A l'affut, Hatari marchait la tête basse, se mouvant lentement. Chacun de ses pas était parfaitement contrôlé tandis qu'il avançait petit à petit vers sa proie. Peu importe où il se trouvait, il faisait ce qu'il lui plaisait. Et cette lande porte bien son nom, elle n'appartenait à personne. Autant dire qu'il s'attribuait le droit d'y chasser et d'y errer. Encore quelques mètres, et il s'arrêta. Il observa une dernière fois sa proie, avant de s'élancer à pleine vitesse. En quelques secondes, il fut près d'elle. Il se ramassa sur lui-même, et bondit puissamment, plongeant ses crocs dans le cou de sa proie. Pensant de tout son poids, il la fit chuter, avant de lui trancher la carotide. Vite fait, bien fait. Telle était sa devise. Son pelage était à peine tâché tandis que la bête s'était déjà éteinte.

Secouant sa crinière claire, le mâle observa les alentours. Il n'y avait personne. Néanmoins, il souhaitait trouver un emplacement propice pour pouvoir dévorer sa proie tranquillement. Il saisit donc sa proie, et se mit à la tirer vers un bosquet, pour être à l'ombre. L'herbivore était lourd, mais l'exilé avait l'habitude - désormais - de chasser seul. A force de chasser et de voyager, il s'était musclé, et était sans doute plus trapu que la majorité des Jangowas. Certes, il n'arriverait jamais à égaler les autres lions, mais c'était ainsi. Après avoir sollicité ses muscles pendant quelques instants, il lâcha prise, et observa une nouvelle fois les alentours. C'est alors qu'il aperçut une masse sombre, au loin. Humant l'air et plissant les yeux, il en conclut que c'était un autre mâle. Un potentiel rival. Néanmoins, il n'était pas inconnu ; il s'agissait d'Hofu, le mâle solitaire qui avait pris Niwata sous sa patte.

Si Hofu avait plutôt l'air d'un mâle pacifique, Hatari n'était pas certain de pouvoir lui faire confiance. Niwata était-elle aussi dans les parages ? Étaient-ils en train de lui tendre un piège pour récupérer sa proie ? Le grand mâle gris l'avait vu aussi, et l'observait. Était-il là depuis longtemps ? Dévoilant légèrement ses crocs, Hatari tourna la tête de tous les côtés, à la recherche d'une quelconque trace de Niwata. S'il était un combattant aguerri, il n'était pas certain de faire le poids face aux deux. Et s'il ne craignait pas réellement de se faire attaquer, il n'avait aucune envie d'être dérangé. Or, Hofu était là, dans l'ombre, à l'observer. Qu'attendait-il, si ce n'était un autre lion ou l'instant propice ? Décidant de prendre les devants - quitte à attaquer s'il le fallait - Hatari secoua dévoila ses crocs, avant de pousser un grondement puissant. Qu'il essaye de voler sa proie, et il le regretterait.

Après qu'Hatari eu clairement affirmé qu'il ne laisserait pas sa proie aussi facilement, Hofu s'avnaça. Ne connaissant guère ses intentions, l'exilé continua à émettre quelques sourds grondements, tout en étirant sa tête et son cou vers l'intrus. Après quelques instant, Hofu fini par s'arrêter, à bonne distance de la proie qui gisait au sol. S'il semblait sur ses gardes, il ne paraissait cependant pas agressif, ce que confirmèrent ses paroles :

─ Bonjour, Hatari. Belle prise. Je ne suis pas là pour te voler ta proie si c'est ce que tu crois, ni pour te tendre un piège. Mais après tout, libre à toi de penser ce que tu veux.

Ce disant, il s'assit, sans doute pour prouver sa bonne foie. Abandonnant ses grondements d'intimidation, Hatari conserva cependant son attitude quelques instants, le temps de réfléchir. Le protecteur de son ancienne apprentie disait-il vrai ? Où n'était-ce qu'un piège ? Décidant qu'il serait toujours temps de lui régler son compte s'il s'avérait l'avoir trompé, l'ancien Jangowa se détendit un peu. Il secoua légèrement sa crinière blonde, avant de poser son regard sur Hofu.

─ Hofu. Si tu n'as pas l'intention de me voler mon gibier, puis-je te demander ce que tu faisais, à m'observer ?

Sa voix n'était pas agressive, mais restait néanmoins neutre.Hofu n'était pas un ami fidèle ou un compagnon de route. Seulement une connaissance. Et qui plus est le nouvel ange gardien de Niwata. Il avait donc toutes les raisons de se méfier de lui.

─ Je ne faisais que me reposer à l'ombre des arbres. Contrairement à toi qui a vécu dans le désert, ma fourrure n'est pas adaptée aux fortes chaleurs et à ce soleil de plomb. J'étais là bien avant de t'apercevoir, et souhaitais simplement m'assurer que tu ne représentais pas un danger. J'ignorais que tu avais élu domicile sur la Lande, ou n'es-tu peut-être que de passage ?

Il aurait très bien pu mentir, néanmoins, cela ne semblait pas de son genre. Pour le peu qu'il connaissait Hofu, Hatari ne le voyait pas comme un menteur ou un voleur, mais plutôt comme un lion relativement sage et pacifique. Et si Niwata n'avait pas tellement changé, elle devait avoir choisis un lion qui suivait les mêmes valeurs qu'elle pour l'épauler. L'exilé décida donc d'abandonner sa posture offensive, pour se contenter de rester sur ses gardes. Tranquillement, il se coucha, et commença à dévorer sa proie, tout en gardant un oeil sur le mâle gris.

─ Je ne vis pas sur la Lande, pas plus que je n'ai élu domicile quelque part. Je vais là où me mènent mes pas.

Il avait volontairement laissé planer un temps de silence, histoire de peser ses mots. S'il n'était pas un grand bavard, et n'accordait généralement pas tellement d'importance aux propos des autres, il était désireux d'en apprendre plus sur le nouveau compagnon de route de son ancienne apprentie.

─ Cela nous fait un point commun dans ce cas.

Hatari releva la tête, et haussa légèrement les sourcils. N'était-ce pas là le point communs de tous les exilés ? Nul endroit où ils étaient les bienvenus. Rien qui ne les rattache à quelque chose. Seulement le droit de choisir que faire.

─ Après tout, pourquoi se contenter d'une seule terre lorsque tout un monde nous attend..

Tout un monde, certes. Mais ce monde restait divisé en territoires, qui ne leur appartenaient pas. Et si certains clans toléraient officieusement la présence de voyageurs ou d'exilés sur les leurs, certains étaient prêts à tuer quiconque pénétrait sur leurs Terres. Les Jangowas, par exemple. Évidemment, c'était à chacun de décider s'il préférait se terrer dans un endroit caché - et y passer le restant de sa vie - ou s'il choisissait de prendre le risque de se faire voir, mais prônait alors la liberté. Au fond, tout était toujours une question de choix. Hatari fit part de ses réflexions tout en regardant Hofu :

─ Ce n'est qu'une question de point de vue.

Il marqua un temps d'arrêt, observant Hofu. Au fond, il appréciait le grand mâle gris. Il avait quelque chose de plus que certains lions. Cette façon de penser qui faisait de lui un lion plutôt sage, et pas une brute épaisse. Évidemment, il pouvait sans doute être dangereux, mais cela ne semblait pas dans son caractère. S'il avait voulu l'attaquer, il l'aurait sans doute fait depuis longtemps. C'est pourquoi Hatari, après avoir regardé Hofu dans les yeux, donna un coup de tête dans sa proie, lui signifiant ainsi qu'il pouvait se servir. Ce n'était pas quelque chose de courant que de partager sa proie avec un autre exilé - qui plus était un mâle - mais l'ancien Jangowa était désireux d'en apprendre plus sur le nouveau compagnon de route de Niwata.

─ Peut-être que quelqu'un t'attend quelque part, mais ce n'est pas mon cas. Cela fait longtemps que je voyage seul, désormais. Rien ne me rattache.

Il ne se plaignait pas, c'était une simple constatation. La seule famille qu'il ait jamais eu l'avait laissé tomber il y a bien longtemps, et n'était peut-être même plus de ce monde. Il avait cru s'en trouver une seconde, mais elle aussi l'avait trahie. Il n'avait plus envie de ressayer. Qu'importe que personne n'ait besoin de lui, il n'avait besoin de personne. Il était libre, et personne ne pourrait jamais le lui reprocher. Sans plus rien dire, il plongea de nouveau ses crocs dans sa proie, et arracha un autre morceau de viande.

─ J'ai voyagé seul durant la majeure partie de ma vie, et à part Niwata plus personne ne m'attend depuis bien longtemps. Je ne serais surement pas ici dans le cas contraire.

Hatari releva la tête au nom de la jeune lionne, néanmoins il ne s'arrêta pas dessus. Il ne le souhaitait pas, et préférait faire comme si de rien n'était. Tout en continuant à dévorer son repas, il réfléchit à ce que venait de dire Hofu. Ainsi, lui non plus ne semblait pas souffrir de la solitude. Comme quoi, tous n'étaient pas fait pour vivre au sein d'un Clan. Ou du moins, il avait dit que plus personne ne l'attendait, et ce depuis bien longtemps. Avait-il aussi perdu quelqu'un de cher ? Etait-il parti ? C'était des questions auxquelles l'exilé aurait bien aimé avoir une réponse, mais il n'était pas certain qu'Hofu soit disposé à lui donner des réponses. Pas sans en obtenir à son tour. C'était quitte ou double. Soit Hatari recevait les réponses qu'il voulait en racontant ce qu'il préférait garder pour lui, soit il n'obtiendrai rien. Peut-être pouvait-il tout de même essayer.

─ N'y a t-il jamais eu quelqu'un qui t'attendait, auparavant ?

Il avait parlé d'un ton calme, presque nonchalant, comme s'il n'avait pas réalisé qu'il cherchait à rentrer dans l'intimité d'Hofu. Bien sur, il en était parfaitement conscient, mais il désirait savoir. Le voyageur l'intriguait, sans doute autant à cause du fait qu'il protège désormais Niwata que parce qu'il semblait être un lion plein d'honneur qui aurait certainement trouvé sa place dans un clan. C'est pourquoi Hatari avait la ferme intention d'en apprendre plus à son sujet, quoi qu'il doive donner en retour.

Il y eut un moment de silence avant que l'exilé au pelage foncé se décide à répondre. Rien qu'à son air, Hatari pouvait deviner qu'il n'aimait pas la question qu'il venait de lui poser, mais c'était ainsi. Au sein d'un clan, le passé et ses malheurs étaient souvent tabou. Pas chez les exilés. Ils n'avaient nulles lois, et aucune obligation de bienséance. Chacun choisissait de se comporter comme il l'entendait, tout en sachant qu'il n'était pas aisé de faire parler un exilé, notamment lorsqu'il s'agissait de son histoire. Ils portaient bien leur nom. Exilés. Ceux dont plus personne ne voulaient. Ceux qui avaient été bannis. Pour une certaine raison, bien souvent douloureuse et difficile.

─ Je doute fort que mon clan natal ne se souvienne encore de mon existence. Quant aux membres de ma famille, ils ont disparu depuis si longtemps qu'il m'arrive parfois de ne plus réussir à me souvenir de leurs visages.. Ils ne sont plus que les fantômes d'un lointain passé.

Son ton amer laissait entrevoir les pensées qui pouvaient occuper son esprit en même temps qu'il s'exprimait. Nul doute qu'Hofu avait souffert aussi, d'une manière différente peut-être. Il ne semblai pas être de ceux qui s'étaient montré agressifs ou avaient transgressé des lois, pourtant il était bel et bien exilé. Pourquoi ? Voila une question intéressante qu'Hatari songerait à poser plus tard. Ou pas. Dans tous les cas, ses propos semblaient indiquer qu'il était en exil depuis bien longtemps, désormais. Autant dire seul depuis des années. L'ancien Jangowa n'avait pas vu ni entendu parler de lionceau ou de compagne, et il n'était pas certain de pouvoir affirmer qu'Hofu n'en avait pas, mais cela semblait peu probable. Il n'aurait pas été toujours seul. Evidemment, il y avait Niwata, qui devait lui tenir compagnie fréquemment, mais cela ne faisait pas tout, et elle était plus jeune que lui. Le mâle au pelage sable aurait aimé savoir comment ils s'étaient rencontré, et comment ils étaient devenu aussi proche - peut-être autant par curiosité que par un semblant de jalousie - mais il ne le demanderai pas. La jeune lionne appartenait au Passé, tout comme les Jangowas. Lorsque le mâle gris brisa une nouvelle fois le silence, ce fut d'un ton sec qui laissait entrevoir le mécontentement lié à la curiosité de son interlocuteur :

─ Cela répond-il à ta question ? Et toi, n'as-tu jamais eu une famille qui t'attendrait quelque part?

Et voila. C'était à son tour, désormais. Hatari s'y était attendu, il avait joué, et il avait perdu. Évidemment, il aurait pu décider de tourner le dos, laissant là Hofu et les confidences qu'il lui avait faite, mais cela aurait été un manque de confiance et d'honnêteté qu'Hatari ne souhaitait pas faire subir à Hofu. Bien que le mâle beige ne soit pas des plus altruistes, il appréciait l'exilé gris, et ne souhaitait pas le blesser plus qu'il ne le semblait déjà l'être. Tandis qu'il le fixait, l'exilé Jangowa essaya de rassembler ses idées, tout en barricadant ses émotions. Il ne voulait pas souffrir encore, mais il devait une histoire à Hofu. A lui de mettre à profit tout ce qu'il avait appris et mis en place pour se relever et avancer à chaque fois qu'il avait trébuché. Posant son regard sombre dans celui d'Hofu, il parla donc à son tour :

─ J'ai eu une famille, un jour. Un frère jumeau, et des parents aimants. Et un Clan, aussi. Mais on m'a pris tout cela, sans me laisser aucune chance de le retenir. J'ai tout perdu. On m'a emmené loin, très loin de chez moi, dans le désert. C'est là que j'ai grandit, et si je n'ai jamais été heureux là-bas, je m'étais résigné à mon sort. Mais le destin joue bien son jeu, et tout est parti en miettes encore une fois. Je n'ai plus personne, désormais. Je suis comme toi Hofu, exilé. Et seul.

Sa voix n'était pas dur ni claquante. Elle n'était pas froide ni dure. Il avait parlé d'un ton calme, presque serein. Pourtant, il était loin de l'être, et chaque souvenir le faisait toujours autant souffrir, mais il s'était endurcit. Si Hatari avait d'abord pensé ne dire que le strict minimum, il s'était laissé aller. Hofu avait le droit de savoir. Quoi qu'il arrive, ils en étaient rendus là, à se confier l'un à l'autre, sans vraiment se connaître. Ils étaient bien différents l'un de l'autre, mais ils avaient une chose en commun, qui les rapprochaient plus que n'importe qui.

─ Ton récit me rappelle étrangement ma propre histoire.

Hatari ne connaissait pas l'histoire du mâle gris, mais il doutait que lui demander soit une bonne idée. Hofu était déjà sur la défensive lorsqu'il s'agissait de parler de lui, pourquoi chercher à le braquer plus encore en s’immisçant dans ce qui lui appartenait ? S'il état vrai que l'exilé beige ne connaissait guère son homologue plus foncé, il y avait quelque chose en lui qu'il appréciait. Une sorte de sagesse, de sérénité face à ce qu'il vivait. Peut-être était-ce parce qu'il avait appris à vivre avec son statut ? Appris à ne pas ressasser le passé. C'était quelque chose que l'ancien Jangowa avait encore du mal à faire, mais il espérait pouvoir parvenir, un jour, à trouver la sérénité nécessaire pour songer à tout cela sans ressentir de la haine et de la colère.

─ Et bien, on dirait que nous avons bien plus en commun que ce tu ne peux l'imaginer.

Le lion au pelage sable tourna son regard brun vers l'exilé sombre, avant de déclarer d'une voix profonde :

─ La vie fait parfois bien les choses.

En réalité, il ne révélait pas la totalité de sa pensée, seulement une partie. Il avait appris - souvent à ses dépend - que lorsqu'il arrivait quelque chose, malgré le fait que tout semble une coïncidence, le recul permettait parfois de comprendre que ça ne l'était pas. Peut-être était-ce simplement un point de vue ; un espoir futile, ou bien peut-être était-ce réel. L'exil d'Hatari lui avait permis de retrouver une liberté oubliée. Il lui avait permis de rencontrer Wakanda. Il l'avait libéré de sa carapace, au fond. Peut-être que si les deux exilés avaient été amenés à se rencontrer, c'était pour une raison qui leur échappait. Une raison qu'ils avaient en commun ; et la seule qui venait à l'esprit d'Hatari était Niwata.

─ Qu'en est-il de Niwata, Hofu ?

C'était plutôt inattendue comme question, voir même presque improbable. Pourtant, Hatari était désireux de savoir ce qui avait poussé la petite lionne - jadis si fière d'être une Jangowa - à quitter les siens. Peut-être l'exilé refusait-il aussi d'admettre qu'il regrettait l'époque où il avait pris la petite lionne sous sa patte.

Hofu eut un instant d'hésitation, qui n'échappa pas à Hatari. Mais cela ne l mis pas en colère, bien au contraire. Il comprenait tout à fait que le mâle gris soit réticent à lui donner des nouvelles de la jeune lionne, au vue de leur dernière rencontre. Évidemment, elle lui avait craché dessus, et il avait juré de la tuer à la prochaine rencontre. Comment Hofu aurait-il pu être certains que son semblable exilé n'ait pas de mauvaises intentions ?

─ Elle va bien. Elle grandit et découvre peu à peu le monde qui s'offre à elle, tout en apprenant à connaître les divers dangers qui le peuplent. Elle gagne en maturité, et en sagesse bien qu'elle soit encore jeune.

Encore jeune. Trop, sans doute. Jadis, l'exilé du désert avait sans doute attendu trop de sa petite protégée, et cela n'avait fait que détruire tout ce qu'ils avaient construit ensemble. Comment était-arrivé au point que l'un avait juré de tuer l'autre, alors même qu'un temps durant, Hatari aurait donné sa vie pour elle ? A dire vrai, le grand mâle n'en savait rien. Tout était flou, trop lointain, et il ne désirait pas retourner en arrière pour démêler tout ça. C'était une période qui appartenait à son passé, tout comme la jeune lionne. Néanmoins, il était heureux de savoir qu'Hofu veillait sur elle.

─ Il fut une époque où nous étions proche l'un de l'autre tu sais. Bien plus que tu ne pourrais l'imaginer.

Son ton était légèrement amer, sans doute troublé par une pointe de regret. Il se souvenait de cette petite boule de poils pleine de vie. Comme il aurait aimé qu'elle comprenne ! Alors peut-être que tout aurait été différent ! Mais personne ne réparait les erreurs du passé, pas même sa propre personne. Beaucoup disaient que l'apprentissage se tirait des erreurs, mais à quel prix !

─ Je n'en doute pas, Hatari. Et j'espère pour toi comme pour elle que vous pourrez un jour vous reparler normalement. Parfois, il vaut mieux laisser le temps faire les choses, prendre du recul pour espérer repartir de la bonne patte.

Comme Hatari l'espérait aussi ! Par moment, Niwata lui manquait encore cruellement, cette petite boule de poils qu'il avait voulu faire grandir trop vite. S'il reprochait encore à Niwata de ne pas avoir compris, et de ne pas chercher à le faire, une part de lui se sentait responsable. Il aurait pu abandonner ses désirs de vengeance pour rester avec elle dans le désert. Mais au fond, quand bien même il aurait pris cette décision, le résultat aurait été le même ; il aurait été exilé. Niwata ne l'aurait aps fait se battre contre une cause qui n'était pas la sienne. Bien sur, leur relation s'en serait peut-être mieux sortie s'ils ne s'étaient pas fâchés avant, mais qu'importait, désormais ?

Le grand mâle n'avait plus vraiment faim. Se redressant, il désigna d'un geste de la tête la proie à Hofu, l'autorisant à se servir comme il voulait. De toute manière, lui ne la finirait pas. Hofu disait que le temps faisait les choses, mais l'exilé des sables n'en était pas certain. Sans aucun gestes de leur part - à eux deux - alors la situation ne changerait jamais, elle ne ferait que s'ensabler. Ils seraient obligés de prendre sur eux pour faire bouger les choses, quand bien même ils le désiraient. Mais au fond, retrouveraient-ils jamais la complicité qu'ils avaient eu jadis ? Hatari en doutait. Il avait appris à ses dépend que ce qui était perdu ne se retrouvait jamais complètement.

─ Le temps ne fait pas tout. Il ne fait qu'adoucir les choses.

Hatari avait posé son regard brun sur l'exilé gris, sans douter que ce qu'il disait n'était pas une révélation pour Hofu. Il était certain que le mâle gris avait vécu des choses aussi difficiles que ce qu'il avait vécu lui-même. C'était ainsi, et personne - pas même le temps - ne pourrait changer les choses. Déviant son regard sur l'horizon, le mâle au pelage sable ajouta d'une voix grave :

─ Prend soin d'elle, Hofu.

Sur ce, il salua l'exilé d'un signe de tête, et se leva. D'un pas lent et mesuré, il s'éloigna peu à peu en direction de Prideland. Niwata était en sûreté avec Hofu, il en était certain. L'exilé gris saurait la protéger s'il le fallait. Lui n'avait plus qu'à sortir de la vie de la jeune lionne.

[Fin pour moi, je ne sais pas si tu veux répondre encore une fois ? :3]