Spoiler:

Le Nord vit ses instants parmi les plus tragiques de son histoire. Le Roi du Nord, le respecté Theluji, est mort en des terres qui n'étaient pas les siennes, en compagnie de lions qui n'étaient pas les siens. Hommage lui est rendu sur une bonne partie du territoire, car plus qu'un roi, c'est une légende qui vient de quitter ce monde pour rejoindre ceux des esprits. De nombreux autres guerriers, partis dans les terres basses, se sont également présentés aux côtés de leur monarque, l'ayant suivi jusque dans le plus impossible des royaumes, celui dont on ne revient jamais.

Le grand clan des Nordiques est anéanti. Chaque membre ressent cette absence, car désormais, elle serait éternelle. Se profile alors le règne de Késhia, alors à peine entré dans l'âge adulte, objet de nombreuses attentes. Une ère nouvelle se profile pour le clan, reste à savoir s'il en sortira affaibli ou renforcé.

Dans ces moments de doute et de souffrance survint une nouvelle péripétie. Un lion blessé venait d'être retrouvé aux frontières du royaume, du côté de l'extrême nord. C'est une jeune lionne qui l'a trouvé, reconnaissant (soi-disant) un membre de sa famille perdu de vue depuis très longtemps. Et ce dernier était dans un très sale état... Ce nouveau venu devint alors objet de curiosité. Qu'avait-il bien pu se passer pour que son pelage soit si crasseux, son pelage rougi par le sang, cette entaille à la tête? Si il était perdu depuis longtemps par sa famille, où donc était-il passé?

Ce fut là une opportunité pour Késhia de faire une démonstration de magnanimité, comme Theluji les faisait. Le jeune roi accepta la présence de cet étranger, et sollicita les lionnes du clan afin qu'elles fassent leur possible pour lui venir en aide. Le lion fut donc emmené du côté des sources chaudes, réputés pour leurs vertus apaisantes. Il n'était toujours pas sorti de son comas, murmurant un seul mot depuis: Skauti.

Endeuillé par la perte de leur ancien souverain, la plupart des nordiques faisait preuves d’une peine à tordre le cœur de l’enthousiasme le plus convaincue. Je n’arrivais pas à me remettre de ma faute, à soutenir les regards lourds de sens de mes compagnons et ma gorge se nouait quand ils me posaient des questions. Le pire était sans conteste les lionceaux qui me demandaient comme était le monde extérieur. En leurs yeux pleins d’espoir, je me revis avant de partir à la guerre, le cœur plein de bonheur et une croyance sans faille en notre force. Pourtant, à chaque fois que les jeunes lions me posait cette question, je ne pouvais leur répondre et je fuyais la tête base.

Quand on est bloqué dans un monde couvert de neige et de glace, on rêve de l’extérieur, du monde qui nous entoure, où le soleil est souverain. Alors, quand une guerre approche et que nous devrons quitter notre foyer nous n’hésitons pas et accourons pour découvrir le monde, peut importer les combats et les difficultés. Les nordiques ont pour réputation d’être froid et stoïque, montagne de muscles d’un calme sans précédent, mais notre roi Theluji nous a appris à être bon et juste à son image, de faire preuves de compatissance envers nos voisins en difficultés et de leur prêter main forte comme il le ferait si nous étions en difficulté. Alors nous somme parti le cœur confiant, l’espoir et le courage en patte pour aller vaincre nos anciens ennemis. Cependant, cette confiance aveugle en notre force à rendu notre cœur plus fragile et ne nous a pas préparé à encaisser le coup de l’épée affuté du chef Nyeusis. Theluji est mort et avec lui le cœur de tous les guerriers blancs qui l’accompagnait.

J’ai pleuré. Beaucoup, énormément, pendant des jours et des nuits, culpabilisant de n’avoir rien pu faire pour lui sauver la vie. Aujourd’hui, il m’est désormais difficile de pleuré, mais mon cœur est aussi lourd que la pierre et menace de me faire chuter à chaque pas. Coucher contre l’un des murs de la tanière commune, je n’avais envie de rien depuis que j’étais rentré de Prideland, c’est à peine si je pensais à me nourrir, mais fort heureusement ma mère était encore présente malgré les aléas d’une vie passé dans les montagnes blanches et veillait encore sur moi quand la tristesse prenait le dessus sur mon instinct.

Un jour, passant près de l’entrée de la grotte à vive allure, un lion accours chercher Késhia, héritier de Theluji il dès l’âge adulte le roi de notre royaume blanc. Une rumeur ne tarda pas à circuler entre tous les lions présent, comme quoi un mystérieux lion au pelage bleuté aurait été retrouvé blessé par l’un de nos membres et qu’il se trouverait actuellement aux sources chaudes. Je n’avais pas spécialement envie d’y aller, car me lamenté depuis mon retour et culpabiliser me pompait toute mon énergie, mais des amies avaient insisté pour que je les suivent et que j’aille voir avec elles qui était ce mystérieux mâle. Je me forçai à leur sourire et fit l’effort de me lever pour les suivre vers les sources chaudes.

Le drôle d’animal était en bien piteux état, évanouie sur le sol, un filet de sang qui prenait sa source sous son épaisse crinière avait taché la moitié du son visage. Comme tous mes semblables qui l’entouraient, je le regardais avec des yeux curieux, étonné de pouvoir trouver d’un des nôtres en ses lieux. Il était un lion que nous ne connaissons pas, pourtant depuis que j’étais enfant j’étais convaincue que nous étions le seul clan présent dans la montagne. L’apparition de Késhia mit fin à mes réflexions. Il s’approcha de l’inconnu vivement et se fit le plus délicats du monde pour s’enquérir de son état de santé.

- Reculez, laissez lui de l'air, et allez chercher de quoi l'aider, dans la forêt, je ne sais où, quelque part. J'aimerai qu'un groupe de femelle aille chasser et ramène des proies pour quand il se réveillera, ceux qui n'ont pas de tâches restent avec moi. – Tonna Késhia.

Sans plus tardez, les lionnes partirent à la chasse pour trouver quelques choses pour le lion mal en point et, comme par instinct ou par besoin d’obéir à mon futur souverain, je me joignis à elles. Pour être plus efficaces, les chasseresses se séparaient. Continuant ma course, je me retrouvai rapidement seul au milieu de la neige et des arbres endormirent. Certains disent que le froid du nord porte préjudices aux proies s’y trouvant et que les lionnes du nord doivent faire preuves de patience et de malice pour trouver les rares proies présente sur leur territoire. Cependant, ils ne savent pas que si les gazelles et les zèbres sont des proies communes pour les lions d’en bas, nous dans le nord, nous nous nourrissons de proies qui ont appris à vivre avec le froid. Si les suricates sont les plus petites proies en bas, chez nous ce sont les lapins blancs que nous trouvons. C’est d’ailleurs ce type de proies que je finis par trouver.

Il n’avait pas peur. Il savait qu’il allait mourir quand il m’a fit approcher, marque grises et mouvantes au milieu du blanc du nord, mais malgré cela il n’avait pas peur. Il me faisait face et dans ses yeux bruns brillait une étrange lueur de détermination. S’il avait été l’un de mes frères d’arme, il aurait été sans conteste le plus brave de tous et secrètement, j’envie ce petit animal de faire preuves d’autant de courage devant la mort. Je l’envie, mais ne pouvait lui laisser la vie. Il se défendit, crocs et griffes battant l’air alors que mon immense patte sur son torse blanc le comparaissait et alors qu’un coup de dent je lui tordis le coup. Brave animal au cœur plein d’énergie, j’espère de toute mon âme que tu livrerais son courage et ta force au lion qui en a tant besoin.

Je remontai la pente pour rejoindre les lions qui étaient resté aux sources chaudes pour y déposé l’animal qui pendait entre les crocs, je n’eus aucun mal à enjamber les quelques roches qui me barrait le chemin et dut ralentir l’allure en approchant du lion assommé. Doucement, aussi délicatement que possible, je déposais le lapin devant son museau et recula lentement en jetant un regard humble à Késhia. Dire que nous nous entendions bien à une époque et que maintenant, j’use à peine lui adresser la parole.

La tranquillité habituelle des sources chaudes se trouva perturbé suite à l'arrivée de ce mystérieux inconnu. Aux crépitements des bulles crevant à la surface de l'eau bouillante se mêla quelques silhouettes furtives, passant avec aisance entre les différents bassins, chacune déposant un petit quelque chose, ou jetant un regard indiscret sur ce lion. Depuis maintenant une poignée d'heures qu'il était arrivé, il ne murmurait plus rien, pas plus qu'il ne bougeait. La seule indication que la vie était encore en lui provenait des faibles palpitations de son cœur, que l'on pouvait ressentir si l'on se risquait à poser une oreille sur son poitrail. Car oui, c'était bien un risque, étant donné que personne ne pouvait deviner sa réaction s'il se réveillait maintenant.

Le ballet de curieux continua, certains donnant un coup de patte en proposant leurs services, d'autres juste pour assouvir leur simple curiosité.

Depuis son arrivée, le lion était nettoyé autant que possible grâce à l'eau bienfaisante typique des sources chaudes. Son pelage retrouvait une meilleure clarté, et petit à petit, la blessure à la tête devint plus nette, tout autant impressionnante que chargée de conséquences. Ce fut la seule plaie un tantinet sérieuse nettement visible sur le corps du lion; si d'autres traumatismes étaient là, ils demeuraient encore invisibles pour le moment.

La journée commençait à toucher à sa fin, il était temps pour les Nordiques de repartir dans leurs tanières; du moins pour ceux qui n'étaient pas de garde. Se posa alors la question de savoir qui allait rester ici? Car il était inconcevable qu'un étranger puisse connaître l'emplacement du principal lieu de vie des Nordiques, qu'il soit d'ailleurs originaire du Nord ou non. Mais par esprit d'entraide, ils ne pouvaient pas se résoudre à le laisser seul ici en espérant qu'il ne se réveille pas avant le lendemain.

Je reculais pour me placer entre les lionnes et lions revenue de la chasse, où ceux qui n’étaient pas encore parti et qui resta planté là, tel de stupides oiseaux fasciné par une proie agonisante. Je n’aimais pas leur regard curieux, ils me gênaient a détaillé ainsi ce pauvre lion inconscient. Sa face était couverte de sang et je n’arrivais pas à savoir d’où provenait tout le fluide vital qu’il perdait. Pourquoi Késhia ne faisait rien pour lui ? Toute lionne savait pourtant qu’il fallait lécher une plaie ouverte pour la désinfecté avec notre propre salive et pour tenter d’arrêter l’hémorragie. Pourquoi est-ce que j’ai peur d’intervenir ?

Pourquoi je me pose ses questions stupides ? Je ne sais bien. Mes oreilles se baissent, ainsi que mon regard, je regarde mes pattes en repensant à notre récente conversation. Rentrez sans Theluji n’avait pas seulement brisé le cœur du jeune roi, cela avait créé en lui un sentiment nouveau qu’était celui de la rancœur. Il m’en voulait, me méprisait pour mon incompétence, surement me haïssait-il bien que moi-même. J’eus envie de pleuré, d’aller me jeter à ses pattes pour m’excuser encore une fois, mais il l’aurait sans doute rejeté et d’une manière ou d’une autre, ce n’était pas le moment pour les supplices.

Un mouvement attira mon attention. En releva la tête, je m’aperçue que beaucoup de lionne était déjà revenue de leur chasse, et qu’elle s’écartait pour laisser passer une figure des plus rassurante. Héra. Notre commandante saurait quoi faire face à cette situation et elle pourrait conseiller Késhia au mieux, bien mieux que moi, et elle au moins il l’écoutera sans dire mot. Parce qu’Héra était bien plus qu’un bras droit, bien plus qu’une figure de respects pour le jeune lion nordique, mais elle représentait surement une figure maternelle qui allait de pair avec celle qu’avait inspiré Theluji. Je ne quittais pas Héra des yeux, et quand cette dernière se retourna pour parler, je ne pus regarder autre chose que ses lèvres dont s’échappait des mots que je bu avec le plus grand des plaisirs.

- La nuit tombe, il va être temps de rentrer. Nous ne pouvons laisser ce jeune mâle seule, au cas où un quelconque danger rôderait. Je resterai à ses côtés, que deux d'entre vous se joignent à Moi. Les autres rentreront.

Un fin sourire se dessina sur mes lèvres, Héra avaient toujours les mots qu’il fallait. Je me demande si elle savait à quel point elle me faisait plaisir, à quel point elle me soulageait en demandant des lions pour rester à ses côtés et veillé l’étranger. Sans attendre, je me leva d’un bon et rejoignit Héra près du lion inconscient pour lui montrer que je serais en sa compagnie ce soir, que je suis volontaire pour aider mon prochain. Mais aussi pour subir le grand froid du nord, délaissant le confort d’une grotte qui me protègerai du vent mordant de nos régions. Késhia, le verras tu également, ce sacrifice que je fais pour me punir de ne pas avoir réussi à accomplir ma mission ? J’en ferai d’avantage si tu le veux, toujours plus pour me faire pardonner et que cette haine que tu me portes soit oublier. Ô Késhia, je ne voulais pas te faire tant de peine.

Je me rapprochai du lion assommé plus délicatement, à pas de velours pour ne pas qu’il soit surpris si jamais il venait à se réveillé soudainement. Malgré les sources, qui étaient la seule source de chaleur des environs, de la neige commençait à recouvrir certaines parties du corps du félin. La queue ou le bout des pattes avaient été recouvert par de petits tas de neige. Je le reniflai un peu, mais je ne sentie que le sang et l’humidité qui s’associait misérablement avec l’odeur masculine qui émanait de son corps. Rien ne me permettait de devenez d’où il venait, si ce n’est une faible odeur de sapin, mais dans le nord ses arbres étaient monnaie courante.

- Peut-être faudrait-il le réchauffé, le froid commence à reprendre ses droits. – Dit-je timidement à Héra.

Je ne connaissais ce lion ni d’Eve, ni d’Adam, mais pourtant mon cœur se serra quand je put voir plus en détail l’état dans lequel il se trouvait. Il me fit mal au cœur et pour rien au monde je ne souhaiterai sa mort. Il avait le poil épais, une douce couleur bleuté, alors cela voulait dire qu’il était nordique, même sans faire partie de notre clan. Alors, s’il te plait, cher Inconnu, reste avec nous ce soir et demain encore, je n’ai plus envie de voir une personne qui m’est proche mourir et, pour tout te dire, je t’aime déjà.

Alors tu n’as pas le choix, reste avec nous et vis à nos côtés pour l’éternité.

Les magnifiques formes escarpées du Mont Blanc dressèrent une gigantesque silhouette sombre, alors que le soleil descendait toujours plus bas à l'horizon. Les ombres se firent de plus en plus étendues au fur et à mesure que les autres montagnes imitèrent leur grande soeur. Leur projection s'étala encore et encore, jusqu'à ce que l'intégralité du royaume Nordique se voit plongé dans les ténèbres. Par chance, la lune était magnifique ce soir, et le ciel entièrement clairsemé. Ce fut une nuit teintée de blanc et de bleu, du genre de nuit que l'on peut apprécier de passer à l'extérieur.

Comme il fut décidé, Hanabi, Héra, Késhia ainsi qu'un mâle et une femelle supplémentaires restèrent au chevet de l'inconnu. Déjà celui-ci semblait s'être vu assigné un nom, et ce avant même son réveil. Ce mot qu'il ne cessait de prononcer, le seul mot qu'il répétait inlassablement. S'il agissait ainsi, cela devait signifier quelque chose de très important, donc pourquoi pas un nom après tout? D'un commun accord, "L'étranger" devint "Skauti". La distinction avait le mérite de le revendiquer comme un lion étant leur égal, puisque assurément Nordique.

Comme l'avait fait remarqué Hanabi, le froid commençait en effet à se faire ressentir de manière beaucoup plus vigoureuse. Cela était tout aussi vrai pour le corps inerte de Skauti, qui était incapable de se protéger lui-même des agressions extérieures pour le moment. La proximité des sources chaudes aidant, les lions se blottirent les uns contre les autres afin de partager leur chaleur corporelle. Ils entourèrent littéralement le convalescent pour former une sorte d'enclos, censé retenir une température correcte pour éviter de compliquer un peu plus la situation.

Les heures passèrent. Les lions somnolaient chacun leur tour, tout en veillant à ce que deux d'entre eux soient éveillés juste au cas où. La lune était très haute dans le ciel noir, lorsque pour la première fois, Skauti eut une réaction consciente. Et quelle réaction! D'un surprenant réflexe, il se redressa sur ses quatre pattes et fut pris d'un cri de panique. Ses yeux étaient complètement écarquillés, tous ses muscles étaient tendus par la terreur. Il n'arriva pas à tenir bien longtemps sur ses membres atrophiés par le froid, et s'écroula au sol, ce qui ne l'empêcha pas de continuer cette sorte de rêve éveillé. Car dans son esprit perturbé, il était toujours en train de tomber de cette falaise, droit vers sa mort.

Le vent c’était le lever alors que les autres lions avaient quitté les lieux depuis longtemps. Coucher contre Skauti, nommer ainsi à cause de ce nom étrange qu’il n’arrêtait pas de répéter en boucle, je repensais à ce qu’avait Késhia quand il eut sélectionné les lions et les lionnes pour l’accompagner dans cette dure tache. Cela pouvait paraitre ironique de la part d’une nordique dépensé cela, mais le vent coupant et le froid persistant pouvait nous être dangereux à nous aussi, comme la canicule et le manque d’eau pouvait tuer un lion d’Afrique en quelques heures. Pourquoi m’avait-il voulu à ses côtés ? Lui, alors que j’étais en parti responsable de la mort de son tuteur ? Je ne sais pas s’il comptait me faire rester pour me refaire regretter mes actes ou alors si c’était par gentillesse, une façon de me pardonner, mais je ne le pensais pas. Qu’aurais-je fait à sa place, s’il était revenu sans mon père ? Je pense que je lui en aurais voulu longtemps, je serais blesser pendant un long moment et peut-être qu’un jour j’arriverai à lui pardonner. Malheureusement, je n’étais pas à sa place et je n’arrivais pas à comprendre ce que mon futur roi pensait.

La nuit était depuis longtemps tombé, et je voulais évitez de pensé trop à cela. Me concentrant sur le lion endormis contre mes flancs, que je me devais de maintenir au chaud, j’esquivais du mieux possible ses tristes pensés. J’avais du travail, il fallait que je me concentre sur ce dernier au lieu de me lamenté et de ne rien faire. Cependant, ce travail était morne et silencieux, nous ne pouvions qu’attendre son réveil. Cédant à la fatigue, je posai mon menton contre son échine. J’aurais dut faire plus attention, personne ne savait comment il aurait pu réagir, mais j’étais si fatiguer. Il ne réagit pas le moins du monde, toujours endormis, la seule chose qui bougeait sens cesse c’était son ventre sous les coups impulsifs d’une respiration saccadé.

Soudain, sans que personne ne puisse le prévoir, le lion bleuté se leva d’un bon et manqua de m’étrangler par la même occasion. Je crois que c’était de ça que j’aurais dû me méfié. Il hurla, il me surprit bien plus qu’il ne me fit peur, et ce n’est que quand il retomba sur le sol dépourvu de force dans les pattes, que je compris seulement ce qu’il venait de se passé.

- Restez sur vos gardes. Nul ne sait ce qu'il vient faire ici.

La voix d’Héra était forte et sûr, comme à son habitude elle était présente pour nous protéger. Mais … comme la plus grandes des idiotes que je suis, à rester collé à ce lion inconnu et n’aillant pas pensé le moins du monde à ce que pouvait être ses potentiels réactions, je me retrouvais à moitié écraser par ce dernier qu’était un peu déplacer de sa couche d’origine. Résultat : la stupide lionne que je suis se retrouvait avec une patte bloqué sous son corps. Non pas que cela était très dérangeant, car comme tous les nordiques il avait le poil doux et son ventre à proximité de ma patte émettait une douce chaleur qui pouvait qu’il était en vie, mais se retrouve à quelques centimètres de la gueule d’un lion affolé n’avait rien de très assurant. Quand bien même je ne le trouvais pas si effrayant qu’il ne pouvait l’être pour ceux qui n’étaient pas collé contre lui. Je le trouvais juste perdu et apeuré, blesser en plus de cela… non, finalement non, je ne comprends pas ce qu’Héra peut lui trouver d’effrayant.

Cette dernière finit par se rapprocher de lui et elle entama comme un rituel, une nouvelle naissance, une toilette pour le laver de tout ce qui avait pu lui arriver jusqu’à maintenant, un soin qu’on prodigue à un blesser sans chercher à distinguer de liens affectif. Je lui glissai quelques mots, avant de me joindre moi aussi à la tache dans laquelle Héra c’était lancer, après tout je ne pouvais pas bouger donc autant me rendre utile en lui nettoyant la patte et l’épaule.

- Tu n’as rien à craindre – dit-je en souriant. – Nous sommes l’a pour t’aider.

Spoiler:

Il tombait. Il tombait, et ne pouvait strictement rien y faire, peu importe combien il s'agiterait, il ne serait pas capable de voler plus qu'un autre lion. En mobilisant le peu de ressources mentales qu'il pouvait lui rester alors qu'il était proche d'être un simple légume, Skauti força son corps à se relaxer, non sans anticiper la triste fin qui l'attendrait en contrebas. Il aurait encore voulu vivre tellement de choses, car...

Car...

Car quoi? N'avait-il pas jusque là vécu un nombre incalculable de choses? Pourquoi ne se rappelait-il d'aucune d'entre elles? Tout était tellement flou... La chute demeurait la seule chose dont il était purement certain qu'elle s'était produite. Avant cela, plus rien. Pas le moindre filament d'une aventure vécue, d'un amour ressenti, d'une perspective d'avenir. Strictement rien. Et pourtant, il savait que des événements s'étaient produits avant ça, il le savait du plus profondément de son être, guidé par une intime conviction.

Durant sa chute imaginaire, Skauti vit un grand nombre de formes indistinctes passer rapidement tout autour de lui, s'élevant dans les airs pour disparaître hors de son champ de vision. C'était comme si tous ses souvenirs se faisaient la malle devant lui, lui refusant même le luxe de les apercevoir plus précisément pour en garder une quelconque trace. Ce songe fut à la fois bouleversant et empli de peur, car que pourrait-il l'attendre à sa sortie?

Cela commença par une douce sensation de chaleur bienveillante, suivi par la caresse d'une langue maternelle comme pour un nouveau-né. Et il appréciait ce ressenti, le poussant à s'apaiser un peu plus de seconde en seconde puisque vraisemblablement en sécurité. Peu à peu il se sentait revivre, le sang circulant de nouveau normalement dans son organisme. La maîtrise de ses membres lui fut rendue. Au début un tressaillement de la crinière, puis un mouvement léger des pattes, pour s'ensuivre par l'ouverture progressive des paupières. Le monde se dévoilait devant lui: un univers blanc et froid, peuplé de lions blancs et chauds, ces mêmes lions qui l'entouraient avec leurs regards soucieux. Qui étaient-ils? Pourquoi veillaient-ils sur lui de cette manière, avec autant d'affection comme le faisaient ces deux lionnes?

Et pourquoi disaient-ils Skauti en le regardant? Etait-ce vraiment lui? En ce cas, cela voulait dire qu'ils le connaissaient, forcément!

_Vous savez qui je suis... fit-il d'une voix faible, dont il s'étonna lui-même de la douceur qu'il lui avait mise. Je ne me rappelle plus... De rien...

Pour appuyer ses propos, Skauti regarda son propre corps avec curiosité, comme s'il n'était pas le sien. Lui aussi se trouvait être blanc, ce qui appuyait son raisonnement comme quoi c'était obligé qu'ils le connaissaient; purement logique. Son regard, encore peu appuyé dû à sa faiblesse physique, s'orienta vers les deux femelles pour s'attarder sur l'une d'entre elles, la plus jeune. Il la trouvait fort curieuse, plus encore que les autres qui l'entourait.

~La caresse du vent sur les cimes enneigés du Nord est ma complainte~


Samekh / Prince Voldy

Double-compte : Hourasi

< ABSENT DU 31 JUILLET AU 20 AOUT >

Spoiler:

Suite au regard de ma commandante, qui m’insistait à l’imité, j’arrêtai de lécher ce cher inconnu. Il était perturber, visiblement perdu dans ce monde empli de neige qu’il ne reconnaissait pas, mais malgré cela il était revenu à lui. Il était avec nous et j’en étais profondément heureuse. Je me dis que, comparé à moi, Skauti avait bien du courage, car malgré ses plus grands cauchemars il avait fini par se réveillé et reprenait doucement conscience, alors que moi je pleurais encore au fond de ma grotte il y a encore quelques heures. Je me trouve bien misérable à côté de lui, plus encore alors que je me trouve en présence d’Héra et de mon futur roi. Futur … tout cela à l’air si lointain, pourtant Késhia est bientôt adulte. Je me dois de l’appeler « Mon roi » désormais.

Toujours bloquer sous le poids du lion bleu, je ne pouvais que le regarder, sourire gentiment et surtout sincèrement alors que mes supérieur continuait à prendre la parole pour s’enquérir de l’état de notre invité. Au moins, me semblait-il que la blessure à la tête s’était arrêter de saigné, cela devait être une bonne chose, que dit-je cela était forcément une bonne chose. Il me tenait chaud à la patte avec tous ses poils, normal me direz-vous, mais cela confirmait nos soupçons quant à ses origines. Pour avoir un pelage aussi épais, il venait bien du nord.

- Je m'appelle Héra, et voici Késhia et Hanabi. Nous ne te feront pas de mal. Est-ce que tout va bien ? – Fit la commandante des lions blancs.

J’avais été présentée, quel honneur cela était pour moi. Que la commandante pense à moi me fit chaud et cœur et m’insista à sourire d’avantage, avec cette joie qui m’envahissait peu à peu, comme au temps heureux où l’innocence faisait partie intégrante de mon caractère. J’aurai voulu dire quelques chose moi aussi, une parole rassurante et affectueuse, mais ce n’était pas de mon ressort, je n’avais rien à dire car je n’avais aucun titre pour oser pouvoir dire quelques chose, j’étais là c’était tout. Coucher contre le corps du lion bleu, toujours immobilisé, mais cela ne me dérangea guère. Skauti n’avait pas l’air méchant.

Cependant, il ne se rappelait pas qui il était. C’était bien embêtant, je me mis à penser que Skauti n’était peut-être pas son prénom finalement, mais dans ce cas le pauvre lion ne savait pas d’où il venait alors. Et sa famille ? Cette pensé triste me traversa l’esprit, ils devaient attendre son retour avec impatience alors qu’il ne reviendrait surement jamais, perdu dans les confins du nord. Oh, mon pauvre Skauti…

Ces 3 lions ne lui disaient rien. Il n'avait pas la sensation de les avoir déjà vus, ni même connus, alors qu'au fond de lui, quelque chose lui disait qu'ils avaient un rapport avec sa présence ici. Mais quand à savoir la nature de ce rapport... Néant. Aucun indice pour le mettre sur la voie, pas même ses propres souvenirs qui étaient désormais vierges de toute image passée. Quelle vie pouvait bien s'offrir à lui désormais? Au moins avait-il encore conscience d'être un lion, et perte de mémoire ou non, un lion reste un lion avec tous ses instincts et ses apprentissages. Cette part d'inconscient propre à chacun qu'il est impossible de retirer une fois qu'il nous a été accordé.

Ils s'étaient présentés. Avec courtoisie et retenue. Comportement laissant à penser qu'ils n'étaient pas n'importe qui. Le mâle tentait de faire preuve de prestance, notamment dans son discours malgré son manque d'assurance assez peu évident au premier regard. Mais Skauti se sentait l'oeil pour ces choses là. Le jeune mâle parlait comme un dirigeant, s'adressant à lui au nom du clan des Nordiques. Cette appellation tilta aux oreilles de Skauti, qui y reconnu quelque chose, mais sans plus. L'impression parti aussi vite qu'elle s'était profilée, remplacée par de l'humilité lorsqu'il se rendit compte de l'âge vénérable de la lionne aux côtés du chef de clan. Elle aurait largement pu être sa mère, voir même sa grand-mère, mais en dégageant un certain charisme. La prestance, elle l'avait, c'était indéniable.

_Je... Je pense que ça peut aller oui... Balbutia-t-il devant Héra, intimidé.

Celui que Skauti eut identifié comme étant le chef prit l'initiative d'engager en premier un vrai dialogue avec lui les yeux dans les yeux. Ainsi il confirmait sa position dominante d'une manière passive. En posant sa patte sur son front, Skauti se demanda quel message on voulait lui faire passer; jusqu'à ce qu'il passe également sa patte sur cette même partie, et ressente le toucher du sang séché sur son pelage. En tâtant un peu plus, il prit compte de la dimension de sa blessure à la tête, et son regard se reporta sur le chef de clan. Ce dernier donnait déjà des instructions.

_Une... Famille? Répéta-t-il avec hésitation. De quoi s'agit-il? Je... Je ne comprends pas ce mot...

Il baissa la tête pour éviter les regards dont il savait qu'ils lui seraient lancés. La signification de "famille" semblait pleine de sens pour eux, mais pour Skauti, rien ne lui venait à l'esprit. Et de toute façon, il n'avait pas envie de se focaliser là-dessus pour le moment. Testant la stabilité de ses pattes, le jeune lion commença à se redresser doucement, reprenant peu à peu confiance en ses membres. Toujours avec la tête baissée, il adressa un regard en coin à la jeune lionne complétant le trio. Elle n'avait rien dit depuis son réveil, se contentant de le regarder. En cela, elle éveillait sa curiosité. Que pouvait-elle bien penser de lui?

~La caresse du vent sur les cimes enneigés du Nord est ma complainte~


Samekh / Prince Voldy

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