il le suivait, peut-être le conduirait-il auprès des rebelles ? Non, c'était impossible... Pourquoi des lions seraient-ils alliés avec un lycaon ? C'était ridicule. Cet animal ne savait rien de leur problèmes, il avait simplement parlé à tord et à travers, sans doute pour énerver le mâle caramel. Ce dernier ne comptait pas le prendre en filature, il avait bien d'autre chose à faire et aucune envie de perdre son temps. Il se pencha et englouti le mulot en quelques bouchées, essayant d'ignorer l'odeur de canidé qui s'en dégageait. Puis, il s'étira et, après avoir vérifié que la voie était libre, il se dirigea vers Freeland. Encore une journée vaine, il n'avait rien trouvé. Déjem et Haki étaient bien caché, voilà qui était une certitude. Où dont pouvaient-ils bien être ? Alfa finirait bien par les trouver, c'était sa mission, il devait la mener à bien.


[Fin pour moi aussi ! Merci pour ce RP qui aura fait chauffer les méninges du p'tit Alfa x)]

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