Il y avait à faire. En ce moment les choses avaient besoin d’être sévèrement redressées et Sharkan jonglait entre les divers problèmes auxquels il devait faire face. L’affaire Ekua avait été menée, il ne savait toujours pas le résultat de son opération n’ayant pas vu la lionne depuis déjà quelques temps. Il ne savait pas si elle l’évitait où si elle attendait juste le bon moment... Mais les faits étaient que, dans les deux cas, il ne la voyait pas et donc restait ignorant quant à ces histoires d’héritiers. Il désespérait presque de voir l’incapacité de la lionne à enfanter mais, et ça c’était sur, si elle se montrait réellement stérile il trouverait quelqu’un d’autre. C’était juste que, depuis le temps, il s’était habitué à la lionne aux yeux charmeurs, à ses railleries, à ses jeux vils.... Bon, soit, il règlerait ça plus tard. Si la lionne n’était pas venue le voir d’ici quelques lunes il irait lui demander des comptes.

Ensuite Outland. Il était revenu de son escapade depuis peu et voulais absolument trouver un moyen de faire payer l’insolence de Tahani. Il avait pensé à demander de l’aide aux Nyeusis mais ceux ci se faisaient peu bavard sur leurs activités au rocher tout en insistant pour y rester. Il avait apprit la fuite des lionnes, et ça ne l’avait pas mit de bonne humeur du tout, cependant, il restait les hyènes, c’était le plus important. Un pacte avec les hyènes se révélait la chose la plus délicate pour un lion : fragile mais nécessaire. Ces ententes étaient basées sur des rapports de forces, il n’y avait pas, ou peu, de loyauté entre les canidés et les félins. Pour se convaincre il fallait des arguments de taille et, là, ils avaient les chiots... Donc, Tahani devait être un peu secouée pour se rendre compte qu’elle avait devant ses yeux un tyran qui avait loin d’avoir posé ses dernières cartes, peut être qu’en s’arrangeant avec quelques de ses fidèles guerriers il pourrait... Il fallait qu’il mijote encore un peu ce plan-ci avant de poser de grands mots mais, ce qui était sur, c’est que cette petite peste insolente ne sortirait pas intacte de cette guerre.

Pour terminer, et ce qu’il attendait dans la grotte, la question des Kulishas. Bien qu’il fut rassuré d’avoir croisé la jeune lionne du nom de Chinja – qui lui avait montré la noblesse d’un partisan et la force d’un guerrier – il voulait tout de même remettre les choses au claires avec Kamba, et vite avant qu’il n’y ai plus moyen de faire marche arrière. Il avait donc fait convoqué la chef Kulishas afin de s’entretenir avec elle, sans énervements. Le colosse l’attendait dans la grotte, entouré de quelques sbires. Dès que la femelle pénétra dans l’antre fraiche le roi fit un signe de têtes aux quelques lions qui se trouvaient encore là. Il voulait être seule avec Kamba pour qu’elle ne se sente pas menacé par d’autres, seul Sharkan devait compter.

Elle se tenait là, droite et fière devant lui, l’air sévère et peu rassuré. Lui étai face à elle, assis et répondit sans grands mots « Oui je t’ai fait demander. Je voulais savoir comment se passait l’éducation des Kulishas... en toute honnêteté. » Il avait froncé les sourcils à cette dernière précision. La lionne n’avait pas intérêt à lui mentir.

Elle se tenait là, impassible, comme à son habitude. Tête haute et la queue agitée. Le roi savait Kamba peu à son aise dans cet antre froid où peu lui accordait la bienvenue. La lionne restait cependant respecté par tous de par son statu de chef de clan, mais les doutes du roi à son égard lui créaient chaque jour de nouveaux ennemis. Elle répondit néanmoins dans le calme le plus serein qu’il puisse être et d’une honnêteté simple. Sharkan connaissait ceux avec qui les lionceaux partaient s’entrainer et si par éducation peu soignée elle entendait « des êtres violents » alors elle était à côté de la plaque. Le grand lion sourit un peu, dévoilant à la femelle ses crocs brillants et lui dit d’un ton qui se voulait doux mais dont toute l’ironie du monde émanait : « Le but de cet entrainement est de former des guerriers Kamba... dois-je te le rappeler une fois de plus ? C’est la seule et unique raison pour laquelle j’ai épargné ces petits à présent ils ont une dette envers moi et toi aussi. Tu ne voudrais donc pas me décevoir Kamba ? » Il redressa la tête, la toisant du regard, et continua « Vois tu j’ai rencontré une de tes élèves récemment et j’ai été agréablement surpris. Celle ci était vive, respectueuse et sculptée comme une athlète. Une guerrière de premier choix si j’ose dire. C’est pour cette raison que je t’ai fait venir, je voulais te féliciter. »

A cette déclaration il s’attendait à ce que la lionne tombe des nus. Il s’était toujours montré méfiant – et il l’était encore – mais cette phrase là n’était pas dénuée d’innocence. Il savait très bien qu’elle ferait l’effet à Kamba d’un coup de griffe porté en plein poitrail. Elle qui avait toujours espérer délivrer les Kulishas de leur funeste dessein se voyait aujourd’hui récompensé de les avoir former conformément au désir de son roi tant haï. Il se délectait de cette victoire qui échappait à cette vieille lionne sans même qu’elle n’ait son mot à dire. Elle qui aurait tant aimé voir ses précieux lionceaux grandir en paix les transformaient, sans le vouloir, en machines de guerre et... ça marchait. Son cauchemar prenait vie en se déguisant en rêve pour Sharkan. Une nouvelle armée voyait le jour, une de plus à ses côtés, et Kamba n’y pouvait plus rien...

« J’espère juste que tu ne leur met pas de mauvaises idées dans la tête... Tu sais pertinemment que je sais ce que tu penses de moi et que ce n’est pas du bon alors j’ose penser que tu aurais put leur en glisser un mot. Ai-je tort Kamba ? Profiterais tu de l’innocence de ces pauvres enfants pour leur mettre de mauvaises idées dans la tête ? Ca ne serait pas raisonnable, tu t’en doutes... » Voir Sharkan en colère n’était pas rare mais le voir aussi paisible c’était comme de voir... un zèbre voler, et cela ne présageait rien de bon, oh non, rien de bon du tout... La femelle ferait mieux de se montrer coopérante sinon, elle en paierait le prix.

Le roi avait omis le fait que Kamba avait oublié d’être bête. Cela dit, il avait toutes les raisons du monde d’être méfiant vis-à-vis d’elle, elle le savait très bien. Pourtant, elle disait juste : si elle s’amusait à faire le moindre faux pas, sa vie ne tenait plus à rien. Mais Kamba était une lionne non seulement intelligente mais également une mère. Elle savait s’adresser aux Kulishas avec une douceur et une sérénité qui inspirait chez les jeunes orphelins une confiance aveugle. Elle pouvait en faire n’importe quoi à présent et qui sait si il ne lui serait pas facile, le moment venu, de leur faire retourner leur veste. Cependant, il n’ajouta rien à ce qu’elle venait de dire. Comme elle le disait, elle remplissait le contrat – mais ça n’empêchait pas la conscience du roi d’être paisible. Il continuerait à observer les faits et gestes de Kamba, que se soit de prêt ou de loin, et si besoin avec l’aide d’un intermédiaire.

La lionne était trop fière pour avoir mit de côté ses penchants pour la rébellion. Il la connaissait mieux qu’elle ne prétendait le croire. Il était trop facile de savoir que, une fois l’attaque de ces pseudos-rebelles à deux sous lancée, elle changerait de camps aussi vite qu’il le faudrait pour dire « oups ». Mais en attendant, elle était là, sur Freeland, et tant que c’était le cas elle avait intérêt à marcher droit. Si ça ne tenait qu’à lui, la tête de cette femelle effrontée serait déjà détachée de son corps et roulant dans la savane – surement dévorée par des carnassiers – depuis bien longtemps. Mais elle lui était trop utile, surtout en ce moment où la formation de certains Kulishas touchait à sa fin, pour lui lever la patte dessus. Il la garderait donc intacte tant qu’il aurait encore besoin d’elle, mais une fois qu’elle ne serait plus qu’une lionne comme les autres elle ne paierait rien pour attendre : son arrogance aurait raison d’elle.

De plus, elle ne semblait pas en avoir fini. Alors qu’il avait, lui, initié ce bref tête à tête, c’était elle qui se permettait d’en prendre les rennes pour jouer les mères poules. Il avait attaqué Masika, et alors ? Depuis quand avait-il des comptes à rendre, et surtout à elle ? Si son fils n’avait pas été un piètre gamin, un peureux, il aurait stoppé. Cet adolescent sans cervelle n’avait rien fait d’autre que geindre et trembler. Les sourcils du lion se froncèrent, plissant ses petits yeux couleurs sang.

« Oui j’ai bel et bien attaqué ton fils qui, d’ailleurs, semble d’une délicatesse aberrante. Je peux savoir ce qu’il y a de mal à ça Kamba ? Ne suis-je pas roi ici ? Depuis quand toi, lionne, tu as ton mot à dire sur ce que je fais sur MES terres ? » Il essayait de garder avec cette traitresse les relations les plus cordiales possibles pour un mensonge aussi gros, mais elle n’avait pas intérêt à trop venir le chercher dans ses retranchements, sa survie ne dépendait que de trop peu pour se le permettre.

Pour rien ? Décidemment cette lionne était elle aussi stupide qu’un scarabée ou faisait-elle juste semblant ? C’était intolérable ! Evidemment qu’il ne faisait pas ça pour rien, il s’agissait là de se faire respecter et comprendre, Masika n’avait été qu’un simple martyr, un jouet afin d’affirmer à tous sa suprématie ainsi qu’à prouver qu’il ne rigolait pas. Il n’avait souffert de rien son enfant tant chéri ! C’était absurde ces remontrances et Sharkan la soupçonnait même d’oser venir lui tenir tête juste pour lui montrer qu’il lui restait encore une once de fierté malgré sa triste situation. C’était pathétique ! Cette lionne était finie, brisée, à quoi bon continuer de lutter contre lui ? Il se le demandait encore, mais si c’était pour elle la seule manière de se sentir bien alors soit, de toute façon maintenant il avait sa réponse. Il savait que les Kulishas étaient de bons guerriers en devenir et qu’ils ne le décevraient pas – et ce que Kamba soit d’accord.

Celle ci avait juste abdiquée et se voyait aujourd’hui privée de toute médailles, souillée par la tyrannie d’un tyran qu’elle servait sans le vouloir, le dos courbé et le cœur gros. Voilà le triste portrait qu’elle dégageait et si autant de gens l’avait du mauvais œil c’était car, malgré tout ça, elle continuait de garder tête haute. A quoi bon Kamba, tous savent qu’il ne te reste rien, plus rien ! Finalement, il aurait peut être dut tuer ce petit Masika, là elle aurait enfin comprit, et ce une bonne fois pour toute ! Cette pensée tendre lui traversa alors l’esprit, il la voyait pleurer le corps de son défunt et précieux enfant. C’était à s’en lécher les babines...

« Tu peux t’en aller Kamba, je me passerais de tes leçons de morale. Si tu ne comprend pas c’est par ce que tu n’es pas Reine, loin de là, et que tu ne sais rien de ce qu’est gouverner. Crois tu que les rebelles me prendrait au sérieux si je leur laisse tout passer ? Et penses tu que ça serait dissuader quiconque aurait envie de les rejoindre que de laisser passer chaque désertion ? » Il avait prit en ton et son ton venait même à s’agacer.

« Maintenant retourne auprès des Kulishas, leur entrainement sera bientôt terminé, et une fois que ça sera le cas Haki et Déjem seront des lions morts. » Il l’avait dit en l’a regardant droit dans les yeux. Oui Kamba, tes précieux amis ne seront bientôt plus que de vieux souvenirs...


//Fin du coup pour moi, décidément ces deux là ne seront jamais meilleurs amis ! haha, merci pour ce RP !//