Le temps passait et rien ne semblait vraiment changer à la rivière. L'endroit était toujours infesté de crocodiles et Sobek n'avait pas céder sa place, cherchant toujours à diriger son peuple de la meilleure façon possible. Il paraissait toujours droit et inébranlable mais pourtant, bien des questions le préoccupaient. Les hyènes ne donnaient plus signe de vie et les Outlanders avaient visiblement récupérés leur royaume. Leur royaume ? L'imposant reptile pouvait bien consentir à leur abandonner la savane tout entière mais la rivière restait son domaine, peu importe ce que pouvaient en penser les dirigeants des alentours...

Les dernières rumeurs rapportaient également que Prideland avait perdu la guerre. Sobek voyageait souvent vers le rocher en utilisant la rivière et il avait remarqué que les proies se faisaient rares... Était-ce encore un coup des lions ? L'existence du peuple de la rivière était déjà difficile, la raréfaction des proies pouvait rapidement devenir très problématique... Le crocodile tentait d'imposer le rationnement afin de ne pas détruire l'équilibre de son royaume ! Mais ces mesures seront-elles efficaces à long terme ? Il refusait de voir son peuple souffrir des conséquences d'une guerre qu'il n'avait pas mené !

Enfin, il y avait également ces nombreuses plaintes concernant la présence de lions aux alentours de la rivière. Au départ, Sobek avait immédiatement pensé à Chombo mais c'était impossible, la majorité des siens savaient le reconnaître... Alors qui étaient donc ces lions qui semblaient avoir élu domicile ici ? Si les proies devenaient rares, la concurrence des lions risquait d'attiser la colère du peuple de la rivière... Le roi devait s'occuper de cela au plus vite et découvrir qui étaient tous ces « invités » importuns qui n'étaient pas à leur place.
Sobek remontait tranquillement le courant de la rivière pour se détendre et réfléchir. Chacun des siens le saluait ou s'écartait respectueusement sur son passage. Brusquement, la silhouette d'un lion sur la berge attira son attention ! Était-ce l'un des indésirables ? Le crocodile géant bifurqua soudainement et fonça vers le félin en question.

Chombo ?!

Oui, il s'agissait bien du lion qui bénéficiait de la protection du souverain. Ce dernier ralentit la cadence et se laissa lentement échouer sur la berge. Il se figea un instant et déclara, sur une voix étrangement froide :

Salutations Chombo ! Cela faisait bien longtemps... Je place ta disparition momentanée sur le compte des récents événements. Bien des rumeurs circulent dans la rivière et je pense que tu vas pouvoir m'aider à tirer tout cela au clair. Mais avant toute chose, je présume que tu as retrouvé les tiens ?

Vu que les Outlanders n'étaient plus des « sans terre », Sobek connaissait déjà la réponse à sa propre question. Pourtant, la question n'était pas anodine ! Elle semblait avoir un sens caché du genre « j'espère que tu ne joues pas un double jeu, que tu n'as pas oublié la rivière et ce qui avait été promis... ». Le crocodile avait de multiples facettes mais les effusions de sentiments n'étaient pas vraiment dans ses cordes... Il restait immobile, toisant le lion tout en laissant sa queue osciller lentement dans l'eau trouble.

Chombo ne fit que confirmer ce qui était évident : il avait bel et bien retrouver les siens ! Il sembla avoir saisi le sens caché de la question et invita l'écailleux à parler et s'exprimer sans détour. Parfait ! C'était exactement ce que ce dernier souhaitait faire ! En temps normal, il n'était guère bavard et parlait rarement pour ne rien dire. Il n'aimait pas être contraint de se répéter et en bon crocodile, il était avare d'avertissements et préférait agir vite, toujours dans l'optique du bonheur et de l’épanouissement de son peuple. Idéalement, les petits devaient pouvoir grandir sans être confronté au moindre danger, il avait fait de cette règle une priorité !

Le lion se montra rassurant en déclarant ne pas avoir oublié d'évoquer le peuple de sauriens aux chefs d'Outland. Mais visiblement, le royaume de lions refusait de céder cette terre... Inutile de nier, Sobek était déçu. Il refusait d'avoir le statut de sous-espèce toléré par les lions. Il ne faisait pas partie d'un clan de félins, lui et les siens formaient un royaume qui avait son indépendance et sa fierté ! Néanmoins, Outland semblait s'engager du respect et de la bienveillance, ce qui pouvait être un bon début. L'écailleux maugréa :

Protection ? Nous n'avons pas besoin de protection ! Surtout que je sais très bien qui représente notre menace principale... Je suis déçu mais nous allons y revenir.

Les seuls problèmes que connaissaient les crocodiles venaient des lions. Il y avait eu ces vols de nourriture et ces intrusions répétées et volontaires dans la rivière ! A chaque fois, cela avait toujours la même origine : les grands félins !

Chombo, je te fais confiance et je peux envisager un pacte de non agression comme celui qui est en vigueur avec les hyènes ! Mais que les choses soient claires : cet endroit ne deviendra pas une zone de non-droit ! Ceux qui pénètrent dans l'eau de la rivière seront traités comme des proies... Et au moindre incident, vol ou agression, je me réserve le droit de prendre toutes les dispositions que je jugerai nécessaires sur ce qui reste le territoire de mon peuple...

Sobek voulait continuer mais il préféra laisser le lion prendre à nouveau la parole. Les rumeurs ? Oui exact, il convenait avant tout d'éclaircir ce point. Ces apparitions récurrentes qui semblaient troubler la vie de la rivière ne pouvaient être un hasard... Était-ce Outland ? Le roi de la rivière avait des doutes... Sans détour, il déclara froidement :

Les miens se plaignent de la présence de félins qui semblent avoir élu domicile ici. Au début, je pensais qu'ils parlaient de toi mais ils savent maintenant te reconnaître. Néanmoins, Notek a sollicité plusieurs entrevues avec moi et semble avoir mené sa propre enquête avec un zèle que je ne lui connaissais pas... Chombo, ces apparitions récurrentes ont-elles un rapport avec toi ou avec Outland ? Tu sais que rien n'échappe à la surveillance des miens...

L'imposant crocodile n'aimait pas accuser son ami lion mais il devait également apporter une solution à chaque problème. Il jouait donc la franchise, mieux valait ne pas laisser des rumeurs courir trop longtemps... Sobek n'était pas un être mauvais mais il gardait constamment une grande méfiance envers tout ce qui était susceptible de représenter une menace pour lui ou les siens. Il convenait d'être franc et patient avec lui. Et également de montrer patte blanche pour rester dans ses bonnes grâces...

Hrp:

Un représentant d'Outland ? Sobek semblait perplexe, se demandant si ce n'était pas là un nouveau moyen pour réduire encore d'avantage l'autorité qu'il exerçait sur ses terres... Il imaginait bien que le « fauteur de troubles » serait ardemment défendu par ce « représentant » et qu'au final, la punition se limiterait à un simple rappel à l'ordre sans effet... Il ne cautionnait pas cette idée mais il se résigna tout de même à l'accepter ! Ainsi, personne ne pourra dire que le peuple d'écailleux n'avait pas fait d'efforts pour obtenir sa tranquillité et sa liberté.

En toute franchise, je n'adhère pas à l'idée qu'un « représentant » vienne interférer dans la justice de la rivière... Mais soit ! J'accepte cette proposition et nous verrons bien si cela préserve la tranquillité de mon peuple. Néanmoins, j'espère vraiment ne pas être contraint d'avoir recours à un tel jugement... Concernant les lions étrangers à Outland, ils s'aventurent ici à leurs risques et périls...

Que le « représentant » soit présent pour régler un différent avec un Outlander, soit, pourquoi pas. Mais pour ce qui était des lions étrangers, la politique du gros crocodile ne changeait pas ! La tolérance n'était pas de mise ici, les intrus un peu trop invasifs seraient traités comme il se doit...
Vint ensuite la question des apparitions un peu trop fréquentes de félins inconnus. Les rumeurs couraient aussi vite que le courant de la rivière ! Certains évoquaient des espions, d'autres parlaient d'éclaireurs qui précédaient une armée d'invasion. Sobek ne croyait guère à tout cela mais se devait de tirer cela au clair afin d'étouffer les tensions dans l’œuf. Les mots de Chombo sonnaient comme un coup de patte en pleine face !

Les traits du crocodile se durcirent, trahissant un profond sentiment de colère qui semblait bouillonner sous cette peau écailleuse. Ainsi Chombo n'était pas différent des autres ? Il prenait toujours plus sans se soucier de ceux qui vivaient là ? Les lions ne cesseraient donc jamais de tout s'approprier au détriment des autres ? Sobek ouvrit la gueule mais aucun mot n'eut le temps d'en sortir ! Le lion se justifia et expliqua ce qui l'avait pousser à agir ainsi. Il hébergeait les siens qui avaient fui la guerre.
Le regard de l'écailleux sembla se perdre au loin et sa queue vint frapper la surface de l'eau, provoquant une onde qui réveilla les autres reptiles endormis un peu plus loin. Que faire ? Il refusait de voir les lions envahir ses terres mais en même temps, il comprenait toute la douleur que la guerre laissait dans son sillage... Il ne pouvait pas refuser d'aider quelqu'un en détresse à la condition que ce dernier se montre respectueux. Peu importe son espèce, lion, hyène ou même hippopotame...

Je comprends tous les malheurs engendrés par la guerre et je ne peux me résoudre à chasser des victimes de cette guerre. Je suis profondément déçu de ne pas avoir été averti auparavant de cette présence étrangère... Néanmoins, les tiens peuvent rester temporairement ici à la condition qu'ils respectent les lois de la rivière et qu'ils n'interfèrent pas dans les éventuels conflits qui concernent les miens. Je répète que nous n'avons pas besoin de protecteurs qui chassent les intrus ou font couler le sang en notre nom... Pour ta dette, soit assuré que je saurai la réclamer en temps voulu...

Sobek sembla se calmer légèrement. Bien, au moins les rumeurs étaient fausses et à priori, ces étrangers ne représentaient aucun danger pour le peuple à écailles. Il était dur mais très rarement cruel. A moins de le pousser dans ses derniers retranchements ! Il se chargerait d'avertir les siens même si en faisant cela, il risquait à nouveau de passer pour un traître à la solde des lions... Il devrait user des bons mots, tout était une question d'équilibre. Si chacun respectait l'autre, les deux espèces pourraient toujours s'ignorer en paix, sans aucune tension.
Et en parlant de tension, l'imposant crocodile comptait bien revenir sur le cas d'Outland. Puisque ce clan refusait de laisser la rivière à ses véritables propriétaires, Sobek acceptait de laisser une chance à la cohabitation mais il comptait bien clarifier sa position à ce sujet. Il n'était pas soumis aux lions et il n'hésiterait pas à le rappeler si cela était nécessaire...

Les lions du désert... Sobek n'en gardait pas forcément un très bon souvenir mais qu'importe, si leur présence n'était que temporaire et s'ils avaient juré de bien se tenir s'était le principal. Seul l'ados pouvait poser quelques problèmes mineurs mais tant qu'il ne tombait pas sur un crocodile de la même tranche d'âge et avec le même caractère, ça devrait bien se passer. L'imposant reptile s'était contenté d'acquiescer face aux excuses de Chombo. Il savait où trouver ce dernier s'il y avait le moindre problème donc il savait aussi que le lion ferait tout pour éviter de nouvelles reproches du roi de la rivière.

Bien, dans tout les cas ta responsabilité est en jeu donc je sais que tu veilleras au bon déroulement de cette cohabitation.

Sujet clos ! Concernant les lions étrangers à Outland, le problème semblait aussi être résolu. Les voyageurs et autres « sans terre » se seraient pas les bienvenus ici. La loi était dure mais c'était la loi et nul n'était censé l'ignorer... Cette réponse recentra la discussion sur les relations avec Outland. Chombo reprit la parole et se proposa dans le rôle du représentant présent à un éventuel jugement. Oui, après tout, il était logique que ce soit lui qui endosse ce rôle ! Et si le roi de la rivière devait choisir un Outlander de confiance, ce serait forcément Chombo ! Il était évident que celui-ci connaissait mieux les lois de la rivière que personne d'autre. Sobek acquiesça à nouveau avant de déclarer :

J'approuve cette idée et je ne peux que confirmer ta connaissance de nos lois et coutumes. Néanmoins, j'espère vraiment que tu n'auras pas à endosser ce rôle lors d'un jugement, car cela signifierait que la cohabitation ne se passe pas aussi bien que prévu...

L'imposant reptile n'en disait rien mais il avait toutes les peines du monde à croire que le respect mutuel pourrait s'installer sur ses terres. Défaitiste ? Peut-être un peu... Mais après les nombreux incidents avec les lions, il ne faisait plus confiance en ces derniers. Il les connaissait bien, peut-être même trop bien malheureusement... Accepter la présence de Chombo avait déjà été tout une épreuve même si aujourd'hui, il ne regrettait pas cette première rencontre !
Sobek reprit la parole afin d'exposer sa vision des choses et transmettre ses attentes au souverain d'Outland. Ce ne serait peut-être pas simple à entendre mais il fallait que les choses soient dites.

Chombo, comme je le disais, je suis déçu par la réponse d'Outland mais je veux bien laisser une chance à la cohabitation. Par contre, je préfère que les choses soient claires et ce message, tu pourras le porter aux souverains du royaume des Outlanders...

Il marqua une pause, lâcha un profond soupir et entama son monologue :

Les miens vivaient déjà ici bien avant que les lions ne s'approprient cette terre ! Nous ne sommes pas un peuple de second ordre ni un ramassis de brutes sans cervelle et je refuse que ma présence soit tout juste « toléré » par des lions « bienveillants » qui nous prendraient pour de simples gardes frontières ! Nous avons notre indépendance et notre honneur et en ces termes, nous ne faisons pas partie d'Outland ! Nous ne sommes pas aux ordres de ce royaume et nous refusons d'être entraîné dans une guerre qui n'est pas la nôtre et qui ne défendrait pas nos intérêts. J'espère que ce n'est pas nécessaire mais je compte bien rappeler à mon peuple qu'en ce lieu, la seule autorité qui fait foi est la mienne, n'en déplaise à certains lions. Je ne suis pas partisan de la violence et de la guerre même si par le passé, j'ai déjà mené mon peuple au combat. Cependant, en dernier recours, je n'hésiterai pas à affirmer notre indépendance et mon autorité par la force si cela devait s'avérer nécessaire...

En résumé, la cohabitation devrait se faire avec un certain respect mutuel et pas dans un climat de dominants/dominés. Les lions pouvaient garder leur rang de « rois de la savane » mais le crocodile ne leur octroyait certainement pas celui de « roi des animaux ». Ce serait mal avisé de prendre l'écailleux de haut et ce dernier savait que les lions avaient tendance à se croire supérieurs aux autres animaux, comme s'ils étaient les seuls à avoir le droit de vivre heureux et libres...

La cohabitation... Sobek pouvait accepter cela ! D'ailleurs, il préférait largement cette solution comparé à celle de la simple « tolérance »... Si son peuple ne recevait pas le respect qui lui était dû sur ses propres terres, il mettrait fin à toute négociation et choisirait une autre option qui signifierait la guerre ouverte. Chombo lui fit d'ailleurs part d'une idée qui pouvait s'apparenter à une petite démonstration de force histoire de convaincre les éventuels Outlanders sceptiques. L'idée serait de montrer que les crocodiles ne blaguaient pas et n'étaient pas un peuple à prendre à la légère...

J'approuve cette idée Chombo et je pense que cette petite démonstration de force prendra place très rapidement ! Les miens n'auront aucun mal à accepter cette idée. De plus, cela fera un bon entraînement pour les sentinelles...

Nul doute que les crocodiles seront trop heureux de montrer leurs muscles, surtout après les apparitions récurrentes des lions aux abords de la rivière. Il faudra juste que le roi de la rivière précise bien que pour le moment, il s'agissait juste d'une démonstration et non pas d'une véritable intention de passer à l'attaque... Pour le reste, il était vrai que l'écailleux comptait beaucoup sur Chombo pour aiguiller correctement les Outlanders sur le chemin du respect et de la négociation. Il avait déjà mener son peuple à la guerre afin de s'opposer à l'expansion des hippopotames. Il en connaissait le prix à payer et qu'importe le résultat, c'était toujours trop cher...

Chombo justifia le refus des Outlanders en précisant que la rivière représentait le seul point d'eau des environs. Oui, sous cet angle, Sobek comprenait que si son lieu de vie était tant convoité, c'était qu'il permettait la survie de bien d'autres être vivants. Il était conscient de l'importance de l'eau sur ces terres mais il songea soudainement à sa visite sur l'étang de Prideland et ne put s'empêcher de répondre :

L'eau est source de vie en effet ! J'ai toujours respecté ce principe en laissant les assoiffés étancher leur soif en ce lieu même si quelquefois, nous chassons certaines proies pour notre propres survie. Chombo, crois-tu que les Outlanders eux-même respectent ce principe ? Si demain un étranger se montre pacifique et se présente ici dans l'unique intention de s'abreuver, pourra-t-il le faire en paix ? Et ce, quelle que soit son espèce ou son clan ?

Les nombreuses questions de Sobek n'avaient qu'un seul but : faire comprendre que même si la propriété de cette terre était source de tensions, l'accès à l'eau restait universel ! Les Pridelanders semblaient avoir comprit cela, peut-être était-ce aussi ça le cycle de la vie ?

Lors d'un voyage sur Prideland, j'ai découvert un lac où chacun est libre de s'abreuver à la condition qu'il respecte le calme et la paix de l'endroit. Cela permet aux gnous, antilopes et autres zèbres d'étancher leur soif sans craindre un piège quelconque. J'ai trouvé que c'était une excellente idée même si, d'une certaine façon, cela bride les techniques de chasse de mon peuple... Si un peuple ou un clan à la chance de pouvoir étancher sa soif à volonté, je trouve qu'il serait hypocrite et égoïste de priver d'autres êtres vivants de ce besoin vital...

Oui, clairement, le crocodile se berçait d'illusions. Il ne voulait pas voir son territoire envahi mais s'il s'agissait de laisser un accès à l'eau, ça ne le dérangeait pas. Néanmoins, là encore, il fallait que tout se joue intelligemment avec un certain respect mutuel...

Hrp:

Sobek laissa échapper un petit rire bref ! Effectivement, personne ne pouvait dire que leur rencontre avait eu lieu dans le plus grand respect mutuel... Pourtant aujourd'hui, personne ne pouvait nier qu'une certaine amitié existait entre le lion et le crocodile. Ce dernier était désireux de découvrir ce qui semblait tracasser Chombo. Ce n'était jamais agréable de voir quelqu'un soucieux et en proie au doute...
Le lion prit la parole et paraissait désireux de détailler un pan de sa propre qui visiblement, pourrait peut-être représenter un certain danger pour la tranquillité de ce lieu... Chombo venait du désert, propriété d'un clan de lions nommés les Jangowas. Oui, Sobek en avait déjà entendu parler ! Même dans la fleur de l'âge, il était déjà plus vieux que n'importe quel félin. Il avait déjà entendu tellement d'histoires et de rumeurs...

Le lion évoqua sa sœur jumelle, son neveu, sa compagne, son père... Bref, tous ceux qui occupaient une place importante dans sa vie ! Et puis, il raconta... Il raconta les retrouvailles avec sa sœur et son neveu, l'exil dans le désert au côté de sa compagne, la mort de cette dernière tuée par le père de Chombo. A l'évocation de ses souvenirs, l'ancien Jangowa semblait plier sous les assauts de la tristesse. Durant un instant, le regard de Sobek se perdit le long de la berge. Il ne savait quoi dire, prenant brusquement conscience de sa chance ! Il n'avait jamais eu à encaisser la perte d'un être cher et sa vie se résumait à une suite d’événements sans troubles majeurs si ce n'est son combat pour l'accession au trône et la guerre menée contre les hippopotames...

Je suis désolé d'apprendre cela Chombo, j'espère qu'à présent, ton chemin te mènera loin de la tristesse et de la violence... Je comprends mieux ton envie de protéger les tiens en les accueillants ici.

Les crocodiles étaient réputés pour être des reptiles froids et impassibles. Sobek peinait à laisser paraître ses émotions dans sa voix ou sur son visage mais il était vraiment affecté par ce drame. Il imaginait qu'au fond de lui, le lion se sentait peut-être coupable d'avoir ramené sa compagne au lieu de partir tous les deux en exil...
Chombo mit en garde le roi de la rivière : son père était sans doute à sa poursuite et représentait une menace pour ce lieu et ses habitants. L'ancien Jangowa souhaitait gérer cela lui-même et dans un sens, Sobek comprenait son désir de vengeance. Néanmoins, ce dernier ne put s'empêcher de reprendre la parole :

Merci de nous avoir prévenu ! Les crocodiles mettent un point d'honneur à rester en dehors de tout conflit qui ne les concerne pas directement. Je n'ai nullement l'intention d'interférer dans tes projets, Chombo, et je pense qu'il en sera de même pour mon peuple ! Néanmoins, si tu as besoin d'aide, saches que je serai là ! Et si quelqu'un cherchait à nuire à un seul des miens, il subira alors le courroux de tout un peuple ! Comme tu le sais, il s'agit là de la loi de la rivière...

HRP:

Rhellaya pour le kit, merci beaucoup ma douce

Hrp:

Un léger frisson parcouru le corps du crocodile lorsque la patte de Chombo vint se poser sur l'armure d'écailles du reptile. Ce dernier n'était pas vraiment habitué à ce qu'on le touche et même les siens évitaient généralement tout contact physique. Dans la rivière, chacun semblait avoir son petit espace vital qu'il « défendait » avec acharnement... Pourtant, Sobek ne voyait aucun affront en ce geste, bien au contraire ! Il était heureux que le lion le considère comme un ami et surtout, il apprécia grandement la remarque de celui-ci sur son peuple ! Chombo était l'un des rares félins à ne pas se croire au-dessus des autres et à ne pas voir les écailleux comme un ramassis de barbares sans cervelle...

Merci à toi, mon ami, pour ta franchise et ta sagacité ! Je suis heureux de te compter parmi mes amis et je suis si reconnaissant envers le destin qui a provoqué notre rencontre. De mémoire de crocodile, tu es bien le seul lion qui compte parmi les personnalités remarquables de la rivière ! Le seul qui ne se prend pas pour le « roi des animaux » et qui porte de l'intérêt à un peuple si souvent injustement dénigré... Même s'il y aura toujours des contestataires, je pense pouvoir te remercier au nom du peuple de la rivière pour tout cela !

Comme partout, le peuple des crocodiles comptait aussi ses fortes têtes ! Ceux qui s'entêtaient et restaient persuadés qu'une relation avec les lions n'apporterait rien de bon et que cette cohabitation ne fonctionnerait que dans l'intérêt des félins... Sobek était persuadé qu'il pourrait tordre le cou aux visions pessimistes lancées par ces détracteurs ! Mais cela allait demander un travail de longue haleine et une attention de tous les jours.
Chombo retira sa patte et le silence finit par lentement s'installer. Le roi de la rivière donnerait sa propre vie pour défendre les siens et il faisait tout son possible pour voir son peuple prospérer dans la paix et le bonheur. Il avait prit le pouvoir par la force, comme le voulait les traditions de la rivière, mais il ne l'avait pas fait juste pour le prestige du titre... Un roi se devait de guider son peuple et de partager ses joies et ses souffrances. Il ne se considérait pas comme « au-dessus » des siens mais se voyait plutôt comme un guide qui portait sur son échine de lourdes responsabilités. Il devait être implacable mais juste dans chacune de ses décisions car elles seraient toujours lourdes de conséquences...

Le lion finit par briser le silence avec une question qui concernait les deux alliés. Que faisons-nous ? Sobek considérait cet entretien comme une franche réussite et estimait avoir eu toutes les réponses qu'il attendait et même plus encore ! Mais les mots devaient être suivis d'actes et tout cela ne servirait à rien...

Pour ma part, je crois qu'il m'incombe de m'entretenir avec mon peuple à propos de tous les sujets que nous avons abordé ensemble ! Je vais devoir peser chacun de mes mots et me montrer convaincant mais je fais confiance aux habitants de la rivière, ils comprendront où est leur intérêt dans tout cela. Sur ce Chombo, je dois te quitter afin de m'atteler à la tâche qui m'attend ! Je te remercie encore et j'espère sincèrement que l'avenir vous apportera la paix et le bonheur, à toi et à ta famille. A très bientôt, mon ami !

Le crocodile retourna entièrement dans l'eau se laissa lentement couler pour finalement disparaître peu à peu sous la surface de l'eau. C'était un révérence façon « écailleux aquatiques », ne pas créer d'ondes ou de remous à la surface de l'eau était une marque de respect chez les sauriens. Eux qui étaient si attachés à la tranquillité de leur rivière...

HRP:

Rhellaya pour le kit, merci beaucoup ma douce