Ils n'avaient fait que marcher, mais déjà le soleil se couchaient à l'ouest. La demi-cercle de feu inondait les Terres désolées de sa lumière orange et vive, donnant une atmosphère tout à fait particulière à la fin de journée. Bien sur, cela aurait pu être joli et agréable, mais à vrai dire, Hatari n'en avait cure. Depuis plusieurs jours déjà, ils marchaient. Et depuis plusieurs jours, il se renfermait. Toujours en tête ou presque, taciturne et distant, il ne disait mot. A vrai dire, il suffisait de croiser son regard pour comprendre que ce n'était pas la peine de chercher à le rendre heureux.

Cela faisait un certain temps déjà qu'ils avaient été exilés avec Valaka. Par la suite, Jango et Shaara - leur compagnon et père - les avaient rejoint. Et ensuite, ils avaient fuit le désert. Non pas que le jeune mâle redoute de vivre seul là bas, ou même de croiser les Jangowas - bien au contraire - mais il n'était pas seul. Et même s'il ne connaissait pas énormément Valaka et sa famille, il ne voulait pas les voir en danger. Evidemment, Shaara et Valaka étaient des guerriers aguerris, mais tout de même.

Alors il se renfermait sur lui-même. Pas parce qu'il était peiné ou triste. Loin de là. Il ruminait un sentiment bien plus fort et bien plus dangereux : la haine. S'il avait toujours haït les Pridelanders pour avoir en parti brisé son passé, il se rendait compte que le monde n'était en fait qu'une poignée de mensonges et d'injustice. Akili et Chenko n'avaient aucune légitimité quant à sa vie, et n'avaient en aucun cas le droit de la contrôler à leur guise. Certes, l'un était Empereur et l'autre Général, mais au fond, à quoi cela rimait-il ? Les Jangowas étaient des lions plutôt solitaires, parfaitement capables de se débrouiller seuls. Ils s'étaient sans doute réunis en groupe pour être plus fort, mais de quel droit Akili s'attribuait-il la possibilité de chasser ou de tuer quiconque osait le défier, alors même que le trône n'appartenait pas à la lignée ?

Tourmenté par ces idées et ses questions, Hatari avançait tête basse, sa crinière emmêlée pleine de poussières, son pelage parsemé de cicatrices et de griffures. Il avait bien piètre allure, comme ça. Il était presque effrayant. Il ne regardait pas en arrière, certain que les autres le suivaient, ou qu'ils le préviendraient s'il y avait un problème. Il était bien bâti, et sa musculature puissante n'était guère éprouvée par cette longue marche tant son sang bouillonnait. Il aurait pu continuer ainsi des heures sans s'arrêter, animé par la seule soif de vengeance.

Je me permets de répondre puisque :

Shaara a écrit:

Je suis actuellement en stage donc je pourrais pas repondre toit de suite.

Alors que le jeune mâle continuait sa route d'un pas las, une voix légère le tira de son monde :

─ Hatari ? J'aimerais qu'on s'arrête un instant. Il faut qu'on décide de ce qu'on va faire maintenant que nous avons quitté le désert.

Un instant, ce dernier fut tenté de reprendre sa route. Après tout, qu'y avait-il a dire ? Ils étaient mis à mort par les leurs, chassés des Terres qu'ils avaient parcourus pendant des années, et tout cela parce qu'ils avaient refusés de tuer. S'ils retournaient là bas, ils se feraient tuer, sans aucun doute. Il se pouvait même que les Jangowas aient lancé des lions à leurs trousses, et que leurs vies soient menacées sans qu'ils le sachent. Cependant, Hatari n'était pas seul - pas encore - et il se devait de penser à Valaka et sa famille. Ce fut donc légèrement à contrecœur qu'il fit demi-tour, et retourna auprès de la lionne :

─ Jango ou Toi êtes vous fatigués ? Je doute que s'arrêter ici soit une bonne chose, nous sommes facilement repérables...

Toutefois, en scrutant les alentours, Hatari s'aperçut qu'il n'y avait nul relief où se cacher. Rien d'autre qu'un genre de gros monticule de terre pour les cacher d'autres lions ou de potentiels danger. Autant dire pas grande chose. Ils devraient une fois encore veiller à ce qu'il se passait autour d'eux. Il repris donc :

─ Si tu tiens à t'arrêter, nous devrions pousser jusqu'à ce monticule. Ce sera meux que rien. Ensuite nous pourrons discuter...même s'il n'y a rien à dire.

S'il avait soufflé la fin de sa phrase, nul doute que Valaka l'entendrait tout de même. Mais c'était la réalité. Après tout, depuis le début même du combat contre les Mositus, ils n'avaient pas évoqué ce qui s'était passé. Ni le combat contre Chenko, ni les ordre d'Akili, ni même l'exil. Et au fond, c'était peut-être un sujet qu'Hatari redoutait d'aborder...

Je suivais mes nouveaux camarades de groupe. Depuis peu, nous voici contraint à l'exil, enfin me voilà, je ne voulais pas abandonner ma magnifique ville désertique mais m'en voilà contraint pour rester avec ma douce lionne à la pelisse couleur sable. Cette lionne est vraiment unique au monde et c'est uniquement pour elle et pour mon jeune fils que je fais cela. Ma compagne s'avance et déclare à Hatari :

─ Hatari ? J'aimerais qu'on s'arrête un instant. Il faut qu'on décide de ce qu'on va faire maintenant que nous avons quitté le désert.

La lionne couleur sable se tourne vers notre fils et le couve d'un regard protecteur, je ne m'étais même pas rendue compte qu'il traînait de la patte à ce point. Je regarde la femelle avant de me diriger vers mon fils et de l'épauler jusqu'à ce qu'il rejoigne notre petite troupe. Hatari ne semble pas trop pour qu'on s'attarde ici mais bon, un repos ne serait pas mal pour le petit :

─ Jango ou Toi êtes vous fatigués ? Je doute que s'arrêter ici soit une bonne chose, nous sommes facilement repérables...

Je me contente d'hocher la tête face au propos avérés du jeune lion. Je regarde mon petit et le pousse du museau pour qu'il s'approche encore un peu de la troupe. Hatari semblait avoir perdu toute joie de vivre à cause de cette bataille. Je suis conscients qu'il nous cache quelque chose qui pourrait mettre tout le monde en danger.

─ Si tu tiens à t'arrêter, nous devrions pousser jusqu'à ce monticule. Ce sera mieux que rien. Ensuite nous pourrons discuter...même s'il n'y a rien à dire.

Je regarde les deux lions qui me semble hésitant avant de montrer le monticule puis Hatari :

─ Il a raison, venez, dépêchons nous.

[Va pour le reprendre, mais je t'avoue ne pas y être trop plongée :/]

Après délibération, ils se rendirent tous à l'ombre du monticule, y compris Jango. Le lionceau semblait épuisé, il était vrai que la marche avait due être longue pour lui. A dire vrai, Hatari n'y avait guère pensé. Il était bien trop en colère pour cela. Et, tandis que chacun d'eux prenait place, Shaara pris la parole. Il révéla une histoire pour le moins difficile, et annonça à Valaka des choses qui remettait une vie entière en cause. Néanmoins, cela ne regardait pas le jeune Jangowa, et il restait impassible, le visage de marbre. C'est alors que Valaka pris la parole, affectée par ce qu'elle venait d'apprendre, mais déterminée :

─ Il est temps que nous discutions de notre avenir ! Où irons-nous allons-nous demeurer hors-la loi ou oserons-nous demander asile à un clan avec de la grandeur d'âme ? Hatari ? Que comptes-tu faire, toi ? Est-ce ici que nos chemins se séparent ?

D'un geste lent, le dénommé releva la tête, avant de planter son regard hagard dans les yeux de la lionne. Il avait tout perdu, sans exception. Ce qui avait toujours fait sa vie. Ce qu'il avait mis des années à reconstruire après que Kifua l'ait arraché à ses terres natales. Le dernier membre de sa famille - aussi détestable soit-il - aussi. Il ne lui restait rien, absolument rien. Et pourtant, derrière la lueur de chagrin et d'incompréhension qui se dessinait dans ses yeux, on pouvait une lire une détermination sans faille, et une volonté de fer. Rien ni personne ne l'arrêterait, désormais, et surement pas ses anciens compagnons, qu'ils soient alliés ou ennemis. Alors il parla, d'une voix froide, distante, détachée.

─ Il n'y a rien à ajouter pour ma part. Je ne resterai pas avec vous. Vous pouvez veillez seuls sur Jango. Un long voyage m'attend, et personne ne me retiendra ni ne m'arrêtera. Il est temps de contrebalancer le passé.

Il n'en dit pas plus. Ils auraient été trop affectés par ce qu'il prévoyait de faire. Car Hatari venait de franchir un pas, et il doutait que Shaara, Valaka et Jango le voit comme le lion qu'il était désormais. Il n'était plus l'adolescent solitaire, toujours prêt à rendre service et à payer de sa vie pour les autres. Il était désormais un hors-la-loi, un exilé - comme eux - mais assoiffé de vengeance. Et il deviendrait bientôt un meurtrier.

Si Valaka ou Shaara s'apprêtaient à répondre, ils n'en eurent pas le temps. Au loin, un groupe de lion apparut. Deux tournèrent le dos, le troisième resta là. Qui qu'il soit, il ne faisait pas peur à Hatari. Pourquoi venir les embêter alors qu'ils étaient en supériorité numérique ? Pourtant, il s'engagea dans leur direction. Pour un peu, Hatari aurait été prêt à lui sauter dessus, néanmoins il y avait quelque chose d'étrange. Shaara n'avait pas bougé, et un léger sourire se dessinait sur ses babines. En voyant l'expression des deux mâles, le nouvel exilé comprit alors qu'ils se connaissaient. Comme s'il avait besoin d'assister à des retrouvailles. Ce n'était pas le moment !

Tandis que dénommé « Hiki » entamait la conversation, sans même se demander s'il en avait la possibilité, Hatari l'observa avec un regard noir. Il avait cette posture droite et fière, comme s'il était invincible. Comme s'il était le Roi du Mode. Et le jeune mâle détestait cela. Il lui rappelait Akili, par un certain côté. Or, à cet instant précis, c'était sans doute le lion contre qui Hatari était le plus en colère. Autant dire qu'à la place du mâle au pelage clair, il ne se serait pas pavané comme un paon. Et tandis que les « heureuses » retrouvailles se faisaient avec le jumeau de Valaka - qu'elle semblait n'avoir cependant jamais vu - Hatari s'apprêta à tourner le dos. Il avait déjà dit à ses compagnons ce qu'il escomptait faire. Autant partir maintenant, et mettre fin à ces bavardages futiles. Il était prêt à le faire, lorsque le grand mâle se tourna vers lui, et demanda d'une voix froide, le regard inquisiteur :

─ Et toi ? Qui es-tu et que représentes-tu pour ma famille ?

Les crocs puissant d'Hatari se dévoilèrent un instant, tant le ton et l'attitude du nouveau venu l'exaspérait. Lui sauter dessus, il était prêt à le faire. Mais c'était un membre de leur famille, et l'infime parcelle d'empathie qui restait au fond de lui ne voulait pas les attrister. Cependant, exiger de savoir qui il était et ce qu'il était sans même lui avoir adressé la parole, et sans même l'avoir salué était une chose bien orgueilleuse. Alors, relevant la tête pour l'avoir au même niveau que lui, Hatari répondit d'une voix glaciale :

─ Il ne me semble pas te devoir quelque chose. Tu es bien exigeant pour un lion qui s'immisce dans les affaires des autres.

Sa crinière en bataille et ses cicatrices encore à vif lui donnaient un air sauvage, tandis qu'il tenait tête à l’intrus. Il était plus mince et légèrement plus petit que lui, mais pas moins redoutable pour autant. Et la colère qui l'animait en ce moment l'aurait fait réduire en pièce n'importe quel lion s'opposant à lui.

Lorsque la réticence d'Hatari fut entendu par le grand mâle, ce fut comme s'il en prenait pour son grade. Il sorti aussitôt les griffes, prêt à en découdre. Un léger sourire moqueur se dessina sur les babines de l'exilé. Ce lion semblait être de ceux qui se croyaient supérieur, et pour qui la moindre contrariété était si vexante qu'ils en venaient aussitôt aux griffes et aux crocs. C'était ridicule. Néanmoins, Valaka et Shaara intervinrent, ainsi que Jango, qui se jeta entre eux. Hatari aurait voulu le repousser et lui montrer qu'il n'avait nul besoin d'aide, mais son regard était si touchant lorsqu'il le remercia d'avoir sauva sa maman que le jeune mâle se retînt. Les larmes qui coulaient le long de ses joues rappelèrent à Hatari un passé bien difficile, et il ne souhaitait pas la même chose pour le lionceau. C'est alors que le grand mâle s'excusa :

─ Autant pour moi si je t'ai irrité, mais je crois que tu peux comprendre...la famille enfin retrouvée, tout cela. Apparemment je te dois une grande dette, celle de la survie de ma sœur jumelle. Dis-moi comment je puis te remercier ?

En long silence lourd de sens s'en suivit, pendant lequel les deux mâles se jaugèrent, comme essayant chacun de deviner ce que l'autre pensait. Hatari ne voulait rien avoir à faire avec lui. Non pas qu'il le considère comme un ennemi ou que sa présence le répugne, mais plutôt parce qu'il ne voulait dépendre de personne, et n'être redevable à personne. Alors, après un long moment, il finit par déclarer :

─ Veille sur eux. Protège les.

C'était ce qu'il fallait. Qu'il prenne sa place. Qui le remplace auprès d'eux, et voit Jango grandir. Qu'il voit chacun d'entre eux vieillir, comme de bons vieux amis. Ce qu'Hatari ne serait jamais. Alors, sans plus un regard pour Valaka ou Shaara, ni même pour le dénommé « Hiki », il recula de quelques pas - retirant sa patte et laissant le lionceau s'affaler sur le sol - et tourna le dos à ses seuls compagnons de route. Alors, il s'éloigna en silence, sans même un regard en arrière. Il était seul, désormais.

[Ça te va comme fin ? Tu réponds encore une fois ? :3]