Depuis le matin, Khassim avait du mal à tenir en place. Il s'était réveillé tôt – bon, d'accord, il se réveillait toujours tôt, mais ce jour-là plus que d'habitude – et tournait en rond dans le camp. Il aurait voulu aller se défouler un peu – quand il était nerveux comme aujourd'hui, il avait du mal à être pleinement efficace dans ce qu'il entreprenait – mais il savait qu'en ce jour-ci, il valait mieux ne pas s'éloigner du camp. Mieux valait être certain d'être à l'heure.
Khassim était excité, et pour cause! On l'avait chargé d'entraîner un peu deux lionceaux du Clan, et aujourd'hui était la première fois que l'entraînement allait avoir lieu.

Pour une fois, le jeune adulte était habité par une émotion autre que la colère: la joie. Il se sentait heureux et fier qu'on lui confie une telle responsabilité. Bien évidemment, il faisait également le lien avec ce que cela lui rapporterait: s'il menait sa mission à bien, cela prouverait à tous de quoi il était capable.
Il était sur la bonne voie pour prouver aux autres qu'il avait un sérieux et un sens des responsabilités suffisants pour assumer des charges importantes – celle de Général, par exemple...

L'animal leva les yeux au ciel, jetant un coup d’œil au soleil. Haut dans le ciel, il semblait indiquer à Khassim qu'il était temps d'y aller.
Sans perdre un instant, il se mit en marche. Il voulait être scrupuleusement à l'heure! Il se dirigea vers un coin du camp repérable par une dune qui, ce jour-là, avait pris une forme particulière.
De loin, il vit d'abord deux silhouettes, une grande et une petite – sans aucun doute, son futur élève. Khassim redoubla d'excitation et pressa le pas encore davantage. Les deux formes, couleur de sable, se précisaient à chaque foulée. Enfin, arrivé à quelques mètres du lionceau qu'il devait entraîner et du père de celui-ci, il distingua clairement les deux. Le jeune lion reconnut son cadet, et gémit intérieurement. Pourquoi lui? Pourquoi, entre tous les lionceaux du clan Jangowa, cela devait-il être lui?
Khassim reconnaissait bien le lionceau auquel il avait affaire. C'était un gamin bavard et irrespectueux, qui pensait être à la hauteur de Khassim. Et c'était ce lionceau insupportable, Alibi, qu'il allait devoir entraîner. Quelle joie...

Mais il ne fallait pas baisser les pattes aussi vite. De toute manière, Khassim était ici en position de force: Alibi, en tant qu'élève, était censé l'écouter. Le Jangowa se rappela mentalement à l'ordre et continua de s'approcher d'un pas rapide. Il y arriverait. Il le voulait.

- Mafunzo... le salua Khassim d'une voix neutre. Il le connaissait de vue seulement. Tout ce qu'il savait de lui, c'était que sa compagne était morte depuis quelques mois et qu'il était le père d'Alibi. Si Alibi est comme ça, à quoi peut bien ressembler le père?

Mais peu importait Mafunzo, ici Khassim devrait se concentrer sur Alibi – et sur l'autre lionceau pas encore arrivé. Quel que soit le caractère du lionceau sable et l'attitude qu'il emprunterait avec lui, le jeune adulte était résolu à mener à bien sa mission.

[On m'attendait? (a) *ZBAF* A la fin de votre post, n'hésitez pas à dire que Khassim s'est arrêté à un endroit si vous voulez.]


Tandis que Khassim s'appliquait à ne pas regarder le lionceau beige à ses pattes – il préférait se concentrer sur d'autres choses, telles que Mafunzo, tant qu'il le pouvait encore –, il entendit une petite voix provenant d'un de ses côtés. Tournant la tête, il découvrit que son deuxième élève, une femelle marron clair, était arrivé également, en compagnie de sa mère. Cette dernière reprit sa fille pour son comportement froid, et présenta la petite lionne: vraisemblablement un peu plus âgée qu'Alibi, elle s'appelait Malia.
Khassim ne savait trop que penser de ce deuxième élève: pourvu qu'elle soit plus respectueuse pendant l'entraînement qu'avec ses salutations! songea l'adulte.

- Je suis enchantée de faire votre connaissance cher lion, lâcha alors Malia. Son air amusé ne plut guère au Jangowa plus âgé, qui plissa légèrement les yeux. Si elle commençait déjà à faire preuve d'irrespect, ils n'allaient pas s'entendre... Mais elle devrait filer droit de toute manière, raisonna-t-il, puisque comme pour Alibi, elle l'avait pour mentor. Khassim se contenta alors d'un signe de tête sobre mais au moins dénué d'agressivité.

Enfin, les deux élèves étant arrivés, Mafunzo s'en alla, recommandant au passage à son fils de bien se tenir. Bien qu'il n'en laissât rien paraître, Khassim fut content d'entendre cela: au moins, si Alibi gâchait l'entraînement, il en pâtirait aussi.
Les deux autres adultes à peine partis, Alibi salua Malia et se tourna vers Khassim, d'ores et déjà prêt à ouvrir les hostilités.

Khassim ignora les premières paroles du lionceau, se contentant de le considérer avec mépris bien que ses insultes lui donnent très envie de lui offrir une bonne correction. A la deuxième remarque, Khassim s'autorisa à répondre avec un rictus moqueur envers Alibi:

- Eh bien, pour toi j'aurais bien pensé à des cours pour apprendre à respecter les autres, tu en aurais bien besoin. Malheureusement, je crains que les efforts conjugués du clan entier seraient vains.

Le lion gris-brun se détourna de celui qui l'horripilait pour regarder le Désert, vaste étendue dorée devant lui. Il s'assit et, après une seconde de silence, il regarda les deux jeunes et répondit, de manière plus neutre:

- On va commencer par les bases. Puisqu'on ne peut pas couvrir l'ensemble du territoire en un après-midi, je vous le décrirai. Vous verrez les différents lieux et les frontières pendant les déplacements du clan, les chasses, et les patrouilles pour toi Alibi. Khassim fit une légère pause, avant de reprendre. Comme ça ne prendra pas trop de temps, je commencerai à vous apprendre les rudiments du combat.

Le félin se releva, étira rapidement ses pattes avant et se mit en route. Malgré sa déception à la découverte de l'élève qui lui avait été attribué – Alibi –, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine excitation. Cela restait la toute première fois qu'il allait éduquer des lionceaux, après tout!

- Allons-y.

Khassim tentait de se montrer patient avec Malia et Alibi, aussi resta-t-il à leur hauteur tout en leur parlant du territoire Jangowa. Sa voix n'était guère plus douce que d'habitude, de même que son regard, cependant il faisait de son mieux. Cette journée était très importante pour lui, il fallait qu'elle soit parfaite, et que lui-même soit parfait, aussi le contrôle de soi-même était capital!

[Mince, je suis vraiment désolée du temps de réponse... Je n'avais pas vu ta réponse, Alibi ^^']


Les deux jeunes l'écoutaient en silence tandis qu'ils marchaient. Enfin, difficile de dire s'ils l'écoutaient, ou du moins s'ils prêtaient une véritable attention à Khassim et tentaient d'assimiler ce qu'il leur apprenait.
Il fut agacé en entendant la femelle, Malia, l'interrompre, mais cet agacement laissa place à de la surprise en entendant la fin de sa phrase, lorsqu'il se rendit compte qu'il ne s'était pas présenté à elle – la présence insupportable d'Alibi et ses insolences lui avait fait oublier que son deuxième élève ne le connaissait probablement pas.

- Oh. Je suis Khassim, le fils de Chenko, répondit l'adulte, ne pouvant s'empêcher de laisser percer la fierté dans sa voix: tout le monde n'avait pas la chance d'avoir pour père le Général des Jangowas!

Malheureusement pour le jeune félin, tout le monde n'était pas aussi à l'aise – tout tendu que Khassim pouvait être à l'idée de son premier entraînement en tant que mentor – que lui: Malia s'éloigna de lui juste après avoir posé sa question, laissant l'adulte près d'Alibi, certainement pour le plus grand déplaisir des deux félins.
Mais le pire était encore à venir. Si pour l'instant, les deux lionceaux s'étaient tenus relativement tranquilles, cela n'allait pas durer.

- On est bientôt arrivés?! Mes petites pattes sont en train de souffrir! Si on avance encore il faudra me porter je vous le dis, gémit la jeune femelle en se laissant tomber au sol.

Khassim réprima avec peine un grognement exaspéré. Oui, ils étaient jeunes, mais enfin, ils n'étaient pas en sucre quand même! S'ils étaient fatigués aussi vite, qu'en serait-il pendant les chasses, les patrouilles et les combats, qui pouvaient parfois s'étendre sur plusieurs jours d'exercices physiques éreintants sous le soleil brûlant du Désert?
Mais au moment où il s'apprêtait à répondre qu'ils allaient bientôt s'arrêter mais qu'il lui faudrait apprendre à être plus endurante à l'avenir, Malia se releva – subitement moins fatiguée remarqua Khassim – et se mit à trottiner, jetant un dernier regard et un dernier mot aux deux lions encore en arrière:

- Les marais ça vous tente?

Il n'en fallait pas plus à Alibi pour qu'il saisisse l'occasion dont il devait probablement rêver: embêter Khassim plus encore qu'il ne le faisait déjà par sa simple présence. Il s'élança vers la jeune femelle, annonçant son intention de la suivre.
Tsss... Il ne manque qu'un chœur chantant pour leur amour [oui ceci est un coup bas, je l'assume], se dit Khassim avec mépris.
Le Jangowa s'assit tranquillement dans le sable, tout à fait calme en apparence malgré la rage qui commençait à bouillir en lui. Il parla juste assez fort pour être certain de se faire entendre des deux jeunes, bien qu'ils soient en train de s'éloigner de lui:

- Non. Ce n'est pas à vous de choisir où nous allons, et si vous me désobéissez vous devrez vous justifier à vos parents. Maintenant, reprit Khassim d'une voix rogue, vous pouvez partir dans des endroits auxquels vous ne connaissez rien, mais ne venez pas vous plaindre quand je vous aurai ramené de force au clan par la peau du cou.

Bien sûr, ni l'un ni l'autre ne tiendrait compte de cet avertissement, Khassim le savait. Évidemment, si j'ai eu suffisamment de chance pour tomber sur Alibi en entraînement, je ne pouvais pas avoir un élève obéissant et respectueux.
La colère était maintenant clairement apparente dans le visage du Jangowa: ses yeux brûlaient de fureur, ses mâchoires étaient serrées malgré le grognement intérieur qui gagnait en puissance dans sa gorge, son échine était légèrement hérissée. Khassim avait toutes les peines du monde à se retenir de s'élancer sur les deux lionceaux et de les punir de leur irrespect – que devenaient les Jangowas, où étaient passés ce sens de l'honneur et cette dignité qui les caractérisaient?

Enfin, avec un léger grondement pour lui-même, l'adulte se releva souplement et se lança à la suite des deux lionceaux à grandes foulées, fermement décidé à leur faire regretter leur attitude envers lui.


[Faudra quand même me dire comment vos perso savent où se trouvent les marais
Et oui bien sûr que les lions connaissent les choeurs, on est dans un forum basé sur un Disney, et je ne vous rappelle pas le nombre de Disneys avec des chœurs amoureux (a)]

[Une fois de plus... Désolée du délai x)]


Les deux lionceaux se retournèrent vers lui, leurs yeux s'agrandirent et la femelle hurla à Alibi de courir. Oh, ils pouvaient bien courir, cela ne ferait que retarder – et aggraver – la sentence qu'ils recevraient. On ne se moquait pas de l'autorité de Khassim aussi impunément, pensait le grand Jangowa avec rage. Alibi et Malia se moquaient de lui? Oh, ils allaient en payer le prix, et la note serait salée...
Toutes ces pensées tournaient et retournaient dans la tête du lion gris-brun, alimentées par son amertume et son orgueil froissé de se voir ainsi moqué par deux lionceaux. Tandis que ses pattes heurtaient le sol sec du Désert avec un bruit sourd, Khassim planifiait la «suite des opérations»: il retrouverait les deux jeunes mal-élevés et les ramènerait aussitôt au clan, les trainant par la queue s'il le fallait. Il irait lui-même voir les parents de Malia et d'Alibi pour leur faire part de leur comportement inadmissible et de sa volonté de ne plus jamais les avoir à sa charge – à moins peut-être qu'ils ne lui présentent leurs plus plates excuses et ne promettent de se tenir parfaitement bien...

Ces pensées quelque peu utopiques apaisaient la blessure de sa fierté. Il restait furieux envers ses cadets, mais parvenaient mieux à brider sa colère.
Des relents humides parvinrent jusqu'au nez de l'adulte, et il entrevit un espace devant lui couvert de roseaux et autres plantes marécageuses: Khassim était arrivé au Marais. Les lionceaux qu'il poursuivait s'y trouvaient, ayant filé dans la végétation. Ils devaient maintenant être cachés. Qu'à cela ne tienne, je vous trouverai sans problème...
Basculant avec fluidité en mode traque, Khassim commença à avancer à pas de velours, précis et mesurés, son ventre effleurant à peine le sol. Il mettait en application toutes les techniques apprises par son père dans l'espoir d'être le plus silencieux possible. S'il avait une bonne expérience dans le domaine de la chasse, il y était toutefois bien moins bon qu'en combat – il s'agissait après tout du point sur lequel Chenko l'avait le plus entraîné pour qu'il devienne Général.

Maintenant pleinement concentré sur sa chasse, toutes ses fonctions étaient utilisées afin de déterminer où se cachaient Alibi et Malia. Khassim se fiait aux plus petits bruits inhabituels, mais surtout à l'odeur. L'écheveau odorant était plus délicat à démêler qu'il ne l'était d'habitude, car l'humidité ambiante brouillait les pistes; mais il en fallait bien plus pour décourager Khassim lorsqu'il était aussi furieusement déterminé à retrouver ses «proies».
Triant les différents effluves, il finit par en repérer un qui le satisfaisait: une odeur plus complexe que celle des autres habitants du Désert, plus prégnante, plus féline, une odeur de prédateurs. Celle des Jangowas.
Le mâle gris-brun se permit un fin sourire de triomphe: ses deux élèves étaient dissimulés dans les roseaux, tout proches d'un des multiples bras de la Mochanga dans le Marais. Doucement, lentement, Khassim reprit sa marche, faisant un large détour, contournant les deux jeunes.
Il les prendrait à revers, par surprise, et les attraperait immédiatement avant qu'ils ne filent encore. Autant en finir rapidement.

Fier de lui-même, le Jangowa se ramassa contre le sol, poursuivant sa traque vers Alibi et Malia qui lui tournaient le dos, inconscients de ce qui les attendait...


[Comme précisé il se passe peu de choses, mais je me suis fait plaisir sur les descriptions x) J'ai décidé d'ajouter un mini-rebondissement – Khassim décide d'arriver derrière les lionceaux afin de les avoir par surprise. Bien évidemment, n'hésitez pas à dégonfler la tête de mon petit Jangowa en le faisant se faire arroser tout de même, je sais que vous en mourez d'envie ]

Le Jangowa se trouvait à quelques pas des deux lionceaux, qui ne se doutaient manifestement de rien, lorsque Malia se retourna, pensant sûrement qu'ils étaient tranquilles. Khassim eut l'intense satisfaction d'observer des expressions surprises et horrifiées sur le visage de ses élèves. Eh oui, vous pensiez qu'il était aussi facile de m'échapper? Quels naïfs ils faisaient...
Mais ils n'en avaient pas fini: se remettant de sa surprise, Malia s'avança et, sautant dans une flaque, envoya de l'eau sur l'adulte. Ce dernier n'eut guère le temps de grogner qu'Alibi, qui bien sûr n'aurait jamais manqué une occasion de ridiculiser Khassim, s'approcha également et envoya une pleine pelletée de boue vaseuse des marais dans le visage du lion gris-brun.

La fureur de Khassim fut sans bornes, mais cette fois, il était définitivement à bout de patience. Tant pis pour la responsabilité qui lui avait été confiée – comment l'honorer avec deux lionceaux comme eux? –, tant pis pour cette première expérience en tant que mentor, tant pis pour toute la joie et la fierté qu'il avaient ressenties à l'idée de la confiance qu'on lui faisait et de l'occasion qu'il avait de prouver sa valeur... Le jeu était fini.
Mais il ne perdit pas de temps inutilement en grognant: d'un vif coup de patte sur le visage, il essuya la majorité de la boue qui couvrait sa figure. Puis d'un autre mouvement tout aussi rapide, prenant Alibi et Malia par surprise, il abattit ses pattes avant sur le corps des deux lionceaux, les plaquant au sol tout en les tirant vers lui – en prenant bien sûr soin de ne pas leur faire éviter la boue dont ils l'avaient sali.
Ses griffes étaient presque sorties de leur fourreau, Khassim se retenant tout juste suffisamment pour éviter d'entailler la chair si tendre et fragile des deux jeunes. Il aurait été si facile de leur infliger une vraie correction... Malheureusement, si l'on pouvait dire, le félin conservait une once de raison. Il ne pouvait pas...

- Maintenant, les peluches, fini de jouer, énonça l'adulte d'une voix à peine plus forte qu'un murmure et pourtant parfaitement audible. Son ton était devenu mortellement calme et, étrangement, n'en était que plus terrifiant. Khassim approcha son visage des deux jeunes afin d'être certain de se faire parfaitement comprendre. Vous allez m'écouter très attentivement. Nous allons rentrer immédiatement au camp, et si vous tentez de vous enfuir je vous rattraperai et vous ramènerai en vous trainant par la queue s'il le faut. Je m'assurerai ensuite personnellement que vous serez punis comme il se doit. J'imagine que vos parents seront fiers de vous. Presque adolescents, et aussi responsables que des nouveaux-nés, acheva le mâle avec un rictus méprisant.

Khassim se redressa et donna un léger coup de la patte à chacun des deux lionceaux, le regard dur, pour qu'ils se relèvent.

- Allez, en avant. Et n'oubliez pas, je vous surveille... gronda le félin, les crocs étincelants. Le Jangowa se plaça derrière eux, bien décidés à les garder à l’œil.
Il était furieux et surtout fermement décidé à en finir. Il ne servait à rien de prolonger l'exercice: jamais au cours de cette journée Malia et Alibi ne l'écouteraient ni ne le respecteraient.
En-dessous de sa colère, il ressentait une pointe de déception, qu'il avait lui-même du mal à identifier. Voilà à quoi avait ressemblé sa première sortie avec les élèves dont il avait reçu la charge...
Khassim ne pouvait qu'espérer avoir plus de chance la prochaine fois. Une chose était certaine, il ne s'occuperait plus de ces deux-là.


[Du coup je suggère qu'on fasse intervenir les mangoustes bientôt, sauf si vous comptez les faire s'enfuir – auquel cas il faudra faire attention à ce que ce ne soit pas trop répétitif. Bref, oui, Khassim s'est un peu vengé, c'est toujours ça de pris ]

Pour une fois – oh, que cela était doux aux yeux de Khassim! –, les deux lionceaux ne dirent rien contre leur aîné. Malia se contenta d'un grognement en se relevant, tandis qu'Alibi restait silencieux.
Khassim se doutait bien qu'aucun d'eux ne regrettait vraiment ce qu'ils avaient fait. Cette pensée le mettait en rage: on l'avait chargé d'entraîner les deux jeunes afin de les aider à devenir des membres forts et utiles à leur clan, et ils avaient tout gâché.
Furieux, l'adulte gardait les mâchoires serrées, regardant droit devant lui sans prononcer un mot. Même lorsque Malia demanda s'ils ne s'entraineraient pas, malgré la colère que cette question lui posait, Khassim ne répondit rien. Il se contenta d'un reniflement dédaigneux accompagné d'un regard sombre. Le message était clair. Si tu avais véritablement voulu t'entraîner, tu n'aurais pas agi comme tu l'as fait.

Malheureusement pour l'adulte, ses minces espoirs de rallier le clan sans difficulté furent réduits à néant lorsque Malia ouvrit de nouveau la gueule, faisant remarquer un "trou" dans le sol.
Khassim jeta un regard sur le trou en question, huma l'air et détermina en son for intérieur qu'il s'agissait du terrier de quelque animal du Désert, très certainement de mangoustes. L'odeur était caractéristique.
Il s'apprêtait à le faire remarquer aux deux jeunes – cela ne valait pas le coup de s'en occuper – mais évidemment, évidemment cela ne pouvait pas se passer ainsi. Alibi s'approcha du terrier et, se penchant pour l'observer, tomba tête la première dedans. Khassim poussa un profond soupir – ça n'y connaissait rien et ça se croyait déjà prêt à vagabonder dans le Désert! Exaspéré, le lion s'avança à pas rapides du trou, pencha la tête et attrapa Alibi par la peau du cou. Malgré son poids qui ne faisait qu'augmenter avec son âge, Khassim le tira hors du trou avant de le lâcher sur le sol sans douceur.

- Quand on ne regarde pas où on met les pattes, on ne s'écarte pas du chemin, Alibi, cingla l'adulte d'une voix cassante.

Ne regardant déjà plus le pré-adolescent, il allait repartir lorsqu'une voix en provenance du terrier le fit stopper. Revenant sur son idée première, il prit sa décision en une seconde. Il y avait des proies dans ce trou, autant en profiter pour une petite partie de chasse. Cela ne serait pas plus mal de manger un peu si des mangoustes venaient se jeter aussi imprudemment dans leurs pattes... mais Khassim avait une petite idée en tête.

- Alibi, Malia, venez par ici. On dirait que les mangoustes qu'il y a dans ce terrier vont sortir. Avant que le temps que nous passons ensemble ne soit définitivement terminé, montrez-moi ce que vous connaissez en chasse, essayez de les attraper.

Au-delà du simple désir de les voir tenter, si possible sans succès, le Jangowa gris-brun était véritablement curieux de voir ce que les deux jeunes connaissaient à la chasse. Leurs parents avaient-ils déjà commencé à leur apprendre – très certainement, vu leur âge –, et comment se débrouillaient-ils?


[J'ai peu avancé, ne sachant pas ce qu'allaient faire les mangoustes... Mais je pense qu'une fois cet épisode de "chasse" terminé, on devrait terminer assez rapidement le RP.
Alibi, n'oublie pas de faire en sorte que les mangoustes soient rapides et agiles parce que Khass' ne va pas essayer d'être gentil ]

Un léger sourire amusé aux lèvres, Khassim s'assit calmement et enroula sa queue autour de ses pattes, les yeux fixés sur ses élèves devant lui. Il voyait bien qu'ils n'avaient aucune envie de s'exécuter – le contraire l'eut étonné –, mais après tout ils n'avaient pas le choix.
Malgré son exaspération évidente, Malia se mit en position. Son mentor se tourna vers Alibi, qui s'était assis et le fixait, n'ayant manifestement aucune intention d'obéir, lorsqu'une nouvelle bouffée d'odeurs lui parvinrent.
Après un bref regard noir au lionceau, Khassim recula de quelques pas afin de laisser de la place aux deux "chasseurs" et observa attentivement la scène qui se déroulait devant lui.

Trois mangoustes étaient sorties à toute vitesse du terrier. Voyant les félins réunis devant elles, elles se séparèrent aussitôt et filèrent, mais ni Khassim ni Alibi ne fit aucun mouvement pour les attraper. L'adulte restait concentré sur Malia, qui s'était lancée à la poursuite d'une des proies. Tant pis pour Alibi, qu'il boude dans son coin et n'apprenne rien, songea fugitivement Khassim.
Malia courait derrière la mangouste qui zigzaguait désespérément, espérant échapper à la mort. Enfin, après un moment de course-poursuite, la jeune lionne prit une impulsion des pattes arrières, bondit et cueillit le petit animal entre ses pattes. Un coup de croc dans la trachée et c'était terminé: Malia revint fièrement auprès du Jangowa gris-brun, sa proie morte dans la gueule, et se coucha au sol.
Khassim eut un hochement de tête pour la lionne – ce n'était rien d'exceptionnel pour son âge, mais au moins avait-elle attrapé la mangouste.

- Pas mal, convint-il. N'oublie pas une chose: il faut anticiper les mouvements de sa proie. Ainsi, à condition de bien le faire, on met plus vite fin à la chasse et on prend moins de risques que l'animal s'échappe. Et surtout, ne perd jamais de temps à engager: dans le Désert, on n'a rien pour se cacher, le succès de la chasse va au plus rapide, au plus vif. Si tu laisses à ta proie le temps de s'enfuir, tu ne l'attraperas jamais.

Relevant la tête, le mâle regarda autour de lui, cherchant Alibi des yeux. Il ne le vit nulle part en vue. Pourquoi cela ne le surprenait pas? Avec un soupir exaspéré, Khassim se mit sur ses pattes et, sans un regard pour le trou dans lequel les mangoustes survivantes s'étaient réfugiées, fit quelques pas le nez en l'air, cherchant l'odeur d'Alibi. Il capta l'odeur du lionceau non loin – sans doute espérait-il pouvoir retourner au clan sans son mentor.

- Emporte ta proie et viens. On va chercher Alibi et on rentre, maugréa le Jangowa. Il n'était guère surpris, mais définitivement furieux. Alibi ne pensait-il pas en avoir déjà assez fait pour la journée? Il fallait qu'il en rajoute?

Le visage sombre, la queue battante, Khassim suivit l'odeur du lionceau turbulent. Elle s'affaiblissait rapidement, mais l'adulte n'avait aucunement l'intention d'abandonner. Il ne comptait pas se laisser faire ainsi par Alibi...
Toujours en suivant la piste laissée, Khassim réfléchissait. Le lionceau avait pu décider d'aller jouer ailleurs, ou bien de chasser seul, ou encore rentrer au clan; il était difficile de déterminer ce qu'il avait fait. Le lion allait donc devoir se fier à son seul flair pour retrouver Alibi. Eh bien j'y parviendrai, ce n'est pas ça qui va me stopper!
Sa détermination fut récompensée lorsqu'il sentit l'odeur devenir de plus en plus forte: ils approchaient! Et effectivement, Khassim retrouva le jeune imprudent derrière une dune, occupé semblait-il à chercher son chemin.

Khassim se dressa de toute sa hauteur devant Alibi, partagé entre la colère qu'il ressentait envers lui et le triomphe d'avoir eu l'avantage sur le lionceau qu'il goûtait en cet instant.

- Eh bien, eh bien... Désolé de te l'annoncer, Alibi, mais le jeu est terminé. On rentre immédiatement au clan, une bonne fois pour toutes.

Sans perdre de temps à attendre une réponse quelconque, Khassim se pencha et attrapa le mâle aux yeux vairons dans la gueule, comme un lionceau capricieux. Après un regard et un signe de tête à Malia en guise de signal de départ, le Jangowa s'ébranla.
Mâchoires fermement serrées sur la peau du lionceau, il s'élança – aussi rapidement qu'il l'était possible avec un animal dans la gueule – en direction du camp. Malgré le poids d'Alibi – heureusement que celui-ci n'avait pas encore tout à fait sa taille adolescente! –, Khassim n'aurait reposé le lionceau pour rien au monde. L'idée de ce que penserait le reste du clan en voyant un jeune presque en âge de partir en exil rentrer tenu par la peau du cou par son mentor compensait presque l'humiliation qu'il avait ressentie un peu plus tôt!

Spoiler: