Prudence, voilà quel était le maitre mot. Je devais absolument éviter de me faire repérer par les Nyeusis et je devais me concentrer sur mon objectif. Mes lions noirs trainaient partout, il fallait être discret ou particulièrement chanceux pour ne pas les croiser... En plus de ça, les troupeau semblait s'être éloigner de Prideland alors je ne pouvais pas compter sur eux pour me cacher. Alors que j'avançais à pas feutré, une douleur me transperça l'épaule. J'y jetais un rapide coup d’œil. La blessure que m'avait infliger cette sale hyène puante n'était pas encore complétement fermée : trois sillons recouvert d'une légère croute avait fait leur apparition sur la pointe de mon épaule. Sans doute en garderais-je les cicatrices... Mais ça n'avait pas d'importance, après tout j'avais tout de même réussit à aider Saïka et elle était en sécurité maintenant. Du moins je l'espérais... Je secouais violemment la tête, ce n'était pas pour elle que je devais m'inquiétais pour l'instant mais pour Kuzali.

Donnant un léger coup de langue sur ma blessure, je continuais mon chemin vers l'étang. C'était l'un des premiers endroits où je voulais chercher la lionne : un point d'eau. Tout les animaux s'y rendait, proies comme prédateurs. Ma truffe au vent, je tentais de retrouver la trace de la lionne. Je devais être chanceux car elle était effectivement présente. J'aperçus bientôt la fourrure dorée de la lionne. Un grand sourire apparut sur mes babines, elle semblait aller bien. Je m’apprêtais à m'élancer vers elle mais je me stoppais net. Non... Je ne pouvais pas aller lui parler comme ça, ce n'était pas discret et si un Nyeusis passait par là, qui sait ce qu'il penserait... Je vis alors un fourré et je me précipitai dedans. Bon... Il ne restait plus qu'à attirer Kuzali... Plus qu'a. Je commençai alors m'agiter dans les fourrés, avec un peu de chance la lionne serait intrigué par le bruit qui provenait d'ici. Mon plan sembla fonctionner car une voix familière demanda bientôt :

« Fleck ? »

Je sortis la tête de ma cachette pour tomber nez à nez avec la lionne. Affichant d'abord un grand sourire, mon expression ne tarda pas à changer pour prendre un regard dur. Les sourcils froncés, je donnais un léger coup de pattes à la lionne :

- Shut ! Tu vas me faire repérer.

Je me redressais quelques instant, les oreilles droites, à l'affut du moindre bruit. Mon flair prêt à repérer la moindre odeur. A droite, a gauche... Personne. Je me rabaissé, à l’abri des regards pour donner un nouveau petit coup de patte sur le museau de la lionne :

- On a pas idée de venir se mettre en danger dans un endroit pareil ! Tu n'as rien à faire ici !

Je continuais de regarder la lionne dorée durement mais mon ton était plutôt celui d'un enfant qui essaie de disputer un adulte. Je ne devais pas être bien crédible...

Prepare for trouble, make it double !


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La lionne d'or sembla assez ahurie par mon arrivé. Ça ne m'étonnais guère, elle devait se demander ce que je faisais là alors que cet endroit était sans doute le plus dangereux de la terre des Lions. Alors qu'elle venait de se recevoir mes deux coup de patte sur le museau, elle me rétorqua en haussa le ton :

« Mais cesses donc de me frapper, tu devrais plutôt être heureux de me voir comme moi je le suis ! »

Je me mis à grincer les dents. Il n'y avais personne dans le coin pour l'instant mais si elle commençait à crier, ça n'allait pas tarder à attirer du monde. Bien sur que j'étais content de la revoir ! Que croyait-elle ? Que je m'amusais à risquer ma vie pour le plaisir ? Bien sur que non ! Il fallait être fou et malgré tout ce qu'on pouvait dire, fou, je ne l'étais pas. Cependant, la lionne continua d'augmenter le volume tout en me fixant, le regard plein de colère :


« TOI tu n'as rien à faire ici ! Qu'est-ce que tu viens faire là, qui t'as dit où me trouver ? »

Dès qu'elle eut finit de parler, je saisis son museau entre mes pattes avant. L'empêchant d'ouvrir la mâchoire. Je poussais un petit couinement, le mouvement avait ravivé une douleur dans mon épaule. Je lâchais à Kuzali :

- Je t'ai dit : Shuuut ! Il n'y a personne pour l'instant mais si tu barris comme un éléphant ça ne va pas tarder à changer.

Après quelques secondes à l'affut du moindre bruit, je relâchais Kuzali. Je continuais de la fixer avec un regard dur, plus dur que celui que j'avais posé sur elle quelques minutes auparavant.

- Ce que moi je viens faire ici ? Tu te mets en danger et tu t'imagines que je vais te regarder faire sans rien dire ?! Je ne suis plus un chiot Kuzali, j'ai largement l'âge de faire mes choix et lorsqu'une de mes meilleures amies est en danger moi choix est de lui venir en aide !

J'avais prononcé ces derniers mots avec un léger grognement. Il n'était pas dirigé vers Kuzali mais plutôt vers l'idée qu'elle se faisait de moi. Elle m'avait connu enfant mais ne semblait pas se rendre compte que j'avais grandis. C'était quoi le problème des lions qui m'avaient vu enfant, qu'il s'agisse d'elle ou d'Haramu ? Ils pensaient que je ne pouvais pas grandir ? Que je resterais toujours un petit chiot fragile ? Et bien ils avaient tort ! Oui, je ne suis pas un lion. Oui, mon espèce n'est pas aussi forte que celle des félins. Mais les miens ne sont pas fragile et faible. Nous ne l'avons jamais été. Notre force n'est pas dans nos muscles, elle est dans notre unité. Les lycaons prennent soin les uns des autres, c'est ça notre force : nous sommes une famille, et une famille signifie que personne n'est abandonné, ni laissé derrière. Je n'avais jamais connu d'autres lycaons en dehors de ceux de ma meute et ils étaient morts. Pour autant, ma famille n'avait pas disparut avec eux : il me restait mes amis. C'était eux, ma famille et Kuzali en faisait partie, qu'elle le veuille ou non.
Je poussais un long soupir.

- J'ai parlé à ton ami, Kumpa. Il m'a dit pourquoi tu es ici et comme je m'inquiétais pour toi, ilm'a demandé de venir prendre de tes nouvelles. Comment ça se passe ici ?

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Kuzali me présenta des excuse qui firent tiquer mes oreilles. Je ne m'attendais pas à recevoir quelques excuses que ce soit. Mais cela me fit faire un petit sourire. Un sourire qui s'envola dès que la lionne d'or répondit à ma question. Apparemment, sa quête n'avait pas beaucoup avancé. Je pris un air sérieux tandis qu'elle continuait d'exposer sa situation. Elle c'était rapproché d'un des Nyeusis, un certain Mopanga. Je fronçais les sourcils, je trouvais ça dangereux de devenir trop proche avec un Nyeusis quel qu'il soit... Qui sait lorsqu'il changerait d'avis pour planter ses crocs dans la gorge de Kuzali ? Enfin, même si l'idée de la lionne me déplaisait, comme le fait qu'elle soit ici d'ailleurs, je gardais cela pour moi. Si elle pensait que tout ça était nécessaire à sa mission, je n'allais pas m'y opposer, je n'en avais pas le droit. Cependant, la bonne nouvelle, d'après Kuzali, c'était que la Reine Malkia allait bien, enfin, aussi bien que le lui permettait a situation. Au moins je pourrais rassurer le Prince à ce sujet.
La lionne se mit alors à fixer mon épaule en demandant avec un léger sourire sur les babines :

« Tu as perdu face à un scarabée ? »

Je suivis son regard et mes yeux se posèrent sur ma cicatrice nouvellement acquis. Je fis un petit rire amusé :

- Oh ! Crois moi, c'était un scarabée sacrement gros !

Mon petit rire se stoppa bien vite en repensant au événement qui avait provoqué cette cicatrice. Le cimetière des éléphant, cette saleté de hyène et Saïka... Je levais les yeux au ciel un instant. Saïka... Je me demandais comment elle allait et dans quel pétrin elle risquait de se fourrer en mon absence ? Mon regard se posa de nouveau sur la lionne.

- Pour tout te dire, j'ai retrouvé une de mes amies d'enfances il y a quelques temps et, tout comme toi et moi, elle a toujours tendance à se mettre en danger. C'était le cas lors de notre dernière rencontre. Elle s'est fait attaqué par un groupe de hyène et je n'ai pas pu m'empêcher de "jouer les héros".

Je pointais ma cicatrice du bout du museau :

- Nous avons réussit a nous enfuir mais le leader est parvenu à me laisser ce petit souvenir.

Je passais sous silence le fait que Saïka et moi ayons mis chacun fin à a vie d'une hyène. Même si je savais cela nécessaire, je n'en étais pas spécialement fier. Soudainement je me mis à penser à haute voix en me grattant le museau du bout de la patte.

- En parlant de Saïka, je pense beaucoup à elle depuis quelques temps... Je me demande pourquoi.

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Kuzali ne semblait pas si surprise que ça par le fait que je soit intervenu pour sauver mon amie. Par ailleurs, sa remarque me fit faire un petit sourire. Oui, c'est vrai. J'aimais beaucoup venir en aide aux autres, d'autant plus lorsqu'il s'agissait de mes amis. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle j'étais venu retrouvé la lionne. Kuza' ajouta en lançant un regard à ma cicatrice nouvellement acquise :

« Ça te donne un petit air de dur à cuire... »

Je suivis son regard, observant à mon tour ma cicatrice. Mon père en avait eu plusieurs lui aussi en défendant notre meute, tout comme les autres guerriers. Ils disaient tous que les cicatrices étaient des marques de courage. Dans un sens, cela me couvrait de fierté d'être considéré comme courageux mais en même temps je craignais que cela me monte un peu à la tête. Alors que je parlais de Saïka, je vis une étincelle de malice s'allumer dans le regard de la lionne. Tien ? Etrange. A quoi pouvait elle bien penser ? Quoi qu'il en soit, elle semblait intéressée par mon amie tout d'un coup car elle demanda :

« Tu veux bien m'en dire plus sur cette Saïka ? J'aimerais en savoir davantage sur celle qui t'as fait devenir un héros. »

La lionne d'or s'assit alors calmement. Je me mis à la fixer un instant avec incompréhension. Je ne savais pas trop quoi lui dire a vrai dire. Peut être la façon dont je l'avais rencontré ? Moui c’était un début.

- Et bien, c'est mon amie d'enfance. Lorsque nous étions enfant, nous avions l'habitude de partir explorer notre territoire tout les deux. Je croyais qu'elle était morte à cause de l’incendie qui a ravagé mon ancien chez-moi, comme tout les membres de ma meute. Tu sais Kuza'... Je crois que je n'ai jamais été aussi heureux que lorsque je l'ai revue. C'était au Lac-au-Roi.

Je me mis à me gratter l'arrière de la tête avec une de mes pattes postérieurs avant d'ajouter.

- Je l'ai revue ensuite au cimetière des éléphant et la suite de l'histoire, tu la connais.

Je cessais de me gratter un instant, admirant le paysage. Me demandant si je reverrais mon amie dans ses terres, un jour ou l'autre. Mon regard se tourna alors vers la lionne. Je pouvais le dire, sans trop savoir comment, je savais que Saïka avait pris une place spécial dans mon cœur. Laquelle ? Je l'ignorai encore.

- Dis moi Kuzali, tu as quelqu'un de "spécial" toi ?

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Kuzali me répondit de façon affirmative. Doucement, je penchais la tête sur le côté. Tien donc ? Je me demandais qui pouvait bien être cet personne spécial, ce lion qui avait une place si importante dans son cœur. Peut être l'avais-je déjà croisé, qui sait ? Je fis un petit sourire, Maman avait l'habitude de dire lorsque j'étais petit qu'avoir une personne "spécial" était l'un des plus beau cadeaux du ciel. Ceci dit, mon sourire s'éffaça bien vite devant l'expression attristé de la lionne d'or.

« Il... il ne sait pas que je suis ici. C'est quelqu'un de colérique et surtout d'impulsif, j'avais peur de sa réaction mais quand bien même son mauvais caractère, je l'aime. Tu sais, quand je suis avec lui, j'ai l'impression de tout oublier et que plus rien ne compte. Il en effraye plus d'un avec toutes ses cicatrices qui recouvrent son visage mais pas moi. Je l'aime dans sa globalité et ses balafres font parties de lui. »

La voir ainsi attristé me fit me sentir bête d'avoir posé une telle question. D'autant que vue la situation ce n'était pas le meilleur moment du monde pour parler de ça. Nerveux, je me mis à piétiner le sol, mal à l'aise. La lionne continua son explication sans sourciller :

« Avoir quelqu'un de spécial dans son cœur est quelque chose de très important. Un simple sourire de sa part peut égayer tes jours les plus sombres et sa présence t'apaise comme nulle autre, cette personne devient reine de ton cœur et ton désir le plus fort est de la voir heureuse. C'est à la fois beau et triste car tu deviens dépendant de ce quelqu'un et cela peut engendrer autant de bonheur que de malheur, tu t'en rendras compte bien assez vite. »

J'hochais la tête doucement. Je tacherais de me souvenir de cette leçon à l'avenir. Honnêtement, voir l'état dans lequel se sentiment mettait Kuzali ne m'encourageait pas vraiment à le ressentir à mon tour. Enfin... C'était quelque chose qu'on ne choisissait pas, n'est ce pas ? En tout cas, c'est ce que me disait mon coeur sur le moment. Je fis un petit sourire triste à Kuzali. Je ne savais pas qui était ce lion auquel elle c'était attaché, ni quel était exactement leur relation. Ceci dit, au vue du regard triste de la lionne, je pouvais deviner que les choses n'allaient pas bien et au vue des circonstances, c'était compréhensible. J'espérais simplement que tout allait s'arranger, je voulais qu'elle sache qu'elle pourrait compter sur mon aide, au cas ou. J'esquissais un pas vers la lionne :

- Kuzali je...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'une odeur me parvint aux narines. Un lion ! Ni une ni deux, je partis me cacher dans les herbes, espérant qu'il ne m'avait pas repéré. Ça ne pouvait être qu'un Nyeusis, je devais être prudent. Du coin de l’œil, j'observais Kuzali, attendant patiemment sa réaction.

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