La première étape de leur voyage prenait fin à la sortie d'Outland. Nsaï posa les pattes sur le territoire des hyènes, et bientôt il regretta les paysages des terres de Chombo Hiki. Cette fois, c'était sûr, il n'y avait pas plus désolé qu'ici. Sous les yeux des deux voyageurs s'étendait une plaine lugubre, qui devait certainement être l'endroit où les éléphants venaient mourir. Des ossements gigantesques à l'abandon sur le sol s'offraient à la vue des Mositus, et de moins imposants craquaient sous leurs pas. Les rayons du soleil ne semblaient pas toucher ces terres. Cet endroit n'était que mort. Pourquoi les éléphants voulaient-ils que ce paysage soit la dernière vision qu'ils aient avant de mourir ? Le lion brun ne comprenait pas. Lui-même préfèrerait certainement pousser son dernier souffle avec un paysage chaleureux sous les yeux. Voir ne serait-ce qu'une fois encore la beauté de ce monde avant de le quitter. Mais tous ces pachydermes étaient venus mourir sur les ossements de leurs congénères, leurs amis, leurs ancêtres. Offrant ainsi leurs dépouilles aux charognards. Ce qui expliquait la présence des hyènes, au moins.

Nsaï secoua la tête, essayant de chasser ces pensées sombres de son esprit. En avançant assez lentement, il tourna la tête vers son amie, repensa à sa question de la veille. Elle était devenue un jeune adulte, il était tout à fait normal qu'elle s'intéresse aux mâles. Mais la question était de savoir à quel mâle elle faisait référence. Le félin au pelage sombre se surprit à penser que cela ne le dérangerait pas que ce soit lui, finalement. Non, non, ridicule. Il ne devait pas penser comme ça. Il ne fallait pas qu'il se fasse des idées. Et puis, il était plus vieux qu'elle. Elle devait en pincer pour un lion de son âge, c'était plus logique. Enfin...

Dans la tête du voyageur, les idées se bousculèrent pendant un moment, imprécises. Il n'était certainement pas prêt à faire un choix, à pousser son amie dans ses retranchements pour avoir la vérité. S'il cherchait à avoir une réponse tout de suite, s'il la pressait et qu'il s'avérait que le lion "hypothétique" était lui, cela gâcherait tout. Parce que par indécision, il lui dirait qu'il ne veut pas être plus que son ami. Et il aurait l'impression de passer à côté de quelque chose. Il devait donc se donner du temps, ainsi qu'à Baradi. Et inversement, elle devrait lui donner du temps. Mais encore une fois, tout cela n'était que supposition. Tu réfléchis trop mon vieux, beaucoup trop. Tu vas te ridiculiser avec cette histoire. Laisse aller.

Un bruit assez bref de craquement tira Nsaï de ses divagations. Il s'immobilisa, scanna les alentours du regard, sans rien voir. Il tendit l'oreille. Était-ce lui qui avait marché sur quelque chose, ou sa camarade ? Ou y avait-il quelqu'un d'autre ? Ou bien son esprit avait-il inventé ce son ? Il attendit que Baradi s'approche de lui, tourna lentement la tête vers elle, et s'adressa à elle à voix basse.

- Toi aussi t'as entendu ça ?

Ses muscles étaient crispés, cette fois il ne se laisserait pas surprendre. S'il y avait quelqu'un ici qui cherchait à se battre, il le regretterait assez vite.

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Outland étaient derrière eux depuis quelques minutes seulement, mais l'esprit de Baradi voguait déjà vers leur nouvelle destination. Le territoire des hyènes... Même à l'Oasis, des rumeurs lui étaient parvenus, durant son enfance. Elle avait vu quelques hyènes à la lande, et savait qu'elles ressemblaient à des espèces de canidés plutôt courts sur pattes, et souvent doté d'un pelage grisâtre. Elles étaient plus petites que les lions mais en nombre important, pouvaient s'avérer dangereuses. Cependant, avec toutes les affaires qu'il y avait eu lieu récemment, un certain nombre de hyènes avait quitté leur terre pour s'allier avec Prideland, d'où leur présence sur la Lande des Sans Terre. Les deux voyageurs pouvaient espérer filer rapidement sans se faire remarquer, et c'était bien ce qu'ils comptaient faire. Ils avaient adopté un rythme plutôt rapide, et Baradi voyait bien que Nsaï n'était pas très à l'aise au milieu de ce paysage désolé. Elle devait admettre que l'endroit était plutôt angoissant, surtout depuis qu'ils avaient pénétré dans ce qui semblait être le Cimetière des Éléphants. Un lieu dont les quelques Pridelanders qu'elle avait rencontré lui avait parlé, réputé pour être particulièrement glauque. Et en effet, devant ces amas d'ossements, la féline aux yeux verts se sentait toute petite. Elle ne comptait toutefois pas se laisser effrayer par des histoires de lionceaux, et était, en outre, curieuse de voir quels secrets cachaient ce territoire.

A ses côtés, la présence de Nsaï lui donnait du courage. Le mâle avançait prudemment, mais semblait également perdu dans ses pensées. Baradi se demandait quel genre de réflexions traversait l'esprit de son ami, puis elle remarqua qu'il lui jetait quelques coups d’œils. La gêne commença aussitôt à la titiller, elle devina qu'il se souvenait de leur conversation de la veille. C'était plutôt embarrassant de songer qu'il avait compris qu'elle parlait de lui, mais dans un sens, si cela pouvait lui donner matière à réfléchir... Ce n'était pas plus mal ! Elle avait finalement trouvé le moyen de lui montrer qu'elle n'était plus une enfant, peut-être pas de la façon dont elle l'avait imaginé certes, mais c'était un pas en avant. A présent, il fallait laissé la graine fermer dans l'esprit du Mositu et attendre que l'idée fasse son chemin. Elle ne pouvait pas faire grand chose de plus, et insister sur la question n'était sans doute pas une bonne idée. La jeune lionne ne s'y connaissait pas beaucoup en matière de relation amoureuse, mais elle se doutait bien qu'être pénible et surtout lourde ne serait pas à son avantage. Une fois, alors qu'elle était encore adolescente et qu'elle écoutait les conversations de lionnes de son âge, elle avait entendu qu'il fallait se montrer mystérieuse et inaccessible. Elle avait un sérieux doute quant à sa capacité à être ainsi, mais elle ne reviendrait pas à la charge en tous cas. Elle devait se faire désirer, après tout...

Il y eu alors un bruit, un bruit sec et brutal, faible mais bien réel. Comme si quelqu'un avait marché sur un objet friable et l'avait détruit sous son poids. Les oreilles de la jeune lionne se dressèrent sur son crâne, et son attention se porta aussitôt sur les alentours. Ses problèmes sentimentaux attendraient, elle devait se concentrer. Elle se posta à côté de Nsaï, et remarqua qu'il était attentif lui aussi.

- Toi aussi t'as entendu ça ?

Elle hocha doucement la tête, et balaya les alentours du regard. Une hyène pouvait très bien les épier, dissimulée derrière les défenses des défunts pachydermes, à attendre le bon moment pour passer à l'attaque. Une hyène, c'était sans doute gérable, mais deux, ou trois, ou plus... Les ennuis pouvaient très vite arriver. Baradi hésita quant à la marche à suivre. Ils pouvaient continuer à avancer en ignorant ce bruit et espérer atteindre la frontière en un seul morceau, ou bien tenter la voie du dialogue. Son sang de Mositu la poussait à choisir cette solution. Elle s'avança donc et lança, d'une voix puissante et sûre d'elle :

- Il y a quelqu'un ?

Elle ne voulait pas montrer de signe de peur à la personne qui les espionnait possiblement, mais il n'était pas non plus question d'être arrogant. Les voyageurs n'étaient pas ici chez eux, ils ne devaient pas l'oublier et rester humble, en toutes circonstances.

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Spoiler:

Comme à son habitude, Zeke avait délaissé les terres de Prideland pour venir chercher le calme et la solitude dans le cimetière des éléphants. La cohabitation avec les Nyeusis devenait de plus en plus difficile, surtout depuis que la vérité avait éclaté au sein de la meute: les hyènes avaient été manipulées par les lions noirs ! Ces derniers avaient utilisé les chiots d'Aïna comme moyen de pression pour s'assurer de la soumission des charognards. Mais à présent, les chiots étaient en sécurité, hors de portée des sombres félins...

Le balafré était de ceux qui faisaient mine de ne rien savoir et préféraient faire profil bas en attendant impatiemment le jour de la vengeance... Quelques hyènes avaient quitté Prideland mais lui refusait d'abandonner une terre sur laquelle il espérait voir grandir les générations futures. Pour autant, il ne supportait plus la présence des Nyeusis et luttait pour ne pas se montrer ouvertement agressif et vindicatif envers eux.
Une odeur étrangère vint brusquement tirer Zeke de ses pensées ! Une odeur qu'il connaissait bien... Des lions ! Des lions qui visiblement s'étaient introduit dans le cimetière. Même si ce territoire n'était plus vraiment le principal lieu de vie des hyènes, le mâle considérait que cet endroit, jusqu'à preuve du contraire, restait son domaine ! Intrigué, il se mit à la recherche des intrus et ne tarda pas à apercevoir deux silhouettes qui déambulaient entre les ossements.

De là où il était, le charognard pouvait apercevoir un lion au pelage sombre et une lionne couleur chocolat. Aucun des deux n'avait l'air agressif mais avec les félins, mieux valait s'armer de prudence... Zeke s'empressa de prendre les deux intrus en filature, épiant furtivement chacun de leurs gestes ! Il connaissait très bien cet endroit et il savait comment se fondre dans ce décor lugubre. Il n'était qu'une ombre qui glissait silencieusement entre les ossements géants, gardant constamment un œil sur les étrangers.

CRAC !!! Un ossement de taille bien plus modeste venait de ployer avec fracas sous sa patte arrière ! Instinctivement, Zeke se précipita dans le crâne d'un pachyderme afin de disparaître dans l'ombre. « Quel idiot ! » Les deux félins se figèrent avant de balayer les alentours du regard. La présence du charognard avait été repérée et d'ailleurs, la lionne ne tarda pas à prendre la parole avec une question de circonstance. Le balafré hésitait. Il laissa planer un moment de silence et finit par répondre, avec une voix tout aussi puissante que celle de l'intruse :

« Les lions ne sont pas les bienvenus sur cette terre... »

Chaque mot résonnait sur les parois du crâne gigantesque dans lequel la hyène avait trouver refuge. Cela lui donnait une voix d'outre-tombe et rendait cette dernière très difficile à localiser... Pour autant, Zeke ne pouvait rester caché dans ce crâne ! Il était sur ses terres après tout, il se devait d'aller à la rencontre de ces étrangers. D'un geste, il jaillit par l'orbite du crâne et atterrit lourdement dans la poussière ! Ceci fait, il effectua quelques pas en direction des lions avant de reprendre la parole :

« Que comptez-vous trouver ici si ce n'est des ennuis ? »

Étonnement, Zeke ne se montrait pas totalement agressif en prononçant ces quelques mots. Sa voix était dure mais laissait paraître un certain sentiment de lassitude. Encore combien de fois sera t-il contraint à défendre ses frontières contre des lions trop envahissants ? Par le passé, il aurait déjà laissé échapper une série de jappements et de ricanements destinés à alerter ses congénères. Mais aujourd'hui, il n'était jamais certain de pouvoir compter sur des renforts... Il se tenait droit, fermement ancré sur ses quatre pattes et toisait les inconnus avec un regard accusateur en attendant une éventuelle réponse.

Encore une fois, Baradi prit les devants, en haussant la voix sur un ton assuré. Nsaï continua à scruter les alentours en silence. Il ne savait pas s'il préférait que quelqu'un réponde à la question de son amie, ou s'il valait mieux que tout reste silencieux. Après tout, une hyène - ou, pourquoi pas, un lion - pouvait très bien se tenir là et décider de ne pas trahir sa présence. Voire même de les suivre. Mais le mâle brun refusait de se laisser aller à la peur comme la veille. Il restait inquiet, mais il essayait autant qu'il le put de ne rien laisser paraître. S'il y avait un être hostile ici, il valait mieux qu'il pense que les deux lions étaient capable de se défendre. C'était pourquoi Nsaï dût se retenir de sursauter quand une voix lugubre, mais puissante s'éleva, résonnant à plusieurs endroit en même temps.

- Les lions ne sont pas les bienvenus sur cette terre...

Cette situation ressemblait énormément aux histoires qu'on racontait aux lionceaux pour les effrayer, et les dissuader d'aller à certains endroits dangereux. Le lion essaya de deviner d'où venait le son, où se trouvait la personne qui leur avait répondu. La phrase fit écho pendant un moment qui sembla durer une éternité, puis se tut. Le silence était soudainement beaucoup plus lourd qu'avant. Nsaï resta muet, il n'avait rien à répondre à ça. Ils étaient sur le territoire des hyènes, pas sur les terres d'un clan de lions, et il était évident qu'ils n'allaient pas être accueillis chaleureusement. Cette hyène - c'était certainement une hyène - défendait le sol de ses congénères, Nsaï et Baradi auraient dû s'y attendre. Avaient-ils sérieusement pensé pouvoir traverser cet endroit sans rencontrer des ennuis ?

Peu après que le son de sa voix mourut, celui qui avait prononcé cette phrase lourde de menaces sauta hors de son abris, un immense crâne d'éléphant. Un nuage de poussière et un bruit sourd marquèrent son atterrissage sur le sol. Quelques pas, et il se trouvait devant les deux voyageurs. C'était bel et bien une hyène, à l'apparence aussi désolée que ces terres, et marquée de grandes cicatrices.

- Que comptez-vous trouver ici si ce n'est des ennuis ?

Elle s'adressait à eux sur un ton qui se voulait inquisiteur, mais pas nécessairement menaçant. Nsaï se détendit un peu. S'ils s'en sortaient bien, ils pourraient justement éviter les ennuis et le combat. De plus, les Mositus étaient deux, la hyène était seule. Elle ne les attaquerait certainement pas à moins d'y être forcée. Ou à moins d'avoir d'autres camarades embusqués dans le cimetière, prêts à sauter sur les deux intrus. En tout cas, le lion au pelage sombre voulait éviter ça, et il savait que son amie aussi. Cette fois, ce fut à lui de prendre les devants.

- Nous ne sommes que de passage, nous ne cherchons pas les ennuis. Je m'appelle Nsaï, et le nom de mon amie est Baradi.

Le félin aux yeux émeraude espérait de tout son cœur que sa réponse contenterait la hyène. Il ne voulait pas se battre, pas encore. S'il n'avait pas le choix, il le ferait. Mais c'était bien là la dernière des choses qu'il aurait voulu voir arriver. Surtout que l'étranger qui lui faisait face devait avoir gagné son lot de combats, à en juger par son apparence. S'il avait tant de cicatrices mais qu'était toujours en vie... Enfin, il ne pourrait pas possiblement vaincre deux lions. C'était assez rassurant dans un sens.

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L'attente sembla interminable à la jeune lionne brune. Elle farfouillait les alentours du regard, son cœur martelant sa poitrine. Elle tâchait de garder son calme, mais l'inquiétude montait en elle. Baradi pouvait presque sentir le danger la caresser d'un frisson dans l'échine. Ses pattes restaient cependant bien encrées dans le sol, et sa voix n'avait pas tremblé lorsqu'elle avait pris la parole. Si combat il devait y avoir, et elle espérait qu'il n'y en aurait pas, elle était prête à agir. Une voix surgit alors d'entre les ossements, semblant venir du cimetière tout entier. Une voix grave, menaçante, presque fantomatique.

- Les lions ne sont pas les bienvenus sur cette terre...

Les poils de la nuque de la féline se dressèrent et ses yeux s'écarquillèrent, tandis que la peur la saisissait. Elle se retint de pousser un cri et fit un effort pour garder son sang froid. Il ne fallait pas céder à la panique, c'était bien la dernière chose à faire. La Mositu se concentra et essaya de rester rationnelle. Les fantômes n'existaient pas, c'était des histoires pour les enfants. Et elle n'était plus une enfant. La voix venait forcément de quelqu'un, et il y avait fort à parier que ce quelqu'un soit une hyène. C'était la solution logique après tout, ils se trouvaient au beau milieu du territoire des canidés, il était évident qu'ils finiraient par tomber sur l'un d'eux. Baradi avait été sotte d'imaginer qu'ils pouvaient traverser ces terres sans se faire repérer. L'heure n'était cependant pas aux reproches, il fallait surtout se sortir de cette situation. Déjà, localiser la hyène et ensuite, savoir s'il y en avait d'autre. Pour cela, la féline se servit de son odorat. Elle n'eu cependant pas le temps d'humer d'avantage l'air, qu'une hyène apparu de derrière un gros crâne d'éléphant, s'élançant vers eux dans une posture agressive.

- Que comptez-vous trouver ici si ce n'est des ennuis ?

Aussitôt, la jeune lionne se tendit. Ils étaient en mauvaise posture, elle le voyait bien. La situation était-elle cependant désespéré ? Le regard de Baradi balaya une fois de plus les alentours, elle constata que la hyène était seule. C'était un bon point pour eux, un seul adversaire serait plus facile à gérer que plusieurs. Le combat n'était toutefois pas une fatalité, et la jeune Mositu espérait bien qu'ils pourraient se tirer de là sans avoir à se battre. Baradi observa plus attentivement l'animal qui leur faisait face. C'était visiblement un mâle, couturé de cicatrice, et qui ne semblait plus être tout jeune, sans être pur autant un vieillard. Un combattant expérimenté sans doute, mais la pointe de lassitude dans sa voix n'avait pas échappé à la féline. Que faisait-il ici, alors que toutes les autres hyènes s'étaient installé sur la Lande ? Oubliant presque le danger, Baradi était piquée par la curiosité, et, en d'autres circonstances, elle aurait sans doute questionné le canidé sur sa situation. Ce n'était cependant pas le moment, et Nsaï semblait l'avoir mieux compris qu'elle. Il s'avança et déclara d'un ton calme, qui impressionna sa camarade de voyage.

- Nous ne sommes que de passage, nous ne cherchons pas les ennuis. Je m'appelle Nsaï, et le nom de mon amie est Baradi.

Cette dernière s'inclina en entendant son nom, en signe de respect. Elle glissa un regard à son ami, son air sérieux indiquait qu'il était sans doute en train de jauger la situation. Etait-il prêt à se battre, si la hyène les défiait ? Baradi espérait qu'elle n'irait pas jusque là, elle n'avait pas envie de devoir en venir à la violence. D'un autre côté, elle avait plus ou moins la certitude qu'en cas d'affrontement, les deux voyageurs pourraient s'en sortir, le nombre jouait en leur faveur. Ce n'était cependant pas pour cette raison qu'il fallait se résoudre au combat, la féline était déterminée à se tirer de là d'une manière pacifiste. Elle décida d'ajouter, d'une voix amicale qui montrait clairement ses intentions.

- Nous sommes des Mositus en voyage, nous traversons la Terre des Lions. Nous sommes désolés de devoir passer par ton territoire, nous n'avions pas le choix. Depuis que les Nyeusis ont envahi Prideland... Enfin, nous n'avions nulle intention de te causer du tord, à toi et à ton peuple.

Elle avait joué la carte de la sincérité, et espérait que la hyène en ferait autant. Les temps étaient sombres pour la savane, il n'était pas nécessaire de créer sans cesse des conflits. Baradi espérait désormais que leur interlocuteur serait conciliant et qu'il comprendrait leur situation, malgré son caractère visiblement peu commode.

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Spoiler:

Zeke était satisfait de sa petite apparition ! Cela compensait un peu le fait que la supériorité numérique n'était apparemment pas dans son camp aujourd'hui... Ce n'était pas bien grave, il commençait à être habitué. Se battrait-il à nouveau ? Il n'en avait pas vraiment envie mais préférait ne rien laisser paraître...
Concernant les deux intrus, ce fut le mâle qui s’avança pour prendre la parole en premier. Il affirma que la lionne et lui n'étaient que de passage ici, qu'ils ne cherchaient pas les ennuis. A la grande surprise du charognard, il enchaîna avec les présentations ! Nsaï pour le lion et Baradi pour la lionne, c'était là les noms portés par les deux félins. D'ailleurs, la femelle prit elle aussi la parole pour apporter quelques précisions, mentionnant notamment les Nyeusis ainsi que le nom de leur clan d'origine : les Mositus ! Oui, Zeke avait déjà entendu parler de ce clan ! Lors de sa récente rencontre avec Fefee, le fennec avait évoqué une guerre dans le désert entre deux clans de lions. Les Mositus étaient les perdants et avaient fini en exil... Il était possible que ces derniers s'intéressent aux terres de Prideland. Le charognard hésita : peut-être avait-il devant lui de futurs ennemis qui tenteraient de renvoyer à nouveau les hyènes dans le cimetière ? En référence aux paroles du duo de félins qui disait ne pas vouloir causer de tord, il cracha avec un certain dédain :

« Bah... Ça s'est ce que disent tous les lions ! Pour autant, la majorité d'entre eux n'a aucun scrupules à faire couler le sang et les larmes lorsque l'occasion se présente... »

Zeke était dur mais sa haine et ses mauvaises expériences avec les félins ne le rendaient clairement pas objectif... Brusquement, il se mit en mouvement, avançant lentement tout en décrivant un cercle autour de Nsaï et Baradi. Il avait à présent tout le loisir de toiser plus longuement les intrus. Ces derniers paraissaient assez jeunes et vraisemblablement, ils n'étaient ni apeurés ni agressifs. Ils avaient fait preuve d'une certaine humilité, contrairement à bien d'autres lions qui auraient déjà jouer à « je fais ce que je veux où je veux... »... Toujours en mouvement, le balafré poursuivit :

« Néanmoins, je reconnais que bien peu prennent le temps de se présenter... Mositus n'est-ce pas ? A ma connaissance, vous avez été chassé de chez vous ! Pour autant, pourquoi devrais-je vous laisser poursuivre votre chemin ? Quand mon peuple a connu le dur chemin de l'exil, aucun lion ne lui accorder la moindre importance, le moindre crédit... Nous étions chassé et dénigré partout où nous allions... »

Le charognard afficha un sourire narquois, toujours satisfait de voir que les hyènes n'étaient pas les seules victimes des lions... Mêmes entres eux, ils parvenaient à semer la haine et le malheur... Il guettait la moindre réaction des deux félins, cherchant à les tester, à les jauger. Seraient-ils vraiment de futurs ennemis ? Ça, il y viendrait très bientôt ! Pour le moment, il marqua une pause dans son petit manège et se figea avant de déclarer :

« Mositus, mon nom est Zeke, guerrier de la meute d'Aïna. Quel est le but de votre voyage ? »

Oui, en plus d'être froid et autoritaire, le balafré était toujours envahi d'une curiosité maladive. Là encore, d'après les dires de Fefee, les Mositus vivaient probablement avec les Pridelanders sur la Lande. Il lui semblait en avoir aperçu lors de son entretien avec Kumpa... Alors que venaient faire ces deux là sur des territoires aussi désolés ? Là était la véritable question...

Comme la veille, Baradi s'inclina. Nsaï, lui, se souvenait encore des paroles de Chombo Hiki. La politesse ne leur sauverait pas la vie sur ces terres. En partie pour cette raison, et également car il était trop tard pour lui pour baisser la tête et rattraper son erreur, il ne le fit pas. Il préférait également rester droit, sur ses gardes. Il n'était absolument pas sûr de pouvoir détourner le regard de la hyène en toute sécurité. Si elle ne leur faisait pas confiance - et c'était tout à fait normal, ils étaient des intrus après tout -, Nsaï ne lui faisait pas confiance non plus. Le regard fixé sur leur interlocuteur, inquiet, le Mositu s'attendait au pire. Puis son amie prit la parole pour faire des précisions quant à la raison de leur présence ici.

- Nous sommes des Mositus en voyage, nous traversons la Terre des Lions. Nous sommes désolés de devoir passer par ton territoire, nous n'avions pas le choix. Depuis que les Nyeusis ont envahi Prideland... Enfin, nous n'avions nulle intention de te causer du tort, à toi et à ton peuple.

Nsaï acquiesça silencieusement à ces paroles. Cependant, la hyène ne semblait pas les croire. Les paroles des voyageurs ne lui suffisaient évidemment pas, et ce fut sur un ton méprisant qu'elle leur répondit.

- Bah... Ça c'est ce que disent tous les lions ! Pour autant, la majorité d'entre eux n'a aucun scrupule à faire couler le sang et les larmes lorsque l'occasion se présente...

Totalement immobile, Nsaï observa le charognard alors qu'il entreprenait de leur tourner autour, tout comme Chombo Hiki la veille. Tout comme un vautour. Il semblait avoir eu des problèmes avec les lions dans le passé, ce qui expliquait en partie pourquoi son regard transmettait le dédain, la froideur, la dureté. Ce regard qui pouvait être retrouvé chez certains Mositus quand on leur parlait des Jangowas. La haine s'était installée chez eux, comme chez cet inconnu. A la différence que ce dernier ne nourrissait pas une colère uniquement contre un clan, mais contre toute une espèce. Que lui avait-on fait ? Le lion brun ne quittait pas la hyène des yeux, et il vit son regard s'adoucir alors qu'elle allait parler à nouveau. C'était un changement très subtil, presque imperceptible, mais Nsaï capta la nuance, et son angoisse se calma un instant.

- Néanmoins, je reconnais que bien peu prennent le temps de se présenter... Mositus n'est-ce pas ? A ma connaissance, vous avez été chassé de chez vous ! Pour autant, pourquoi devrais-je vous laisser poursuivre votre chemin ? Quand mon peuple a connu le dur chemin de l'exil, aucun lion ne lui accordait la moindre importance, le moindre crédit... Nous étions chassés et dénigrés partout où nous allions...

Ainsi, se présenter les avait peut-être sauvés. Merci aux Grands Esprits. Même si le charognard ne semblait toujours pas enclin à les laisser continuer leur voyage, au moins il commençait à voir qu'ils n'avaient pas l'intention de se battre, et Nsaï avait l'impression que lui aussi préférait éviter ça.

Il n'avait pas la moindre idée de ce qui était arrivé aux hyènes. Après tout, c'était la première fois qu'il en voyait une de si près, et qu'il lui parlait. Cette histoire d'exil ne lui disait rien, et le pourquoi du comment était assez évident : les lions ne racontaient pas les histoires des autres espèces, ils relayaient leurs propres vies, leurs propres légendes. Nsaï en savait plus sur les autres clans de lions que sur les autres animaux. Et il ne savait pas grand chose des autres clans.

- Mositus, mon nom est Zeke, guerrier de la meute d'Aïna. Quel est le but de votre voyage ?

Guerrier. Cela expliquait les cicatrices. Nsaï prit à son tour la parole, sur un ton très calme et profondément respectueux. Encore une fois, il ne devait pas montrer sa peur.

- Enchanté, Zeke. Notre voyage a pour seul but d'explorer les territoires qui nous sont inconnus. C'est... un rêve d'enfance, dirons-nous. Comme nous vous l'avons dit, nous n'avons aucune intention de causer quelque problème que ce soit. Nous sommes pacifistes, nous évitons le sang et les larmes autant que possible.

Le voyage pour réaliser un rêve, cela semblerait peut-être futile à la hyène. Mais mentir ne ferait que leur attirer des ennuis. Et puis le Mositu n'aimait pas le mensonge.

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Les deux lions bruns avaient beau s'être présenté aimablement et s'être comporté de façon tout à fait prudente, la hyène ne semblait pas convaincue. Elle continuait de montrer les crocs et leur tourner autour de façon plutôt menaçante, ce qui inquiéta Baradi. Que faire ? Y aurait-il réellement un combat ? Étaient-ils prêts ? Un affrontement n'était pas inévitable, la féline le savait, malgré ce que semblait penser Chombi Hiki. Il les avait mis en garde contre les dangers du territoire dans lequel ils se rendaient mais cela ne les avaient pas empêché de s'y rendre. Une fois encore, la jeune lionne se rassura en se disant qu'une seule hyène ne devait pas être bien difficile à affronter, surtout à deux, mais les voyageurs ne pouvaient se permettre d'être blessé alors qu'ils étaient encore loin d'un territoire amical. Ils pourraient sans doute s'en sortir contre ce canidé là, mais si plus loin d'autres leur tombaient dessus, ils feraient moins les fier. Il était donc nécessaire d'établir immédiatement qu'ils n'étaient pas là pour chercher la bagarre.

- Bah... Ça c'est ce que disent tous les lions ! Pour autant, la majorité d'entre eux n'a aucun scrupule à faire couler le sang et les larmes lorsque l'occasion se présente...

Les propos secs et agressifs de la hyène firent se tendre tous les muscles de la féline. En regardant ses cicatrices, Baradi se demanda combien venait de la patte d'un lion. Sa colère envers les félins pouvait sans doute se comprendre, les canidés s'était longuement battu contre les Pridelanders. Ils étaient cependant allier à présent, mais la hyène paraissait malgré tout très rancunière. Allait-elle passer à l'assaut sur le champ ? Elle se rapprochait toujours d'eux, mais semblait soudain moins menaçante. Ce changement d'attitude déconcerta quelque peu la Mositu, mais elle était surtout soulagée. Elle entrevoyait à présent l'espoir qu'ils s'en sortent sans avoir à se battre. Le canidé n'était de toute manière pas stupide, il devait bien savoir que s'attaquer sans réfléchir à deux lions n'était pas une bonne idée. Il pouvait toujours aller chercher du renfort, mais quelque chose dans son comportement indiquait qu'il était d'accord pour parler.

- Néanmoins, je reconnais que bien peu prennent le temps de se présenter... Mositus n'est-ce pas ? A ma connaissance, vous avez été chassé de chez vous ! Pour autant, pourquoi devrais-je vous laisser poursuivre votre chemin ? Quand mon peuple a connu le dur chemin de l'exil, aucun lion ne lui accordait la moindre importance, le moindre crédit... Nous étions chassés et dénigrés partout où nous allions...

Intriguée, la lionne redressa les oreilles. Elle ne connaissait pas très bien l'histoire des hyènes, à sa grande honte aujourd'hui, mais elle savait, par le biais de discussion avec des Pridelanders, que le roi fou Wazimu les avait chassé de leur terre pour les exiler ici, dans le Cimetières des Eléphants. Cette histoire remontait toutefois à loin en arrière, Wazimu était le grand-père de Kumpa, qui n'allait visiblement pas tarder à monter sur le trône. Ce futur monarque semblait déterminé à rétablir la paix avec les hyènes, c'était du moins ce qu'elle avait pu voir depuis qu'elle était sur la Lande. Un instant, son esprit quitta l'endroit présent pour s'envoler jusque là où se trouvait son clan. Comment allaient-ils ? Comment allait son père ? Siri parvenait-il à garder le soutien des Mositus ou Kwadja prenait-elle de l'ampleur ? Baradi chassa ses pensées de son esprit. Ce n'était pas le moment de penser à cela, sa vie, et celle de Nsaï, étaient en danger. La féline glissa par ailleurs un coup d’œil à son ami, et constata avec un curieux sentiment de fierté qu'il ne laissait pas le moindre indice de peur transparaître de son visage. Il semblait étrangement plus confiant et plus serein, ce qui la rassura. Il était réellement soulagée qu'il soit avec elle dans ce voyage, elle n'aurait sans doute pas fait preuve d'autant de bravoure si elle avait été seule.

- Mositus, mon nom est Zeke, guerrier de la meute d'Aïna. Quel est le but de votre voyage ?

Cette fois, Baradi se permis un sourire. Connaître le nom de leur interlocuteur l'aidait à se détendre, et il lui semblait que la hyène était moins effrayante que quelques instants auparavant. Même ses cicatrices diminuaient aux yeux de la jeune lionne. Sa curiosité était également étonnante, mais il était normal qu'il veuille savoir pourquoi des étrangers traversaient son territoire, après tout. Voyant que Nsaï prenait les devants et maîtrisait la situation, Baradi le laissa parler. Elle avait mené leur conversation avec Chombo Hiki, du moins en grande partie, il était désormais au tour de son ami de faire ses preuves.

- Enchanté, Zeke. Notre voyage a pour seul but d'explorer les territoires qui nous sont inconnus. C'est... un rêve d'enfance, dirons-nous. Comme nous vous l'avons dit, nous n'avons aucune intention de causer quelque problème que ce soit. Nous sommes pacifistes, nous évitons le sang et les larmes autant que possible.

L'honnêteté dont le mâle brun avait fait preuve n'étonna pas la Mositu, elle n'en attendait pas moins de lui et n'avait pas envisagé une seule seconde de cacher à Zeke la raison de leur présence en ces lieux. Il avait bien résumé la situation, et avait su trouver, selon elle, les bons mots pour apaiser les craintes que pouvaient avoir le canidé. Elle décida cependant d'intervenir, afin d'expliciter d'avantage leur situation ainsi que leur parcours. Après tout, si la hyène était curieuse, elle voudrait sans doute savoir comment ils en étaient arrivés là.

- Nous venons de la Lande des Sans Terres. Nous avons traversé Outland, où nous avons été aidé par un lion nommé Chombo Hiki. Il nous a offert un refuge pour la nuit et nous a ensuite guidé vers la frontière au petit matin. Puis nous t'avons rencontré.

C'était un bon résumé de leurs aventure de la veille. Elle taisait bien sûr sa conversation avec Nsaï dans la grotte du lion à la crinière noire, qui ne concernait absolument pas la hyène, ni de près, ni de loin, et qui la faisait rougir sous sa fourrure. Une fois encore, elle écarta ses pensées de son esprit et se focalisa sur la conversation. Elle ajouta :

- Nous savons que nous ne sommes pas les bienvenus ici mais je te jure sur mes ancêtres Mositus que nous ne sommes pas ici pour te ravir ton territoire. Comme tu l'as dis, nous avons été chassé de chez nous et nous n'avons pas encore de nouveau territoire. Cependant, nous n'avons pas l'intention de voler celui des autres.

Elle avait hésité à dire "Nous n'avons pas l'intention de faire la guerre pour en obtenir un." mais s'était retenu. Si Kwadja devait chef du clan, poste auquel elle aspirait visiblement, elle guiderait le clan vers une bataille violente et sans merci contre les Jangowas, cela ne faisait aucun doute.

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Spoiler:

Hrp:

Des explorateurs ? C'était ce que le lion laissa sous-entendre, évoquant un « rêve d'enfance » qui visait à découvrir tous les territoires qui leur étaient inconnus. Les lions et leur satané curiosité... Ils défendaient leurs territoires bec et ongles mais ne se gênaient pas pour s'introduire chez les autres ! Néanmoins, Zeke fut forcé de constater que son interlocuteur restait calme, humble et courtois. Sur certains points, cela lui rappelait sa rencontre avec Hatari ! En revanche, en écoutant la suite des paroles du mâle, le charognard eut toutes les peines du monde à réprimer un ricanement nerveux...

Pacifiste ?! Quelle...

Non, Zeke préféra ne pas continuer ! Il s'interrompit net et ravala son air moqueur même s'il n'en pensait pas moins. Des lions pacifistes c'était comme des suricates courageux ou des rhinocéros calmes... Il n'en avait jamais vu ! Pour autant, le balafré préférait ne pas exprimer clairement son avis sur ce point. Pour une fois que ses interlocuteurs l'abordaient autrement qu'en le prenant de haut ou en l'insultant de « sale chien », il tenait à profiter un peu du moment.
D'ailleurs ce fut au tour de la lionne de prendre la parole. Elle apporta quelques détails sur les différentes étapes de ce voyage qu'elle avait entreprit avec son compagnon de route. La Lande des Sans Terre, Outland... Ils semblaient loin d'avoir tout exploré ! Baradi mentionna également un certain Chombo mais ce nom ne disait rien au charognard. Comment aurait-il pu faire le rapport avec le lion qui veillait sur Eiki puisque celui-ci ne s'était pas présenté ?

La lionne termina en déclarant qu'elle et son compagnon de route connaissaient leur statut d'intrus sur ces terres et elle jura qu'ils n'étaient pas là pour s'emparer d'un territoire. Zeke se méfiait toujours d'éventuels espions mais ces deux félins là avaient l'air sincères. Il était prêt à courir le risque et à vrai dire, il n'avait guère d'autre choix... Seul, il ne pouvait faire barrage à deux adversaires !

Un Outlander qui se montre bienveillant envers des étrangers ? En voilà une surprise... Autant être franc, pour le moment, je n'ai pas l'intention de faire preuve d'autant de bonté ! Vous devrez trouver un abri ailleurs  Néanmoins, vous pouvez poursuivre votre route et traversez le cimetière. Le balafré s'immobilisa, cessant finalement son petit manège de vautour. Je garderai un œil sur vous ! Vos mots sont plaisants mais vos actes sur ces terres parleront pour vous...

En résumé, Zeke ne s'opposerait pas à leur voyage mais il comptait bien les surveiller de loin. Il sera toujours libre d'intervenir plus tard, en cas de problème... Enfin pour le moment, c'était ainsi qu'il voyait les choses !
Il finit par s'asseoir, laissant échapper un profond soupir. Il conservait un regard dur, méfiant et empli de ressentiments mais sa nouvelle posture le rendait aussi moins menaçant. Toujours curieux, il finit par reprendre la parole avec de nouvelles interrogations :

Ceux qui vous ont chassé, ce sont les lions du désert n'est-ce pas ? J'ai croisé la route de l'un d'entre eux ici même ! Je dois dire que lui-aussi s'est montré humble et courtois, au point d'accepter de quitter cette terre sur le champ... C'est étonnant, lui-aussi m'a affirmé être en exil...

Hatari ! Le charognard décida de volontairement taire le nom de ce lion au pelage doré... Après tout, la guerre avait visiblement fait rage sur tous les territoires ! Il était sans doute plus prudent de garder certaines informations secrètes...

Pacifiques et sans terre... Dure situation ! Lorsque mon peuple a marché sur Prideland, nous étions persuadé de reprendre ce qui nous revenait de droit. N'avez-vous donc pas l'envie de reprendre vos terres ? De rentrer chez vous pour y vivre paisiblement ?

La question n'était pas vraiment anodine, Zeke avait éprouvé ce sentiment durant des lunes. Brusquement, il se mit à fixer le mâle avec insistance avant de détourner le regard vers l'horizon. Il afficha un sourire plein de malice, persuadé que personne ne s'attendait à sa question...

Nsaï, cette lionne... C'est ta compagne ?

Nsaï vit à l'expression de Zeke, et à son exclamation, que l'idée de lions pacifistes le troublait au plus haut point, et pouvait même lui donner envie de rire. Mais il se retint. Le lion aux yeux verts se doutait qu'une lourde histoire poussait la hyène à voir les lions comme des oppresseurs, des animaux violents. Peut-être avait-il raison, tout compte fait. Le Mositu repensa aux Jangowas, aux Nyeusis. Et à Kwadja. Cette dernière avait l'intention de prendre le contrôle du clan, lorsque les deux voyageurs étaient partis. Et elle voulait partir en guerre. En y repensant, Nsaï comprit parfaitement pourquoi on pouvait avoir peur des lions, si même les Mositus se laissaient aller à la violence...

Encore une fois, Baradi prit la parole pour ajouter les détails aux dires de son ami. Il était vrai que ce dernier s'exprimait d'une manière assez concise, son discours manquait sans doute de précision. Donner les détails était en tout cas une bonne manière de prouver leur honnêteté à la hyène, de lui montrer qu'ils n'avaient absolument pas l'intention de se jouer de lui. Et cela semblait marcher. Petit à petit, Nsaï sentait la situation se dénouer, la tension baisser. Il en était quasiment sûr à présent, ils allaient s'en sortir.

- Nous venons de la Lande des Sans Terres. Nous avons traversé Outland, où nous avons été aidé par un lion nommé Chombo Hiki. Il nous a offert un refuge pour la nuit et nous a ensuite guidé vers la frontière au petit matin. Puis nous t'avons rencontré.

Bien évidemment, elle tut leur discussion de la veille au soir, dans la grotte du dit Chombo Hiki. Nsaï se permit un vif coup d’œil vers sa camarade. Ils allaient bien devoir en parler à nouveau, et le mâle brun savait pertinemment qu'il y avait anguille sous roche. Que se passait-il dans la tête de Baradi ? Que lui cachait-elle ? Pourrait-il lui demander simplement, si lui-même ne savait plus où se placer dans cette histoire ? Tu penses trop, calme toi. Ce n'est pas le moment.

- Nous savons que nous ne sommes pas les bienvenus ici mais je te jure sur mes ancêtres Mositus que nous ne sommes pas ici pour te ravir ton territoire. Comme tu l'as dis, nous avons été chassé de chez nous et nous n'avons pas encore de nouveau territoire. Cependant, nous n'avons pas l'intention de voler celui des autres.

Nsaï acquiesça silencieusement, alors que Zeke arrêtait de leur tourner autour tout en prenant la parole. Et que ses dires pouvaient être rassurants. Si son ton et son regard restaient durs, sévères, ce qui sortait de sa bouche était très encourageant.

- Un Outlander qui se montre bienveillant envers des étrangers ? En voilà une surprise... Autant être franc, pour le moment, je n'ai pas l'intention de faire preuve d'autant de bonté ! Vous devrez trouver un abri ailleurs Néanmoins, vous pouvez poursuivre votre route et traverser le cimetière. Je garderai un œil sur vous ! Vos mots sont plaisants mais vos actes sur ces terres parleront pour vous...

Bien évidemment, le charognard restait méfiant, et c'était la manière la plus saine d’appréhender cette rencontre, mais il venait très clairement de leur annoncer qu'il n'avait pas l'intention de les attaquer, et qu'ils allaient pouvoir continuer leur chemin. Nsaï ressentit une immense gratitude, qu'il ne manquerait pas d'exprimer plus tard. Mais il était trop poli pour couper la hyène dans sa lancée, et il écouta attentivement les paroles de cette dernière.

- Ceux qui vous ont chassé, ce sont les lions du désert n'est-ce pas ? J'ai croisé la route de l'un d'entre eux ici même ! Je dois dire que lui-aussi s'est montré humble et courtois, au point d'accepter de quitter cette terre sur le champ... C'est étonnant, lui-aussi m'a affirmé être en exil...

Plusieurs Jangowas avaient été exilés par Akili après la bataille de l'Oasis, Zeke devait avoir croisé l'un d'entre eux. Un lion qui avait refusé de se battre, qui avait fait preuve de courage, beaucoup plus de courage que ses congénères qui avaient suivi aveuglément l'Empereur. Nsaï avait un immense respect pour ces lions, même s'il n'en connaissait aucun. Et même si leur courage n'avait pas sauvé les Mositus de l'exil.

- Pacifiques et sans terre... Dure situation ! Lorsque mon peuple a marché sur Prideland, nous étions persuadé de reprendre ce qui nous revenait de droit. N'avez-vous donc pas l'envie de reprendre vos terres ? De rentrer chez vous pour y vivre paisiblement ?

Encore une fois, Nsaï pensa à Kwadja. Elle et ses suiveurs avaient envie de reprendre l'Oasis par la force, dans le sang et la douleur. L'idée semblait répugnante pour le mâle brun, qui préférait encore passer sa vie sur la Lande, plutôt que de retourner se battre. Comment pourrait-il vouloir se lancer dans une bataille, alors qu'il avait perdu son père à cette chose stupide qu'on appelait guerre ? Bien sûr, vivre paisiblement à l'Oasis était tentant. Mais justement, le maître-mot de cette expression était "paisiblement". Et se battre pour récupérer une terre n'avait rien de paisible. Le temps que Nsaï se fasse cette réflexion, la hyène avait avancé une autre interrogation.

- Nsaï, cette lionne... C'est ta compagne ?

La surprise pétrifia le lion un instant. Pourquoi cette question, maintenant ? Il tourna encore une fois la tête vers son amie, pour observer sa réaction avant de répondre. Cette situation était assez gênante, d'autant plus après la question de Baradi la veille. Était-ce le hasard, ou les Grands Esprits se jouaient-ils de lui ? Bref, il devait répondre. Une question après l'autre.

- Eh bien, j'aimerais évidemment retourner à l'Oasis, vivre en paix avec mon clan, mais certainement pas au prix d'une guerre avec les Jangowas. J'ai déjà perdu assez. Si le seul moyen d'y retourner est de se battre, je suppose que je n'aurais qu'à accepter que ces terres ne deviennent qu'un lointain souvenir pour moi.

Bien sûr, il parlait pour lui. Il n'avait jamais demandé à son amie ce qu'elle pensait de tout ça, mais il avait supposé qu'elle penserait comme lui. Supposition peut-être présomptueuse, en y réfléchissant bien. Après une pause assez courte, le lion continua sur sa lancée.

- Et Baradi n'est pas ma compagne. Il surveillait son amie du coin de l'oeil. Pourquoi cette question ?

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Le visage et la moue du canidé exprimaient clairement ce qu'il pensait au sujet de la tirade de Nsaï. Il laissa échapper un jappement méprisant qui inquiéta un instant Baradi. Zeke n'était toutefois plus en posture d'attaque, ils semblaient hors de danger de ses crocs, mais pas de son étrange caractère.

- Pacifiste ?! Quelle...

Il s'interrompit, comme pour ne pas aller au bout de sa pensée, mais celle-ci se lisait déjà sur son visage. Le jeune lionne préféra rester impassible à cette réaction, elle ne voulait pas créer de discordes. Elle se doutait bien que pour un hyène, imaginer une vie sans combat où l'usage de la force brute était proscrit devait paraître bizarre, voir stupide, mais c'était ainsi qu'ils avaient été élevé. Les Mositus ne soutenaient pas la guerre, et faisaient en sorte de l'éviter dès que c'était possible. Depuis que le clan existait, ils n'avaient jamais déclenché de guerre d'eux-même. Ils avaient du en subir une récemment, mais ce n'était pas eux qui avait lancé l'assaut. Cependant, si Kwadja devait chef du clan, comme elle semblait le désirer, il y avait fort à parier qu'elle décide d'attaquer les Jangowas, ce qui était parfaitement périlleux aux yeux de Baradi. Elle ne voulait pas de cette guerre, trop de sang avait été versé déjà. La voix grinçante de la hyène tira la féline de ses pensées, Zeke venait de reprendre la parole.

- Un Outlander qui se montre bienveillant envers des étrangers ? En voilà une surprise... Autant être franc, pour le moment, je n'ai pas l'intention de faire preuve d'autant de bonté ! Vous devrez trouver un abri ailleurs Néanmoins, vous pouvez poursuivre votre route et traverser le cimetière. Je garderai un œil sur vous ! Vos mots sont plaisants mais vos actes sur ces terres parleront pour vous...

Un certain soulagement se répandit à l'intérieur de la femelle au pelage brun. Elle n'avait pas espéré qu'il leur propose de se reposer dans son territoire, et les deux voyageurs n'en avaient toutefois pas l'intention, mais qu'il leur permette de passer était déjà une très bonne chose. Il était encore tôt, ils pouvaient traverser les terres des hyènes durant la journée et arriverait sans doute à Freeland en pleine nuit, sans savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose. C'était sans doute préférable que de rester encore dans un endroit aussi hostile que le territoire des hyènes, même si les terres libres n'avaient pas bonne réputation ces temps-ci. C'était toutefois un royaume immense, il ne devait pas y avoir des sentinelles partout, les deux Mositus trouveraient bien un moyen d'entrer sans alerter leur tyran de roi. C'était en tous cas le scénario le plus rassurant, il fallait espérer qu'il n'y en ait pas d'autres. Quant à la réflexion de Zeke sur les Outlanders, Baradi était la première surprise de la gentillesse de Chombo Hiki. On lui avait toujours décrit les membres de ce clan comme des lions brutaux, des exilés sans foi ni lois. Voilà qui changeait bien sa vision des choses, et lui apprenait qu'il ne fallait pas se fier aux rumeurs pour juger les autres.

- Ceux qui vous ont chassé, ce sont les lions du désert n'est-ce pas ? J'ai croisé la route de l'un d'entre eux ici même ! Je dois dire que lui-aussi s'est montré humble et courtois, au point d'accepter de quitter cette terre sur le champ... C'est étonnant, lui-aussi m'a affirmé être en exil...

Baradi devait admettre qu'elle était étonnée que la hyène en sache autant sur ce qui était arrivé à son clan, et encore plus d'apprendre qu'un Jangowas avait été exilé. Cela lui rappelait cependant vaguement quelque chose. Son père lui avait raconté que pendant la bataille, deux ou trois lions du désert s'étaient rebellés contre Akili et avaient affronté le général de l'Empereur avant de s'enfuir. Une lumière s'éclaira alors das l'esprit de la Mositus. Ces lions, c'était la famille de Jango ! Cela concordait, c'était sans doute ce qu'il s'était passé. Il y avait peut-être d'autres Jangowas qui avaient été exilé, Zeke n'avait sans doute pas rencontré le père de Jango, puisque ce dernier était sur Outland avec sa compagne, dans une des grottes de Chombo, mais peut-être la hyène était-elle tombée sur un de leurs amis. C'était une possibilité, plutôt intéressante. Zeke s'assit alors et soupira :

- Pacifiques et sans terre... Dure situation ! Lorsque mon peuple a marché sur Prideland, nous étions persuadé de reprendre ce qui nous revenait de droit. N'avez-vous donc pas l'envie de reprendre vos terres ? De rentrer chez vous pour y vivre paisiblement ?

La jeune lionne échangea un regard avec son partenaire de voyage. Evidemment, ils avaient tous les deux très envie de retrouver cet Oasis qu'ils avaient tant connu, mais le prix à payer pour le retrouver était tellement élevé... Non, Baradi ne voulait pas se battre pour récupérer son territoire, elle ne voulait pas prendre le risque de perdre des proches. Son père commençait à vieillir, s'il participait à cette bataille il n'en sortirait peut-être pas vivant. Et Waovu, son ami d'enfance, supportait-elle sa mort ? Et celle de Nsaï ? Non, tout ceci était bien trop difficile à imaginer. Elle en frissonnait. La question que la hyène posa ensuite la ramena brutalement à la réalité.

- Nsaï, cette lionne... C'est ta compagne ?

La féline se figea, le regard rivé sur Zeke, n'osant pas tourner la tête de peur de croiser les prunelles de Nsaï. Comment osait-il poser cette question ? Ne se rendait-il pas compte de l'embarras dans lequel il venait de les mettre ? Bon sang, et qu'allait donc répondre le Mositus ? Le cœur de Baradi se mis à battre la chamade, elle ne parvenait pas à se raisonner. C'était une véritable catastrophe, surtout après leur conversation de la veille, qui avait tourné autour de ce sujet. Bien sûr, la jeune femelle n'avait pas avoué à son ami qu'elle avait des sentiments pour lui, pas directement en tous cas, mais il allait finir par le comprendre, surtout s'il la regardait en cet instant. Tétanisée, la lionne n'osait toujours pas bouger la tête, et essayait de garder une expression neutre, en vain. Ses yeux exorbités et ses griffes fermement plantés dans le sol indiquaient clairement son malaise, il n'y avait pas besoin d'être télépathe pour le deviner.

- Eh bien, j'aimerais évidemment retourner à l'Oasis, vivre en paix avec mon clan, mais certainement pas au prix d'une guerre avec les Jangowas. J'ai déjà perdu assez. Si le seul moyen d'y retourner est de se battre, je suppose que je n'aurais qu'à accepter que ces terres ne deviennent qu'un lointain souvenir pour moi.

Pendant que le mâle brun répondait, Baradi prenait sur elle pour retrouver son sang froid. Elle n'écoutait que d'une oreille ses paroles, concentrée sur les battements de son cœur, toujours affolé, et sur sa respiration. Elle finit par reconstruire une expression plus ou moins sereine sur son visage, même si la panique pouvait encore se lire dans le fond de ses yeux. Elle serra les dents lorsque Nsaï ajouta :

- Et Baradi n'est pas ma compagne. Pourquoi cette question ?

Elle fit un effort immense pour ne pas réagir. Étrangement, elle était surtout un peu déçue. Mais après tout, la réponse du lion était normal : ils n'étaient pas en couple, non ? Elle évita toujours soigneusement de ne pas le regarder, afin qu'il ne puisse pas voir dans son regard tous les sentiments contraires et opposés qui se disputaient à l'intérieur. Tout en prenant son temps pour son asseoir, les prunelles fixés sur la hyène, elle déclara, d'un ton un peu plus froid qu'avant, bien qu'elle essayait de paraître légère :

- Je suis toujours là vous savez ?

Elle glissa enfin un regard aigu vers Nsaï, qui signifiait "On parlera plus tard". Malgré elle, elle devait bien admettre qu'elle était un peu vexée. Oui, elle aurait bien aimé qu'il dise qu'elle était sa compagne. Non, elle n'était pas sa compagne. Mais elle voulait bien. Tout ceci était absurde. Elle aurait bien aimé secouer la tête, mais préféra se tourner à nouveau vers Zeke. Elle ajouta donc, pour reprendre la conversation qu'ils avaient quelques instants auparavant.

- Je ne souhaite pas non plus me battre pour récupérer l'Oasis. Durant la guerre que les Jangowas nous ont livré, ma mère est morte. Je ne veux pas perdre mon père, ni mes amis, pour un bout de territoire.

Elle avait toujours ce ton un peu froid, mais pouvait le dissimuler cette fois derrière ses paroles. Baradi continua d'éviter le regard de Nsaï, ne voulant pas aggraver la situation, qui était déjà assez catastrophique comme ça.

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Spoiler:

De toutes les questions que Zeke avaient posé au cours de sa vie, la dernière était sans doute celle dont il était le plus fier ! Le lion se figea un instant avant de tourner la tête vers la lionne, pétrifiée elle aussi. Cette dernière, dont les griffes étaient fermement ancrées dans le sol, semblait mal à l'aise et peinait à masquer sa gêne. Pas la peine d'être l'un des Grands Esprits pour voir qu'il y a avait quelque chose entres ces deux-là ! Pour autant, le mâle répondit à une question après l'autre, jouant la carte de la négation. « Baradi n'est pas ma compagne. » Le balafré ne put réprimer un nouveau sourire malicieux qui s'amplifia encore la lionne décida de rappeler sa présence aux deux mâles...

Oh je vois...

Le charognard laissa échapper un léger ricanement typique qui résonna dans les allées du cimetière. Pour le reste, les deux félins tombaient d'accord ! Ils aimeraient évidemment récupérer leurs terres mais refusaient de déclencher une autre guerre pour ça. Zeke paraissait déboussolé par cette réponse : comment pouvait-on accepter d'abandonner son territoire sans chercher à le récupérer ? Pour lui, laisser un territoire entres les griffes de ses ennemis était un profond déshonneur... Pourtant, encore une fois, il préféra rester silencieux et ne pas exprimer clairement son avis sur la question... Il avait déjà appris que le courage pouvait prendre bien des formes ! Peut-être que refuser de faire couler le sang pour une portion de terre était une forme de courage en soi ?
Zeke entreprit de répondre à Nsaï puisque ce dernier semblait désireux de savoir pourquoi la hyène avait abordé le dangereux terrain de l'amour.

Pourquoi cette question ? Simplement parce que je suis curieux... Et aussi parce que vous semblez partager le même « rêve d'enfance », ce qui est assez singulier ! J'imagine que si je devais partir à la découverte de tous les territoires qui m'entourent, je le ferais avec ma compagne...

Le balafré détourna le regard vers Prideland. Kuwili... Il ne l'avait pas revu depuis la bataille dans les Gorges. Il s'était un peu amusé aux dépends du couple de Mositus mais ce n'était pas mal intentionné. Il éprouvait la même gêne en présence de la hyène qui faisait chavirer son cœur... Il parlait de compagne mais en réalité, il ne savait pas vraiment si la chamane partageait les mêmes sentiments que lui. Il semblerait que sa situation soit assez similaire à celle des deux Mositus ici présents !
Brusquement, son regard revint se poser sur les félins et il tendit l'oreille. Le cimetière était un endroit dangereux et remplit de pièges pour ceux qui n'avaient pas l'habitude de s'y aventurer. Zeke reprit un ton sérieux et déclara :

Vous devriez vous remettre en route ! L'endroit n'est pas sûr et si d'autres hyènes se manifestent, je ne réponds plus de rien...

Le charognard ne pouvait plus se permettre de se faire remarquer au sein de la meute. Il l'avait déjà suffisamment fait par le passé...

Ce que vit Nsaï du coin de l’œil était édifiant. Son amie essayait de garder une expression neutre tellement fort qu'on pouvait parfaitement ressentir sa gêne. Et pourquoi serait-elle gênée par cette question, si le lion - pas si hypothétique que ça - dont elle avait parlé la veille, n'était pas son partenaire de voyage, ici présent ? Le Mositu avait-il enfin comprit ce qui se jouait sous ses yeux depuis leur départ de la Lande ? Ou bien se trompait-il lourdement ? Il ne croyait pas se tromper, il pensait bien... Mais était-il prêt à aborder ce sujet avec Baradi ? Pas encore, non, il lui fallait du temps, c'était trop tôt.

- Je suis toujours là vous savez ?

La voix de son amie trahissait la gêne tout autant que son comportement, même si elle avait essayé d'emprunter un ton plus léger. Nsaï sentit le regard glacial de la lionne brune se poser sur lui, et croiser ses yeux n'arrangea pas la situation. Elle lui en voulait. Il la connaissait, il savait ce que ce regard voulait dire. Il ne comprenait pas du tout pourquoi son amie lui en voudrait, puisqu'il n'avait fait que dire la stricte vérité. Il savait que dès que les deux lions se retrouveraient seuls, ils en discuteraient inévitablement. Mais il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait pouvoir dire à Baradi. Il était trop perturbé par la situation pour avoir un avis là-dessus. Son amie avait des sentiments pour lui, il en était à présent quasiment sûr. Ce dont il n'était pas sûr, c'était que ces sentiments soient réciproques. Oui, elle avait grandi et leur différence d'âge n'avait plus d'importance, oui, il tenait énormément à elle, et oui, il fallait bien se l'avouer, elle avait un certain charme. Nsaï se sentit à son tour assez gêné par cette pensée, qu'il tenta de chasser de son esprit prestement. Ce n'était pas le moment de se laisser aller à ce genre de considérations. Il fut sauvé par le changement de sujet opéré par sa camarade.

- Je ne souhaite pas non plus me battre pour récupérer l'Oasis. Durant la guerre que les Jangowas nous ont livré, ma mère est morte. Je ne veux pas perdre mon père, ni mes amis, pour un bout de territoire.

Le lion au regard émeraude se sentit grandement rassuré que son amie pense comme lui. Elle ne l'abandonnerait pas pour aller combattre les Jangowas au côté de Kwadja. Il ne la perdrait pas à cette guerre absurde entre les lions du Désert et ceux de la jungle. Intérieurement, il remercia les Grands Esprits.

- Oh je vois...

Zeke laissa échapper un petit rire, et Nsaï supposa que c'était destiné au petit manège qui se jouait entre lui et Baradi. S'il avait été extérieur à tout ça, il aurait ri aussi. Mais là, il n'en ressentait pas l'envie. L'évolution de cette relation était pour lui quelque chose de très sérieux.

- Pourquoi cette question ? Simplement parce que je suis curieux... Et aussi parce que vous semblez partager le même « rêve d'enfance », ce qui est assez singulier ! J'imagine que si je devais partir à la découverte de tous les territoires qui m'entourent, je le ferais avec ma compagne...

La hyène n'avait pas tort. Nsaï regarda Baradi. Le lien, si fort, qui les attirait l'un vers l'autre, n'était-il pas, au final, plus que de l'amitié ? Leur relation n'avait-elle pas amorcé une sorte de transformation bien avant leur départ de la Lande ? Le mâle brun s'était-il voilé la face depuis des semaines, voire des mois ? Ce n'était pas le moment d'y penser, non.

- Vous devriez vous remettre en route ! L'endroit n'est pas sûr et si d'autres hyènes se manifestent, je ne réponds plus de rien...

Nsaï releva les yeux vers leur interlocuteur. Leurs chemins allaient-ils se séparer maintenant ? Bien sûr, il ne s'imaginait pas qu'ils allaient passer des heures à discuter avec la hyène, mais il commençait à apprécier sa compagnie, malgré le moment de gêne passé un peu plus tôt. Quoi qu'il en soit, il se souviendrait de cette rencontre longtemps.

- Tu as raison, Zeke. Je ne te remercierai jamais assez de nous laisser fouler la terre qui est la tienne.

Le lion adressa un sourire à la hyène, puis attendit son amie avant de se remettre en marche.

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Malgré tous ses efforts pour penser et à parler d'autre chose, Baradi pouvait sentir le regard de son ami peser lourdement sur ses épaules. Elle se sentait à présent idiote d'avoir réagi ainsi et s'en mordait les doigts. Nsaï avait évidemment deviné qu'il se passait quelque chose, il n'était pas stupide, et la hyène se délectait visiblement de ce tableau, qui devait être très cocasse, vu de l'extérieur. Pour la jeune lionne, la situation était juste atrocement gênante. Elle se serait volontiers caché sous terre si elle avait pu échapper aux yeux du mâle Mositu, qu'elle sentait s'éterniser sur elle. A quoi donc pouvait-il bien penser ? Avait-il compris qu'il était le lion hypothétique dont ils avaient parlé la veille ? Quelles réflexions traversaient son esprit à présent ? Si elle prenait le risque de se tourner vers lui, peut-être aurait-elle des réponses mais il verrait alors tout le malaise qu'elle ressentait.

- Oh je vois...

Un petit ricanement s'échappa de la gorge de Zeke, et Baradi détourna les yeux. Elle se mordit la langue pour camoufler sa gêne et sentit le goût de son propre sang perlait sa bouche. Elle y était aller un peu fort, mais par chance, la langue était une partie du corps qui cicatrisait très vite. En quelques secondes, la plaie s'était déjà refermée mais la douleur restait présente. Au moins, elle la détournait de son malaise et c'était le but de l'opération. Elle pouvait sentir que son ami était tout aussi gêné qu'elle, mais cela ne la rassurait pas. Elle s'était rendue ridicule avec son comportement et il allait sans doute lui demander des comptes une fois qu'ils seraient loin de la hyène. Il était peut-être temps qu'ils parlent de tout cela après tout... Mais Baradi était-elle prête à assumer ses sentiments ? Elle n'avait pas cessé de vouloir prouver à Nsaï qu'elle était une adulte, qu'elle méritait son attention et qu'elle avait ses atouts, mais et si cela avait été vain ? Et s'il ne pouvait arrêté de la considérer comme la petite féline qu'elle avait été ? Ce serait sans doute le plus difficile à supporter.

- Pourquoi cette question ? Simplement parce que je suis curieux... Et aussi parce que vous semblez partager le même « rêve d'enfance », ce qui est assez singulier ! J'imagine que si je devais partir à la découverte de tous les territoires qui m'entourent, je le ferais avec ma compagne...

Les oreilles de la Mositus frémirent. Lorsqu'elle avait envisagé de débuter son voyage, elle avait aussitôt pensé à Nsaï pour l'accompagner, mais pas seulement parce qu'ils s'étaient promis de partir à l'aventure des mois auparavant. C'était surtout parce qu'elle avait une confiance aveugle dans son ami et qu'elle voulait vivre ce périple avec lui, parce qu'il avait une place spéciale dans son cœur. Il était à ses côtés depuis qu'elle était enfant, l'avait soutenu lors de la guerre et de l'exil, puis elle avait grandi et son admiration s'était transformée en quelque chose d'inconnu et de nouveau. Une sorte de douce chaleur qui se diffusait dans son ventre, des papillons qui s'agitaient en elle et lui donnait envie de courir, courir jusqu'à s'envoler. Mais tout cela, était-ce ce que l'on appelait l'amour ? Elle avait maintes fois essayé de s'imaginer ce que ça pouvait être, mais elle n'en avait parlé à personne. A qui pouvait-elle se confier de toute manière ? Sûrement pas à Nsaï ! Son père l'aurait mal pris et monsieur Lukah aurait ri de son ignorance, lui qui avait tant de sagesse.

- Vous devriez vous remettre en route ! L'endroit n'est pas sûr et si d'autres hyènes se manifestent, je ne réponds plus de rien...

Sortant brutalement de ses pensées, la jeune lionne songea que la hyène disait vrai. Il n'était pas prudent de s'éterniser dans le Cimetière, et Zeke ne pourrait pas les protéger s'ils étaient attaqués. Ils devaient filer, et rejoindre Freeland, même si cette terre ne serait peut-être pas moins menaçantes que celle dans laquelle ils se trouvaient. L'important était d'avancer, de toute manière. Baradi craignait toutefois de se retrouver seule avec Nsaï. Que dirait-il ? Que ferait-il ? L'angoisse la saisissait, mais elle n'avait pas d'autres choix que de poursuivre son chemin.

- Tu as raison, Zeke. Je ne te remercierai jamais assez de nous laisser fouler la terre qui est la tienne.

La Mositu hocha la tête et s'inclina devant la hyène pour signifier son respect, comme elle l'avait déjà fait lorsqu'elle s'était présentée. Nsaï avait dit ce que pensait la féline, mais il était également de son devoir d'exprimer également sa reconnaissance à sa manière. Elle voulait aussi se délier la langue, encore douloureuse, pour dissimuler ses inquiétudes. Elle pris donc la parole, d'une voix chaleureuse qui n'était pas feinte.

- Merci beaucoup pour ton aide Zeke, nous n'allons pas nous attarder. J'espère que nos chemins se croiseront à nouveau, dans de meilleurs circonstances.

Les deux lions pouvaient à présent partir et poursuivre leur aventure, malgré les dangers, malgré les incertitudes, malgré toutes les questions qui taraudaient l'esprit de Baradi et sans doute celui de Nsaï. Ils allaient avancer car rien ne pouvait les arrêter.


[Fin du RP pour moi ! Merci à vous deux pour ce super topic ! *-* Nsaï : On voit par MP pour la suite ?]

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Spoiler:

Hrp:

Zeke souriait, étonné de la situation dans laquelle il se trouvait. Voilà qu'il laissait deux félins fouler la terre du cimetière et qu'il était remercié pour cela ! Ce fut le mâle qui prit la parole en premier, bientôt imité par la lionne. Le charognard hocha la tête mais resta parfaitement silencieux et immobile. Il gardait toujours une profonde haine envers les lions mais ces derniers temps, il avait fait des rencontres qu'il n'aurait jamais cru possible... Il va devoir à nouveau réfléchir à tout cela.

Le couple n'avait pas l'air dangereux et semblait vraiment se montrer pacifique et respectueux envers n'importe quel interlocuteur. Zeke attendit que les félins s'éloignent un peu et il lança, surtout pour lui-même :

Puisse vos désirs devenir réalité...

Cette phrase... Il s'agissait de celle que lui avait lancé Hatari lorsque la hyène l'avait rencontré ici même.

Néanmoins, je me suis juré de garder un œil sur vous en ce lieu !

Zeke fonça vers les ossements et disparut soudainement ! A nouveau, il n'était plus qu'une ombre dans le cimetière. Une ombre qui suivait les félins à bonne distance. Le balafré se considérait comme le gardien de ce lieu et il avait juré de ne jamais l'abandonner. Il espérait même y rendre son dernier soupir, quand le moment serait venu... Il était comme ce cimetière, froid, dévasté et lugubre.

Il eut un rictus en songeant au petit moment de gêne qu'il avait réussi à instaurer dans ce couple de félins ! Il était évident que ces deux là avaient des sentiments l'un pour l'autre et à présent, ils ne pourraient plus le nier... Zeke sembla heureux d'avoir pu jouer un rôle, même infime, dans le destin de ces Mositus. Peut-être que son nom ne sombrera pas dans l'oubli après tout ?
Le balafré ne croyait guère que la paix serait possible mais au fond de lui, il espérait voir ces terres et les siens en paix. Peut-être avait-il à apprendre de ces Mositus ? Seul l'avenir pourra le dire...

Hrp: