Le soleil se levait doucement, et ses rayons réchauffait déjà la robe brune de la jeune lionne, qui sortait tout juste du sommeil. Encore allongé à l'ombre du Baobab aux côtés de son père, les yeux mi-clos, la Mositu avait la bouche pâteuse. Passer la nuit sans boire lui procurer toujours cette sensation désagréable le matin et elle ressentait alors la puissante et immédiate envie de vider une rivière entière. Elle se leva péniblement, après avoir lâché un bâillement puissant venu des tréfonds de sa gorge, et se mis en quête d'un endroit pour s'abreuver. Il y avait quelques rares points d'eau dans la Lande des Sans Terre, qui était majoritairement aride, surtout pendant la saison sèche. Il n'avait pas plu depuis un bon moment, et Baradi se souvenait avec nostalgie de la fraîcheur de l'Oasis. Sous les feuilles des grands arbres, les Mositus étaient à l'abri de la chaleur extrême, même si celle-si pouvait être assez étouffante par moment. Elle se rappelait ce sentiment d'être emprisonné par toute cette végétation, entouré du désert infranchissable et des belliqueux Jangowas. Comme cette période lui semblait lointaine à présent... L'avait-elle réellement vécu ? A présent, l'Oasis ne leur appartenait plus, même si Kwadja semblait déterminée à le récupérer. Baradi ne savait que penser de cette situation. Elle ne voulait pas la guerre avec les lions du désert, malgré ce qu'ils avaient fait.

Siri, de son côté, semblait vouloir s'éloigner le plus possible des Jangowas, partir explorer Apeland, ces terres mystérieuses et inconnues, qui pourraient être un nouveau havre de paix pour les Mositus. Baradi voyait cette solution d'un meilleur œil que celle de Kawdja, bien que son territoire natal lui manquait. Elle avait toujours eu soif d'aventure et rêvait de quitter l'Oasis lorsqu'elle était enfant. Son rêve s'était réalisé, mais pas de la manière dont elle l'avait espéré, et cela avait coûté la vie de sa mère. Un prix bien élevé, pour voir tous son clan s'exiler dans une terre inconnue, qu'ils devaient à présent partager avec les Pridelanders. Kwadja et son acolyte Kesmo faisaient courir la rumeur depuis quelques temps que Kumpa s'était allié aux Jangowas, ce qui avait créé une certaine tension entre un groupe de Mositus, ceux qui soutenaient la femelle, et les Pridelanders. Baradi ne savait, une fois encore, que penser de cette histoire. Le monarque souhaitait reconquérir son rocher, il était normal qu'il se cherche des alliés de choix. Il n'avait pas demandé l'aide des Mositus, ces derniers étaient des pacifistes et ne prendraient donc pas part à la guerre des autres. Pourtant, Kwadja voulait guider le clan dans sa propre guerre, qui ne serait pas sans perte. Toutes ces questions, d'ordre politique, étaient bien complexe, et Baradi avait du mal à voir clair dans tout cela.

La féline aux yeux verts s'arrêta devant un point d'eau et se pencha, trempant sa langue dans le liquide revigorant. Elle bu longuement, soulagée et sentant sa gorge s'apaiser. Une fois qu'elle fut pleinement satisfaite, elle se redressa, le museau mouillé et les poils sur ses joues encore dégoulinants. Elle passa sa langue sur ses moustaches, récupérant les perles d'eau qui y gouttait encore. Baradi regarda ensuite autour d'elle et sentit un parfum qui piqua sa curiosité. La truffe en l'air, la jeune lionne suivit l'effluve et se concentra dessus. Une lionne, une Pridelander apparemment. A force d'en voir au Baobab, elle avait appris à mémoriser l'odeur de ces félins. Elle l'aperçu alors un peu plus loin, et plissa les yeux, surprise. Cette lionne avait le pelage entièrement brun, comme une Mositu. Pourtant, elle n'appartenait pas au clan de Baradi, cette dernière en était absolument sûre.

- … Qui est là ?

Se rendant compte que c'était sans doute d'elle que parlait la Pridelander, et qu'elle était en train de l'épier, ce qui n'était pas très correct, la jeune lionne se mis à découvert et s'approcha. L'adolescente n'avait pas voulu inquiétant cette féline, mais sa curiosité avait été plus forte. Elle se dirigea donc vers elle, décidée à en apprendre un peu plus. Une fois suffisamment proche, elle s'arrêta et salua la Pridelander d'un mouvement de tête. A présent qu'elle la voyait de plus près, elle était réellement étonnée. Elle était très foncée, bien d'avantage que la majorité des membres de son clan.

- Salut ! Désolée, je ne voulais pas te faire peur. Je m'appelle Baradi, du clan des Mositus. Tu es Pridelander non ? En fait, la couleur de ta robe m'a interpellé, je pensais que seuls les Mositus étaient aussi bruns !

Baradi espérait ne pas avoir froissée son interlocutrice en se mêlant de ce qui ne la regardait pas. La Pridelander était une adulte, et elle une simple adolescente, cela pouvait passer pour de la curiosité mal placé, ou pire : de l'arrogance. Il n'y avait plus qu'à espérer que la lionne se montre sympathique malgré l'approche peu délicate de la jeune femelle.


[Ton introduction est très bien, ne t'en fais pas !]

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Malgré les paroles avenantes et pleine de bonne volonté de la féline, la Pridelander resta impassible. Baradi, qui avait une forte tendance à exprimer ses émotions de manière plutôt volubile, était plutôt déstabilisé par cette attitude assez froide. Elle espérait ne pas avoir agacé cette lionne qu'elle ne connaissait pas avec son comportement trop curieux et sentit l'inquiétude monter. Elle avait l'habitude des Mositus, des lions aimables et pacifistes, toujours prêt à aller vers les autres. Les Pridelanders étaient bien différent, même s'ils n'étaient pas des brutes belliqueuses comme l'étaient les Jangowas. Baradi avait déjà fait plus ample connaissance avec Kina, une jeune femelle à la robe orangé et cette dernière s'était montrée amicale, acceptant même une partie de chasse avec l'adolescente. Peut-être cette Pridelander là n'aimait pas la compagnie et n'avait pas envie d'être dérangé. Alors qu'elle craignait toujours d'avoir commis un impair, Baradi fut soulagée de voir une expression plus sereine sur le visage de son interlocutrice. Ce n'était pas un immense sourire, mais c'était mieux que rien.

- Bonjour. Ce n'est pas de ta faute, ce serait plutôt à moi de m'excuser pour t'avoir interpellé ainsi sans même te saluer.

La voix était calme et neutre, mais la lionne n'avait pas de posture agressive. Baradi se détendit, bien qu'elle éprouvait toujours un certain malaise devant l'attitude distante de la Pridelander. Elle faisait, de son côté, de son mieux pour paraître souriante, ce qui n'était pas difficile étant donner que c'était das sa nature. Elle avait toujours eu des facilité pour aller vers les autres et se faire des amis, toujours joyeuse et pleine d'entrain. Cela pouvait agacer certains, mais la majorité de ceux qui la connaissait apprécier sa bonne humeur. Peut-être se montrait-elle trop extravertie pour son interlocutrice ? Ou peut-être cette dernière était naturellement taciturne avec les inconnus ? Ou peut-être encore Baradi se faisait-elle trop d'idée ? C'était probable, très fortement probable. La femelle au pelage curieusement sombre ajouta alors, tandis qu'un petit mais existant sourire se dessinait sur ses babines.

- Je suis en effet Pridelander, mais j'ai des origines Mositus, moi aussi. Je m'appelle Moyo. Ravie de te rencontrer.

Les yeux de Baradi s'agrandirent de surprise. Des origines Mositus ? Cela signifiait qu'un de ses parents venait de son clan ? Ou grand-parent, peut-être ? Voilà qui était peu commun, comme situation ! L'adolescente avait du mal à imaginer comment des lions de deux clans différents avaient pu tomber amoureux, ses propres géniteurs étant tous deux Mositus. Et quant à elle, son intérêt se portait sur également un de ses congénères. Sentant les rougeurs la guetter, Baradi éloigna l'image de Nsaï de son esprit. Ce n'était pas le moment de jouer les adolescentes niaises ! Elle reporta donc son attention sur la Prideland, Moyo donc. Cette dernière avait l'air plus avenante à présent, mais elle gardait une posture plutôt froide, presque solennelle, qui interloqua la jeune féline. Pourquoi se montrait-elle si sérieuse avec une adolescente ? Etait-ce leur différence de clan qu la rendait distante ? Ou alors était-ce un comportement qu'elle adoptait avec tous le monde ? Baradi se posait la question, mais elle se retint de le demander directement. Elle l'aurait sans doute fait, étant enfant, mais elle avait grandit depuis, et avait appris que parfois, il fallait garder pour soi ses pensées. Elle avait cependant encore du mal, quelques fois.

- Je suis désolée d'être si indiscrète, mais... j'aimerais en apprendre plus sur ton clan. Peut-être pourrais-je t'apprendre des choses sur les Pridelanders, moi aussi.

La Mositus était étonné, mais la demande de Moyo n'était pas si étrange que ça, en fin de compte. Après tout, si elle avait de la famille parmi les lions bruns, il était normal qu'elle s'intéresse à la culture de ce clan. Puisqu'elle appartenait aux Pridelanders, elle n'avait apparemment jamais vécu aux côtés des Mositus. Baradi ne s'en souvenait pas en tous cas et ce nom ne lui disait absolument rien. L'adolescente fronça alors les sourcils et se mis à réfléchir. Parler du clan, oui, elle le voulait bien, mais par où commencer ? Il y avait beaucoup à dire et en même temps, elle ne savait pas par quel bout attaquer. Elle pouvait lui parler de la fondation de leur clan, mais peut-être était-elle déjà au courant de ça. Ou bien, expliquer les récents événements, mais cela Moyo avait sans doute du en entendre parler. Baradi ouvrit la bouche, hésitant encore un peu, mais ne voulant pas laisser un trop grand silence planer dans la conversation :

- Eh bien, oui je peux te parler du clan, avec plaisir, mais que veux-tu savoir ? Tu aimerais que je te parle de la création des Mositus, ou plutôt de nos traditions ? Il y a beaucoup de chose à dire, surtout avec ce qu'il s'est passé il y a peu.

Elle s'arrêta, songeant que les événements n'étaient plus si récent que ça, en fin de compte. Cela remontait maintenant à plus d'un an, presque deux, l'attaque des Jangowas, l'exil hors de l'Oasis, la traversée du désert, l'arrivée dans la Lande... Les images de ces moments défilèrent dans la tête de Baradi, elle fut un instant pris d'un vertige. Presque deux ans qu'ils étaient là, déjà ? Le temps était passé vite, il fallait le reconnaître...

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Malgré son expression toujours aussi dénué d'émotion, une certaine satisfaction brillait dans les prunelles de la Pridelander, peu après que Baradi ait pris la parole. Cette dernière était pensive à présent, un peu étonnée de ne pas s'être rendu compte que le temps passait. Elle avait connu une période douloureuse de déprime suite à la mort de sa mère, lorsqu'ils étaient partis de l'Oasis et avait traversé le désert, mais la présence d'êtres chers l'avait aidé à surmonter cette épreuve. Son père, le vieux Lukah, son cher ami Nsaï... Elle avait eu besoin d'eux pour aller de l'avant et passer outre la tristesse qui l'avait accablé. Elle était cependant une jeune lionne pleine de volonté, et avait réussi à aller de l'avant, malgré les difficultés. L'adolescente ressentait toujours une grande peine en pensant à Moka, mais elle ne se laissait pas écraser par le poids de ce chagrin. Elle s'accrochait à ses rêves, au voyage qu'elle avait prévu de réaliser avec Nsaï, au monde qu'elle voulait explorer depuis sa plus tendre enfance. C'était aussi cela qui lui avait permis de ne jamais baisser les bras.

- Et bien... pourquoi ne pas commencer par les traditions ? Je sais peu de choses sur ça. Merci d'avoir accepté de répondre à mes questions.

La jeune femelle cligna des yeux, reprenant contacte avec la réalité. La voix de Moyo gardait ce ton peu enthousiaste, mais au moins elle semblait réellement reconnaissante. Un sourire sincère se dessina sur les babines de Baradi, alors qu'elle réfléchissait à la demande de la Pridelander. Les traditions du clan, voilà ce qu'elle voulait savoir. Il n'y en avait pas énormément, car les Mositus avaient moins de règles et de mois que l'ancestrale clan de Prideland. Il y avait cependant des choses à dire, des choses qui faisaient parti du quotidien et dont elle ne se rendait pas forcément compte mais qui lui apparaissait lorsqu'elle y réfléchissait. Elle allait se lancer dans une explication, lorsque Moyo ajouta, visiblement consciente de la légère gêne que Baradi ressentait à l'égard du manque d'émotion de son interlocutrice.

- Je suppose que mon attitude doit te mettre mal à l'aise, mais ne le prends pas mal. J'ai beaucoup de mal à me sociabiliser, mais ça me fait plaisir de parler avec toi. J'aime beaucoup ta franchise.

L'adolescente redressa ses oreilles de surprise, réellement prise au dépourvu par les paroles de la Pridelander. Elle était bien entendue flattée que Moyo l'apprécie, et comprenait à présent son attitude distante. C'était donc dans sa nature, elle n'était pas quelqu'un de très extraverti et cela se sentait. En ce qui concernait la franchise de Baradi, c'était un élément de sa personnalité qui se démarquait depuis son enfance déjà, où elle n'hésitait jamais à dire ce qu'elle pensait. Aujourd'hui, elle faisait preuve d'un peu plus de retenu, elle savait que ses maladresses pouvaient blesser les autres si elle parlait librement sans se retenir. Elle ne pouvait cependant pas renier sa nature de grande bavarde très ouverte qui allait facilement vers les autres, ce qui pouvait être utile dans certains cas, ou lui attirait des ennuis dans d'autres. Un petit sourire amusé s'ajouta à l'expression de la Mositus, Moyo l'avait bien cerné en tous cas. Même si elle n'aimait pas se sociabiliser, elle possédait quand même une certaine finesse dans l'art de deviner le caractère des autres, apparemment. Baradi remarqua qu'elle s'était levée, ce qui l'interloqua. La Pridelander lança alors, en esquissa un sourire plus franc :

- Marchons un peu. Je suppose que cela sera mieux.

L'adolescente hocha la tête et emboîta le pas de son interlocutrice, tout en se replongeant dans leur conversation. Elle déclara, d'un ton sincère et reconnaissant, à présent bien plus à l'aise avec son interlocutrice.

- Bien sûr. Et merci, parler avec toi est aussi très agréable. Peu de Pridelander sont aussi curieux de nos coutumes !

Moyo voulait donc en savoir plus sur les traditions des Mositus, car elle avait elle-même des origines dans ce clan de lions bruns. Que pouvait-elle donc lui dire à ce sujet ? Elle n'avait pas des millions de choses à dire, mais elle devrait malgré tout pouvoir satisfaire la curiosité de la Pridelander. Elle se demanda un instant s'il était raisonnable de révéler toutes ses informations à une lionne d'un clan étranger au sien, surtout avec les tensions qui existaient à l'heure actuelle, notamment à cause de Kwadja. Baradi ne soutenait pas cette femelle dans son ambition de reprendre l'Oasis par la force, et se rangeait du côté de Siri, qui souhaitait explorer Apeland. Elle rassembla donc ses idées, mettant de côté ses inquiétudes, tout en continuant d'avancer d'un pas calme et tranquille, s'éloignant un peu du Grand Baobab.

- En ce qui concerne nos traditions, c'est assez simple en vérité. Nous sommes des pacifistes qui évitons le combat à tout prix, si un conflit se présente nous essayons de le régler de manière diplomatique. Nous n'avons pas de roi, comme chez vous à Prideland, mais un chef que nous élisons tous ensemble. Nous suivons ses choix et lorsque le chef meurt ou prend sa retraite, nous en élisons un nouveau. Nous n'avons pas non plus toute vos lois, la seule véritable est qu'il est strictement interdit de tuer un Mositus, sous peine d'être exilé.

Si c'était pour Baradi une évidence, cela ne l'était pas dans d'autres clans. Elle savait que chez les Jangowas, les duels étaient fréquents, jusqu'à la mort parfois. Cela semblait impensable pour un Mositus, leur existence était toute entière tournée vers la paix. Et dire que Kwadja risquait de briser cela, à cause de sa vengeance... Baradi avait du mal à l'accepter, mais si le clan l'élisait comme chef, elle ne pourrait pas s'y opposer, c'était la règle après tout.

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Suite aux explications de la Mositus, Moyo sembla quelque peu perplexe, méditant sans doute à cette organisation bien différente de son clan. Prideland était, après tout, une tribu très ancienne, avec des lois en place depuis des générations et une monarchie puissante et établie. La famille royale avait quelque chose de sacrée chez eux, ce que les Mositus avaient plus de mal à concevoir. Le chef était respecté, évidemment, mais il pouvait aussi être remis en question. Lorsque Haramu avait abandonné le clan lorsque la guerre avait été déclaré, le coup avait été très dur pour tous le monde mais ils ne s'étaient pas laissé abattre pour autant. Lukah avait pris la place du leader en conseillant et en conseillant tous le monde, négociant même avec Akili pour qu'ils puissent s'en sortir vivant. C'était grâce au vieux lion qu'ils avaient survécu à cette terrible bataille, et ce dernier ne comptait même pas devenir chef. Cela faisait longtemps que le clan n'avait pas de vrai de meneur, il n'y avait eu aucune élection suite à la défection d'Haramu. A présent, deux lions semblaient vouloir concourir à ce titre : Siri et Kwadja. Si le premier proposait de partir le plus loin possible du désert, la seconde désirait ardemment une revanche et récupérer l'Oasis.

- Je vois... cela à du être difficile pour toi d'apprendre tous ces problèmes politiques avec ces rois et ces reines. Je n'ai pas trop de difficulté avec ça car j'y suis habituée depuis toujours, mais sache que ces principes sont respectables et qu'il ne faut jamais les oublier. Les choses varient en fonction des clans, mais les principes sont uniques à chaque individu.

L'ultime phrase de la Pridelander, pleine de sagesse, résonna dans l'esprit de la jeune lionne brune. Baradi ne devait pas abandonner ses principes. Elle croyait à la paix, et si elle aurait elle aussi aimé retrouver l'Oasis, le prix à payer était trop grand. Cette guerre que proposait Kwadja, elle n'en voulait pas. Mais que pourrait-elle faire si elle était élue ? Siri et Lukah s'opposeraient-ils à elle ? Le clan était déjà divisé, il ne le serait que d'avantage. L'élection aurait lieu bientôt, et cela promettait des ennuis en perspective, la féline le sentait. Elle savait que sa place était auprès des siens, mais ses projets étaient autre, pour le futur proche. Elle ne comptait pas attendre l'élection pour débuter son voyage, ce voyage dont elle rêvait depuis si longtemps. Elle avait aujourd'hui, plus encore que jamais, besoin de s'évader, de partir à l'aventure. Elle espérait seulement que, pendant son absence, le clan ne se déchirerait pas, que Kwadja ne serait pas élu et ne forcerait pas Chezo à partir faire la guerre. C'était ce qui l'effrayait le plus à l'heure actuelle, et la freinait dans son ambition de se lancer dans son périple. Le jour de son départ approchait de plus en plus cependant, et elle ne comptait pas faire machine arrière.

- Un jour, tu verras ; ton clan connaîtra à nouveau le bonheur d'avoir un chez-sois. Le destin peu paraître horrible, mais il finit toujours par être clément. C'est l'une des lois de la vie. Cela te paraître absurde car ça ne me regarde pas mais... si jamais tu as envie de parler de cette guerre, n'hésite pas. Je sais à quel point voir une guerre peut être horrible.

La Mositus hocha doucement la tête. Elle était si jeune lorsque les Jangowas les avait attaqué, et pourtant elle gardait un souvenir très net de cette journée. Elle avait du fuir à travers l'Oasis jusque dans le désert avec les autres lionceaux, ils étaient tombés sur Suki, une amie et Jangowas, ainsi que Niwata et un fennec. Puis, ils avaient vu les leurs quitter l'Oasis et avaient compris leur défaite. Chezo avait ensuite annoncé à Baradi que sa mère était morte, et le cauchemar avait commencé. Le long exil, la traversée de terres hostiles pour aller vers l'inconnu, la douleur lancinante qui lui broyait les os et le cœur... Une période très sombre pour une petite lionne encore dans l'enfance. Baradi s'était toutefois relevé et avait affronté sa peine pour aller de l'avant, pour s'élever plus haut encore. Elle s'était raccrochée à ce qu'elle avait de plus cher : son père, ses amis, et l'espoir.

- J'espère que nous retrouverons bientôt une terre paisible où vivre. J'ai perdu beaucoup lors de cette guerre, plus que je ne le croyais. Ma mère est morte pendant la bataille, nous avons du abandonner notre chez-nous... Mais j'avais aussi des amis parmi les Jangowas, et j'ai du leur dire adieu à eux aussi.

Elle avait eu la chance de revoir Vako dernièrement, mais le lion était devenu Empereur désormais, leur relation ne serait jamais plus comme avant. Elle n'avait pas vu revoir Suki ni Jango depuis la guerre et ces deux là lui manquaient beaucoup. Même s'ils venaient d'un clan différent, un clan qui avait causé beaucoup de tord aux Mositus, Baradi ne pouvait leur en vouloir. Ils restaient ses amis, dans son cœur en tous cas, car elle ne savait pas comment eux voyaient la situation. Peut-être lui avaient-ils tourné le dos en devenant adulte ? Cela la peinait, mais c'était sans doute inévitable.

- Vous avez du perdre beaucoup aussi, quand les Nyeusis vous ont pris votre territoire. Notre situation est semblable, finalement. Mais malgré tout ça, je n'arrive pas à en vouloir aux Jangowas. J'en voulais seulement à Akili, et il est mort maintenant.

Baradi pouvait aisément supposer que les Pridelanders en voulaient aux Nyeusis, après tout ce qu'ils avaient fait, mais c'était différent pour l'adolescente.

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Baradi se mordilla la babine, réfléchissant à ce qu'elle venait de dire. Était-ce une offense à sa mère et à tous les membres de son clan qui avaient perdu la vie que de pardonner aux Jangowas ? Ils n'étaient pas tous mauvais après tout, certains avaient même choisi de se rebeller contre leur chef en refusant de se battre contre les Mositus. Ces derniers étaient peu nombreux, il fallait le reconnaître. Que pensait les autres lions du désert de tout cela ? Lors de sa rencontre avec Vako, l'adolescente avait appris que le nouvel Empereur désirait établir la paix entre leur deux clans, mais lui avait confié que cela prendrait du temps, pour changer les mentalités des Jangowas. Baradi craignait à présent que la paix soit compromise, à cause de Kwadja et de ses envies de vengeance. Si elle lançait un assaut dans le désert, la haine des lions des sables serait ravivé et il faudrait attendre encore des générations avant que les deux clans puissent être en bons termes. Depuis qu'elle avait commencé à s'intéresser à la politique, la féline brune éprouvait une certaine inquiétude quant à l'avenir de son clan.

- Et bien... je n'ai jamais vécu la perte d'un proche, mais j'ai vu des gens mourir. Je suis sûre que ta mère est heureuse de te voir si épanouie. Ce n'est pas un crime, de refuser d'être une victime. Tes amis Jangowas peuvent être fiers de t'avoir comme amie.

Les paroles de Moyo la touchaient, mais pouvait-elle encore considéré ces camarades d'enfance comme ses amis ? Elle ne les avait plus vu depuis tellement longtemps, à l'exception de Vako, qui était devenu Empereur et qui lui avait fait comprendre que leur relation ne pourrait plus être la même. L'adolescente le comprenait, malgré la peine qu'elle ressentait. Il restait le seul Jangowa avec qui elle avait repris contact depuis l'exil. Baradi aurait aimé revoir Suki, dont elle était très proche avant la guerre, et qu'elle avait vu lors de la bataille alors qu'elle et ses amis tentaient de trouver une cachette. Suki et Niwata les avaient intercepté et une certaine tension avait régné dans le groupe jusqu'à ce que le combat soit terminé et que les Mositus soient partis du désert. L'adolescente souhaitait retrouver Suki pour lui dire qu'elle n'en voulait pas aux Jangowas, qu'elle ne lui en voulait pas à elle. S'aventurer dans le désert était toutefois trop dangereux, elle risquait de se faire attaquer, blesser ou pire...

- Lorsque les nyeusis sont venus nous prendre nos terres, j'ai eu peur. J'ai eu peur de tout perdre, ma famille... mes terres. Mais j'ai réalisé que ce jour-là, nous n'avons pas tout perdu. Notre honneur. Les Pridelanders sont fiers de leurs terres, de leur histoire. Mais pour toutes ces vies perdues, nous gardons la tête haute. C'est en partie grâce au roi Kumpa que nous en sommes arrivés ainsi.

Le respect de la Pridelander pour son monarque se lisait dans ses yeux et dans le timbre de sa voix. Baradi se souvenait de sa propre admiration pour Haramu, l'ancien leader des Mositus. Toute l'estime qu'elle avait pour lui s'était évanoui lorsqu'il avait abandonné le clan, un peu avant que la guerre n'éclate, laissant tout ceux qui comptaient sur lui à leur sort. Il était parti avec sa compagne et ses enfants, mais ces derniers avaient ensuite pu intégrer le clan, à la demande de leur mère, qui n'avait pas été accepté, elle. Siri et Lukah avaient pris cette décision, considérant que les lionceaux qu'ils étaient alors n'étaient pas responsable des actes de leur parent et n'avaient pas à en pâtir. Ils avaient grandis à présent, et semblaient loyal au clan, malgré leur passé houleux. Baradi n'était pas très proche d'eux, mais ne leur reprochait pas la trahison de leur père. L'adolescente était toutefois admirative de la détermination des Pridelanders, qui restaient combatif malgré ce qu'ils avaient vécu. Elle leur souhaitait de récupérer leur territoire, évidemment.

- Il n'y a pas qu'eux. Il y à des clans auxquels nous avions confiance qui nous ont chassés. Les Outlanders. Mais il ne faut pas oublier que la guerre est souvent source de manipulation. C'est pourquoi ne pas haïr les autres et rester objective est respectable. Ne vois pas un abandon comme un adieu, Baradi. Souvent, il n'est que question d'un au revoir.

Hochant doucement la tête, la féline réfléchit aux paroles de son interlocutrice. Cela signifiait qu'elle pourrait retrouver son Oasis un jour ? Elle l'espérait, mais savait que cela serait sans doute au prix d'une guerre terrible et cela, elle n'en voulait pas. Elle préférait partir, explorer de nouvelles terres moins hostile. Quelle valeur avait une parcelle de territoire contre la vie de ses semblables ? Elle ne voulait pas voir d'autres amis mourir pour une vengeance.

- Je suis prête à renoncer à l'Oasis que nous avons perdu, tout ce que je souhaite c'est la paix. Deux lions se disputent le titre de chef, Siri et Kwadja. Siri propose que nous partions chercher un nouveau territoire vers Apeland, et Kwadja veut récupérer l'Oasis en affrontant les Jangowas. Mon soutien va à Siri, mais j'ai peur que Kwadja l'emporte les élections et nous conduisent à notre perte...

Elle ne parlait pas souvent de ses inquiétudes, mais ne pouvait les ignorer. Elle y pensait de plus en plus, se sentant oppressé par les tensions qui régnaient ces temps-ci entre les partisans des deux candidats au poste de chef. Cette atmosphère était étouffante et le désir ardent de voyage de Baradi s'exacerbait de jour en jour, devenant presque insoutenable.

- J'aimerais partir en voyage, m'éloigner de tous ces conflits pour quelques temps, voir le monde... Je crois que j'en ai vraiment besoin, maintenant.

Il fallait encore qu'elle en parle à son père et à Nsaï bien sûr, avec qui elle comptait partir. Elle espérait que Chezo comprenait son besoin d'explorer le reste du monde, et que Nsaï accepterait de venir avec elle. La promesse qu'il lui avait faite remonté à loin maintenant, Baradi était une enfant à cette époque.

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L'esprit de la jeune lionne brune remonta le temps, tandis qu'elle se remémorait le jour où elle avait demandé à Nsaï s'il voulait toujours l'accompagner dans son voyage. Il faisait froid, la neige recouvrait timidement le sol qu'ils foulaient. Non loin du royaume du nord, les Mositus fuyaient le Grand Désert et les Jangowas, en quête d'une vie meilleur. Les deux lions s'étaient retrouvés seuls et avaient parlé du paysage qui les entourait et de la terre qu'ils découvriraient bientôt. Puis Baradi, enfant qu'elle était, avait osé demandé à son camarade s'il désirait encore l'accompagner dans sa découverte du monde. Contre toute attente, il avait accepté. Il l'avait même promis. Peut-être pour faire plaisir à un lionceau, peut-être parce qu'il y croyait lui-même. L'adolescente espérait de tout cœur que son ami - son meilleur ami ? - respecterait sa promesse. Elle n'imaginait pas vivre cette aventure sans lui et elle avait du mal à ignorer les sentiments naissants qu'elle avait à l'égard du beau mâle. Elle le trouvait déjà séduisant lorsqu'elle était enfant, mais c'était avec des yeux innocents qu'elle le regardait à l'époque. Tout était différent à présent, et elle ne savait comment aborder les choses. Une histoire était-elle possible et envisageable entre elle et Nsaï ? Il était gênant d'avoir de telles pensées, Baradi les rangea dans un coin de son esprit, et reporta son attention sur Moyo.

- Avoir peur est normal. Si d'autres ressassent le passé, certains sont en quête de nouvelles aventures. Peu importe ce qui arrivera, si certains perdent la vie, sache que rien n'est désespéré. Si pour l'instant la situation semble hors de contrôle, chacun doit faire des erreurs pour apprendre. Grosse ou minime. Le clan n'en ressortira que plus fort encore. Je ne suis pas placée pour le dire, mais il suffit d'y croire.

La féline aux yeux verts l'espérait, elle ne désirait que cela pour les siens. Elle éprouvait une certaine honte à vouloir partir à l'aventure alors que son clan souffrait et était en pleine crise. Mais comment pouvait-elle renier son rêve le plus ancien, alors qu'il était sur le point de se réaliser ? Toute sa vie, elle avait souhaité pouvoir enfin découvrir le monde, voir des terres qu'aucun Mositus n'auraient jamais vu. Voilà qu'elle approchait de l'âge où elle pourrait commencer son voyage. Elle avait appris à chasser, quelques techniques de combat, tout cela dans l'unique but de pouvoir voyager lorsque le moment serait venu.

- L'essentiel est souvent invisible pour les yeux, mais pas pour le cœur. Même de simples actes ou des paroles peuvent changer tout un destin. Je suis sûre qu'un jour tu parviendras à faire entendre ta voix. Et tout commence avec un seul pas. Lors de tes voyages à venir, n'aie pas peur du futur. Tout est bon à prendre. Prendre des risques est souvent une grande avancée. Il suffit juste d'avoir conscience.

Levant les yeux vers son interlocutrice, Baradi chercha à comprendre ce qu'elle voulait dire derrière ces mystérieuses paroles. Elle n'avait pas l'intention de devenir importante pour son clan, et ne voyait pas en quoi elle pourrait changer le destin des siens à elle toute seule. Tout ce qu'elle désirait, pour l'heure, c'était de voyager. Siri ferait un excellent leader, mais avec Kwadja comme adversaire, il risquait de ne pas être élu. Même si Baradi offrait tout son soutien au mâle, elle ne pourrait peut-être pas faire pencher la balance en sa faveur, et peut-être serait-elle partie lors de l'élection fatidique. Lorsqu'elle reviendrait de son voyage, un nouveau chef aurait sans doute été élu, et elle devrait alors se plier au choix du clan. Mais que ferait-elle si Kwadja était élu et qu'elle ordonnait la guerre ? Siri et Lukah laisseraient-ils le clan partir au massacre ? Car se mesurer aux Jangowas était un pure suicide, l'adolescente le savait bien. La Pridelander ajouta alors, accentua la perplexité de la Mositus.

- Aussi, n'oublie pas que même si des fois tu auras envie de tout envoyer balader, il y aura toujours quelqu'un qui pensera à toi, quelque part. Ce que je te dis ne dois sûrement pas t'être très utile, mais il est essentiel de comprendre ça, à mes yeux.

Baradi baissa les yeux, se demandant si c'était vrai. Quelqu'un pensait à elle, quelque part ? Il y avait bien son père bien entendu, qui l'accompagnait toujours dans son esprit. Pouvait-elle espérer que Nsaï pensait à elle ? Sans doute comme une amie, et c'était tout ce qu'elle pouvait lui demander pour l'heure, étant donner qu'elle ne savait même pas où elle en était dans ses sentiments. En y réfléchissant, l'adolescente devait admettre qu'elle avait des amis, et que ses amis étaient finalement toujours avec elle, d'une certaine manière. La féline esquissa un sourire. Elle devait pas perdre espoir et cesser de croire en ses rêves, ni se sentir coupable. Elle avait le droit d'avoir un objectif et de vouloir voyager, ce n'était pas un crime. Elle n'abandonnait pas son clan après tout, elle avait besoin de ce voyage pour en apprendre plus sur le monde mais aussi sur elle-même. Elle reviendrait de son aventure grandie et changé, prête à aider les siens.

- Tu as raison, déclara la Mositus. Je ne dois pas me laisser abattre, nous allons nous en sortir. Même si les temps sont durs en ce moment, nous renaîtrons de nos cendres, d'une manière ou d'une autre.

La féline se sentait galvanisé par ce nouvel espoir. Elle priait bien sûr pour que cette renaissance se fasse sans effusion de sang, mais ce n'était pas encore assuré. Elle ne renoncerait toutefois pas à son périple pour rester avec son clan, elle avait trop rêvé à ce voyage pour y renoncer maintenant. Elle était même plus décidée que jamais à partir à l'aventure.

- Je n'ai pas d'ambition au sein de mon clan, je n'espère pas bouleverser le destin des Mositus. J'ai envie d'être égoïste aujourd'hui, et de réaliser mon rêve. Je vais partir en voyage et lorsque je reviendrais, je me consacrerais à mon clan. Parce qu'à ce moment là, je serais prête.

Plus déterminée que jamais, Baradi bomba le torse. Ses yeux brillaient d'un éclat nouveau, d'un éclat qu'ils n'avaient jamais eu auparavant. L'adolescente regarda Moyo avec gratitude, un sourire sincère sur les babines. Le doute et l'incertitude avaient disparu de son expression, elle voyait à présent où elle allait et où elle voulait aller.

- Merci. Tu m'as fais comprendre quelque chose d'important, je t'en suis reconnaissante. Ta sagesse est grande, je suis sûre qu'elle sera utile à ton clan.

Elle pensait ce qu'elle disait, et espérait qu'un jour elle serait aussi mature et intelligente que la Pridelander. Lorsque ce serait le cas, elle pourrait rendre son père fier, ainsi que Lukah.

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Moyo semblait heureuse, elle avait cette fois un vrai sourire sincère qui contrastait avec celui timide et distant qu'elle abordait au début. Baradi su en cet instant qu'elle s'était faite une nouvelle amie, et une amie précieuse, pleine de sagesse et de bons conseils. Même si elle était une Pridelander, elle n'était pas différente de la Mositus. Peut-être Moyo était-elle plus pacifiste que ses congénères à cause de sa paternité avec les lions bruns ? Ou alors était-ce tout simplement son tempérament qui était ainsi. En tous cas, Baradi était contente d'avoir tiré un véritable sourire de son interlocutrice, et sentait grandi par leur conversation. Elle était sûre de ses convictions à présent, et sentait prête à réaliser tous ces rêves. Elle n'attendrait plus désormais, elle allait partir et commencer sa grande aventure, celle qu'elle avait attendu toute sa vie. Elle ne renoncerait pas à ce rêve, même si son clan était dans une situation difficile. Elle devait penser à elle, pour pouvoir plus tard se concentrer sur les siens. Elle avait besoin de cette pause, qui lui permettrait de devenir l'adulte que son clan attendait.

- Merci beaucoup. Je suis contente de t'avoir aidé, et j'espère que ça te sera utile à l'avenir. Si jamais tu as besoin d'aide ou besoin de te confier, viens me voir ici. Je suis ici assez souvent, la plupart du temps. Lorsque tu reviendras de ton voyage, raconte-moi tout ce que tu auras vécu. Je serais autant une amie qu'une confidente, alors tu n'auras pas à hésiter.

Le sourire de la féline aux yeux verts s'accentua, et elle hocha la tête avec énergie. Il était bon d'avoir quelqu'un à qui expliquer tout ça. Elle pouvait bien sûr en parler à Nsaï, et il faudrait bien qu'elle lui en parle de toute manière très bientôt si elle voulait qu'il parte en voyage avec elle. Mais ce n'était pas tout à fait pareil avec une autre lionne qu'avec son tendre ami, pour qui elle commençait à avoir des sentiments qu'elle avait du mal à s'expliquer et à comprendre. Elle pouvait parler à Moyo sans être gêné, et elle avait l'impression que cette dernière voyait ce qu'elle voulait dire.

- Je te raconterais tout, ne t'en fais pas !

Elle en avait bien l'intention en effet. Elle aurait alors beaucoup d'aventure à narrer lorsqu'elle serait de retour, toutes les péripéties qu'elle aurait vécu, les rencontres qu'elle aurait faites. Les yeux de Baradi brillaient maintenant d'un éclat singulier. Il lui tardait tant de partir, de réaliser son rêve ! Elle y était presque, elle le sentait. Le moment de partir était presque venue, son adolescence touchait à sa fin. Elle savait chasser, elle savait se défendre, elle était prête. Une fois qu'elle aurait quitté la Lande, elle devrait assumer ce choix et ce ne serait sans doute pas facile, car le monde était hostile, elle le savait. Mais accompagné de Nsaï, la féline n'avait peur de rien. Rien ni personne ne se mettrait en travers de son chemin.

- Tu me fais penser à ma petite sœur, Zuwena. Vous êtes presque pareilles, toutes les deux. Je te la présenterais un jour. Je suis sûre que vous vous entendrez très bien.

La Mositus essaya d'imaginer à quoi devait ressembler la sœur de Moyo et songea avec un sourire que, si elle lui ressemblait, elle devait être pleine de vie et d'enthousiasme. C'était sans doute ainsi que les gens la voyaient, car elle était ainsi. Parfois elle doutait, parfois elle était peu sûre d'elle, mais elle avait toujours trouvé la force de se relever, même lorsque tout était très dur. Quand sa mère était morte, tous craignait qu'elle ne perde la candeur enfantine dans son regard, mais elle était restée elle-même. Certaine chose ne pouvait changer, après tout.

- J'aimerais beaucoup la rencontrer alors, je suis sûre qu'on s'entendrait très bien !

Si Zuwena était aussi sympathique que Moyo, il y avait fort à parier qu'elles deviennent amie, en effet. La Pridelander brune avait certes l'air un peu renfermé de premier abord, mais elle était plus sensible et douce qu'elle le laissait paraître. Parfois, il suffisait de briser la carapace de quelqu'un pour trouver un trésor, Baradi l'avait également compris aujourd'hui. Elle aurait bien passer d'avantage de temps avec la Pridelander, mais une voix familière l'appela, au loin. C'était la meneuse du groupe de chasse des Mositus, et également la lionne qui avait les rudiments de la chasse à l'adolescente. Baradi se tourna une dernière fois vers Moyo et lui lança, tout en se remettant sur ses pattes.

- Je vais devoir y aller, mon groupe de chasse m'appelle ! A bientôt Moyo, c'était un plaisir de parler avec toi !

Elle salua son amie d'un mouvement de tête et lui offrit un ultime sourire avant de tourner les talons pour se diriger vers le fameux groupe de lionnes qui l'attendaient. Elle allait enfin pouvoir se rendre utile ! Elle n'avait cependant pas l'impression d'avoir perdu son temps en parlant à Moyo, cette dernière lui avait appris beaucoup de choses lors de cette conversation. Elle n'était pas prête de l'oublier, et lorsqu'elle serait revenue de son voyage, elle viendrait la trouver pour tout lui raconter, comme promis.


[Comme dit sur la CB, aucun soucis pour le retard, ça arrive d'être occupé ! Fin du RP pour moi, merci pour ce super topic, et à bientôt pour un prochain !]

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