Tout ira bien. C'est ce que je m'étais dit, la gorge nouée. Cette sensation de vouloir hurler, mais d'être étouffé. Ce poids qui vous retombe sur les épaules, vous pèse dans le ventre et dans la gorge à vous en couper le souffle. Il n'était plus là, lui, mon éternel sauveur. J'étais comme partagé entre la haine de m'être fait manipulé comme un vulgaire pantin et la tristesse d'avoir perdu mon deuxième père. Non, rien n'irait plus, plus maintenant. Je n'arrivais pas à dormir. Les respirations bruyantes de ces crétins ne faisaient que me déranger. Un lion se retourna, me donnant un coup de patte, ce qui m'arracha un grognement mécontent. Inutile de rester dans cette basse-cour. Nous avions tout perdu... nos terres, notre honneur, notre fierté. Mais moi, j'avais perdu ma raison de vivre. Après tout, à quoi m'attendais-je venant de tels incapables ?

Quittant le groupe de lions, je regardais derrière moi pour être sûr que personne ne me suivait avant de descendre une pente refroidie par la brise de la nuit. Ma crinière brune virevoltait doucement au gré du vent,* et la lune éclairait mon corps tout entier, d'une lueur douce et agréable. Sans regarder le ciel, ma première pensée fut de me demander s'il me regardait de là-haut. Non... Toutes ces histoires ne sont que des contes, des histoires pour enfants. Il n'était plus là. Il ne pourrait jamais plus me voir. Rageur, ma patte alla frapper un morceau de bois posé à mes pattes, l'envoyant s'écraser contre une pierre. Ma queue fouettait l'air nerveusement, signe de ma mauvaise humeur.

C'était ironique. Moi, Lrya, devait prêter patte forte à la famile royale pour me racheter, et devenir une autre personne. Seulement ... étais-ce possible, moi, de me rabaisser à un tel niveau ? Je n'en savais rien, je ne voulais rien savoir. Juste... oublier.

Je voulais m'éloigner le plus possible de cet endroit, il me rendait nerveux. Ma petite balade nocturne sous le ciel étoilé me mène dans la savane, endroit presque vide la nuit, hormis la présence de lucioles et d'autres bestioles nocturnes. Je monte finalement sur une roche plate, m'asseyant calmement. Les hautes herbes étaient doucement éclairées par les rayons de la lune, tout était calme, sauf mon esprit. Encore une fois, je repensais à lui. Pourquoi était-t-il mort ainsi, pour sauver cette maudite reine ?! C'était douloureux, trop douloureux. Moi qui faisais du mal aux autres, c'était la première fois que je souffrais à leur place. Mais ils ne pourraient pas me comprendre, non. Ils ne peuvent pas... ils en sont incapables. Je lâche un gémissement étouffé, avant de sentir quelque chose d'humide me couler sur la joue. Je... pleurais ? ... Mais je ne dois pas pleurer, je ne peux pas. Pas moi ! Au fond ... ça me faisait du bien. Je me mis à hoqueter, le souffle court. Misaada... ! La brise se souleva à nouveau, m'apportant d'autres effluves qui ne m'étaient pas inconnues. Un Pridelander. Il ne me fallut pas plus que ça pour me mettre sur le qui-vive, griffe sorties et babines retroussées, le souffle court. Je voulais être seul, et pas jouer les nounous. Je grondais, agressif, les yeux encore humides. Il m'avait peut-être vu pleurer... mais qu'il espère y voir le moindre signe de faiblesse, je me ferais un plaisir de lui faire ravaler sa langue ! Rien qu'à cette pensée, un plaisir malsain m'envahit.

En temps normal, ma réplique serait destructrice. La, elle était sans réel impact, sans grand sens : C'était la colère qui parlait et prenait place, sous la forme d'une folie certes passagère, mais dangereuse. C'était ce que j'étais réellement : un destructeur. Né pour détruire.

« Montre-toi. T'es bien borné comme matou, à jouer l'espion avec moi ! Ce n'est pas finement joué... mais cette provocation me plaît beaucoup ! » Fis-je froidement, avec un rire nerveux ponctuant chacune de mes phrases, de manière psychotique, prenant de grandes inspirations en plein milieu de phrases, comme épris de folie. Il m'énervait déjà ... Je déteste les impertinents de ce genre, mais... ça reste un jeu intéressant. Nerveux, j'attendais qu'il se montre, ma queue fouettant l'air nerveusement. Oui... quoi de mieux qu'un jeu pour oublier ses soucis, et voir les autres souffrir à sa place ? Rien de tel pour oublier la douleur qui me rongeais. Un sourire carnassier et psychotique se dessina sur mes babines, démontrant clairement mon impatience. Il avait choisi la mauvaise personne pour lui tenir compagnie et ... il n'allait pas tarder à s'en rendre compte.

J'étais dans un état de transe intense totalement inexpliqué, presque injustifié envers l'"intrus". C'est vrai ... qu'avait fait cet inconnu ? Mais Lrya défie toute logique. C'était ce qu'ils disaient tout bas, et ces incapables ont, - je l'admet - parfaitement raison. Le souffle court, adoptant toujours une posture agressive, les pupilles rétrécies, j'étais prêt à faire face à cet impertinent. Un grondement sourd s'échappa de ma gorge, tandis que ma queue battait de plus en plus régulièrement l'air de vitesse pourtant lente.

Une grande masse orangée fit son apparition, l'air désolé. Mobali, le chef des guerriers Pridelander. Beau mâle en soit, mais inintéressant et faiblard. Honnêtement, je n'avais rien à cirer de son rang : Je déteste l'autorité, et quant bien même il se dirait en être le représentant, je ne serais pas naturellement courtois. « Du calme, je ne t’espionne pas, je suis surement comme toi, j’ai beaucoup de mal à dormir, après tu sais, tous les événements… » Tu ne peux pas me comprendre. Tu n'as pas perdu de personne chère, pauvre crétin. Il reprit, sans que je puisse répondre. « Oh, c’est toi Lrya je ne t’avais pas reconnus, je suis désoler de t’avoir déranger, mais puisque je suis là si tu voudrais bien me ranger c’est griffes on pourrait peut être discuté. » Discuter, hein ? ... Mais discuter de quoi ? Ils n'avaient rien à se dire. Je n'avais rien à lui dire.

Un sourire moqueur se dessina sur mes babines, psychotique. Mes crocs apparurent légèrement, et je me détendis, un peu essoufflé à cause de ma crise d'hystérie : Je n'en étais pas moins calmé pour autant, au contraire. « Grand matou, ou devrais-je dire, sire ... » Commençais-je mielleusement de manière toujours un peu saccadée en ricanant dans ma barbe, me glissant doucement auprès du lion. Un ricanement rauque, malsain, malveillant, celui qui présage rien de bon s'échappe à nouveau de ma gorge. « Nous n'avons rien à nous dire ! Crois-tu que je vais me contenter de sourire et de t'entendre déballer tes grands discours ? Même pas en rêve... On ne vit pas dans le même monde, toi et moi. Je vis dans le monde appelé "réalité." » Je me rapproche doucement du lion, approchant ma gueule de son oreille. « Sais-tu ... ce qu'est la folie ? » J'étais dans un état second, partagé entre la haine et un calme inquiétant. Non ... la folie ne s'explique pas. Elle se refait, encore et toujours en croyant que le résultat va changer. Le fou n'apprends pas de ses erreurs. Les pupilles dilatées et les yeux écarquillés, la gueule entrouverte et la respiration saccadée, je recule mon visage de celui de Mobali. En vérité, je ne faisais qu'hurler mon hystérie à la gueule du félin plutôt que d'être dans un "véritable" accès de folie. Me passer ainsi les nerfs sur lui me faisait un bien fou.

« La folie est une erreur qui se répète encore et encore, inlassablement ... Le résultat sera toujours le même, quoi que tu fasses. Ne me sors pas de grandes tirades ... Je sais parfaitement à quoi m'en tenir venant de la vie, grand matou. » Fis-je plus calmement et sensuellement cette fois, ricanant plus sourdement à nouveau. Qu'il était naïf... s'en était drôle, mais si navrant ! Oh ... j'allais tellement m'amuser. Ce lion allait devoir apprendre que rien n'était tout beau ni tout rose dans la vie. Non, la vie est cruelle ... et ça à toujours été ainsi avec chaque être en ce monde, aussi misérable soit-t-il. Je finis par m'asseoir, regardant le lion roux du coin de l’œil. La partie allait enfin commencer. Je conservais toujours mon sourire moqueur, m'amusant déjà intérieurement sur la manière dont il allait réagir à tout cela. Oh oui "sire" Mobali... Tu as choisi la mauvaise personne pour faire des leçons de vie, et tu n'allais jamais aussi bien t'en rendre compte que maintenant.

« Tout a l’heure tu m’as dit que nous n’avions rien à nous dire, tu me mentir mais tes yeux humides ne mentent pas. D'après toi je ne vis pas dans la réalité, alors ou suis-je même si il est vrais que en ce moment je ne sais plus où j’en suis. De quelle folie parles-tu ? Car je suis très touchés par la folie… la folie amoureuse, faire tout ce que l’on peut pour sa moitié même si le prix est la vie… Qui suis-je pour te faire des leçons de vie, j’ai moi-même louper la mienne, je suis un incapable, tu ne veux pas parler fait comme tu veux, un cœur remplis de haine qui ne parle pas c’est préparer sa mort, ces sentiment la sont fort et personne ne les métrise, et personne ne les métrisera jamais. « Tu sais j’ai moi aussi garder des séquelles, aujourd’hui quand je regarde le ciel, je pense à Farao, il a été une sorte d’exemple, a sa mort j’ai retenus mes sentiments… » La confession du lion était quelque peu intéressante, bien que je ne manifestais pas le moindre signe d'intérêt. Il ne semblait pas touché par mes sarcasmes, et pensait surtout avoir trouvé un signe de faiblesse chez moi. J'allais m'amuser à jouer avec les siens : Au lieu de dévoiler ses atouts, il m'avait dévoilé ses peines. Et la douleur n'en est qu'encore plus grande lorsque l'on nous rappelle que l'on a été incapable d'agir. Un faible sourire se dessina sur mes lèvres, amusé. Patient, j'attendis que le lion termine.

« Du moins j’ai essayé et aujourd’hui quand je regarde le ciel la nuit je pense a lui et je suis toujours au bord des larmes, j’aurais beau être le guerrier le plus fort de toute la terre des lions, ça ne m’empêcherais pas de pleurer Tu la vois, ne me ment pas et dit moi que tu la vois, la tristesse accumuler qui n’a jamais plus sortir.» Que de grandes tirades remplies de bêtises sans pareilles. Personne ne peut supporter la haine ? Qu'en est-t-il alors de ce grand lion aujourd'hui défunt, cadet de tous mes soucis ? Misaada à vécu dans la haine tout comme moi j'y suis né. Voilà qu'il me parle de sa vie, de ses problèmes. Mais qu'avais-je à lui dire ? Rien. La triste accumulée qui n'a jamais pu sortir ... J'avais été piqué au vif dans mon orgueil : Je n'avais aucune faiblesse à lui montrer, je n'en avais aucune ! ... Sauf lui.Mes babines se retroussèrent, et mon sourire carnassier disparut entièrement, blessé dans mon orgueil.

« L'amour est une chose dégueulasse, quelque chose de répugnant. Il peut tuer des vies comme être agréable, mais penses-tu que je vais pleurer bien gentiment dans ta crinière ? Tu te dis être le meilleur guerrier de la Terre des Lions, mais moi je n'y vois qu'un lion pleurnichard au lieu d'agir. Ta dignité ne r'pose pas sur tes tirades, matou. Elle repose sur les actes. » Fis-je, cassant. Une pointe de colère était présente dans ma voix, signe qu'il m'avait plus énervé qu'autre chose. Je pris une grande inspiration, détournant le regard vers le lion, à présent allongé, en train de regarder les étoiles. Ma fierté mal placée me poussait à rester et jouer avec ses nerfs : Je ne souhaitais pas partir défaitiste, surtout pas en présence d'un lion aussi pleurnichard. « Tu rates ta vie en pensant comme un philosophe, en effet. Se baigner dans un ramassis d'idioties contraires aux principes de la vie, en ayant la conviction que l'amitié et l'amour en ce bas-monde de tarés existe partout ou tu iras, c'est plus qu'être un incapable, le roux. » Je m'approches de lui, un peu plus détendu, le regardant de haut, l'air hautain.

« Regarde. On dit que les étoiles sont les grands rois du passés. Mais rester là assis à regarder le ciel n't'apportera rien. Ils ne reviendront plus. Il ne vivront plus. Vivre dans les rêves et l'illusion est une chose agréable mais incroyablement idiote, matou. Tu es juste un rêveur qui refuses d'avaler la vérité : Tu n'as pas pu sauver ceux que tu aimes comme jamais. Rien n'est écrit dans le destin ou désiré par les grands esprits, le roux. Tout est fait par toi, et uniquement toi. » J'étais une grande gueule, et je l'assumais parfaitement. J'assumais mes principes, j'étais dénué d'imagination. Mais je vivais dans la réalité, douloureuse, sauvage, véritable. C'était ainsi que le monde était fait : rempli de tarés. Et rare étaient les bonnes âmes. Je ricane doucement en regardant Mobali. Mon hystérie s'était un peu calmée, bien que ma colère était toujours présente. Je la contrôlais pour la cracher au lion dans les règles de l'art. Non, je n'étais pas un bon confident, encore moins un ami. Et ça, j'allais bien le lui faire comprendre. Je m'assied près du lion, conservant toujours mon sourire carnassier et mon expression hautaine, ayant quelques tics nerveux au niveau du visage et du corps, ce qui me fit doucement rire de manière très dérangeante. Oui... le monde était rempli de fous, et j'en faisais parti.