Le jour se levait sur la terre des lions et Sadaka, comme à son habitude, était le premier levé. Il était de nature matinale et cet état se faisait plus prononcé encore depuis que sa mère était partie. Elle lui avait dit avoir à faire et l’avait laissé sous la tutelle de sa tante Samba. Loin d’être triste d’apprendre le départ de la lionne, Sadaka avait été, au contraire, flatté de cette information. Kuzali lui accordait une confiance nouvelle et pour lui c’était un grand pas. Bien sur il ne niait pas que le soir, lorsque le soleil partait lui aussi se coucher et qu’il se retrouvait dans la pénombre avec pour seules compagnes les étoiles, elle lui manquait. Mais il savait qu’il n’était pas seul et il avait confiance en sa mère, il savait qu’il ne lui arriverait rien, et puis si il lui arrivait quelque chose, foi de Sadaka, le coupable serait sévèrement puni. Bien que haut comme trois pommes, il aurait put affronter toute créatures vivantes dans les environs pour protéger sa mère. Certes, il n’était pas dupe. Pour l’instant, il ne pouvait se permettre de rivaliser qu’avec quelques insectes et, à la limite, de petites souris, ça il le savait très bien. Mais un jour viendrait où il serait grand et fort et là, oui ça serait pile à ce moment là, il vaincrait quiconque oserait faire du mal à ceux qu’il aimait, et plus particulièrement à sa mère tant chérie.

Quoi qu’il en soit, Sadaka vivait de jours heureux avec pour seule compagnie sa petite horde et attendait impatiemment le retour de la lionne d’or. Samba lui avait dit, comme chaque matin, qu’elle ne serait pas longue. C’est pourquoi il allait se percher sur les rochers environnent dans l’espoir de la voir arriver. Elle n’arrivait pas. Tant pis, il haussait les épaules, confiant, et s’en allait se promener non loin de sa famille ou jouer avec Vita et Ishana. Quand je dis jouer je pèse mes mots. Pour un lionceau si jeune il avait vite grandi et se faisaient de plus en plus rares les moments où il s’abandonnait tout simplement à l’insouciance de la jeunesse. En effet, les meilleurs moments que passait le lionceau de suie n’étaient autres que ceux passé auprès des lions de sang qui leur racontaient leurs expériences. En les écoutant parler de tout et de rien les yeux du lionceau se mettaient à pétiller de milles feux, désireux lui aussi de pouvoir vivre ces grands moments. Quand il n’était pas à écouter les adultes, il se promenait, autonome et fier, afin de perfectionner ses techniques de combat. Il aimait la diplomatie et développait peu à peu un esprit critique et stratège mais il voulait, oui il souhaitait, avoir la carrure d’un vrai combattant.

C’était cette vie de vagabond qui le faisait réfléchir ainsi et il en prenait de plus en plus conscience. Il n’avait jamais rencontré d’autres enfants pour l’instant mais de ce qu’on avait put lui raconter, les lions vivants dans des clans fixes avaient cette fâcheuse tendance à tout prendre pour acquis et à se ramollir. Eux leur liberté il la gagnait chaque jour et, pour Sadaka, c’était ça la vraie victoire.

Ce matin là il était donc perché sur ce même rocher qui lui servait depuis quelques jours de piédestal, de phare, à attendre la venue prochaine de Kuzali. Une fois de plus mais en vain, elle ne reviendrait pas aujourd’hui, il faudrait attendre demain. Le petit soupira pour la première fois. Bien qu’il aimait cette liberté, jamais ils n’avaient passés autant de temps l’un sans l’autre et il aurait bien aimé quelques étreintes maternelles... Tant pis, elle ne serait plus longue à présent, il le sentait. Il descendit donc, moins hardi que d’habitude mais toujours aussi souriant et se mit à courir, soulevant derrière lui la poussière ambiante de la vallée abandonnée. Ici tout semblait paisible mais les loisirs ne manquaient pas à l’enfant. A peine fut il redescendu sous terre qui aperçut un scarabée. Décidemment, il ignorait pourquoi mais ces petites bêtes avaient forte tendance à se balader sur son chemin. Il entreprit alors une nouvelle partie de chasse. Après quelques échecs, il s’arrêta un peu, élaborant un plan tout à fait novateur et ce fut une belle réussite. En effet, il avait attrapé l’animal et commençait à le croquer frénétiquement, fier de cette première capture quand il tourna le regard pour apercevoir sa mère qui le regardait. Il n’aurait put être plus heureux. Un sourire aux babines il se mit à courir vers elle, le petit être mort dans les crocs.

« Maman maman, regarde ce que j’ai attrapé ! Regarde ! » Gai comme le jour, il déposa aux pattes de la lionne sa proie bien abimée. « Oh tu m’as vu dis, tu m’as vu ? » Sa queue frétillait et dans ses grands yeux couleurs soleil, on lisait la joie des retrouvailles.

Après avoir félicité le petit Kuzali se mit à lui lécher rapidement la crinière. Elle poussait un peu plus chaque jour et Sadaka en était très fier, tout autant que ce fameux scarabée mort. Un lionceau normalement constitué aurait râlé de se faire ébouriffer de cette façon mais lui ne prononça mot. Il était trop content de retrouver la lionne pour commencer, à peine celle ci arrivée, à lui faire les gros yeux. De plus, il n’avait jamais trouvé ça très gênant, c’était une marque d’affection que le petit appréciait, surtout venant de sa mère. Cette dernière était loin d’être démonstrative, c’est pourquoi ce qu’il pouvait prendre il le prenait ! Elle lui rappela enfin qu’après tout ce temps c’était enfin lui qui avait réussi à prendre le dessus sur le royaume des scarabées. Il était heureux qu’elle s’en souvienne, et plus important encore, qu’elle relève ses progrès. Son sourire, de part cette réflexion, s’élargit encore plus. Sa mère lui demanda ensuite si la force dont il venait de faire preuve était présente depuis peu. Il leva un sourcil interrogateur, comme si sa mère eut d’un coup douté de lui.

« Bien.. » Il allait commencer à s’expliquer mais tenait à choisir ses mots en conséquence. Après tout c’était une question intéressante, lui ne se l’était jamais vraiment posée. Etait-il fort ? Lui ? Il le souhaitait, certes, mais était-ce le cas ? En se remémorant rapidement ce dernier combat il sut quoi dire d’un coup, ce fut comme une évidence.

« La force est présente en moi depuis le début maman, mais je perfectionne mon esprit stratégique. C’est comme ça que je l’ai attrapé tu sais, en élaborant un plan ! » Il posa son derrière sur le sol en guise de conclusion. Il tenait sa tête haute et souriait, espérant que sa mère tiendrait rigueur de ses propos. Son fils, un guerrier et stratège hors pair, comment la rendre plus honorée ?

Il se redressa alors, regardant aux alentours. Il n’y avait personne. Il se permit donc un instant de tendresse avec Kuzali. Devant les autres il avait fait le fier, et il continuait malgré le retour de sa mère. Mais là, là à ce moment précis où les yeux de Sadaka se plongèrent dans les orbites dorés de sa mère il se permit de venir se blottir entre les pattes ambrées de cette dernière. Il s’y recroquevilla comme un nourrisson et ferma les yeux pour demander :

« Dis moi maman, qu’as tu fais pour être si longue ? » Il ne voulait pas en demander trop à sa mère, il permettait qu’elle aussi ait sa propre vie et ne soit pas obligée de toujours tout lui raconter. Cependant, il restait un enfant curieux et il voulait qu’elle lui parle de son voyage, des choses qu’elle avait vues, ou encore entendues...

La lionne ne s’étendit pas, elle dit simplement être aller voir un ami à elle. Elle ne mentionna pas même son nom, le lionceau en conclu donc qu’il n’avait jamais du le rencontrer. A vrai dire, il connaissait peu d’autres lions que ceux qui composaient sa petite famille et Kuzali ne lui avait jamais réellement parlé de sa vie d’avant, celle où il n’existait pas encore... Il ignorait beaucoup de sa propre mère et le fait de la voir partir voir un lion méconnu lui faisait tout drôle. Il se rendait subitement compte que, pour vivre cette vie là, elle avait dut traverser bien des choses. Ca n’était pas courant de vivre en horde sur une terre composée de gros clans. Ces individus autour de lui avaient une histoire et il avait l’impression d’être le seul à l’ignorer. Les pensées du petit lionceau de suie furent troublées par une question de sa mère. Si elle lui avait manqué ? Bien sur pardi ! Cette dernière fut plus rapide et se mit à lui dire qu’elle avait, elle, beaucoup pensé à lui.

« Oh oui tu sais, tu m’as manqué ! » Il aurait voulu rajouter, afin de ne pas l’inquiéter, que malgré cette absence il s’était débrouillé comme un prince, mais il ne le fit pas. Il voulait être honnête avec sa mère. Il avait fait le brave devant les autres mais elle n’était pas les autres, elle était sa maman, et il ne pouvait pas lui mentir. Tendrement il se mit à frotter sa petite tête dans la poitrine de la lionne couleur soleil. Elle était chaude et elle sentait bon, comme à son habitude, et cette odeur lui avait manqué, tout comme ses caresses. La lionne se mit à son tour à lui lécher le haut du crâne, délicatement.

« Tu as vu comme ça pousse ! » Déclara-t-il fièrement. Bien qu’elle ne fût pas longue, Sadaka était à un âge où les enfants poussent vite et les changements se font perceptibles au bout d’une semaine ou deux. Devenir un lion, un vrai, était la plus grande fierté du petit. Il avait toujours été un peu plus petit que la moyenne – bien qu’il n’ait jamais eu l’occasion de le vérifier de ses propres yeux, Samba lui avait fait la réflexion une ou deux fois. Il savait qu’elle ne disait pas ça méchamment, mais de voir, qu’à présent, il grandissait et grossissait dignement ne pouvait le rendre plus heureux. Sa mère se livra alors un peu plus quant à l’identité du lion auquel elle avait rendu visite. Un roi disait-elle ? Roi de quoi ? Il ouvrit de grands yeux. Sa mère était amie avec un roi. S'il aurait put s’en douter ! Comment une lionne vivant en petit comité dans le coin le plus reclus de la terre des lions pouvait connaître, et plus est décrire comme un « ami », un roi ? En plus, elle voulait qu’ils se rencontrent. Sadaka était plus qu’honoré mais tout aussi intrigué de cette nouvelle.

« J’aimerais beaucoup oui ! Mais... » Il se retint. Il ne voulait pas harceler Kuzali de questions. Oh puis zut, c’était trop fort. « Comment tu connais un roi ? »

Sa mère se livrait tout d’un coup à lui comme elle ne l’avait jamais fait auparavant. Sadaka, presque ému et plein de fierté de cette complicité nouvelle, ne faisait rien d’autre que d’écouter sa mère. Un roi, le roi de Prideland même. Il avait entendu parler de ces terres là, brièvement certes, mais ça lui disait vraiment quelque chose. Pourquoi donc Samekh ne s’entendait-il pas avec lui ? A vrai dire, après réflexion faite, ça n’étonnait pas beaucoup le lionceau de suie... L’oncle Samekh n’aimait pas grand monde il fallait bien le dire. Sadaka ne releva pas, toujours aussi attentif aux dires de Kuzali. Récupérer ses terres ? On le lui avait volé ? Ses grands yeux couleur soleil s’écarquillèrent encore plus – si c’était possible. Volé un bœuf, certes, mais ça n’était déjà pas tâche facile, alors une terre entière ? Ca lui semblait tout simplement invraisemblable. Il était avide d’explications et la lionne ne tarda pas à développer. Des lions aux mauvaises intentions disait-elle les yeux étrangement mélancoliques. Sadaka connaissait sa mère par cœur et il pouvait voir quand le sujet devenait sensible. Pourquoi prenait-elle cette histoire tant à cœur ? Il n’aimait pas voir sa mère triste. Ces lions là avaient volés son ami et l’avaient, par la même occasion, détrôner, les condamnant à vivre au baobab.

Lui n’aimait pas tellement leur logis mais jamais au grand jamais on les avait forcé à s’y installer. Ca avait été un choix et il pouvait très bien imaginer à quel point l’obligation devait être peu savoureuse. Surtout que, d’après ce qu’il avait vaguement entendu, Prideland avait l’air d’une terre rêvée... Il avait du mal à se remettre de cette histoire, essayant d'imaginer comment, ô comment, des lions pouvaient subtiliser à d’autres une terre. La réponse était pourtant évidente et il s’en trouva navré de la trouver : par la violence. C’était ainsi que ça marchait ici...

« Tu sais maman, ne soit pas triste. C’est ce que tu m’as dit, c’est le cycle de la vie, mais il tourne toujours et si il n’est pas bon avec nous aujourd’hui, il le sera demain... » Après cette brève maxime il jeta à sa mère un regard coulant de douceur. C’était elle qui lui avait apprit tout ça, il fallait juste qu’elle s’en rappelle, c’est tout, et il serait là pour ça. Le discours changea assez rapidement vers une tournure toute aussi surprenante, si ce n’est plus. Elle lui avoua qu’il était un prince lui aussi. Un... Prince... Il cligna des yeux, bêtement. Sa mère voulait-elle l’achever aujourd’hui par toutes ces révélations ?

Avec la même voix calme elle se mit à lui raconter l’histoire de la terre du soleil. Elle était la princesse Kuzali, la fille du roi. Oh il aurait aimé se réjouir, se réjouir oui, car cela aurait expliqué beaucoup de choses. Pourquoi Samekh ne l’aimait pas, car il était jaloux ? Pourquoi Kuzali avait beaucoup voyagé, pourquoi elle avait rencontré des rois, pourquoi son savoir était si grand... oh il aurait aimé se réjouir d’être le digne fils de sa mère mais... mais quelque chose l’en empêchait. L’enfant, quelques minutes auparavant tendre et câlin, se recula un peu de sa mère. Lui, fils du soleil ? Il fixa ses petites pattes noires dans lesquelles il ne voyait que l’ombre. Les premiers rayons l’avaient-ils oubliés ?

« Maman... je ne serais jamais un prince du soleil... » Cette différence il ne la voyait plus mais, quand il s’en rendait compte, c’était comme si tout ça revenait de façon plus violente. Il n’était pas comme elle et ne le serait jamais... Les grands yeux tristes de Sadaka s’imbibèrent alors de larmes silencieuses. Il ne voulait pas pleurer, il ne voulait pas, mais il ne pouvait pas s’en empêcher...

Alors qu’il essuyait du revers de sa patte couleur ébène ses larmes, sa mère sut quoi dire. Elle était la meilleure pour ça. Dès qu’il se sentait mal, Kuzali savait choisir les mots qui posaient du baume sur son petit cœur encore jeune et fragile. La lionne vint poser sa tête contre celle de son fils qui, reniflant les derniers sanglots, se mit à sourire à son tour, savourant ce tendre instant. Elle se disait triste avant sa venue au monde – ça, il avait du mal à y croire, sachant que sa mère était la plus intrépide des exploratrices, mais il se tut, car même si elle disait ça pour lui faire plaisir, ça marchait... – et la présence du petit lui redonnait la joie perdue. Si il suffisait d’un sourire ! Sadaka lui offrit alors le plus étincelant tandis que son regard venait se plonger dans celui de sa mère. Oui, les yeux étaient les mêmes, les yeux couleur soleil. Il ne l’oublierait pas à l’avenir, ou en tout cas il ferait du mieux qu’il pourrait, il était hors de question qu'il se mette de nouveau dans des états aussi lamentables devant sa mère.

Cette dernière vint déposer à son fils un coup de langue sur la joue, mêlant alors sa salive à l’humidité des larmes passées. Le petit se mit à rire, doucement. Le roi de son cœur, oh quel titre honorable ! Il n’aurait put rêver mieux, et ce même dans ses rêves les plus fous. Il regarda une fois de plus les deux iris orangés de la lionne. Oui, c’était bel et bien le soleil qui vivait là et qui émanait une chaleur torride et rassurante. C’était sa mère. Elle l’attira alors contre elle afin de clore ce gros chagrin. Il avait un peu honte d’avoir réagit ainsi face à des révélations de la sorte, il aurait dut savoir gérer ça comme un grand. Jamais sa mère ne voudrait lui parler de la sorte à l’avenir, de peur de le froisser... Oh non, ça serait trop injuste !

« Dis maman, j’aime bien quand tu me racontes toutes ces choses tu sais... j’ai pas fais exprès de... » Il ne voulait pas le dire tant il sentait le rouge lui monter aux joues. Vite, il fallait passer à autre chose avant qu’elle ne le sente encore émotionnel. D’un geste vif il se dégagea de l’emprise de sa mère pour essayer d’escalader sa croupe, sourire aux babines - ça il avait retenu ! Si le voir sourire pouvait mettre la lionne de bonne humeur, alors il ne jurerait plus que part ça en sa présence.

« Aller viens on joue à la bagarre, tu vas voir comment je me suis entrainé ! » Bien évidemment, il ne songeait pas à lui faire du mal, mais c’était plus fort que lui, il voulait prouver à sa mère à quel point il était déjà fort et allait le devenir encore plus. Un peu gauche mais persistant il grimpa sur le dos de la lionne. Son pelage était tiède, presque frais, comparé à celui de Sadaka qui attirait le soleil comme le crottin attirait les mouches. Le regard espiègle il sauta sur l’avant et attrapa dans sa gueule l’oreille de la lionne. Il ne la mordait pas fort, juste assez pour dire Tu as vu, je te tiens ! C’était si bon de la retrouver, si bon...

Lui qui se sentait en si bonne voie se mit alors à tituber pour tomber, la tête la première, dans les pattes de sa mère. Bon, il avait encore des progrès à faire, soit. Il se mit à rire doucement, se fichant pas mal de sa piètre entreprise. La lionne se leva alors, dominant ainsi son fils par sa taille qui lui faisait à présent de l’ombre. Celui ci leva les yeux vers sa mère qui se déclarait invaincue. Elle avait bien raison, il avait échoué, mais c’était normal, il était encore trop petit. Un jour viendrait où il les dépasserait tous en taille et en force. Il avait beau ne pas voir au dessus des arbustes, il avait le sentiment qu’il serait le plus puissant de sa petite famille. C’était étrange, et peut être même prétentieux, mais Sadaka le savait. Samekh était un lion svelte malgré ses muscles, et Vita semblait suivre le même chemin tandis que lui... lui était différent. Il ne savait l’expliquer, il voyait déjà sa mère, une lionne d’envergure, et puis... il y avait cette petite voix dans sa tête. Cette voix calme et confiante qui lui soufflait doucement : Tu deviendra un lion inébranlable. Il savait bien qu’on ne gagnait pas les muscles en se tournant les pattes, c’est pourquoi il tenait à s’entrainer – il voulait mériter ce corps promis et voilé ainsi sa couleur au monde pour qu’il n’y voit que le respectable guerrier qu’il deviendrait.

Un dernier coup de langue sur le visage et Kuzali se mit à bailler. Instinctivement il fit de même. Cela dit, il n’était pas particulièrement fatigué, c’était par pur mimétisme, par contre il était assez content de se dire que ce soir ça n’était plus seul qu’il dormirait mais blottit contre sa mère. Cette dernière se recula un peu, mettant un point final au jeu et en l’invitant au coucher. Sadaka sourit de la blague de la lionne, elle aimait se moquer un peu et celui ci répondait volontiers.

« Je ne sais pas je vais lui demander, ne bouge pas ! » Le petit fit volte face, se mit à courir un peu plus loin pour s’arrêter quelques instant, mimant de loin une conversation passionnée avec lui même. Au bout d’une ou deux minutes il revint, toujours souriant pour déclarer :

« Oui, il est d’accord, ravi même ! » Cependant, l’enfant ne semblait montrer aucun signe de fatigue – surement au grand damned de sa génitrice. Il fit quand même l’effort de trottiner d’un pas guilleret vers le reste de la troupe, là où tous se couchaient, à l’abri des regards et des éventuels dangers. L’enfant se mit en boule, attendant que sa mère s’approche de lui et qu’ils puissent enfin savourer une nuit paisible et tendre. Il regardait à ses côtés, l’air un peu provocateur. Il voulait bien prouver à Ishana et Vita que, malgré son jeune âge, il pouvait se faire respecter. Ce soir c’était sa maman rien qu’à lui, ils n’avaient pas intérêt à venir les embêter. Il savait que Vita ne se prendrait pas au jeu, trop d’habituel taciturne, mais Ishana serait du genre à venir cancaner avec Kuzali. Non, ce soir elle était à lui et à personne d’autres ! Demain ils pourraient tous s’entretenir à loisir...

Le soleil se couchait, laissant la nuit envahir la terre des lions. Sadaka était là, et Kuzali aussi, tout était parfait...

{Si tu veux on clos ici pour enchainer avec le départ }