Selon des sources sûres, telles celles provenant de la famille royale elle-même, Massempo était difficile à trouver seul. Mais cela se produisait quotidiennement, et je réussis à savoir où et quand, précisément, par ces mêmes contacts. Mais je décidai de m'y rendre seul avec ma petite famille. Non pas que je ne faisais pas confiance à Tahani, mais c'était ma requête et je n'avais besoin de personne d'autre que les concernés. Alors je me rendis sur la Termitière avec Valaka, ma sœur jumelle, ma nouvelle raison de vivre, et Shaara, mon beau-frère et ami de toujours, un fidèle compagnon. Cela devenait visible que ma sœur était gestante, c'est pourquoi le temps pressait et jouait contre moi.

- Qui nous dit qu'il voudra de nous, ton roi-que-tu-n'as-encore-jamais-rencontré-depuis-trois-ans-que-tu-vis-ici ?

Je savais pertinemment qu'elle était un brin moqueuse en disant cela, mais il me fallait reconnaître en moi-même qu'elle avait raison. Je ne savais rien de lui, et c'était pour cela que je lui préférais sa fille : elle savait être au contact de son peuple, elle ! Lui n'était plus que l'ombre de sa réputation, il avait perdu sa grandeur depuis plusieurs années. Il était plus que temps qu'il cède le trône d'Outland...

- Mes dons de persuasion très chère sœur ! Aussi, j'aimerais que pendant l'entrevue, vous disiez le moins de choses possible, excepté s'il vous parle. Au début, ce sera à moi de parler...ensuite, lorsqu'il vous posera les questions, ce sera à vous de prouver que vous valez l'intérêt qu'il vous portera.

Il ne me répondirent rien, car cela faisait une dizaine de fois que je le leur répétais, mais ils approuvèrent d'un signe de tête, ce qui me rassura. Aucun des deux n'avait visiblement l'intention de tout faire foirer en dernière minute. Cela ne leur ressemblait pas, mais je savais pertinemment la réticence de Valaka, et je savais aussi ce qu'elle était capable de faire lorsqu'un roi ne lui plaît pas !

Ainsi donc, notre petite famille avançait au sein de la Termitière, puis nous tombions sur Massempo. Il était toujours grand et musclé, malgré son âge et son récent statut de grand-père. Mais cela cachait selon moi un lion affaiblit par les responsabilités et les ans, qui avait perdu petit à petit de son autorité et de sa réputation, et tout cela, à cause de son alliance ratée avec les Nyeusis...

En m'assurant que ma famille suivait mon geste, je m'inclinais le plus respectueusement possible, assez bas, et dit de ma voix profondément rauque et grave :

- Nous vous saluons, Roi Massempo !

Je laissai un petit temps, histoire qu'il puisse nous observer et nous jauger un petit peu, avant de me redresser et de continuer :

- Je me présente : Chombo Hiki, guerrier d'Outland, vivant sur la rivière avec les crocodiles. Et voici ma famille exilée : Valaka, ma sœur jumelle, et Shaara, son compagnon.

Je pris une pause, afin de reprendre mon souffle et d'aérer mon laïus, lui laissait potentiellement le temps de répondre, puis je repris :

- J'aimerais...enfin nous aimerions vous faire part d'une demande d'adhésion. Ma famille est exilée depuis longtemps, et elle cherche depuis son exclusion du Grand Désert à servir à nouveau un clan où elle peut s'estimer comme chez elle, et exprimer par ses actes sa loyauté envers un roi qu'elle a choisit et non celui qu'on lui impose.

Pour l'instant, je taisais volontairement la vraie raison de ce choix, mais s'il s'en apercevait - et le ventre de Valaka criait suffisamment fort son augmentation de volume pour qu'il ne puisse passer à côté - il risquait fort de soulever le problème. A quoi bon me lancer dans des situations délicates tout seul alors qu'elles pouvaient venir d'elles-mêmes ? Aucun intérêt.

Je fus surpris de sa réponse. En effet, selon Tahani, je ne devais pas m'attendre à ce qu'il accepte en comprenant la vraie raison de cette demande d'acceptation, et pourtant...c'était précisément ce qu'il venait de faire ! Peut-être m'étais-je trompé sur le compte de ce lion, finalement. Sans doute était-il un roi meilleur que ce que j'imaginais, mais trop effacé depuis quelques temps, peut-être à cause de l'âge. Cela dit, il avait très bien compris où je voulais en venir. L'âge ne lui faisait pas perdre la tête, au moins. Je tournais la tête Valaka, lui adressant un sourire réconfortant : ici, elle allait pouvoir élever le petit (ou la petite) en toute sûreté. Mais mes pensées s'assombrirent soudain, même si je n'en montrais rien : il allait falloir discuter du fait que le lionceau qui allait venir au monde doive ou non savoir à propos de son frère Jango...

Ils comprirent que c'était à eux de jouer, alors ils s'avancèrent tour à tour vers leur nouveau roi et lui prêtèrent serment, fidélité, service et tout ce qui allait avec. Aujourd'hui, j'étais presque heureux : je savais que tant que la guerre n'éclatait pas, ma sœur et mon neveu (ou ma nièce) étaient en sécurité. Et Shaara cesserait de s'ennuyer, il allait enfin avoir un nouveau but à sa vie. L'ancien était de m'aider à retrouver ma famille et tuer mon père...ma vengeance désormais accomplie depuis plusieurs mois, il n'avait rien à faire, ni même le pouvoir de s'occuper de son fils unique, car il n'en avait plus. Mais maintenant, il allait avoir un autre descendant dont il faudrait s'occuper, et un clan à servir. Je le sentais dans les paroles qu'il prononçait à son nouveau roi : il semblait heureux d'avoir une nouvelle appartenance, et une famille.

Une fois les serments prêtés, ils revinrent à mes côtés, et Valaka s'assit en prenant appui sur son compagnon, fatiguée qu'elle était de sa portée. Repose-toi ma sœur, ici tu pourras dormir sur tes deux oreilles, paisiblement, en toute sécurité, que je sois à tes côtés ou non. Je m'adressai alors à mon nouveau roi, encore un peu décontenancé de sa spontanée bonté :

- Je...vous remercie d'avoir accepté notre faveur, mon roi. Votre fille aînée m'avait laissé comprendre que cela risquait d'être plus...bon aller tant pis, il faut oser dans la vie ! Et il m'étonnerait beaucoup qu'il le prenne au plus mal ! Ardu. Mais au moins ai-je eu le plaisir de constater que mes inquiétudes étaient infondées.

Finalement, ma curiosité était un peu attisée envers ce roi. Je souhaitais le connaître un peu plus, car il m'avait déjà surpris une fois cinq minutes après notre premier échange de regards...pourquoi ne me surprendrait-il pas encore maintes fois dans une même conversation ? Je brûlais désormais de le connaître, de connaître le père de celle dont j'avais décidé de me porter garant à vie. Si Outland est une famille, le roi en est le père. Peut-être était-il tout simplement le père de son peuple, plus légitime que n'importe qui d'autre. Mes premières opinions à son égard étaient quelque peu bousculées : il semblait plus soucieux de son peuple que ce que j'imaginais. Mais peut-être les événements ne lui donnaient pas assez l'occasion de le montrer. Ou bien, simplement son âge avancé lui interdisait d'être aussi intrépide que sa réputation ne le disait.

C'était une leçon qu'il me faudrait retenir de cette dernière réflexion : il allait falloir que je prenne en sagesse et perde en impulsivité...

Il éclata de rire, ce qui me rassura et me fit largement sourire. Son explication aurait aussi de quoi m'arracher un fou rire. Il avait raison : c'était son père, et il valait mieux pour tout deux qu'il continue à l'impressionner, malgré son âge adulte. Quelque part, cela prouvait une forme de respect de la princesse à l'égard de son géniteur, malgré les récents différents qui opposaient leur famille.

Après s'être calmé un peu, il regarda le petit couple, et leur indiqua un endroit pour se reposer. Il n'en fallut pas plus pour que Valaka se remette sur ses quatre pattes et se dirige à l'abri, afin de dormir contre son cher et tendre, en toute tranquillité et surtout, sécurité. Mais avant cela, elle passa la tête dans ma crinière pour s'y frotter avec tout l'amour fraternel dont je la savais capable, et elle me murmura un simple mais ronronnant "merci", après quoi elle rejoignit son compagnon et ils disparurent de ma vue.

A présent, j'étais seul avec le roi, et c'était l'occasion de faire un peu plus ample connaissance avec lui, mon roi et le père des deux princesse auxquelles j'avais juré protection, ainsi que le grand-père des récents héritiers. Il était sans doute le premier lion à pouvoir contempler et parler avec ses petits-enfants, et cela poussait un peu plus mon admiration. Il devait savoir qui j'étais, il en avait certainement entendu parler, mais il était nécessaire que les présentations se fassent un peu plus...formellement.

- Merci beaucoup, Monseigneur. Comme vous vous en doutez peut-être, nous avons tous fait, bien que séparément, un long chemin avant d'aboutir ici. Bien entendu, à l'époque, ma sœur n'était pas encore enceinte, mais elle était très inquiète : elle ne savait pas où aller, comme moi quelques années auparavant. Je pris une petite pause, avant de continuer : Il me semble ne pas vous avoir déjà rencontré...et je trouve dommage que cette rencontre n'intervienne qu'après environ deux années dans votre clan.

Pour l'instant, je n'en trouvais pas beaucoup plus à dire. J'étais relativement intimidé de me retrouver face à un roi, mais surtout face au père ou au grand-père de tous ceux que j'avais juré de protéger. Si jamais venait un jour où je faillirai à ma tâche, cela risquait fort d'être face à lui que je doive en répondre, qu'il soit vivant...ou qu'il vienne me hanter la nuit.

Je m'assis et regardai autour de nous. Nous étions seuls, visiblement, et le moment était idéal pour que nous discutions de tout ou de rien. Mais je ne savais pas quoi dire. Alors j'attendis qu'il me dise quelque chose, montrant qu'il avait au moins entendu une fois mon nom, ou qu'il souhait en savoir plus sur les raisons pour lesquelles j'étais ici avec ma famille et non ailleurs...n'importe quoi. Mais je n'osai dire les premières paroles à un de ces quelconques sujets. Après tout, c'était au roi de donner la parole.

Quoi qu'il en soit, même s'il me congédiait à ce moment, je ne pouvais pas être plu heureux : certes, Valaka n'avait pas encore tout à fait digéré le départ de Jango, mais elle allait avoir un nouveau petit, et elle était en sécurité ici, sur Outland, et cela, ça n'avait pas de prix. Mais un doute m'assaillit une nouvelle fois : devait-on dire au petit qu'il avait un grand-frère qui s'était exilé et dont on ignorait tout de s'il était en vie ou en danger ou n'importe quoi d'autre ? Secrètement, bien que je ne l'aimai point, je me mis à espérer qu'Hatari, le protecteur de Valaka, lui aie mis la patte dessus. Malgré nos différents, je lui devais beaucoup plus que ma vie pour avoir sauvé ma sœur et ma famille, et je savais que Jango ne pouvait pas être plus en sécurité qu'avec lui, excepté sur Outland bien sûr. Faites que les Grands Esprits entendent ma prière...

Je ne m'en rendis pas compte, mais ces inquiétudes rendirent mon faciès assez tendu, comme soucieux et incertain, malgré la joie qui m'emplissait. Et si je ne m'en rendais pas compte, un interlocuteur avisé allait vite percer cette expression involontaire et me questionner dessus...

A ma grande surprise, et pour mon plus grand soulagement, le roi ria de ma remarque. Alors cela existait, le rois qui partageaient quelques rires et sourires avec leurs sujets. Depuis mon expérience chez les Jangowas, je ne pensais pas cela possible, mais Massempo venait de me démontrer mon erreur, et bien involontairement qui plus est. Cela dit, peut-être n'était-il en fait que l'exception ? Allez savoir. Mais si cela était le cas, j'étais bien heureux d'être sujet d'une telle exception.

Le surnom "Petit" eut sur moi un effet étrange. Certes, j'avais pour habitude d'appeler les lions plus jeunes, mêmes des adultes, par Petit, mais je ne me rendais pas bien compte de l'effet que cela pouvait leur procurer. Mais le "Grand" de l'histoire, jusqu'alors, c'était moi. Seulement, aujourd'hui, et une fois n'était pas coutume, c'était moi le plus jeune, et quelques bonnes années, sauf erreur de ma part. Je souris discrètement au coin de mes lèvres.

- Peut-être alors ne savais-je pas que vous étiez le roi des lieux ! riais-je doucement, Ou peut-être simplement ne nous sommes-nous effectivement jamais rencontré, car mes habitudes et mon lieu véritable de vie ne me laissent finalement qu'assez peu sur la Termitière même. Je passe le plus clair de mon temps sur mon "domicile".

Je laissais planer un mystère quant à ce lieu. S'il voulait savoir, après tout, ç'allait être à lui de demander. J'étais aussi curieux de constater si ce roi était curieux des affaires de son peuple, si minimes et bénignes soient-elles. J'avais par ailleurs assez accentuer le mot "domicile", comme une incitation à la curiosité. Et puis, c'était une sorte de clin d'oeil à ce lieu où je passais le plus clair de mes nuits. A vrai dire, la rivière des crocodiles n'était pas à proprement parler un domicile, mais un territoire assez vaste, dont j'étais en partie le maître des rives.

En tout cas, je pus constater qu'il se souciait de son peuple. Il vit mon air soucieux, immédiatement, et il me rassura quant à la mise bas de ma soeur. Mais le problème n'était pas là...mais je ne pouvais pas lui reprocher d'ignorer, après tout. Je pris alors le temps de bien réfléchir, puis j'inspirai un grand coup, d'un air morne, et je lui répondis calmement :

- Tout ira, j'en suis sûr, puisque c'est là son deuxième bébé. Ce petit a un frère aîné, d'un peu moins de trois ans. Seulement, il y a quelques mois, il a fugué pendant que je réglais une vieille histoire de vengeance avec mon père, laissant ma bien-aimée jumelle en pleurs, elle qui n'avait pas cette habitude de s'avouer vaincue ou de montrer une quelconque faiblesse. Je pris une longue pause, histoire de digérer une fois encore ce tragique événement pour une mère, un père et un oncle, tous aimants, puis je repris : Malgré mes recherches - dont Valaka ne sait rien et je vous serai gré de ne rien laisser échapper de cela - je n'ai pu lui mettre la main dessus. Mes espoirs reposent désormais sur son ancienne amie Mositu, que j'ai rencontré pendant mon voyage, oui, il me fallait mentir en douceur sur ce point, car je doute qu'il apprécie mon acte d'avoir laissé passer deux Mositus inconnus sur nos terres, en pleine nuit, et sur celui qui s'est auto-désigné comme le protecteur de Valaka et Jango après leur exil du Désert par l'empereur alors en place, Akili.

La situation initiale de mes inquiétudes était enfin posée, mais la vraie source demeurait dans un problème davantage complexe, causé par tout ces événements compliqués :

- Je suis partagé désormais. D'une part elle ne s'en ai pas totalement remise, mais aussi, doit-on éviter de faire souffrir le petit, et par extension sa mère ? Je veux dire : doit-il savoir qu'il a un frère ? Ses questions à son propos pourraient faire sombrer Valaka dans la culpabilité, vous comprenez...mais c'est aussi son frère ! Il a le droit de savoir ! Je ne sais plus où j'en suis sur ce problème...et je n'ose en parler de suite aux parents, de peur de troubler leur bonheur...

J'avais tout dit. Tout dit à un "étranger" en quelque sorte, mais principalement à mon roi, et si un roi se souciait des tracas quotidiens de son peuple, il se devait très certainement être de bon conseil, non ? En fait, je n'en savais rien. Sire Massempo, apportez-moi ce savoir...

Me compliquer la vie ? Oui, peut-être que je cherchais parfois trop loin des réponses trop métaphysiques alors que l’évidence semblait parfois se trouver juste sous mon museau. Mais, co…comment ? Il me dit que je n’avais pas à m’en mêler ? Oh ! bien sûr, il devait avoir raison, mais…je n’allais pas l’admettre aussi simplement !

Bien sûr, c’était aux parents de choisir, et moi je n’étais qu’un pilier de soutien au sein de ma famille, mais, à vrai dire, je voulais aider. Simplement aider, montrer que j’avais déjà envisagé certaines questions délicates et que je pouvais donner un avis. Et puis, je ne sais comment, mais j’avais comme le pressentiment que ma sœur avait besoin de mon aide. Et voilà qu’un roi venait me dire que son choix était sien et en aucun cas je ne devais m’en mêler, car cela pourrait m’apporter plus ou moins des désagréments, voire une dispute avec Valaka…

Il posa une patte sur mon épaule, pour me montrer malgré cela son soutien, puis me dit comprendre l’amour que j’avais pour ma sœur, mais il coupa net mes tentatives d’aide quant à cette question du frère de Jango : ce choix n’était pas mien, je ne devais pas m’en mêler car il se pourrait que Valaka soit bien plus forte que moi-même ne l’imagine. Je n’avais plus à m’en mêler, exception faite si l’on faisait appel à mon avis. La pilule était dure à avaler, pour sûr, mais il allait falloir que je m’y fasse.

- Bon…très bien. S’il doit en être ainsi, je la laisserai se débrouiller…

J’avais un ton doux-amer dans ce qui me restait de voix. Je n’aimais pas laisser Valaka seule, même avec son conjoint. Je voulais garder un œil sur elle, mais peut-être devenais-je trop envahissant. Quoi qu’il en soit, jamais je n’admettrai cette pensée à mon roi. J’avais tort de tant me mêler de sa vie et c’était déjà pas mal de l’avoir reconnu, je n’allais pas non plus admettre que je ne faisais qu’enchaîner les erreurs auprès d’elle depuis quelques temps.

- Mon roi, si vous voulez bien m’excuser, je sais qu’un lion m’attend à la rivière avant une patrouille auprès des crocodiles. Ils sont un peu tendus ces derniers temps.

Je reculai d’un ou deux pas, j’inclinais rapidement mais respectueusement la tête, et je m’en allais, sans attendre aucune réponse de sa part. Bien que j’avais découvert un roi bien plus présent et noble que ce que j’avais pensé, j’avais aussi l’impression, mais peut-être me trompé-je, qu’il voulait que je m’éloigne un peu de ma sœur, et je n’aimais pas ça. Je n’allais pas lui céder en tout, bien entendu, mais il fallait toutefois reconnaître qu’il avait raison et que j’étais envahissant. Mais je ne m’éloignerai pas de ma sœur. Cela se voyait très clairement qu’il n’avait pas vécu l’éloignement et l’incertitude comme Valaka et moi l’avions vécu du temps où nous ignorions si une quelconque famille existait.

J’arrivai à la rivière, mon « chez moi » tant aimé depuis plusieurs années. En arrivant ici je n’avais jamais soupçonné y rester plus de deux ou trois mois, le temps de me retourner, mais en fait, j’y avais définitivement élu domicile, et les crocodiles m’avaient accepté, peut-être pas comme un des leur au début, mais aujourd’hui, j’étais admis par toutes et tous. Certains étaient devenus des amis, comme Sobek. Cela faisait un bout de temps que je ne l’avais pas vu d’ailleurs. En emmenant Valaka à la Termitière, j’avais envisagé de ne plus revenir vivre ici, mais alors Sobek aurait pensé que je n’avais pas tenu mon serment. Or, j’avais bien l’intention de l’honorer, et puis la compagnie des crocodiles m’était plus agréable à celle des lions, même si je commençais à éprouver un peu d’affection pour certains des miens. Y avait la Princesse, le jeune Ryek avec lequel je partais souvent en patrouille…et peut-être une autre personne…une lionne, rencontrée récemment…